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Après l'Arche aux Souvenirs, une visite réparatrice.

Zaiki Minako
Zaiki Minako

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Mer 9 Fév 2022 - 13:18

Après l’Arche aux Souvenirs, une visite réparatrice.


L’aventure continue après ce RP.

Après cette discussion ô combien instructive pour Minako, elle pu se tourner vers la porte, derrière laquelle attendit toujours Natsumi.

"C’est vrai que j’ose ouvrir mon cœur à Akagi-sensei, mais devrai-je mettre davantage de limite, même si j’ai l’impression de voir mon père en lui ce qui fait que je suis familière alors que je ne le devrai pas." et, sur ces pensées, la jeune minarai ouvre la porte et prend son chapeau, le posant ainsi sur la tête, cachant ainsi ses yeux. Un sourire se dessine sur le visage, bien plus sincère et réel. Enfin une émotion se lit sur son visage partiellement brûlé.

« J’ai la joie de vous annoncer que vous êtes la bienvenue à Kumo. Cela dit, vous passerez tout d’abord une nuit à l’hôpital, un peu de repos n’est pas de refus après une telle aventure. Je vous y emmène de ce pas, n’hésitez pas à vous servir de moi comme accoudoir pour avancer. »

Il est vrai que les entrainements de Minako avec son père portent ses fruits ; bien qu’ayant l’air frêle, elle arrive de plus en plus à porter des charges assez lourdes. Ce n’est pas en voulant soutenir la jeune revenante qu’elle va se retrouver à terre, du moins pas aussi rapidement. C’est ainsi que la minarai tend sa main pour que Natsumi puisse se maintenir à elle.

C’est ainsi que peut enfin débuter son grand retour. Alors que les filles se dirigent au complexe scientifique, là où les soins pourront être prodigués, Minako pense tout d’abord à Tengoku. Comment diable allait-elle aborder le sujet ? Puis, elle se dit que ce n’est peut-être pas le moment. Ce n’est pas le moment pour Natsumi d’emmagasiner de telles nouvelles après ce qu’elle a raconté dans la petite salle d’interrogatoire à l’entrée.

Enfin, elle pense à Hideko, car elle se souvient que son amie apprenait les arts médicaux. Peut-être allaient-elles se croiser à un moment donné. Minako se souvient de cet échange postal, dans lequel son amie lui a parlé de ses cours pour essayer de sauver son caracal géant. Elle espère que ce sera une réussite pour la Metaru.

Minako est dans ses pensées lorsqu’enfin, elles arrivèrent à l’entrée de l’hôpital. Enfin la fin de ce long voyage éprouvant pour sa jeune comparse. Elles purent entrer, à l’accueil, là où la minarai peut demander de l’aide.

« Bonjour, y-a-t-il une chambre et un médecin disponible pour accueillir cette jeune fille ? »

HRP@Harusame Natsumi, @Metaru Hideko, @Metaru Akagi, nouveau sujet posté.
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Harusame Natsumi
Harusame Natsumi

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Jeu 10 Fév 2022 - 4:20





Dans la cellule aux murs de briques où mes pensées erraient en solitaire, il n’y avait plus que l’oppression du silence pour dominer le vide laissé par la disparition des deux officiers. Un voile pesant, étouffant, ralentissant le temps comme si chaque seconde avait été composée d’une petite éternité : ainsi était l’attente du jugement qui allait tracer à grands traits la suite de mon parcours entre les murs de la cité des Nuages; et peut-être de ma vie. Puisqu’au sein de mon esprit morcelé, les châtiments défilaient les uns après les autres au rythme des tapotements de mon doigt sur la surface de la table. L’exclusion. Le bannissement. Le cachot. La torture. La mort. La poupée brisée croyait mériter l’enfer; je ne souhaitais qu’un peu de compassion. Du soutien. De la chaleur humaine. Un contact vrai, empathique, davantage réconfortant que la froideur du métal d’une chaise ou le décor terne d’une salle d’interrogatoire. Un peu de soleil, oui, quelques éclats pour chasser des mois et des mois d’obscurité.

Lorsque la porte se rouvrit et que les rayons extérieurs pénétrèrent la pièce, dévoilant la seule silhouette de la chapelière, je compris au sourire arboré par la kunoichi que l’aube approchait. Son masque, désormais tombé, laissait à présent entrevoir une figure un peu plus humaine de la jeune femme que j’avais jusqu’à lors cotoyée. D’abord recroquevillée sur moi-même, ma jambe et ma prothèse abandonnèrent rapidement la protection de mon bras gauche, avant que ne s’élève de mes lèvres une voix toujours fatiguée, hachurée,  et néanmoins porteuse d’espoir.

« Je suis la b-bienvenue..? répétai-je faiblement, incrédule, tandis que mon cœur semblait sur le point de s’emballer. Je… Ce… C’est…»

Mes prunelles céruléennes se gorgèrent de larmes sous l’effet de la surprise. M’avait-on plongé dans une illusion? N’y avait-il que mensonge, sous cette déclaration? Me faisait-on miroiter le bonheur, là, juste sous mon nez, pour mieux me l’arracher ensuite?

Dans la confusion, je ne savais que croire, que songer. Ce lieu, ma patrie, que j’avais crue inaccessible, reléguée à un passé révolu, détruit, effondré sous d’épaisses volutes de fumées… m’ouvrait à nouveau ses portes? Je peinais à y croire. C’était trop beau pour être vrai.

« Ce… Ce n’est pas… une mauvaise blague, n’... n’est-ce pas? Je… Hm… Vous… Vous m’acceptez vraiment dans Kumo? »

Mon regard fit quelques allers-retours entre la main de Minako et son visage partiellement voilé par son couvre-chef, avant de s’y accrocher fermement. Dans cette mer de méfiance qui menaçait de me submerger, elle était dorénavant le seul rocher sur lequel je pouvais m’agripper. La confiance émergerait tôt ou tard, me répétai-je intérieurement. L’ancienne moi en était certaine, après tout.

« On… On va à l’hôpital..? »

Et mes doigts, timides et délicats, vinrent bientôt se poser sur ceux de la kumojine. La chaleur convoitée, elle commençait ici.



*****



Avec l’aide de la jeune femme aux yeux vairons, nous traversâmes petit à petit la distance nous séparant du Complexe scientifique, malgré la douleur lancinante tétanisant presque entièrement les muscles de ma jambe encore valide. L’épreuve était rude, mais le soulagement, et le désir de retrouver ma patrie après autant de mésaventures guidaient le moindre de mes pas, insufflant en moi ce qu’il me manquait d’énergie pour compléter la traversée jusqu’à l’hôpital du village. En dépit de la fatigue accumulée, je portais un regard curieux sur les alentours, avide de me gaver d’autant d’images qu’il m'en était possible. En bout de course, j’en vins, bien vite, à un triste constat :

Kumo n’avait pas changé.
Mais, moi, si.

Je me sentais engourdis : je reconnaissais ses rues animées où j’avais déambulé à des dizaines de reprises, ses citoyens que j’avais tant aimés, grouillant ici et là entre les bâtiments rénovés depuis l’annexion, ses mélodies et parfums ambiants qui m’avaient été si familiers par le passé… Seulement, ceux-ci étaient désormais déformés sous moult prismes et l’image projetée ne correspondait plus à ma vision d’autrefois. Le résultat m’apparaissait gris, maussade et particulièrement fade. Et j’en avais honte. Ce sentiment, couplé aux œillades sévères jetés par certains passants remarquant l’uniforme teikokujin que je portais toujours sur le dos, manqua de me faire craquer. Je n’en pouvais plus.

Les doigts crispés sur l’avant-bras de la kunoichi et la mine basse, je poursuivis ainsi mon chemin, envers et contre tous, contre mes propres maux, sans jamais m’arrêter, jusqu’à atteindre ma destination.

Au sein de l’hôpital de Kumo, je fus rapidement conduite à l’accueil, puis jusqu’à une petite salle de soins où l’on me demanda de patienter. Trois chaises, un bureau sculpté dans le bois où s’entassaient divers documents et instruments dont je connaissais vaguement l’utilité, ainsi qu’une civière, sur laquelle je vins m’asseoir, composaient, de manière sommaire, l'ensemble du mobilier.

J’attendis donc ici, nerveuse et pourtant, bercée par l’idée que j’allais bientôt retrouver l’amour de ma vie, et ma vie de genin… sans me douter des embûches et des cahots à l’horizon. Le plus difficile était à venir, mais cela, je n'en avais pas encore conscience.
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Metaru Hideko
Metaru Hideko

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Jeu 10 Fév 2022 - 12:57

Vêtue de son uniforme médical : une longue tunique blanche, qui, avec sa chevelure d’argent, lui donnait un aspect presque angélique – s’il n’y avait pas ces satanées cernes – Hideko toqua trois fois, mais n’entra pas et s’annonça.

« Aya, c’est moi, Hideko. »

« Entre grande-sœur. » Lui répondit-elle d’une voix frêle.

Et Hideko entra.

La main hésitante, elle tourna la poignée, puis poussa la porte et découvrit derrière une petite fille mélancolique, une vision qui lui saisit aussitôt le cœur. Elle lui sourit, ferma la porte derrière elle, puis vint s’assoir à côté d’Aya, sur son lit. Sa main vint délicatement caresser sa douce chevelure blonde. Alors et seulement alors, la vie sembla revenir dans son regard.

« Tu as vu ? Maintenant que je suis apprentie Eisenin, je peux venir te voir tous les jours. Ça te fait plaisir ? » Dit Hideko avec un sourire.

« Oui, ça m’fait plaisir. »

Mais le cœur de la petite, bien que revigoré, transparaissait à peine dans ses propos. Ces dernières semaines, la vie avait semblé quitté peu à peu son corps. Sa peau se faisait de plus en plus pâle, son regard vide, sa joie évanouie. Parfois, quand elle riait, on pouvait retrouver le rire de cet enfant, un rire qui réchauffait, tout autant qu’il tirait les larmes, quand, quelques secondes après, il s’évanouissait de nouveau.

La décision du médecin était sans appel : Hideko ne pouvait récupérer Aya chez elle. Rythme de vie trop instable qu’il disait ; l’état d’Aya ne le permettait pas, mais depuis son entrevue, dans son bureau, avec Kan, pour lui demander de lui enseigner l’Iroujutsu, de la prendre sous son aile ; ce jour où il l’avait rejetée, elle comprit. Ce n’était pas là un simple avis médical, une décision qui se basait purement sur des faits. Non, c’était là un mépris, pour ce qu’elle était, pour qui elle était.
Eisenin reconnu, il serait fou de tenter de remettre en question son jugement. Perdre tout, voilà ce qu’elle risquait. Perdre son rang d’apprentie Eisenin, perdre son droit de visite. Ainsi, elle ne pourrait ni plus veiller sur Aya, ni se former pour tenter de sauver Bakeneko. Elle perdrait tout.
Pourtant, cette situation la révulsait. Injustice notable, elle ne pouvait accepter de voir ainsi sa petite sœur pourrir dans cette chambre d’hôpital, seule, abandonnée, si ce n’était par elle qui venait la voir tous les jours, dès qu’elle le pouvait, avec pour seule exception les rares missions où elle s’absentait à l’extérieur du village.

Le cœur lourd, Hideko raconta sa journée. Elle tenta de la faire rire, de la faire réagir, de partager un moment avec elle. Parfois, elle réussissait ; d’autres, elle échouait.
Soudain, on toqua à la porte et sans attendre quelconque invitation, une Eisenin entra et ordonna à Hideko de se rendre dans la salle de soin numéro 9, où une patiente l’attendait. Elle déposa sur l’armoire à droite de la porte le dossier, puis s’éclipsa, sans même fermer la porte.
Hideko ne répondit point. Elle observa Aya, puis la serra dans ses bras. Son petit corps frêle et froid se noya dans sa tunique et au bout de quelques secondes, Aya la prise elle aussi dans ses bras, plongea sa tête sur son torse, se nourrissant de cette chaleur, de cette vie qui lui manquait tant.

« Je t’aime petite sœur. Je reviens vite. »

Sur ces mots, Hideko recula légèrement, puis embrassa le front d’Aya et se leva. De sa main gauche, elle prit le dossier, puis se retourna et sourit une dernière fois avant de quitter la pièce en fermant la porte.

Elle resta là, quelques secondes, le dos posé contre cette porte, les yeux fermés. Vide, un profond sentiment de vide l’envahit, sentiment qu’elle chassa aussitôt, car la journée était loin d’être terminée.
Ainsi, Hideko rouvrit les yeux. Elle se leva, puis tout en se dirigeant vers la salle de soin numéro 9, ouvrit le dossier et se reconcentra sur la tâche à venir.


Pour sûr, cette personne là n’était pas une patiente usuelle. Ancienne Kumojine disparue pendant l’invasion, voilà donc qu’elle refaisait apparition après toutes ces années loin du village et d’après ses mots, contre sa volonté. Peut-être était-ce justement pour cela qu’on lui avait assigné cette patiente… car même à travers le corps médical, nombreux sont ceux qui vouaient une haine tenace à l’encontre du Teikoku, encore plus pour ceux qui ont trahis Kumo pour rejoindre l’Empire et l’histoire de Natsumi devait probablement en convaincre bien peu.
Son vieux dossier faisait part de sa jambe droite, dont il ne restait qu’un moignon à mi-cuisse, avec une prothèse en guise de jambe de remplacement. Les dernières observations annotées, bien plus récentes, faisaient elles part d’un épuisement généralisé ainsi que de blessures légères, mais elle n’avait en réalité pas encore été ausculté en bonne et due forme, ce qu’allait donc devoir faire Hideko.
En arrivant dans le couloir, elle aperçut Minako qui se tenait là, debout contre le mur de la salle de soin, ce qui la surprit, avant qu’elle ne se souvienne que son amie travaillait au Kyuubu et devait donc se trouver là pour surveiller cette transfuge. Aussi, elle se rapprocha d’elle, puis la salua d’un léger sourire.

« Bonjour Minako, comment vas-tu ? »

Quand elle lui eût répondu, elle continua.

« Je vais bien, merci. Je vais m’occuper de la patiente, je te transmettrai les informations nécessaires en fonction. »

Puis, quand Minako eût à nouveau répondu, elle toqua deux fois à la porte, puis entra.

« Bonjour jeune femme, je m’appelle Hideko. »

Natsumi, se tenait là, assise sur la table de soin. Sa peau pâle et ses traits tirés par la fatigue et la douleur en disait long sur son état, un état qu’elle ne connaissait que trop bien, mais surtout, c’était son regard qui la marqua. Le regard d’un chien apeuré, qui craignait à chaque instant que ne lui inflige un châtiment.

Elle posa délicatement le dossier sur le bureau, puis s’approcha d’elle d’un pas lent, les yeux fixés sur les siens, prenant garde à ne pas l’effrayer davantage, de peur qu’elle ne se blottisse dans un coin. Surtout, elle était tout sauf la mieux placée pour gérer ce genre de personnage, avec son ton direct et ses manières distantes, voire froides, comme on lui reprochait souvent.

« Je vais m’occuper de vous et pour commencer, je vais vous poser quelques questions. »

Hideko prit une chaise et vint se poser devant Natsumi, à un mètre d’elle. Légèrement plus basse qu’elle, elle continua, d’une voix posée.

« Si pour commencer, vous me racontiez un peu ce qu’il vous ait arrivé ? »


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Zaiki Minako
Zaiki Minako

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Ven 11 Fév 2022 - 14:30
« Ce n’est pas une blague très chère. Ce serait honteux de jouer avec les sentiments de la sorte. »

Après avoir aidé Natsumi à s’installer dans la salle de soin, Minako attendit contre un mur, à l’extérieur de celle-ci, les bras croisés, droite comme un i, lorsqu’elle entendit une voix familière la saluer.

« Salut Hideko, ça va et toi ? »

Minako ne fut pas surprise de voir son amie, du moins pas en apparence. Intérieurement, elle se demande comment elle fait pour toujours avoir cet air si fatigué. L’apprenti policière espère que Hideko prend tout de même un minimum soin de sa santé. Si la théorie est juste, alors les deux femmes préfèrent garder leur maux pour elles, se cachant derrière un masque de guerrier. Son œil de chouette se plonge dans le regard fatigué de l’apprenti eisenin, comme s’il était capable de sonder son âme.

« Je vais rester dans la salle d’attente pour te laisser en intimité avec elle. »

Le secret médical étant important, même si Minako veut veiller sur Natsumi, elle préfère laisser le médecin seul avec la revenante. D’autant plus qu’elle reste seulement dans le coin, pour ensuite parler à la jeune femme des séances de thérapie hebdomadaire à effectuer pour la remettre sur pied mentalement, selon les consignes de son supérieur.

J’espère que pour l’instant ça se passe bien… Après tout il n’y a pas de raison que ça tourne au drame.

Après avoir entrevu avec l’un des infirmiers sur la demande de prise en charge psychologique de Natsumi, pour qu’elle ait un rendez-vous hebdomadaire jusqu’à ce que selon l’avis médical elle puisse réintégrer son statut de genin, Minako fini par s’asseoir dans la fameuse salle d’attente, chapeau sur les genoux. Une petite discussion interne s’entame alors entre elle et son ancienne professeure.

Pourquoi le garde-tu ? Tu sais en pensant toujours à d’où vient ce chapeau, tu pourrais plonger dans ces ombres qui vont te mener à ton hiver éternel.

Je ne vois pas comment, tout ce que je sais c’est que quoi qu’il arrive, je veux protéger la patrie en collectionnant tout ce qui peut avoir un rapport avec l’onkyoton, en privant les autres utilisateurs de cette capacité d’apprendre des partitions dangereuses. Et ce qui fait ma force n’est pas mon couvre-chef… Tu le sais aussi bien que moi, sans cœur on n’a pas de but. Sans mon cœur, je ne vaux pas plus qu’une merde.

Oh oh, je te reconnais bien là, mais tout de même, prend garde…


HRP
/ !\ Sauf cas contraire, je ne posterai plus pendant toute la durée de l’entretien entre Hideko et Natsumi pour fluidifier la lecture du rp.
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Harusame Natsumi
Harusame Natsumi

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Dim 13 Fév 2022 - 15:39




La salle de soin n'était plus; effacée par les ombres, soufflée par une multitude d'images déformées errant sans but précis, sans coordination aucune, sans sens saisissable. De ce chaotique tableau naquit soudain un simple éclat lumineux, une lueur diffuse berçant l'horizon de couleurs diverses, certaines splendides, d'autres à glacer le sang.  Bientôt, celles-ci s'assemblèrent, se combinant enfin pour laisser place à une scène familière, mais effroyable. Le bureau, la civière et les chaises s'étaient définitivement évaporés. Dorénavant, je pouvais distinguer une chambre d'auberge, bancalement décorée d'attributs tetsujins: un duo de futons, déposés contre les tatamis, un bain chaud traditionnel dans une pièce adjacente semblable à ce que l'on pouvait trouver dans les onsens du pays, une simple porte coulissante grande ouverte.  De cette étrange vision émergea bientôt un sentiment : celui que l'on pouvait ressentir lorsque notre vie se voyait menacée, et que le monde entier se retrouvait sens dessus dessous tandis que ses fondations s'écroulaient les unes après les autres.

De la pénombre du corridor vint alors un homme seul brandissant une lame; un brigand, voyou parmi tant d'autres pourtant bien déterminé à assouvir ses plus viles intentions : s'enrichir au détriment de ma personne, en dérobant jusqu'à ma vie, par pure avidité. Sans un mot, dans le silence le plus total, il s'approcha doucement, puis s'élança vers moi d'un bond agile… avant d’être brusquement stoppé dans sa course par la main d'une rônin agrippant avec fermeté son épaule. Je vis aussitôt la silhouette du katana, le métal froid posé contre la gorge du malheureux.

Puis, tout sembla ralentir.  

Il y eut un mouvement sec. Il y eut un cri étouffé. Il y eut du sang. Et dans un grand "bang", les genoux du cadavre touchèrent lourdement le sol, avant de le joncher dans son entièreté, le recouvrant tel un vulgaire tapis empestant la mort. Sur le visage à gueule décharnée de son bourreau, un sourire dévoilant une dentition faite de pointes tranchantes, à l'image des crocodiles. Sur le mien, livide, mais désormais barbouillé de rouge, l'effroi de celle qui venait de découvrir le meurtre dans toute son intimité. La voix de ma geôlière s'éleva dès lors, presque gutturale, se délectant de la leçon offerte en cette triste nuit d'hiver. La première d’une infernale série d’apprentissages.


Observe Natsumi, ce qui arrive quand tu n'es pas assez méfiante. La porte n'était pas fermée, tu n'as pas vérifié.

Et aussi soudainement qu’il était apparu, ce monde se rompit, déchirant d’un coup la mémoire de cette rencontre, en tête-à-tête, avec la folie des Hommes. Je m’éveillai en sursaut, le cœur battant la chamade. L' écho d’une porte, par deux fois toquée, et l’arrivée d’une doctoresse, avaient eu raison de cette brève incursion entre les bras de Morphée.

Celle-ci s’annonça aussitôt.

Hideko..?

Je la fixai, ma vision de sa personne d’abord affectée par les stigmates du rêve; un mélange d’angoisse, de confusion et de crainte qui me donnèrent un air de chien battu, effrayé par quiconque osait tendre la main. Un cabot prêt à mordre à tout moment face au danger.

La jeune femme, pour autant, n’avait rien d’une menace en apparence. Loin du médecin cliché dans la fleur de l’âge à la barbe poivre et sel, celle-ci paraissait tout droit descendre des cieux. Céleste, à la silhouette éthérée tout de blanc drapée, une splendide chevelure immaculée trônait sur le sommet de sa tête, telle une couronne cristalline seyant à merveille à une divinité. Seules ses satanées cernes tranchaient pour de bon avec l’image angélique qui la berçait, faisant ressortir l’humain derrière autant d’attributs mystiques et me rappelant, au passage, que je ne pouvais reléguer ma méfiance aux oubliettes. Tôt ou tard, pensai-je, cette Hideko allait révéler sa vraie nature. Comme tous les autres.

Face à son approche, je guettai donc le moindre de ses mouvements, mais celle-ci resta impassible face à mes traits marqués par la peur et l’épuisement. Parfaitement stoïque, elle avança, chacun de ses gestes portés par le calme et la délicatesse, puis tira une chaise pour la poser non loin, face à moi. Légèrement plus basse, cela eut l’effet d’amoindrir quelque peu la tension qui m’habitait. Et pourtant…

Sa première question eut l’effet d’une bombe.

Je fermai mes paupières, d’instinct, aussi serrées qu’il ne m’en fut possible, balayant vivement la tête pour signifier mon refus. Non, pas question. Il n’était pas question de tourner le couteau dans la plaie à nouveau. De revivre, une fois de trop, l’horreur de ce temps passé loin du village. J’avais déjà tout dit, aux soldats, puis aux officiers. J’en avais déjà trop parlé. Si cette femme souhaitait réellement en savoir davantage, cela n’allait pas venir de moi.

« N-Non. J… J’en ai assez. »

Loin d’être agressive, ma voix enrouée se faisait au contraire supplicative. Fuir ce supplice, voilà ce que j’espérais, sans plus. Et, comme si mon corps entier désirait accompagner mes mots, je me recroquevillai sur la civière, enlaçant mes membres inférieurs de mes bras pour former, inconsciemment, un bouclier mental entre l’eisenin et mes démons. La douleur dans mes jambes se fit d’autant plus aiguë, mais ce ne fut pas assez pour chasser celle qui me charcutait l’esprit. Mes doigts se refermèrent alors sur mes avant-bras tandis que j’y plantai avec fermeté mes ongles, faisant perler quelques gouttelettes carmin à la surface de la peau sacrifiée sur l’autel d’un bien-être éphémère, mais faux.

« Je… Je veux voir Tengo… »

De la coopération? Elle n’en aurait pas davantage, à ce niveau.

Le point de rupture était arrivé.

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Metaru Hideko
Metaru Hideko

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Ven 18 Fév 2022 - 14:37

Natsumi ferma les yeux, pinçant ses lèvres, comme si la question qui venait de lui être posé lui infligeait une ultime blessure, un ultime défi… qu’elle refusa de relever.
L’entendre dire ainsi qu’elle en avait assez lui fit comprendre que la tâche serait ardue, plus qu’elle ne le craignait et qu’il lui faudrait faire preuve d’autorité, tout autant que de réconfort.
Nastumi se recroquevilla, tel un enfant apeuré, un animal blessé, enlaçant ses bras autour d’elle comme pour se protéger du monde extérieur. Une vision qui toucha Hideko, se revoyant là, un an à peine, dans ces civières, dans ces lits, à pleurer de tout son être, toute volonté de vivre abandonnée.

Quand ses ongles se plantèrent dans sa chair, Hideko intervint. Elle s’approcha d’elle, calmement, se relevant quelque peu afin d’arriver à son niveau et tendit les mains pour se saisir de celles de Natsumi. Là, elle les saisit, puis les ouvrit, usant de sa force surhumaine, avant de se reculer.

« Tengo… Tengoku ? J’ai vu un Tengoku Kappa dans votre dossier, c’est lui qui a signalé votre disparition. »

Qu’était-il pour elle ? Un ami ? Un amant ?

« Malheureusement, je ne le connais pas, donc je ne peux guère vous en dire sur lui, mais quand je vous aurai soigné, alors nous pourrons nous occuper de ça, d’accord ? » Dit-elle avec douceur.

Par qu’elles épreuves Natsumi était donc t’elle passée… se demanda-t-elle tandis qu’elle commença à observer les blessures qui parsemaient les rares parties de son corps visible. Ce qui attira le plus son attention fut cependant cette jambe de bois, ou plutôt prothèse, à la place de sa jambe droite. Dans son dossier était indiqué qu’elle avait perdue sa jambe durant la conquête du village par l’Empire. Natsumi était donc une blessée de guerre qui, malgré le choc et les difficultés que cela impliquerait, avait décidé de continuer à servir en tant que ninja.

Au fond d’elle devait donc se cacher une âme courageuse, qui n’avait pas pour habitude de baisser les bras face aux défis de la vie.
Sa rapide observation terminée, elle devait maintenant en savoir plus sur elle pour pouvoir la soigner et cela passait inexorablement par une auscultation qui, elle le craignait, ne serait pas simple à obtenir.

« Je dois vous ausculter, mais pour cela, vous devez vous déshabiller et vous allonger. »

Bien que calme, son ton ne laissa aucune place à un quelconque refus.

« Mais si durant la consultation, quelque chose vous dérange ou vous fait mal, n’hésitez pas à me le dire, d’accord ? »



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Harusame Natsumi
Harusame Natsumi

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Sam 19 Fév 2022 - 18:34


Une douleur, pour en chasser une autre, lorsque les maux se font voraces.

Dans mon désir de fuir toute souffrance psychique, j’avais, l’espace d’un instant peut-être, effacé toutes traces de la blanche doctoresse entre les murs de la salle de soin.
Ainsi, lorsque ses mains se saisirent des miennes, je sursautai légèrement, fixant celles-ci, avant que mon regard ne dévie jusqu’à plonger, interrogatif, dans ces abysses insondables qu’étaient ses yeux. Le souffle retenu, mes muscles se tendirent d’instinct dans l’attente du châtiment; un signe, parmi tant d’autres, que je ne pouvais tolérer autant de proximité physique avec cette inconnue. Pourtant, la kunoichi au masque angélique n’en fit rien, impassible face à ma détresse tandis qu’elle me dégageait d'une source de réconfort désespérément acquise.
Malgré une sourde opposition, je ne pus lutter contre son intervention : Sa force était celle d’un monstre; à l’image de ce que permettait parfois les arts mitsudo, émanant toutefois d'une maîtrise poussée du chakra sous sa forme la plus brutale. Similaire, sans l’être. L’hyperforce d’un démon dissimulé sous des airs d’ange, déplaisant avant-goût de ce qui restait à venir. Une menace de plus à mon encontre. Un danger face auquel je restais figée, le teint livide, resserrant l’étau en enlaçant davantage ma jambe et ma prothèse contre mon torse comme si mon corps entier s’empressait à rebâtir la muraille entre le monde hostile et moi. Comme si je craignais une nouvelle intrusion de l’envahisseur.

Mais il n’en fut rien… pour l’instant.

L’écho de sa voix se répercuta plutôt dans la pièce, tel un baume délicatement appliqué sur une plaie depuis longtemps délaissée. Une surprise, à n’en point douter, qui me fit baisser quelque peu ma garde. Quiconque était un brin attentif pu dénoter un changement infime, si éphémère et si rapide qu’il pouvait concurrencer jusqu’aux étoiles filantes traversant la voûte céleste. Un éclat lumineux, rare témoin d’un passé révolu bercé de candeur et d’amour qui n’existait plus que dans mes songes; et encore. Les cauchemars étaient tenaces.
Tengoku s’était donc réellement inquiété de ma disparition..? Voilà une révélation qui m’arracha un sourire doucereux : car ainsi compris-je donc que je n’avais pas été complètement abandonnée à mon propre sort. J’en eus les larmes aux yeux. J’avais un peu honte.
Quant à la proposition énoncée avec compassion par Hideko, j’y répondis d’un bref, mais vivide hochement de la tête tandis qu’un son empreint d’un timide espoir s’échappait d’entre mes lèvres.

« D… D’accord… »

Une lueur à l’horizon, pensai-je naïvement. À partir d’ici, tout allait être plus simple…

Je n’aurais pu être davantage dans le faux.

La demande, ou plutôt, l’ordre de la soignante me transporta aussitôt des mois en arrière, entre les griffes de ma geôlière, à une époque où j’enchaînai sévices et réprimandes comme autant de manières de me former, de me modeler, de me briser en détruisant tout ce que j’avais été pour me transformer en arme en tout point docile et serviable. Mon esprit, puis mon corps avaient été morcelés pour servir les intérêts d’un être dérangé, sadique, avant d’être jeté aux ordures, à patauger encore, et encore, et encore, dans une marre de vulnérabilité. La mienne.

L’idée d’être ainsi mise à nue, sous plus d’une facette, me donna donc la nausée.

« N… Non. J… Je vais bien. Je… je n’ai pas besoin de soins. Les mots déboulèrent, trébuchant les uns contre les autres dans un désordre annonciateur. Je… Je… C’est seulement l’épuisement du v-voyage, je… J’ai seulement besoin de d-dormir un p-peu. On… On peut remettre l’auscult… l’auscultation à un autre jour, n-non? »

Toujours recroquevillée, je vins plaquer mon dos contre la surface du mur en bordure duquel la civière avait été positionnée tandis que mes yeux guettaient une issue possible. Que faire, à présent? Fuir, combattre? Rien n’allait empêcher la procédure de suivre son cours. J’étais, une fois de plus, prise au piège, impuissante, colérique face au destin… et face à ma propre faiblesse.

La réponse vint finalement par l’usage du chakra Mitsudo, que je fis circuler dans chaque fibre musculaire, dans chaque parcelle de mon organisme de sorte à ce qu’il ne soit plus déplaçable par quiconque. La civière allait-elle tenir le coup? Je m’en foutais éperdument. Si la médecin tentait quoi que ce soit, elle allait devoir en payer le prix.

« L… Laissez-moi sortir, s’il… S’il-vous-plaît. »

Plus qu’une demande, il s’agissait-là d’un avertissement. Car mon seul poids n’allait pas être l’unique arme déployée pour me défendre.


Précisions:

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Metaru Hideko
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Sam 19 Fév 2022 - 21:05

A peine croyait-elle avoir fait un pas en avant avec Nastumi, que cette dernière reculait de cinq. La patience n’était pas son fort, aussi, elle commença à montrer quelques signes de lassitude, ferma les yeux et soupira légèrement, tandis que Natsumi se recroquevilla.

Elle refusa les soins, arguant que ses blessures n’étaient dues qu’à la fatigue du voyage, qu’un peu de sommeil lui ferait du bien. Prostrée comme un animal apeuré, Hideko l’observa, attristée.

Soudain, la civière commença à plier et à craquer, comme si cette jeune femme frêle qui devait peser moins de cinquante kilos devenait de plus en plus lourde. Hideko, toujours avec calme, tenta de poser une main réconfortante sur Natsumi, ce qui eût pour effet que de la faire reculer davantage, elle qui, dos au mur, ne ferait bientôt qu’un avec. Quand sa main toucha son bras, elle sentit une violente douleur, ainsi qu’une masse peser sur son bras, comme si ce dernier, sans aucune raison apparente, pesait plus d’une dizaine de kilos.
Par réflexe, elle recula sa main, grimaçant de douleur, puis elle se rassit, observant sa main douloureuse. Elle l’ouvrit et la referma plusieurs fois, puis effectua, non sans douleur, une série de signes. Sur son autre main apparut un halo vert, qu’elle vint poser sur sa blessure afin de la guérir et la douleur s’effaça peu à peu.



Était-ce là le pouvoir de cette jeune femme ? Fort probable, mais plus encore cela signifiait qu’à défaut de fuir, elle serait bien capable de combattre, un cas de figure qu’il lui fallait à tout prix éviter, au risque de la blesser plus encore.

Ses soins terminés, elle posa à nouveau un regard apaisé sur Natsumi.

« Je ne peux vous laisser sortir. »

Ces mots ne lui plairaient aucunement, mais elle se devait de laisser la porte fermée, définitivement.

« Car ce qui vous attend dehors, c’est probablement de retourner dans votre cellule, le temps que l’enquête sur vous soit terminée. Ça, dans votre état, ce n’est pas acceptable. »

Alternant toujours entre douceur et fermeté, elle continua.

« Pensez-vous vraiment que ces blessures là n’ont pas besoin d’être soignées ? Que je vais croire qu’elles ne vous font pas souffrir ? » Dit-elle en désignant ses membres, en terminant par sa prothèse. « Surtout celle-ci, car après tant de marche, votre moignon doit-être irrité et très douloureux. »

Rares étaient les patients qui disposaient d’une prothèse si développée, signe qu’en son temps, Natsumi avait fait l’objet de soins particuliers, les meilleurs possibles.

« C’est un pouvoir intéressant que vous avez là ! Vous pouvez me l’expliquer ? »

Hideko, comme tout shinobi, n’était pas au fait de tous les pouvoirs qui existaient en ce monde. Surtout, elle ne connaissait personne qui soit ainsi capable de modifier le poids de son bras, ou de son propre corps.

Puis Hideko eût une idée qui, elle l’espérait, lui permettrait de gagner quelque peu la confiance de cette jeune femme brisée.

« Si vous acceptez que je vous soigne, alors je pourrai vous faire rester ici, ou dans une autre chambre, afin que vous puissiez vous reposer, seule. Bon, il y aura toujours un officier dehors pour tenir la garde, mais c’est mieux de dormir dans un lit que dans une cellule non ? »


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Harusame Natsumi
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Dim 20 Fév 2022 - 1:08





Le contact de sa main sur mon avant-bras entraîna un réflexe d'auto-préservation démesuré que je regrettai aussitôt. Le chakra déversé en abondance dans les tissus de la main de Hideko n'étaient pas sans conséquences; le pouvoir Mitsudo possédait cette capacité à infléchir et briser sous leur propre poids toute chose croisant sa route, qu'elle soit composée de chair ou de terre. Sa réaction, grimaçante, et son retrait instantané ne laissa aucune place au doute quant à la sévérité du supplice que je lui avais infligé malgré moi.

« Pa… Pardon, je..!  »

Dans la crainte d'une réplique potentielle, l'ensemble de mes muscles, ainsi que ma mâchoire, se contractèrent avec force… mais rien ne vint jusqu'à moi : ni châtiment, ni punition. Elle n'allait donc pas me réprimander? Vraiment?
L'eisenin s'attella simplement à soigner les conséquences de mes actions, avant de relancer le dialogue par la négative.

Elle ne voulait pas me laisser sortir.

« P… Pourquoi? »

Sur mon visage aux sourcils plissés se lisait l'incompréhension, la déception. Ne m'avait-on pas ouvert les portes de Kumo, comme me l'avait déclaré l'officier à la fin de l'interrogatoire ? Dans ce cas, pour quelle raison me restreignait-on toujours au sein de l'hôpital?
Un pincement au cœur, je retins mes larmes. Je devais me rendre à l'évidence : mon histoire n'avait pas trouvé écho à leurs oreilles. Je n'avais aucune crédibilité à leurs yeux. Un vulgaire déserteur, une traîtresse hijin; voilà ce que je devais représenter à présent pour mes anciens compatriotes. À défaut de preuves concrètes quant à mon soi-disant invraisemblable récit, ma patrie d'adoption se voyait aujourd'hui dans l'obligation de me renier, ou pire...
Les raisons offertes par la doctoresse confirmèrent alors erronément mes appréhensions, mes doutes. Au sein de mon esprit assiégé par l'angoisse et la méfiance, la sentence était malheureusement tombée. Et cela faisait mal, terriblement mal.
Mes iris se relevèrent avec peine pour dévisager Hideko avec insistance, la suppliant presque de tenter quelque chose pour renverser la situation, mais ce fut mon corps qui prit l'initiative de parler : parcouru de tremblements parasites, il criait désormais sa douleur et le désespoir dans lequel j'étais plongée sans que je ne puisse y changer quoique ce soit.
D'une manière similaire, néanmoins, j'élevai bientôt la voix, plédant encore et toujours mon innocence et mon allégeance envers la cité des Nuages, ainsi que je l'avais si souvent répété depuis mon retour, et même entre les murailles de la forteresse impériale.

« P-Pourquoi est-ce qu'on ne me c-croit pas? P... Pourquoi est-ce que j-je suis encore sous enquête..? Je... Sur mes joues se déversèrent quelques gouttelettes, glissant doucement sur ma peau empourprée par les émotions jusqu'à se perdre sous la courbe de ma mâchoire. C'... C'est Jun, qui d-devrait payer… »

Les derniers mots s'éteignirent comme en un murmure, à même mon souffle. Je payais le prix fort de ma propre faiblesse, pensai-je amèrement, en pinçant malgré moi les lèvres. Peut-être, après tout, que je méritais ce qu'il m'arrivait depuis la fin de l'annexion de Kumo. La perte de ma jambe, symbole de mon incompétence, aurait dû s'avérer un signal suffisant. J'avais été telle que décrite par le crocodile : une naïve petite sotte, jouant à la grande fille dans un monde de géants et de monstres, alors que je n'étais en fait qu'une bête gamine effrayée par son ombre.

Et je m'étais, en bout de piste, cassée la gueule.
Ou plutôt, quelqu'un s'en était occupé à ma place.

« Je… Je ne sais pas… Je… Je n'ai pas mal… grimaçai-je, mal à l'aise comme si j'avais été prise en défaut. Je fermai alors les paupières, la tête basse, secouant timidement celle-ci. Je… je le mérite… Si… Si je n'avais pas… A-Alors, ce ne serait j-jamais… »

Ma phrase se perdit dans le silence. J'expirai bruyamment, raffermissant mon emprise sur mes membres inférieurs. La honte était un poison pour l'âme que je me devais d'extraire de mon organisme, tôt ou tard, sous peine d'y succomber, de m'y noyer. Mais avant toute chose, il me fallait arrêter de nier mon mal-être, mes blessures.

« J'ai… j'ai peut-être besoin… de… Un soupir. Vous… Vous avez r-raison… »

Mon regard se détourna de la jeune femme aux yeux d'azur, lorgnant le sol en quête d'un support quelconque, d'un appui sur lequel trouver le courage nécessaire pour la suite de l'entretien. Cet appui, aussi inattendu qu'étrange à mon esprit, parvint de la bouche de l'eisenin, qui détourna avec brio mon attention en me questionnant au sujet de la puissance mystérieuse dont j'avais fait usage. Surprise, je la jaugeai un instant, perplexe, avant de répondre à ses interrogations. Je lui devais bien ça, après cette agression...

« Hm… C'est euh… le M-mitsudo — en-encore navrée pour ça, dis-je, en indiquant sa main. Je… peux manipuler le p-poids des choses, a-avec mon chakra. Les alléger… jusqu'à les f-faire s'envoler, ou les alourdir, j-jusqu'à les paralyser c-complètement. Ou… ou faire… du mal… »

Une brève oeillade désolée parvint jusqu'à la dame blanche, après quoi je mâchouillai :

« Pardon... »

Au fur et à mesure de mes explications, la distraction avait su agir. La tension s'était amoindrie et j'avais peu à peu délaissé ma posture défensive au profit d'une position légèrement plus ouverte, davantage propice à la coopération. Si rien n'était encore joué, il allait sans dire que les choses évoluaient dans une bien meilleure direction qu'auparavant.

Seulement, la question des soins et de l'auscultation restait à traiter, et l'idée d'être totalement à la merci de la femme aux atours immaculés m'horrifiait toujours. La proposition de cette dernière tomba donc à point nommé.

« J-je pourrais avoir une ch-chambre, avec un lit, seule..?  »

L'idée faisait son petit bonhomme de chemin.

« J'i… J'imagine que c'est mieux qu'en cellule, oui…  »

Mais les démons guettaient, et ne me laissèrent pas un instant de répit. Si la médecin souhaitait mon accord, elle devait en saisir toutes les subtilités, au risque de goûter de plus belle aux arcanes du Mitsudo. Et pour cela, il n'y avait qu'un moyen d'y parvenir… Un moyen douloureux, mais nécessaire.

« Quand… Quand on m'a arraché d'ici, j'ai… j'ai connu beaucoup de… J'ai connu beaucoup de… sévices. De… corrections... »

Mes prunelles, qui se posèrent dans celles de ma vis-à-vis, étaient celles d'une enfant détruite, terrifiée par un cauchemar prenant vie dans les sensations, dans les souvenirs, dans des détails pourtant anodins pour le commun des mortels. Des détails qui devenaient montagnes infranchissables, ou créatures effroyables, selon les cas. Oui, Joo Jun avait laissé son empreinte partout. Partout…

« Est-ce que… Est-ce qu'on peut… y aller p-progressivement? Peut… Peut-être juste les bras, la tête… Juste le haut, avant… avant le reste? Est-ce que… c'est possible, v-vous croyez ?  »

J'attendis son accord, avant d'ajouter maladroitement :

« Je… Je pourrais avoir d'autres v-vêtements? Je… Je ne veux p-pas de l'uniforme de l'Empire à nouveau… S'il-vous-plaît...  »

Et le moment fatidique vint, durant lequel je réprimai un sanglot. Le haut du corps désormais libre du vêtement, je fermai les yeux, tremblante face au combat féroce qui faisait rage dans ma conscience: une lutte acharnée contre les images intrusives d'un passé de captive qui allait, sans l'ombre d'un doute, me suivre tel un fantôme, pour le restant de mes jours...


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Metaru Hideko
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Lun 21 Fév 2022 - 15:57

La terreur, puis l’incompréhension et finalement, l’espoir. Toute une palette d’émotions que Hideko venait d’insuffler à Natsumi, avec pour conclusion la plus forte d’entre elles : une graine plantée dans son esprit, dont elle semblait avoir tant besoin et avec elle l’acceptation des soins.
Hideko ne prit pas la peine de répondre aux questions, de se justifier, car ce n’était là ni son rôle, ni sa volonté. Certaines choses ne peuvent être comprise que par soi-même et non pas de la bouche d’un autre.

Elle écouta avec attention les explications sur le pouvoir Mitsudo, capacité permettant de contrôler le poids de toute chose. Rendre un corps plus lourd ou plus léger… le monde regorgeait de pouvoirs tous plus impressionnants les uns que les autres. A chaque fois qu’elle entretenait ce genre de conversation, elle se rendait toujours plus compte de son ignorance, de son étroitesse d’esprit et de la grandeur du monde.

« Je vois… c’est fascinant. Je comprends mieux ce qui vient de m’arriver, car je n’ai jamais rencontré quelqu’un disposant d’une telle capacité. »

Pas une seule fois, elle ne releva les excuses de Natsumi, quand bien même elle détestait cela, car le moindre faux pas, le moindre reproche pour tout faire échouer et bloquer définitivement Natsumi, au risque de ne plus pouvoir la rattraper.

D’un coup d’œil rapide, elle vit Natsumi se détendre, son corps relâchant un peu de cette tension qui l’habitait, recroquevillée contre son mur et son poids se réduire, alors que la civière remonta légèrement.

« Oui, vous pourrez avoir une chambre avec un lit seul. »

Il n’était de toute façon pas question de mettre cette jeune femme avec un autre patient. Quid de ses réelles intentions ? De sa vraie nature ? Car le doute substait toujours, tant que l’enquête à son sujet n’était pas menée à son terme et que la conclusion ne l’avait pas blanchi. Aussi, elle aurait le droit à une surveillance rapprochée, mais il n’était pas non plus question de mettre un garde dans sa chambre. Hideko n’avait donc fait que dire la vérité : Natsumi aurait le droit à une chambre seule dans laquelle elle pourrait se reposer et récupérer et c’était là après tout, tout ce qu’elle désirait.
Dans tout ce qu'elle dit, le nom de Jun se grava dans son esprit, celui ou celle qui, de toute évidence, avait commis toutes ces atrocités, était la responsables de ces sévices. Les raisons qui l'avaient poussé à agir ainsi l'importait peu, mais son envie de justice, elle, se faisait dévorante.

La suite de son histoire lui fit à nouveau ressentir une peine sincère, mais plus encore, elle comprit pourquoi elle pouvait se voir à travers Natsumi, pourquoi sa situation lui semblait tant familière…
Car toutes deux avaient subi sévisses et châtiments.
Aussi, quand leurs prunelles entrèrent en contact, Natsumi pouvait y apercevoir son propre reflet. Hideko l’écouta donc, sans un mot, avec la plus grande attention, jusqu’à ce qu’elle eût terminé.

« Les sévices, les châtiments corporels, les corrections… tout cela, je ne le connais que trop bien. »

Hideko se tourna légèrement, puis ouvrit sa tunique et montra un petit pan de son flan, recouvert de marques de martinets et de brûlures, de ces barres de fer qui avait littéralement grillées sa chair, laissant à jamais là leur trace. Après quelques secondes, elle se replaça, ainsi que sa tunique, avant de continuer.

« Aussi, sachez que nous irons aussi progressivement qu’il le faudra. Si je dois prendre du temps pour vous ausculter entièrement, je le ferai, mais je dois le faire avant de pouvoir vous laisser partir. Vous comprenez ? »

C’était là le mieux qu’elle avait à lui offrir. Son temps était compté, mais elle pourrait toujours revenir, tant pendant ses pauses qu’une fois son service terminé, pour continuer à la soigner, s’il le fallait.

« Et vous aurez bien évidement le droit à d’autres vêtements. »

Hideko se releva, puis alla prendre une paire de vêtement propres dans les meubles qui composait le mur opposé. Avant de revenir et de le poser à côté d’elle, telle une récompense afin de la motiver à se déshabiller.

Elle lui sourit, laissant le temps à Natsumi de se préparer à ce qui allait inévitablement arriver. Pour sûr, Hideko se montrait là bien plus patiente qu’avec d’autres patients, mais elle ne pouvait s’empêcher de se voir à travers elle, deux ans plus tôt, allongé sur ce lit d’hôpital, brisée. En son temps, elle n’avait eu la chance de rencontrer quelqu’un qui l’avait réellement aidé à s’en sortir, si ce n’était par sa propre force.

« Je commence. »

Hideko se releva, reculant la chaise afin de ne pas être gênée puis, délicatement, tendit ses mains vers celles de Natsumi. Elle lui saisit, puis les tira légèrement vers elle, afin de tendre ses bras et qu’elle puisse là mieux observer ses blessures et ce qu’elle vit ne fit que conforter ses craintes… Sur ses doigts, dans sa chair, était visible les traces d’ongles arrachés et de sévices sans aucun doute douloureux, tandis que le reste de ses bras étaient parcourus de cicatrices de coupures, faîtes par une lame.
Elle passa ensuite à son visage, vit là une lèvre fendue, nouveau par une lame, ainsi que de nombreuses plaies légères et autres, surtout dans son coup et dans les zones moins visibles de sa tête.


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Dim 6 Mar 2022 - 19:27




Construire la confiance, un geste à la fois.

Doucement, elles se déposèrent. À l'orée d'une civière malmenée par la méfiance, par autant de maux qu'elle semblait plier sous le poids de l'horreur, il y eut bientôt une petite main, frêle, fragile. Puis, une seconde, refermant d'abord avec fermeté son emprise sur le métal froid, avant de se relâcher. Tandis que mes jambes se libéraient de l'égide d'un véritable bouclier de chair, suivant ainsi le mouvement pour se laisser balloter par le vide et l'inconnu, mon corps entier s'ouvrait enfin, ne serait-ce qu'un peu, à la perspective de l'inévitable. L'œuvre des paroles échangées avec la doctoresse, et, surtout, de sa bienveillance à mon endroit, qui posèrent les bases d'un début d'apaisement. Une première lueur d’espoir.

« Ce… Ce n'est pas si fascinant… répondis-je honnêtement quant à la puissance qui m'habitait. Et… Et puis… je la maîtrise à p-peine…  »

Les réponses à mes questions, quant à elles, ne vinrent jamais.

Je grimaçai, déçue.
Si les blessures physiques étaient une chose à ne pas négliger parmi les conséquences de ma captivité, celles de l'esprit paraissaient, de leur côté, insurmontables. Un effondrement, de multiples cassures, une confiance totalement brisée, la peur. Comment allais-je me rebâtir au sein même d'un champ de ruines? Pour l’heure, la réponse me glissait totalement entre les doigts, aussi insaisissable que le vent. Pour l'heure, en vérité, je n'en avais que faire. Contempler le sommet de la montagne, admirer le soleil poindre à l'horizon; cela m'était encore inconcevable. Il n'y avait ni route, ni chemin tracé pour moi. J'étais plongée dans la noirceur. Cela allait-il seulement durer?

Lorsque je vis les stigmates d'un passé trouble marqué au fer rouge sur le flanc d'Hideko, j'eus un pincement au cœur, écarquillant les yeux, horrifiée et pourtant, compatissante. Qu'avait-elle pu subir pour être ainsi couverte de cicatrices? Les possibilités me terrifiaient, se superposant à des images, des souvenirs tous plus douloureux les uns que les autres. De la torture, cela ne faisait aucun doute.
Mon regard se perdit dans le sien. Les miroirs de l'âme parlaient pour elle-même : cette femme avait, tout comme moi, connu l'enfer. Nous étions, sur ce point, et peut-être d’autres, semblables. J’en fus rassurée.
Car cette Hideko représentait, au simple coup d'œil, tout ce à quoi j'aspirais. Il émanait de sa personne une force que je peinais encore à concevoir, à imaginer possible après autant de malheur. Une solidité face aux épreuves de la vie que je m'interdisais à posséder, que je repoussais sans cesse, loin, si loin que je ne voyais plus que le reflet d'une faiblarde lorsque mes yeux se posaient sur les prunelles de ma vis-à-vis. Je ne pouvais me croire survivante, car je n'étais encore qu'une victime, incapable de saisir mon destin à bras le corps. Mais, elle… Elle était aujourd’hui debout et fière… et Eisenin.
Et en cela, elle m’inspirait déjà, sans que je n'en fusse consciente, à persévérer, à tenir bon.

À accepter ses soins.

« Hmhm… Je… Je comprends…  »

Mon regard lasse se perdit au travers de la pièce, sans but, tandis que je coinçais, tremblotante, une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille droite. Je soupirai, relevant mon attention sur la kunoichi en tunique immaculée lorsque celle-ci  se leva en quête de vêtements propres. Elle les posa alors non loin, telle une récompense pendue au bout de mon nez afin de m’inviter à délaisser l’odieux uniforme impérial. Un soulagement. Je pinçai les lèvres, presque émue. Face à cette source de motivation inédite, l’ombre d’un sourire illumina faiblement les traits de mon visage fatigué. Le premier, aussi timide pouvait-il être, depuis mon retour au sein de ma patrie d’adoption.

Le torse dénudé, l’auscultation débuta finalement. Les mains de la soignante rencontrèrent bientôt les miennes, effleurant doucement ma peau avant de saisir mes membres d'une étonnante délicatesse et de les tirer légèrement dans sa direction pour mieux les inspecter. Malgré son approche, la tension s'éleva dès lors d'un cran en moi, m'obligeant à clore les paupières pour chasser la panique qui m'envahissait, tout comme cette irrépressible envie de repousser avec violence l'envahisseur. La mâchoire crispée, il me fallut concentrer mes énergies sur mon unique respiration, saccadée comme jamais, pour venir à bout de ces quelques minutes pourtant infernales, s'étirant, et s'étirant, et s'étirant en mon esprit perturbé à la manière d'un interminable supplice. Une séance de torture de plus, tristement nécessaire.

Lorsque ce fut terminé, et que mes bras retrouvèrent enfin leur liberté, ceux-ci se replièrent d'instinct contre mon buste, l'enveloppant, l'espace d'une seconde, telle une réconfortante couverture, avant que mes doigts ne viennent agripper les pans de mon pantalon. Je restai muette, à contempler le vide histoire de m'exorciser de toutes élucubrations, puis entrepris de me lever afin de retirer les restes de l'uniforme… mais, ravivées, les braises ardentes irradiant en ma jambe et mon moignon eurent raison de mon équilibre, et je manquai de peu de m'affaler contre le sol sans l'appui fourni par la civière.
Hideko avait raison, mes blessures n'étaient pas anodines; je peinais désormais à supporter mon propre poids. Quelle honte.
Je serrai les dents, tête basse. Au fond de moi, la poupée brisée était encore convaincue d'avoir mérité ce calvaire. Ce n'était, après tout, que ce que pouvaient espérer les faibles dans mon genre.

« P-Pardon… »

La prochaine étape de l'examen médical s'annonçait donc sous un sombre jour. Suivant une profonde inspiration — et deux ou trois oeillades furtives jetées à l'endroit du médecin — j'entrepris, avec maladresse, de défaire la boucle du cordon de cuir tressé maintenant mon pantalon en place, puis j'inspirai un grand coup, accompagnant lentement le tissu usé avant de le laisser librement glisser jusqu'à mes chevilles.
Un long frisson remonta mon échine. Il n'y avait désormais plus que la vulnérabilité pour ainsi drapé mon corps mis à nue face à la violence sourde de cet entretien.

Rassemblant mon courage, ou ce qu'il en restait, je remontai sur la civière, non sans peine, puis observai sa surface. Il me fallait à présent m'allonger.
Une seconde défila sans que je ne tente quoique ce fût. Puis, une autre, et une autre…
Je bloquai. Ma poitrine se serrait. Ma gorge se nouait. Ma respiration s'accélérait. J'avais la nausée.
Elle était là, sous mes yeux. Son image. Un souvenir d'outre-tombe bien vivant. Le monstre sortait toujours de sa tanière, des tréfonds de mon esprit, lorsque je m'y attendais le moins.

Je me revis, des mois auparavant, pourchassée dans les rues d'un hameau tetsujin à la nuit tombée. Une tentative de fuite avortée, sévèrement réprimée. De la pénombre émergea la gueule décharnée de la prédatrice, son front plaqué contre le mien, ses iris sanglants auxquels je ne pouvais me soustraire. La fureur déformait ses traits déjà monstrueux sous les rayons lunaires. Immobilisée contre la terre battue, la froideur du métal sur la jugulaire, son autre main vint écraser la jonction entre ma prothèse et les restes de mon membre amputé. Je pleurais, entièrement à sa merci, incapable de riposter.

C'est ta première et dernière fugue.

J'eus un léger sursaut. L'image confuse se dissipa. Seule l'angoisse de l'impuissance dominait mes songes. La coopération s'arrêta ici. L'idée de me coucher sur la table d'auscultation était dorénavant intolérable.

« J… Je… Je ne p-peux pas. H-Hideko, je ne peux pas… Je… »

Mes prunelles terrifiées la suppliaient. Je ne pouvais pas aller plus loin. Pas tout de suite. Ce pas était trop important, impensable.

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Jeu 10 Mar 2022 - 19:31

Natsumi, appâtée par cette récompense posée là juste à côté d’elle, accepta finalement de se dévêtir. Ce fut à cet instant que Hideko put entrevoir toute l’étendue de ses souffrances, à travers ces marques gravées sur sa chair fendue et tuméfiée. Les paupières de Natsumi se fermèrent, crispées, ainsi que sa mâchoire, comme si cet instant la ramenait à cet atroce souvenir, à ce passé terrifiant qu’elle désirait tant fuir. Hideko relâcha les bras de Natsumi lorsqu’elle passa à son visage et ces derniers vinrent à nouveau se replier sur elle, boucliers protecteurs de ce monde extérieur si effrayant, si douloureux.
Pas un mot ne sortit de sa bouche, dans le tourment silencieux qu’était le sien, tandis que Hideko venait tout juste de terminer d’ausculter son visage. Ce n’était là encore que le début d’un long chemin, qui, elle le savait, serait toujours plus difficile, à chaque étape.

Elle passa ensuite à son torse, observant attentivement, sans montrer aucune expression, aucun sentiment. Pourtant, tout au fond d’elle, bouillonnait le désir de vengeance, le désir de justice. Pour Natsumi, qui avait souffert de son bourreau, tout autant qu’elle-même, même si son bourreau était depuis quelques temps maintenant six pieds sous terre, sans que personne ne le regrette.
Sa peau, blessée, salie, asséchée, montrait là les signes du long chemin qu’elle avait parcourue avant d’être revenue ici chez elle. Pourtant, on la considérait en étrangère, en danger même. On la questionnait, on l’emprisonnait et maintenant, on l’auscultait. Pas une fois encore elle n’avait pu voir un visage amical, un membre de sa famille, un proche, qui que ce soit. Si tout cela était bien normal, Hideko ne pouvait se retenir de ressentir de la peine pour elle, une peine tiraillant, entre devoir et justice.

Natsumi entreprit de se lever et Hideko, d’une main éloignée, veilla à ce qu’elle ne puisse glisser, ce qu’elle fut, avant de se rattraper sur le bord de la civière à l’aide de ses mains. La chute ainsi évitée, Hideko évita de la toucher outre mesure, dans un acte qui, bien que purement généreux, pourrait être ressenti comme une agression, voire une invasion.
La tête baissée, honteuse, Natsumi se dévêtit, se dévoilant ainsi presque tout entière à cette Eisenin qu’elle ne connaissait pas quelques minutes à peines auparavant. Plus encore que la honte, la culpabilité se lisait sur son visage, dans ses yeux ancrés sur le sol et ses lèvres contractées. Ainsi, elle s’excusa, comme si elle était fautive de quelque faute. Sa seule faute fut de ne pas avoir été assez forte pour résister et se libérer de son bourreau, une faute qu’elle avait su braver, une épreuve qu’elle avait conquise, comme en témoignait sa présence ici.

« Vous n’avez rien à vous faire pardonner. »

Mais ces simples mots ne suffirent pas à lui redonner courage. Bien au contraire, Natsumi s’enfonça toujours plus dans les limbes de son esprit, dans ce cauchemar qui avait été le sien si souvent. Face à l’idée de s’allonger, sans défense, sur ce brancard, elle céda

D’une main douce, la paume vers le ciel, Hideko posa son index et majeur sur le menton de Natsumi, le relevant délicatement, sans qu’elle ne puisse non plus résister à ce geste. Elle la fixa dans les yeux, animée de la flamme éternelle qui brûlait en elle et l’avait aidée à traverser toutes ces épreuves, une flamme dont Natsumi aussi aurait besoin.

« N’ayez pas honte, car il n’y a pas de honte à s’être libérée. Il n’y a de honte qu’à se complaire dans cette cage que l’on a construite pour nous et où l’on nous force à être. »

Cette cage dorée dans laquelle elle s’était fourvoyée si longtemps.

« La honte, c’est de se laisser abattre, d’abandonner. Quand bien même l’on peut s’égarer sur le chemin, vous avez su retrouver la lumière. Vos pas et votre détermination vous ont mené ici. La chance a su, à un instant peut-être, vous sourire et vous l’avez saisie. Alors tout ce que vous devez ressentir, c’est de la fierté. De la fierté et de la fureur, car cette dernière, c’est la garante de votre détermination. De votre liberté. Du fait que plus jamais vous ne subirez un tel sort. Plus jamais ceci ne vous arrivera, quoi qu’il vous en coûte. »

Ces mots-là étaient ceux-là même qu’elle se répétait sans cesse depuis le début de son combat, un état d’esprit qui lui avait permis de tenir et dont elle essayait aujourd’hui de trouver un équilibre, un sens qui allait au-delà de la simple survie. Car pour elle, il n’était maintenant plus question de survie, mais de vie, pour elle qui n’avait jamais vécue par elle-même, qui n’avait jamais profité de cette vie.


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Harusame Natsumi
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Mer 16 Mar 2022 - 17:44




Entre force et douceur, le contact avec les doigts de l’Eisenin me fit sursauter.
Plongée dans ce calvaire qui était le mien, je n’avais point vu approcher la main de la blanche kunoichi, incapable de passer outre cette terreur sourde qu’avaient su instiller en moi les images d’un passé que je croyais pourtant révolu. Le seul souvenir de ce monstre, de ce temps passé en sa présence, était telle une cage que je traînais sur mes épaules, jour après jour, peu importe la destination, la peur comme matériau de base dans la composition de ses barreaux. Un fantôme qui me poursuivait sans relâche, jusque dans mes songes. Qui me suivait, inlassablement, infatigable. Qui s’était introduit jusque dans la salle d’interrogatoire, sur ce plateau de nourriture, dans les mots échangés avec les officiers. Qui m’avait suivie tout au long du trajet jusqu’à l’hôpital, avant de s’installer confortablement sur cette chaise, sur ce brancard, dans les demandes d’Hideko, dans cette main posée contre mon avant-bras, puis sur mon visage. La peur rôdait, partout, toujours, et je peinais à m’affranchir de son insidieuse emprise…
Car la confiance, le sentiment de sécurité avaient été broyés par la gueule du crocodile. Car le talent, la puissance, l’assurance que cet enfer ne se répéterait plus, me faisaient cruellement défaut. Et tout ceci, même les mots de l’immaculée ne surent les chasser.

« Qu… Quelle fierté… Quelle fierté y a-t-il à… à être faible, et… à ne survivre q-que par simple chance? Je… Je ne comprends pas… Mes lèvres contractées trahissaient tout le dégoût que je nourrissais pour ma propre condition. Mes sourcils se froncèrent. Au fond de mon regard, planté dans celui de la soignante, les braises d’une colère, depuis longtemps éteinte, se rallumaient peu à peu au rythme de la conversation. Je… Je mérite ce qu’il m’arrive… Je… J’aurais pu… Si j’avais été plus forte, j’aurais pu… »

Je me tut, incapable d'aller plus loin. Les larmes coulaient. Deux forces s’opposaient en moi. Déchirée entre révolte et apitoiement, la première prit néanmoins l’ascendant sur la seconde.
La mâchoire crispée, je refermai ma poigne sur le bord de la civière, dont le métal semblait désormais se mouvoir, se déformer, se tordre jusqu’à se rompre sous mes doigts pourtant frêles. Ma dextre s’éleva dès lors en un mouvement tremblotant pour se poser sur le poignet de la doctoresse, laquelle pu rapidement sentir l’ampleur de ma détresse, de cette fureur qui se réveillait petit à petit dans mon esprit. La puissance du Mitsudo, le poids des années en tant que figurante de ma propre vie. Une vie que je rejetais de tout mon être, en cet instant.

Je veux changer.

Dans cet étrange mélange d'épuisement, de frustration et de crainte, je fermai les paupières, poings serrés sur le tissu qui recouvrait la table d'auscultation. Mes doigts rompirent ensuite leur étreinte, allant simplement se poser là où la prothèse s’unissait à mon moignon. Je grimaçai instantanément. La douleur était palpable. Sur les pourtours visibles des restes de ma jambe droite, la peau était rougeoyante, oedématiée, marquée par la rudesse de mon voyage jusqu’ici.
Je l’observai ainsi longuement, plongée dans le silence, contemplant le symbole même de cette détermination que je me refusais à posséder.

Et si… j’avais déjà changé..?

J’avais tenu bon, si longtemps. J’avais fait fi de la souffrance, je l’avais conquise pour parvenir à me libérer, à rentrer. Envers et contre tous, j’avais survécu. Hideko avait raison…
Mes prunelles s’illuminèrent brièvement. Un sourire doucereux sur le visage, je compris, quelque part, le sens de ses mots. Oui, je pouvais réellement être fière.

J’ai peut-être changé, au fond...

Cette réalisation ne me rendit pas l’épreuve plus facile à surmonter. L’idée de me retrouver sans défense, allongée sur la table, ne me plaisait aucunement et me plongeait toujours dans ce cauchemar éveillé où le crocodile guettait dans l’ombre. Je devais encore apprendre à apprivoiser mes peurs, à m’en faire des alliées, une source de motivation de plus dans ma quête de progrès. Cependant, je savais à présent que je possédais, tapis au fond de moi, les ressources pour surmonter tôt ou tard la plupart des obstacles qui croiseraient dorénavant mon chemin.

Et cela m’inspira à braver les réactions violentes qui se présentèrent, à surpasser l’angoisse pour me déposer entièrement, dos contre le brancard. Les paupières closes, l’avant-bras plaqué sur ceux-ci, j’appréhendais la suite, tremblant de tout mon être sans pour autant céder à cette irrépressible envie de fuir à toutes jambes ou de repousser celle qui allait approcher.
Malgré la terreur qui régissait chacun de mes muscles, je tins bon.

Comme je l’avais fait, partout, toujours.


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Metaru Hideko
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Dim 20 Mar 2022 - 16:19

Natsumi ne comprit pas, dans un premier temps, où Hideko voulut en venir. Pourquoi la poussait-elle ainsi ? Pourquoi disait-elle d’elle qu’elle pouvait être fier ? Car briser les premières chaînes était primordial. Tout partait de cet instant. Un instant qui, s’il n’arrivait jamais, ne pouvait mener jusqu’à la liberté tant désirée.

Tandis que les secondes passèrent, ses iris pourpres virent le visage et le corps de Natsumi évoluer et la vérité la gagner peu à peu. Cette étape là n’était que la première du long chemin qu’elle aurait à parcourir, mais un premier pas essentiel.
Un sourire se dessina sur le visage de Hideko, jusqu’alors si neutre, si calme. Un sourire qui en dit long sur ce qu’elle ressentait, derrière ce masque stoïque qu’elle affichait, outre son regard. Un sourire de joie, d’envie, de désir. Celui du combat, de la liberté, de la paix.

« Ce à quoi tu viens de penser, là, ne l’oublie jamais. » Lui dit-elle, toujours ses iris pourpres posés sur les yeux de Natsumi.

Les échecs seraient innombrables, les critiques, insoutenables. Pourtant, malgré les erreurs, malgré les ratés, elle ne devrait jamais oublier le moment où tout avait commencé. Ce moment si particulier qui la marquerait à jamais.

Le temps des paroles terminé, il fallait passer à l’étape suivante et soigner ces plaies, mais avant de se faire, Hideko se recula et se releva, puis alla chercher le dossier qu’elle avait déposé sur le bureau en arrivant. De sa main gauche, elle se saisit d’un crayon, puis vint se rasseoir sur la chaise. Là, elle posa le dossier sur ses jambes qu’elle resserra puis, armée de son crayon, y annota sur deux pages où un corps était dessiné de face et de dos selon une coupe frontale toutes les blessures qu’elle avait aperçu sur Natsumi.

Quand après plusieurs minutes de silence elle eût terminé, elle se releva, posa le dossier et le crayon sur le bureau, puis se retourna vers Natsumi.

« Il est temps de passer aux soins. »

Doucement, Hideko recula la chaise afin qu’elle ne puisse la gêner, puis elle posa une main douce sur le bras de Natsumi.

« Cela ne te fera pas mal. Les soins que je vais prodiguer vont aider ton corps à cicatriser et guérir plus rapidement. »

A nouveau, elle la fixa dans les yeux, d’un air apaisé.

« Prête ? »

Puis, quand elle eût répondu, Hideko commença.

Il fallut au total plus de vingt minutes pour qu’elle eût terminé de passer sur la quasi totalité de son corps, le chakra vert si caractéristique de l’Iroujutsu formant un halo chaud qui passa au-dessus de sa chair, apaisant ses douleurs, refermant ses plaies.
Tout du long, elle put voir la difficulté qu’avait Natsumi à se laisser ainsi faire, à s’allonger, se présenter ainsi sans défense face à quelqu’un qu’elle ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve. Pourtant, ses paroles réconfortantes et autoritaire avaient su la mettre en état de coopérer.
Hideko, quand elle eût terminé, avait une respiration lourde, cherchant l’air, essoufflée par la concentration et l’énergie que lui avait demandé un tel effort. Le visage serré, elle s’éloigna de Natsumi puis, l’espace de quelques secondes, ferma les yeux et calma sa respiration. Quand elle eût retrouvé son air, elle rouvrit les yeux, puis, fixa Natsumi, à nouveau.

« Pour terminer, je dois inspecter votre bassin. » Dit-elle avec beaucoup de détachement, comme le ferait tout personnel médical.

Pourtant, Hideko le savait : ce ne serait pas là une épreuve simple pour Natsumi. Aussi, elle renchérit, d’un air de défi.

« En êtes-vous capable ? »

La capacité… si Natsumi voulait aller de l’avant, elle devait accepter la souffrance, la combattre, la faire sienne. A travers cette épreuve, Hideko comprendrait où se situeraient ses limites et ainsi le chemin qui lui resterait à parcourir jusqu’à ce qu’enfin elle ne se libère de son passé.

Un passé dont elle-même n’était pas encore libéré.

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Harusame Natsumi
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Dim 20 Mar 2022 - 23:22




Ne l’oublie jamais…

Un premier pas. Un ancrage. Des chaînes brisées, un maillon à la fois.

J’aurais pu jurer, à cet instant, que le temps lui-même s’était arrêté, se prolongeant sur une petite fraction d’éternité. J’aurais pu jurer qu’il n’y avait plus, dans cet univers, que ses mots, que son sourire bienveillant, qu’une intime connexion entre nos passés respectifs et nos réflexions les plus profondes. C’était si… étrange, si irréel : cette femme avait lu en moi comme en un livre ouvert.

J’eus un frisson. Un léger malaise face à cette réalité.
L’écho déjà tamisé de voix, à l’extérieur de la pièce, parut tranquillement se dissiper, s’échouer en un murmure à peine audible. Une brise éteinte, étouffée. Seuls mes propres battements cardiaques rythmaient à présent le monde comme des tambours à mes oreilles, sans jamais vouloir s’arrêter.
La pièce s’était vidée de toutes formes concrètes, discernables, pour emprunter l’apparence du vide : un flou à la fois coloré, et terne, chaleureux, mais distant. Une bulle inviolable, sinon par ce pourpre agissant tel un aimant dont je ne pouvais me soustraire, duquel je ne pouvais que m’imprégner. Un pourpre animé d’une flamme, un brasier brûlant vigoureusement pour chasser petit à petit la brume qui obscurcissait encore mon esprit tourmenté, tel un phare dont la lumière perçait l’obscurité, dont les rayons bravaient la tempête pour mieux guider les navires à la dérive jusqu’à bon port. Un feu qui, dans sa fureur, semblait vouloir se propager en moi et m’emporter sur des horizons encore inexplorés… Là où l’aube ne pouvait que poindre.

Face à celui-ci, mes traits s’illuminèrent à nouveau, mais mon regard, lui, ne put en supporter davantage, et s’échoua en contrebas, lorgnant le sol en une énième fuite, avant de se redresser, courageux, pour se fixer définitivement dans celui de la doctoresse. À l’image des prunelles de l’Eisenin, mes pommettes prirent brièvement une toute autre teinte tandis que je jouais, de mes doigts, avec ma propre nervosité. Je n’avais pas honte, non, pas du tout. Pas du tout. J’avais simplement été ébranlée par sa clairvoyance, touchée par une compassion que j’avais peu connue depuis mon départ malheureux de Kumo.
Je lui souris sincèrement, cette fois, en guise de réponse. Le sourire d’une gamine que l’on venait de réconforter, en pleine nuit, après un horrible cauchemar. Mais ce mauvais rêve n’était pas terminé pour autant…

Lorsque la kunoichi en eût fini avec ce que je jugeai être mon dossier, celle-ci revint à la charge, brandissant un nouveau défi, une nouvelle épreuve sous mes yeux. J’acceptai cette fois-ci sa main, posée contre mon avant-bras, non sans la contempler, un brin dubitative, tandis qu’elle s’attardait à me rassurer quant à la suite de ses interventions. Le signal de départ, que j’acceptai d’un bref hochement de tête, annonça dès lors le retour de l’angoisse, me saisissant à la gorge.

Allongée contre le brancard, tous mes maux, tous mes démons, tous les monstres difformes reprirent vie pour assiéger mes pensées, guettant le moindre faux pas du médecin, cachés sous la table d’auscultation, pour m’engloutir à nouveau.
Mes paupières se fermèrent, me coupant de ce monde dangereux. Ma respiration se fit saccadée.  Je ne pus réprimer ni tremblements, ni soubresauts face à cette menace potentielle, cette épée de Damoclès pendue au-dessus de ma tête, faisant néanmoins fi de toute envie de fuir, de mordre la main nourricière, pour me concentrer sur ce qui importait réellement à cet instant : la disparition de la douleur, chassée par la force du halo vert, ainsi que cette chaleur qui enveloppait chaque parcelle de chair blessée. Braver la souffrance, pour mieux l’éloigner.
Là où les stigmates s’accumulaient, il y eut d’abord un léger picotement inoffensif, se muant ensuite en engourdissement discret pour, enfin, s’évanouir dans le néant. Ma respiration se calma, se fit plus régulière. Mes muscles, crispés de prime abord, se détendirent sur la civière. Et, comme libérée d’un poids accablant, je ne pus contenir plus longtemps mes larmes.

« M… Merci… soufflai-je timidement, entre deux sanglots. Je…  »

Cette épreuve, à mon grand regret, en dissimula une autre. Pire que toutes les précédentes. Hideko n’avait visiblement pas dit son dernier mot dans cette affaire, malgré son souffle court.
Sa déclaration me percuta de plein fouet, telle une vague déchaînée me balayant pour m’entraîner vers d’obscures abysses. Je me redressai d’un bond, paniquée.

« M… Mon… ba..? m’étouffai-je presque. M… Mais… Mais, pourquoi? J… Je n’ai pas besoin de… Je… Je vais bien. Je… »

Elle ne lâcha cependant pas le morceau et poursuivit, défiante, lançant sa question à la manière d’un hameçon pendu au bout de sa canne à pêche de doctoresse. Allait-elle pour autant obtenir sa prise? Rien n’était moins sûr.

Mes jambes se resserrèrent fermement, pour mieux se blottir contre mon abdomen. Mon dos retrouva la froideur du mur, derrière moi, et mon visage, les traits livides d’une enfant apeurée, d’un animal blessé face à son prédateur. Aussi d’une voix minuscule, demandai-je simplement :

« V… Vous… N’allez pas me faire d-de mal, n’est-ce pas..? »

La tête basse, le regard ancré au sol, mon corps recroquevillé semblait se bercer tandis que je jaugeais ma capacité à surmonter les limites imposées par mon passage aux enfers...
L’univers, autour de moi, retrouva peu à peu son caractère étrange, distant, tordu. Comme si je n’appartenais plus à ce dernier. Comme si mes membres n’étaient plus miens.

« Je… »

Je secouai la tête, vaincue. C’était trop tôt, et pourtant…

« Je… A… Allez-y… »

Sur mes pupilles, un voile opaque, toute vitalité disparue. Le retour au sein d’un passé de servitude, où je ne m’appartenais plus. Où toutes mes actions et réflexions étaient régies par… Elle.

« ...Lieutenant... »

Le phare s'était-il à nouveau éteint..?


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Metaru Hideko
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Mar 22 Mar 2022 - 22:07

Son sursaut et la panique qui se lit dans ses yeux le prouva, mais c’était bien normal.

Hideko ne fut aucunement surprise de la voir ainsi courber l’échine, poser genoux à terre et redevenir la gentille petite fille obéissante qu’elle fut tant d’années durant. Une fille qui devait brûler pour laisser place au dragon qui se cachait en elle, se consumer et nourrir cette flamme qui ne demandait qu’à briller de mille feux. Un feu qui n’était encore qu’une flammèche. Hideko soufflait avec patiente et habileté sur ces braises, les nourrissants, les dorlotant.
Elle se souvint de l’époque où elle était à la place de Natsumi, comment elle se sentait. Ce vide, cet abyme insondable dans lequel elle ne cessait de chuter. Plusieurs fois par jour, elle devait escalader ce précipice, dans lequel elle retombait aussitôt. Puis elle cessa d’y chuter toutes les heures, tous les jours et maintenant, elle cessait tout simplement de s’y engouffrer, car ce vide ne la dominait plus : elle le dominait.
Porter ce fardeau seule l’avait tant pesée, tant fait souffrir. Elle se souvenait à quel point elle espérait trouver un mentor, une figure en laquelle elle pourrait avoir confiance, qui pourrait la guider, l’aider à traverser ces étapes.
Il n’en fut rien.
Natsumi, elle, avait cette opportunité, car en face d’elle se tenait Hideko, ange aux cheveux argentés qui cachait au fond d’elle-même un dragon, prêt à tout engloutir dans les flammes, à faire sien le monde tout entier. Natsumi viendrait à elle, oui, cela ne faisait aucun doute et quand ce jour se présentera, elle lui tendrait la main, cette main qu’elle aurait tant voulue trouver à cette époque. Cette main contre laquelle elle aurait tout donné.

Hideko fixa ces yeux qui disparurent sur le sol, laissant place à cette chevelure emmêlée, asséchée. Son corps se recroquevilla, dans cette coquille qui lui donnait une fausse impression de sécurité, dans cette illusion, cette prison dans laquelle elle retourna s’enfermer.
Vaincue, Natsumi secoua la tête, refusant ce nouveau combat, se contenant de s’y soumettre. Hideko se releva, puis s’abaissa, posant un genou sur le sol, avant de saisir son manteau à l’aide de son index et de son majeur, comme elle l’avait fait auparavant. Cette fois-ci, elle n’usa d’aucune force, se contentant d’encourager la jeune femme à relever la tête, à la regarder les yeux dans les yeux, à se plonger dans son regard, à sonder son âme.

« Ne te soumets pas. » Dit-elle avec conviction.

A nouveau, elle la tutoya, comme si le mur qui les séparait avait disparu, laissant place à deux âmes qui, par leur passé commun, leur tragédie partagée, communièrent ensemble.

« Si tu acceptes, c’est parce que tu le veux, pas parce que tu refuses le combat. »

La flamme allait se rallumer ?

« Ce lieutenant qui t’effraie tant, doit être ta motivation pour t’en sortir. Cette figure que tu haies du plus profonde de ton être, que tu admires, qui te terrifies, doit être ta cible. Tu dois te battre pour devenir plus forte, te battre pour te libérer. Te battre pour ne plus jamais revivre cela. »

Hideko jaugea la femme qui se tint devant elle, puis posa à nouveau sa question.

« En es-tu capable ? »


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Jeu 24 Mar 2022 - 23:46




                        Elle était, en somme, le triste résultat d’une succession de traumatismes. Comme une poupée de porcelaine brisée, rafistolée avec du ruban adhésif… afin de mieux servir celle qui s’imposait en maîtresse de son destin.

Les doigts de l’Eisenin rencontrèrent à nouveau la courbe de mon menton, s’y glissant doucement pour m’encourager à lui faire face, à dominer l’épreuve plutôt qu’à m’y abandonner sagement. Je figeai d’abord, frisonnant ensuite, incapable de plus, incapable d’affronter la peur qui m’assaillait; celle du châtiment potentiel, d’un autre sévice. Il n’en fût pourtant rien.
Je relevai alors un regard timide, celui d’une gamine effrayée osant à peine franchir le pas, plissant les paupières face au feu qui m’éblouissait. Pourquoi ne me frappait-elle pas? Pourquoi ne se mettait-elle pas en colère? Pourquoi…
Mes yeux s’écarquillèrent : cette femme, à la chevelure immaculée, n’était pas Jun. Et sa voix, vibrante de détermination, de conviction, vint définitivement rompre le silence étouffant qui s’était abattu sur la pièce asphyxiant mon courage, asphyxiant ce brasier naissant.
Ses mots, je ne les compris point sur le coup; mais ils agirent néanmoins tel un coup de poing porté à mon visage.

« Q… Quoi..? »

L’emprise de mes bras, sur mes jambes resserrées, se relâcha. Je me réfugiais plutôt dans ce pourpre, jaugeant les intentions de la kunoichi. J’y plongeais cette fois-ci de mon plein gré, en quête de cette force qui la maintenait debout malgré la tragédie. Pourtant, dans ces miroirs, je ne vis cette fois-ci ni flammes, ni lumière pour me guider à travers la pénombre : il n’y avait qu’une jeune femme, à la chevelure mêlée, soumise à la peur…  

Qu’aurait pensé l’ancienne Natsumi, de mon état pitoyable?  Celle qui savait tout autant faire preuve de mordant ou de ténacité qu'afficher son plus beau sourire face à l’adversité. Cette jeune femme qui, debout sur sa prothèse, avait tenu bon contre vents et marrées, malgré ses blessures et ses démons. Celle qui avait répliqué violemment à Joo Jun et bravé le moindre de ses ordres avant d’être réprimée, tourmentée, puis fracassée, telle un bout de verre, en mille-et-un morceaux tranchants qu’on avait bien vite recollés en un semblant de soldat obéissant, docile, servile… Oui, qu’aurait-elle dit?

Tu as le droit de choisir, Natsumi.
Si tu acceptes, c’est parce que tu le veux.

Mes lèvres se pinçèrent. Les larmes me gagnèrent. La douleur était palpable, brutale tel un coup de poignard contre ma poitrine. J’avais cette étrange impression de bouillir. Que chaque muscle, chaque tissu de mon organisme allait se déchirer, se rompre sous la pression. Comme un couvercle que l’on retient contre une marmite d’eau en ébullition, je ne pus que contracter mâchoire et poings pour faire face au déluge. Mais rien n’y fit…
Les paroles de Hideko faisaient encore écho à mon esprit, et d’autres vinrent rapidement les rejoindre, accentuant toujours plus mon ressenti… jusqu’à atteindre l’implosion.

Il y eut une déglutition laborieuse. Une sorte d’oppression, dans mon inspiration. Et en une parfaite synchronie, ma dextre emprisonna avec fermeté les doigts de l’ange aux mèches d’argent tandis que je libérais, en une moue pleine de dégoût et de mépris pour ce monstre qui se dissimulait dans l’ombre, un peu de cette fureur contenue au fond de moi.

« J… Je… Je veux la tuer… Je veux la faire souffrir, déclarai-je, d’une voix brisée. Je… »

Mes iris se plongèrent à nouveau dans ceux de Hideko, naviguant entre la rage et la peur. Je resserrai un peu plus ma poigne sur sa peau. Ma geôlière m’observait toujours, quelque part derrière…

« Je… Je veux changer. »

Surprise par ma propre intensité, le malaise me submergea. J’eus envie de délaisser la connexion établie avec cette mentor en devenir pour le confort illusoire du sol, mais n’en fis rien : la chaleur des flammes m'apparaissait désormais bien plus attrayante que la froideur de cette prison.  

« Je… J… Je peux le faire… Je… Je crois… »

D'une main tremblotante, je vins me délester du reste des vêtements protégeant mon intimité, puis repris place, non sans un effroi me glaçant le sang, dos contre la civière.
La combativité rencontrant la terreur. Rien n’était encore gagné, de toute évidence. La route s’annonçait longue et parsemée d'embûches, de ratés, d’épreuves à surmonter. Rien qu’une simple déclaration ne pouvait changer, au premier regard.

Mais les bases d’un renouveau venaient néanmoins d’être posées. 

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Sam 26 Mar 2022 - 19:09

Et Natsumi le fut, car la jeune femme parvint à se saisir de son courage, à se battre jusqu’au bout. La finalité de cette première rencontre prenait forme : la petite fille brisée se muait en femme, en guerrière. Les faibles braises qui peinaient à rester vives nourrissaient en cet instant sa flamme, source de toute vie. Une flamme qui n’était encore que flammèche, qui deviendrait bientôt brasier.

Les yeux dans les yeux, Hideko put apercevoir un iota du torrent de sentiment qui s’abattait en elle : doute, colère, souffrance et rage. Pourtant le doute subsistait toujours, un doute qui ne la quitterait jamais. Un doute qui pouvait lui permettre de prendre du recul autant que d’échouer. Un ami autant qu’un ennemi. Un élément qu’elle devait apprendre à contrôler, à utiliser, à faire sien.

« Je ne le crois pas, j’en suis certaine. » Répondit-elle à la dernière injonction de Natsumi.

Sur ces mots, avec grande peine, Natsumi parvint à se dévêtir entièrement, découvrant ainsi son corps nu, sans défense, aux yeux de Hideko. L’eisenin ôta sa main du menton de Natsumi, puis se releva et recula, laissant faire sa patiente. Elle l’observa avec attention, sans afficher d’émotions ni de sentiments.

Quand Nastumi eût terminé, Hideko l’ausculta, puis, à nouveau, alla vers le bureau, s’approchant du dossier qu’elle avait posé là quelques instants plus tôt. Se penchant légèrement, elle se saisit du crayon et y annota de nouvelles observations, puis elle prit un temps de réflexion, portant le crayon à ses lèvres, le mordillant quelques secondes, avant d’ajouter de nouvelles précisions.
Le dossier complété, elle l’abandonna à nouveau et revint vers Natsumi.

« Je commence. »

Hideko exécuta à nouveau des signes et sur ses mains apparurent un halo vert, apaisant, chaleureux. Elle approcha ses mains de la hanche droite de Natsumi et commença à la soigner, évoluant ainsi sur son bassin jusqu’à terminer sur sa jambe gauche.

« Pouvez-vous vous retourner ? »

Avec grande peine, Natsumi s’exécuta, la terreur toujours inscrite sur son visage, une terreur à laquelle Hideko ne réagit pas, car il n’y avait rien de plus à faire que ce qu’était en train de faire Natsumi : la combattre.

A nouveau, elle commença par la hanche droite, puis passa au-dessus de ses muscles fessiers, terminant sur sa hanche gauche.
Hideko ferma les yeux, prenant un temps pour se poser, respirer et apaiser son flux chakratique, perturbé par toute l’énergie qu’elle venait ainsi de dépenser. Quand elle eût retrouver un semblant de calme intérieur, elle rouvrit les yeux, puis se recula légèrement.

« Natsumi. »

D’une voix neutre, elle appela la jeune femme qui se tourna vers elle, posant son poids sur son avant-bras droit, la peur inscrite sur son visage. Pourtant ce fut à nouveau un sourire chaleureux qui vint l’accueillir. 

« C’est terminé, bravo. »

Des félicitations, rapides, brèves, mais les mots en cet instants ne comptaient que peu. A travers son visage, ses expressions et son corps, transparaissait la fierté qu’elle éprouvait envers cette jeune femme, car Natsumi avait réussi là où elle avait échouée. En un jour, Natsumi venait d’accomplir ce qu’elle avait mis un an à accomplir.

L’heure n’était cependant plus aux encouragements, ni aux félicitations, mais au repos.

« Je vous laisse vous rhabiller, ensuite je ferai à nouveau entrer Minako pour la prévenir de la situation. Une infirmière viendra aussi vous conduire jusqu’à la chambre où vous resterait pour vous reposer cette nuit.  »

Hideko se tourna, faisant dos à Natsumi pendant qu’elle se rhabillait et lui laissant ainsi le peu d’intimité qu’elle pouvait lui donner. Pendant ce temps, elle s’approcha une dernière fois du bureau, se saisissant du dossier, le relisant rapidement afin d’en mémoriser ses notes.
Quand elle entendit que Natsumi avait revêtit les vêtements propres qu’elle lui avait amené, elle se retourna vers elle. Ses yeux se posèrent sur les morceaux de tissus, habits usés que portait jusqu’alors Natsumi.

« Je vous laisse décider ce que vous voulez en faire. » Dit-elle d’un mouvement de tête en direction de la pile.

Puis elle laissa pendre son bras droit, la main chargé des précieuses informations. Ses yeux pourpres évoluèrent jusqu’à Natsumi, la fixant à nouveau. Elle resta ainsi silencieuse plusieurs secondes, stoïque. Pourtant, au fond d’elle même, Hideko hésitait, craignait : un refus, un rire, une fuite. Avait-elle le droit d’agir ainsi ? Avait-elle la prétention de pouvoir le faire ?

Hideko ferma les yeux. Soudain, elle rit, expulsant l’air de son nez, reculant légèrement la tête. Elle inspira, expira. Quand elle rouvrit les yeux, elle fixa à nouveau Natsumi.

« J’habite à la limite entre la basse ville et la place du marché, près de l’auberge du poney fringuant. »

Une information, simple, sans aucune attente. Une porte ouverte qu’elle laissa là à la disposition de Natsumi, une opportunité qu’il n’appartenait qu’à elle de se saisir, ou de rejeter.

Son devoir ainsi terminé, Hideko avança vers la porte. La main gauche se saisit de la poignée, la tournant d’un quart de tour et la tira vers elle, dévoilant ainsi le monde extérieur. Tous ses sens s’ouvrirent à ce nouveau monde, son odorat qui sentit là l’odeur si particulière d’un patient malade et son ouïe qui se balada, écoutant ci-et-là les appels, à l’affût de la moindre urgence.
Juste à gauche se tenait Minako, qu’elle interpella aussitôt le pas de la porte passé.

« J’ai terminé avec Natsumi. Je vais demander à une infirmière de la transférer dans une chambre, seule, où elle pourra se reposer pour la nuit. »

Ce n’était là nulle proposition : elle informait Minako d’une décision déjà prise, d’un engagement ainsi respecté. La main droite fermement serré sur cette rencontre entre le passé et le présent, un miroir d’elle-même, du chemin parcourut, elle attendit sa réponse.

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Zaiki Minako
Zaiki Minako

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Sam 26 Mar 2022 - 19:39
Pourquoi le garde-tu ? Tu sais en pensant toujours à d’où vient ce chapeau, tu pourrais plonger dans ces ombres qui vont te mener à ton hiver éternel.

Je ne vois pas comment, tout ce que je sais c’est que quoi qu’il arrive, je veux protéger la patrie en collectionnant tout ce qui peut avoir un rapport avec l’onkyoton, en privant les autres utilisateurs de cette capacité d’apprendre des partitions dangereuses. Et ce qui fait ma force n’est pas mon couvre-chef… Tu le sais aussi bien que moi, sans cœur on n’a pas de but. Sans mon cœur, je ne vaux pas plus qu’une merde.

Oh oh, je te reconnais bien là, mais tout de même, prend garde…


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Prend garde à ne pas dériver. Comme tu le dis si bien, il faut équilibrer la raison, le cœur et les tripes. Tu m’as tout l’air de te cantonner sur le passé, on dirait presque que tu l’admire et voue un culte en sa personne…

NON. Je le déteste, il ne méritait pas de vivre, il… n’était qu’un putain de monstre. Il a détruit ma vie d’artiste.


Minako prit le chapeau, sort quelques instants de la pièce pour aller aux toilettes, serre le couvre-chef dans sa main, jusqu’à ce qu’une flamme aussi grande que la tête de la demoiselle embrase l’objet, le réduisant en cendres. De part sa volonté grandissante, elle montre ainsi un fait ô combien important. La chanteuse fut intriguée par ce personnage ô combien puissant mais également dangereux, et surtout pour savoir comment l’aider afin qu’il soit une meilleure personne pour la sécurité du village.

Et ce duel qui, au final, de part les viles cicatrices sur le corps de la jeune femme, lui a fermé des portes dans différents bars alors qu’elle était connue pour y faire le tour pour sa voix. Elle se souvient très clairement de Monsieur Sato qui était venu dans sa chambre d’hôpital pour faire un caca nerveux sur son apparence, selon lui répugnante, la renvoyant ainsi de son bistrot dans lequel elle était appréciée des clients pour ses chants.

Ses espoirs sont, comme pour le chapeau, réduit en cendres. Cependant, la flamme montrée à son esprit ancestral témoigne de sa volonté d’être meilleure car Minako était heureuse d’avoir pu prêter sa voix lors du concert lors des duels contre les pirates. Elle se souvint qu’elle a réussi à donner du bon temps auprès du public, et ce aussi grâce à son bien-aimé. Car sans lui, la kunoichi aurai très certainement perdu tout espoir en temps qu’artiste. Yoko fit les gros yeux en voyant le spectacle que lui donna son héritière, quelque peu inquiète sur la raison pour laquelle celle-ci a enflammé son chapeau cette dernière repris.

« Je me sens beaucoup mieux maintenant que j’ai libéré cette flamme d’ondes négatives. Je vis pour protéger mes pairs, je ne peux pas avancer si je chouine encore sur ce qu’il s’est passé. Je ne peux que récupérer le positif de mes expériences et les améliorer. »

La demoiselle revint dans la salle d’attente, sans takegasa, et s’assied, attendant de savoir si Natsumi va bien et ce que Hideko peut lui dire à son sujet. Tout cela sans une once d’inquiétude, du moins pour le moment. Minako se demande si cette eisenin mérite sa place en ces lieux , aussi farouche soit-elle, car la banshee se souvient très bien que la belle blonde ne l’a pas écouté en ce qui concerne les soins sur le Nara.

“ Tu semblais hésitante ce jour-là, mon amie. Que s’est-il passé pour que la vaillante guerrière soit si perdue ? Que s’est-il passé pour que toute la confiance que j’ai placé en toi s’envole, tel un papillon ? Seul l’état physique dans lequel Natsumi sera à la sortie de la salle de soin me permettrait de me rassurer ou non à ton sujet. ” pensait Minako alors que la porte de la salle de soin s’ouvrit d’un coup, attisant sa curiosité. Elle pu voir l’eisenin à la chevelure argentée l’interpelant, lui donnant l’information au sujet du repos de Natsumi pendant une nuit dans une chambre de l’hôpital, toute seule. La chanteuse du crépuscule montra pour une fois un visage illuminé, souriante, là où elle fut stoïque, semblant dotée d’aucune émotion, quelques instants plus tôt.

« Merci Hideko, c’est une excellente nouvelle ! » dit-elle de manière relativement heureuse devant la porte de la salle de soin. Cela dit, elle n’osa pas entrer pour voir la patiente, et décide de lui demander l’autorisation pour la rejoindre, de manière beaucoup plus posée, douce, d’un calme limpide.

« Natsumi-san, puis-je vous tenir compagnie quelques instants ?
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Metaru Akagi
Metaru Akagi

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Dim 27 Mar 2022 - 1:02

Sombre affaire, complication qu’il pressentait mais dont il n’imaginait encore pas complètement les ramifications. Le Metaru avait débarqué au Kyuubu en trombe après son départ de l’arche grise, cherchant le plus d’informations possible sur Natsumi Harusame. Il trouva rapidement l’adresse de ses parents, qu’il griffonna sur un bout de papier et glissa dans sa cape. Il continua ses recherches ouvrant plusieurs dossiers afin de parfaire les connaissances qu’il avait déjà. Assit à son bureau, il feuilletait le dossier de Kappa Tengoku. Alors qu’il lisait Akagi se prit d’affection pour ce jeune homme dont le courage semblait une caractéristique première. Il ferma les yeux alors qu’il lisait le passage de sa mort toute aussi héroïque que son existence fut brève. Dix neuf été, le dernier eu raison de lui. Dans la lutte contre l’homme au chapeau le Kumojin avait brûler sa lanterne face à l’ex-emperreur du Teikoku… Yamanaka Reï. Akagi souleva ses paupières, il savait que le jeune homme était mort pour une cause juste, mais cela ne rendait pas celle-ci plus douce ou normal à ses yeux. Natsumi ne l’entendrait sûrement pas ainsi non plus. Akagi se leva, il avait déjà assez tardé. L’homme marcha rapidement dans la salle du rez de chaussé du Kyuubu puis monta quatre à quatre les marches pour se rapprocher du bureau qu’il visait.

Arrivé devant la porte, il reprit son souffle et toqua respectueusement. Une voix s’éleva l’invitant à entrer. Akagi tourna la poignée et s’exécuta. Plongée dans sa lecture Nara Kesuke ne leva pas directement la tête, seule une main suspendue en l’air faisait comprendre à Akagi qu’il devrait attendre qu’il finît son office.

Le géant de métal croisa les bras et attendit sans broncher, quelques minutes défilèrent puis Kesuke leva les yeux vers lui sans prononcer d’autres mots l’invitant par ce simple geste à lui exposer la raison de sa venue. Tirant le fauteuil face au bureau du Nara, Akagi s’assit et méthodiquement expliqua la situation au chef de la police Kumojin. Ils discutèrent de longues minutes durant lesquels Akagi comprit que son instinct ne l’avait pas trompé, cette affaire nécessitait la plus grande attention. Kesuke prépara une missive pour le Raïkage et donna ses ordres à l’officier du clan Metaru à propos de la jeune Natsumi. D’un hochement de tête entendu, ce dernier quitta la pièce et le quartier général du Kyuubu.

La cape du fils du fer flottait dans son dos, alors qu’il regardait une nouvelle fois l’adresse marquée à la hâte sur un bout de papier. Le paysage kumojin défilait autour de lui sans qu’il n’y prêta attention, se focalisant entièrement à sa tâche. Plusieurs discussion difficiles l’attendait. Aucune ne le réjouirait, mais tel était son devoir. Tel était son fardeau, souvent le messager se voyait frapper par la haine des destinataires. La police portait entre autres cette lourde besace. Ce sac emplit de messages tristes qui leur tordaient les entrailles mais qu’ils devaient délivrer. Bien qu’Akagi se méfiait encore de Natsumi, l’innocence qu’il avait aperçu sur les traits de la kumojin de cœur durant son interrogatoire, entaillait son humeur tel un couteau alors qu’il s’imaginait briser ses espoirs plusieurs fois dans les heures à venir.

A destination le Metaru se figea, avant tout il se devait de prévenir les parents de la jeune Kunoichi de son retour. Un trait de bonheur dans cette journée lui ferait du bien, autre casquette que le Kyuubu portait et qui comme sur une balance assurait l’équilibre mental des policiers. En face de chaque accusation, de chaque larme, existait son opposé, le sourire et la gratitude des victimes apaisées. Akagi toqua et se présenta respectueusement à la famille de Natsumi. Il leur apprit la bonne nouvelle, des larmes et des cris de surprises furent les premières réactions, la mère de Natsumi alla jusqu’à le prendre dans ses bras. Le Metaru accepta et rendit l’étreinte brève de cette mère qui retrouvait son enfant.

Akagi devait avouer qu’outre le rayonnement de deux visages heureux, il était aussi venu chercher un baume. Il demanda aux parents de Natsumi de le suivre à l’hôpital. Les ordres qu’il avait reçu et la discussion qu’il aurait avec l’ancienne Teikokujin serait très difficile pour elle… Il espérait que la venue de ses parents l’aiderait à surmonter cette épreuve.

Devant l’hôpital Akagi s’arrêta avant d’entrer. Il se tourna vers les parents impatients qui le regardèrent les sourcils froncés interrogateurs, il leur demandait d’attendre. Le Metaru leur exposa une partie des informations qu’il traiterait avec Natsumi. Leur demandant de le laisser aller dans la chambre de leur fille seul pour lui apprendre son sort avant qu’ils ne le rejoignissent. Ils s’offusquèrent tout d’abord, mais le Metaru joua les persuada usant de leur sentiment expliquant qu’il valait mieux pour elle être triste puis réconforté que de voir son bonheur de les retrouver anéanti par les nouvelles qu’il lui donnerait. Ils entendirent son argumentaire mais le père de Natsumi ne semblait pas près à attendre avant de rejoindre sa fille, Akagi fit alors jouer son grade. Ajoutant la dernière couche nécessaire pour les convaincre que cette attente serait judicieuse. Il déplora cet acte mais n’avait d’autre choix. Enfin ils pénétrèrent dans le complexe scientifique et se dirigèrent vers l’Hôpital.

Le géant de métal demanda le numéro de chambre de Natsumi. Ils durent attendre quelques temps que celle-ci finissat ses soins, prodigués par Hideko apparemment. Cette information étonna Akagi, il ne savait pas que sa cousine avait appris l’art de l’iroujutsu. D’un autre côté depuis leur échange musclé du tournoi, il ne cherchait plus sa proximité. Il haussa les épaules et une fois que Natsumi fut disponible pour les visites, ils furent amenés devant sa chambre. Akagi fit signe à ses parents de rester en retrait et d’attendre en dehors comme ils l’avaient convenu. D’une main ferme, il tapa à la porte puis entra sans attendre.

Dans la salle se tenait Hideko, Minako et Natsumi qui venait de finir de se rhabiller. Akagi salua ses deux camarades Kumojin.

« Bonjour Hideko, Minako. »

Puis s’approcha du lit de la patiente assise sur celui-ci, elle semblait plus en forme et qu’importe ce qu’avait fait sa cousine, son travail semblait avoir porter ses fruits. Sa patiente ayant retrouvé des couleurs. Le Metaru haussa la voix une nouvelle fois.

« Hideko merci pour ton travail tu peux quitter la chambre, je te serais gré de quitter la chambre un instant. Minako, en tant que minareï tu peux rester, tu dois rester, Akagi se tourna vers Hideko afin de lui faire comprendre que sa demande n’était pas un caprice, je dois m’entretenir avec Natsumi. »

Le Metaru ne savait rien des liens précaires mais réelles qui s’était tissé entre Natsumi et sa cousine, sa demande se trouvait dicter uniquement par la pudeur. Il s’imaginait que la jeune femme serait dévastée des nouvelles qu’elle apprendrait et voulait lui éviter un embarras supplémentaire en limitant le nombre de personne autour d’elle, lorsqu’elle s’effondrerait. Akagi attendit donc que sa cousine quitta les lieux. Minako quant à elle devait voir ce qui allait suivre, il devait l’endurcir la préparer à annoncer le genre de nouvelles qu’il s’apprêtait à donner, son apprentissage passait par cette étape. Le Metaru se retourna vers Natsumi et s’approcha, la jeune femme assise sur le lit lui parut minuscule. Il la dominait de toute sa hauteur. Une fois à portée, il s’accroupit donc devant elle, afin d’avoir le visage au niveau du sien. Pour lui parler d’égale à égale et minimiser un possible sentiment d’oppression. Le Metaru l’avait analysé durant l’entretien, elle lui semblait sujette à l’angoisse. Enfin le fils du fer prit la parole, s’adressant directement à Natsumi :

« Harusame Natsumi, je suis content de voir que les soins qui t’ont été prodigué semble t’avoir rendu des couleurs… J’espère que ma cousine ta traitée avec douceur et gentillesse, comme elle sait si bien le faire… »

Akagi faillit pouffer sous sa propre boutade, il ne savait pourquoi, il ne put s’en empêcher, il savait que l’heure n’était pas à la plaisanterie mais s’imaginait Hideko au petit soin d’autrui lui paraissait incongru tant le dernier visage qu’il avait vu d’elle respirait la haine. Il reprit sérieusement :

« Malheureusement je ne suis pas là en tant que camarade mais bien pour des raisons officielles. Le village m’a remit sa décision concernant ton cas. »

Il se racla la gorge :

« Le village accepte ton retour en son sein… cependant tu es accueilli en tant que civil, tes fonctions et ton bandeau shinobi Kumojin ne te sont pas restituer pour l’instant. Ton appartenance au teikoku et ta disparition ainsi que tes retours inattendus doivent être analysé avec la plus grande attention. Ainsi tu seras suivi par un docteur spécialisé de l’institut pour s’assurer qu’aucun traumatisme ne t’a été infligé et valider un potentiel retour dans nos effectifs militaires. Jusqu’à nouvel ordre tu seras donc une civil kumojin. »

Akagi laissa quelques seconds passés pour que Natsumi digèra l’information puis précisa :

« Tu ne pourras donc effectués aucune mission, tu n’auras pas accès aux informations militaires et sensibles réservées au shinobi. Cependant l’accès aux terrains d’entrainement t’es autorisé aux fins de ton choix, pédagogie ou entrainement. »

Le Metaru s’arrêta une nouvelle fois, pour que la jeune femme lui fasse part de quelconques questions et y répondre avec clarté. Akagi ne pouvait lui dire toute la vérité, sa disparition et son retour entrainant un véritable maelstrom diplomatique qui nécessiterait potentiellement une action du raïkage. Il ne pouvait lui dire que sous la couverture de ce suivi médicale, se cachait surtout un espionnage de ses faits et ses gestes pour s’assurer que l’ennemi ne l’avait pas retourné. Le forgeron répondit à toutes ses questions, restant amical offrant des détails importants mais ne dévoilant pastoutes la vérités de l’affaire sans laisser l’ombre d’un doute planer dans son discours. Enfin la partie la plus douloureuse arrivait, Akagi se prit à hésiter. Il voyait que ses premières annonces avaient déjà entamé l’enthousiasme de Natsumi. Il secoua la tête, toujours accroupi, il devait arracher se pansement :

« Natsumi.. concernant Kappa Tengoku. Tu souhaitais que nous l’informions de ton retour. Je… Je suis au regret de t’informer qu’il est tombé au combat… Durant la lutte contre l’homme au chapeau, il a succombé face à Yamanaka Reï… Je suis désolé. Toutes mes condoléances. »

Akagi recula après lui avoir annoncé cela, il savait déjà. Oui, il savait. Il ne pourrait lui la réconforter, incarnant l’oiseau de mauvais augures désormais aux yeux de Natsumi. Il recula et s’approcha de Minako pour qu’elle aille chercher les parents de la jeune femme.
Ils entrèrent, quelques secondes plus tard, suivi de la minarei dans la chambre et se jetèrent sur leur fille. Akagi se tenait dans un coin muet et interdit. Rien dans tout cela ne le réjouissait mais il ne s’éclipserait pas comme un couard, il subirait la tristesse qu’il avait engendré malgré lui et quitterait les lieux quand il serait sûr que son assistance ne serait plus nécessaire.



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Harusame Natsumi
Harusame Natsumi

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Lun 4 Avr 2022 - 3:52




Mise à nue, dépossédée de toute armure, que me restait-il pour faire face aux monstruosités issues de mon passé?

Car sur ce champ de bataille aux allures de brancard, le combat faisait toujours rage. Un combat auquel je ne pouvais me soustraire. Une lutte intérieure acharnée contre maux et démons, pour repousser la souffrance et la peur, pour les dominer. Des ennemies d’aujourd’hui, des alliées de demain; les éléments nécessaires pour rallumer une flamme qui ne demandait qu’à s’élever toujours plus haut vers les cieux.

Les paupières closes, mes poings s’agrippaient avec fermeté aux bordures de la civière comme ils s’agrippaient aux seules armes encore en ma possession : la fureur, la détermination, le courage. Celle que je nourrissais envers le crocodile, dont je m’abreuvais pour grandir, qui m’inspirait à braver l'obscurité.  

La première étape complétée, la seconde s'en suivit et lorsqu'elle appela enfin mon nom, je compris que je venais, là, de franchir un pas important dans mon parcours.

Les félicitations, bien que brèves, transformèrent la peur ayant sculpté mon visage en un sourire sincère, tandis que je posais de plus belle ma tête sur la table. Je soupirai, les yeux humides, les fermant une seconde pour savourer un peu plus cette impression d'être libérée d'un poids incommensurable. Lorsque je rouvris les yeux, l'image fut des plus agréables.
Chez Hideko, tout indiquait la fierté. Une fierté que je pouvais, moi aussi, pleinement ressentir à présent. Comme de minuscules papillons, virevoltant ici-et-là dans mon estomac. Je pouffai légèrement. Cette sensation, je ne la connaissais plus depuis si longtemps. Ça chatouillait un peu...

La récompense vint rapidement. Et je ne me fis pas prier d'en profiter : sitôt les indications données, j'acquiesçai d'un mouvement de la tête, et pris entre mes doigts les vêtements propres posés à proximité que j'enfilai sans attendre, profitant de ce bref moment d'intimité que m'avait offert la soignante. Ceci fait, Hideko se retourna, jaugeant les restes de ce qui avait composé mon quotidien vestimentaire des derniers mois : un uniforme impérial répugnant, terni autant par le voyage éprouvant que par les souvenirs cauchemardesques de cette infernale mésaventure.

La sentence que j'allais lui imposer ne laissa place à aucune hésitation :

« Les brûler. Lâchai-je, presque furieuse. Je… Je veux qu'ils disparaissent. »

La finalité de cette première rencontre fut davantage confuse à mon esprit. Un long silence, un rire dont je ne compris pas la signification, une invitation à peine voilée. Une main tendue, une porte laissée grande ouverte à laquelle je voulus réagir, trop peu, trop tard, tendant la main vers cette femme qui, déjà, s'éloignait pour ne pas revenir.

« Euh..! Hi… Hideko, je… euh… »

Ces balbutiements de voix hachurée par l’émotion ne parvinrent jamais aux oreilles de ma bienfaitrice, s’échouant plutôt aux confins de la pièce dans laquelle je figurais en solitaire, absorbée par le silence y régnant, étouffée sous les échos parvenant du corridor. J’espérais réellement que mon chemin allait recroiser celui de cet ange aux cheveux d’argent qui avait marqué au fer rouge mon imaginaire, qui avait su, ne serait-ce que par un doux souffle, ranimer cette petite flamme cachée au fond de moi.

« M… Merci… »

Je souris, malgré moi. Mon attention se reporta dès lors sur la paume de mes mains ouvertes face au plafond. Celles-ci allaient devoir travailler d’arrache-pied, si je voulais me hisser jusqu’au sommet de cette montagne. L’ascension ne serait pas sans défis, ni heurts, mais je pouvais désormais compter sur un guide, et sa lumière, afin de mieux discerner les obstacles qui oseraient se dresser sur cette route risquée, cahoteuse. Je me sentais capable d'affronter l'avenir. Je voyais enfin une première lueur d’espoir à l’horizon.

Mais la réalité était souvent brutale, cruelle. Aussi sadique que cette ancienne geôlière. Je croyais l’avoir appris à mes dépens…

Je me trompais.

Une voix, ne m’étant pas inconnue, me soutira d’un coup à mes réflexions. Je sursautai. Près de la porte, hors de mon champ de vision, la kunoichi qui m’avait suivie jusqu’ici demandait la permission de me tenir compagnie. Une bien étrange demande, au ton opposé à celui tint jusqu’à présent, qui me laissa d’abord perplexe, envahie par une méfiance que je vins rapidement chasser d’un hochement de tête.

« Hmh-Hmh. O-Oui, b-bien sûr… »

Un détail me fit tiquer lorsqu’elle pénétra dans la pièce, sans que je ne puisse mettre le doigt sur celui-ci. Quelque chose me paraissait… différent, chez elle, en dehors de son attitude. Mais plongée dans cet état d’épuisement qui était le mien, je me délaissai bien vite de cet élan de curiosité pour laisser libre court aux questions qui me brûlaient désormais les lèvres. J’avais besoin de réponses si je voulais enfin trouver le repos.

« Officier, euh… Hm… Mes doigts gagnèrent le confort de ma nuque tandis que je m'empourprais. À travers toutes ces épreuves successives, j’en avais malheureusement oublié son nom. V-Vous pensez que… Je... Je pourrais rester ici p-plus d’une nuit? J-Juste q-quelques jours de plus… Ce serait… p-possible? »

Il y avait peut-être là une chance de la revoir. De la contempler davantage. Cette force envoûtante. Cette flamme. Ce pourpre. La seule personne en mesure de me comprendre, outre ce panda que j’aimais tant.

Lorsque le verdict tomba, je poursuivis aussitôt sur ma lancée, revenant à la charge d’une voix cette fois-ci timide.

« V-vous pensez que… Que je p-pourrais bientôt voir Teng— »

À son tour, un second visage connu fit irruption dans la pièce, saluant l’une après l’autre celle qui s’appelait, en vérité, Minako, ainsi que la doctoresse, à qui il demanda respectueusement de quitter les lieux, prétextant qu’il devait s’entretenir avec moi. C’était Akagi. Et sa venue, j’en avais peur, ne présageait rien de bon.

Je devins tout de suite plus anxieuse, me dandinant légèrement sur la table d’auscultation tandis que mes prunelles ne le lâchaient pas d’une semelle, suivant sa silhouette comme si ces dernières avaient repéré, avant moi, une menace potentielle à mon encontre.
Il s’approcha d’abord, muet comme une tombe, me dominant de toute sa hauteur, offrant une vue sur sa musculature saillante. Mon corps, malgré lui, se recroquevilla petit à petit. Ce que je me sentais petite et faible, au-devant d’un tel géant.

Ma gorge se serra. Ma déglutition se fit laborieuse. Ma respiration, un peu plus saccadée qu’auparavant. J’aurais tout donné, à cet instant, pour fuir les lieux à toutes jambes, mais mon corps, paralysé par l’angoisse, ne répondit pas à ce souhait, préférant s'écraser face à l'officier. Arrivé à proximité, il vint finalement se positionner à ma hauteur, avant que sa voix ne rompisse le silence oppressant qui s’était infiltré dans la pièce, à ses côtés.

Si ses premiers mots surent m’arracher un pâle sourire, mais un sourire tout de même, la suite força aussitôt un retour dans un état de tension à la limite de ce qui était humainement supportable. Mes iris jonglèrent nerveusement entre son visage impassible et la silhouette de l’autre kunoichi, restée en retrait dans un coin de la pièce.  
Quelle décision? De quoi pouvait-il bien s’agir? Qu’est-ce que cela signifiait? Ne m’avait-on  pas ouvert les portes du village..?

Un raclement de gorge plus tard, je compris.
Et le monde perdit un peu plus de ses couleurs.

Chaque parole prononcée fut telle une nouvelle gifle, une douche froide de plus sur mes aspirations, mes espoirs, sur cette flamme vacillante. Si l’ancienne moi comprenait les raisons derrière cette prise de décision, ce n’était point le cas pour celle qui écoutait aujourd’hui, impuissante, le destin lui tomber sur la tête. Je n’étais, à partir de ce jour, et jusqu’à nouvel ordre, plus shinobi…
Je sentis dès lors la frustration me gagner, mes poings se serrer. Ma mâchoire se crispa.  La douleur, réprimée au mieux, fut d'autant plus vive. La poupée brisée, dépossédée de ses bandages, n’était plus qu’un amas de cassures, aux rebords tous plus tranchants les uns que les autres. À quoi bon continuer, à présent, pensai-je en moi-même. Les conseils de Hideko ne faisaient plus de sens. Plus rien n'en faisait.

« Je… Je vois… dis-je, simplement, toute vie arrachée à ma voix. Je peinais encore à mettre de l'ordre dans mes pensées. M… Mais… Je… Je n'ai pas besoin d'un spécialiste. Je… Je vais bien… T-Tout va bien… Je vous l'assure. »

Aucune question n'émergea de ce chaos intérieur. Tout se bousculait dans ma tête à une vitesse bien trop importante. Des vagues d'émotions et de sentiments contradictoires s'entrechoquaient avec fracas, et prisonnière de ce raffut, je ne voyais plus qu'une seule issue : nier en bloc, fuir la tourmente, l'entasser en un coin sombre pour l'oublier à jamais. À vrai dire, je voulais uniquement dormir…

Seulement, Akagi n'en avait pas encore terminé.

Le nom de mon coéquipier et amoureux s'immisca dans la suite de son propos, soulevant à nouveau mon intérêt, en même temps que mon regard se relevait pour se plonger dans les yeux du Metaru trop hésitant à mon goût. Mes lèvres tremblaient. Au creux de ma poitrine, mon petit cœur s'emballait déjà à l'idée de le voir surgir, derrière la porte, un large sourire imprimé sur son visage.
Mais la porte demeura fermée.

Il ne viendrait jamais.

Je clignai des yeux à quelques reprises, secouant doucement la tête. Mes lèvres elles-mêmes furent prises de légers soubresauts. Tout semblait ralentir.

Et le monde perdit un peu plus de sa saveur.

« Je… Q… Quoi..? »

Je n'y croyais pas une seule seconde. On me mentait. On me cachait la vérité. Cela ne faisait aucun doute.
Mes sourcils se froncèrent. La colère creusait ses sillons à même mes traits durcis par cette fausse nouvelle. Je n'y croyais pas, non. C'était impossible. C'était impossible… Je n'en croyais pas un seul mot.

« V… Vous me testez, c'... c'est ça? Je… Je suis encore en in… en interrogatoire, c… c'est ça? V… Vous voulez tester ma réaction, haha… V… Vous voulez… Vous voulez… »

J'échappai un rire nerveux.

« P… Pourquoi… »

Autour de moi, la pièce paraissait se brouiller au fur et à mesure que la tiédeur noyait mes joues. Je me renfermais toujours plus dans mon cocon de chair, plaquant mes jambes contre mon torse pour mieux les recouvrir de mes bras.

Je vis alors deux personnes pénétrer la pièce en toute hâte. Deux ombres menaçantes qui se précipitèrent aussitôt sur moi.

« N-NON..! Mes bras se dressèrent entre eux et moi, formant une croix non loin de mon visage. N… Non… Ne… Ne m'approchez pas… »

Ils s'arrêtèrent brusquement, mais l'une d'elle, plus imposante que la seconde, brava néanmoins mon avertissement. Elle vint s'accroupir face à moi. Son regard, compatissant, témoigna cependant de la peine, de la souffrance qui l'affligeait de me voir ainsi détruite. Elle souffla :

« 'Tsumi, c'est moi… »

C'était mon père. Il pleurait.

« Je… Je ne veux p-pas vous faire de mal… Je ne veux pas… »

Il posa une main lourde, et pourtant si délicate, sur mon avant-bras. Face à cette agression, mes muscles se crispèrent d'un coup, envoyant malgré moi au sein de ses tissus cette décharge chakratique qui avait su blesser Hideko un peu plus tôt. Il recula vivement ses doigts déformés, tordus, jetant une œillade aux officiers, puis hésita, l'espace d'une seconde, avant d'y aller pour une franche accolade contre laquelle je résistai.

« Tout va bien… Tout va bien… chuchota-il calmement. »

La panique initiale laissa finalement place à l'épuisement. Je cessai de résister. Au creux de ma poitrine, il n'y avait plus qu'un intense pincement. Et tout autour, le vide absolu. La chaleur de l'étreinte ne me parvint jamais.

La flamme s'était peut-être bien éteinte.

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Zaiki Minako
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Lun 4 Avr 2022 - 10:55
« Hé bien… Si vous vous sentez vraiment mal au point je suppose que vous pourriez passer plus d’une nuit ici. »

Minako entendit son supérieur entrer dans la pièce alors que Natsumi lui demande si elle peut revoir son bien-aimé. « Bonjour Akagi-san. » dit-elle avant de se mettre aux côtés du géant à la carrure similaire à celui de son père, acquiesçant quant au fait qu’elle doit rester avec eux. Silencieuse, elle écouta le verdict de celui-ci. Une civile kumojin jusqu’à nouvel ordre, cela dit, l’autorisation d’utiliser les terrains d’entrainements est une aubaine. Minako pourrait ainsi proposer à Natsumi d’extérioriser ses ondes négatives de manière saine. “ Elle en aura bien besoin. ”

La demoiselle se contenta de rester discrète alors que l’annonce du décès de Tengoku est tombée. Comme elle se doutait, la réaction humaine de Natsumi est d’être plongée dans le déni. “ Il ne t’a jamais abandonné, ce garçon doit... Doit certainement, dans l’au-delà, être heureux que tu sois de retour. ”

Minako sortit quelques instants pour faire entrer les parents de Natsumi, puis pénétra de nouveau dans la pièce. Elle se senti assez mal, ne trouvant pas les mots pour tenter de la réconforter, d’autant plus qu’elle pu voir son comportement lorsqu’elle se fit toucher par son père. Un réflexe de survie lorsqu’on se fait maltraiter. En son for intérieur, elle senti aussi la présence de son ancienne professeur chamboulée par cette souffrance visible de la part de Natsumi.

La banshee le savait, de son vivant, Yoko aurait tout tenté de manière positive pour aider Natsumi à surmonter les obstacles, tout comme elle l’a fait avec une Minako facilement braquée de part l’autorité qu’elle eut de sa marâtre. Yoko a réussi à redonner à son hôte la confiance en elle-même qui était perdue à cause du traitement psychologique infligée par sa génitrice et aurait fait de même avec cette jeune fille.

La petite dame âgée fantomatique apparait sur la gauche de la fille à l’œil noir et semble observer la scène, le cœur visiblement serré, mais elles pouvaient très bien se comprendre : il n’y aurait rien de mieux que de laisser Natsumi retrouver ses parents et de les voir se soutenir dans cette lourde épreuve.

Minako pensa de nouveau à la possibilité qu’a Natsumi d’entrer sur les terrains d’entrainement, ainsi que ces gestes significatifs de la maltraitance subie au Teikoku. Elle eut une idée : un jour, lorsqu’elle sera sûre que Natsumi est réellement remise sur pied physiquement, elle l’invitera sur l’un de ces terrains et proposera un combat axé sur le corps à corps. Le but est de voir comment elle s’en sort et essayer de lui redonner confiance en sa capacité à se défendre.

Jusqu’ici, la banshee est restée muette, rien de spécial ne ressort de son langage non verbal si ce n’est que son œil gauche au globe oculaire noir parait s’éclaircir quelque peu, de manière étrange, comme si cette teinte était vivante. Ce n’est pour l’heure qu’un détail que l’on voit uniquement quand on s’y attarde, cependant, mais significatif du sceau ancestral se mettant concrètement en place. Minako sait que le sceau a quelques soucis car elle commence à avoir un début de mal de tête, comme si une migraine allait de nouveau l’insupporter. Elle ne le montra pas, se contentant simplement d’avoir un regard bienveillant envers la petite famille réunie, dans son coin.
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Metaru Akagi
Metaru Akagi

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Dim 10 Avr 2022 - 16:33

Le mur contre son dos, les bras croisés, Akagi observait un bien triste spectacle alors que résonnait encore les paroles hésitantes, traumatisées de l’âme en peine se débattant en l’instant contre l’étreinte d’êtres aimées. Elle lui avait dit ne pas avoir besoin d’aide, de suivi, pourtant sa réaction violente envers ses géniteurs abondait dans le sens de la décision du village. L’officier se mura dans un silence restant par respect dans la pièce au cas où Natsumi avait des questions. Seulement l’annonce de la mort de Tengoku avait totalement oblitéré l’annonce de son retour autorisé en tant que civil uniquement. Dans l’esprit du Metaru résonnait cependant la phrase bégayante que Natsumi avait lâché suite à sa funeste annonce :

« V… Vous me testez, c'... c'est ça? Je… Je suis encore en in… en interrogatoire, c… c'est ça? V… Vous voulez tester ma réaction, haha… V… Vous voulez… Vous voulez… »

Il savait représenter le village, il se savait simplement le messager, il savait que Natsumi ne le connaissait pas mais malgré son entrainement et son stoïcisme travaillé, il ne pouvait faire autrement que d’avoir un pincement au cœur. Un pincement devant ce que la jeune femme pensait de lui. Un homme assez retords pour la tester d’une si malveillante manière. Les parents de la jeune femme tentèrent de la réconforter mais les vitres de son âme semblant perdre de leurs éclats. Comme si sa lumière interne venait de s’éteindre. Akagi se sentait coupable de n’être qu’un pion sur l’échiquier abominable d’une vie de maltraitance, apportant lui aussi son lot de souffrance à la jeune femme.

Son travail terminé, ne supportant plus cette vision d’un être détruit par des mots venant de sa bouche, il prit la direction de la sortie mais s’arrêta sur le pas de la porte. Il marmonna quelques mots dans sa barbe, souhaitant se rappeler à son propre code, se convaincant que rien de tout ça ne le regardait, qu’il n’était que le bras porteur de la volonté du village. Il regarda Minako proche de lui. La jeune Minareï devait comprendre la gravité et l’ampleur de la tâche qui incombait au Kyuubu. L’ardeur du regard qu’il eut en retour le désorienta, elle semblait compatir au mal qui frappait Natsumi. Il sembla à Akagi qu’elle lui en voulait de partir ainsi sans rien ajouter, peut être hallucinait il, peut être que sa conscience projetait ses propres remords dans ce regard. Toujours était-il que cet échange muet arrêta le Metaru, il tourna les talons et depuis le pas de la porte répondit à Natsumi, troquant le manteau de robot sans émotions avec celui du mentor qu’il appréciait revêtir notamment avec la jeune Minareï :

« Malheureusement non Natsumi… Je ne te test pas, je te sers la vérité… Sache aussi que la décision du village n’est pas une punition, Nous sommes conscients de la force de caractère dont tu as fait preuve pour revenir ici… mais tu connais la loi militaire, tout n’est pas simple… »

Il s’arrêta comprenant qu’il ne pouvait être clair sans en révéler plus ce qui lui était interdit :

« Reste fidèle à cette force de caractère et le village… Moi-même je serais fier de me tenir à tes côtés en tant que camarade Kumojin, quand ta situation sera clarifiée »

Il se tut, le géant de métal hésita un instant de plus, il ne pouvait lui offrir guère plus sans risquer de dévoiler ses connaissances quant à la situation politique délicate dans laquelle Natsumi plongeait le Raikage. Il espérait que ses quelques mots trouveraient un echo dans l’esprit de la jeune kunoichi afin de l’aider à s’accrocher le temps qu’il faudrait pour finalement retrouver ses pleins droits.

« Au revoir Natsumi Harusame. Ma porte t'es ouverte, si tu en éprouves l'envie. »

Il quitta la salle, laissant derrière lui, son apprentie à qui il adressa un hochement de tête, la remerciant muettement de lui avoir rappeler qu'il ne devait pas perdre son humanité pour se protéger mais embrasser la douleur elle aussi. Laissant derrière lui, la jeune Natsumi dont il espérait avoir ancrer l'âme qui s’échappait jusqu'alors de sa barrière charnelle.

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