Posée contre l’une des épaisse poutre en pin qui soutenait le bâtiment, Hideko observait, le regard vide, vers l’extérieur. Ouvert sur trois côtés, avec les poutres pour seul soutient, cette salle du bâtiment d’entraînement intérieure au village était l’une des plus petites de toutes. Rares étaient ceux qui s’en servaient et l’on pouvait donc, le plus souvent, y trouver du calme et une certaine solitude aussi. En ce jour, seule Kyoumi s’y trouvait, mais semblait être en profonde méditation, de fait qu’elle n’avait pas entendue Hideko arriver.
Tant mieux.
Hideko, ses iris pourpres perdues dans l’horizon, se promenait dans ses pensées, sans réellement s’accrocher à l’une d’elle en particulier. Le temps coulait, comme les nuages coulent dans le ciel, dans cette mer d’étoile qui ne semblait point avoir de limite. Où tout cela menait-t-il ? Était-ce une toile peinte par les dieux ? Ou un nouveau monde qui s’étendait par-delà ?

Des questions qui resteraient à jamais sans réponses, comment tant d’autres d’ailleurs. A défaut de pouvoir aller dans le ciel, plus le temps passait, plus son cœur désirait partir. Partir pour voyager, partir pour découvrir. Battre la terre, naviguer sur les eaux. Explorer, découvrir, apprendre.
Les seules choses qui la retenaient en ces terres étaient Aya et Bakeneko.
Comment ferait-elle pour sa petite-sœur ? Si elle obtenait sa garde… alors elle devrait trouver une place, une famille pour la garder, le temps de son absence et il était hors de question que ce soient des Metaru. Pourrait-elle demander à Yoko ? Peut-être pourrait-elle demander à la famille de Minako ? Ou celle de Natsumi… Mise à part la première, elle ne connaissait aucune mère de famille. Tout du moins, aucune qui ne soit proche d’elle. Alors elle restait ainsi, comme prisonnière de ses propres obligations. Une prison qu’elle ne pourrait accepter bien longtemps.

Une voix vibra à ses oreilles. Hideko fut arrachée de ses pensées et mit quelques secondes avant de pleinement revenir. C’était la voix de Kyoumi… mais que venait-elle de dire ? Peu importait, cela signifiait que le temps de la pause était terminé.

« Kyoumi, on m’a demandé, à nouveau, de t’entraîner. Mais cette fois-ci je ne compte pas t’affronter directement. »

Hideko invoqua aussitôt Atsuo, qui se tint là, assit devant elle.

Hideko pencha la tête vers son ami.

« Atsuo, comme je te l’ai dit, aujourd’hui tu vas affronter cette femme. »

Le caracal planta son regard dans celui de Kyoumi, puis répondit d’une voix grave et féline.

« Bonjour humaine. Es-tu prête ? »

Voilà qui devrait quelque peu déstabiliser Kyoumi, mais à défaut de l’avoir dérangée de sa méditation, l’entraînement lui devait se dérouler, tôt ou tard.

A travers cet entraînement avec Kyoumi, Hideko ne souhaitait pas uniquement les entraîner, que ce soit elle ou son camarade. Non, l’ordre du village était la parfaite excuse pour s’approcher d’elle. Un rapprochement qui lui permettrait, elle espérait, de lui parler. A elle, l’étrangère qui fut un jour une gladiatrice, puis un autre le soldat de l’Empire. A elle qui avait vu tant de chose, parcourut tant de pays.

Résumé:

Kyoumi, tout comme Hideko, n’était pas femme à bavarder. Peut-être plus qu’elle encore, mais quelque chose lui disait qu’elle en savait beaucoup et que ce savoir était justement la raison de son mutisme. Il n’y avait donc qu’une seule solution à cela.

Atsuo se mit en position, en face de Kyoumi, tandis que Hideko se mit en retrait. L’archère initia alors le combat : elle décocha à l’aide de son arc une flèche vers le caracal. Ce dernier infusa son chakra dans son pelage, le durcissant, jusqu’à ce qu’il devienne dur comme la roche.
La flèche ricocha et s’écrasa sur le sol derrière lui.
Alors Atsuo bondit. Un bond qu’aucun humain n’aurait pu faire sans l’aide de son chakra. Un bond qui relevait de sa nature même de caracal. Son corps s’éleva dans les airs. Sa gueule s’entrouvrit, ses longues dents pointues apparurent ; la gueule du prédateur. Il cracha plusieurs boules de feu en direction de Kyoumi, puis atterrit sur un poteau, les griffes plantés dedans. Le bois se brisa sous ses pattes.

Atsuo se mit alors à se déplacer, accroché à ce poteau comme il le serait à un arbre, afin de s’y cacher derrière, tel le prédateur qu’il était. Combattre un animal n’était en aucune manière comparable à combattre un shinobi. Non, il n’était pas question d’honneur ou de lâcheté, il n’était question de proie et de prédateur, de chasseur et de chassé.
Seul un râle était audible dans la pièce. Le râle de la bête qui se préparait à sauter au cou de sa proie à la première occasion.

Hideko observait la scène avec recul. Elle avait parfaitement confiance en Atsuo, tant pour gagner que pour garder la situation sous contrôle. Il était, en cela, bien meilleur qu’elle, malgré ses quelques ressentiments envers les humains. Aussi, en profita-t-elle pour initier la discussion avec cette géante en armure.

« Si ne je m’abuse, il est de notoriété publique que tu es originaire du Pays du Feu. A quoi ressemble-t-il ? Ce pays ? »

Une conversation malvenue dans une pareille situation, c’était justement là l’objectif.

Résumé:

Kyoumi esquiva les boules de feu, bondissant sur le côté de la salle et s’approchant de fait de l’un des piliers qui en soutenait le toit. A l’opposé d’elle, de l’autre côté, Atsuo se tapissait dans l’ombre, à l’abri derrière un autre pilier. Au-dessus de lui s’étendait la charpente, fait de triangles en bois qui reposaient sur les piliers, à intervalles réguliers, le tout maintenu par d’autres poutres parallèles au sol qui en faisait le tour. Là-haut, Atsuo pourrait trouver la pénombre nécessaire pour se cacher. L’obscurité qui lui donnerait l’avantage sur sa proie.

Ses griffes plantées dans le bois, il grimpa sur son pilier. Kyoumi décocha une flèche. Cette dernière vint se planter dans le bois.
Leur conversation la perturbait-elle à ce point ?
Atsuo, arrivé assez haut, bondit sur l’une des poutres parallèles au sol. Kyoumi en profita pour décocher une seconde flèche. A nouveau, l’animal infusa son chakra dans son pelage. Ainsi arrivé au sommet, il était libre de se déplacer à sa guise. Le râle qui sortait de sa gueule raisonna davantage encore sur les ardoises du toit. Un râle qui raisonna dans la cage thoracique de Hideko. Sa silhouette disparut dans l’ombre. Ses pas, eux, le menèrent sur le côté de Kyoumi.

Les descriptions de cette dernière, de son pays, furent pour le moins succinctes. Un pays plat et boisé, une ville imposante, plus imposante encore que Kumo. Riche et pleine d’histoire. Kyoumi continua et elle dévoila avoir grandi au pays de la brume. Un pays qu’elle semblait préférer, tant pour sa beauté que pour les libertés dont on pouvait y jouir.
Un pays qui recherchait la puissance, la domination par la force, un autre la liberté.
Une armée imbue qui se croit toute permise… Kyoumi termina sa description du pays du Feu par ces quelques mots. Ce n’était pas sans rappeler les crimes commis par cette même armée ici, à Kumo, même si à cette époque, Hideko était encore alitée et n’avait donc pu vivre tout cela.

Sa curiosité, loin d’être assouvie par ses bribes d’informations, fut attisée.

« Urahi, plus grande que Kumo ? » Dit-elle avec surprise.

Kumo étant la plus grande ville que Hideko n’ai jamais connu, elle avait peine à l’imaginer.

« A quoi ressemble-t-elle ? Et son histoire, conte-la moi. »

Des questions qui se transformaient en ordre.

« Le pays de l’eau aussi, parle-moi en. A quoi est-ce que ressemble sa capitale ? Qu’elle est son histoire ? »

Des flammes jaillirent alors du plafond, sur le flan gauche de Kyoumi. Des flammes puissantes et une chaleur sèche qui s’étendit à toute la pièce.

Résumé:

Des flammes qu’évita habilement Kyoumi. Malgré sa taille de géante et sa lourde armure, la femme restait mobile. Ce qui étonnait cependant Hideko fut que Kyoumi se battait avec un arc et non pas une arme de corps à corps, qu’on aurait pu simplement le penser.
Tout en esquivant, Kyoumi expliqua la différence de taille entre Kumo et Urahi par les limites géographiques de la première. Une explication qui ne convainc aucunement Hideko.

« Les limites… sont celles que l’on s’impose. Celles que l’on se refuse à franchir. Elles ne sont qu’un obstacle que si l’on les désigne comme telles. »

Atsuo se défendit contre une nouvelle flèche, que Kyoumi eût le temps de décocher, lorsqu’il fut illuminé par ses flammes. Son pelage durci par le chakra, elle ricocha sur lui et vint se planter sur une poutre.
L’animal continua alors d’approcher d’elle, aidé par la pénombre afin de rester discret. Bien qu’il ne pût la voir, cela ne constituait en rien un handicap : sa vue était moins efficace que celle d’un humain. Non, Atsuo se basait sur son odorat et son ouïe, ses sens les plus précieux, les plus développés. Il put entendre Kyoumi bouger, se pencher. Le bruit de la flèche tiré du carquois. La corde de l’arc tiré. Le bruit du papier froissé que l’on accrochait dessus et enfin, le feu qui y prit vie.
A cet instant, il sut et bondit sur elle, sortant d’en dessus.
Une flèche le menaça. Une patte posée sur le pilier, il se décala légèrement. La pointe de métal écorcha son flan, teintant son pelage de sang.

Tombant littéralement sur elle, Atsuo l’attaqua à l’aide de ses griffes, visant son visage afin de lui infliger la blessure la plus douloureuse, la plus sanguinolente possible.
Quand ses pattes touchèrent le sol, naquit dans sa gueule de nouvelles flammes. A travers ses croqs, le feu apparut, grandit, prit forme. Il leva la tête et visa cette fois-ci les mains de son adversaire, tendues devant elle, portant son arc. La gueule grande ouverte, il l’attaqua à bout portant.

Kyoumi émit une complainte. Hideko l’ignora et continua à poser ses questions.

« Si le pays de la Brume était si beau. Si sa liberté t’était si chère, pourquoi l’as-tu quitté ? Pourquoi as-tu décidé d’aller au pays du Feu, là où tu n’aurais plus aucune liberté ? »

Ce pays qui avait attaqué Kumo, ces hommes et ses femmes qui avaient tués ses femmes, ses hommes, ses enfants.

Cette femme… devait subir quotidiennement les conséquences de ces actes, tout comme Hideko subissait les rumeurs, regards et jugements des autres ; conséquences de ses propres actes. Alors pourquoi ? Pourquoi avait-elle décidé de rester ?

Résumé:

Les griffes d’Atsuo se teintèrent du sang de sa proie, ce même sang qui perla sur le visage de Kyoumi. Un filet tomba de son arcade droite sur sa joue ; son œil, par réflexe, se referma. Kyoumi venait ainsi de perdre partie de sa vue. Ce fut alors que les flammes vinrent laper sa peau : sa chair brunit. La douleur d’une brûlure était difficile à supporter : plus cette chaleur pénètrerait dans son corps, plus elle brûlerait ses chairs en profondeur.
Pourtant, elle parvint à continuer à lui parler, à répondre à ses questions, à combattre ; une détermination qui plut à Hideko.

Kyoumi contre-attaqua ; une première flèche mollassonne qu’Atsuo l’esquiva sans peine d’un petit bond sur la gauche. Hideko comprit aussitôt quel était le plan de la bête.
Le combat touchait à sa fin.
Kyoumi répondit toujours aux questions de Hideko, puis envoya une seconde flèche. A nouveau, Atsuo l’esquiva, toujours d’un bond sur la gauche, se rapprochant toujours plus du nouvel angle mort de sa proie, dans l’attente de l’opportunité de l’assaut final. Le projectile se planta dans le bois tapissant le sol, un bois marqué par la violence des entraînements shinobis : fendu, percé, brisé. La troisième flèche fut celle qui causa sa perte, car Atsuo bondit en même temps qu’elle la décocha. Concentrant son chakra dans son pelage, le projectile rebondit dessus comme s’il venait de heurter de la roche.
Les crocs d’Atsuo s’approchèrent du cou de Kyoumi. Sa gueule grande ouverte tentant de saisir sa chair, ses artères, là où il n’y aurait ni os, ni muscle pour l’en empêcher.

Ce fut à cet instant que Hideko apparut devant eux et saisit Atsuo en plein vol.

« Il suffit. »

Profitant de l’inertie d’Atsuo, elle fit un quart de tour et reposa son compagnon félin sur le sol. Celui-ci se retourna immédiatement vers elle, puis feula et montra les crocs. Hideko ne bougea point. Plusieurs secondes passèrent. Tous deux se regardèrent les yeux dans les yeux. Puis, enfin, le prédateur reprit son calme.

Hideko, sans détourner le regard d’Atsuo, s’exprima.

« Kyoumi, pourquoi n’utilises-tu pas tes capacités Yamanaka ? »

Elle se souvint de la requête de Kyoumi : ne jamais dévoiler ses capacités à autrui. En ce lieu, il n’y avait pourtant nulle raison de ne pas les utiliser, car nul ne pourrait les observer et percer son secret.

« Si je n’avais pas arrêté le combat là, tu aurais perdu la vie. » Dit-elle avec sévérité.

Ne comprenait-elle donc pas la nécessité d’utiliser toutes les armes en sa possession pour remporter la victoire ? La victoire, quel qu’en soit le prix.

« Combattre un animal n’est pas comme combattre un être humain. Il ne fera preuve d’aucune pitié, d’aucun doute, surtout un prédateur. Il te sautera au cou dès qu’il en aura l’occasion. Il te dévorera. »

Jamais un caracal, dans la nature, ne se serait attaqué à un humain, à moins qu’il ne puisse fuir ou faire fuir cet intru. Atsuo n’était cependant pas « juste » un caracal, mais un Kuchiyose. Un être doté d’une intelligence rivalisant avec celle humain. Un être doté des réflexes et de la mentalité d’un prédateur. Un être particulièrement dangereux.

Atsuo cessa de regarder Hideko dans les yeux. Le danger était passée.

« Merci Atsuo. »

Il disparut dans un nuage de fumée, aussi vite qu’il n’était apparu. Kyoumi et Hideko se retrouvèrent toutes les deux, seules. Elle pu se tourner vers elle, lui faire face. Son regard sévère se posa sur elle.

« Tu t’es laissée déconcentrer par notre discussion. Tu n’aurais pas dû me répondre, mais combattre. Si tu te laisse ainsi distraire par ton adversaire, tu ne feras pas long feu. »

Combien de fois Aizen avait ainsi usé son habile maîtrise de la langue à cette fin ? Peut-être Hideko devrait-elle justement organiser un entraînement entre Kyoumi et Aizen. Alors elle comprendrait l’intérêt de garder le silence, l’intérêt de garder le contrôle de la situation.

Pour autant, elle n’ignora rien de ce que son élève lui avait raconté. Ses explications terminées, elle s’approcha d’elle. Sa main droite, habillée du halo du chakra Iroujutsu, se posa sur cette arcade fendue.

« Quel sont tes objectifs aujourd’hui ? Veux-tu toujours retrouver ton père ? »

Une arcade qui s’éloigna de sa main, car Kyoumi fit un pas en arrière. Avait-elle peur d’elle ? Hideko fronça les sourcils, elle voulait être respectée, pas être crainte, pas de ses propres élèves. Aussi resta-t-elle ainsi immobiles plusieurs secondes, avant d’avancer de nouveau et prodiguer les soins à son élève blessée.

« Tu n’as rien à craindre de moi quand nous ne combattons pas. »

La peur, l’appréhension... elle ne connaissait que trop bien ces émotions ; des sentiments que son père avait gravé en elle , à même sa chair. Pensive, elle ne rata pour autant rien des explications de Kyoumi.

Une Yamanaka qui ne faisait partie d’aucun clan, d’aucune famille ; pans père pour lui apprendre à se servir de son pouvoir, elle n’était parvenue à le maîtriser, à raison. Hideko aussi connaissait cela : à part forger des armes, il fut une époque pas si lointaine où elle ne connaissait rien de l’art du combat, de l’art de combattre des Metarus. Elle aussi n’avait eut de père pour lui apprendre, de famille. Elle aussi due tout apprendre seule.

Kyoumi détailla les faiblesse de son art. Des techniques puissantes en équipe, mais difficilement utilisable seul contre un autre adversaire selon elle. Pourtant, déjà dans l’esprit de Hideko se formait des tactiques qui permettrait à son élève de faire la différence.

« Si tu maîtrises le multi-clonage, alors l’un de tes clones ou toi-même pourra utiliser ces pouvoirs, pendant que l’autre le protège. »

La différence du nombre, en tant que ninja, était toute relative et pouvait en l’espace de quelques secondes se voir renversée.

La plaie de Kyoumi commença à se refermer, ses chairs se rejoignant les unes aux autres. Le sang s’arrêta de couler et Hideko, d’un simple geste de la main, ôta le surplus du liquide rougeâtre de son index. Sa main gauche extirpa de sa poche intérieure un tissu blanc sur lequel elle s’essuya, puis elle le tendit à sa camarade de combat.

« D’ailleurs, Atsuo est un mâle. » Dit-elle pour rétablir la vérité.

La conversation se dévia sur la volonté de Kyoumi d’apprendre et d’approfondir le pouvoir qui coulait dans ses veines. Une volonté que Hideko ne pouvait que comprendre. En tant que professeur, elle s’évertuerait à aider son élève dans sa quête.

Cependant, un tel pouvoir lui inspirait de la méfiance, voir même de la crainte. Hideko ne saurait accepter que Kyoumi n’utilise ses capacités à lire les esprits, leur passé, sur elle. Pourtant, elle ne pouvait non plus totalement le lui refuser. Sinon, sur qui pourrait-elle s’entraîner ? La réponse à cette question serait complexe et heureusement pour elle, la conversation évolua sur la critique qu’elle avait faite à Kyoumi.

« Oui. Si tu n’avais pas répondue, alors je t’aurai dit que tu devrais être capable de te concentrer sur plusieurs choses en même temps. Là, tu m’as répondue et cela semble t’avoir déconcentré. Alors oui, tu dois faire preuve d’une meilleure concentration à l’avenir. »

Face à de multiples adversaires, Kyoumi devrait être capable de garder l’esprit vif, tout en restant focus face à leurs provocations ou les éléments perturbateurs.

Son père semblait justement être l’un de ces éléments. Son refus d’en apprendre plus sur ce dernier était le témoin de la cicatrice encore vive qu’il lui avait laissé. L’intérêt tout comme le refus étaient tous deux la conséquence d’une émotion, qu’elle soit positive ou non. Hideko n’éprouvait pour son paternel qu’un désintérêt notoire : qu’elle en apprenne plus sur lui ou non ne changerait rien à sa vie.
Cela dit, l’acceptation récente de son pouvoir témoignait de la bonne voie dans laquelle Kyoumi s’était engagée ; condition sine qua none à sa réalisation personnelle, en tant que femme et en tant que shinobi. Pour autant, elle ne semblait pas avoir acceptée complètement ses particularités, comme en témoignait sa quête d’artefacts.

« Ton impossibilité à maîtriser une affinité n’est une faiblesse que parce que tu penses ainsi. »

Tout shinobi possède ses forces et ses faiblesses. Il ne dépend que de lui d’apprendre à jouer sur ses forces et cacher ses faiblesses pour prendre le dessus sur ses ennemis.

« Dis m’en plus sur cette connexion que tu souhaites activer avec ton arme ? Qu’est-ce que cela signifie ? »

Plusieurs histoires de ce genre étaient déjà parvenues à ses oreilles. Des shinobis capable de communiquer avec leur arme, comme si cette dernière possédait une âme, une volonté propre. Des histoires que Hideko avait pris, jusqu’alors, pour de simples légendes. Des rumeurs que l’on se passait, que l’on déformait. Une idée préconçue qui se voyait remise en doute par les paroles de son élève.

Car cet arc, cette arme à pouvoir comme l’énonça Kyoumi, possédait une âme. Une conscience propre avec qui son élève tentait d’entrer en contact : sans succès. Ces armes ne furent aucunement exceptionnelles de là où Kyoumi venait, du village de la Brume. Les sabreurs, shinobis mondialement réputés pour leurs armes à pouvoir, passaient par une épreuve particulière afin de tisser un lien avec l’âme contenue dans leur arme : L’épreuve des Lames. Les gladiateurs – qui possédaient aussi de telles armes, à la différence que ce n’étaient point des épées – ne passaient pas par un tel rite. Ainsi il en relevait de leur propre chef de réussir cette épreuve qu’était la leur : d’entrer en contact avec leur arme et d’apprendre à s’en servir.

Cet arc était un héritage familial, passé par sa mère quand Kyoumi avait 9 ans. Une arme de trait capable de tirer des flèches pures, à l’instar du pouvoir des Sendai, comme Metaru Anzu, capable de donner la forme de son choix à son chakra. Ces flèches avaient également le pouvoir d’absorber le chakra des techniques adversaires. Une capacité fort utile contre les attaques immatérielles, comme la Foudre et le Feu.
Incapable d’utiliser le Fuinjutsu, ou quelconque affinité, Kyoumi comptait donc sur cette dernière capacité pour se défendre et faire face à ses ennemis.

« Nous devons donc concentrer nos efforts sur ta connexion avec cet arc. »

Il était de la responsabilité de Hideko que d’aider son élève à y parvenir.

« Pour cela, nous devons comprendre tu dois t’y prendre. Tout comme j’ai appris à maîtriser le Raiton avec un maître en la matière, le plus simple et efficace serait que tu ne rencontres des gladiateurs afin qu’ils puissent te partager leur expérience. »

Hideko n’avait point connaissance de telles personnes à Kumo, mais cela importait peu, car son premier voyage s’effectuerait à Kiri. Un premier voyage en terre étrangère qu’elle ne ferait pas seule.

Un sourire apparut subtilement sur son visage, tandis que son regard resta posé sur son élève. Cette expérience serait parfaite pour Kyoumi. En plus de lui servir de guide dans ces terres dont Hideko ignorait tout, elle pourrait rencontrer ces personnes d’expériences qui lui permettrait de débloquer son pouvoir.

« Va te reposer. »

L’ordre fusa brusquement.

« Dans les jours à venir, pas d’entraînement outre mesure. Pas de combat qui pourrait te causer des blessures. »

La décision de Hideko était prise, Kyoumi avait donc besoin d’être en pleine forme pour le voyage à venir. Un voyage qui, Hideko espérait, donnerait à Kyoumi les clés nécessaires pour ouvrir les portes qui lui faisaient face.