Les réunions s'enchaînaient, et avec elles, Ashitaka sombrait. Les nouvelles sombres s'ajoutaient les unes aux autres et celle de la trahison d'Akimoto restait la plus terrible. C'était tout un monde de certitudes qui s'écroulait autour du grand rouquin qui était depuis un certain temps le représentant de son clan. Il ne savait pas encore comment gérer ça avec Rakka, comment le prendrait-elle. Avait-elle seulement encore de l'affection pour lui ? La petite Yuki avait été sous sa garde certes, mais elle ne l'était pas resté longtemps en vérité, et l'abandon qu'elle avait subi, un de plus, n'avait aidé en rien.

Il était plongé dans ses pensées quand quelqu'un vint frapper à la porte de sa chambre dans la bâtisse générale des Borukan. Ashitaka n'avait pas encore prit le temps de se faire refaire sa petite maisonnette depuis qu'il était enfin sorti de l'hôpital, très prit par les multiples problèmes qui pesaient sur Iwagakure no Sato. Torse nu comme souvent, le guerrier alla ouvrir au messager qui lui tendit la missive avant de le saluer brièvement et de repartir pour la suite de sa mission.

Ouvrant la lettre, le rouquin y trouva un requête d'Aimi qui voulait le voir pour discuter de sa position au Shishiza qui était restée en suspens jusque là. Soupirant un peu en brûlant le papier dont il n'avait plus besoin, le Loup referma sa porte et alla s'affaler sur son lit pour s'endormir rapidement après cette longue journée.


Le Borukan se mit à avancer à travers les rues de la cité encore en reconstructionsous ce soleil de début d'après-midi. Habillé plus correctement que la veille comme à chaque fois qu'il devait se présenter à quelque chose d'officiel, le Loup passa les portes de l'hôpital, salua les personnes qui s'occupaient de l'accueil à qui il signala qu'elles pouvaient prévenir la Chiwa de son arrivée. Cette dernière était plus occupée que lui, il était normal que ce soit lui qui patiente.

Lorsqu'elle arriva, il se leva pour la saluer avant de se rassoir en même temps qu'elle.

« Konnichiwa Aimi. Je ne suis pas venu trop tôt j'espère ? Comment vas-tu ? Est-ce que vous parvenez à vous en sortir à l'hôpitallmalgré tout ces troubles ? »

Préférant commencer par s'assurer de l'état et de disponibilitéde la jeune femme dans un premier temps, Ashitaka la laisserait engager le sujet principal de leur rencontre. Ainsi, il saurait comment elle comptait l'employer au sein de l'unité spéciale qui avait apparemment besoin de bras au plus tôt.

Silencieux suite à la question indirecte de la future Tsuchikage qui s'ignorait encore, le rouquin tâcha de dissimuler au mieux cette peine et cette déroute profonde qui l'habitait en ces jours. Entre l'absence d'Amiko, la trahison d'Akimoto et la perte de ses jambes, il se sentait pour le moins vide. Faible et désemparé. Et plus il sentait cela, plus il se dégoutait lui-même, lui qui avait été si sévère avec ses parents et tous ceux qui avaient faiblis à un moment où il se battait chaque jour avec tout son coeur, toutes ses forces. Lorsqu'il en avait encore.

Sauf qu'elle ne semblait pas vouloir juste passer à la suite. Elle voulait son avis sur le tout. L'air embêté, passant la main dans ses cheveux et se grattant la tête quelques instants, le guerrier aux yeux ambrés soupira finalement.

« Je n'ai rien à dire en vérité. Je ne comprends pas pourquoi, mais je ne saurai jamais puisqu'il est mort. Je n'aurai jamais de réponses et je dois l'accepter. C'est pour ça aussi que je suis là, pour arrêter de réfléchir à une question impossible. Pour que je puisse utiliser mon énergie pour le village au lieu de la gaspiller à ne rien faire. Et c'est aussi la seule solution pour penser à autre chose. »

Repassant encore une fois sa main sur son crâne, il expira bruyamment à nouveau.

« Disons que j'ai autant besoin de ça que le Shishiza n'a besoin de bras. Donc si ça peut être doublement profitable, autant le faire. »

Tapotant des doigts sur la table, il plongea son regard dans celui de la jeune femme aux cheveux rouges. Elle aussi traversait des moments difficiles. Comment faisait-elle pour tenir ?

« Pour le Shishiza, c'est simple, qu'est-ce que je peux faire pour aider ? Je n'ai pas de capacités phénoménales, je suis assez banal même à vrai dire, avec du recul. Un chûnin comme Yanosa est bien plus remarquable pour ses faits alors que je suis jônin depuis des années. Alors je ferai de mon mieux, mais je ne peux rien te promettre de grandiose. »

Portant la main à sa cuisse, la sensation solide sous le tissu revint en une pointe de douleur profonde et cruelle. Sa propre faiblesse avait conduit de nombreuses personnes à être blessées. Serait-il un jour puissant et reconnu comme l'avaient été Toph et Tenzin, tous deux plus jeunes que lui, ou resterait-il dans l'ombre de la masse, incapable d'en sortir ?

Face aux réponses d'Aimi, il préféra simplement hocher la tête. Akimoto avait agit de manière radicale et rien ne montrait qu'il aurait été prêt à en parler plus en détails s'il avait eu la possibilité de le faire. En vouloir à la rouge ne rimait à rien, ça ne lui apporterait ni réponses ni réconfort. Autant simplement continuer de croire en son jugement et passer à la suite.

Les commentaires suivants de la jeune femme attirèrent un sourire amer sur le guerrier. Lui qui avait rêvé de grandeur avait été frappé avec une certaine cruauté par un plafond de verre sur lequel il s'était écrasé sans parvenir à le percer, sans trouver les chemins pour continuer de s'élever malgré sa rigueur, son investissement permanent. Ça ne faisait certainement pas de lui un mauvais soldat et le niveau qu'il avait atteint était loin d'être ridicule, mais comparé à ses ambitions, il était obligé d'admettre qu'il était déçu. Il n'insista cependant pas sur le sujet encore une fois, cela n'apporterait rien. Et les paroles de la Chiwa avaient malgré tout un côté réconfortant, celui de confirmer qu'il était utile quand bien même il n'était pas à la hauteur de ses propres attentes qui étaient juste démesurées comparé à ce dont il était capable pour l'heure. Peut-être qu'un déclic finirait par s'opérer, mais il ne valait mieux pas s'apitoyer sur son sort sinon ce dernier n'arriverait effectivement jamais.

« Très bien, aucun soucis de ce côté, je ferai de mon mieux dès que ce sera possible. Tu as un projet en particulier que tu souhaites mettre en priorité parmi ceux-là ? Quelque chose auquel je pourrais participer dès maintenant ? Je n'ai rien à faire en ce moment, alors autant gagner du temps et se lancer directement... »

Sachant très bien qu'il commencerait en bas de l'échelle à nouveau dans cette unité, il lui faudrait encore une fois prouver sa valeur et sa volonté s'il comptait évoluer à nouveau et ne pas stagner tout en bas, ne pas se laisser dépérir comme il l'avait fait depuis la disparition d'Amiko. Si un jour il la retrouvait, alors il devrait pouvoir lui faire face, la regarder dans les yeux, sinon tout ceci n'avait aucun sens.