Alors que je traversais une petite ruelle de la capitale du vent, mon regard fut attiré par un vieux vendeur de babioles assis sur le côté de la route - enfin, plus exactement, les marchandises qu'il proposait... En effet. Il vendait différentes effigies, figurines, et médaillons, prônant la gloire et la force du héros du Désert... que j'ai nommé Raizen !
– Hey mademoiselle, connaissez-vous le héros de Kaze ? C'est un illustre personnage qui a autrefois sauvé le pays ! Voulez-vous acheter une petite figurine ?
Intriguée, je me rapprochai pour voir de plus près. Je vins me positionner juste au dessus pour avoir une vue sur chaque figurine et médaillon qu'il proposait. Mais ce qui me sauta imédiatemment aux yeux, c'était les défauts sur son visage... J'avais aperçu Raizen au loin durant le Sommet et je pouvais affirmer qu'il n'était pas comme ça.
– Son nez un millimètre trop bas. Ses yeux un millimètre trop écarté. Son chapeau un degré trop relevé. Et ce sourire... On croirait joker... Vous êtes sûr de l'avoir fait sur-mesure ? – N'insultez pas le héros de Kaze ! Il a été fait selon son portrait lorsqu'il est venu à Kaze !
Je arquai un sourcil, un brin dubitative. À vrai dire, même si elles étaient légèrement déformées, j'avais bien envie de les ajouter à ma collection comme j'avais cassé mes derniers médaillons. Je m'accroupis donc à sa hauteur et et en attrapai une pour la regarder de plus près. Peut-être qu'en re-sculptant un peu moi-même je pourrai la rendre conforme...
– Mh... Et je peux savoir combien vous le vendez ? – Oh, vous avez de bons yeux ! 500.000 ryos le médaillon et 1.000.000 ryos la figurine.
Je m'arrêtai net... Ça puait l'arnaque à plein nez.
– Oy oy... À ce prix là, c'est une arme... – Mais c'est de la vraie bonne qualité ! – Ça ne lui ressemble même pas...
– Oh que si ma p'tite ! Je l'ai vu de mes yeux ! Et sache que je ne suis pas encore bigleux ! –Vous l'avez mal fait, je vous dis ! Faites-le venir, vous verrez qu'il ne lui ressemble pas ! Dis-je tout en lui crachant ma fumée à la figure.
Taiyô... Sharrkan avait toujours trouvé ce nom marrant. Et c'était amusant aussi de voir à quel point cette cité avait changé en quelques années, tout en restant horriblement la même. Assez paradoxal, mais qui était parfaitement compréhensible quand on l'avait sous les yeux. La capitale du désert se dressait fièrement mais étrangement, elle n'avait jamais été la ville préférée de Sharrkan.
Ce n'était pas pour se promener qu'il passait par là, mais ça ne l'empêchait pas de flâner quelques instants dans les petites ruelles marchandes. Après tout, ça ne lui ressemblait pas de travailler trop sérieusement. Cette Kuuli l'avait embauché mais quand même, ils étaient à Kaze ; tout tournait au ralenti ici, comme si la chaleur fatiguait tout le monde.
Il allait tourner dans une ruelle lorsque quelque chose attira son attention : ce n'était pas la jeune femme à moitié dénudée puisqu'il ne l'avait pas encore aperçue, c'était plutôt les mots "Héros de Kaze" qui étaient venus jusqu'à ses oreilles. Il était presque à l'autre bout du monde par rapport à son chef et pourtant, il entendait quand même parler de Raizen. Un sourire s'afficha sur son visage ; il y avait moyen de trouver quelque chose d'amusant.
Il s'approcha du marchand de babioles, qui discutait de façon assez animée avec une de ses clientes. Sharrkan se pencha, observa les figurines puis... éclata de rire.
« BWAHAHAHAHAHA ! »
Pauvre Raizen. Il était reconnaissable et encore, peut-être que c'était à cause de la pancarte "HEROS DU DESERT" qui trônait sur le stand. Parce que sinon... ça lui ressemblait pas du tout. Et ça, c'était vraiment très marrant. Il passa une main sur son visage pour essayer de se reprendre, devant le vieillard qui le regardait d'un air mi-choqué, mi-furieux.
« Désolé, je voulais pas manquer de respect à votre travail. Mais ça... ça lui ressemble pas du tout. »
L'homme devenait rouge. Il avait l'air d'être déjà énervé à cause de la jeune femme alors là, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.
« Vous vous moquez de qui ?! Je vous dis que c'est la copie conforme du Héros de Kaze ! Et puis vous en savez quoi vous ? »
Sharrkan dut se mordre la joue pour ne pas éclater de rire à nouveau. Soit cet homme était un arnaqueur, soit... Raizen avait eu un petit accident ce jour-là.
« Hé bien, je connais très bien le Héros de Kaze. » avait-il dit en appuyant les mots avec sarcasme. « Et je peux vous assurer qu'il ne ressemble pas à ça. Alors pour ce prix franchement, c'est de l'arnaque. Encore si vous étiez manchot, j'aurais compris, mais bon... Même moi j'aurais fait mieux quoi. »
Et à ce moment-là, c'était comme si une petite lumière s'était allumée dans la tête de Sharrkan.
« D'ailleurs, je vais vous montrer ! »
Il composa des mudras et une forme s'éleva du sol, prenant peu à peu forme humaine. Le Kazejin était décidément très content d'avoir perfectionné sa technique tout à fait inutile. Même s'il n'avait encore jamais essayé de faire Raizen, il comptait sur son talent naturel pour réussir son chef d'oeuvre. Mais avant qu'il n'arrive aux détails, une main s'accrocha à son bras. Le marchand, l'air peu rassuré, lui chuchota :
« Si vous faites ça ici, je n'aurais plus qu'à plier boutique. Pitié, arrêtez. Je vous fais même la statuette à 500.000 ryôs ! »
Peu impressionné par le prix toujours beaucoup trop élevé, Sharrkan continua son oeuvre.
« 200.000 ! »
Il s'arrêta. Il était peut-être allé trop loin après tout, même si pour lui c'était pour rigoler, il ne connaissait pas le vieil homme ni sa situation. Il ne voulait même pas acheter quelque chose à la base ! Et puis 200.000 ryôs, c'était quand même encore super cher. Mais... s'il pouvait la ramener et la montrer à Raizen pour se moquer, ça valait peut-être le coup. D'un coup de poing, il détruisit la statue non terminée.
« Ça marche, faites aussi le même prix pour la demoiselle. »
Peut-être qu'il pourrait faire des figurines de Raizen et vivre de ça lui aussi...
Un mystérieux jeune homme apparut en plein dans mon débat effréné avec le vendeur. À l'instant où il lâcha un éclat de rire, je lui lançai un regard noir... Qu'est-ce qu'il voulait lui ? Se moquait-il du héros de Kaze ? OSAIT-IL se moquer du héros de Kaze ? Il s'agissait d'une discussion sérieuse et le moindre manque respect méritait d'être punis ! Mais lorsqu'il rejoignit mon opinion, je pris un air tout à fait différent et rebondis aussitôt en direction du vendeur.
« AH ! Vous voyez ! Même un inconnu venu d'un trou paumé affirme que ce n'est pas la copie conforme du héros de Kaze ! »
Deux avis contre un. Allait-il encore répliquer ? Ce fut à cet instant que le jeune homme au teint basané proposa de lui montrer une vraie belle statue conforme à l'image de Raizen. Je fus assez surprise de voir cet inconnu sorti de nul part effectuer des mudras. C'était la preuve qu'il était un shinobi et au vu de ses paroles, il semblait avoir déjà aperçu le héros de Kaze ...Serait-ce un kumojin ? Je l'observais faire, un brin intriguée, un brin hébétée et en à peine quelques instants, une sculpture de terre commença à prendre forme sous mon regard admiratif.
Malheureuement, devant la ressemblance flagrante, le marchand le supplia d'arrêter et accepta de faire baisser les prix, et le jeune homme céda et finit par détruire de lui-même la statue du héros de Kaze. Je tirai un légère grimace, un brin déçu du tournant de la situation. Dommage oui, j'aurais bien aimé voir la finalisation. Une big statue de raizen encore plus grande que moi... De quoi faire fantasmer ! Enfin, j'avais obtenu ce que je voulais - un prix raisonnable pour cette petite statuette. J'en profitai également pour gratter un petit médaillon de plus.
« Une statuette achetée, un médaillon offert. Non négociable après cette tentative d'arnaque. »
On pouvait dire que l'on avait bien dépouillé le petit commerçant des rues. Suite à quoi, je me retournai vers le jeune homme.
« Hey, thank you ! Grâce à ça, je pourrai l'ajouter à ma collection et remplacer les dernières figurines détruites. Mais je me posais une question... Tu connais le héros de Kaze ? À en juger par tes mots et ton joli début de sculpture, tu sembles bien le connaître... Tu m'en vois curieuse. Es-tu un shinobi ou bien encore un sculpteur itinérant ? Mh, je peux t'inviter à faire une petite statue à déposer à côté de chez moi ? »
Venu d'un trou paumé ? En même temps, c'était compliqué dans le désert de ne pas venir "d'un trou paumé", à moins d'être né ici à Taiyô. Mais Sharrkan ne releva pas, il était trop occupé avec cet escroc. Enfin... il espérait vraiment que ce soit un escroc et pas juste un type totalement nul à qui il venait de briser tous les espoirs, en plus de l'avoir obligé à presque donner sa marchandise.
Pff... et voilà que maintenant il se trimbalait avec une figurine ratée de Raizen dans la poche. Une fois encore, juste cette idée était suffisante à le faire rire, malgré les efforts qu'il faisait pour se contenir. Il venait d'acheter le plus efficace des anti-dépresseurs. Et peut-être même qu'il la garderait, tiens !
La jeune femme pour qui il avait aussi négocié une réduction le héla. Elle avait même réussi à obtenir un médaillon en plus, gratuitement ! Il lui sourit en retour, jusqu'à l'entendre dire qu'elle allait l'ajouter à sa collection.
« Attends, t'as une collection de figurines ? Ou une collection de Raizen ? »
Alors il avait vraiment des fans... ? Il avait une certaine réputation dans le Yuukan, tout comme Sazuka d'ailleurs. Mais à force de vivre avec eux, c'était facile d'oublier qu'ils étaient en fait des célébrités.
« Oui, je le connais bien. On peut même dire... qu'on est presque de la famille. »
C'était les mots exacts que le Meikyû avait prononcés à Iwa. Alors, s'il pouvait s'en servir pour frimer un peu... Par contre, la suite des questions était encore plus bizarre. Il évita de répondre trop précisément. Déjà qu'il était pas le plus discret, s'il pouvait éviter de crier son affiliation sur tous les toits...
« Je suis pas sculpteur, désolé. J'aime juste m'amuser avec le Doton. Alors... je peux ptêtre essayer de te faire une statue. Mais rien de bizarre hein ! »
Si ça se trouve, il était tombé sur une folle qui fantasmait totalement sur Raizen. Bon... il pourrait pas lui en vouloir pour ça. Mais c'était pas une raison pour faire des statues euh... dégradantes. D'ailleurs, est-ce qu'il devait pas demander l'autorisation au principal concerné avant de faire des trucs du genre ? Le droit à l'image, tout ça tout ça...
« Quel drôle de question... Bien évidemment que je parle d'une collection de figurines... de Raizen. »
J'en avais une armoire remplie - allant de la petite figurine de cinq centimètres jusqu'aux grandes figurines de vingt centimètres. À une certaine époque, j'avais même des posters placardés dans ma chambre. Enfin, avec le temps, j'avais fini par tout ranger dans mon armoire qui aujourd'hui ressemblait un peu aux temples pour se recueillir auprès des défunts. Oui, il y avait au centre une jolie photo encadrée de Raizen avec dix milles petits objets d'accompagnement autour... Hein ? Quoi ? Ce n'était pas ça la question ?
« Comme si cela m'était possible d'avoir une collection de plusieurs Raizen, le vrai. Quoique... S'il fait un multiclonage - à la naruto style - je pourrai effectivement en faire une collection... À condition de le recouvrir de cire pour en faire une statue ou de l'envelopper dans des bandages pour en faire une momie et pour les conserver longtemps... »
Si je parvenais à réunir une telle collection, je pourrai même l'afficher au marché noir... J'étais sûre de pouvoir en tirer une belle somme d'argent et encore plus si je le vendais à des ressortissants de l'empire. Intérieurement, l'idée qui me faisait doucement sourire... Mais je me rendais compte que je devenais de pus en plus glauque..
« Mh.. Enfin, je ne fais que rigoler, jamais je ne ferai ça... Peut-être quand je serai fauchée je songerai à me lancer à sa poursuite, mais ça ne sera que par passion. On dit que l'amour éprouvé à l'égard d'une personne suffit à se rassasier. »
Cela dit, dans tout ce qu'il venait de dire, quelque chose attira mon attention. Oui. Il se disait être de la famille du héros. Était-ce vrai ? Ou n'était qu'un mensonge pour la frime ? Je posai la question, un brin perplexe.
« Qu'entends-tu par « famille » ? Tu es également un Meikyû ? Ou alors un shinobi des nuages ? »
Mon regard se plongea dans le sien reflétant une curiosité grandissante. Si ça avait été quelqu'un d'autre, j'aurais dit que c'était juste de la frime, un peu comme si moi je disais que j'avais couché avec le deuxième Raikage. Mais après tout ce qu'il venait de dire et ce début de sculpture parfaitement identique, je voulais bien croire qu'il connaissait Raizen... Mais quelle était leur relation ? ...Allais-je découvrir une histoire intéressante sur le héros de Kaze jusqu'à ce jour inconnu?
Donc la charmante jeune femme parlait bien d'une collection entière de figurines à l'effigie de Raizen. C'était assez déroutant. Être fan de dieux, de personnages de légendes, ça passait encore... Mais il y avait vraiment des gens qui étaient fan de personnes réelles ? Plutôt flippant non, en fait ? Est-ce qu'elle était un cas isolé ou est-ce que c'était courant ? Si certains marchands spécialisaient leur marchandise exclusivement sur des goodies, ça voulait dire qu'il y avait bien des clients pour acheter. Et après tout, pourquoi pas ? Tant que ça ne faisait de mal à personne...
« Ah bah oui, bien sûr, c'est tout à fait naturel ! Pas du tout inquiétant ! »
Est-ce qu'elle rigolait vraiment cependant ? Difficile à dire. Cette fille était vraiment bizarre. Mais après tout, on disait souvent que c'était chez les gens les plus étranges qu'on trouvait les meilleurs amis. Ou les pires. Ou les psychopathes tueurs en série. Bref.
Encore un fois, elle lui demandait s'il était shinobi. C'était assez suspect d'insister autant pour obtenir cette information, est-ce qu'elle travaillait pour le Teikoku ? Il fallait faire attention avec les Kazejins... Beaucoup étaient mercenaires et n'hésiteraient pas à balancer des informations sur quelqu'un en échange d'un petit pactole. Et Sharrkan n'avait certainement pas envie que les soldats du Teikoku viennent le débusquer jusqu'ici. Au final, il se sentait un peu sans défenses, sans les grands du Fukkatsu pour assurer ses arrières en cas de danger.
« C'est lui-même qui m'a dit ça, un jour. Tu pourras lui demander plus d'informations si tu le croises. »
Il haussa les épaules comme si c'était quelque chose d'anodin. Mais en fait, ça faisait seulement quelques jours qu'ils avaient eu cette conversation. Et pour quelqu'un de bien renseigné, après le coming-out du Fukkatsu au Sommet, c'était facile de faire le lien s'il révélait avoir vu Raizen récemment. Ou peut-être que c'était seulement une fan hardcore, prête à prendre la moindre petite information sur son héros qui passait à sa portée. Mais valait mieux être prudent...
« Bon, tu veux une statue ou pas ? Sinon je vais devoir y aller. J'ai rendez-vous avec une dame... »
Ouais enfin, son Impératrice Kuuli pouvait bien attendre un peu plus longtemps. Mais Sharrkan était mitigé ; il avait autant envie de s'enfuir que de voir de ses propres yeux cette collection...
Il aimait drôlement jouer au mystérieux... Il pourrait bien en dévoiler un peu plus. À l'écouter parler, on pourrait se demander si c'était bien vrai ou s'il ne se faisait pas une fiction tout seul dans sa tête. Enfin, là c'était peut-être moi qui délirait... Mais cela me laissait sceptique quant à sa relation avec le héros de Kaze. Même si bon, ce n'était pas si important que cela. La question de la statue était bien plus importante.
« Oui, j'aimerais bien une statue. Mais elle avait l'air drôlement grande celle que tu as commencé à construire. Elle faisait combien ? ...2 mètres ? 3 mètres ? »
Je n'avais pas eut le temps de la voir terminée mais elle semblait s'élever sur plusieurs mètres - légèrement plus grande que l'originale. Ce qui côté me faisait envier, mais qui d'un autre côté, me faisait craindre pour le transport.
« Il serait difficile de la bouger étant donné qu'elle est constituée de terre. Je ne penses pas êtres suffisamment musclée pour me trimballer quelque chose comme ça... Mais ça serait dommage d'en réduire la taille. Tu ne voudrais pas m'en sculpter une sur place ? Comme ça je n'aurai pas à la déplacer. Mh, ce n'est pas bien loin - mais à voir si cela concorde avec ton itinéraire et si tu n'es pas trop pressé. »
J'indiquai la direction vers le domaine des Asaaras. Idéalement, c'était de claquer la statue en plein devant le manoir de Kuuli. Comme ça, tous les matins quand je me réveillerai de mon lit, je pourrai voir le joli portrait de Raizen à l'extérieur. Enfin, il restait encore à voir combien de temps elle allait pouvoir rester ici avant que Kuuli ou encore Genji ne devienne fou et ne la détruise. Mais je pourrais la considéré comme une décoration éphémère et la contempler quelques jours.
« Et tu pourras la faire aussi grande que tu le voudras. 10 mètre si l'inspiration te vient ! »
Certes, la jeune femme avait des passions étranges ; mais il fallait avouer qu'elle marquait un point. Trimbaler une statue de cette taille, qui plus est en terre, c'était pas la chose la plus facile du monde. Et Sharrkan n'était pas sûr de réussir à faire une figurine plus petite. Déjà, deux mètres cinquante, c'était le minimum pour avoir les détails du visage. Donc oui... C'était sûrement plus simple de la faire sur place. En plus, elle indiqua vaguement la direction qu'il était censé prendre pour son entrevue avec l'Impératrice.
« T'as raison, c'est sûrement le mieux. Et puis ça tombe bien, je vais plus ou moins dans cette direction aussi. Tu pourras aussi me montrer ta collection... »
Parce que même si c'était un peu malaisant... C'était le genre de truc qui titillait l'attention. Peut-être même qu'il allait découvrir des trucs scandaleux. Ou se trouver un nouvel hobby. Rien que l'idée le faisait rigoler intérieurement.
Après quelques minutes de marche, Sharrkan trouva étrange qu'ils se dirigeaient exactement vers le manoir de Kuuli. Plus ils avançaient, et plus sa destination se rapprochait... Jusqu'à ce qu'ils arrivent exactement devant ses grilles.
« Alors euh... t'habites ici ? C'est marrant ça. »
Il réfléchit un moment. Est-ce que ça voulait dire qu'elle était une Asaara ? Quoi que, ce n'était pas obligatoire. Keijiro n'en était pas et il logeait là lui aussi. Forcément, quelqu'un d'aussi étrange, Kuuli l'avait forcément recrutée. Il esquissa un sourire.
« Du coup, je me demande si elle va tenir longtemps. »
En fait... cette fille voulait que Sharrkan construise une statue de près de trois mètres de haut, juste devant le manoir de Kuuli ? C'était presque trop beau pour être vrai. L'Impératrice n'allait franchement pas apprécier. Et si le Kazejin pouvait contribuer à l'embêter un peu, tout en restant inconnu ; c'était parfait.
« Je suis ok pour faire la statue. Et même venir la refaire à chaque fois qu'elle disparaît, mais à une seule condition : si quelqu'un te demande qui l'a faite, tu me balances pas, même pas à quoi je ressemble. Deal ? » lança-t-il avec un grand sourire.
Une étrange coïncidence ? Sur le coup, je n'émis reflexion là-dessus et me contentai simplement d'étirer un sourire. Après quoi, je le conduisis directement aux quartiers des asaaras et plus précisément devant le manoir de Kuuli - un joli manoir relativement imposant parmi les autres habitations des manieurs de sable.
« Oui, j'habite ici. Pourquoi est-ce si marrant que cela ? Demandai-je d'un air interrogateur. En tout cas, j'aime bien cette offre ! Faisons donc ainsi - je ne révèle rien sur mon sculpteur et tu te charges de me refaire la sculpture tous les jours ! »
Je reculai de quelques pas pour lui laisser la place d'effectuer ses manœuvres et me posai sur un rebord où bien le contempler. J'étais assez contente de voir une jolie sculpture de Raizen se construire juste sous mes yeux. Il y avait un brin d'impatience et cela se lisait dans mon regard. Mais durant ces quelques instants de silence où il construisait la figurine géante, je venais à repenser à ce qu'il avait dit plus tôt... Il semblait surpris de me voir l'amener ici. Une étrange coïncidence ? Pas sûre. Il semblait connaître Kuuli. Oui. Je lui laissai terminer son œuvre avant de reprendre la discussion, mais cette fois-ci, un brin suspicieuse.
« Mh... Tu n'es pas qu'un simple vagabond je me trompe...? Dis-je pour attirer son attention. Tu avais quelque chose à faire ici, mais c'est le quartier des Asaaras. Les seuls à faire des allers-retours ce sont les Asaaras. À moins que tu ne sois un invité ? Dans ce cas ça s'expliquerait. La seule qui aime inviter des étrangers ici c'est la femme qui habite ici. C'est elle que tu dois rencontrer, me tromperais-je ? Qu'es-tu venu faire ? »
Il n'y avait rien de menaçant dans ma voix, juste de la curiosité - et peut-être un brin de méfiance.
Le Kazejin tendit la main à la jeune femme pour sceller leur pacte. De toute façon, il allait sûrement être obligé de traîner tous les jours ici, alors ce n'était pas très embêtant de refaire la statue à chaque fois. Si en plus elle le couvrait par-rapport à Kuuli, ils étaient tous les deux gagnants dans l'histoire. Il y aurait sûrement un jour où il serait découvert ; mais comme il était le genre de personne à vivre au jour le jour, il laissait ce problème pour le Sharrkan du futur.
Ignorant la question, il réfléchit. Ce qui serait encore plus marrant, ce serait de changer plus ou moins la position à chaque fois qu'il devrait la reconstruire. Huhu, ce serait vraiment trop marrant. Peut-être un pose sexy pour faire plaisir à sa cliente ? Tant qu'il laissait les vêtements sur son modèle, ça devrait passer. Confiant, il démarra son oeuvre, portant une attention particulière sur les détails. Et franchement, il était plutôt content. C'était en tout cas beaucoup plus réussi que les figurines du vieux vendeur.
Sharrkan se retourna vers la jeune femme pour lui présenter le travail fini, mais il se heurta à une horde questions suspicieuses. En même temps, lui et sa grande bouche ! Il avait été obligé de faire des commentaires inutiles et maintenant, la dame avait mis en place certaines pièces du puzzle. M'enfin... si elle vivait ici et qu'elle connaissait Kuuli, elle devait aussi être au courant de toute son affaire non ? Mais il n'avait pas le droit de parler de son occupation. Ou est-ce que c'était de son contrat ? Il savait plus trop.
« Mhmm oui, on parle certainement de la même personne. Et donc oui, c'est elle que je viens voir. Quant au pourquoi, et bien... »
Il repensa aux premiers mots que l'Asaara lui avait adressé et un sourire se dessina sur son visage. Vraiment, cette journée était très fun.
« On va dire que je suis payé en échange de mes... services. Madame Kuuli a beau avoir l'air très froide, elle a quand même besoin de quelqu'un pour chauffer son lit, pas vrai ? » lança-t-il avec un clin d'oeil.
Et le meilleur dans l'histoire c'était que techniquement, il n'avait dit que la vérité.
Mes yeux s'écarquillèrent légèrement suite à cette réponse... Était-ce vraiment ce dont à quoi je pensais ? Était-ce vraiment ce dont quoi il laissait sous-entendre ?
J'étais quelque peu surprise... Il était vrai que Kuuli était une femme terriblement froide avec un cœur aussi dur que la pierre - et son lit était très certainement tout aussi froid. Il ne serait donc pas étrange de la voir inviter un inconnu la rejoindre pour lui tenir chaud, peu importe ce que l'on pouvait dire ou penser d'elle, elle restait une femme et un humain. Il était donc naturel pour elle de vouloir un peu de chaleur. Oui, tout à fait naturel même. MAIS... Disons que ça me surprenait légèrement...
...Elle ? Demander à quelqu'un de venir réchauffer son lit ? Et même lui demander de venir chez elle pour ça ? ...Ainsi, contrairement à ce qu'elle laissait croire en apparence, elle avait elle aussi ses petits vices et péchés mignons ? À vrai dire, cette information pourrait presque faire la une du journal du kunai émoussée... Un poil dubitative, je me rapprochai du jeune homme avant d'afficher un petit sourire en coin de lèvre.
« Chauffer son lit, mh ? Tu caches bien ton petit jeu... Mais je doute que Kuuli invite le premier inconnu à venir pour lui chauffer la couette. Mais supposons qu'elle te veut vraiment... Dans ce cas tu dois avoir quelque chose de spécial, mh ? ...Quels sont tes secrets ? ...Quelles sont tes techniques ? Je suis assez curieuse de voir ce qui, chez toi, a bien pu la charmer.. »
Soit c'était Kuuli qui avait des goûts pour les petits basanés aux cheveux blancs. Soit il avait quelque chose de fort sexy qui avait su parfaitement plaire à la future impératrice. Me voilà désormais curieuse. Bien sûr, ça pouvait aussi être ses talents de bon sculpteur, mais je doutais fort que ce soit cela. Mon regard insistant et un poil complice se posa sur les prunelles sombres du jeune homme en même temps que je donnais quelques coups de coude gentiment pour l'encourager à parler. (Hein ? Comment ça moi gênante ? C'était lui qui l'avait rendu gênant en un premier lieu...)
Décidément, cette fille voulait absolument tout savoir sur tout. Elle ne pouvait pas juste admirer la statue, dire merci et ciao ? Nan, elle devait poser des questions pour connaître le moindre détail. Est-ce que c'était si choquant d'imaginer Kuuli avoir des relations ? Jusqu'à preuve du contraire, elle était humaine. A moins qu'elle ait ouvertement annoncé qu'elle était asexuelle ou homosexuelle et là, la blague tombait à l'eau. Ou alors cette jeune femme était en fait la compagne de Kuuli et là, il venait de déclencher la guerre. Pour l'instant, la seule option était de continuer le bluff.
« Je vais faire semblant de pas être offensé par cette remarque. T'as la réponse sous les yeux. » dit-il en désignant sa personne. « Inconnu pour toi peut-être, mais ce n'est pas la première fois que je viens ici. Ni la deuxième, ni la troisième, et sûrement pas la dernière. Mais si tu veux tout savoir, elle m'a dit qu'elle m'avait choisi pour, je cite "ce que je dégage et ce que je pouvais lui apporter avec mon expérience" donc je suppose que ma réputation me précède ? Et pour les techniques, mhmm... un magicien ne révèle jamais ses tours. » conclut-il avec un sourire.
Il arrivait à retourner la situation à son avantage, en cachant son vrai poste tout en disant pourtant la vérité. Ou en ommétant des détails. Bref, ce n'était pas vraiment sa faute si la brune tirait ses propres conclusions et si elles étaient fausses. Mais si elle continuait à poser des questions, peut-être qu'elle finirait par découvrir la supercherie.
« Enfin, si tu doutes encore de la qualité de mes services, tu peux toujours les essayer par toi-même et en tirer tes propres conclusions. » dit-il en haussant les épaules.
Dernier coup de poker, en espérant que cela suffise pour lui faire lâcher l'affaire.
« Mh.. Tu me laisserais les essayer tes services ? »
Bon, d'accord, c'était une blague. Mais c'était tentant vu comment c'était gentiment proposé. Enfin, quand bien même j'aimais bien ce genre de divertissement, je n'étais pas le genre de personne à m'immiscer dans les affaires privées de Shacho et de prendre ce qu'il lui appartenait. Que ce soit par respect de sa vie privée ou même de la mienne. Ça serait étrange... De se retrouver dans un triangle amoureux avec son employeur.
Et de la même façon, j'évitais de m'immiscer dans les relations et plans culs de mes amis - même si j'étais presque que sûre y'aurait des choses à dire sur Oroshi - mais chacun ses affaires. Pour le cas du jeune homme ici présent, il était un invité de la manieuse de la sable, donc il n'avait rien de suspect. Je ne faisais que m'amuser de lui. Oui. Et je ne pus m'empêcher de lâcher un léger rictus suite à ces mots.
« Enfin, si c'est Kuuli qui t'a convié ici, j'imagine que je devrais te considérer comme un invité, donc bienvenu monsieur copain de Kuuli..? Moi c'est Mukuro, si tu as la moindre question, n'hésite pas. Je peux te guider jusqu'à elle en attendant. »
Quoique, c'était étrange car je ne l'avais jamais vu, mais je n'étais pas non plus tout le temps présente dans le manoir. D'ailleurs, à force d'inviter différents types à venir, le manoir allait vraiment finir en dortoir. Mais bon, ce n'était pas mon problème et je n'allais pas me plaindre d'avoir une chambre à ma disposition. D'une main accueillante qui ouvrait la voie, je lui proposai de le guider jusqu'au bureau de Kuuli.
« Mh, du coup je compte sur toi pour la statue comme tu viendras souvent, » Dis-je avec un sourire.
À vrai dire, je n'étais pas très sûre de pouvoir reconstruire la statue un grand nombre de fois. Disons que dans tout le manoir, j'étais la seule qui aimait autant Raizen et la seule qui pouvait commander ce genre de statue. Il ne faudra pas bien longtemps pour que l'on vienne frapper à ma porte et à ce moment-là, il est fort bien probable que l'on me menace avec ma paye. Enfin, jusque-là, je pouvais encore m'amuser un petit peu.
Vu la façon dont elle avait réagit devant le prix de la figurine, Sharrkan espérait que la brune ne souhaite pas perdre de l'argent de cette façon et ne pousse pas le sujet plus loin qu'il ne l'était déjà. C'était une très belle femme, vraiment, mais elle n'avait pas l'air très nette dans sa tête. A tous les coups, elle lui demanderait de se henge ou d'autres trucs bizarres...
Mais le Kazejin fut quand même bien obligé de retenir son soupir de soulagement lorsqu'elle lui annonça qu'il était maintenant considéré comme un invité. Sa couverture avait presque volé en éclats... et il avait été obligé d'inventer une histoire tordue sur le moment. Ce serait sûrement une histoire marrante à raconter dans quelques temps. Enfin, pas sûr qu'elle fasse beaucoup rigoler l'Impératrice.
« Merci Mukuro, tu peux m'appeler Kan. Allons-y avant que je me fasse engueuler. »
Au moins ça, c'était pas un mensonge. Kuuli n'avait pas l'air d'être le genre de personne à beaucoup rigoler de base, autant ne pas l'énerver en arrivant en retard. Et puis surtout... ils se tenaient toujours sur la scène du crime. S'ils voulaient pouvoir continuer ce petit jeu pendant un moment, ils ne devaient pas se faire attraper dès le premier jour.
« Pas de problème, on a un pacte ! J'espère qu'on pourra l'avoir pendant un moment avant de se faire arrêter. » Répondit-il en souriant.
« Bien évidemment, je me doute que ce n’est pas gratuit ! Je suis riche - je peux te payer tes services au même prix que Kuuli. »
Je souris, d’un petit air angélique, en même temps qu'un silence pesant venait s'installer entre nous… Non, bien évidemment que je n'allais pas le faire. Je n’allais pas prendre ce qui appartenait à Kuuli - et je ne mêlais pas ma vie sentimentale à ma vie professionnelle. Mais la situation me faisait doucement rigoler, alors j'en profitais pour tester ses réactions.
Continuant à sourire innocemment, j'ouvris la voie vers l'intérieur du manoir, l’invitant d’un mouvement ample du bras à me suivre. C'était une bien grande demeure avec à l'intérieur une décoration modeste mais luxueuse. (Enfin, c'était comme ça que je l'imaginais. Il faudrait voir avec Kuuli pour avoir la description exacte. Pour l’heure, disons que c’était ainsi…)
Sans un mot, nous nous dirigeâmes jusqu'au bureau de la manieuse de sable. Il y avait avec des serviteurs dispersés un peu partout tout le long du couloir qui s’occupaient des décorations déposés ci et là. Ces derniers, me reconnaissant aussitôt, nous saluèrent d'un léger mouvement de tête. Puis rapidement, nous arrivâmes à destination.
« C'est donc ici que je te quitte... Ah, et c'était une blague ; je n'achète aucun service. Au plaisir de te revoir une prochaine fois Kan... »
Je lâchai un rictus, et d’un léger mouvement de la main, je finis par disparaitre dans l’ombre du manoir. En réalité, je me doutais bien qu’il n’était pas là pour ce qu’il prétendait… Un homme maîtrisant le chakra pour chauffer un lit ? Alors que Kuuli nous avait demandé récemment d’embaucher autant d’hommes que possible ? Laissez-moi rire. Bien évidemment qu’il était là pour l’organisation… Après à voir ce qu’elle préparait.
Personnellement, je m’étais bien amusée et l’idée d’avoir une sculpture de Raizen devant la fenêtre de ma chambre m’enchantait comme jamais.
Apprête toi à beaucoup éternuer car je vais beaucoup parler de toi dans ce RP
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