Nozomi se faisait doucement à sa nouvelle vie de kunoichi. Elle avait intégré une équipe, fait des missions, des stages aux portes du village, et s’était investie dans le projet de serre lancé par Kisuke. Tout cela lui prenait beaucoup de temps. Elle avait également en plus de cela ses enfants et l’exploitation familiale à gérer.

Pourtant elle prenait le temps d’étudier, afin de progresser toujours plus. L’éducation donnée par sa mère avait été plus que correcte. Mais Nozomi apprenait désormais des choses différentes. Les arcanes shinobis. Éveillée au chakra par la résonance, elle avait encore tant à découvrir ! Et découvrait le potentiel que cela lui offrait.

C’était donc dans le but de se connaître davantage que la kunoichi s’était rendue à l’académie, ce jour là. Elle savait qu’elle possédait des dons que tous n’avaient pas. Si son professeur l’avait initiée à l’art de la maîtrise de la terre ainsi qu’au combat à mains nues, elle possédait naturellement d’autres facultés encore non exploitées. Celle de ressentir les choses autour d’elles. Il lui avait également fourni un parchemin avec une technique concernant cela, qu’elle avait eu beaucoup de mal à apprendre. Elle ne savait pas comment s’y prendre.

La bibliothèque regorgeait de savoir. Nozomi emprunta plusieurs livres sur la sensorialité, et se dirigea vers les terrains d'entraînements. Là, elle passa un certain moment à feuilleter les livres, jusqu’à ce qu’elle tombe sur un petit exercice à effectuer afin de s’y initier. Elle garda l’ouvrage ouvert à la bonne page, puis s’y essaya.

- “Faire le vide à l’intérieur de soi, et s’ouvrir à l’extérieur. D’abord aux abords proches, puis augmenter progressivement la zone de sensibilité. Bien, sur le papier ça a l’air facile.”

Debout au centre du terrain, elle ferma les yeux. Dans un premier temps, elle se concentra sur son propre corps. Puis elle s’en détacha, pour écouter ce qu’il se passait dans la zone environnante.

C’est exactement à cet instant que l’Ando décida de sortir de l’ombre. Non loin de la rouquine, il s’entrainait lui aussi. Bien entendu, les deux exercices n’étaient pas les mêmes, car pour lui, tout ne résultait qu’en la perfection de ce que lui avait un jour enseigner teruyo. Lire sur les lèvres… Une technique qu’il avait bien du mal à perfectionner, mais selon ce que l’amie des plantes venait de dire, ou plutôt ce qu’il avait compris, elle tentait de se vider à l’extérieur ? Ouvrir ses extrémités ? Commencer proche, puis augmenter jusqu’à perdre toute sensibilité ? Utiliser du papier ? Voulait-elle se suicider ? Il savait que la jeune mère était déborder, mais à ce point ?

Perdu dans cette mauvaise lecture sur les lèvres, le scarifier arriva à toute hâte.

-Ne fait pas ça, la vie à trop d’importance ! Je sais que les enfants ne sont pas faciles en plus avec du pa… Oh, en fait c’est un livre sur la sensorialité !

Maudissant ses piètres talents, Amagawa leva son unique point vers le ciel comme pour maudire sa propre existence, puis s’assit en tailleurs devant sa collègue.

-Pardon, j’étais en train de m’exercer à lire sur les lèvres et je crois que j’ai mélangé quelques… phrases en fait…

S’ouvrant au monde qui l’entourait, la Xuân sentait la fraîcheur de la brise sur sa peau. L’odeur de la terre battue que de nombreux pieds avaient foulé. Des bruits sourds, résonnant sur le sol et s’approchant rapidement. On courait vers elle ? Nozomi ouvrit les yeux pour voir Amagawa se précipiter à sa rencontre. Il venait la sauver, visiblement, même si elle ne savait pas de quoi. Écoutant son récit, elle eut bien du mal à le comprendre.

- “Amagawa, merci, mais je vais bien.”

Elle lui sourit, ravie de savoir qu’il allait bien lui aussi. Mis à part la main toujours manquante, évidemment. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, il avait disparu en pleine mission. Mettant cela de côté, Nozomi rebondit sur les paroles du jeune homme.

- “Lire sur les lèvres ? Voilà qui est intéressant et original !”

La Xuân s’asseya en face de lui, afin de se mettre à sa hauteur. Puis elle lui montra le livre à la page où elle l’avait ouvert, puisqu’il semblait intéressé.

- “Oui je viens de l’emprunter. Je voulais essayer de m’entraîner à ressentir davantage ce qui m’entoure. Je me suis beaucoup entraînée à maîtriser la terre, mais ça, je ne l’ai pas encore beaucoup exploré. Je ne connais qu’une ou deux choses, pas plus.”

Tournant quelques pages à la recherche d’une quelconque partie qui pourrait l’intéresser, elle reprit.

- “Que dirais-tu de nous entraîner ensemble, puisque nous sommes tous les deux ici ? Je n’ai pas encore eu l’occasion d’être sur un terrain avec quelqu’un d’autre que mon fils et mon professeur, par contre.”

Et cela l’angoissait quelque peu. Eux la comprenaient, et il était difficile d’avouer ses failles à des personnes que l’on connaissait à peine. Même si elle en avait beaucoup, étant donné que cette vie était nouvelle pour elle.