La nouvelle était tombée et l'ordre, lancé. Dans une pièce anormalement suréclairée, siégeaient quatre Kirijin d'âges légèrement avancés. Ceux-ci avaient formé un Conseil restreint qui avait pour charge de gérer à distance la mission qui venait d'être exposée, pendant près de dix minutes. Cette mission, d'une importance cruciale, concernait la future expansion qu'avaient entamé le Village de la Brume et le Pays de l'Eau, dont les regards n'étaient pas tournés vers le reste du Yuukan mais plutôt vers ses terres glacées de la Mer Blanche : le Pays des Neiges. Kiri s'était lancé à la Conquête de l'Est.
Fut mentionné, en introduction de l'exposé, la précédente mission secrète qui avait vus trois shinobis du village rejoindre les côtes de Yuki no Kuni et y établir les bases d'une alliance avec l'ex Yondaime Mizukage, qui en était originaire. La Route Blanche étant alors ouverte entre les deux pays, le Village avait décidé de lancer son opération d'exploration. Pour celle-ci, trois nouveaux shinobis avaient été choisis pour la mener à bien. Trois shinobis qui, debout, écoutaient silencieusement les consignes et avertissements adressés à leurs égards.
Le plus jeune d'entre eux, situé à l'extrême gauche, serrait nerveusement ses poings placés à l'arrière de son dos.
Azuhime Kiyonaga était loin d'être le ninja le plus présomptueux que le Village comptait dans ses rangs. Bien au contraire. De nature timide et craintive, il était difficile de l'imaginer représenter le corps expéditionnaire de Kiri, dans une mission aussi risquée et difficile que celle qui se présentait. En effet, le Pays des Neiges était la terre de clans et peuples violents et impérieux, qui aujourd'hui encore se livraient des batailles sanglantes pour le partage du pays. La direction de la tête pensante de la Brume était simple : atteindre le Port du Souvenir et le campement kirijin qui s'y trouve, avant d'effectuer une percée en plein coeur avec pour unique objectif le Volcan en activité qui surplombait le pays. Il était question de découvrir les terres et secrets qui se trouvaient entre ces deux endroits-clés.
Le visage volontairement impassible, le Genin avait pris le soin d'écouter chacune des indications de manière méticuleuse, sans laisser échapper la moindre information. Alors qu'une perle de transpiration luisait sur le coin de sa tempe, il s'efforçait de ne pas rendre visible les doutes, l'anxiété et le stress qui l'habitaient. En se rendant ici, il ne s'était pas douté qu'il serait appelé pour une telle opération. La raison de l'ajout d'un élément aussi inexpérimenté avait été expliquée d'emblée : les principaux diplomates du village avaient été urgemment déployés ailleurs et le jeune Azuhime, jugé comme étant un shinobi pouvant à l'avenir se montrer utile quant au développement et expansion du village, avait là une opportunité prématurée d'engranger de l'expérience.
Les sens aux aguets et l'esprit alerte, il se forçait tant bien que mal à repousser à plus tard le moment où il se demanderait comment il saurait se montrer à la hauteur d'une mission dont il se savait bien trop faible pour la mener à bien. Il n'avait même pas osé jeter un regard aux deux shinobis qui l'accompagnaient, sans savoir qu'il avait à ses côtés deux des tous meilleurs éléments du village.
« Kaguya Sesshū, Higure Mafuyu, Azuhime Kiyonaga, le village compte sur vous pour mener à bien cette mission hautement importante. Jusqu'à votre départ depuis le Port de Naragasa qui se tiendra dans exactement une semaine, vous êtes tenus de tenir le lieu de destination et l'existence de cette opération au secret le plus strict. Vous pouvez disposer. »
***
Alentours de Yuki no Kuni
Loin des frontières maritimes de l'Eau, la température ambiante déclinait sensiblement. Elle atteignit des profondeurs rares. Le froid était encore plus mordant que celui de l'Hiver kirijin. Le navire, plus grand et solide que celui qui avait vu le jeune Azuhime et la Blonde aux pouvoirs corrosifs se rendre sur l'île commerçante d'Hakari, filait tout droit sur des eaux dont la couleur avait depuis cessée d'être bleue. Sa translucidité étonnante, couplée au froid extrême, donnait à la Mer Blanche son nom caractéristique. Y tombaient, ci et là, de timides flocons de neige. À présent, ceux-ci s'étaient multipliées au point d'empêcher tout vision supérieure à trois mètres.
Le Genin, sous une couverture de laine animale, s'était logé dans un silence total ainsi que dans un coin du navire, observait du coin de l'oeil ses deux partenaires de mission. L'un possédait une chevelure nacrée, encore plus longue que celle du jeune shinobi, qui masquait son visage peu avenant. L'autre, un shinobi aux allures de samouraï, n'était autre que le maître de Naragasa Daisuke. Ce dernier n'avait cessé de vanter ses qualités lorsqu'il eut rencontré un jour Kiyonaga. Celui-ci ne s'était pourtant pas risqué à lui adresser la parole, préférant plutôt se préparer psychologiquement à ce qui seraient, sans doute, les moments les plus difficiles de sa courte vie.
Le Kaguya n'aimait pas sortir de chez lui. Si on lui avait dit, quelques années plus tôt, qu'il allait être amené à traverser les eaux profondes de l'archipel de Mizu pour atteindre les côtes d'un territoire étranger, nul doute que le guerrier-né aurait ri à cette plaisanterie. Ses convictions, et son idéologie conservatrice, lui ordonnaient de s'occuper des seules affaires internes du pays. Il n'y avait aucun intérêt à promener son regard au-delà. Ça ne pouvait qu'attirer le mauvais œil sur soi. Pourtant, Sesshū accompagnait bel et bien ses confrères Kirijin, sur ce navire aux couleurs de la Brume. Une question pouvait ainsi se poser : que s'était-il passé entre ce moment hypothétique où l'enfant de l'os aurait refusé instantanément l'idée de quitter le Domaine Kaguya, et le moment de ce trajet maritime ?
Comme pour de nombreux changements de si grande envergure, capable de métamorphoser le plus têtu des hommes, la clé de la réponse était une femme.
Quelques mois plus tôt, Yasei Reikan avait ouvert la marche jusqu'à Yuki no Kuni. Un trajet bien trop long, empreint d'angoisses, ayant été toutefois – et heureusement – bénéfique pour Kiri. Le Palais de la Brume voulait étendre son influence par-delà les eaux, et la terre natale des Hyôsa, non loin de l'archipel, disposait de très bons arguments. Est-ce que cela concernait l'enfant de l'os ? Indirectement, oui. Il se sentait redevable envers son âme sœur partit à l'autre bout du monde qui, malgré son tempérament nomade, avait risqué sa peau pour le foyer de Sesshū.
L'éducation clanique perdait en intensité dans l'esprit du Prédicateur. À mesure que le temps avançait, et que la situation géopolitique du Yuukan évoluait, l'homme se rendait compte qu'il demeurait ancré au passé. Son maître n'avait-il pas décidé, contre vents et marées, de partir à l'aventure pour découvrir un sens à son existence ? À l'époque, la chose avait été impensable. Mais ça ne lui avait pas empêché de quitter l'ancien Domaine pour goûter aux mets du continent.
C'était au tour de Kaguya Sesshū de s'éloigner du carcan clanique. Non sans craindre l'avenir, incertain quant aux dangers qui pouvaient l'accueillir sur le sol gelé de Yuki no Kuni, le guerrier-né s'était convaincu d'aller de l'avant. Le fait que sa tendre et chère avait initié ce projet n'était pas une coïncidence ; au contraire, l'homme se mit à penser que le destin avait décidé de l'aiguiller sur cette voie exotique. Par chance, il pouvait compter sur ses compagnons pour crever l'abcès de sa peur de l'extérieur. L'avenir – leur avenir – n'était pas à Kiri. Et ceci n'était que le premier pas.
Dernière édition par Kaguya Sesshū le Mar 21 Avr 2020 - 1:05, édité 1 fois
Le corps droit, la tête pointant vers les cieux, le samouraï laissait les vents glaciaux envahir les courbures de son accoutrement. Chaque rafale reflétait une lutte mentale plus intense encore à mesure des minutes. Ses origines, couplées à des années de vie en pleine nature, l'avaient habitué à évoluer au sein d'un environnement difficile et pourtant le froid mordant de Yuki no Kuni paraissait tout autre. Sous-estimer la météo locale dans laquelle l'équipe s'aventurait représentait déjà la première de ses erreurs.
Une profonde inspiration ravageant ses poumons, au point de cristalliser ses bronches, le samouraï repensait au conseil. Le trio venait de se lancer dans une quête inhabituelle, forçant un groupe de patriotes kirijins à s'éloigner d'une terre qui avait tout à offrir, droit en direction d'une inconnue. Les mystères multiples des terres de glace le poussaient à s'enfouir davantage encore au fond de l'état méditatoire constant qui lui servait de carapace.
Le corps feignant une parfaite immobilité, le Chûnin lâcha quelques premiers mots. Ses yeux suivant par réflexe la trajectoire de la fumée blanche qu'il venait de relâcher.
Ses terres représentent certaines des valeurs et traditions lointaines dont notre village vaut l'origine. ~ Et pourtant, tout paraît encore si confus.
Il laissa planer une seconde de pause pour reprendre sa respiration, gelant ses poumons par la même occasion.
Qu'allons-nous rencontrer ? ~ Défier notre propre connaissance du possible semble de mise. Le danger nous guette.
Question rhétorique ajustée par de simples mots. Mafuyu savait rester concret. Nul besoin de tergiverser durant des minutes, chaque phrase avait un sens et laissait entendre une idée propre. Les membres de l'expédition devraient rester soudés et aux aguets. Nul doutes qu'ils étaient tous au courant de l'insécurité dans laquelle ils s'engouffraient. Seulement, chaque rappel comptait.
L'immense mer blanche de Yuki no Kuni vous ouvre les bras, vous lui faîtes face, voyant au loin le volcan qu'on vous a parlé disparaître petit à petit, mais assez lentement pour réussir à retenir sa position. Maintenant que vous l'avez en tête, vous avez le choix de commencer à vous préparer pour l'expédition, aussi bien pour vous déplacer dans cette tempête de neige qui commence déjà à vous lécher la peau que pour y survivre.
Vous êtes donc parti du port qui vous a accueillit, dernier baston où se trouve les derniers traces de civilisation Hyôsa. Le froid vous arrache la peau, votre visibilité est basse, aucun repère semble vous aider à retenir les chemins que vous empruntez, seul l'immense pic qu'est le volcan vous reste à l'esprit. Même faire machine arrière vous semble impossible, vos empreintes se faisant avaler par la mer blanche que vous tentez de traverser. Vous devez agir, sinon vous risquez de vous perdre dans cet étendue de neige ou de finir glacer avant de parvenir au volcan.
Dernière édition par Narrateur le Mar 5 Mai 2020 - 16:27, édité 1 fois
Lorsqu’il mit enfin pied sur la terre ferme, Kiyonaga ne parvenait déjà plus à sentir l’extrémité de ses membres. Les trois couches de laine dans lesquels il s’était emmitouflé ne servaient pas à grand-chose, tandis la température était extrêmement difficile à supporter. Le froid et la météo semblaient être les grands ennemis auxquels l’équipe allait devoir faire ça. La mission venait à peine de commencer que la motivation du Genin en avait déjà pris un coup, tant il était sceptique quant à sa capacité d’endurer les difficultés de la mission.
Ils furent accueillis – s’il on pouvait appeler ça comme cela, par des membres du clan Hyôsa. Il s’agissait d’hommes relativement peu accueillants qui avaient longuement jaugé les trois shinobis avant de daigner les emmener dans leur campement que l’ancienne délégation avait mené. Même s’ils étaient des alliés, le jeune Azuhime ne manqua pas de garder l’œil ouvert, étant donné qu’ils étaient en territoire ennemi et qu’on ne savait ce qu’il pouvait y arriver. D’autant plus qu’il était trop anxieux, par rapport à la mission, qu’il ne pouvait demeurer calme et serein. Il jeta un rapide coup d’œil à ses coéquipiers, à qui il n’avait toujours pas osé adresser la parole, et remarqua qu’il était bien le seul dans cet état de nervosité.
L’équipe ne resta guère longtemps au port, le temps de laisser certaines affaires dont ils n’étaient pas sûr de revoir un jour. Toutefois, ils furent plutôt contents de tronquer leurs lourdes couvertures contre des capes de voyage qui se trouvaient dans la tente et dont la fourrure provenait d’animaux que le Genin ne saurait identifier. Peut-être une espèce qui ne vivait qu’ici et dont le pelage était parfaitement adapté au climat glacial. Sous celle-ci se trouvait une large sacoche qu’il avait trouvé dans l’armurerie du Complexe Shinobi et qu’il avait rempli de shurikens, kunais, makishibi et parchemins, de quoi être paré à toutes éventualités. Ne sachant combien de temps allait prendre l’expédition, il avait également avec lui quelques vivres – des pilules protéinées, que les Kirijin prenaient habituellement avec eux lors de longues missions à l’extérieurs.
Bien qu’ils connussent la direction approximative du Volcan, la météo, qui n’était guère favorable à l’exploration, leur empêchait de voir loin, ce qui allait les forcer à se déplacer à vitesse réduite et sans grand champ de vision. Kiyonaga savait qu’il ne pouvait compter que sur ses capacités sensorielles pour détecter tout éventuel danger, et alors que l’équipe s’était engagée sur le territoire des Neiges, il restait à l’affût de toute apparition chakratique dans son champ d’action. Il savait bien que certaines tribus de Yuki se trouverait sur leur chemin, mais pour l’instant la voie semblait libre.
- Je ne ressens encore aucune présence devant nous. Quelle sera la stratégie à adopter si l’on tombe sur des Yukijins ? Demanda-t-il à ses coéquipiers, alors qu’il se trouvait derrière eux.
Spoiler:
Technique utilisée :
PS : MP si y a un soucis, je peux pas me co sur Discord pour le moment
L’escouade Kirijin quittait le Port du Souvenir pour se diriger vers le fameux volcan à l’origine de cette expédition. Par chance, ils avaient pu faire escale dans ce "bastion" de la civilisation Hyôsa, leurs alliés en devenir, afin d'accumuler leurs connaissances en matière de survie. La seule mention du trajet des agents de la Brume dans le grand inconnu, où les tempêtes de neige ont la fréquence d'averses, avait fait rire bien des gaillards du pays. Étaient-ils sérieux ? Entre les railleries dissimulées, et les plaisanteries innocentes quant à leur goût déraisonné du risque, les shinobi purent compter sur les précieux conseils des autochtones afin de lutter au mieux contre le froid – les Yukijin ayant bâti leur culture autour de ces contraintes naturelles extrêmes. Ainsi, l'un des palliatifs était l'usage de graisse animale, que le groupe s'empressa de demander afin de se recouvrir leur épiderme d'une couche hermétique, aidant à maintenir leur chaleur corporelle à température correcte. Petit bémol : l'odeur de cette graisse étalée pouvait déranger plus d'un odorat. Mais ça n'était rien comparé à la tempête de neige qui s'était levée il y a peu, cinglant leurs fourrures d'un vent sec et froid.
« Il suffira d'user de diplomatie. Il le faudra, même. Je crains que nous allons avoir besoin de leur aide pour atteindre la fin de notre périple. Les autochtones connaissent bien mieux le pays que nous. »
Quels étaient les refuges dans les environs proches ? Pendant combien de minutes, d'heures, ou de jours pouvaient durer ces tempêtes de neige capricieuses, par épisode ? Était-il possible de traverser cette campagne immaculée d'une seule traite, ou valait mieux naviguer de noeud en noeud, établissant un campement de fortune dans une crevasse pour récupérer des forces et attendre une éclaircie ? En l'absence de guide, il était logique d'essayer d'en trouver un.
« N'essayons pas de les considérer comme parjures avant même de les avoir rencontrés. Nous ne portons pas la bannière des Hyôsa. »
Comme de nombreux Kirijin ayant vécu le coup d'état, Kaguya Sesshū n'appréciait pas le personnage.
N'ayant fait que suivre ses coéquipiers, le samouraï restait attentif. Il essayait de déceler la moindre information qui pourrait leur être utile et pourtant, si Kiyonaga pouvait déjà leur donner des informations sur une détection alentours possible, le Kaguya avait raison. Traverser cette mêlasse crispante ne pouvait que les freiner ? Où avancer ? Allait-il droit au milieu d'un danger ? Qu'il soit humain ou lié aux forces de la nature, il fallait minimiser les risques.
Tenant ses vêtements d'une main pour lutter face aux vents de face et de flanc, Mafuyu s'arrêta un instant, une rafale glaçante lui lacérant les pores du visage au même instant. Il ne sentait plus sa propre chair et si sa détermination restait sans faille, le désastre d'une mort naturelle les guettait.
Sa voix calme traversa l'espace, entrecoupée de courtes pauses tant la lutte était forte.
L'idée d'un guide paraît maintenant obligatoire, effectivement. ~ En espérant que les populations proches soient réceptives à notre quête. Les ryôs ont-elles même de la valeur ici ?
La dernière question relevaient d'un questionnement méditatif. Le samouraï se rendait bien compte qu'il avait bien trop peu d'informations sur l'endroit et les coutumes. Parmi une civilisation coupée du monde, un change monétaire était-il envisageable ? Etaient-ils des adeptes du commerce en relation avec les autres pays du continent ?
Balayant les environs du regard, Mafuyu s'efforça de distinguer le plus d'éléments possibles; mais les conditions restaient des plus dures. Ses yeux au sein de la tempête ne pouvaient rien voir d'intéressant. Il leur fallait éviter de s'engouffrer au sein d'une catastrophe. Direction, les autochtones.
"Aucunes présences devant nous", c'est ce que dit le jeune Kiyonaga, mais pourtant, il ressent une source de chakra assez prêt d'ici : ils sont en groupe, visiblement un petit groupe, pas trop loin, juste assez pour que le groupe puisse prendre une petite déviation sans perdre de vue leurs destinations, et puis, cela fait partis de la mission de rencontrer des Yukijins.
Pourtant, il n'a rien dit, est-ce par peur de tomber face à des barbares sanguinaires ou juste une erreur de sa part ? Dans tous les cas, les deux autres ne sont pas au courant, peut-être qu'en continuant sans faire attention à eux, ils arriveront à destination quand même, et puis, le groupe que détecte le jeune genin semble rester en place ...
Qui aurait penser que la survie du groupe serait entre les mains du plus faible d'entre eux ?
Dernière édition par Narrateur le Mar 5 Mai 2020 - 16:27, édité 1 fois
L'idée de faire face à des individus dont les informations connues étaient nulles plaçait cette expédition sous le joug de l'incertitude. Pour un shinobi aussi inexpérimenté qu'était le jeune Azuhime, la peur de l'inconnu était grande. Quand bien même il était accompagné de deux Kirijins de talent, il était compliqué de savoir à quoi s'attendre.
Celui aux cheveux d'argent semblait être le plus à même de faire preuve de diplomatie et de pouvoir établir un premier contact avec la population autochtone. Ses allures de noble laissaient paraître confiance et sympathie, s'il le voulait bien sûr. Comme ils le dirent tous les deux, il leur faudrait l'aide d'un Yukijin pour mener à bien cette mission, les ninjas de la Brume n'ayant absolument aucun repaire - si ce n'est le Volcan, et ayant vraisemblablement toutes les difficultés du Yuukan à avancer dans ce climat tout bonnement surnaturel.
Bien qu'il était peu aisé pour lui de maintenir la concentration nécessaire à l'activation prolongée de sa technique de détection, le Genin tenait bon et parvenait à avancer en même temps. Le visage enfoui dans son écharpe et le buste incliné vers l'avant pour mieux affronter le puissant vent glacial, les pas étaient lents mais l'avancée certaine. Cependant, lorsqu'il se rendit compte qu'il s'était trop focalisé sur la marche, il s'arrêta net.
Le sang plus glacé que la neige qu'ils n'avaient cessé de fouler.
Tous près, il détecta la présence de quatre chakras inconnus. Et pourtant, il aurait juré avoir l'impression qu'ils venaient d'apparaître. Mais l'émanation de leurs énergies corporelles était bien trop stable pour qu'ils puissent être en déplacement. Les quatre individus n'avaient pas bougé un seul instant.
L'instant de doute qui l'assaillit lui priva de précieuses secondes pendant lesquelles il aurait pu rapidement interpeller ses coéquipiers. Comment n'avait-il pas pu ressentir leur présence avant ? Les avaient-ils déjà repéré ? De quelle manière pourraient-ils les approcher ? Kiyonaga fut paralysé par la peur et la culpabilité, celle d'avoir d'ores et déjà failli à une tâche aussi simple que le repérage et qu'il avait pourtant décidé d'assumer.
- Je sens plusieurs présences. Dit-il précipitamment d'une voix tétanisée, avant de se rendre compte qu'il n'avait pas donné assez d'informations. À dix heures. D'autres secondes supplémentaires lui furent nécessaires avant de pouvoir communiquer la dernière information. Une centaine de mètres nous séparent d'eux ! Il reprit enfin son souffle.
Personne ne saurait dire si c'était le froid ou la peur qui faisait trembler ses mains d'une telle manière.
Dernière édition par Azuhime Kiyonaga le Lun 4 Mai 2020 - 2:15, édité 1 fois
Le guide de cette escouade suicidaire, Azuhime Kiyonaga, venait de repérer quatre cibles à l'horizon. S'il n'avait pu les ressentir grâce à ses capacités sensorielles jusque-là, c'était certainement la faute à son niveau – moyen. En effet, seuls de très bons senseurs pouvaient se vanter de localiser des cibles sur des centaines de mètres à la ronde. Le Kaguya lui-même n'était pas certain de pouvoir réussir cet impossible, si la situation l'exigeait.
« Merci pour l'information. N'hésite pas à nous prévenir si tu souhaites faire une pause ; nous reprendrons le relais quant au repérage de menaces hostiles. Du moins, si notre camarade peut soutenir ce fardeau. »
Le Prédicateur lorgna son compagnon expérimenté. Le sixième sens, chakratique, était un outil crucial pour toute équipe de shinobi. Sesshū disposait lui-même de capacités sensorielles, et le Genin avait également fait preuve de cette affinité. Il aurait été cohérent que le troisième membre de cette escouade ne dispose qu'aucun troisième œil.
« Je pense que le troc régit ce désert glacial. Nous pourrions leur offrir quelques-unes de nos possessions pour ouvrir le dialogue. Il me sera personnellement possible de leur façonner des armes osseuses résistantes – ainsi que des feuilles de thé noir séchées. Je suis d'avis d'aller à leur rencontre. Montrons que nous ne sommes pas hostiles. Et, s'ils cherchent le conflit, assurons-nous de les neutraliser, pour attirer respect et sympathie. »
Il était impensable de continuer ce périple une heure de plus avec un bandeau de flocons sur les yeux. Cette troupe d'autochtones était du pain béni pour la campagne des trois Kirijin. En espérant qu'il reste une once d'humanité en ces lieux reculés.
Le corps tremblant, Mafuyu buvait les paroles de ses équipiers. Il ne sentait plus la plupart de ses muscles, mais sa proprioception fonctionnait pour le moment encore très bien, l'aidant à se mouvoir et progresser malgré les conditions difficiles. Il fut interpellé par les mots de Kiyonaga qui soutenait quelques temps plus tôt qu'aucun ennemi ne se trouvait à proximité, avant de finalement changer de discours. Plus intéressant encore, les cibles semblaient ne pas se mouvoir.
D'un simple mouvement de la tête, le samouraï acquiesça lorsque le Chûnin Kaguya remercia le genin; avant de finalement douter de ses capacités de sensorialité au sein d'un environnement pareil. Evidemment que Mafuyu maîtrisait la détection, presque aussi bien qu'il savait se dissimuler. Il s'agissait du propre de la lignée de Crépuscule, forcée à se cacher pour survivre lorsqu'elle fut menacée de génocide.
Portant sa main gauche au niveau de sa ceinture, le samouraï dégagea certaines des couches de vêtements qu'il avait pour ainsi faciliter à son katana, sans pour autant le révéler à la face du monde. Si l'équipe venait à rencontrer des formes hostiles, l'Higure n'aurait aucun mal à réagir, bien que possédant des réflexes ralentit par l'état de son corps.
Ce fut lorsque sa voix perça l'espace qu'il laissa finalement comprendre qu'il était prêt à tout éventualité.
Je soutiens cette idée. Approchons-nous.
Le choix du trio avait été tout fait. Kiyonaga avait proprement décrit une situation, le Kaguya avait réagit à la manoeuvre à adopter et le samouraï avait pu valider que rien clochait dans le raisonnement de ses camarades. Ainsi démarrait réellement la mission vers le Volcan.
La mer de neige était habitée, et en ayant cette information en tête, le groupe se dirige vers la présence détectée par le jeune Genin. Ils se dirigent vers un groupe de personnes dont ils ne connaissent ni leur avis sur les kirijins, ni s'ils sont des yukijins ou des membres d'une ancienne expédition kirijin qui a disparu, kirijin ou d'un autre village, car Yuki no Kuni a beau n'être accessible que par la mer, rien n'empêche les autres nations d'avoir tenter de visiter le pays de la Neige. Mais ils ne s'agissaient pas de membres d'autres villages, du moins, ça n'en a pas l'air.
Au loin apparaît une lueur incandescente et une fine odeur de brûlé et de nourriture vous viens à la narine. Visiblement, ils sont tombés sur un campement, un campement temporaire, mais à l'abri de la tempête grâce à un pare-vent rustique mais efficace. Combien sont-ils ? Vous ignorez, mais ils sont au moins au-dessus de la dizaine. Le groupe peut voir l'état des personnes se trouvant dans ce camp, tous blessés sauf une ou deux personnes qui s'occupent de les soigner et de tenter de les faire survivre au froid. Peut-être est-ce la première rencontre avec les barbares de Yuki ? Dans tous les cas, les quelques blessés observent le groupe de kirijin, et l'un d'eux, visiblement le meneur du groupe, tout aussi blessé que ses camarades, trop pour se lever en tout cas, observe les kirijins qui s'approchent du camp.
Qui êtes-vous ?
C'était dans la méfiance, mais aussi avec une pointe de surprise qu'il pose cette question, peut-être ne s'attendait-il pas à la venue des kirijins.
La respiration haletante, c'est en observant la réaction de ses partenaires qu'il tenta de jauger la dangerosité de la situation. Instinctivement, il s'en était complètement remis à eux pour savoir quel comportement et réaction adopter. Au-delà de leur grade et expérience, ce fut son manque criant de courage qui le poussa à céder à la panique. Toutefois, en voyant qu'ils étaient restés calmes et impassibles, une pensée réconfortante lui vint à l'esprit : perdre son sang-froid n'apporterait rien de positif. La potentielle menace était là mais ils devaient faire en sorte qu'elle n'en soit pas une, ce dont ils étaient assurément capables.
Le Kaguya alla dans ce sens, suivi par le samouraï. Ils allaient devoir user de diplomatie et pacifisme, car ils avaient besoin de l'aide de ces Yukijins. Toutefois, Kiyonaga avait depuis longtemps assimilé ces Hommes des Neiges comme étant tous sanguinaires et belliqueux. De ce fait, il était difficile pour lui de les voir comme de potentiels alliés. À nouveau, il s'en remit aux deux Moyennes-Classes.
Ils progressèrent prudemment dans la neige, toujours plus en difficulté par le climat indomptable, à la rencontre des sources de chakra ressenties. Plus il s'approchait, plus le Genin pouvait ressentir leur nombre important. La peur le gagna à nouveau à la vue d'un tel nombre de sources de chakra. Mais lorsqu'il osa enfin relever la tête, entouré de ses partenaires, ce n'était pas de farouches guerriers qu'il avait enfance, mais plutôt un campement de blessés. La surprise fut infinie. Qu'avait-il pu bien se passer ?
Spoiler:
Kiyonaga, qui se trouve au centre, découvre le camp avec surprise.
Les silhouettes qu'avaient repéré le jeune senseur s'avérèrent composer un groupe bien plus conséquent. Une idée traversa aussitôt l'esprit du Kaguya : et si cela avait été une mauvaise idée de s'approcher du camp ? Par chances, les Yukijin pris au piège dans la tempête de neige étaient dans un mauvais état – dans l’incapacité de se battre convenablement. Il y avait dans cette faille du destin, où la fragilité de l'Homme s'entremêle, le moyen de tisser des liens puissants. Dès lors, le Prédicateur montra patte blanche. Cet état critique dans lequel ses interlocuteurs se débattaient lui donnaient l'envie de les aider, de les tirer vers le haut, d'accroître leur survie. Et il avait d'ailleurs quelques idées derrière la tête.
« Nous sommes des idiots ayant quitté leur nid trop longtemps. »
L'homme promena son regard sur les visages ahuris des sauvages de la Mer Blanche. Il ne pouvait définitivement pas avouer venir de l'archipel de Mizu, au cas où leur esprit biaisé ne fasse un lien compromettant avec le clan des Hyôsa.
Il fallait d'abord plier l'échine.
« Laissez-moi vous prouver notre bonne foi. »
L'enfant de l'os s'approcha du feu. Après tout, ils n'étaient pas suffisamment nombreux, ni en état, pour lui refuser le chemin. Dès lors, sans cacher son geste aux éventuels profanes du groupes, il extirpa doucement, d'une grâce horrible, l'os de son bras par sa paume ; et persévéra à divers endroits de son corps afin de réunir un tas d'os chargé en carbone. Il entreposa ses propres parties de lui autour du feu de camp, érigeant une sorte de muraille, afin de laisser les braises et les flammes dévorer cette nouvelle matière combustible, et ainsi redoubler de vigueur. Un spectacle unique. ¹
« Qui vous a plongé dans ce chaos ? Doit-on s'en inquiéter ? »
Résumé. Sesshū ouvre le dialogue et décide d'améliorer leur feu de camp en y injectant des os, combustibles de fortune.
Spoiler:
¹ Isabelle Théry-Parisot, Sandrine Costamagno. Propriétés combustibles des ossements : donnéesexpérimentales et réflexions archéologiques sur leur emploi dans les sites paléolithiques. Gal-lia Préhistoire – Archéologie de la France préhistorique, CNRS Éditions, 2005, 47, pp.235-254. 10.3406/galip.2005.2051. hal-00425650
« la chaleur dégagée par la combustion d’un kilogramme de matière [...] nous pouvons l’estimer à 1915 kgcal/kg, soit une valeur comprise entre celles du bois vert et de la paille. »
« ces travaux ont montré que la combustion mixte d'os et de bois présentait un avantage en termes de durée de combustion : à masse égale, plus la proportion d'os est élevée, plus la durée de la phase de production de flammes est importante. »
Alors que le trio progressait vers le campement, le samouraï ne pouvait s'empêcher de scruter les environs. Jauger les personnes rencontrées, leur nombre, ainsi que la manière dont le camp était disposé ne pouvait que donner des indications supplémentaires sur le potentiel danger de la zone. Le Chûnin au double katana demeurait silencieux, le regard dégageant une sérénité qu'il aurait été difficile d'imaginer dans un pareil environnement. Ses muscles et articulations le faisaient souffrir à cause du froid, mais il ne laissait rien transparaître.
Lorsque le Kaguya prit l'initiative de répondre et même aborder plus en profondeur les inconnus, Mafuyu eut pour intuition d'approcher sa main gauche proche de sa ceinture, feignant une préparation au combat, sans néanmoins oublier de garder son membre à proximité de ses fourreaux.
Finalement, le samouraï enchaîna à la suite de son collègue. Ils n'avaient rien à véritablement cacher, mais devaient rester sur leurs gardes.
Nous explorons la région au cours d'une expédition de routine. ~ L'air de la montagne, vous savez.
Un instant de pause suffit pour diriger son regard vers celui d'entre eux qui les avaient abordé.
Nous cherchons de l'aide... Mais il semble qu'il y ait plus important pour le moment. Je vois que vous avez des blessés ?
Le ton emprunté fut idéal à une réponse adverse, comme une invitation à leur en dire plus dans le cas où ils pourraient aider les autochtones. Le trio devait gagner leur confiance, comme l'avait très bien démontré le Kaguya. Ainsi, peut-être les campeurs seraient davantage disposés à les renseigner sur l'éventualité d'un guide pouvant les mener droit au Volcan.
Que pouvaient bien les apporter les kirijins au mystérieux groupe ? Plus important encore, que pourraient-ils tirer de ces conversations ?
Les barbares observaient les personnes qui sont venus dans ce campement, un campement remplis de blessés. Le genin du groupe restait silencieux, surpris, il ne prenait aucunes initiatives. Le Chunin, lui, vient devant le feu de bois, donnant une raison assez bancale de leur venue ici. Les barbares ne comprennent pas ce qu'il souhaite dire, "quitter le nid" ? Mais quel nid ? Mais en voyant les os se former à partir de sa main, les barbares comprennent. Certains affichent une mine grave en observant le chunin, alors que, du feu, sortait deux silhouettes enflammées, des silhouettes enfantines, une dizaine d'années chacun, en train de courir pour se réfugier près des adultes, reprenant une forme normal une fois proche de leur peut-être parent. Quand au Jonin, il finit par révélé ce qui leur semble être la vraie raison de leur venue ici, "une expédition de routine".
Vous êtes des kirijins ...
Son timbre de voix était calme, mais les syllabes montraient qu'il l'était car il se retenait d'exploser en colère. En effet, ils étaient blessés, et kirijins ou non, ils ne font pas vraiment le poids. Ils ont déjà donné pas mal par là-bas, et seuls quelques soupirs permirent de calmer la situation qui était devenu plus tendu.
De l'aide ? Je ne peux que vous conseillez de retourner d'où vous venez. On est déjà bien occupé entre nous, on n'a pas envie de vous avoir dans nos pattes. Si vous voulez vraiment qu'on vous aide, dîtes-nous votre réelle raison ici.
Il semblerait que les hommes en face de vous sont tous au moins au courant des Kaguya, et donc ils ont vite découverts que le groupe d'explorateur tente de cacher qu'ils sont kirijins.
La situation était tendue. L'accueil, si on pouvait l'appeler ainsi, reçu par l'escouade kirijin était particulièrement glacial. Dans un mélange de crainte et de surprise, les opposants virent le Kaguya raviver les flammes de leur feu de camp grâce à sa maîtrise des os. C'était la première fois que Kiyonaga voyait cela de ses propres yeux et il en fut particulièrement intrigué.
Les Kaguya était sans doute le clan le plus connu du village et bon nombre de fois, le Genin s'était demandé comment ils parvenaient à user de leurs excroissances osseuses. Pour quelqu'un qui aspire à devenir un ninja médecin, connaître le corps des membres de ce clan serait apprentissage particulièrement enrichissant. Peut-être que s'il en avait la possibilité au cours de la mission, l'Azuhime se risquerait à questionner son partenaire de mission au sujet de ses capacités.
C'est sans doute cette démonstration et les dires du Samouraï qui démontra la provenance du groupe, information qui ne semblait pas non plus ravir les opposants. Il était difficile d'estimer sur quoi allait déboucher cette conversation, même s'il était bien clair que l'option combat était à éviter étant donné l'état de santé du groupe. État de santé qui suscitait certaines questions, à savoir si les lieux étaient dangereux et ce qui avait pu les mettre dans cet état ? Ils avaient besoin de leur coopération.
Toujours en retrait, l'Azuhime assistait, passif, à l'échange.
Les autochtones faisaient preuve d'une viligance et d'une méfiance toutes particulières. La faute à une histoire baignée dans la violence, dans la trahison, où le clan des assimilateurs de glace – les alliés potentiels du futur empire de Kiri – tenait le mauvais rôle. Le Prédicateur ne jugeait pas ses interlocuteurs. Ils les comprenait. Il est complexe d'accueillir de parfaits étrangers du jour au lendemain lorsqu'on a appris à haïr son prochain. Mais était une raison suffisante pour baisser les bras – ou pire, pour déterrer la hache de guerre et massacrer ce camp de réfugiés ? Sesshū ne l'autoriserait pas.
« C'est en tant qu'être humain empathique que je vous ai proposé cette aide. Les couleurs de Kiri sont loin derrière nous. Nous les aurions portées en étendard, sinon. »
Au rythme des cors de chasse et des tambours de guerre.
Les yeux du shinobi se promenèrent sur les âmes perdues près du feu nourri. Tous avaient peur. Peur de l'ennemi. Peur de l'affrontement. Peur de la fin. S'ils connaissaient bel et bien l'existence des maîtres du Shikotsumyaku, les Yukijin avaient également conscience des prouesses martiales de leurs voisins, et de leur aisance au massacre.
Le Kaguya désigna du bout de son doigt le volcan à l'horizon.
« Laissez-nous vous remettre sur pieds, et nous partirons ensemble en direction du volcan. »
Mettre cartes sur table. Montrer patte blanche. Le pari était risqué, mais entre cette alliance honnête et le joug de l'eau sur la neige, l'augure préférait la première voie. Les mœurs devaient évoluer avec leur temps.
Résumé : Sesshū répond honnêtement, propose à nouveau son aide, et demande la participation des Yukijin pour rejoindre le volcan.
Les barbares observent le trio, visiblement, ils semblaient moyennement convaincue, mais la plupart qui semblaient déjà accepter leur sorts semblait avoir de l'espoir. Même si leur relation avec Kiri sont loin d'être les meilleurs, certains sont contents tout de même d'avoir une chance de pouvoir revoir leur famille. Le chef continuait de les observer tous les trois, observant le jeune homme qui est resté muet depuis un moment, puis celui qui portait le chapeau qui s'est tue à son tour, il était évident pour lui que le manieur d'os soit le leader du groupe.
Vous semblez bien loin des Hyôsa de l'époque, j'imagine que les mœurs ont évolué chez vous.
Ce coup-ci sa voix était plus douce, plus calme, plus soulagé surtout. Cependant, un silence gênant s'installe dans le campement lorsque leur sauveur pointa le volcan. Seul les quelques enfants qui étaient sortis du feu continuaient à parler, se demandant pourquoi tout le monde est aussi silencieux.
Savez-vous pourquoi cette tempête de neige est en train de nous envelopper ?
Ils savaient qu'ils n'allaient pas donner de réponse, en tout cas, pas de réponse expliquant réellement pourquoi il y a cette tempête en cours.
Elle signifie qu'un bain de sang se passe au volcan en ce moment même, une guerre entre deux tribus qui se répercute sur tout Yuki no Kuni. Si vous voulez y aller tout de suite, vous risquez de vous retrouvez entre deux feux, c'est le meilleur moyen pour se faire tuer. Mon conseil, attendez que la tempête se calme, cela signifiera que l'affrontement commence à toucher à sa fin.
Le chef, comme tout le reste du camp, ne semblait pas très ouvert à l'idée de se rendre là-bas.
Dès lors que le Kaguya eut pointé le culminant volcan du doigt, un silence de glace s'abattit sur le campement des neiges. Comme si les propos du Chuunin étaient déplacés, ou relevaient presque du tabou.
Depuis qu'ils étaient tombé sur l'attroupement, Kiyonaga n'avait cessé d'observer. Que ce soit les différences d'élocution, d'habillement ou au niveau des manières, le Genin tentait d'assimiler les habitudes des Yukijins. Sa nervosité semblait avoir laissé place à une curiosité bien placée et un désir d'apprendre sur un pays qui découvrait pour la première fois. Et dans cette optique là, les émotions sur les visages qu'il observait ne mentaient pas : ils avaient presque peur de ce volcan.
La raison ne tarda pas à être énoncée, lorsque le chef leur donna enfin des explications. Il semblait déjà plus enclin à la discussion et annonça sobrement ce qui se déroulait du côté du volcan.
L'annonce d'une bataille sanglante confirma donc ce qui avait été transmis à l'expédition lors de la réunion de mission : le Pays des Neiges était une terre de tribus belliqueuses qui se disputaient les territoires dans la violence. Le portrait n'était donc pas exagéré.
Toujours en retrait, le Genin observait ses aînés de dos et nul doute qu'ils trouveraient dangereux de trop s'approcher des affrontements. À l'heure actuelle, il valait mieux engranger un maximum d'informations avant même de songer à observer les combats. Pour le Kirijin, il valait mieux converser avec le chef du groupe le temps que la tempête de neige se calme et nul doute que les deux Moyenne-Classe étaient du même avis. Non pas qu'il pensait à sa sécurité, mais le plus important était de savoir où il mettait les pieds.
Alors qu'il se trouvait légèrement en retrait de ses deux aînés, il s'avança et fit face à l'homme. S'inclinant légèrement, il dit :
- Azuhime Kiyonaga, enchanté. Le bain de sang que vous évoquez, serait-il donc à l'origine des blessures de ceux qui vous accompagnent ?
Chaque pays devait résoudre ses propres drames. Celui de la Neige n'était pas l'exception à la règle. Si l'archipel de Mizu avait pu compter sur de tenaces héros, venus de tout clan, pour arriver à concevoir un terrain d'entente – et donc la création du village militaire de Kiri – les Yukijin n'avaient pas encore eu la chance d'assister à l'ascension des leurs. Lorsque le porte-parole du camp de réfugiés expliqua ce pour quoi ils étaient confinés en pleine tempête, sévèrement blessés, l'évidence se fit souveraine dans l'esprit du Prédicateur. Ils rencontraient les mêmes problèmes que leurs confrères d'outre-mer, dix ans plus tôt. À de nombreux égards, cette opportunité paraissait miraculeuse. Comment mieux lier deux peuples étrangers, sinon par une Histoire commune ? Et n'était-ce pas là le plan du Palais de la Brume, que de se rapprocher des guerriers de la Neige ?
« Nous rencontrions les mêmes guerres fraternelles, intestines, il y a plus d'une décennie. La criminalité, exempte de tout cadre, régnait en maître. Le clan Kaguya lui-même faisait preuve d'une sauvagerie déraisonnée pour défendre son territoire. Il a fallu que le clan Yuki, vos cousins, lance un appel à la paix, pour que le pays la connaisse. Dès lors, des héros de tout horizon rassemblèrent leurs forces en un but commun : l'intégrité du pays. Nous avons purgé toute mauvaise herbe d'une poigne de fer ; et, de ce sang versé, un fertile empire s'est érigé. »
Il était risqué de parler du peuple des manipulateurs de glace. Ces guerriers de l'Est, venus des eaux glaciales, avaient abandonné les leurs pour créer une colonie sur l'archipel de Mizu. Comment étaient-ils considérés, par ici ? Étaient-ce des traîtres, ou des avant-gardistes ? Les autochtones avaient-ils conservé une fibre chauviniste vis-à-vis d'eux ?
« Nous aimerions en savoir plus sur les raisons de cette lutte. En attendant que la tempête se calme. Vos héros se cachent peut-être déjà dans les parages, espérant un appel à la paix. Et nous sommes aptes à vous aider. »
Le Prédicateur s'assit aux côtés de ses hôtes, autour du feu de camp. S'il fallait attendre la fin de la tempête, il n'y avait qu'à exploiter ce temps à bon escient. Et le guerrier-né avait soif de comprendre les motivations de ces Yukijin, au travers desquels il rembobinait l'histoire de son peuple de dix ans dans le passé. Les deux pays pouvaient réussir à s'allier.
Résumé : Sesshū suit la décision du porte-parole, et décide d'attendre que la tempête se calme. En attendant, il souligne le fait que les deux pays partagent une Histoire similaire, et qu'il y a ainsi moyen de s'entraider. Il mentionne l'appel à l'aide des Yuki, leurs cousins, duquel tout a commencé.
Toujours enclin à un calme olympien, Mafuyu continuait d'observer, exempt de toute intervention. Les yeux maintenant rivés sur les principaux acteurs de la discussion, ceux-ci avaient largement eu le temps nécessaire pour analyser le nombre approximatif des campeurs. Visage à l'expression apaisée, le samouraÏ respirait l'air froid par des poumons rarement aussi fatigués. Il était clair que la plupart des originaires de ces terres avaient pu bénéficier d'une résistance au givre ambiant, loin d'être le cas pour celui qui avait toujours évolué au sein de forêts, écartées de la civilisation, avant-postes naturels qu'il s'était bâti dans un but réaliste de survie.
Si Kiyonaga venait directement de se présenter, le Kaguya le suivi indirectement en évoquant son clan d'appartenance. Usant de mots sages, Sesshu semblait déjà bien s'adapter aux habitants du campement. Une capacité d'adaptation qui n'était pas donnée à tous, contrastée d'autant plus par les préjugées bien connues à propos des utilisateurs du Shikotsumyaku. Beaucoup auraient déjà peut-être chargé le campement; torturé les habitants pour avoir leurs réponses ? Possiblement. Des décisions contre-productives venu d'un autre temps.
Mafuyu relâcha une vague de frais de l'intérieur de sa bouche, décidé à reprendre part aux discussions. S'il restait apaisé, son expérience et sa méfiance non visible lui accordaient encore un doute à propos de l'honnêteté des inconnus. Il se contenta d'un léger sourire bienveillant, comme pour s'excuser de ne pas s'asseoir si certains des campeurs se faisaient la réflexion. Rester prêt au combat en tout temps était nécessaire. Sesshu avait d'ors et déjà pris l'ascendant décisionnaire. L'Higure resteraient donc moins bruyants, garde de ses deux katana pour assurer les arrières du Kaguya.
Mes connaissances en guérison sont trop faibles, mais les premiers soins restent à la portée de chacun d'entre nous. ~ Comptez sur ma lame pour éviter que nous ne nous fassions surprendre par d'éventuels adversaires enfouis sous ces rafales de givre.
En d'autres mots, le samouraï offrait également sans le partager directement une aide utile, nette et précise afin de traiter les pires blessures par ses compétences les plus innées. Un processus amputatoire qu'il n'était pas nécessaire de décrire.
Le dos droit, il restait à l'affût. Après tout, le groupe kirijin avait surgit de l'ombre de la tempête. Qui d'autre se cachait parmi ces bourrasques divines où il était encore impossible de distinguer une présence à plus de cinq mètre de distance ?
Les premiers mots du Genin furent enfin prononcés, ils voulaient savoir si leurs blessures venaient de ce bain de sang qui se trouve, ils remuent négativement la tête : non, leur blessure vient d'un autre endroit, et il se trouve bien au sud de là où se trouve l'affrontement entre deux groupes de barbares.
Non, nous on vient de la forêt gelée, recouvrant tout le sud du pays. Le chef souhaite essayé d'en prendre possession pour y faire des recherches, mais j'ignore ce qu'ils cherchent. Dans tous les cas, nous n'avons réussi qu'à prendre une partie de cette forêt et, hélas, la majorité est détenue par l'une des tribus se battant au volcan.
Le chunin parla ensuite des conflits qu'il y a eu à Kiri, disant que la paix est arrivé avec l'aide de compagnon venant de Yuki, il devait certainement parlé des Yuki et, plus tard, des Hyôsa, tout ceux qui ont gouverné ces terres il y a longtemps. En repensant aux Hyosa, certains avaient visiblement un goût amer en bouche, normal après tout vu comment les Hyôsa a traiter et laisser le pays.
Les deux tribus qui se battent là-bas se battent pour avoir la terre de l'autre, et le résultat de cette bataille déterminera qui sera le plus apte à être à la tête du pays ... nous, nous essayons d'avoir aussi notre part de terre, on a réussi à avoir pratiquement tout le côté Ouest de Yuki, mais nous avons du mal à nous opposé aux deux autres tribus, même si nos rangs ont beaucoup augmenté.
Enfin, les barbares semblaient accepter de se faire soigner, tandis que la tempête continuait de battre à pleine puissance, visiblement, cette bataille s'éternisait encore et risquait de prendre encore longtemps vu que la tempête continue de battre à son plein et ne semblait montrer aucun affaiblissement. Mais les blessures n'étaient plus du domaine du très fatales, et la plupart n'avait désormais besoin que de repos avant de pouvoir à nouveau marcher sans craindre la neige et les tempêtes environnantes.
Je vous remercie, on va devoir se reposer désormais, mais nos vies sont sauves.
Grand soupir de soulagement de la part des barbares alors que certains en profitaient pour se reposer.
ATTENTION:
Un délai de trois jours entre chaque réponses est maintenant imposé, veillez le respecter.
La Forêt Gelée. Sud de Yuki. L'Azuhime prit le soin de garder cette information dans un recoin de son cerveau, cette information relevant directement de la géographie. Si cela permettait aux instances du village de dresser une carte sommaire du pays des Neiges, l'indication était forcément bonne à prendre.
Les premières réponses du chef de la délégation enlevèrent de ce fait une part de flou sur l'explication de leur présence en ces lieux. On pouvait donc comprendre qu'il s'agissait d'une tribu composée de guerriers. Le Genin eut une pensée qui l'effleura rapidement : qu'en était-il des dangers que couraient les enfants présents ? On pouvait considérer le pays comme étant en guerre.
Les paroles du Kaguya, eux, invitèrent à la paix. Étant membre de ce clan fondateur, il avait bien entendu participer à la création du village et connaissait son histoire. Son explication était pacifiste et optimiste, démontrant une réelle volonté de voir prospérer le Pays des Neiges. Le mélange de résignation et de volonté de surpris dont fit preuve l'homme démontrèrent que la réalité semblait être bien loin de l'odyssée qu'espérait le Chuunin de la Brume.
Le temps passa longuement et la tempête ne semblait pas se calmer. Kiyonaga ne sut s'imaginer à quoi devait, à ce moment, ressembler les sanglants affrontements. Le nombre guerriers ayant perdu la vue devait être impressionnant, notamment à la vue d'une telle durée de combat. Toutefois, le temps jouait en la défaveur du trio de Kiri puisqu'ils avaient une mission à mener. Qu'en pensaient les Moyennes-Classes ?
Kiyonaga, à mesure qu'il prenait conscience de la réalité ainsi que des objectifs et risques en jeu, sentait son coeur battre de plus en plus fort. Il se trouvait sur un territoire bien éloigné de son village et qui était plongé dans la guerre. Et maintenant, ils avaient un choix à faire.
Car il ne savait qu'elle serait le plan mais qu'il était conscient que son positionnement en tête de formation avait exposé son manque d'expérience, il se devait de ne serait-ce qu'en apprendre plus sur la faune et la flore de Yuki no Kuni qui les entourait, il s'approcha de nouveau vers le chef de la tribu.
- Excusez-moi, sauriez-vous m'en dire plus sur le milieu naturel de votre pays ?
Après la méfiance vint la fraternité. Doucement, les Yukijin baissaient leurs épaules pour reprendre forme humaine, dévoilant le contexte géo-politique de la région pour répondre aux interrogations de leurs hôtes meurtris par le froid.
Il y avait trois tribus majeures. Deux d'entre elles s'entretuaient près du Volcan, causant la violente tempête s'acharnant à entraver le déplacement des agents de la Brume. La troisième, toutefois, dont les pupilles échangeaient avec les trois Kirijin, n'était pas en reste de cette vive rivalité, luttant avec sa voisine pour grignoter davantage de forêts. En une autre occasion, nul doute qu'il aurait été possible pour les étrangers de croiser les membres d'une tierce tribu, se plaignant d'un conflit dantesque entre deux autres lignées, au sein des forêts du sud, provoquant également la tempête de neige ravageant le pays. Il n'y avait aucun fautif. Il n'y avait aucune bête noire. Il n'y avait que des peuples légitimes aux limites floues, tant personnelles, que géographiques. Mais alors, comment se positionner face à cette situation politique épineuse ?
Le Kaguya décala un morceau d'os grignoté par les flammes pour soutenir le foyer.
« Je vous remercie pour ces informations, messieurs. »
La tempête de neige ne semblait pas s'apaiser. En puisant dans une inspiration morbide, l'on pouvait imaginer que la guerre du Volcan offrait un boulevard à l'ambition de la tribu secondaire. Il était peut-être possible de jouer là-dessus pour s'assurer une place de choix sur Yuki, tel le feu Palais de la Brume le désirait.
« Je suis conscient que nous vous dérangeons. Nous n'allons pas tarder à reprendre notre chemin, à défaut d'attendre que vos confrères éradiquent leurs lignées respectives. Je vous propose néanmoins de reprendre cette discussion à tête reposée. Transmettez nos salutations à votre chef. Nous pourrions beaucoup profiter d'un partenariat entre nos deux peuples. L'archipel de Mizu, de par son aisance maritime, a accès aux richesses du continent. Le bois de vos forêts, et les peaux de vos animaux, pourraient sublimer cette alliance. »
Un esprit bien plus pragmatique aurait jouer sur le conflit pour y impliquer ces Yukijin amicaux, et les inviter à profiter du déclin de ses rivaux pour marcher sur leurs cadavres. Mais Sesshū était persuadé que l'on pouvait réunir ces trois tribus.
Le Prédicateur se releva enfin, et replaça correctement son ample manteau sur ses épaules.
« À moins que nous pouvions le rencontrer dès aujourd'hui ? »
Résumé : Sesshū propose l'ébauche d'un partenariat entre Kiri et la tribu. Il pense que parmi les trois tribus majeures qui composent Yuki, c'est elle qui sortira gagnante de cette guerre d'influence. Enfin, même si le Volcan est trop dangereux, le sort des deux autres tribus est en jeu.
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