Le fils du désert avait disparu de la circulation depuis la prise de pouvoir du clan Asaara. En effet, il avait été grièvement blessé lors de l’assaut contre le domaine du clan des sables, et se vit donc naturellement contraint de se retirer le temps de sa convalescence. N’appréciant pas de passer pour un faible, et encore moins d’être un fardeau pour sa cousine, Genji avait préféré s’éloigner loin du manoir de la nouvelle reine des Asaara. Ses hommes veillaient sur lui, tandis que la médecin de l’organisation, pour qui il avait désormais beaucoup de respect, avait fait le nécessaire pour qu’il soit sur pied le plus rapidement possible...

Il avait fallu malgré tout attendre un peu plus de deux semaines pour que le fils du désert soit de nouveau capable de marcher correctement, et se résoudre de retrouver sa cousine, qu’il avait laissé en partie entre les mains d’une bande d’étrangers. Autant il arrivait de plus en plus à tolérer les membres de l’organisation, mais autant savoir qu’une bande de mercenaire Amejin avait trouvé refuge dans le domaine de la future impératrice ne lui plaisait guère.

Evidemment, Genji était en mesure de comprendre l’importance des alliances que sa cousine cherchait à tisser, mais toujours était-il qu’il fallait mettre des limites entre la horde de singes venue d’ailleurs et les membres de leur illustre clan, songea -t-il.

Accompagné de ses soldats, le fils du désert déserta son petit fief pour retrouver Kuuli et les siens au grand manoir. Il lui avait fallu environ une demi-journée de voyage, exactement comme il l’avait estimé. Il réalisa que les choses avaient un peu changé autour du manoir, un peu comme il le craignait. Il ne mit d'ailleurs pas longtemps à mettre un visage sur certaines des nouvelles têtes venus du pays du crime...

« Bonjour Genji-sama. Je suis contente de vous voir de nouveau sur pied. Suivez-moi, l’impératrice vous attend dans la salle de réunion. » Fit l’une des servantes de Kuuli en le voyant se présenter devant la porte du manoir.

Son regard se posait naturellement sur la servante, tandis qu’il opina d’un léger signe de tête avant d’emboîter le pas derrière la jeune femme. Il porta alors délicatement sa main sur son visage, remplaçant correctement son masque au centre de son faciès. Puis, une fois devant la salle de la réunion, il remercia la servante d’un léger signe de tête avant de franchir le seuil de la porte.

Il balaya rapidement la future salle d’opérations du regard avant de poser ses iris sur sa cousine, toujours aussi splendide.

« Kuuli. » Fit-il, en s’inclinant légèrement. « Tu m’excuseras, je n’ai pas eu d’autre choix que de prolonger mon absence. Je vois que vous avez réussi à faire venir les Amejins dont mort faisait référence. Ceci dit, est-ce que c’est vraiment une bonne idée de les accueillir dans ton manoir ?

Par ailleurs, qu’en est-il de nos cousins qui refusaient de reconnaître ton autorité ? Es-tu parvenue à leur faire entendre raison, ou est-ce que tu veux que je m’en occupe ?

Qu’en est-il des préparatifs pour la prochaine étape ? Je regrette que cette absence m’ait éloigné autant des opérations… » Conclut-il, en prenant place en face de sa cousine.

Spoiler:

Il était heureux de l’entendre. Car, ce n’était pas avec de la chair à canon qu’ils allaient réussir à faire plier Kaze. Non, il leur fallait bien plus que ça. Il leur fallait une armée. Une immense armée, bien entraînée et parfaitement préparée. La chair à canon ne serait que du bonus, notamment pour minimiser la perte de leurs véritables soldats, ou entre autres pour faire diversion. Ainsi donc, les doutes qui l’habitaient depuis sa mission au Colisée se dissipaient naturellement. Kuuli ne faisait et ne laissait rien au hasard, reconnaissait-il, et c’était sans doute ce qui allait la conduire sur le trône, tôt ou tard.

« Bien. Je suis content de l’entendre. Une armée digne de ce nom est indispensable pour prendre le pouvoir, et elle l’est d’autant plus pour le préserver, une fois que tu seras sur le trône. » Fit-il, en se tenant droit, le regard tourné vers l’horizon, tandis que mains toujours bien derrière le dos.

Quant à la présence Amejin, Genji reconnaissait leur importance, mais préférait rester méfiant. Il écouta néanmoins sa cousine aller au bout de son monologue, hochant de temps à autre la tête. Le regard toujours rivé vers l’horizon, l’enfant des sables étaient en mesure de comprendre ce que ressentait sa cousine.

« Je crois qu’il est normal d’être proie aux doutes, Kuuli. Tu as déjà tant fait, tant parcouru. Nous arrivons aujourd’hui à un point culminant de notre projet, et il va sans dire que toutes nos décisions pourraient à partir de maintenant avoir des lourdes conséquences. Mais tu sais quoi ? Nous avons malgré tout l’avantage. En effet, notre plus grand avantage est que nous ne sommes pas suffisamment connus. A cela s’ajoute que ceux qui connaissent notre existence ne nous prennent pas suffisamment au sérieux, à l’image des Meikyu. Alors, Kuuli, nous qui savons qui est notre véritable ennemi, nous devons simplement le frapper en plein coeur et cessez de nous éparpiller... Et une fois que tu seras sur le trône… » Ajoutait-il, en tournant le regard vers sa cousine. « … ils seront forcément forcés de te reconnaître, et de te suivre. Car, après tout, tu seras bien la première à leur offrir ce que nulle n’a été en mesure de le faire jusqu’à présent. » Conclut-il, d’un fin sourire bien dissimulé par son masque.

Le clan Asaara était en passe de retrouver sa grandeur d’antan. Kaze retrouvera la sienne, d’une manière et d’une autre. Les Kazejins finiront par former un tout, tous unis derrière l’impératrice Kuuli, pour le bien de leur immense patrie.

Conscient d’avoir beaucoup parlé et dit des choses qu’il n’aurait pas prononcé devant n’importe qui, l’enfant des sables finit par se taire, portant de nouveau son regard vers l’horizon, l’air songeur. N’était-ce pas aussi cela son rôle ? De rassurer sa cousine, autant du fait de leur lien de sang que de son rôle de second de l’organisation ? Si, se dit-il, après réflexion, tandis qu’il écoutait sa cousine émettre une demande dont il était en mesure de saisir l’importance.

« J’avoue m’être un peu éloigné de mes obligations dernièrement, mais cela ne se reproduira plus. Je ne suis pas certain de pouvoir retrouver ma force d’antan, mais je ferais naturellement au mieux pour être prêt pour la grande bataille. Mes hommes ont aussi besoin de s’aguerrir, autant que le reste des soldats de l’armée. Ainsi, je te propose des créer des camps de formation, et de nous y mettre au plus vite. Plus vite nous y serons préparés, plus rapidement nous nous rapprocherons de notre objectif…

... Et bientôt, nous, les protecteurs du désert et élus de la volonté du vent, régneront sur la terre de nos ancêtres, tel est notre destin, impératrice ! »

Kaze n'était et ne sera rien sans les Asaara, il en était tout du moins convaincu...