Face à l’alcôve au milieu de laquelle trônait une fleur unique dans un vase modeste, fleur surplombée par quelques kanjis calligraphiés avec soin, la Sabreuse se tenait agenouillée, silencieuse. Les mots étaient succincts. Simples. La vie éternelle. Celle après la vie. C'était elle qui attendait tout un chacun. C'était elle qui avait déjà prit tant de vies mortelles.

Après s'être recueillie comme souvent lorsqu'elle partait pour accomplir une mission un tant soi peu importante, Miyuki se redressa. Elle avait revêtu un ensemble sobre, d'un bleu sombre simplement rehaussée par endroits de touches d'un bleu ciel qui venait contraster sur le bleu pétrole qui dominait. La tenue était composée d'un pantalon et d'un kimono qui arrivait à mi-cuisses de la grande blonde, qui lui servait de veste par dessus une tunique de ce même bleu sombre. Formant ainsi un tout assez chaud pour le froid hivernal qui dominait particulièrement cette région humide et ce tout en gardant sobriété et professionnalisme au premier plan, la touche finale était apportée par les deux bandeaux qui ceignaient le bras gauche de la combattante aguerrie.

Marchant à grand pas, elle rejoignit rapidement le poste de la Kenpei où elle devait retrouver ses collègues du jour. Une mission diplomatique leur avait été confiée, celle de traverser les marécages brisés pour aller recueillir puis guider jusqu'à la cité le duo kumojin. Si le premier nom, Metaru Hideko, inspirait une certaine confiance pour la Sabreuse, puisqu'il était le nom de l'un des clans principaux de Kumogakure no Sato, le second, Kyoumi, n'avait aucune autre information. Seule la lettre de Meikyû Raizen avait apporté ce prénom à la connaissance des kirijins, mais la Mawehara ne pouvait écarter totalement la possibilité d'un faux, d'une manipulation où ces deux là étaient des espions. Et même s'ils ne l'étaient pas, rien ne disait pour l'heure qu'ils n'avaient pas eux aussi des intentions néfastes à l'image de ce maudit Shinrin qui était venu tel un serpent, insidieux et perfide, tenter d'apporter le chaos dans Mizu.

Sur place, elle salua le garde en faction puis pénétra le bâtiment. Là, Dotei Zanketsu et Kayuri Namue étaient déjà présents. C'était avec eux deux que Miyuki devait aller accueillir les émissaires. Affichant un léger sourire en les voyant bien à l'heure, elle les salua d'un signe de tête.

« Ohayo, Zankestu-san, Namue-san. Je vois que vous êtes prêts, nous allons pouvoir y aller. Il est très probable que les deux personnes que nous allons accueillir soient effectivement les hôtes que nous attendons, mais gardez à l'esprit qu'une tromperie peut-être à l'oeuvre. Ce n'est pas parce que nous sommes chez nous qu'il faut que vous perdiez votre vigilance. Restez attentif et si vous remarquez quelque chose, tâchez de me prévenir discrètement. Bien évidemment, je compte sur vous pour éviter les impairs politiques. »

La présence de ses collègues rassurait en un sens la Danseuse. Elle n'avait pas pour habitude d'avoir de telles responsabilités. Pire, elle ne les appréciait pas. Elle vivait pour le combat. Cependant, ses accomplissements jusqu'alors semblaient avoir conduit ses supérieurs à penser qu'elle saurait se débrouiller. Et s'ils lui avaient accordé leur confiance, alors elle se devait de faire de son mieux, quand bien même elle était assaillie de doutes quant à ses compétences dans le domaine.

Partant ainsi sans plus tarder vers le point de rendez-vous, ils durent patienter une petite heure une fois sur place avant de voir un duo portant les couleurs de la cité des nuages. L'une faisait sa taille, l'autre était plus petite. S'avançant de quelques pas vers l'équipe diplomatique qui venait donc probablement d'arriver, la guerrière blonde aux yeux argentés s'inclina respectueusement tout en écoutant les mots de la plus petite. Ainsi c'était elle, Metaru Hideko.

« Hajimemashite Metaru-san, Kyoumi-san. Nous sommes effectivement de la Kenpei. Je suis Mawehara Miyuki, capitaine et jônin. Voici Kayuri Namue et Dotei Zanketsu. Nous allons vous escorter jusqu'à Kirigakure, je vous prierai donc de bien nous suivre avec attention, les marécages peuvent être traitre pour ceux qui ignorent leur chemin. »

Un instant de silence puis Miyuki reprit. Un instant pendant lequel elle avait jaugé du regard le duo qui lui faisait face pour tenter d'y déceler une noirceur qui transparaîtrait, sans succès bien heureusement.

« Avez-vous fait bon voyage à travers les eaux qui nous séparent du continent ? Elles sont parfois agitées et j'ai entendu parler de multiples attaques de navires que ce soit par des pirates ou certaines créatures marines... »

L'objectif du duo était clair, leur arrivée était annoncée, les mesures de sécurité de base pourraient donc être simplement faites aux portes là où la règlementation était en générale plus sévère. Puisqu'outre une arrivée annoncée, c'était d'abord et surtout une arrivée diplomatique et les maladresses étaient à éviter.

La traversée fut alors tout aussi simpliste que l'aller. Le trio kirijin connaissait les sentiers sûrs et le temps n'était pas à la perte de ce dernier. Lorsqu'enfin le village fut en vue, la professionnelle agente de police se détendit enfin. La partie où tout reposait plus ou moins sur ses épaules était passée, il ne restait plus qu'à confirmer l'objet de la venue des deux kumojins, de faire quelques procédures basiques de sécurité avant d'enfin pouvoir les guider vers un lieu plus agréable où elles pourraient se reposer de leur voyage éreintant. Ce ne serait que le lendemain qu'elles seraient reçues par convenance pour elles.

« Nous allons arriver aux portes sous peu, nous allons simplement faire quelques vérifications de routine, et lorsque ce sera terminé, nous vous conduirons dans la demeure qui a été préparée pour votre arrivée afin que vous puissiez vous reposer. Vous serez reçues demain, dans la journée. Avez-vous la moindre question pour l'heure ? »

Malgré ses efforts, il devait être assez évident pour les yeux extérieurs que la Mawehara n'était pas dans son élément. Aussi espérait-elle simplement n'avoir pas elle-même fait d'erreurs quant à l'avertissement qu'elle avait donné à ses deux collègues un peu plus tôt. Les kumojines seraient-elles satisfaites de cet accueil ?