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Parler pour panser les plaies.

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Lun 4 Avr 2022 - 8:02
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Himari Suzuri – Psychiatre de l’Institut.

Assise sur sa chaise, parfaitement droite, le menton à peine baissé, Suzuri Himari lisait avec attention le dossier qui reposait sur le bureau devant elle.

« Harusame Natsumi... pauvre fille. » Dit-elle à voix basse.

Bien trop de jeunes femmes et de jeunes hommes connaissaient le même sort, partageaient la même histoire. Tant de vies brisées qu’il fallait reconstruites, pierre par pierre, jusqu’à ce qu’ils brillent à nouveau de tout leur éclat.

« Ah ! » cria-t-elle.

Elle fixa cette tasse trop chaude qui trônait sur son bureau et qu’elle avait voulu nonchalamment attraper. Une routine bien rodée qu’elle ne cessait de polir jour après jour, année après année.
Cette légère brûlure l’extirpa de sa concentration et ce fut alors qu’elle vit l’heure.

« Mais, c’est bientôt ! »

Son prochain rendez-vous, sa rencontre avec @Harusame Natsumi approchait à grand pas. Himari tendit les bras au-dessus d’elle, s’étirant de toutes ses forces, puis sa main droite vint se saisir d’une mèche de sa chevelure verdâtre revêche. Un toc qu’elle ne pouvait contrôler quand elle était ainsi intriguée par l’histoire de quelqu’un, par l’envie d’aider cette inconnue.

A sa gauche, à l’opposée de sa tasse, reposait ses lunettes. De grandes lunettes rondes, épaisses, qu’elle était parvenu à accepter de porter en les rendant encore plus voyante. Une gêne ainsi exhibée, une faiblesse devenue force que d’épaisses montures noires maintenaient en place, prête à être armée et utilisée quand la première occasion se ferait sentir.


Quand enfin l’heure du rendez-vous sonna, Himari entendit des pas s’approcher de sa porte, puis se stopper nets.

« Timide... » Nota-t-elle dans le carnet qu’elle avait placé juste à côté du dossier.

Plusieurs secondes passèrent ainsi. Himari resta dans sa chaise, les yeux rivés sur cette porte, dans l’attente que Natsumi n’ait la force de l’ouvrir, mais cette dernière ne sembla pas y parvenir.
Aussi, afin de mettre un terme à sa souffrance, elle se leva, puis s’approcha de la porte. Arrivée devant, elle épousseta sa tenue légèrement ocre, puis posa sa main sur la poignée et ouvrit calmement ce qui la séparait de sa prochaine patiente.

Le visage qui se dévoila devant elle passa de la stupéfaction à la frayeur. Celui qui l’accueillit fut, au contraire, chaleur et affublé d’un sourire généreux.

« Bonjour Natsumi, je suis enchantée de faire ta connaissance, je t’attendais. Entre donc, installe toi sur la chaise là. »

Son doigt pointa vers une assise qui reposait contre un mur, à laquelle s’opposait une autre chaise, deux mètres plus loin.
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Harusame Natsumi
Harusame Natsumi

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Mer 6 Avr 2022 - 2:51





Shinichi me tendit la tasse encore fumante qu'il tenait dans sa main droite.

« T… Tu es certain qu'on peut… Qu'on peut boire ça ici..? lui demandai-je, un air inquiet se dessinant sur mon visage. »

Je la pris néanmoins. Un sourire en coin, il me fit un clin-d'œil et bu une petite gorgée de thé bien chaud. Satisfait, il exhala bruyamment, s'étira en baillant et se retourna dans ma direction. Faisait-il exprès pour attirer l'attention?

« On dit "merci", Natsu… »

Il rigola, puis vint prendre place à mes côtés tandis que je me distançais instinctivement.
Quelques chaises vides s'alignaient au pied du mur de cette aile que nous avions mis beaucoup trop de temps à dénicher, mon frère et moi. C'était un peu ma faute, à vrai dire : je ne l'avais pas particulièrement aidé durant nos recherches. J'avais espéré, secrètement du moins, ne jamais parvenir jusqu'au lieu de rendez-vous indiqué par la note que l'on m'avait laissée lors de mon congé de l'hôpital. Je n'avais aucune envie de m'étaler davantage sur mon parcours hors de Kumo, ses horreurs, sur ce qui me rongeait, encore et encore, de l'intérieur, sur ce qui me pourrissait l'existence depuis si longtemps, trop longtemps. Je n'avais aucune envie de me retrouver ici, en vérité et cela, je le faisais bien comprendre.

Je revins bientôt à la charge, tapotant davantage du pied sous le poids de cette nervosité grandissante.

« M-Mais… Et… Et si on se faisait prendre..? »

Il plongea son regard sur l'infusion, faussement paniqué, puis releva celui-ci dans ma direction tout en la sirotant sans discrétion aucune. Il n'y avait plus de doute quant à la nature de ses gestes : il le faisait bel et bien exprès, ce salaud.

Confrontée à ce constat, je m'empourprai.
Peut-être capta-t-il à ce moment-là que je n'entendais plus à rire, car il éleva rapidement l'index de sa main libre et le pointa sur un meuble à quelques mètres de nous, au bout du corridor, près du bureau faisant office d'accueil pour l'unité. Sur une table de bois recouverte d'un joli tissu à motifs spiralés, je pus apercevoir la silhouette d'une  théière et deux ou trois tasses attendant toujours preneur au pied d'un minuscule bonsaï. Je soupirai, secouant la tête : il s'était bien moqué de moi.

« Bois donc un peu, Natsu. Ça t'aidera peut-être à reprendre des forces. Tu n’avales presque rien, depuis que… Depuis ton retour.
Je… Je n'ai pas soif…
rétorquai-je, en contemplant ma propre tasse.
—  Natsu… Juste un peu, allez.
Je… Je n'en veux pas..!
explosai-je. Et… Et puis pourquoi tu… Pourquoi tu dois toujours m'accompagner partout, c-comme ça? »

Ses traits s'assombrirent. Il me fixa. Sur son visage, tout indiquait qu'il jonglait avec des pensées, des sentiments douloureux.

« Tu ne serais jamais venue jusqu'ici seule, n'est-ce pas?  »

Je baissai la tête. Il soupira.

« Tu sais, Natsu… Je m'inquiète pour toi. Son regard se posa sur le reste de sa boisson. Je ne veux pas te perdre à nouveau. »

Sur ces mots, ma gorge se serra. Il y eût un long silence. Je n'eus pas le courage de lui répondre. Que pouvais-je lui dire? C'était moi, après tout, l'unique responsable de son malheur, de toute cette peine que j'avais engendré chez mes proches. Mon grand-frère, mes parents, Tengoku… je les avais tous laissé tomber. Si seulement j'avais été plus forte…

Le bas de mon visage disparut dans mon écharpe.

Constatant l'heure tardive, mon frère sursauta sur son siège, me tirant au passage de mes sombres élucubrations. Il se pencha alors vers moi.

« On en reparlera plus tard, d'accord? Je crois que tu devrais y aller. »

Je ne bougeai pas. Il insista.

« Tu… Tu vas m'attendre ici..? murmurai-je. »

Mes prunelles céruléennes s'accrochaient à lui.

Il sourit.


Mes pas, tous plus lourds les uns que les autres, me traînèrent avec peine au travers du corridor, bifurquant au premier croisement pour aboutir sur un cul-de-sac. Là, je me frappai à une porte close : un rempart, l’ultime épreuve à franchir afin d’atteindre ma destination. Je m’arrêtai net, la contemplant de toute sa hauteur. Énorme, d’un bois imitant l’ébène, elle était telle la gueule d’une effroyable créature au sourire carnassier, prête à m’engloutir, à me dévorer tout rond. Je pus aussitôt ressentir les pulsations, sur mes tempes. La moiteur, sur mes paumes. Je soupirai, vaincue : je n’étais pas de taille à affronter un tel monstre…
Mais avant que je ne puisse rebrousser chemin, la gueule s’ouvrit d’un coup, me faisant légèrement bondir sous la surprise, tous mes sens en alerte.

« Oh..! Euh… je..!  B-Bonjour..! »

Il n’y eut ni crocs, ni langue baveuse, ni quelconque haleine fétide. Ce fût, en vérité, tout le contraire.

Une tignasse verdâtre cascadant sur ses épaules, dans son dos. Un sourire chaleureux, si gros qu'il semblait s'étirer jusqu'à ses oreilles. Cette jeune femme était loin de la bête féroce appréhendée.

D'un ton bienveillant, elle me salua à son tour, puis m'invita à prendre place au sein de son bureau, ce que je ne fis pas immédiatement. Mes doigts s'enfoncèrent dans ma chevelure, caressant nerveusement la base de ma nuque. J'hésitais, la peur au ventre. Il n'y avait aucun doute à mon esprit : un pas de plus et j'allais être malade.

Mais ce pas, je le fis. Et j'en fis un second. Puis, un autre. J'atteignis le centre de la pièce.

Tout autour, chaque objet, chaque meuble paraissait me fixer en silence, se rapprochant dans l'ombre pour mieux m'étouffer. Je figeai, livide. Comment allais-je atteindre cette chaise, tout au fond? Elle me semblait si près, et si loin, à la fois. Inatteignable.

À cette pensée, la panique me gagna. Le temps sembla ralentir, le monde se brouiller sous mes yeux. Mon cœur s'emballa, battant, et battant, et battant, comme s'il allait me sortir de la poitrine. Je ne pouvais rester une seconde de plus.

« Pa… Pardon. J… Je… Je ne peux pas. Je… »

Et je fis demi-tour, à toute vitesse.

Je devais à tout prix quitter la pièce.

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Jeu 14 Avr 2022 - 10:28
Parler pour panser les plaies. 5951d510
Himari Suzuri – Psychiatre de l’Institut.

Les yeux rivés sur Natsumi, elle observa, analysa, décortiqua le moindre de ses gestes, de ses réactions. Pourtant, il n’y avait en apparence aucun regard insistant, car la maîtrise de la discrétion, du regard médical, venait là d’années d’expériences.
Natsumi, prise au dépourvue, bégaya, puis resta la questions secondes, immobile, sur le pas de la porte. Sa main droite vint nerveusement se saisir de sa nuque, la frotter, signe d’un malaise, d’un inconfort et surtout, d’un sentiment d’insécurité. Sinon, pourquoi protéger ainsi l’un des endroits les plus vulnérables de son corps ?
Puis elle avança, un pas après l’autre, péniblement. Himari resta sur le côté, près de la porte, sans la fermer, volontairement. Une question taraudait son esprit : Natsumi resterait-elle ? Ou tenterait-elle de fuir ? Submergée par cette peur qui suintait de tous les pores de sa peau.
Quand elle eût atteint le centre, Natsumi se figea. Son teint devint livide et ses mains s’accrochèrent nerveusement à son pantalon, frottant le tissu avec vigueur.

Soudain, les premiers signes de paniques apparurent. Natsumi paru basculer, puis fit demi-tour en direction de la porte, l’anxiété gravée sur son visage.

« Tu es libre de partir, je ne serai certainement pas celle qui te retiendra ici ! Mais sache que je suis là pour t’aider et uniquement pour ça. »

Natsumi, le pied battant le sol, continua à avancer.

« Et je compte bien tout faire pour y parvenir et dire au village que tu peux reprendre ton grade, si tu le souhaites. »

Pas un seul instant, Himari ne bougea. D’elle n’émanait aucune autorité, aucune crainte. Seule sa voie douce et chaleureuse vibra dans l’air, telle une caresse qui tenta là d’apaiser un animal apeuré.
Ses mots furent accompagnés du sourire espiègle dont elle avait le secret. Une main tendue qui n’attendait là que d’être saisie, sans jamais s’imposer une seule fois.
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Harusame Natsumi
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Jeu 21 Avr 2022 - 15:39




Je fuyais, comme si la mort elle-même était à mes trousses, comme si sa faux allait, d’un instant à l’autre, s’abattre sur ma nuque. Cette frayeur intense, elle creusait ses douloureux sillons dans chacune de mes réactions : mon visage, aussi pâle qu’un cadavre, mon coeur prêt à s’arracher de ma poitrine tant il battait à tout rompre, mon insatiable quête d’air frais qui me faisait déjà tourner la tête - et le monde entier, à vrai dire - mes sueurs froides, annonciatrices d’un désastre imminent. Tant d’éléments déroutants sur lesquels mon esprit se fixa, cherchant sans relâche à retrouver un tant soit peu de contrôle, de stabilité… par la fuite.

Dans ce chaos de sensations exacerbées, les mots de la spécialiste  filèrent comme le vent à mes oreilles sans jamais que je ne puisse en saisir le sens. En avais-je d’ailleurs seulement la volonté, ou la capacité? Je n’aurais su le dire. Car mes pas s’enchaînaient les uns après les autres, et j'atteignis bientôt le seuil de la porte : mon échappatoire, la seule issue face à mes démons.

Pourtant, lorsque mes doigts épousèrent avec peine la froideur du bois composant son cadre, je sursautai légèrement. Par ce contact saisissant avec le monde extérieur, les paroles de la femme à tignasse verdâtre parvinrent à percer le brouillard que l’angoisse avait su imposer à mon esprit. Je m’arrêtai d’un seul coup, tremblotante, fixant longuement le sol tandis que je peinais à reprendre l’ascendant sur mes pensées, sur mon corps en déroute. Vaincue, je fermai les yeux, crispant la mâchoire dans une tentative de freiner l’implosion, mais rien ne fit, et mes réflexes reprirent le dessus.
Aussi trouvai-je bientôt appui sur un mur adjacent, me laissant lentement glisser contre sa surface lisse jusqu’à ce que mes fesses n’en viennent à découvrir la solidité rassurante du plancher. Je repliai aussitôt ma jambe, puis vint rapidement chercher ma prothèse afin de tous deux les enlacer. Le cocon de chair, encore et toujours. Une protection illusoire. Ma seule arme contre la peur.

Je restai ainsi de longues minutes sans bouger, les larmes perlant à mes paupières, puis noyant mes joues rougies, comme un ultime, mais nécessaire, appel à l’aide. Car les nuages gris ne s'apaisaient jamais sans, d’abord, déverser leurs orages, leurs trombes d’eau sur le paysage assombri. Une pluie qui, une fois tombée, permettrait de mieux cultiver les terres fertiles, les champs gorgés de son humidité nourricière pour y faire ainsi pousser les plus belles, les plus fortes des fleurs.

L’angoisse toujours inscrite sur mon visage, dans mes gestes, je relevai la tête en direction de l’Eisenin, plongeant de manière brève mes prunelles dans les siennes, avant de les fuir à nouveau. Je reniflai un bon coup, séchant mes larmes du revers de la main. Puis, ce fût au tour de ma voix, lointaine, brisée, de rompre le silence.

« Je… Je crois que… Je reniflai. Pourquoi de si simples paroles étaient-elles aussi difficiles à prononcer?   J’ai… J’ai b-besoin d’aide… »

Je resserrai mon emprise sur mon corps frêle, fragile, vulnérable, enfonçant un peu ma tête entre mes bras.

« Je... Je veux changer… mais… Je n’y arrive pas...  »

Il y eut un court temps mort. Mes doigts, prisonniers de la nervosité, jouaient distraitement avec un pan de mon pantalon.

« Peut-être que… Que… Peut-être que je n’ai p-pas ce qu’il faut p-pour… être shinobi. Je… »

Mes doigts se refermèrent entièrement sur mon vêtement. J’aurais souhaité frapper le mur, derrière moi, de toutes mes forces. M’ouvrir le torse en deux, en hurlant à plein poumons. Mais mon corps, paralysé par tant de maux, se refusa à autant de liberté.

Et le cocon, quant à lui, se resserra un peu plus.

« Tout… Tout est… trop. »

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Ven 8 Juil 2022 - 14:57
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Himari Suzuri – Psychiatre de l’Institut.

Car s’imposer, ce serait se rendre dominante. Pour attirer un agneau, il fallait se rendre tout petit, inoffensif et pas grand et imposant.

Les traits d’Himari laissèrent transparaître la peine qu’elle éprouvait envers cette jeune fille brisée. Tous les pores de sa peau criaient à l’aide, mais son cerveau se fermait de lui-même aux autres. Cette peur d’être à nouveau blessée la paralysait, alors il n’y avait qu’une seule chose à faire, dans un premier temps : gagner sa confiance.
Himari s’accroupit et tendit une main apaisante, qui vint se poser sur l’épaule de Natsumi. Cette dernière était recroquevillée contre un mur, comme un cocon protecteur dans lequel elle s’enfermait.

« Tu as besoin d’aide et je suis là pour t’aider. »

Une main tendue, qui ne demandait qu’à être saisie.

« Mais n’oublie pas ! Tu es libre de partir, tu es libre de dire que tu en as marre et tu es libre de dire stop. »

Son ton se fit exclamatif en disant cela, comme si elle affirmait là une vérité générale, qui, quoi qu’il se passe, resterait toujours telle qu’elle est.

« Changer… prends du temps et des efforts, ça on le sait tous. Mais il y a plus que ça. »

Himari recula sa main, puis la posa sur son genou, imitant l’autre.

« Car changer, ça ne se fait pas seule. Comme tout le reste ! Et pour devenir Shinobi aussi ! Il faut de l’aide. Pour tout, il faut de l’aide. Il faut que quelqu’un t’apprenne, ou alors que quelqu’un t’aide, c’est normal ! C’est la vie, c’est comme ça. »

Ces paroles lui paraissaient si naturelles qu’elle prononça ces mots avec une facilité déconcertante.

« Alors ensemble, on va réussir. Il faut juste se laisser le temps. »

Un sourire chaleureux se dessina sur son visage, sa tête se penchant légèrement sur le côté, interpellant Natsumi.

« Et ça tombe bien, tu as tout le temps que tu veux ! Et moi aussi d’ailleurs, tout le temps nécessaire pour t’aider. »

Sa main à nouveau s’éleva, puis elle vint se placer juste devant Natsumi. Une main tendue qui n’attendait que d’être saisie. Une main tendue qui attendrait le temps nécessaire pour que Natsumi puisse la saisir.
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Harusame Natsumi
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Mar 12 Juil 2022 - 22:21




Une agression contre mon épaule, une voix soudainement si près, trop près. Je frissonnai d’effroi. Un sursaut de plus, de trop. Un énième mouvement de recul, de repli sur moi, alors que mes membres resserraient leur emprise sur mon corps en surchauffe pour en étouffer tout bouillonnement, toute angoisse, toute volonté de repousser l’envahisseur. Submergée par mes démons, je fermai mes paupières avec force, me retranchant derrière cette ultime ligne défensive. Je devais tenir le fort, envers et contre tous. Ne pas céder. Ne rien céder. Jamais. Plus jamais…

La suite se fit rapide, confuse. Je vis rouge. Dans un accès de colère, je rouvris rapidement les yeux, venant repousser avec violence, du revers de la main, l’assaut ennemi. Les dents serrées, j’éclatai, furieuse :

« J’en ai assez ! »

Et puis… je revins à moi, brusquement.

J’eus honte. Profondément. Pourquoi n' avais-je pas su réagir autrement? La réponse m’échappait. Tout m’échappait. Je ne me reconnaissais plus.
Une horrible teinte rosée avait enveloppé la peau de mes joues, à présent, j’en étais certaine. Il faisait si chaud, après tout, ici. C’en était étouffant, douloureux. J'avais envie de disparaître, de m’effacer entièrement à son regard, mais c’était impossible.

« Pa… Pardon… Je… »

Une voix brisée, sincèrement désolée filtra tant bien que mal d’entre mes lèvres tandis que mes mains jouaient nerveusement avec les pans de mon pantalon, le frottant toujours plus, comme si elles désiraient trouver un peu de ce courage qui me faisait défaut, là, quelque-part dans les plis du tissu. Elles s’y ancrèrent avec véhémence, s’enfonçant même un peu dans la chair de mes cuisses, juste en-dessous, convaincus qu’ainsi, rien ne saurait leur échapper. Mais elles n’y dénichèrent rien. Le contrôle de la situation, de moi-même, me glissait entre les doigts, telle une poignée de sable trop fin pour être ainsi maîtrisé.

Les paroles de la psychiatre devinrent dès lors un écho lointain, déformé, au sens inaccessible. Elle ne savait rien. Elle ne pouvait pas me comprendre… Une seule personne le pouvait, peut-être bien. Je n'en étais plus trop certaine, en réalité...
J'en vins alors à douter de ma présence entre ces murs. À la pertinence même de cette rencontre. Et tout se bouscula rapidement entre mes deux oreilles.

Dans cet étrange emportement, je fus bientôt fixée.

Ainsi, lorsque la main aidante de Himari s’éleva, je la considérai à peine, me refermant telle une huître, secouant légèrement la tête de gauche à droite en signe de refus. Je me relevai avec peine, d’abord désireuse d’apporter une quelconque justification à ce qui allait suivre, à ma décision, aussi inconsidérée pouvait-elle sembler, mais me ravisai aussitôt. Puis, l’air abattue, je quittai simplement la pièce pour retrouver Shinichi à l’extérieur.

Cette rencontre n'avait déjà que trop durée.


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Dim 17 Juil 2022 - 12:09
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Himari Suzuri – Psychiatre de l’Institut.

Une main qui ne fut jamais saisie. Bien au contraire, Natsumi la repoussa. Elle rejeta son aide, le support que Himari voulait lui apporter. Cette dernière grimaça de surprise, avant d’effacer aussitôt cette expression de son visage, retrouvant la neutralité professionnelle qu’elle se devait d’avoir. Cet imprévu contrariait l’idée qu’elle avait de Natsumi : était-elle si blessée, si meurtrie que même une telle approche était inefficace ? Le temps, voilà ce qui lui faudrait ; du temps et une approche plus en douceur, accompagnée.

Une chose était bon signe : Natsumi disait en avoir assez. Le ras-le-bol de son état, de cette situation était un premier pas vers la guérison. La colère pouvait être une émotion puissante si bien dirigée. En l’occurrence, elle devait l’être pour se battre contre ses démons, contre son passé ; pour l’accepter et aller de l’avant.

La honte se dessina sur le visage de Natsumi. La honte du rejet, la honte de la colère exprimée. Pourtant, il n’y avait aucune honte à cela. Non, si elle parvenait à refuser ainsi la main tendue de Himari, c’était même une bonne chose, car le refus était une solution qu’elle s’était toujours refusée ; un être dominé qui ne voyait d’autre choix que d’accepter docilement tout ce qu’on lui proposait, tout ce qu’on lui imposait… ce comportement n’était aucunement sain. Là, pour la première fois, elle se rebellait, elle se soulevait contre son interlocuteur. Il n’était pas question de fuite, mais de combat.

Himari sourit. Un sourire en coin subtile, à la commissure de ses lèvres et qui disparut aussitôt. Les mains de Natsumi se plantèrent dans le tissu qui recouvrait ses cuisses, avec toujours plus de force, jusqu’à ce qu’enfin, elle ne se relâchent et que Natsumi se relève.

Natsumi secoua la tête en signe de refus, puis se releva. Elle voulut parler, elle voulut s’expliquer, mais ne le fit pas, ne trouva pas les mots et partie. Himari, pendant tout se temps, resta silencieuse à l’observer, à l’analyser.

Quand Natsumi ne fut plus, elle se releva, puis alla à son bureau noter toutes les observations qu’elle venait de faire.

Une chose pour l’heure était certaine : Natsumi n’était pas prête, mais Himari avait cependant bon espoir qu’un jour elle le soit, qu’un jour elle parvienne à accepter son passé et à avancer.
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