Cela faisait déjà près de 19 ans que je m'étais installé au village caché des nuages. Je m'y faisais, je me sentais chez moi, pleinement intégré. J'étais même déjà présent dans le pays depuis plein plus longtemps que la plupart des Shinobi de l'effectif kumojin. Il est vrai que l'espérance de vie d'un shinobi n'est pas longue. En définitif, je prends du recul sur ma vie et je me rends compte que j'ai eu de la chance d'être encore en vie à cette époque. J'ai vu des situations difficiles, j'ai été élevé dans un environnement qui n'est pas propice au développement d'un enfant, mais je me suis sorti. Une telle longévité s'explique certainement parce que j'ai compris le fonctionnement de ce monde.

En effet, il n'y a que le pouvoir qui importe et rien d'autres. C'est le seul et unique moyen de préserver son existence. Pour s'en doter, il faut bien sûr s'entraîner. Mon corps est mon outil de travail. Disposer d'un outil efficace me permettra sans nul doute d'exceller dans mon travail. Si je performe bien, je peux éviter la mort et devenir plus grand encore. C'est ma définition, mon nindô. D'ailleurs, c'est précisément pour cette raison que je me trouvais au terrain d'entraînement pour effectuer du poids de corps.

Je préfère toujours m'entraîner au poids de corps, cela favorise l'explosivité, l'agilité et la puissance physique. Je peux compliquer avec des poids, mais je favorise toujours les exercices sans machine. J'étais déjà présent depuis un certain, j'étais sur la fin de ma séance de renforcement musculaire que j'effectuais toujours en début de journée avant le véritable entraînement de la journée. Après avoir effectué un petit footing à l'aube, j'effectuais un circuit contenant pompe, dips, crunch, sit-up, burpees et bien sûr tractions en variant bien sûr l'amplitude et les prises pour favoriser l'hypertrophie musculaire.

Profitant de mon temps de repos, j'appréciais regarder ce que faisait mes compatriotes à l'entraînement. Il est vrai qu'on retrouvait souvent les mêmes têtes, mais là mes yeux s'étaient posés sur une jeune femme. Non pas pour sa beauté physique, mais pour sa gestuelle. J'aimais bien ses mouvements et son style de combat que je trouvais inspirant. Je ne faisais que la fixer pour analyser ses mouvements et il est vrai que je n'étais pas très discret. Nos regards se sont croisés plusieurs fois, elle savait forcément que je l'observais.

Mais voilà, j'étais à ma toute dernière série, souvent celle de trop. Celle où c'est la force de votre mentale qui travaille et non votre corps, car physiquement, vous êtes cuit. C'est toujours celle qui est importante, car c'est celle qui travaille le plus. Bien sûr, après l'avoir terminé, je m'étais écroulé pendant de longues minutes. Récupérant mes forces, je pris mon temps pour ranger mes affaires puis me dirigeai vers la jeune femme. Ses mouvements étaient très intriguant et j'étais trop curieux pour passer à côté de cette occasion.

"Bonjour Mademoiselle. Je ne veux pas vous déranger, mais vos mouvements m'intriguent. Les feintes que vous faites, je ne les ai jamais vu auparavant. Où avez-vous appris tout cela ?"

Un énième regard fixé sur elle, Hideko pouvait le sentir, le poids de ce regard, le poids du jugement qui l’accompagnait, la méfiance, la rancune. Elle tourna légèrement la tête, jeta furtivement un regard pour identifier cet imbécile. Un homme, la trentaine, shinobi du village. Elle l’avait déjà croisé, sans jamais lui prêter attention.
Déconcentrée, Hideko fit l’effort de l’ignorer, lui et tous les autres, de se donner corps et âme à son entraînement, refuge qui lui permettait d’ignorer sa condition de paria.
Forte de l’expérience acquise lors de son entraînement avec Ryujin, elle avait créé une technique similaire à la sienne. Lui maîtrisait les explosions et avait, lors de ce fameux entraînement, combiné un enchaînement rapide à un boost liée à son Kekkei Genkai. Face à un tel combo, elle s’était retrouvée sans défense. Incapable de maîtriser le pouvoir des Bakuhatsu, elle ne pouvait le reproduire à l’identique, mais elle avait copié l’idée et essayée de l’adapter avec son Katon. Son idée réalisée, elle essayait maintenant de combiner ce boost à d’autres attaque, d’en tester la puissance, la pertinence pour peut-être faire la différence dans un prochain combat. Viendrait ensuite le temps de développer une défense appropriée, mais l’attaque étant la meilleure des défenses, cela attendrait.

Sa fatigue chronique et sa paranoïa galopante se dévoilait peu à peu sur son corps. Sa chevelure n’était pas aussi flamboyante qu’à l’accoutumée, ses habits moins distingués. La confiance débordante qu’était la sienne, cette détermination sans faille s’effaçait peu à peu, dévoilant une autre facette de sa personnalité, plus noire, plus sombre. Plus aucune tresse, plus aucune fioriture matérielle ne la distinguait maintenant des autres, non, tout cela ne faisait plus sens. Seule sa peur et sa colère la maintenaient debout.
Seule face au mannequin de bois, elle avait d’abord répété quelques exercices d’échauffements. Attaques simples, enchaînements basiques ; puis elle était passé aux essais et le premier fut de déterminer s’il était possible de combiner la feinte que Aizen lui avait apprise avec celle de Ryujin.
Elle n’avait d’ailleurs pas vu cet homme depuis un certain temps et elle se surpris à ressentir de la peine, un manque, car lui au moins ne la jugeait pas. Non, il l’appréciait même comme elle était, chose rare parmi les temps qui courraient.
Alors qu’elle s’entraînait à répéter, dans un premier temps, la feinte, elle sentit ce fameux observateur insistant s’approcher d’elle. Tous ses sens à l’affut de la moindre menace, elle ne manqua pas de repérer des bruits de pas dans sa direction et un rapide coup d’œil le lui confirma.
Elle l’ignora, jusqu’à ce qu’il arrive à son niveau, puis quand elle ne put plus l’ignorer, se tourna vers lui. Loin d’être agressif ou accusateur, il sembla curieux d’en apprendre plus sur cette technique, cette feinte suivit d’une attaque, qu’elle répétait sans relâche. On ne pouvait pas en dire autant d’elle.

– Vous me dérangez justement. Lui répondit-elle avec agressivité.

Un blanc s’en suivit, un temps mort qui permit à sa raison de se frayer un chemin dans son esprit et à Hideko de reprendre un tant soit peu le contrôle de ses émotions. Personne ne l’attaquait, il n’était pas une menace. Pour l’instant.

– Excusez-moi. Dit-elle simplement. C’est Aizen du clan Nara qui me l’a enseigné. C’est une technique basique, mais qui peut être fort utile. Quasiment impossible à esquiver la première fois qu’on en est la victime et avec le bon enchaînement, elle peut permettre de prendre le dessus.

Hideko parlait beaucoup, beaucoup pour quelqu’un qui, d’habitude, était plutôt avare en paroles. Le contact humain lui manquait-il donc tant que cela ? Avant tout, il fallait mettre un nom sur ce visage.

« Vous-êtes ? »

Elle semblait à cran, comme très tendu. Je ne savais pas ce qui lui arrivait dans sa vie, mais toujours est-il qu'elle n'était pas facile à aborder. Sa réaction m'a d'ailleurs surpris. On dirait qu'elle était à fond dans son exercice, mais en même temps qu'elle se sentait agressé. Après tout, pour atteindre un tel niveau, elle doit forcément passer beaucoup de temps ici. Le temps seul ne suffit pas à être performant, il faut aussi savoir s'entraîner correctement et cela passe par une énorme concentration pour être pleinement efficace lors des sessions d'entraînement. C'est d'ailleurs cela qui différencie les génies du reste de la population. Un blanc s'installa alors, mais je continuais toujours à l'observer pour essayer de la juger. Elle pouvait le voir à travers mon regard insistant.

"Vous m'avez l'air assez tendu, je m'excuse de vous avoir dérangé."

Quand soudain elle changea d'humeur tout d'un coup. Là, elle était beaucoup plus ouverte et bavard. On dirait que je l'ai brusqué, intimidé. Elle n'était donc pas nécessairement pris dans son exercice, mais sans doute elle se sentait agressé par mes observations. Après tout, j'étais bien plus costaud qu'elle, elle pouvait menacer. Quoique... vu ce qu'elle montre, elle a largement de quoi se défendre face à la plupart des menaces qui pouvaient peser sur elle. Autrement dit, je ne comprenais toujours pas sa réaction. Tout compte fait, peut-être qu'elle était brusquée et frustrée de devoir sortir de son exercice.

"Mhh... Nara Aizen vous dîtes ? Je ne connais pas, mais j'irais me renseigner sur lui."

"Je comprends mieux, je trouve vraiment cette technique très intéressante. Je comprend qu'elle soit presque impossible à esquiver du coup, parce que les mouvements me surprennent de là où j'étais, je le voyais très bien." - Finissais-je en me retournant pour regarder le lieu où je m'entraînais.

"D'ailleurs, oui, je devrais me présenter d'abord. Je suis Kotetsu Teiko, enchanté. Et vous, vous êtes ?"

J'attendais patiemment qu'elle décline son identité. J'avais pensé qu'il pouvait d'une feinte du clan Nara et donc que la technique devait sûrement se transmettre entre initié du clan. Peut-être une technique beaucoup complexe qu'elle n'y paraît basée sur les ombres ou quelque chose comme ça. De toute façon, même si c'est une Nara, je ne pourrais pas manipuler les ombres, mais je peux le combiner avec mes capacités de Jiki.

"Si vous le voulez, pouvez-vous m'enseigner cette technique ? Ca vous servira d'entraînement aussi, on ne peut pas apprendre mieux qu'en enseignant. C'est assez paradoxale je vous l'avoue."

Cet homme qui venait de l’importunait ne semblait pas la reconnaître. N’avait-il donc pas observé le tournoi ? N’avait-il donc pas observé sa victoire et sa déchéance ?
Dire d’elle qu’elle était tendue était un euphémisme. Hideko était en feu, un feu prêt à se transformer en brasier et à tout engloutir sur son passage, mais face à cet environnement qui la poussait à craquer, à céder, elle tenait bon.
Il était rafraichissant de rencontrer quelqu’un qui ne la connaissait pas, qui ne semblait pas avoir d’apriori sur elle. Hideko se détendit légèrement. Elle prit une position plus sérieuse, mais moins agressive et cette tension qui s’affichait sur son visage se fada.

L’homme se présenta enfin : Kotetsu Teiko. Son nom lui revint : un genin du village, bien âgé pour son grade. Qu’elle était son histoire ? Pourquoi était-il encore genin comme Akagi ? Enfin, comme l’était Akagi.
Debout face à lui, elle porta une main à ses cheveux et recoiffa les mèches rebelles qui tombaient sur son visage.
Teiko ne connaissait pas Aizen, voilà qui continuait d’être étrange, car le chuunin, membre du clan Nara, commençait lui aussi à avoir une sacré réputation dans le village. Gagnant du tournoi des gradés au pinacle de sa puissance, sa notoriété n’avait d’égale que son égo ; le souvenir de son apprentissage avec lui, des paroles qui l’avait eu à son égard puis son changement de comportement était encore frais dans sa mémoire. Qu’elle sotte elle avait été pour croire qu’il avait été franc, non, tout cela ne devait être qu’une mascarade : il s’était joué d’elle, comme tous les autres.

Cette feinte à laquelle elle s’entraînait avait ainsi piqué la curiosité d’un homme qui, ignare, s’était approchée d’elle. Si seulement il la connaissait un tant soit peu, il ne fait aucun doute qu’il aurait simplement passé son chemin.

Devait-elle lui porter attention ? Devait-elle lui enseigner cette technique comme il le lui demandait ? Hideko hésita. Elle ne répondit pas immédiatement à sa demande, laissant s’installer un silence pesant, un silence dont elle se faisait maîtresse.
Cette proposition ne l’intéressait guère, mais celle d’un entrainement… Voilà bien longtemps qu’elle ne s’était pas entraîner avec quelqu’un, car plus personne ne voulait se faire, trop inquiet d’être blessé durant l’affrontement qui conclurait vraisemblablement par sa victoire, une victoire écrasante.
Peut-être pourrait-elle en tirer quelque chose ? Ce fut en pariant sur cette idée, sur ce doute, qu’elle accepta sa proposition, mais sans quelque monnaie d’échange.

– D’accord, je vais vous l’enseigner, mais avant cela, …

Elle le dévisagea de haut en bas, sans aucune gêne.

« Vous êtes toujours genin n’est-ce pas ? Pourquoi ? Pourquoi à votre âge ? Je suis curieuse de savoir. » Demanda-t-elle brutalement.

Elle commençait peu à peu à s'ouvrir, je la sentais plus calme, posée et rassurée. Je ne sais pas ce qu'il s'était passé pour qu'elle soit aussi crispée. Elle a probablement ses raisons et il était trop tôt pour lui poser la question. Après tout, cela ne me concernait pas, je n'étais pas venu pour faire le psychologue, j'étais venu lui parler avec un objectif bien précis. D'ailleurs, elle n'avait toujours pas répondu, semblait hésitante, réticente à l'idée de m'envoyer ce mouvement comme s'il devait rester secret.

Là encore, je n'en connaissais pas le motif. Après tout, pourquoi refusait-elle de me l'enseigner ? Comme s'il s'agissait d'une technique secrète ou quelque chose du genre. Elle n'avait aucune raison de refuser dans l'intérêt du village. Cela amputera le village d'atteindre son plein potentiel avec des comportements égoïstes comme cela. La peur d'un nouveau concurrent peut-être ? Était-elle carriériste ou arriviste à ce point ? Ces motivations m'étaient inconnus, donc je ne pouvais par conséquent savoir ce qu'il se passait dans sa tête à ce moment-là. Elle semble traîner quelque chose avec elle, comme un espèce de fardeau qui provient de son vécu. Je ne saurais dire quoi... mais c'est palpable.

Finalement elle accepta après mûres réflexions. Là encore, je ne comprenais pas pourquoi réfléchir à ce point pour une simple question aussi simple. Cela devait normalement lui paraître flatteur, elle devrait se sentir fière de voir que quelqu'un l'avait remarqué pour sa technique et était intéressé par celle-ci, mais pourtant, cela semblait être le contraire. D'ailleurs, elle n'a pas tout à fait accepté, car elle semblait poser une question ou tout du moins, elle voulait quelque chose avant de commencer. Là encore, j'étais surpris, mais je n'étais pas au bout de mes surprises.

En effet, avant de commencer l'entraînement, elle voulait savoir pourquoi j'étais encore genin à mon âge... Pour être honnête, j'avais à ce moment précis, une furieuse envie de la baffer. Non seulement, elle ne s'était pas présentée après m'être introduit face à elle. Je lui avais pourtant demandé qui elle était et elle ne m'a pas répondu pour ensuite poser ce genre de questions. Elle ne semblait avoir aucune espèce d'éducation ou de savoir-vivre et cela m'irritait.

"Bon. Je vous ai demandé de vous présenter." - Affirmais-je d'un ton sec en croisant les bras fermement.

La réponse fut tout aussi brutale que sa question. L’avait-elle trop poussée ? Semblerait-il. Trop méfiante, elle n’avait su accepter cette main tendue : elle l’avait rejetée et pointée une arme, impulsive qu’elle était. Hideko plissa furtivement des yeux. En ces jours sombres, elle n’avait pas besoin de se faire plus d’ennemis qu’elle n’en avait déjà. Il lui fallait être plus intelligente que cela, apprendre à se contrôler.

– Excusez-moi. Je m’appelle Hideko.

Elle avait décidé de ne plus utiliser son nom de famille, marque d’un clan qu’elle répugnait et annoncer son grade serait trop complexe pour qu’elle s’en donne la peine, car elle n’était ni une genin, ni une chuunin, mais un hybride complexe des deux qui n’avait de sens que pour elle et le Raikage.

Cet homme, ce Teiko, ne semblait réellement pas la connaître. Jamais il ne l’aurait approché et provoquée ainsi s’il avait vu ce qu’elle avait fait au tournoi, ou entendu d’elle ce qu’il se disait. Ignare, comme sorti de sa grotte, il ne manquait pas de piquer sa curiosité, mais cette dernière devrait attendre, au risque de le voir s’en aller.

– Reprenons nos moutons. Vous souhaitez apprendre cette technique ? Je peux vous l’enseigner. C’est même une technique assez simple, fort utile si bien placée.

Elle se rémora les explications d’Aizen, lorsque lui-même se trouvait dans la position de l’enseignant et elle de l’apprentie. Sa réflexion d’alors, entre les deux manières qu’elle avait imaginées pour réaliser cette technique de feinte et le choix qu’elle avait fait lui revinrent. Le même choix qu’elle proposa maintenant à teiko.

– L’idée de base est comme dit simple : tromper son adversaire avec une première attaque pour la toucher avec la seconde attaque. Vous avez deux choix : utiliser le même membre en retenant votre coup au dernier moment puis en changeant l’angle d’attaque, ou utiliser un autre membre pour la seconde attaque. Peu importe votre choix, ce qui importe c’est que celui-ci vous convienne. Par contre, vous devrez utiliser du chakra pour les deux attaques, car sinon votre adversaire ne se sentira pas obligé de se défendre du premier coup.

Elle-même avait optée pour le premier, l’attaque avec un seul membre, en retenant son coup avant de changer d’angle pour surprendre sa cible. Ce fut justement ce qu’elle décida d’illustrer. Hideko recula, puis vint se placer face au mannequin de bois qui lui servait quelques instants plus tôt. En garde, elle décocha un coup de pied au niveau de la tête, puis se retint au dernier moment et asséna une seconde attaque avec la même jambe sur le flan. Le haut de son pied vint fouetter le bois, l’enfonçant légèrement, puis revint au sol.

Elle posa ensuite son regard sur Teiko. Allait-il accepter ? Allait-il faire un choix ? Ou se résignerait-il à apprendre auprès d’elle, en quête d’une herbe plus verte ailleurs ?

Le coup de pression semblait fonctionner. Elle s'excusa alors, consciente qu'elle avait quelque peu dépassé les limites par ses questions insistantes. Lorsqu'on souhaite demander, on se doit d'offrir quelque chose en retour, c'est toujours donnant-donnant. Une information contre un autre, c'est le principe d'un échange. Sauf que là, ça ne fonctionnait que d'un côté, je lui réponds et elle m'ignore. Donc, elle semblait s'appeler Hideko. Elle n'avait pas souhaité donné son nom de famille, elle ne jouait pas le jeu. Cela plantait donc le décor, je savais comment je devais gérer ce genre de personne.

"Et bien enchanté Hideko ! Je te remercie pour ta coopération. En effet, d'après les mouvements que tu as montré, j'ai 1001 idées qui fusent dans ma tête."

Elle commença bien sûr par introduire la technique par une explication théorique. Il s'agit donc bien d'une feinte qui consiste à tromper l'ennemi avec une première attaque pour frapper avec une seconde attaque. Bien sûr, j'imaginais déjà les différentes combinaisons en y incorporant plusieurs séries de feintes pour perturber l'adversaire à un rythme ou plutôt une fréquence différente et irrégulière rendant impossible toute anticipation. Voir même pousser la maîtrise de la technique à un tel niveau qu'on pourrait y développer une technique d'illusion. L'ennui, c'est que je n'avais aucune notion dans le domaine, mais avec un dur entraînement et plusieurs mois, voire années d'exercice, cela pourrait tout de même être réalisable.

Comme je l'avais imaginé, avec cette technique, il est possible de frapper soit deux fois avec le même membre soit d'en changer. Elle expliqua également la nécessité d'utiliser du Chakra pour favoriser l'impact et obligé l'adversaire à se défendre des deux coups. Si une feinte est réussie, je n'aurai pas besoin d'utiliser du chakra, car qui est assez stupide pour oser ne pas se défendre face à un coup ? S'il ne se défend pas, c'est que l'adversaire sait qu'il s'agit d'une feinte, autrement dit, la technique n'a plus aucun sens.

Sans plus tarder, elle se mit à la pratique. Je commençais à l'apprécier, elle parle peu mais utilement et ça me plaît. Elle se mit en face d'un pantin en bois puis fit mine de lui assigner un coup dans la tête avant de frapper son flan. J'imaginais déjà l'ennemi tenter de se défendre d'un coup à la tête en se baissant ou mettant son bras en opposition, tandis qu'il exposait son flan. Elle me regardait avec insistance, c'est alors que j'eus compris que je devais déjà pratiquer à mon tour.

Je me mis alors en position, essayant d'effectuer le même mouvement qu'elle. Cependant, j'étais trop lent dans mon exécution, je ne parvenais pas à stopper mon coup en étant rapide. Si j'assigne un coup, j'y mets toute ma force, autrement dit, je ne peux pas me stopper. Il est difficile de rebondir ensuite après avoir frappé fort et d'enchaîner aussi rapidement ensuite. J'étais fortement déséquilibré lorsque j'avais essayé d'exécuter le mouvement. Autrement dit, la première étape pour moi, c'est d'apprendre à contrôler ma force, de la doser. Ensuite, je pourrais tenter d'enchaîner un deuxième coup.

"J'ai du mal à retenir mon premier coup. Il faut d'abord que j'apprenne à contrôler ma force."

J'eus alors réessayé d'effectuer le même mouvement, mais le premier coup fut mollasson. En retenant ma force, je n'avais pratiquement pas mis de force. Cela n'est pas le but de la technique, car mon adversaire saura qu'il s'agit d'une feinte et donc ne tentera pas de se protéger. Autrement dit, j'étais un peu trop cramé sur ce coup, on pouvait très facilement l'anticiper. Je continuais donc à m'entraîner, exerçant le coup encore et encore.

"J'ai une petite question : Pour la seconde attaque, tu la prévois à l'avance ou tu l'effectues en fonction de la réaction de ton adversaire face à ta première attaque ?"

Elle n’eût guère à attendre pour obtenir une réponse, cette fois-ci bien moins brutale, mais Teiko semblait toujours sur ses gardes : rien de plus normal après une telle première impression. S’en moquait-elle vraiment ? Non, elle fut même rassuré quand il accepta de continuer avec elle, un sentiment qui disparut aussi vite qu’il était apparu. Ces derniers temps, tant d’épreuves s’enchaînaient qu’elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, oubliant tout et agressant chaque personne qui posait un peu trop le regard sur elle. La joie, le plaisir, la douceur, tout cela lui paraissait si lointain. Tout lui semblait maintenant si fade, si triste, si sombre.

Teiko se disait particulièrement inspiré par son entraînement. Quand il se mit en position à la suite de son invitation appuyée, elle l’observa avec attention. Il essaya de répéter ses mouvements, mais ne parvint pas à stopper la première attaque pour faire suivre une seconde. Pour sûr, il n’était pas simple, de prime abord de maîtriser cette technique, même suffisait de peu pour rapidement la maîtriser.
Hideko aussi avait eût du mal à retenir le premier coup lors du début de son entraînement avec Aizen. Maîtriser sa force sans pour autant en diminuer l’attaque était tout sauf habituel et il l’avoua ouvertement. Il était aussi difficile de garder l’équilibre alors qu’on interrompait le coup porté et donc l’inertie du mouvement, sans faire suite à un mouvement contraire qui permettait de rétablir l’équilibre, ce qui transparut dans les essais de Teiko.

Il répéta donc plusieurs fois le premier coup, essayant de l’arrêter avant qu’il n’ait atteint sa cible imaginaire, puis il se stoppa et la questionna.

– Je suis de ceux qui sentent cela. Quand je combats au corps à corps, je réagis à l’instinct, à ce qui me paraît le plus évident dans l’instant. D’autres préfèrent réfléchir à chaque détail, le premier n’est pas moins bon que le second. Expliqua-t-elle en plaçant une main, paume vers le ciel, de chaque côté, mimant une balance.

Des les premières étapes, elle sentait que cet enseignement se déroulerait bien différemment du sien. Une seule technique, mais deux manière de l’intégrée bien différente.

« Je n’ai donc pas de réponse toute faite à vous donner, mais je pense que l’on doit d’abord décomposer ce premier mouvement. »

Hideko se replaça à côté de lui.

« Si vous avez du mal à retenir votre coup et à garder votre équilibre avec un seul membre, alors peut-être devriez vous essayer avec d’eux. Ce sera plus simple de contrôler ce transfert de masse d’un côté à l’autre du corps et cette énergie pourra justement servir votre deuxième et vrai coup. »

Elle lui conseillait là l’autre voix que celui qu’il avait entreprit, celle-là même qu’elle avait choisi. Le choix lui appartenait toujours et elle jugeait là que cette façon de faire serait plus adapté à ce qu’il venait de lui montrer. Le choix lui appartenait. Dans le cas contraire…

« La façon dont je procède pour retenir mon coup et enchaîner le suivant sans perdre l’équilibre… C’est un peu comme une danse, un enchaînement quoi. Pour le coup de poing, j’assène d’abord une première attaque, puis j’avance ma jambe du côté concernée pour garder l’équilibre et me replacer, puis je frappe ensuite une deuxième fois. »

En-même temps qu’elle donna ses explications, elle décomposa lentement le mouvement pour qu’il puisse l’analyser.

« Pour une attaque avec la jambe, c’est le corps qui sert de balancier. L’allonge est certes plus longue, mais il ne faut pas non plus donner le coup de trop loin, de risque de basculer. Il faut être droit, puis donner un premier coup, le retenir et fouetter la zone visée avec le deuxième. »

Deux membres, deux manières de procéder différentes.

Je n'étais pas spécialement un expert du combat au corps à corps, bien que j'avais de bonnes aptitudes physiques. Cependant, ma maîtrise du combat au Taijutsu reste sensiblement faible, je maîtrise des techniques rudimentaires, accessibles et simple d'accès. Pour autant, cette technique suppose une grande maîtrise de soi, de son corps, de son centre de gravité et surtout une grande équilibre. En raison de ma taille, j'avais un centre de gravité relativement haut et en raison de mon poids, j'étais facilement déséquilibré lorsque je bougeais mon centre de gravité. Mon premier problème était donc l'équilibre.

Elle m'affirma que lors d'un combat, elle avait suffisamment d'expérience pour pressentir et adapter sa feinte en fonction des mouvements de son adversaire. Elle anticipe donc facilement grâce à son sixième sens aussi appelé intuition. Cela nécessite beaucoup de pratique, beaucoup de travail et beaucoup d'expériences. L'art du combat au corps à corps est à la portée de tous ceux qui ont une volonté et une patience de fer, c'est d'ailleurs ce qui le distingue des autres. Il ne suffit pas d'avoir un puissant chakra pour maîtriser parfaitement cet art, mais il faut répéter des millions de fois le même mouvement pour en devenir un maître, rien n'est donc inné. Je pouvais donc en devenir un maître, il n'y a aucune fatalité dans l'art du Taijutsu. D'ailleurs, on retrouve cette notion d'équilibre lorsqu'elle m'affirma qu'il n'y a aucune bonne façon de feinter, mais qu'il s'agit surtout d'un choix.

"Je comprends mieux. Tout est une question d'équilibre dans le Taijutsu."

Elle me proposa une idée ingénieuse, somme toute très basique hein... ingénieuse certainement, car je n'y avais pas pensé pourtant elle était pleine de bon sens. Plutôt que de me compliquer la vie, je peux déjà commencer par assimiler la technique en effectuant une version simplifiée à l'aide de deux membres. Une feinte suivit d'un coup assigné avec un autre membre, c'était certes bien moins véloce, mais plus simple pour moi de pouvoir enchainer deux coups sans perdre de l'équilibre. Il fallait déjà que je me mette dans l'esprit du mouvement.

"C'est une excellente idée !"

En effet, plutôt que de contrôler la masse et la déplacer sur une partie du corps, je pourrais la déplacer d'une partie à son opposé afin de conserver l'équilibre de mon corps en entier. Déplacer mon centre de gravité rapidement d'un point à son opposé me permettrait de conserver mon équilibre.

"Avec l'inertie engendré par un coup avec un membre opposé, je pourrais frapper d'autant plus fort, mais le mouvement est plus lent. Cependant, c'est un très bon exercice pour apprendre à bien maîtriser cette technique."

Elle m'affirma qu'elle se servait de sa jambe pour garder l'équilibre en frappant deux fois du même poing, or ce que j'essayais de reproduire c'était deux coups de pieds. Ainsi, son astuce ne pouvait fonctionner pour le mouvement que j'essayais de créer. Je n'avais pas de problème d'équilibre pour deux coups de poings, j'avais surtout un problème dans le contrôle de ma force. Elle ne tarda pas à revenir sur ce qu'elle avait dit pour compléter. Elle m'affirma qu'il fallait rester droit sans trop balancer son pied. Il ne fallait donc pas partir trop loin pour éviter de basculer. Le fait de rester droit me permettait de stabiliser mon centre de gravité. Je m'imaginais déjà apprendre à mieux maîtriser ma maîtrise de mon centre de gravité pour développer mon agilité, ma motricité et ainsi pouvoir effectuer des mouvements plus amples et complètement imprévisibles.

Je continuais donc à m'exercer, effectuant les mouvements qu'elle m'avait conseillé feinter du gauche puis frapper du droit et inversement. J'étais bien plus à l'aise pour frapper ainsi, même si l'efficacité de l'enchaînement restait à prouver. J'étais trop lent par rapport à elle. Il est vrai que je ne maîtrisais pas bien le mouvement et je devais sans cesser le répéter encore et encore pour apprendre à l'utiliser et à l'exploiter.

« Oui, je pense que ce que vous dîtes là résume beaucoup de ce qu’est le Taijutsu. » Répondit-elle à son affirmation.

L’équilibre, base évidente, mais clé et essentielle du combat au corps à corps. Dans un duel entre deux shinobis, en perpétuels échange afin de prendre le dessus sur l’autre, cette suite d’échange de coups, de défenses et d’attaques résidait dans un équilibre délicat, en quête de la moindre faille exploitable chez son adversaire.
Teikō appréciait son idée, une idée qui lui en donnait d’autres, comme en témoigna la réflexion dont il lui fit part.

Il répéta ainsi l’exercice un certain nombre de fois, jusqu’à ce que malgré un lenteur persistance, il ait montré sa compréhension du problème et donc que sa résolution ne soit plus qu’une question de temps et de répétition.

« Bien. Maintenant que vous avez le mouvement en tête, il va falloir l’intégrer dans une suite de mouvement. Une attaque seule n’aura pas grand effet, c’est dans en enchaînement que l’effet de surprise vous permettra de prendre le dessus. »

Sur ces mots, Hideko fit une courte série de signe. Devant-elle apparu un mannequin en métal.

Elle se mit en position de combat, puis asséna un puissant coup de pied droit.

Se dos de son pied s’écrasa contre le métal, dans un bruit assourdissant, puis elle l’abaissa et se déplaça légèrement sur le côté. Là, elle enchaîna une série d’attaque bien placée sur le haut du mannequin.

Alors que la dernière attaque s’abattit sur la poupée de métal, elle retenu son coup de poing au dernier moment et en décocha un inattendu de l’autre côté, pulvérisant la tête de la poupée dans cette ultime attaque.

Sa démonstration terminée, elle répara le mannequin.

« A vous. Une fois que ce sera acquis, vous essayerez contre moi. Ensuite, il ne tiendra qu’à vous de vous entraîner jusqu’à maîtriser ce mouvement à la perfection. »

La kunoichi ne tarda pas à s'exercer devant moi. Visiblement, elle maîtrisait le Kinton, elle devait donc être une descendante Metaru. Elle ne m'avait fait part que de son prénom, mais ne m'avait pas donné son nom, c'est la caractéristique des individus issus de grande lignée comme celle des Metaru, ils ont tout intérêt à se faire discret. Elle invoqua un pantin en fer rien que ça. J'avais l'habitude de frapper des pantins en bois, peu résistant, mais elle était visiblement à un niveau au-dessous. C'était un bon entraînement, car elle devait frapper d'autant plus fort pour causer de sérieux dommages.

Elle se mit à assigner un puissant coup de pied latéral sur le pantin générant un énorme bruit. Ensuite, elle abaissa le mannequin pour qu'il arrive à sa hauteur puis se mit à enchaîner une dizaine de coups à une vitesse ahurissante puis avant d'assigner le dernier, elle se stoppa pour réaliser une feinte et frapper de l'autre côté. Cela a eu pour effet de pulvériser la tête du mannequin. En effet, après avoir harcelé sa cible sous un seul et unique angle, le mannequin qui est un objet inerte, subissait une série de coups en provenance d'un seul et même angle, ce qui a eu pour effet de libérer une forte quantité d'énergies au même endroit. La toute dernière feinte puis le coup sous un angle opposé a engendré tellement d'énergies opposés que ce dernier a cause de sérieux dommages.

J'avais compris le principe en théorie, mais c'était au niveau de l'exécution que je galérais. En effet, le mouvement et ses intérêts est relativement simple à comprendre, car somme toute basique, mais difficile à exécuter. Je n'étais pas aussi rapide dans l'exécution pour pouvoir enchaîner les coups avec une telle vélocité et une telle puissance. Il me fallait donc développer mon agilité pour pouvoir enchaîner des coups aussi rapides. J'avais certes une grande vitesse de mouvement pour les mouvements amples, mais moins pour de petits mouvements. Il fallait donc que je m'exerce à améliorer sur ce point.

Je me mis alors en position, puis répétais inlassablement le même mouvement. D'abord j'enchaînais par une série de coups et d'en augmenter la vitesse afin d'engendrer de l'énergie cinétique, pour ensuite effectuer une feinte sur le dernier coup et frapper avec un angle opposé. Je n'avais de cesse à répéter ce même mouvement, effectuant le même enchaînement avec le même nombre de coups sous le même angle pour bien maîtriser ce Jutsu. J'étais relativement lent lors de la transition entre la feinte et le dernier coup. Le temps de transition diminuait petit à petit au fur et à mesure que je m'exerçais.

"Je comprends mieux ce mouvement. Au final, c'est juste une question de pratique."

C’était maintenant à lui de s’exercer, un exercice qu’il attaqua aussitôt, répétant encore et encore les mêmes gestes, mais cela, bien que barbant, n’était que le début de son périple.

« Je ne vous apprendrai rien en disant et en répétant qu’il faudra vous entraîner à faire ces gestes un grand nombre de fois avant de les maîtriser parfaitement. Jusqu’à ce que ne soit plus votre esprit qui les exécute, mais votre corps. »

Car il s’agissait de cela : répéter ce mouvement jusqu’à ce qu’il soit aussi naturel que de marcher. Elle l’observa ainsi progresser par étape, déjà convaincue qu’il arriverait à la maitriser, mais ce n’était pas elle qui avait besoin de l’être, mais lui, ce qu’il fut justement.

« Oui, c’est juste une question de pratique. » Lui répondit-elle.

Sa tâche terminée, elle reprit conscient des regards qui pesaient sur elle, de toutes ces personnes qui l’épiaient et la jugeaient. Un combat qu’elle ne désirait plus mener.

« Sur ce, je vous laisse. Quand vous aurez terminé et si vous voulez vous entraîner, vous saurez où me trouver. »

Si d’ici là elle n’était pas déjà partie en mission, car son départ n’était plus qu’une question de jour et avec celui-ci, un départ prochain bien plus long encore et cette fois-ci du pays.

Visiblement, elle avait une grande expérience du métier. Elle savait enseignée, mais surtout elle avait une grande connaissance de l'art du Taijutsu. Sa phase de fin m'avait confirmé ce que j'avais constaté. Seul un expert, un utilisateur aguerri du Taijutsu était en mesure de comprendre qu'après suffisamment d'expérience, c'est le corps qui agit de lui-même et non l'esprit. Lors d'un combat, l'esprit se concentre sur d'autres détails particuliers à la situation présente. On ne peut se concentrer sur l'exécution d'un mouvement que l'on ne maîtrise pas et en plus sur les mouvements de l'adversaire qu'on ne connaît pas non plus. Elle le savait très bien et elle l'avait bien compris.

"Tu as l'air d'avoir beaucoup d'expérience ! D'ailleurs, on peut se tutoyer, maintenant que tu m'as appris cette technique et que tu m'as tant aidé à améliorer mon art du combat au corps à corps, on n'est plus des inconnus. On sera amené à se revoir je l'espère. Je vais travailler et je reviendrais t'enseigner une technique qui pourra t'être utile."

Je continuais donc à m'exercer inlassablement, répétant le même mouvement encore et toujours. Elle était restée un peu pour observer avant de partir. On était sur la même longueur d'onde, elle m'affirma qu'elle venait régulièrement ici et si je voulais la revoir et m'entraîner de nouveau, je n'avais qu'à venir. C'était d'ailleurs, ce que je comptais faire pour les prochains jours, car je comptais continuer à travailler encore pour améliorer ce mouvement, voire créer d'autres mouvements inspiré de celui-ci. Après l'avoir salué, j'avais continué à travailler avant de rentrer deux petites heures plus tard et revenir le lendemain pour continuer à pratiquer et ce, sur plusieurs jours.