« Je dirais même, j’ai la banane. »

Son masque n’exprimait aucune émotion, mais son ton de voix était joueur. C’était une grande journée, pour accomplir de grandes choses. L’ordre d’infiltrer une demeure privée ne lui plaisait pas, mais tout revenait en considération : Kaze, l’organisation, les Asaara et particulièrement Kuuli. Ko n’avait aucune réplique face à sa supérieure, bien que plus vieille qu’elle. Encore une fois, elle devait considérer cette mercenaire comme sa plus grande alliée. Un duo peu commun, mais qui devrait être capable de se rejoindre au bout du chemin.

Ko se tourna vers ce qui semblait être digne d’un palais, hum… Il y avait plusieurs fenêtres ouvertes, grandes, prêtes à accueillir le vent. Des portes ne manquaient pas à l’appel. Elle-même, capable de détecter le nombre imposant de gardes, ne considérait pas que c’était une bonne idée de passer par l’entrée principale. Plus elle réfléchissait, plus le nombre de possibilités se réduisaient.

« Je n’aurais aucun problème à me glisser sous terre et me frayer un chemin jusqu’à l’intérieur. Toi en l’occurrence, ne pourras pas suivre ma méthode. Nous sommes une équipe, nous discutons et agissons ensemble. Trouvons une solution qui ne laissera pas l’autre derrière. »

Pour une rare fois, elle s’exprimait avec une voix fermée à la discussion. Si cette femme n’acceptait pas sa logique, alors autant s’affronter devant le manoir. Ko ne perdait pas son temps, ni se laissait marcher sur les pieds. Si son alliée possédait une seule égratignure à la fin de cette journée, elle ne se pardonnerait pas.

Soudainement, ses yeux brillèrent derrière son masque.

« Suis-je bête, nous avons la solution sous les yeux. La métamorphose. Nous neutralisons deux gardes, cachons nos propres tenues sous la terre et agissons à l’intérieur au plus vite. Si tu as mieux à proposer, je t’écoute. »

« Oui! »

Une grande respiration avant tout. Ko fermait les yeux et se permettait de soulever légèrement son masque pour inhaler un air pur et non-chaud. Son menton, ses joues et ainsi que ses lèvres, étaient un peu visibles, encore caché par l’ombre de sa protection faciale. Se déplacer parmi les racines, les insectes et les petits cailloux, n’était pas une pratique inconnu par Ko, elle l’utilisait régulièrement. Par contre, sur une si longue distance, elle devait calmer ses poumons et ses sens. Elle se devait d’oublier son corps et son coeur pour entrer dans une phase presque morte, enfin, seulement au niveau respiratoire.

Et ce fut ainsi que Ko disparut sous la surface de la terre et du sable. Ouest, ouest, ouest… tout allait bien. Elle ne frappait pas d’obstacle, elle retenait parfaitement son air à l’intérieur de sa gorge. Sa peau brûlait un peu au niveau du visage, mais elle subissait la torture de façon passive. Maintenant, elle ouvrait sa seconde vision, tout en maintenant une dissimulation. Elle était sous le manoir, dans un coin ou le sous-sol n’affectait pas le premier étage, parfait. Il y avait des gardes partout, divisé en duo pour faciliter la tâche. Ko sentait parfaitement sa coéquipière se déplacer et passer le capte de la fenêtre. Il y avait du mouvement au-dessus de sa tête. Ko se pinçait les lèvres, sentant ses yeux devenir plus qu’humide, les poumons brûlants. C’était maintenant ou jamais. Avec son poing fermé, elle frappa vers le haut pour percer le sol et bondir dans le manoir.

Attaquer les hommes, maintenant. Ko se propulsa vers le plus costaud, préparant une seconde fois sa classique attaque. Son ennemi tenta de la frapper, mais elle bloqua d’une main puissante et contre-attaqua sa cible avec un coup-de-poing diriger vers la gorge. Elle ne rata pas son chemin, mais l’homme eut le temps d’envoyer une série de senbons à l’aide d’un bracelet. Peu habité à se battre, Ko réceptionna les petites lames à divers endroits : torse, visage et bras. L’impact rapide, mais faible la déboussola. Elle recula de plusieurs pas et arracha les senbons.

Le second homme devait être battu, Ko laissait sa coéquipière l’anéantir pendant qu’elle prenait le temps de respirer et retrouver ses esprits. Qui sait, peut-être que le colosse allait se relever pour un round deux.

Pas de sang sur la scène, c’est noté. Les senbons retirés de sa peau étaient imbibés de sa vie, alors elle ne perdait pas une seconde pour les essuyer sur le col de sa cape. Elle conserva bien sûr les petits piques pour un usage inconnu du futur.

« D’accord. »

Sans se préoccuper de sa coéquipière qui s’éloignait, Ko attrapait la jambe de sa cible principale et la glissait jusqu’au trou. La zone de son entrée fracassante était suffisamment large pour y cacher les deux hommes, c’était un miracle de lui accorder cette coïncidence. Lorsque ce fut le tour du second shinobi, Ko hésita. L’ordre de la mission obligeait à laisser des indices. Une petite idée éclata dans son imagination. Tout d’abord, elle attrapa la main de l’homme et y glissa un simple scalpel pour endommager les tissus. Un sang pur de Kaze coulait à grosses gouttes. Ce fut avec cette paume ensanglantée que Ko commença un rapide dessin sur le mur du passage. Le signe du village caché, Iwa, y régnait. Maintenant, c’était la course contre la montre pour la médecin.

Elle pouvait entendre les pas et les dires des gardes, interpellés par les cris de leurs confrères.

Pas le temps de jouer. Ko abandonna maladroitement l’homme dans le trou, ainsi que sa cape et le referma. Le sang coulait sur le mur et le sol, alors il n’y avait pas de casse-tête à résoudre. Se croisant les doigts pour la chance, elle suivit les pas de Mukuro en espérant éviter le pire. Encore peu habituée au chakra de la femme, elle ne la trouvait pas par la sensorialité, mais les mouvements d’une personne en solo lui indiquait possiblement que ce soit celle qu’elle cherchait.

Elle ne pouvait pas se permettre de perdre une seule seconde, alors elle courrait à vive allure dans le manoir, tout en évitant les gardes. Le premier étage s’informait de la situation, alors que celui où elle se trouvait, agissait de façon normale. Ils échangeaient quelques mots, faisaient les cent pas. Jouer au chat et à la souris l’amenait à traverser le bâtiment comme si celui-ci était un labyrinthe. Et bien sûr, il y avait le minotaure. Forte, le regard sombre, de longs cheveux blonds, la médecin pouvait presque voir la fumée sortir de ses narines. Mukuro se trouvait derrière cet obstacle. Ko ne pouvait que se battre pour la rejoindre.

La bête se lançait dans sa direction et Ko copiait l’approche. Face à face, elles exploitaient un style similaire. Du corps-à-corps à l’état pur, pas d’affinité, seulement la force de leurs muscles. Lorsqu’elles reculèrent en retrait et s’examinèrent mutuellement, il était facile à comprendre qu’elles venaient à la même conclusion. Elles partageaient l’art de l’iroujutsu. Que pouvait-il les différencier?

Elles reprirent le combat, bloquant les attaques sans ne jamais réussir à frapper l’autre. Puis, le minotaure se fâchait. Elle grognait, montrait ses dents et s’abandonnait à un comportement bestial et sans logique. Ko en profite : elle ne bloquait plus les attaques, elle les esquivait. Au bout d’un moment, la bête féroce vint à détruire les murs autour et même le sol. Le terrain devenait dangereux pour toutes les deux, mais les bruits indiquaient un danger dans le manoir. Le sablier s’approchait de la fin. Ko se motivait à trouver une solution, mais elle fut déstabilisée par un coup qu’elle n’esquiva pas. Son bras gauche était maintenant plié dans l’autre sens. Le minotaure profitait de cette victoire pour attaquer une autre fois. Ko était fâchée. Elle voyait la bête arriver à pleine charge, alors elle attendit à la dernière seconde pour rapidement marcher sur le mur ainsi que le plafond à l’aide de son chakra. La femme blonde tenta d’arrêter sa charge, mais frappa tout de même dans le mur face à elle. Au même moment que le poing du minotaure s’enfonçait, la médecin retomba sur ses pieds, attrapa au passage la longue chevelure blonde, tira la tignasse vers le bas avec l’hyperforce et monta son genou jusqu’à celui-ci rencontre la tête, toujours avec l’hyperforce. La bête tomba aussitôt sans vie, le cou visiblement cassé. Si Ko tirait un peu sur les cheveux, il était possible que la tête se détache du corps.

Mukuro, ouais, okay. Essoufflée, Ko fit son maximum pour rejoindre sa coéquipière et lorsqu’elle la vue enfin, elle se permettait de respirer.

« Dis-moi que tu sais où est le coffre. »

Son bras était cassé, il trimbalait sans vie, mais l’adrénaline affectait ses sens. Et son masque n’était plus sur sa gueule, ainsi que sa perruque bleu et son chapeau. Les trois objets qui lui permettaient de cacher son identité avaient été perdu dans les débris du combat.

« Tiens. Dès que tu t’apprêtes à l’utiliser, cri pamplemousse. »

Ko offrait une bombe fumigène violette à sa camarade. Elle se doutait que l’objet allait lui être utile.

Oh, son masque ne couvre plus son visage et Ko le remarque enfin. Les paroles de sa coéquipière l’inquiète, mais bientôt, elle la reconnaît et lui offre son chapeau de paille. C’était mieux que rien, elle appréciait le geste et souriait, dévoilant des dents rouges. La médecin fouilla dans les poches de son plastron et y retira un masque médical noir. Avec ses joues gonflées, le sang séché, le masque et le chapeau, elle s’éloignait de sa réelle enveloppe. Maintenant, elles pouvaient se diriger vers la grande finale. À quoi ressemble l’homme derrière cette porte?

L’adrénaline quittait peu à peu Ko, alors la douleur de son os cassé causait des sueurs froides et une folle envie de se jeter au sol et pleurer. Elle n’eut pas le temps de fabriquer un soutien pour son bras, alors elle perdit patience. Avant même que Mukuro touche la porte, Ko s’occupa à la défoncer à l’aide de son pied. Derrière un bureau de bois massif, se cachaient un homme et une adolescente. La kunoichi les dévisagea en fronçant des sourcils et s’activa à trouver la cachette sacrée.

Plus rapide, t’as pas le temps, dépêche toi!

Un cadenas. Trop occupée dans ses pensées, Ko coupa probablement la parole de Mukuro.

« La combinaison ou la vie de votre fille? »

L’homme n’eut pas le temps de répondre, l’adolescente cria les chiffres. Tss, pathétique. Ko agita ses doigts et le cadenas céda. Le briser aurait été simple, mais son épuisement ne lui permettait pas de dépenser inutilement son chakra. Elle pénétra dans la salle secrète et fut laissée avec un choix. Il y avait de l’or, des bijoux, des sacs de pièces, des armes, et même des lingots. Elle n’avait pas réalisé que la mission amenait à un tel endroit. Heureusement, elle avait prévu deux sacs aux tissus très résistants avec des cordes pour pouvoir l’accrocher à son dos.

Sa main droite attrapait tout ce qu’elle pouvait, elle mit plusieurs pièces et bijoux dans ses poches et priorisa les plaquettes d’or dans les sacs. Les lingots étaient probablement trop imposant. Et les gardes arrivèrent. Ko se sentait incapable de combattre avec tous les trésors lourds sur son corps, elle était même ralentie.

Mukuro, débrouille toi.

Ko tenta de rester dans un coin discret pour soigner son bras. Alors qu’elle commençait ses soins, l’adolescente de l’homme riche décidait de se propulser vers elle avec une lame dans ses mains. Ko décida de réceptionner la lame dans son bras cassé et tenta un coup de pied avec l’hyperforce. Ce n’était pas sa meilleure attaque et sa plus grande force, mais bon sang, elle ne s’attendait pas à ce résultat. Elles étaient si proches des fenêtres du bureau, l’adolescente fut propulsée vers l’arrière et rencontra de plein fouet les morceaux de vitres et le vide. Ce n’était pas voulu. Ko voulait s’assurer que la gamine soit vivante suite à cette chute, mais elle ne pouvait pas.

Choquée par les conséquences de son propre geste, Ko perdit l’envie de continuer. Ses dents s’enfonçaient dans ses joues et ses lèvres meurtris, retenaient les possibles excuses qui allaient s’échapper de sa bouche. Quitter son personnage Iwajin et craquer en larmes causeraient l’échec de la mission, alors il fallait dégager au plus vite. Visiblement, Mukuro se situait en position d’avantage, mais le nombre de gardes l’inquiétaient. C’était la dernière ligne droite.

« Pamplemousse! Clémentine! MAINTENANT! »

Elle se fiait complètement à la mercenaire pour le prochain mouvement. Avant même d’apercevoir la possible fumée violette, Ko chargea vers la sortie. Oui elle était ralentie par les plaquettes d’or et les bijoux, mais elle encaissait au mieux la lourdeur et courait sur la pointe des pieds, penché vers l’avant. Sa main droite cherchait un objet dans ses poches et finalement, elle retirait un parchemin explosif. Toujours efficace.

Elle considéra avoir une petite avance, alors elle se pencha et colla rapidement le parchemin au sol. Elle continua sa course, mais dès qu’elle aperçut sa coéquipière traverser suffisaient la barrière explosive, Ko attrapa sa main morte et composa un simple mûdra qui vint activer l’explosion. Si tout se déroulait à merveille, elles obtenaient une plus grande chance de s’évader de ce maudit manoir. Ko tourna un coin et aperçut le minotaure mort. Avec tous les dégâts de ce combat, il était possible de sauter et atterrie à l’étage principal.

« Par ici. »

Ko indiqua à la mercenaire de la suivre dans la chute.
Toujours un peu plus proche de la sortie.