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Ozaï avait bien reçu l'ordre de mission mais il n'en avait pas retenu un traître mot. Il avait passé la nuit au bar à picoler afin de noyer son spleen et son amertume. La solitude le rongeait et probablement quelques actes néfastes qu'il n'avait pas encore eu l'opportunité de punir, de venger. Impuissant, bloqué dans ce Kiri qui ne l'utilisait pas selon son plein potentiel et qui donc ne lui permettait pas d'évoluer, le Genin fut tout surpris de recevoir un ordre de mission et pas des moindres ! Un ordre de mission de rang B alors même qu'il n'avait jamais réalisé la moindre mission d'envergure inférieure.

Qu'à cela ne tienne, on lui avait notifié au petit matin son affectation à une équipe et donc à un ou une sensei de même que théoriquement des coéquipiers. C'était d'ailleurs en équipe qu'il se devait de réaliser ladite mission sur laquelle il était attendu. Fort bien ! Ayant été intercepté à la sortie du bar, le gaillard se dandina en direction des portes du villages. C'était là, lui avait-on dit, qu'il devait prendre le départ avec le reste de la joyeuse troupe.

A peine était-il arrivé, sans s'intéresser à ceux qui pouvaient éventuellement être présent ni à chercher à savoir qui était qui, il s'était mis en tête de patienter lorsque soudainement on le héla. Forcément, sans même se tourner, il n'eut pas trop de mal à s'imaginer qui c'était. Non seulement la voix lui était familière mais en plus, il n'y avait pas foule de gens qui le connaissait dans Kiri. Ce fut donc sans grande surprise que l'élémentaire de feu pu comprendre qu'il s'agissait ni plus, ni moins de Shinju. Un individu enthousiaste, un candide peut-être, qui n'avait d'ambition que de revenir fièrement dans son île natale d'Aato.

_ Oh... Quelle surprise ! Shinju ! Déclara le Genin avec une fausse joie. Ce n'était que son timbre de voix qui indiquait un certain plaisir à revoir son compère d'alors. Son faciès était demeuré terriblement fermé. L'intervention de Shinju lui fit remarquer la présence de deux autres shinobis ou peut-être fallait-il dire kunoichi ? Pour l'un des ninjas cependant, parfaitement androgyne, il avait du mal à se déterminer.

_ Heu... Bonjour ! Dit-il d'une voix grognant, presque forcée et comme s'il avait jamais été poli de sa vie.

Il tenta de se remettre droit, en dépit des effets de l'alcool qui l'empêchaient encore de se tenir droit et de faire aussi bonne figure qu'il n'en avait l'intention. Pour le reste, il allait s'employer à la fermer parce que bon, il était certain qu'il empestait l'alcool.

Il se sentait mal. Ils avaient tous beaucoup parlé, c'étaient tous beaucoup trop agités pour lui. Il n'avait guère pu tout suivre. Dans son état en même temps, la chose relèverait de la prouesse s'il avait pu saisir, retenir et même parfaitement intégrer chaque mot, chaque sens caché des propos, chaque regard, chaque intonation de voix. Et pourtant il s'était passé des choses. Il y avait eu ce ninja androgyne. Un homme à priori, un membre du clan Yuki. Tout mizujine a forcément déjà entendu parler des Yukijins. Ceux-là qui depuis deux siècles étaient parvenu à maîtriser l'élément prédominant dans leur environnement : la glace. Voilà un pouvoir qui pouvait faire froid dans le dos et voilà tout ce que Ozaï avait retenu, en dehors du nom de l'intéressé, de la présentation et des propos de Mamoru. Ah ce dernier avait également une belle mise et des tournures de phrases bien trop stylées pour l'ex pêcheur qu'il est.

La cheftaine d'équipe... Une bombe ! Comment commencer par autre chose que ce premier constat ? Ozaï n'avait pu s'empêcher de s'arrêter, visuellement parlant, sur les obus de cette dernière. Est-ce qu'elle était en train d'allaiter un môme en ce moment ? En avait-elle d'ailleurs ? Y avait-il quelqu'un dans sa vie ? L'élémentaire de feu ne se projeta pas tant que ça avec la kunoichi, mais il eu bien entendu quelques idées salaces qui lui traversèrent l'esprit.

Ils commencèrent, à l'invitation de Mamoru, à rejoindre le bateau qui devait les mener... Où déjà ? Il l'avait oublié. En tous cas ce petit oubli ne lui avait pas fait perdre de vue le fait qu'ils étaient mobilisés pour une mission. Pouvait-on en dire autant de Shinju ? Ce dernier en se confiant à Ozaï laissa clairement entendre qu'il ne connaissait même pas la raison de ce regroupement. L'élémentaire n'eu pour seule réponse qu'un lapidaire :

_ Tu verras...

La cheftaine d'équipe leur fit faire le tour du navire, elle évoqua le nom du capitaine du navire et apporta d'autres précisions dont l'élémentaire de feu se serait bien passé. Tout ce qui l'intéressait à date, était de prendre la mer, qu'on lui lâche les sandales un moment, le temps d'une sieste réparatrice. Seulement, il constata rapidement que la cheftaine d'équipe avait un tout autre programme. On aurait dit qu'elle voulait qu'ils échangent et discutent plus en profondeur, tout de suite et maintenant ; qu'ils en disent plus sur leur passé et sur ce qu'ils savaient faire. Une tournure des événements inattendue pour Ozaï qui prit une forte inspiration tandis qu'il lui sembla que de sévères maux de tête commençaient à se manifester en lui.

L'élémentaire de feu hocha de la tête lorsque sa désormais cheftaine d'équipe lui demanda s'il était bien Ozaï. C'était une manière de répondre par l'affirmative à l'interrogation de cette femme répondant elle même au nom de Mawehara Miyuki. Pour une raison qui lui échappa il écouta plus aisément le propos de la kunoichi que celui du Mamoru tantôt. Peut-être déjà parce qu'elle était canon ? Elle était la chef d'équipe et elle avait dit être une sabreuse tout en montrant son arme de prédilection, son arme à pouvoir, du moins en partie.

_ Et c'est quoi son pouvoir ? Ne put-il s'empêcher de demander, tout en pointant l'index vers l'arme à pouvoir de Miyuki. Si tout ce beau monde était là pour tout partager dans la joie et la bonne humeur, autant y aller à fond n'est-ce pas ?

_ J'aimerais bien que tu m'apprennes à me perfectionner au corps à corps Miyuki... Lâcha Ozaï avec des joues qui semblaient rosir peut-être sous l'effet du soleil ?

Pour le reste, Ozaï dû subir une nouvelle présentation du prestigieux membre du clan Kaigara. A ce rythme là il finirait par connaître par coeur les mots permettant à Shinju de se faire connaître. Il faut avouer cependant qu'il ne manquait guère de style. Cependant, pour une fois, Shinju fit quelque chose qui capta l'intérêt de l'élémentaire de feu. Il fit montre de ses pouvoirs quelque chose d'inattendu qu'il ne savait même pas possible. Manipuler la vapeur et pouvoir faire fonde des shuriken ? Il ne put s'empêcher, l'espace d'un instant, de voir ses yeux écarquillés à cause de l'étonnement qui était sien. Shinju n'était donc pas qu'une simple grande gueule... Ce fut une tape amical de ce dernier qui le ramena à ses esprits quelque peu embrumés par l'alcool.

_ Je... Heu... Il ne savait plus par où commencer.

_ Je suis Ozaï... Je maîtrise le... le feu. Il n'aimait pas dire ce genre de chose. Il n'aimait pas se dévoiler car chaque dévoilement de sa part était un retour à son passé douloureux, chaque dévoilement était une réminiscence, un rappel à certains événements interdits consignés dans le plus profond de son être.

Il se tourna alors vers le Yuki comme pour lui dire que c'était à son tour de s'exprimer car lui ne comptait pas rajouter un mot de plus. Il n'en avait de toutes façon pas la force.

Une fois la phase des présentations terminées, après que chacun en eut terminé avec la phase dévoilement de capacités en live le tout pour impressionner, Ozaï jeta un coup d’œil vers la cheftaine d'équipe. Cette dernière ne sembla pas avoir d'ordres à donner dans l'immédiat ; alors le temps qu'ils arrivent à destination, l'élémentaire de feu avait décidé de réaliser une activité de la plus haute importance, compte tenu de son état. Il devait impérativement se reposer mais aussi casser la croûte, tempérer la quantité de liquide alcoolisé dans son ventre avec quelque chose que consistant qui pourrait balancer les effets négatifs du liquide. En clair, il lui fallait dessaouler en commençant par manger tiens.

C'est donc sans crier gare, en usant de toutes ses capacités humaines à se faire, qu'il disparut de la vue du groupe. Il avait d'abord commencé par détourner le regard. Ensuite, le corps progressivement, alors que le silence s'installait dans le groupe indiquant que les premiers échanges étaient terminés. Montrant le dos au trio avec lequel il allait partager ce voyage, il scrutait la mer silencieusement tandis que certainement Shinju s'en allait et peut-être Mamoru aussi. Puis dès lors qu'il constaterait qu'il serait plus ou moins seul, il s'en irait alors d'un pas assuré sans un mot, dans la direction opposée à celle prise par la majorité.

L'élémentaire n'avait aucune envie de taper la causette. Il n'avait aucune envie de faire semblant à jouer aux être sociables. Il voulait être seul, et récupérer. S'avançant vers l'étage inférieur du bateau, il s'en irait illico presto à la recherche de la cuisine. Déambulant le regard vitreux, dans les couloirs de l'étage inférieur, il finit par arriver à bon port. C'est d'ailleurs en s'aidant des senteurs par ci par là qu'il s'était dirigé jusqu'à bon port. Assez aisément, il était parvenu à trouver son chemin. Une fois en cuisine, il y trouva d'un gus assez baraqués en tenue adéquate pour la cuisine. Leurs regards cependant indiquèrent rapidement qu'ils n'appréciaient pas les visites en ce lieu, du moins pas celles inopinées.

_ Tu t'es perdu gaillard ? Questionna l'un d'eux. Il tenait un couteau à la main et s'affairait à tracer un poisson.
_ J'ai faim...
_ On a bientôt terminé. Tu mangeras quand ce sera prêt.

Le regard de l'élémentaire ainsi que celui du cuistot se croisèrent. En se regardant, chacun d'eux pu obtenir des informations cruciales de l'autre. Chacun d'eux avait vécu dans sa vie les difficultés les plus élevées, chacun d'eux avait été confronté à la mort mais des deux, l'un avait le regard plus mauvais que l'autre, l'un avait tué un homme et l'autre non. Ce fut celui qui était le plus innocent en la matière entre les deux gus qui ne put soutenir longtemps le regard de l'autre. Le cuistot tourna le regard faisant mine de poursuivre sa besogne.

_ Il y a un morceau de viande cuite là-bas ! Indiqua t-il, le dos tourné à l'endroit qu'il indiquait via son couteau de cuisine passé au dessus de son épaule droite.

Ozaï d'un coup d’œil carnassier repéra le morceau en question. Il se dirigea vers le morceau de viande, s'en saisit et sorti des lieux sans un mot de remerciement tout en croquant allègrement dans la viande avant même d'avoir passé le seuil de la porte.

Il marcha encore un moment, cherchant cette-fois ci un endroit où se poser, un endroit où se reposer. Il trouva son bonheur dans une cabine exigue où se trouvaient deux lits superposés. Il s'affala sur le lit d'en dessous le plus accessible, essuya ses mains sur les draps propres et entrepris un sommeil réparateur.

Le navire quant à lui avait quitté le port et tanguait déjà sur la mer. Combien de temps mettraient-ils pour atteindre l'île de Kaiba ?