D’être en retour au Pays de la Pluie, et en vie en plus, n’aurait pas dû être une surprise, mais ce l’était un peu quand même, après tout ce qui avait eu lieu au sommet. Peut-être pas d’explosions enterrant tout le monde sous des gravats comme la dernière fois, mais certaines des révélations avaient eu le même effet. Beaucoup de choses avaient changées. Pour meilleur et pire, à la fois.

Taishi retrouva Katsuko à l’endroit convenu, non loin de l’auberge qui leur servait de quartier général improvisé. Il voulait s’assurer d’une relative quiétude et discrétion, afin de parler librement, sans la faux des oreilles qu’ont parfois les murs.

Il avait eu beaucoup de temps pour penser lors de son trajet de retour, qu’il avait de manière plus lente que dans l’autre sens. Évidemment qu’il était pressé de retourner aider la Rose, mais ce temps pour méditer avait été plus que bénéfique et nécessaire. Le silence était parfois un bon partenaire, en autant qu’on ne devienne pas fou du son ses propres pensées.

Évidemment, le pays de la pluie ne leur laissait aucun instant de répit, une pluie fine coulant des arbres de la forêt, offrant une sorte de toit peu stable dans sa performance. Il eut un léger sourire en percevant un instant de ses longs cheveux désormais bruns, un instant qui n’en attendait pas un autre. Assise sur un tronc relativement épargné de la pluie, elle semblait toujours à consulter quelques plans et documents qu’elle avait apportés avec elle dans un sac de messager. La cause passait avant tout ; Taishi en savait quelque chose.

L’Hayai se posa à côté d’elle sans un mot, mais il ne fallut pas un long moment de silence avant qu’il ne l’emprisonne entre ses bras, comme pour signifier à quel point il lui avait manqué. Bien des choses avaient changée, mais d’autres restaient certaines, intemporelles.

« Katsu… »

Ils avaient plusieurs choses à discuter mais l’Hayai ne voulait pas s’avancer trop vite. Ses yeux verts observèrent l’un des documents qu’il releva de la main, lisant en diagonale son contenu. Il hocha légèrement de la tête. Au dirait bien qu’ici aussi, les choses avaient bien avancées.

« On passe à la prochaine phase bientôt, au dirait. »

Taishi ne lui demanda pas si elle était certaine, ou nerveuse. Ce genre de chose n’aurait pas eu de sens, pas à ce stade du moins.

« Pour commencer, ce n’était pas un piège, même si le sujet l’était peut-être au final. Si c’est ce que tu souhaites, je peux t’en raconter les détails ou les grandes lignes, ou seulement les conclusions tirées. »

Son regard était sérieux, mais plein de sollicitude.

« Ça ne doit pas te distraire de ce que tu accomplies ici. Y aller était ma décision, tous comme les conséquences, d’ailleurs. »

Même s’il songeait qu’il ne pourrait, au final, rien faire sans qu’il n’y ait un impact pour elle, tôt ou tard. Mais l’Hayai savait que leur relation était basée depuis le début sur ce risque, et sur l’indépendance qu’ils portaient ensemble l’un à l’autre, et l’un envers l’autre.

Ils étaient deux anomalies dans un monde irrégulier.

Elle patientait, plongée dans quelques documents récupérés au palais et d'autres qu'elle avait fait elle-même. Elle vérifiait la fiabilité de certains agents, lisait des rapports. Au final, si elle était venue ici pour attendre le retour de Taishi et pouvoir profiter de lui quelques temps seule à seul, elle ne pouvait pas se permettre de tout mettre de côté, même pour un soir. C'était trop proche. Lorsqu'il arriva, elle ne le remarqua pas immédiatement, trop plongée dans ses documents. Il n'était pas une présence menaçante après tout. Il n'avait pas tenté d'être discret face à la tueuse qu'elle était.

Après quelques instants, elle posa ses papiers à côté d'elle, toujours à l'abris de la pluie, et tourna les yeux vers l'Éclair vert. Il n'avait pas son masque. Elle lui sourit quelques instants, lui caressa tendrement la joue... Avant de le prendre dans ses bras et de le serrer fortement pendant de longues secondes contre elle. Il était en vie. Et ne semblait pas blessé. Seul son masque manquait. Mais quelle importance ? Elle-même n'avait pas encore réussi à faire partir la couleur qu'elle avait dû se faire pour se sécuriser lors de sa mission au palais. Il faut dire qu'elle l'avait bien choisi et bien appliquée. Cette teinture avait le grand avantage de tenir efficacement sous l'eau du pays de la Pluie, il fallait bien qu'il y ait quelques petits inconvénients.

Mais comme pour lui, cela restait de l'accessoire. La couleur de ses cheveux, un masque, ce n'était pas leur âme. Ce n'était qu'une possession, un état de faits qui pouvait changer. Se décollant doucement de son amant, elle plongea ses yeux rougeoyant dans les émeraudes de son compagnon.

« Il faut que le plan soit parfait, si on veut éviter des morts. On l'aurait déjà lancé si c'était juste une attaque banale. Depuis longtemps. Et on aurait pas prit tous ses risques au palais. Même s'ils se sont montrés... Fructueux... Les parchemins que j'ai trouvé dans la réserve... Ils ont eu leur utilité... »

Un petit sourire amusé, la voleuse avait trouvé là une arme bien puissante contre cet imbécile qui se permettait de garder des parchemins signés n'importe où. Des parchemins vierges. Quel genre de fainéant faisait ça ?.. Il se pouvait même que cet imbécile n'ait pas signé lui-même les papiers.

S'installant plus confortablement contre l'Hayai, elle se retourna juste un instant pour lui voler un baiser avant de respirer profondément. Comme un soupir de satisfaction. Il était là, bien réel. En vie.

« Je sais bien, t'en fais pas. Mais tout ça peut influencer mon travail ici. Les détails ce serait trop long non ? Va pour les participants, les grandes lignes et les conclusions. Et si t'as fait des découvertes intéressantes qui ne concernent pas vraiment le sommet, n'hésite pas... Je reste une informatrice. »

Attrapant une feuille vierge et un crayon, elle se préparait à prendre des notes si nécessaire, bien qu'elle ne comptait pas écrire grand chose. Son excellente mémoire faisait le travail pour elle, et l'exercer pour la conserver était capital. Avec la pluie qui tombait à quelques mètres du couple sur le sol comme horizon, Neiko écoutait Taishi tout autant qu'elle entendait les gouttes qui se fracassaient sur le sol pierreux.

L’Hayai eut un doux sourire, appréciant cet instant à ses côtés, comme un temps d’accalmie dans la tempête de leurs vies mouvementées. Retirant son gant, il passa la main dans les longs cheveux de la femme, avec une certaine qui caractérisait leur étrange relation. Il n’était pas étonné qu’elle puisse vouloir davantage de détails : comme elle le faisait remarquer, malgré son désir de rester loin de son sujet, celui-ci pouvait influer sur sa cause.

« Je t’aurai prévenue, tout de même… »

Petit rire. L’Hayai n’avait pas réellement pensé qu’elle se garderait de vouloir en savoir plus, mais ce n’était pas grave. Il n’avait rien à cacher, pas à elle. Ou presque.

« Où commencer… »

Il commença par lui parler de son arrivée sur les lieux, de la cité des moines et qui y était présent, décrivant chacun des participants lors de leur arrivée.

« … La plus grande surprise fut de voir des anciens Kumojins se présenter, eux aussi invités par Mokkô directement. Si ce n’était pas assez, l’une d’elle du nom d’Uzumaki Sazuka, s’est elle-même présentée comme étant la nouvelle… Raikage ? »

L’Hayai haussa les épaules, l’air de dire que c’était aussi mystérieux pour lui que pour le reste. Il parla aussi de la délégation Kirijine, mais surtout de son allure distinguée, fort différente de ce à quoi il s’était attendu de par ses expériences avec le village de la Brume. Quant à l’Empire…

« Rei ne s’est pas pointé. Il a envoyé cet homme, Kaguya Kôsuke, à sa place. Je ne le connaissais que de nom, avant cette rencontre. »

Il survola rapidement Iwa, puisque Katsuko en connaissait nécessairement bien les acteurs, ayant eu affaire avec eux de manière notable récemment. Même si…

« Toph a clairement changée dans les derniers mois, et même depuis notre départ du village. Son âme vieillit à vue d’œil. Je ne saurais le décrire autrement. Elle est… Déterminée. »

À bien y penser, il n’était pas certain que quiconque dans la pièce eut la force de son regard, ce soir là. Avec les personnages posés, Taishi commença à parler de la réunion elle-même, et de la présence d’Ohana, mais aussi du Saint-Père, cachant mal son dédain de l’homme qui ne lui inspirait aucune conscience.

« Un homme tel que lui devra disparaître une fois que nous en terminé avec le Chapelier, volontairement ou non. »

Il amorça alors le sujet épineux de l’homme au chapeau vis-à-vis les propos de Mokkô mais aussi d’Ohana, ainsi que les différentes interventions, roulant des yeux en décrivant l’effronterie de Sazuka, le scepticisme de Toph, le stoïsme de Kaya. Les batailles entre l’exKumo et le Teikoku qui avaient considérablement alourdi le sujet inutilement.

L’Hayai parla des différentes théories sur les pouvoirs et capacités du Chapelier, soit sa maîtrise du temps mais aussi de sa relative vision du futur. Il termina la première partie du récit en parlant des révélations du Saint-Père sur les dieux mais aussi sa propre survie. Et l’importance d’un Dieu Renard, capable de rendre pratiquement invincible un homme tel que le Chapelier.

L’Hayai sembla réfléchir.

« Déjà, la réunion était assez chaotique. Les anciens Kumojins et surtout leur chef ne semblent jamais s’être remis de ma rebutade ou de celle de Mokkô. Toph formulait déjà un plan de bataille. Aussi curieux que ça puisse être, c’était la Kirijine, Yuki Kaya, qui était la plus sensée à ce moment-là. Et peut-être le reste de la réunion, d’ailleurs. »

Il eut un petit rire. Comme le destin jouait d’étranges jeux…

Oui, il l'avait prévenu, mais bon. Ce n'était pas comme si elle avait eu le choix. Elle avait trop à faire ici pour se permettre de partir maintenant, même seulement pour quelques jours. C'était la phase finale. Et elle ne pouvait plus s'éloigner de la capitale pour son bon plaisir. Maintenant, il fallait agir. Écoutant alors le nukenin lui expliquer tout avec bon nombre de détails malgré tout. Heureuse qu'il en prenne la peine, elle se blottit un peu plus contre lui, jouant de ses formes pour le perturber un peu dans son discours. Malgré ce petit amusement provocateur, elle l'écoutait avec la plus grande attention, prenant quelques notes pour les informations les moins capitales et les moins sensibles. Si jamais ce papier tombait entre les mains de quelqu'un d'autre, chapeau à lui s'il comprenait quoi que ce soit des écrits parcellaires de la jeune femme sans déjà connaître les informations qui y étaient écrites.

Elle hocha un peu la tête à la mention des membres kirijins, ayant un sourire mystérieux lorsqu'il parla de Kaya, puis lorsqu'il présenta les iwajins, un petit sourire à la mention d'Aimi. Elle était donc là, elle était plus importante au sein de son village qu'elle ne l'avait laissé paraître alors. Ou était-ce juste une coïncidence ? Elle ne fit aucun commentaire pour Toph, elle ne la connaissait pas assez et pouvait difficilement se faire une idée juste avec la restitution rapide de son amant. Aussi fiable le trouvait-elle, ce n'était à son avis pas possible de juger des changements psychologiques de quelqu'un autrement que par soi-même.

« Je vois. Beaucoup de gens importants. Môkko n'a pas invité n'importe qui. Tu es plus important que tu t'amuses à le dire pour être convié personnellement. Je suis peut-être plus célèbre que toi ici, mais tu sembles me dépasser dans le Yuukan. T'en fais pas, je te rattraperais un de ces jours. »

Le regardant avec un sourire amusé, lançant comme un petit duel de popularité entre eux, elle comptait malgré tout rendre réels ses dires. Même si son ton pouvait laisser croire à une simple plaisanterie. Elle en avait besoin après tout. Alors que lui... Lui ne basait pas son commerce sur sa renommée dans le monde. Elle avait encore fort à faire.

« Ohana était là aussi ?.. Il faudrait que je la recroise et qu'on se mette en place un deal d'échange d'informations. Elle semble avoir des sources diablement efficaces, entre cette fois-là et Wasure... Elle est toujours au bon endroit. Tu sais si elle est toujours à Joheki avec son journal ? »

Neiko, attentive, hocha la tête lorsqu'il parla de s'occuper du Saint Père après coup. Oui, c'était sans doute quelque chose qui serait nécessaire. Il faisait parti des fous qui voulaient laisser les Dieux être libres, comme si des entités pareilles allaient faire autre chose que détruire toute civilisation si elles étaient déchainées. Pour ce qui était de l'Homme au Chapeau et de ses capacités, la vampire ne put retenir un frisson avant de hocher la tête.

« Je dois avouer que pour le temps... J'avais la même idée. Celle qu'il puisse voir le futur, d'une manière ou d'une autre. J'en ai parlé à Toph, après l'attaque sur Iwa. L'attaque était trop désorganisée pour réellement aboutir. C'était un village militaire shinobi qui était attaqué, pas une cité normale. Envoyer un grand nombre de mercenaires sans le moindre plan ou la moindre cohésion avec à sa tête uniquement une de ses Lieutenant... Pour moi, je le pense désormais encore plus, c'était juste une manière de se débarasser d'elle en portant un coup sévère aux villages. Et aussi de se résigner à la perdre plus facilement que de la tuer de ses mains. De ce que m'a dit Toph, il semblait avoir un certain lien avec elle, ou du moins Mamushi le pensait. »

Katsuko eut un nouveau sourire amusé lorsqu'il parla à nouveau de Kaya. Elle posa alors son document à côté d'elle et se mit à califourchon sur ses genoux, plantant son regard dans celui du jeune homme.

« Kaya Kaya... Elle est très jolie si je me souviens bien. Une gradée kirijine, de beaux cheveux blonds, des yeux bleu terribles... Et surtout des seins à croquer, pas vrai ?.. »

Le sourire moqueur, laissant entrevoir ses dents, les yeux brillants, la prédatrice posa ses mains sur les épaules de son amant.

« Je l'aurais bien mangé un peu moi, lors de mon passage à Kiri. Dommage que je ne pouvais pas faire grand chose à l'époque... »

Jouant un peu avec lui, pressant sa poitrine contre le torse de l'Hayai, les yeux toujours plongés dans les siens, elle attendait de voir sa réaction. Et de découvrir la suite de son récit.

« Et ensuite ?.. »

Elle parla de popularité, mais Taishi comprit assez vite que la Rose se foutait bien de sa gueule, ou presque. Il eut un petit rire, conservant un sourire léger, réalisant à quel point il était heureux de la revoir, saine et sauve.

« Important, moi ? J’en doute fort. Je pense que Toph a juste glissé un bon mot pour moi à l’oreille du Charpentier, qui ne semble pas particulier m’apprécier d’ailleurs. J’ai passé le reste de la soirée à me faire demander ce que je faisais là, pour être honnête. »

Elle semblait jalouse de sa notoriété et il eut un petit soupir moqueur, fouillant dans sa poche pour en extirper le masque de l’Éclair Vert.

« C’est ça qui est célèbre, pas moi ! Et ce n’est pas une compétition, hein… Personnellement, plus je suis inconnu au bataillon, mieux c’est. »

Et ça, il le pensait réellement. Si l’Hayai souhaitait un jour une retraite dorée, à vivre de sa musique paisiblement… Elle parla d’Ohana, et semblait la connaître. Taishi n’aurait pas dû s’en surprendre, le réseau de contact de la femme était immense, après tout. À sa question, il sembla réfléchir, mais haussa finalement légèrement les épaules.

« Diablement informée est bien le mot que j’utiliserais. Elle en savait beaucoup, sur bien des sujets, même sur moi. Elle travaille définitivement toujours pour ce torchon de Kunaï Émoussé, mais de là à savoir sa base d’opération, c’est autre chose. Tu aurais pu me dire qu’elle était aussi jolie, d’ailleurs. »

Il n’avait pu mettre cette remarque à contribution, la journaliste s’étant éclipsée juste après la réunion… Mais ce n’était que partie remise. Il hocha la tête devant les explications de Katsu. Oui, c’était une conclusion logique et Taishi imaginait que plusieurs avaient eu l’équation en tête sans nécessairement pouvoir l’énoncer tant elle semblait illogique, défiait les lois naturelles du monde. Et pourtant, ça semblait la vérité, la réalité…

« Je sais qu’on en a déjà parlé, mais si le Chapelier voulait vraiment se débarrasser de cette Mamushi, on doit se demander pourquoi. Bien utilisé, son pouvoir était presque aussi terrifiant que celui de l’Homme au Chapeau… »

Elle commença à parler de Yuki Kaya et Taishi secoua la tête, amusé alors qu’elle s’installait sur ses jambes. Il glissa ses doigts entre ses cheveux, tirant légèrement pour l’empêcher de mordre peut-être… C’était joueur, pas douloureux.

« Katsu serait-elle jalouse, par hasard ? »

Il eut un petit rire. Il ne le pensait pas réellement. Ils étaient amants, pas exclusifs pour autant. Ça avait toujours été ainsi.

Elle voulait passer à la suite même si sa gestuelle indiquait autre chose, et l’Éclair Vert l’emprisonna dans ses bras, déposant quelques baisers dans son cou avant de reprendre son récit.

« La discussion a débordé un moment sur le sujet Kumo vs Teikoku. Kôsuke a pris un temps pour indiquer que Rei n’était plus de mèche avec l’Homme au Chapeau, pour justification que si l’Empire et celui-ci étaient de pair, le sommet aurait été saboté par le Chapelier et le Teikoku ne serait pas là pour collaborer. »

Taishi soupira.

« Je ne suis pas exactement convaincu. Ça pourrait faire partie d’un plan plus large du Chapelier et de son élève. Nonobstant, Kôsuke semblait honnête alors je lui ai donné le bénéfice du doute, si ce n’est que parce que je ne voulais pas passer la rencontre à parler de ce sujet en particulier. »

Il décrivit la longue intervention de Meikyû Raizen, venue pour remplir les cases que la Raikage avait tentée de garder sous silence, plus particulièrement le passage sur la libération du Dieu des Éléments, et ce que ça impliquait. Les propos du Charpentier et du Saint-Père sur le Dieu Renard suivirent.

« Par la suite, on passa beaucoup de temps à analyser les possibles motivations de l’Homme au Chapeau. Takara a fait un long monologue dénonçant quiconque voudrait condamner le Chapelier « trop vite », ce qui était d’une certaine ironie pour moi. »

Taishi détailla son irritation sur le sujet qui fut bien trop longtemps débattu, frustration partagée avec la dignitaire de Kiri. Rassurant son étreinte sur la femme entre ses bras. Il raconta le changement drastique du comportement du représentant de l’Empire, puis les commentaires du Saint-Père, notamment le rappel qu’il détestait les shinobis, et sa vraie motivation : de relâcher tout bonnement les dieux.

Il fut plus exhaustif sur le sujet des Kinjutsu, racontant tout ce dont il se souvenait afin de s’assurer que Katsuko aurait une image claire de ce qui était envisagé. Ce serait important pour la suite des choses…

« Apparemment, même Nara Alderan était au final l’un de ces « derniers gardiens ». Tu croirais qu’il l’aurait mentionné avant que Borukan Akimoto le réduise en poussière volcanique… »

Il passa rapidement sur l’intervention de Midori, soulignant davantage son ridicule qu’autre chose. Même en essayant de dire ce que ça avait contribué à la discussion, il aurait cherché longtemps.

« Chacun des Kumojins a insisté pour parler, l’un après l’autre. Le plus long monologue que j’aie jamais entendu, et au final je n’en ai pas retiré grand-chose pour être honnête. »

Si les mots pouvaient blesser, le Chapelier n’avait qu’à bien se tenir… Hahaha. Il décida de s’arrêter là, laissant la femme écrire ses notes et poser ses questions avant de continuer.

Elle haussa un peu les épaules à la mention du Charpentier et de Toph, mais eut un petit sourire lorsqu'il lui montra son masque.

« Dommage pour eux, ils ne voient pas le plus... alléchant... »

Dévoilant à nouveau quelques instants ses canines, la vampire eut un petit rire lorsqu'il mentionna le Kunai Émoussé avec un certain dédain. Visiblement, il ne le tenait pas dans son coeur. Le journal avait pourtant bien servi à Seichi pour faire un peu connaître son combat face à un Daimyo peu reluisant qui délaissait son peuple. Un avantage qui avait ramené certains membres à leur cause. Pas de grandes figures, certes, mais des hommes et des femmes pour qui le bien être de leur pays méritait leurs efforts.

« Sans doute parce que c'était un moyen pour lui de se débarasser d'elle sans danger. Peut-être se serait-elle même retournée contre lui ? C'est des suppositions que j'ai déjà présenté à Toph, il y a quelques mois. Et cette supposition que vous avez fait, qu'il peut voir le futur... Je pense que j'avais plutôt eu une bonne intuition à l'époque. Et je pense qu'elle est toujours bonne. »

Dérivant sur le sujet de Kaya, elle le laissa l'attraper ainsi, tirant un peu dessus en claquant des dents dans le vide comme un animal affamé, brusque dans un premier temps puis au ralentit, faisant bien ressortir sa poitrine. Jouant de ses atouts qu'elle n'avait que depuis peu et auxquels elle semblait bien s'être acclimatée. Après tout, cela la fascinait, d'attirer de nouveaux regards. Des regards pas toujours charmeurs, mais des regards envoutés. Une autre forme de proies pour elle. Ce nouveau corps ne lui faisait se poser plus qu'une question, bien plus sombre, une question qu'elle voulait oublier et qu'elle s'efforcer de repousser. Est-ce que sa mère et son frère la reconnaîtraient ? Est-ce qu'ils l'accepteraient ? Une peur insidieuse, violente, interne, destructrice. Mais qu'elle faisait taire de toutes ses forces.

« Jalouse oui... Mais de qui ?.. »

Reprenant un sourire amusé, utilisant les bras qui la retenaient en arrière comme un berceau sur lequel elle pouvait s'allonger, laissant ses bras et sa tête partir en arrière pendant quelques instants, observant le ciel, s'y perdant, pensées et sourire. Neiko se redressa après quelques instants, de nouveau sérieuse. Elle relança Taishi sur le sujet, l'écoutant avec intérêt, continuant de jouer de ses formes mais uniquement de manière physique et non plus dans ses paroles. Fermant les yeux et frissonnant sous les baisers de son amant, elle pressa son corps un peu plus fort contre celui de l'Hayai, sans pour autant aller plus loin. Ils devaient terminer cette discussion avant de passer au plaisir... Si jamais il le désirait.

« Je vois... Les rebelles kumojins et l'Empire font les enfants autour d'un jouet que chacun veut sans même se souvenir de pourquoi il le souhaite. La terre n'a d'importance que celle que les gens qui s'y trouvent lui apporte. L'âme d'un groupe est ailleurs. Et ce n'est certainement pas conserver un bout de terre qui empêchera les kumojins de commettre des exactions si jamais c'est leur profond désir. Je pense que les Kumojins sont égoïstes de ramener leurs soucis sur le plateau d'une telle réunion et que l'Empire est stupide de s'évertuer à vouloir les soumettre. Eux qui parlent de libération des peuples... C'est aussi stupide que leur idée de venir s'incruster dans un conflit qu'ils ne comprennent pas ici. »

Les mots de la vampire se faisaient tranchant, mais elle n'avait jamais été compréhensive. Elle n'avait jamais cherché à être sympathique avec des puissances qu'elle voyait comme asservissantes. Des puissances qui lui rappelaient trop l'image autoritaire de son père qui la maltraitait, la torturait. Des puissances qui vous utilisent comme un enfant qui détruit ses propres jouets. Les réduit en charpie sous l'énervement de ne pas obtenir la nouvelle toupie à la mode. Ridicule.

Un certain mépris était alors audible dans sa voix, un mépris qui ne trouverait certainement personne en face de lui, puisqu'elle ne pensait pas Taishi comme étant un défenseur de ces deux nations, ou en tous cas des puissants qui les dirigeaient. Car elle voyait une très nette différence entre l'Empire et les hijins, qui eux, n'avaient fait que souffrir le massacre de Yugure dont elle avait entendu parler jusqu'à Kaze, à l'époque.

« On a donc un monstre qui souhaite devenir illimité dans son utilisation de ses propres capacités... Génial... Et on est sensés attendre que "ça" n'ait plus de chakra pour le vaincre donc ? Optimistes... S'il est malin, il aura toujours un plan de fuite et conservera toujours le chakra nécessaire pour l'appliquer. Et à partir de là, il n'a qu'à camoufler son chakra et prendre la mer pour être intraçable le temps de se refaire. Et il peut le faire indéfiniment. Si jamais il n'est pas plus doué que ça, il peut peut-être même jouer des apparences comme moi. Ou comme toi. Est-ce qu'on peut vraiment faire quelque chose contre "ça" ? Est-ce que ça ne serait pas mieux de juste attendre qu'il s'autodétruise avec deux démons dans son corps ? Car je vois mal ce que cet imbécile obsédé par le pouvoir pourrait obtenir de mieux avec ça. »

Elle soupira. À vrai dire, elle ne voulait même pas prendre le moindre risque en affrontant cet homme. Et elle ne voulait pas que Taishi s'implique plus que cela dans cette quête et mette en danger sa propre vie pour des gens qu'il avait déjà trop protégé. Ils ne le méritaient pas. Peut-être était-elle biaisée, et alors ? Qu'importe. Elle ne voulait pas le perdre.

« Condamner trop vite "ça" ?.. Soit elle est conne, soit elle fait exprès. Soit elle a vraiment rien compris à qui il était, ses aspirations et ses actions. Un homme qui maîtrise le temps, voit potentiellement le futur et qui laisse Yugure se produire ? Qui attaque une cité comme Iwa avec des centaines de mercenaires séparés de leur liberté mentale ? »

Katsuko cracha par terre, bien énervée cette fois-ci. Si les paroles précédentes à propos de Kumo et de l'empire l'avaient ennuyé dans leur enfantillage à ses yeux, ici elle était réellement agacée. Et elle le montrait. Loin d'être impartiale ou même juste dans ses propos et son avis sur la question, elle était cependant imbranlable. Personne ne la ferait sans doute plus changer d'avis à propos de cette personne, à moins d'un miracle. Cette Suzuri Takara, de la délégation de l'Empire.

« Donc ils veulent employer ces pouvoirs de "derniers gardiens" pour contrôler des monstres et en devenir... Génial. De plus en plus génial cette réunion. Je suis tellement heureuse que tu t'en sois sorti vivant... »

Elle ricana lorsqu'il parla de Midori. Elle ne la connaissait pas, mais le dédain qu'il avait pour elle amusait la vampire. Elle ne l'avait encore jamais vu ainsi. Elle ne semblait pas même mériter son énervement.

« Ils ne sont pas très bons dans l'utilisation des informations... Tant pis pour eux. »

Elle se repencha sur lui pour aller chercher un nouveau baiser avant de poser sa tête sur son épaule de côté, les yeux tournés vers le visage nu du nukenin. Sa main lui caressa distraitement la joue, de nouveau détendue et pensive.

« Et après ?.. C'était la fin des divertissements ou des sujets intéressants sont revenus sur la table ? Les conclusions, les actions concrètes, c'est quoi ? »

Que l’Homme au Chapeau ait voulu se débarasser de Mamushi semblait une réelle possibilité, mais Taishi ne voulait pas s’y attarder trop longtemps. Il fallait rester pragmatique, centré sur le futur, surtout si le Chapelier pouvait le discerner. Mamushi était morte et allait le rester. Elle parla de jalousie et l’Hayai roula des yeux, ne songeant même pas nécessaire de relever le commentaire. Katsu avait toujours eu le sang chaud, mais c’était peut-être dans l’ordre des choses.

Même son de cloche par rapport au conflit qui opposait Kumo et l’Empire. Taishi avait exprimé son dédain du sujet, et il ne voulait pas perdre trop de temps à en analyser les facettes. Pour le moment l’issue du conflit ne l’importait que dans la capacité à ses participants à supporter la coalition, ou surtout son but ultime.

Elle parla de leurs chances face au Chapelier, montrant clairement qu’elle ne voulait pas faire partie de ce combat-là. Personne ne pouvait lui en vouloir, Taishi avait tiré les mêmes conclusions lors de la rencontre. Mais… Il était resté malgré tout.

« Ce n’est définitivement pas une mince affaire de le vaincre. Je crois que beaucoup de vies seront perdues, même dans le meilleur scénario. C’est un prix qu’il faudra payer à un moment ou un autre. Mais la journaliste, Ohana, pense avoir obtenu une signature de son chakra suffisante pour permettre de le traquer. Si les villages mettent leurs ressources en commun, en autant qu’il soit sur le continent…Il pourra être trouvé. »

Il décrivit le stratagème qu’Ohana avait présenté à propos de la Princesse de Tsuchi no Kuni, et de la « Peur » enfermée dans un crystal. L’Hayai était conscient que ça restait la partie la plus simple. Le trouver était une chose, le tuer… Une autre.

« On aurait tendance à penser que sceller un deuxième démon est impossible. Mais il n’y a pas si longtemps, on pensait la même chose de mettre un unique dieu dans le corps d’un humain. Je pense que ce monde ne peut plus se permettre de telles assomptions par rapport à lui, ses capacités et le degré de son savoir. »

En vrai, l’Hayai ne s’interrogerait pas longtemps sur la question. Il devait l’en empêcher, tout simplement. Et à ce qu’il sache, le Chapelier ne pouvait pas s’auto-ressuciter, alors c’était un bon point de départ comme réponse.

Elle demanda la conclusion de la réunion, ses conclusions. Taishi eut un petit soupir. C’était la partie la plus épineuse, en vérité.

Il lui décrivit l’offre d’Ohana, et l’idée de la Coalition. Le plan était réel : trouver les derniers gardiens, les convaincre de transmettre leurs jutsus de scellement, puis trouver le dieu Renard, en réveillant d’autres dieux si nécessaire. C’était une course comme une autre.

« Iwa s’est engagée, de même que l’Empire. Kiri ne pouvait prendre de décision sans l’aval du Mizukage, mais je pense qu’ils joindront, eux aussi. L’ExKumo a refusé, disant plus ou moins que leur cause était plus importante. »

Moment de silence, le bruit de la pluie dans les arbres étant le seul concert qui atteignait leurs oreilles. Il passa les doigts dans les longs cheveux de la femme. Il était certain qu’elle avait déjà déduit la suite, mais ça ne rendait pas la tâche de lui dire plus facile.

« Nous avons toujours étés honnêtes l’un envers l’autre, Katsu, autant qu’on pouvait l’être. Si nous sommes ensembles, c’est parce que nous nous comprenons mieux que la plupart des gens. »

Silence. L’Hayai souffla.

« Alors je dois aussi te dire que je me suis également joint à cette coalition. Et pour ce faire, je rentrerai à Iwa une fois que nous en aurons terminé avec le pays de la Pluie. Pour de bon. »

Son temps comme indépendant touchait à sa fin, car cette cause dépassait ses capacités personnelles. C’était un prix nécessaire à payer. Et Taishi n’était plus la même personne que lorsqu’il avait quitté son village jadis. Peut-être Katsu l’avait-elle remarqué avec le temps, qui sait. Il baissa les yeux.

« Je ne veux pas débattre avec toi de ma décision. Tout ce que j’ai vu et vécu m’a mené vers cette voie. Et je la choisie en tant qu’homme libre. Tout comme ce que tout ce que nous avons vécu jusqu’ici. »

Les choses seraient différentes désormais, mais le destin le voulait ainsi.

Joueuse, elle perçut l'absence de compréhension de ses propos dans les yeux de Taishi. Mais ce n'était pas très grave, ce n'était pas un sujet important, cette kirijine. Brûlante cependant, elle ne put s'empêcher de se montrer sévère envers les descriptions qu'il lui donnait, bien qu'elle sentait à nouveau la lassitude qui habitait son amant.

Plus leur échange avançait et plus elle le sentait. Ce qui allait arriver. Qu'il gardait pour la fin. La lassitude qu'il montrait envers les conflits, doublés de son ton lorsqu'il parlait de la coalition. Elle sentait qu'il était en accords avec ces idées. Qu'il voulait aller plus loin que simplement partager quelques informations. Il était quelqu'un qui avait passé plusieurs années de sa vie à protéger Hi dans un sens. Pour réparer ses erreurs, ses errances. Il était différent des autres, et c'est pour ça qu'elle l'aimait. Énormément.

Tachant de ne pas trop montrer la peur qui commençait à l'envahir avec ce qu'elle s'imaginait, Neiko hocha un peu la tête.

« C'est vrai qu'il a déjà montré qu'il était capable de faire des choses absurdement puissantes... »

Le questionnant finalement sur les résultats, Katsuko hocha la tête pensivement. Ils avaient quasimment tous ralliés cette cause donc. Et seul le groupe des résistants de Kumo avait donc refusé. À vrai dire, avec la description que lui avait fait Taishi, ce résultat était prévisible. Au moins ils semblaient avoir des pistes, des armes pour lutter un tant soit peu. Sans doute pas à armes égales de son point de vue, mais au moins ils pourraient lutter. À ses yeux, le manipulateur de temps avait toujours un avantage. Un trop gros avantage. Et c'est pour cela qu'elle en avait peur.

Ensemble ils écoutèrent l'eau tomber sur le sol à quelques mètres d'eux. Les gouttes de pluie chûtaient et créaient un vacarme aux oreilles de la vampire. Un vacarme qui ne faisait malgré tout pas taire l'angoisse qui montait en elle. Il voudrait affronter l'Homme au Chapeau. Il voudrait aider cette coalition. Elle en était certaine. Et elle avait peur pour lui. Dès lors qu'il se dresserait contre ce fou, il prendrait encore plus de risques qu'en allant simplement à une réunion à son sujet.

Lorsqu'il reprit la parole, elle sentit son corps se tendre. Elle ne voulait pas l'entendre dire qu'il partirait aux côtés d'inconnus avec qui il n'avait quasimment aucuns liens dans une mission suicidaire. La Chinoike ne voulait pas le voir partir et ne jamais revenir auprès d'elle. Et enfin, les mots tombèrent. Mais différents de ceux auxquels elle s'attendait. Et ils firent moins mal que ce qu'elle avait cru.

Gardant le silence un bon moment, le serrant à nouveau fortement dans ses bras, se blottissant contre lui pendant de longues secondes où la pluie reprenait le dessus, elle finit par le relâcher doucement, soupirant légèrement. La nukenin replongea alors ses iris vermillon dans le regard de celui qu'elle aimait.

« Je me doutais que tu pourrais pas tourner le dos au Yuukan. T'es pas comme moi sur ce point. Tu es bien trop généreux. Mais... Mais si tu le fais en tant qu'iwajin... C'est... Moins pire que ce que je pensais. Tu seras plus en sécurité, avec une équipe de véritables camarades, avec des gens sur qui tu pourras compter. »

Nouveau silence. C'était vrai. Mais une autre peur était présente. Le reverrait-elle un jour, après son départ d'Ame ? Elle eut cependant un petit rictus en entendant la suite de ses paroles.

« Je te demanderais jamais ça, t'as oublié ? C'était si long que ça, ce sommet ? »

Essayant d'en rire pour dédramatiser, elle avait cependant du mal à trouver un véritable sourire dans cette angoisse, cette incertitude qui l'avait saisie.

« Je comprends, t'en fais pas. Et je t'en veux pas. J'ai bien senti qu'on quittait pas le village de la même façon. Que tu avais envie de regarder derrière toi. Tu y as eu une si longue vie là-bas... »

Lassive mais douce, la vampire lui caressa la joue, lentement, du bout des doigts.

« J'ai des gens à voir pour obtenir une nouvelle arme... J'ai déjà commencé à parler avec des contacts pour ça. Je dois retrouver ma mère et mon frère... Je dois trouver un temple du clan de mes ancêtres, je dois faire en sorte de ne plus être traquée par Kiri ni par le Colisée... Et je dois retrouver cet Asaara... Est-ce que tu crois qu'Iwa accepterait ma famille ?.. Et... Moi peut-être plus tard... Je serai pas capable de devenir l'une de leurs agents, mais je pourrais travailler avec eux, un genre d'échange. Mes informations et mon aide pour affronter les dangers du Yuukan contre la protection de ma mère et de mon frère... Et puis la possibilité de te revoir... »

Restant quelques instants silencieuse à nouveau, elle se redressa pour l'embrasser longtemps.

« Je ne veux pas te dire adieu quand Seichi sera fini pour nous... »

Elle ne semblait pas surprise de la nouvelle, et l’Hayai aurait été surpris du contraire, à bien y penser. Mais ça restait un geste difficile pour lui. C’était bien simple de faire confiance au destin que de peser les conséquences de ses choix. La Rose se moqua un peu de lui et Taishi haussa légèrement les épaules, un sourire effacé au visage.

Katsu lui parla de son regard en arrière quand ils étaient partis, et l’Hayai hocha la tête légèrement. Mais à ce moment-là, tout lui avait semblé fort différent, et bien plus simple. C’était toujours facile de regarder le passé avec les connaissances de son futur. Elle ne lui en voulait pas, et c’était tout ce qu’il pouvait espérer d’elle actuellement.

Elle parla de ses nombreux projets. Katsu avait définitivement beaucoup d’objectifs même dans l’ombre que faisait peser le Chapelier au continent. Mais Taishi songea que la femme serait toujours ainsi, incapable de rester immobile. Ce n’était pas une critique ; en un sens, il était pareil. La famille fut mentionnée et Taishi sembla réfléchir, soupirant finalement.

« … Je l’ignore. La nouvelle Intendante est bien différente de l’enfant qu’elle était avant. Je peux certainement leur en parler et le proposer, mais je ne peux rien promettre sur le résultat. »

L’Hayai savait d’office qu’Iwa évitait en général de travailler avec des nukenins, surtout ceux avec des passés chargés. Il y avait eu cette femme qu’ils avaient rencontré, Kobane Harumi. Mais c’était un contexte différent.

Il n’allait pas marchander son retour à Iwa pour les parents de Katsu, mais il ferait son possible pour convaincre Toph du bienfait d’une telle coopération. Il fut tiré de ses pensées par la femme qui semblait un peu inquiète. Inquiète pour lui.

« Tout ira bien. Et nous nous reverrons, plus tôt que nous le pensons. Je pense qu’Iwa aura intérêt à établir des liens avec Ame une fois le conflit terminé, après tout. Pour le reste, Iwa est selon moi le village le plus puissant du continent à l’heure actuelle. Pourchasser le Chapelier n’est pas sans danger, mais c’est sans doute le meilleur endroit pour le faire avec une relative sécurité. »

Il disait ça davantage pour elle que pour lui. Taishi ne pouvait promettre ce dont il n’était pas certain.

L’Éclair Vert répondit à son baiser longuement, passant la main dans les mèches de ses longs cheveux. Il n’éprouvait pas le besoin d’en dire plus sur ce sujet épineux. L’unicité de sa relation avec elle était leur habilité à se comprendre, sans les longs discours que Taishi faisait parfois. Certains messages ne nécessitaient pas le moindre mot. C’était ainsi.

« Mais avant cela, nous devons débuter la phase finale de ce plan, et restaurer la paix dans cet endroit de chaos. »

Le pays de la Pluie ne pouvait espérer aider qui que ce soit si il ne pouvait s’aider lui-même. Et en ce sens, sa cause rejoignait celle de l’Hayai. Après un moment de silence, l’Hayai glissa son bras sous les jambes de la femme, la soulevant comme une princesse de chiffon.

« Tu ne comptais pas rester sous la pluie encore bien longtemps, j’espère ? »

Elle allait attraper froid, si on continuait ainsi !

Il la serra contre lui.

Heureux d’être en vie. Même s’il ignorait à quel endroit dans la course il était, à cet instant, il était vivant, et elle aussi.

C’était tout ce qui comptait.

La jeune femme aux cheveux rougeoyant sous la lumière lorsque celle-ci se donnait, par instants, la peine de traverser les nuages qui couvraient Ame en dévoila un peu plus à son amant pour ce qui était de ses plans futurs. Elle n'en disait jamais trop pour ne lui donner l'impression qu'elle voulait l'impliquer de force, mais maintenant qu'il avait son objectif certain, elle sentait une plus grande liberté à ce sujet. Elle aurait bien fini par le lui dire, mais ce moment le lui facilitait, dans un sens. Ils avaient chacuns leurs objectifs, pourraient se séparer par moment, cela ne changeait rien. Tant qu'ils étaient libres. Et pour rien au monde elle n'aurait voulu le priver de ça.

« Je veux pas que tu mettes en danger tes objectifs pour ça t'en fais pas. Je te donnerai une lettre si tu veux, pour que ce soit clair que c'est ma requête et non toi qui essaie de faire pression d'une manière étrange. »

Lui souriant, elle lui caressait la joue pensivement alors qu'il lui répondait. Elle hocha simplement la tête. Il avait raison . S'il y avait une puissance actuellement capable de faire face, c'était le village de la Roche. De ses informations, Kiri s'en sortait bien aussi, mais ils ne semblaient pas si imposant. Peut-être était-ce simplement dû à leur position insulaire qui les rendait plus lointains et leur sécurité plus grande que celle d'Iwa depuis l'attaque de Seichi... Se rendre sur l'archipel ne devait pas être aussi simple que cela l'avait été auparavant.

« On verra pour les liens avec Ame, mais mes liens avec ce pays resteront simplement courtois je pense. J'aurais quelques possessions ici, j'ai mon réseau bien en place, mais je ne compte pas continuer de travailler pour Kadachi. Je leur ai offert assez de mon temps. »

Surtout lorsque l'on connaissait ce qui l'avait mené jusqu'ici. Seules les peurs de Shima et de Saturne l'avaient au début retenu ici, puis les idéaux du Prince entrèrent en jeu. Et c'est bien cela avant tout qui l'avait conduite à rester. La vision de Jupiter. Car si autrefois elle avait pu avoir peur, c'était désormais elle qui maniait la barre de l'organisation en grande partie. Le Prince préparait la suite plus discrètement, se tenait prêt pour l'assaut, puisqu'il viendrait au front pour les grands moments comme il l'avait toujours fait, mais il n'était pas en permanence sur le terrain comme elle. Et les autres avaient d'autres occupations moins directes.

Elle qui n'était au début qu'une arme avait prit la possession du bras qui le maniait et choisissait désormais qui frapper, quand, comment. C'était elle qui gérait les informations et les actions à mener. Mais tout ceci, c'était assez. Elle donnait suffisamment. Elle ne continuerait pas après cette attaque. Même si elle était intimement convaincu du résultat, même en cas étrange de défaite, elle quitterait cette place de Bellone pour ne devenir que Neiko jusqu'à la mise à l'abris de ses parents et de l'arrêt de sa recherche par Kaze. Alors, elle pourrait redevenir en partie Katsuko. Comme un alter ego, son visage d'informatrice resterait cependant bien celui de la féline vampire qui avait une patte et une moustache partout. Une réputation ne pouvait tolérer un changement de nom ainsi.

« Toutes ces préparations... Juste pour éviter les morts et montrer au peuple qu'une révolution peut se produire sans dommages collatéraux si elle est bien préparée. Ou au pire, avec le moins de morts possible. Certains peuvent avoir peur, penser que nous allier avec des criminels est une mauvaise idée. Mais personne ne nous reprochera le soin qu'on accorde à mettre la population loin du danger. Je suis pressée qu'on finisse enfin... »

Confortablement installée dans les bras de l'Hayai, elle lui sourit.

« Les premiers mois ont été difficiles en tant que fille du désert mais je m'y suis fait. Après... Je t'avoue que oui, je suis pressée de revoir le Soleil... Et si je peux reprocher des choses à Iwa dont leur lenteur, cette dernière m'aura au moins fait profiter de la chaleur de l'été. »

Croisant ses bras derrière la nuque de son amant, elle resta contre lui, profitant simplement du moment, la respiration apaisée, les yeux fermés. À quoi bon parler plus longtemps quand un simple contact pouvait transmettre ses émotions pour lui ?

« Tout ira bien. »

L’Hayai eut un simple sourire, sa main sur celle de la femme, posée contre son propre visage. Oui, ils nageaient en plein danger. Et peut-être que Katsu n’avait pas le luxe de croire dans le destin comme il le faisait. Malgré cela, Taishi savait qu’il ferait face à tout, comme ils l’avaient toujours fait.

« Une lettre est sans doute préférable, oui. Tu me connais, je ne voudrais pas déformer le message. Et c’est davantage Iwa qui me fait une faveur, que l’inverse, je dois donc être prudent. »

Il n’y avait pas de précédant sur le retour d’un shinobi exilé. L’Ancien Taishi aurait même prétendu que c’était pratiquement inadmissible. Mais nous étions dans des temps étranges, où tout semblait possible, même de voir le futur au dirait. Alors pardonner une vieille histoire était peut-être à l’ordre des choses, qui sait.

« Je doute que Toph s’oppose à ce que nous reprenions contact directement d’ici quelques temps, même si j’ignore quelles seront mes conditions de réintégration. Connaissant l’intendante, je pourrais bien finir Genin pendant quelques temps. Ou bien elle pourrait engager Glouba et me virer aussitôt. Rien ne m’étonne d’elle. »

Il eut un petit rire, s’étonnant de son cœur léger par rapport à l’affaire. Quitter Katsu le rendait morose ; c’était comme se séparer d’une part de lui-même, qui faisait de lui une meilleure personne. Mais pour une raison ou une autre, Taishi avait hâte de revoir Iwa. Comme s’il retournait… Chez lui ?

« L’histoire se souviendra des efforts que le Seichi a fait pour éviter un massacre inutile. En toute franchise, nous aurions pu prendre Ame d’assaut bien avant, par la force brute des mercenaires qui travaillent pour ton organisation. Mais les pertes auraient été élevées, dans les deux camps. Au final, la Pluie aurait encore davantage souffert qu’elle ne le fait actuellement, sous la cruauté de ce despote de Ryosei. »

Il hocha la tête lentement.

« Nous oeuvrons pour des causes qui sont plus grandes que nous, Katsu. Le Yuukan le verra, d’une manière ou d’une autre. »

Ils s’enlacèrent longuement, la main de Taishi dans les cheveux de la Rose, le calme pesant de la pluie comme trame sonore.

« Si Toph accepte de prendre en charge tes parents une fois que tu les auras retrouvés, je m’assurerai de veilleur sur eux à Iwa. Et si elle refuse, ils peuvent séjourner avec mon clan. Ils ne sont peut-être pas des shinobis, mais ils restent rarement longtemps au même endroit, et leur absence de chakra les rends bien difficile à trouver. »

C’était le mieux qu’il puisse offrir pour le moment.

Ils s’embrassèrent longuement et l’Hayai sourit entre ses lèvres, la soulevant dans ses bras alors qu’il se redressait.

Il avait une ou deux idées sur comment passer leurs derniers moments ensembles…

« Je vais te faire ça alors... Mais pas tout de suite. Quand on sera à l'auberge. J'ai pas mon matériel pour écrire de manière plus... officielle disons. »

Ses prises de note n'étaient pas faites pour être lues et n'avaient pas ce caractère important qu'aurait une lettre adressée à l'actuelle dirigente d'Iwa. D'autant plus que celle-ci concernait la sécurité de sa famille.

« Taishi genin... Ce serait amusant de te voir devoir faire tes preuves pour un village pour qui tu as déjà énormément fait. »

Installée contre son amant, elle profitait de ce moment suspendu, ce moment où ils étaient encore ensemble. Pour combien de temps ? Combien de jours ? Combien d'heures ? Si peu... Bientôt, cette aventure serait terminée. Elle serait rangée dans un placard, laissée au passé. Comme tant d'autres auparavant. Mais celle-ci signait une séparation plus douloureuse que toutes les précédentes. Elle laissait un vide nouveau.

« J'espère que l'histoire s'en souviendra. De ce que c'est qu'une organisation qui protège réellement son peuple, à l'inverse de ces Teikokujins qui ne voulaient que vengeance. Et qui l'ont obtenu. La vengeance n'apporte jamais de réparation. Elle offre au mieux un pansement, et encore. Le temps le fait mieux qu'elle. En tous cas, bientôt, ce sera fini. Et Ryôsei sera oublié à tout jamais. C'est pour ça qu'on ne peut pas le tuer comme ça. Parce qu'il ne doit pas avoir de mort marquante, sans quoi, certains se souviendront de lui. Il ne le mérite pas. »

Car non seulement cette méthode évitait les pertes au maximum, mais elle permettait également de ne pas accorder la moindre lumière à l'usurpateur. Il ne resterait que ce qu'il était, un voleur assassin. Et périrait dans l'ombre, dépourvu de ces richesses qu'il avait volé pendant tant d'années pour son unique utilisation. Pire que tout, il était un imbécile égoïste. Et pour un dirigent, c'était bien là l'un des pires défauts possibles.

« Hmmm... M'en fou un peu du Yuukan tu sais. »

Elle lui fit un demi-sourire, amusée et en même temps attristée de savoir qu'il partait à la poursuite d'une terrible quête.

« Mon frère sait se battre même s'il n'aime pas ça, et ma mère est sans doute la plus brillante scientifique que je connaisse. Elle passe son temps à faire des recherches dans de nombreux domaines. Iwa a tout à gagner à les accepter et à bien les traiter. Si Iwa les refuse, je pense que je leur proposerai d'aller à Jôheki. C'est un pays où je compte aller pour y étendre mon réseau bientôt. ils ont tous les deux un chakra plutôt important, il ne faudrait pas qu'ils rendent ton clan plus repérables et deviennent des dangers pour eux tous. J'ai déjà quelques contacts au pays du Rempart de toute façon et le pays est plus sûr qu'Ame. »

Se laissant alors porter par son amant, elle lui fit un sourire et l'embrassa, comptant bien profiter avec lui du temps qu'il leur restait côte à côte, en privé.