Nuit glaciale aux vents furieux, le bruit sec d'un volet mal attaché tapant contre la façade de l'immeuble, rythme répétitif qui devenait peu à peu une comptine berçant l'ombre. La colère des cieux s'abattait, toujours plus accentuée à mesure que les minutes passaient, relent immuable de temps troubles. A travers l'obscurité, une simple lueur traversait la ruelle en contrebas, nuée de bougies perchées au dernier étage d'une chambre offerte au monde dont la porte du balcon et les fenêtres, grandes ouvertes, criaient au défi face aux forces de la nature. L'ombre qui naquit disparu après quelques secondes à peine, un temps suffisant pour faire fuir les volatiles de la toiture voisine, apeurés par l'apparition brusque. Debout, le samouraï observait, seul au milieu de la chambre, imitant le centre presque parfait du cercle lumineux formé par les chandeliers, le dos droit allant de paire avec un regard serein qui ferait frémir les plus faibles d'esprit. Les dieux seuls savaient ce que le Chûnin préparait. D'un geste lent et calculé, il approcha sa main du sol, prenant soin de ne pas brûler sa manche de tissu ample, pour déposer ce qui semblait être un objet de métal et bois, prisonnier au sein d'un amas de roche rare, ou plutôt, de lave séchée. Cet échantillon, récupéré après que l'une des attaques d'Hotaru ait détruit un pantin en miette, fut la première entreprise d'un long chemin sur lequel il s’immisçait. Le mouvement de ses jambes suivit la lenteur de sa main, se pliant pour se positionner au sol, en position de méditation. De la voix sereine d'un expert de la méditation qui entamait un monologue, il perça l'espace alentours dans un soufflement.

Voyons ce que tu as à cacher. ~ Il n'est pas beaucoup de choses en ce monde qui ont su me résister, Kaseigan*; je compte bien percer ton mystère.

火成岩 - Roche volcanique.

Ses deux mains vinrent rejoindre ses genoux alors que ses yeux commençaient à se fermer, démarcation temporelle d'une méditation qui déroberait une bonne partie du temps et de l'énergie dont il disposait. Sa respiration se fit lente, très lente, adoptant celle d'une statue humaine, tandis que son rythme cardiaque s'approchait peu à peu d'une phase de scission qu'il devait s'efforcer de ne pas dépasser, au point de trépasser. D'un rouge écarlate, les premières couleurs et formes se mirent à apparaître, transcendant son esprit et son âme de divers mouvements abstraits ayant chacun leur propre signification, pièces d'un puzzle qui lui fallait ré-assembler, sans qu'aucun modèle ne puisse servir d'appuie. Les mystères de cette roche pourraient bien les coûter plus qu'il ne pensait, et pourtant, malgré son obsession maladive pour la Brume, le samouraï était, en cette soirée, l'attention toute rivée sur un phénomène qui l'intriguait... Une simple pierre, résultat d'un élément volcanique qui lui trottait dans la tête depuis le moment où il avait vu l'assimilateur de lave user de ce savoir antique, dont les secrets restaient, de manière mythique, toujours enfouies au sein du Pays de la Roche.

La transition démarrait, les couleurs changeaient, signe de l'évolution du chakra du Chûnin dont l'énergie semblait entrer en résonance avec le petit amas de lave séchée. Du rouge, apparut un violet à la tendresse apaisante cachant un poison psychologique qui ne faisait qu'entamer sa route.