Namue ne fut pas réellement surprise lorsque le lendemain de la soumission de son rapport sur les aptitudes de l’apprentie sabreuse Haku, un messager porteur d’une missive en provenance des autorités du village vint cogner à sa porte. Après une brève salutation avec le gamin qui lui était désormais familier, la jeune femme s’était empressée de décacheter ladite correspondance et à en consulter le contenu qui se trouvait à être une mission en compagnie de celle qu’elle avait évalué la veille.

Il s’agissait d’une mission d’une simplicité alarmante et dont la complétion serait probablement autant excitante qu’un bol de ramens nature, mais la jeune femme avait pris l’habitude de ne pas questionner les directives du village et l’objectif de cette mission quoi que manquant cruellement de danger, n’en était pas moins important. Lors de ses recherches sur ses propres origines, la jeune Kayuri s’était malheureusement bien souvent heurté aux conséquences d’un client ayant omis de rapporter un ouvrage dans les délais impartis ce qui avait ralenti ses recherches tout en lui causant une certaine frustration.

C’est donc avec un certain entrain que la genin attrapa son attirail shinobi avant de prendre la direction du complexe shinobi et plus précisément, du comptoir permettant l’emprunt des dits ouvrages afin de récupérer la liste des mauvais clients qu’elle irait sermonner avec plaisir en compagnie de sa partenaire de la journée, Haku.

Après quelques minutes d’une marche rapide, Namue arriva finalement au lieu de rendez-vous et s’apprêtait à aller immédiatement récupérer la liste auprès de la bibliothécaire lorsqu’elle se rappela qu’elle n’était pas seule sur cette mission et que sa partenaire allait probablement arriver dans les prochaines minutes. La jeune femme décida donc d’attendre cette dernière et se mit à la recherche d’un endroit où elle pourrait effectuer cette attente sans nuire aux vas et viens incessant des couloirs du complexe.

Assez rapidement la genin trouva ce qu’elle cherchait, un coin un peu reculé dans lequel un banc de bois sans aucune fioriture avait été déposé et Namue s’y installa confortablement tandis que son regard scrutait les passants, cherchant parmi la foule éparse celle qu’elle attendait, la dénommée Haku qui ne tarda effectivement pas à pointer le bout de son nez. D’un geste souple, la jeune Kayuri se leva afin de faire un discret signe à sa collègue de la journée.

Comme toujours, l’apprentie sabreuse n’était que très peu loquace et les lèvres de la jeune femme ne purent s’empêcher de s’étirer dans un léger rictus d’amusement. Puis, après l’avoir fait patienter un peu, elle répondit enfin à l’unique interrogation de sa comparse genin.

Sans vraiment attendre la réponse de l’élémentaire, Namue partit en direction du bureau de la bibliothécaire afin de récupérer la liste des coupables ayant osés être en retard sur la remise des manuscrits du village. Ce dernier était situé dans une pièce adjacente à la bibliothèque et si ce n’avait été de la plaque de bois décorée de fioriture et sur laquelle l’on pouvait lire « Janna – Bibliothécaire », il aurait été impossible pour les deux jeunes femmes de déterminer qu’il s’agissait bel et bien de l’endroit recherché.

Après un échange de regard et une approbation silencieuse, Namue tandis sa main en direction de la porte, mais alors que ses jointures allaient finalement rencontrer le bois dure qui la composait, celle-ci s’ouvrit et la main de la jeune femme s’arrêta juste à temps pour ne pas finir dans le visage de l’occupante de la pièce.

La dame qui venait d’ouvrir la porte ne ressemblait aucunement à l’image qu’elle s’était faite d’une bibliothécaire. À peine plus vieille que la genin, cette dernière possédait une longue chevelure blonde qu’elle avait rattachée dans une queue de cheval, oubliant quelques mèches qui venaient encadrer un visage de porcelaine sans le moindre défaut apparent. Puis, tandis que la dame se retournait pour pénétrer dans son antre, les enjoignant à la suivre d’un signe de la main, Namue ne put s’empêcher de remarquer les vêtements que celle-ci portait et qui, si la Kayuri ne se méprenait pas, correspondaient aux dernières tendances de la cour.

...

Son évaluation de la demanderesse terminée, la kunoichi reporta enfin son attention sur l’environnement qui les entourait. Le bureau n’avait rien d’extravagant outre un lourd bureau en bois massif sur lequel traînait un nombre incalculable de livres et de rouleaux qui, malgré tout, semblait être méticuleusement classés et ordonnés tout comme la multitude d’ouvrage qui remplissait les nombreuses étagères qui cachaient une grande partie des murs de la pièce.

Ne faisant aucunement attention à l’évaluation complète que la genin effectuait de sa personne, la bibliothécaire se dirigea d’une démarche noble, presqu’hautaine, vers son bureau avant de passer lentement son doigt sur les rebords d’une série de parchemin pour finalement s’arrêter sur un bout de papier qu’elle extirpa de la pile avant de le tendre vers les deux jeunes femmes qui n’avaient pas encore dit le moindre mot.

Puis, alors que Namue agrippait le bout de papier et s’apprêtait à en lire le contenu, la bibliothécaire émit un claquement de langue sonore avant d’effectuer un geste de la main sans équivoque, les enjoignant à quitter son bureau plutôt étroit.

Obtempérant sans réellement savoir pourquoi, les deux jeunes femmes sortirent prestement de la pièce et avant que les jeunes femmes ne puissent se retourner pour placer le moindre mot, la porte massive se referma avec fracas et Namue se retourna vers sa partenaire de mission tandis que son visage exprimant une incompréhension totale sur ce qui venait tout juste de se produire. Puis, reprenant quelque peu ses esprits, elle tendit la liste en direction de sa compagne avant de finalement prendre la parole.

Le plan de sa partenaire de mission était simple et, pour tout dire, logique. Celle-ci prendrait les trois premiers noms de la liste tandis que la Kayuri se chargerait des trois derniers et, une fois leurs tâches respectives accomplies, elles se retrouveraient à la dernière adresse indiquée qui correspondaient visiblement à un kleptomane compulsif aux vues des titres que celui-ci avait emprunté ainsi que la quantité plus que remarquable qu’il n’avait pas ramené.

Puis, sur ces mots, les deux jeunes femmes se séparèrent et la genin prit la direction de la première adresse, celle de Chiba Aki qui se trouvait à être simplement à quelques minutes du complexe shinobi. Une fois arrivé sur place, la kunoichi frappa sèchement contre le bois de la porte et, quelques secondes plus tard, une dame qu’elle supposa être la coupable, ouvrit celle-ci.

Du coin de l’œil la Kayuri regarda sa liste afin d’y lire le tome qu’elle se devait de récupérer auprès de cette dame.

Alors qu’elle prononçait ses mots, la dame s’éclipsa dans son appartement avant de revenir presqu’aussitôt avec un volumineux tome dans les mains qu’elle tendit directement à la jeune femme.

D’un geste habile la vielle dame plongea sa main dans l’une de ses poches avant d’en sortir un rouleau délicatement roulé et scellé d’une simple corde qu’elle glissa sans cérémonie dans le décolleté de la kunoichi qui n’eu pas le temps de protester avant que la Chiba continu ce qui avait tous les airs d’un monologue.

Puis, avant qu’elle ne puisse répondre quoi que ce soit, la dame lui claqua la porte au visage et n’en faisant pas plus de cas, la jeune femme récupéra le rouleau que celle-ci venait de lui offrir avant d’en dénouer la corde délicatement et d’en lire le contenu tandis qu’elle se dirigea vers la prochaine adresse sur sa liste et tandis que les yeux de la jeune femme se posait sur le contenu du parchemin, elle ne put s’empêcher de lâcher quelques mots de surprises.

Contenu du parchemin

Namue replia le parchemin offert par Aki avant de le glisser dans l’une de ses poches, se glissant à elle-même que l’on ne savait jamais à quel moment un dessin aussi sublime pourrait lui servir. Puis, elle se remit en mouvement en direction de la seconde adresse sur sa liste, celle d’un certain Tsuramatsu et après quelques minutes d’une marche rapide, la genin arrivait à destination et toquait fermement contre le solide bois de la porte du fautif.

Presqu’aussitôt un boucan infernal ce fit entendre de l’autre côté accompagné d’une longue série de jurons imagés impliquant la mère de nombre d’animaux dont celle d’un chien vraisemblablement si elle se fiait aux bribes qu’elle pouvait entendre depuis sa position dans le couloir. Puis, après ce qui lui sembla une éternité, la porte s’ouvrit enfin sur un homme bedonnant portant un tablier rempli d’un nombre incalculable de tâches aux origines tout autant diverse.

Tâchant de ne pas s’offusquer de la rudesse de l’homme, la genin prit une grande inspiration avant de plonger son regard dans celui de l’homme qui la dépassait de plusieurs têtes.

L’homme lui rendit son regard durant quelques secondes qui parurent une éternité à la jeune femme puis, sans aucun signe avant-coureur, sa bouche s’ouvrit et un rire tonitruant s’échappa de sa gorge.

Alors qu’il terminait sa phrase, l’homme se déplaça légèrement de côtés avant de montrer d’un geste las le contenu de la pièce derrière lui qui se trouvait être un véritable ramassis de détritus en tout genre allant d’emballage de gourmandise à des boîtes débordant d’équipement en tout genre.

Sur ses mots l’homme se tourna et fit mine de partir faire ce qu’il effectuait avant d’être dérangé par l’arrivé impromptu de la genin, mais cette dernière ne contait pas se laisser faire ainsi et elle composa rapidement une série de mudra avant d’apposer ses mains sur le sol, y faisait circuler son chakra raiton.

L’homme complétement paralysé ne fut pas en mesure de répondre, mais la jeune femme considéra son regard apeuré suffisant et retira sa main du sol, libérant par le fait même celui-ci de l’entrave puis, sans demandé son reste, il s’empressa de pousser quelques boîtes qui recouvrait le tissu d’un vieux fauteuil avant d’agripper deux volumes et de les tirer vers la jeune femme qui les attrapa aisément avant de lancer un large sourire à l’homme qui semblait vouloir la foudroyer du regard tout en lui envoyant nonchalamment la main.

Sur cette ultime bravade, la jeune femme tourna le dos à l’homme qui marmonnait des jurons à lui-même et se dirigea vers la troisième et dernière adresse où elle devait aller pour récupérer des livres qui s’avérait aussi le lieu de rendez-vous avec sa partenaire de mission.

Namue arriva avant sa partenaire de mission au point de rendez-vous et, considérant qu’il serait plutôt inutile de simplement attendre celle-ci sans rien faire, la genin alla toquer sa dextre contre le bois massif de la porte du dernier fautif qui ne tarda pas à ouvrir celle-ci, libérant par le fait même un énorme nuage de fumé à l’odeur rappelant celle d’un putois.

La jeune femme agita frénétiquement sa main devant son visage afin de libéré celui-ci de l’épais nuage nauséabond qui l’enveloppait de toutes parts et, après quelques instants de ce geste futile, la brise naturelle vint dissoudre ce dernier et la Kayuri put enfin regarder l’homme qui lui avait ouvert et qui posait désormais un regard irrité sur cette dernière, attendant visiblement que celle-ci énonce la raison de ce dérangement matinal pour ce dernier.

L’irritation visible de l’homme augmenta d’un cran tandis qu’une lueur de crainte illumina son regard avant de disparaître aussitôt, laissant place à une lassitude feinte.

Puis, alors qu’il prononçait ses mots, le fautif tenta de fermer la porte avant que la genin ne soit en mesure de lui répondre, mais le pied de cette dernière vint se placer dans le chemin du panneau de bois, bloquant ainsi la fermeture de ce dernier et créant une irritation certaine chez la Kayuri qui prit quelques secondes afin de reprendre son calme avant de prendre la parole.

Cette fois-ci, ce fut une leur de soulagement qui illumina le regard autrement vide du fautif tandis que sa main allait maladroitement gratter son cuir chevelu.

Tandis qu’il prononçait ses mots, l’homme pénétra de nouveau à l’intérieur de sa demeure et la porte, libéré de la pression que ce dernier exerçait, s’ouvrit en grand, révélant une pièce qui avait toute les apparences d’avoir subit un cambriolage en règle que ce soit par les nombreux tiroirs renversés dont le contenu gisait sur un sol insalubre ou encore les assises d’un divan couvert de tâche qui avait été ouverte à l’aide d’un objet tranchant avant d’être promptement vidé de leur rembourrure. Puis, trônant sur une table basse, se trouvait être le responsable de cette fumée âcre, un engin haut de près d’un mètre et demi en forme de gigantesque pipe de verre.

Au centre de ce décors désolant la silhouette à moitié nue de Noritada vagabondait, lançant des regards vides à gauche et à droite visiblement à la recherche des objets de la demande de la jeune femme. Ce ne fut qu’après de longues minutes que ce dernier sembla avoir une illumination avant de disparaître dans une autre pièce et d’en ressortir avec quatre ouvrages à l’état misérable qu’il tendit à la Kayuri avant de refermer sans la moindre cérémonie la porte, camouflant de nouveau l’horreur qu’était son logis aux yeux du commun des mortels.

D’un regard rempli de dégoût, la jeune femme confirma qu’il s’agissait bel et bien des livres en retard avant d’en analyser l’état, cherchant principalement à analyser s’il était possible de les réparer ou bien si ces malheureux ouvrages étaient désormais destinés à être tout simplement détruit. C’est à ce moment que sa partenaire arriva enfin au point de rendez-vous et la genin lui présenta l’ensemble d’ouvrage qu’elle tenait sous son bras.