“Je reste à votre disposition jusqu’à notre départ en début de soirée.”

Voilà qui avait conclu sa participation au sommet qui avait pour but de trouver une solution pour contrecarrer les plans de l’Homme au Chapeau. Après quelques discussions plus ou moins brèves, elle avait décidé de partir de ces lieux pour se rapprocher du point de rendez-vous qu’elle avait avec les Kirijins. La consigne était simple: carte blanche jusqu’à l’heure de départ, pour elle et sa délégation. Elle imaginait qu’Aditya serait surement en train de parlementer calmement, le connaissant bien désormais.

Mais lorsqu’elle marchait, elle se sentait comme observée. Confiante quant à ses capacités, elle se décida à jouer un petit peu avec celui qui voulait visiblement la suivre. Faisant comme si de rien n’était dans ce dédale de rues plus étroites les unes que les autres, elle accéléra légèrement le pas jusqu’à tourner à droite dans une nouvelle ruelle. Alors, extrêmement rapidement, elle généra un grand mur de glace, donc la surface était parfaitement lisse. Si lisse qu’elle agissait comme un véritable miroir.

Lorsqu’elle sentit du chakra rentrer en contact avec la glace qu’elle venait de générer, la dame de glace se contenta de claquer des doigts pour faire disparaître ce miroir qui s’effondra sur lui même. Le regard glacial de la femme reconnaît alors immédiatement Taishi qui était lui aussi présent au sommet, à la table principale.

“Parfois, il ne faut pas chercher si loin. Et si vous vouliez me parler, il suffisait de demander plutôt que de me suivre de la sorte. Vous savez, ça peut-être dangereux…”

Dit-elle avec un petit sourire amusé et légèrement taquin.

“Ah bon? Je suis pourtant une Kirijine de la plus pure espèce ! Ce sont peut-être ceux que vous avez rencontrés qui étaient en dehors des normes.”

Cette fois, la jolie blonde se rapproche de celui qu’elle avait - si on peut le dire ainsi - piégé. Ses pupilles le détaillent sans aucune gêne, avant de continuer.

“Et que me vaut donc cette filature? J’espère que je ne suis pas en grand danger, au moins…”

Pour le coup, sa dernière phrase respirait la confiance via cette pointe de sarcasme. Mais il ne fallait pas oublier qu’elle avait beau être puissante, tous les shinobis présents à ses côtés quelques temps plus tôt étaient tous des experts des arts ninja. Et Taishi en faisait parti, c’était indéniable. Mais pourtant, elle ne semblait pas avoir peur.

Leurs regards contrastaient de la plus belle des manières. L’un glacial, l’autre enflammé, deux éléments drastiquement opposés. Ses pupilles restaient ancrées dans les siennes alors qu’il tentait tant bien que mal de se justifier. Assez peu crédible, mais au final, peu importe, ce n’était pas vraiment un traquenard, ou alors il cachait extrêmement bien son jeu.

“Du danger, hein? Pour être honnête, j’espérais bien que ce sommet ne finisse pas en bain de sang… Ça aurait sali mes vêtements.”

Dit-elle avec un air hautain et rempli de confiance, avant qu’il ne continue en parlant justement de ses expériences passées avec les Kirijins. De ce qu’il semblait en dire, il n’était pas tombé sur des enfants de choeurs, et dire que la brume ne comptait parmis ses rangs que des gentils garçons serait au delà du mensonge.

“Je vois. Notre village a une histoire militaire très forte, c’est pourquoi notre image est souvent un petit peu ternie par la droiture et la force. Il nous est impossible de nier notre passé, et à vrai dire, je n’en ai pas honte. D’ailleurs, nous essayons de garder cet esprit qui unit notre village, tout en ayant une image et une diplomatie à l'international plus raisonnée. Nous évoluons dans le bon sens, à mon avis.”

Dit-elle, avant de hausser un sourcil par rapport à la coalition. La Brume n’était certes pas encore engagée, mais à aucun moment elle n’avait signifié leur envie de ne pas participer. A vrai dire, c’était plutôt l’inverse. Mais ce n’était pas à elle de prendre cette décision, mais bien au Mizukage en poste, à qui elle expliquerait la situation aussi bien factuellement qu’avec son analyse personnelle. Après tout, elle était aussi là pour conseiller.

“Notre décision sera connue bien assez vite. Et pour être honnête, j’aimerais que la Brume fasse parti de cette Alliance. Elle me paraît être la seule solution viable à ce jour.”

Enfin, elle ne put s’empêcher de pouffer de rire suite à sa dernière phrase. Un sceau pour emprisonner du saké, vraiment? C’était aussi inapproprié que génial.

“Ho, vraiment? voilà un art ninja utilisé à sa juste manière. Une technique héréditaire, j’imagine.”

Elle haussa les épaules et se retourna brièvement pour observer la ruelle dans laquelle elle s’était aventurée. Ce n’était pas vraiment un endroit très accueillant, mais au bout de cette dernière semblait se trouver une petite place avec un square qui pourrait les accueillir. C’était mieux que rien, après tout.

“Je suis aussi curieuse d’en apprendre plus. Par contre pas de jeu d’alcool ou autre chose du même acabit. Je perds toujours à ces jeux, et je n’aime pas perdre.”

La jolie blonde lui fit un clin d’oeil avant de se diriger vers la petite placette qu’elle avait repéré. Est ce qu’elle était une allumeuse? Pas vraiment. Mais elle aimait jouer de son charme, car elle savait que pour la plupart des hommes c’était une corde très sensible. Et en plus, le charme permettait très souvent de délier les langues. S’il avait des choses intéressantes à lui apprendre, elle le saurait bien vite.

“Le seul vrai sang que j’ai vu était celui de la jeune représentante d’Iwa, quand elle s’est coupée la main comme preuve de sa promesse…”

Elle n’avait pas pu s’empêcher de sourire suite à sa remarque. C’était mignon et naïf à la fois. A ce genre de sommet, tout le monde se fait de grands sourires, mais au fond, la méfiance est de mise. Personne ne se fait réellement une confiance aveugle, et c’était tout à fait normal. C’est pourquoi ce type de coalition pouvait fonctionner, mais avec tout le monde marchant sur des oeufs.

“Il suffit d’être un petit peu honnête. Assumer, c’est déjà avancer.”

Dit-elle avant de s’asseoir sur le banc et de croiser ses fines jambes. Lui avait tenu sa promesse en invoquant cette bouteille de saké, il restait apparemment juste à faire quelques verres pour pouvoir s’en abreuver. Effectivement, c’était dans ses cordes, et au moins la boisson resterait au frais. La Yuki était une véritable experte du ninjutsu, et en manipulant rapidement son chakra, elle créa sur le rebord de la fontaine deux verres de contenance assez petite pour le saké. Ces derniers étaient évidemment réalisés en glace, mais cette dernière semblait très pure, les rendant lisses et très peu opaques.

“Au moins le saké restera frais un moment. Voilà pourquoi les Yuki sont autant appréciés à Kiri.”

Dit-elle en tendant l’un des deux verres à l’éclair vert. Elle lui tendait ce verre car en fait, elle avait un petit peu triché. Son verre avait un fond plus épais, et pouvait donc contenir moins d’alcool que le sien. La façon la plus évidente de tricher était d’avoir les cartes entre les mains, et en l'occurrence, c’était elle qui faisait les récipients.

“Qui suis-je? Ho, je suis sûre que vous en savez déjà un peu sur moi… Enfin j’espère que je ne suis pas si anonyme que ça!”

Elle esquisse un petit sourire avant de reprendre.

“Je suis donc l’actuelle chef du clan Yuki, en plus d’être effectivement Heidan et Sanjikan de la brume. Être Heidan signifie surtout que la personne fait parti des quelques ninjas d’élite du village, et mon rôle de Sanjikan correspond typiquement à ce sommet. Je suis la pour aider notre Mizukage à rayonner diplomatiquement, que ce soit en le représentant ou en le conseillant. Pour mes vêtements, je préfère qu’ils restent intactes, et j’y attache une importance particulière.”

Elle attendait désormais qu’il le serve, et décidait que c’était à son tour d’en savoir plus.

“Et je me permets de retourner la question. Qui est vraiment Taishi, et qu’est ce qui a pu le pousser à quitter son village d’origine?”

L’anonymat pas si mal, donc? Oui, c’est vrai. Sauf qu’en fait rester anonyme relevait d’un exploit individuel et collectif. Tous nos actes et toutes nos paroles ont une portée bien plus grande que ce que l’on peut imaginer. Pour rester complètement anonyme, il y avait quelques solutions: se cacher, ne rien faire ou mourir. Et Kaya n’était pas du genre à se cacher.

“Je ne suis que moyennement d’accord. Je pourrais vous mentir et vous raconter exactement ce que j’ai envie que vous sachiez. Dans ce cas, avoir des informations extérieures est toujours important, je trouve. Au pire, il suffit de recouper les données.”

Les verres furent alors remplis, le sien moins que celui qui avait la bouteille en sa possession grâce à sa petite supercherie au niveau des verres. C’est avec un petit sourire aux lèvres qu’elle lève son verre et le fait cogner contre celui de Taishi, avant d’à son tour boire une gorgée, fraîche mais réchauffante à l’intérieur.

Enfin, il appuya sur un point tristement vrai. Kiri n’était pas le village le plus stable au niveau de sa tête. Les mizukages changeaient un peu trop fréquemment, mais ce n’était pas faute de mauvaise volonté. Le village avait eu quelques temps mouvementés récemment, ce qui n’était pas un environnement propice à la stabilité.

“Comme vous vous en doutez, ce n’est pas un Yuki. Actuellement, c’est un sabreur qui est à la tête du village. Et les tensions entre les clans sont apaisées, ce qui est pour le coup une très bonne chose pour la stabilité du village. Vous avez cependant tout à fait raison, nous avons changé de Mizukage bien plus régulièrement que d’accoutumée.”

Ensuite, il se présenta assez brièvement. Un gars ordinaire d’un clan nomade, qui quittait son village car il sentait qu’on avait besoin de son aide ailleurs. Un peu étonnant, à vrai dire. D’ailleurs, la jolie blonde haussa légèrement un sourcil lors de ses paroles, avant qu’il ne lui demande si elle avait déjà envisagé un scénario où elle quittait Kiri.

“Bien évidemment. Certains événements m’ont fait douter, mais au final, il est très peu probable que je doive quitter mon village. Les scénarios avec cette issue sont presques inexistants. D’ailleurs, si tel était le cas, je ne saurais pas où me rendre, instinctivement…”

Enfin, sa dernière requête fut le tutoiement et un peu de connaissance à propos de Kiri. Briser la glace ne faisait pas de mal, il avait raison sur ce point, et malgré ses airs un peu froids, la Yuki était en fait bien plus avenante que ce qu’elle en avait l’air.

“Kiri est évidemment en quête de stabilité, de reconstruction sur un avenir plus serein. Le village a été attaqué plusieurs fois, par le collectif par exemple, mais a toujours tenu bon. Les dégâts matériels sont à chaque fois importants, et la reconstruction systématique commence à fatiguer notre peuple. Cependant, Kiri a su montrer sa force en repoussant ses assaillants, aussi puissants soient-ils. De ce fait, nous avons la confiance de notre peuple qui veut que la brume reste forte. Notre histoire est militaire, et elle le restera.”

Elle porte le verre de glace à ses lèvres une nouvelle fois, avant de décroiser ses jambes pour les croiser à nouveau dans le sens inverse.

“Sinon, Kiri est un village où il fait bon vivre je trouve. Il ne fait pas toujours chaud, ni beau, mais les gens y sont attachants. Nous possédons quelques richesses, la gastronomie est au point, et les festivités sont de mise. Clairement, Kiri est dans une belle dynamique!”

Son regard, avec ses pupilles toujours aussi froides malgré le saké et le tutoiement, se posa alors dans celui de Taishi.

“J’ai moi aussi quelques petites questions. Si tu étais vraiment quelqu’un de lambda, dans un clan ordinaire… Je me demande pourquoi tu aurais été invité à ce sommet. En fait, je suis presque sure que tu ne m’as pas tout dit. Toi ou ton clan doivent forcément avoir une influence suffisante pour être considérés dans un tel événement.”

Elle pointe du doigt son verre pour lui faire signe qu’il était peut-être un peu en retard, par rapport à elle.

“Et d’ailleurs, comment tu compares ta vie actuelle, sans village, par rapport à ta vie ‘rangée’ d’antan ? Je suis bien curieuse de savoir ce qui est radicalement différent.”

Est ce qu’elle avait peur qu’il en apprenne trop? Pas vraiment. En revanche, chacun avait son petit jardin secret, et aussi quelques informations qu’elle ne divulguerai pas, évidemment. En tout cas, sa petite remarque lui fit hocher la tête négativement, avant qu’elle ne confirme sa pensée par une simple phrase.

“Pas vraiment, non.”

Il fit alors un petit aparté par rapport au fait que ce nouveau Mizukage, Sabreur, faisait confiance à une Yuki pour le conseiller. Il avait tout à fait raison. Et après tout, pendant l’ère Shiori, c’était déjà le cas. Les sabreurs et les Yuki étaient en bon terme depuis qu’elle était aux commandes de son clan. Un bon signe pour la brume qui était assez stable au niveau de ses clans, ce qui lui avait fait beaucoup défaut par le passé.

“Nous sommes tout à fait d’accord. Je m’en tire bien, et puis je suis contente que plusieurs Mizukage m’accordent leur confiance de la sorte. Au moins, on ne pourra pas dire qu’il s’agit de copinage.“

Ensuite, son éloge de la brume avait fait son petit effet. Il semblait intéressé par les festivités qui se déroulaient dans leur beau village. Elle n’avait pas menti, le festival avait été un succès, et les bars étaient en général plutôt fréquentés. Impossible de s’ennuyer!

“C’est pas ce qu’on imagine en premier quand on pense à Kiri de l’extérieur, et pourtant, c’est bien vrai. Il n’y a pas que ça, évidemment, mais il est indéniable que notre village est assez festif.”

L’éclair vert fut ensuite un petit tour de passe passe pour faire apparaître une guitare. Enfin, c’était un Fuinjutsu plus qu’un tour de magie, évidemment, mais il semblait prêt à toute éventualité avec un sceau pour de l’alcool et un autre pour une guitare. Il s’était mis à jouer un petit air discrètement, leur permettant de continuer la discussion sans encombres.

“Inquisitrice, moi? Jamais…”

Dit-elle avec un air faussement innocent. S’il ne voyait pas l’ironie dans ces paroles, alors il ne pourra jamais la découvrir autrement. Et par la suite, il continua à expliquer pourquoi il s’était retrouvé la. Pourtant, il continuait de dire que son clan était assez banal. Il n’avait peut-être pas menti alors. Selon lui, son invitation venait de la part d’Iwa. Soit. Il avançait le fait qu’un petit peu d’ordinaire lors d’une prise de décision était une bonne chose. Il n’était pas visé par ses pensées, mais en général elle trouvait qu’en demandant l’avis à trop de monde, parfois les bonnes idées se perdaient dans une masse d’idées moins bonnes. D’où une sélection drastique pour ce type de sommet, à son avis.

“Je vois. Je ne dirais pas que je suis d’accord avec tout mais ton point de vue tient la route, je le comprends. L’homme au chapeau joue toujours avec un coup d’avance, c’est surement pour ça que cette impression de manipulation est si forte.”

Enfin, il fit une description de sa vie de Nukenin. Radicalement différente et bien plus libérée que celle qu’il pouvait avoir dans un village selon lui. Elle n’avait pas vraiment d’avis sur la question et sa parole avait du sens. Elle était encore bien curieuse de cette vie si différente de la sienne cependant.

“Si je comprends bien, cette voie est souvent bien plus personnelle et centrée sur ses propres intérêts ou convictions? Plutôt que de se forcer à entrer dans le moule d’un village et d’opérer pour le bien être de ce dernier?”

Elle résuma sa pensée ainsi en la teintant de questions pour qu’il aille un peu plus loin, avant qu’il ne montre le verre de la jolie blonde en poussant la bouteille. Levant les yeux au ciel avec un petit sourire, elle accepte de se resservir dans ces fameux récipients en glace pendant qu’il attaqua un sujet bien plus épineux. Le Dieu de l’eau à Mizu. Elle possédait de nombreuses informations à ce sujet, mais bien peu qu’elle pouvait divulguer pour le moment. Ces dernières deviendraient peut-être publiques si Kiri se joignait à la coalition. Son avantage pour ne pas trop s’éterniser sur le sujet? La seconde question, qui, si elle était posée, montrait un intérêt certain de cet homme. Comme beaucoup d’autres, il faut dire. Kaya savait son potentiel de séduction, et en ce moment il lui offrait une admirable porte de sortie vis à vis de ce sujet épineux.

“Le Dieu de l’eau? Oui, nous travaillons actuellement à documenter tout ce qui est possible à ce sujet, mais du coup, je n’ai personnellement pas grand chose à en dire pour le moment.”

Avant de continuer, elle le regarde droit dans les yeux avant de répondre avec un air plein d’ironie.

“Tu penses vraiment que je peux avoir quelqu’un d’autre dans ma vie que le grand Kiri? La seule chose qui me fait respirer. Je rêve de mes missions toutes les nuits!”

Elle esquisse un petit sourire, continuant ensuite.

“Plus sérieusement, je ne suis ni mariée, ni en couple. Tu trouves ça étonnant?”

Si Kaya était festive? Voilà une question bien étrange. La réponse était encore une fois bien différente de ce que les apparences pourraient laisser penser. Kaya avait cette image de femme forte, froide et souvent hautaine. Mais ceux la connaissant vraiment avaient un avis bien différent. Plus ouverte, amusante même parfois avec son humour tout en sarcasme, et surtout jamais la dernière quand il fallait faire la fête.

“Je ne suis pas sûre d’être la meilleure personne pour répondre mais… J’ai été élevée dans des conditions très strictes. A toi de voir si je suis restée dans le moule, ou si, au contraire, j’ai complètement changé en découvrant les vices de ce monde.”

Bon, en fait il y avait clairement un entre deux. Mais il était bien moins mystérieux et amusant que les deux propositions qu’elle avait énoncé.
Ensuite, il continua à décrire ce qu’il connaissait de la vie de Nukenin. Clairement, il était en train de faire l’éloge de la vie qu’il menait actuellement. Omettant probablement des côtés bien moins positifs. Mais après tout, elle en avait fait de même pour Kiri, elle ne lui en tiendrait pas rigueur. C’est en haussant un sourcil qu’elle répondit, l’air intriguée.

“La décision la plus éclairée, hm? Tu penses donc que je devrais quitter Kiri pour trouver ma propre voie? Intéressant…”

Enfin, il rebondit sur sa réponse par rapport à son célibat, teintée d’humour évidemment. Il semblait y être sensible, car il fut capable de répondre avec lui aussi une certaine répartie. Kaya adorait jouer à ce genre de petit jeu. Et si il en était friand, alors il allait être servi !

“Ah oui, vos missions étaient donc palpitantes, quand même. Mais pas assez pour être une raison de vivre… Un clair manque de passion, c’est triste…”

Si il doutait sur son ton ironique avant, il n’y avait plus aucun doute ici. Elle n’était pas en train de se moquer, juste de jouer. Et il semblait joueur aussi, car il laissait planer un doute bien moins innocent.

“Ah oui, comme quoi? Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler… Continue, je suis curieuse.”

Allait-il vraiment la pousser sur ce terrain glissant? Non. Pas vraiment. Il parlait de boire. Un peu décevant, mais au moins le jeu continuerait plus longtemps.

“Ah, oui, évidemment. J’aurais pu y penser.”

Dit-elle en prenant elle aussi une petite gorgée de saké. Jusqu’à ce qu’il avoue ne pas être si étonné que ça. Vraiment? Elle haussa un sourcil, intriguée, presque vexée même. Elle se savait attirante, et sa popularité auprès de la gente masculine n’était plus à prouver. Cependant, il semblait insinuer que son célibat était normal. Quel affront!

“Ho, vraiment? Les Nukenins ont-ils seulement une culture du coup. Un échange, par définition, c’est donnant-donnant. Qu’as-tu à m’apporter, du coup, hm?”

Elle lui donnait presque un défi ici. Prête à prendre sa revanche sur le fait qu’il ne trouve pas étonnant son célibat.

Il était intrigué par la question? C’était le but, à vrai dire, rester un petit peu mystérieuse sur certains points. Elle ne voulait pas se dévoiler entièrement après tout, cela revenait à être quelqu’un d’assez ennuyant. En tout cas, pour le moment, il n’avait pas eu de réponse à sa question, qu’elle vienne d’elle, ou de lui.

Par la suite, il était revenu sur la fameuse décision “éclairée” de quitter un village. La rendant bien plus mitigée d’ailleurs. Elle était un peu surprise par ce changement de cap, mais au final ce qu’il disait avait du sens. Ce n’était pas le fait d’être dans un village ou non qui rendait les décisions et les choix de vie plus pertinents. Et la dessus, il avait totalement raison. Il existait dans les villages de nombreuses personnes qui n’avaient pas réellement de but, et surement pareil dans les nukenins.

“C’est bien vrai. Je pense que la qualité des décisions vient avant tout de la personne, et non de son environnement. Bien qu’il ait une influence forte, évidemment, il y a des gens qui, dans les meilleures conditions du monde, iront toujours à gauche quand il faut aller à droite.”

Sa petite remarque vis à vis de la passion, qui était évidemment une taquinerie sans aucun fondement, semblait tout de même avoir fait mouche. La jolie blonde haussa alors un sourcil lorsqu’il répondit.

“Je vois… Les plaisirs comme les bains chauds, ou encore boire du saké dans un bar…”

Dit-elle en buvant une petite gorgée de cette boisson. D’ailleurs, Kaya n’avait jamais réussi à tenir l’alcool. Elle avait toujours eu ce défaut d’aimer être dans une ambiance festive, sans jamais que son corps de s’y habitue. Pour ça qu’elle avait triché en créant un verre contenant moins que son interlocuteur, car sinon elle serait déjà pompette. Son esprit était déjà en train de s’alléger cependant.

Enfin, sa remarque sur la culture l’avait visiblement atteint. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il réagisse si vivement, et elle l’avait probablement un petit peu vexé. En effet, sa réponse avec une allusion à son célibat et au manque de culture semblait le montrer. Comme pour détendre un petit peu l’atmosphère, elle pouffa de rire. En fait, c’était surtout le sujet de son célibat qui la poussait à rigoler. Il pensait vraiment qu’elle avait du mal à trouver quelqu’un?

Mais surtout, la suite fut encore plus étonnante et audacieuse. Régler ce genre de débat dans une auberge? Avec une taquinerie vis à vis de son enfance stricte. C’était un joli coup qu’il faisait la. Un coup bas, mais admirable. Elle jouait beaucoup, taquinait, mais il venait de faire une contre attaque. Les fous s’approchaient du roi dont les tours étaient bien loin. L’échec et mat semblait inévitable...

“Mon point est surtout que ta culture vient probablement plus de ton passé dans un village que de ta vie assez récente de nukenin. Pour mon célibat, ne t’en fais vraiment pas pour moi, je t’assure que ce n’est pas un problème...”

Elle venait dans un premier temps de rebondir sur ses premières paroles, évitant avec agilité le sujet le plus épineux pour le moment. Sa stratégie de défense? Une pointe d’incompréhension, et une bonne dose de logique.

“Une auberge isolée à 20 minutes d’ici? Voyons, ça serait au delà de l’irresponsabilité. Je suis venue à un sommet avec toutes les plus grandes têtes du Yuukan, chose assez risquée en soit, ce n’est pas pour me permettre de m’isoler sans aucune défense loin des lieux sûrs.”

Elle pousse un petit soupir avant de se relever pour se placer face à lui, qui avait pris appui sur la fontaine. Sa posture le rendait donc moins grand, permettant à la Yuki d’être à son niveau, ou presque.

“Et puis, quel est l’intérêt, finalement? Nous avons à boire, tu as une guitare pour la musique… Je ne vois aucune différence si ce n’est l’absence de mendiants saouls.”

Elle finit son verre qu’elle repose sur le rebord de la fontaine.

“Mais tu as peut-être des arguments que je ne sais voir. Alors vas-y, essaye de me convaincre, sait-on jamais. Mais quoiqu’il arrive, cette destination me paraît inconsidérablement risquée…”

Son regard glacial était ancré dans le sien, et il était bien clair qu’elle aussi lui lançait un petit défi. Leur partie d’échecs n’était pas finie, le roi était toujours en sécurité après ce coup habile.

Des sources chaudes et de l’alcool? En voilà une combinaison tout à fait géniale. Il serait mentir que de dire qu’elle n’avait jamais succombé à une telle tentation, car il s’agissait de deux activités qui la relaxaient énormément. Elle était donc cette fois en plein accord avec lui. Une bien belle combinaison en effet, même s’il ne fallait pas abuser de l’alcool proche d’un point d’eau, par sécurité..

“Je dois avouer que c’est un passe-temps assez plaisant que tu décris la.”

Dit-elle avant qu’il ne la questionne sur sa façon de voir les choses, en général. Est ce que le probable suffit à la guider? Pas vraiment, mais encore moins les suppositions. Kaya faisait plutôt dans le pragmatique, ou en tout cas le plus qu’il lui était possible avec les informations qu’elle détenait.

“Tout dépend. Le probable peut découler d’un nombre d’informations assez important, menant à une forte possibilité. J’aime bien le probable, j’adore le sûr, et j’essaye d’éviter le peut-être. Cependant, déduire est toujours une activité extrêmement intéressante, je trouve.”

Et enfin, le voilà qui prenait part à cette fameuse partie d’échecs. L’attaque de la dame de glace était en train de se faire dévier. S’éloigner était évidemment un danger, mais rester ici était-il vraiment plus sur? Une habile rhétorique que voilà. Il continua ensuite en questionnant le danger lui même. Il était en train de jouer de façon plutôt performante, mais la jolie blonde n’allait pas se laisser faire aussi facilement.

“Le passé est le passé. Je pense qu’aujourd’hui, avec les personnes se trouvant dans les alentours, nous sommes dans un lieu sûr. Tout est surveillé, en tout cas. Même nous, en ce moment, très probablement. Pour l’intérêt du risque? Je ne suis pas sure que nous prendrions des risques si ce n’était pas obligatoire. Nous prenons de grands risques, car nous avons de grands objectifs qui ne peuvent s’accomplir dans une pleine sécurité. Les missions en sont effectivement un bon exemple.”

Enfin, le voilà qui s’était rapproché. Kaya, gardant sa posture naturellement très droite et fière, n’avait pas reculé d’un centimètre, se contentant de garder son regard ancré dans le sien. Il était en train de la provoquer, comme si piquer son égo était une solution viable. Il était en train de tenter une offensive peu orthodoxe, mais qui pouvait s’avérer payante. Le Nukenin était-il all-in ?

“De la pire espèce, vraiment? Je ne vois pas ce qui pourrait me faire si peur… Avertir mes compagnons ne servirait qu’à améliorer les issues après qu’un problème soit arrivé, pas avant…”

Elle esquisse alors un petit sourire, avant qu’elle ne pose son index sur le torse de son interlocuteur. Un premier contact physique, en soit. Un fin contact permettant, entre autre, de maîtriser la distance les séparant.

“Quels sont les risques, donc? Premièrement, me faire tuer. Sait-on jamais… Ce serait irresponsable et provoquerait probablement des conséquences majeures, mas soit.”

Un deuxième doigt se posa sur son torse, le majeur.

“Quelque chose comme un enlèvement, une séquestration, ou tout autre moyen de me soutirer des informations ou de faire pression…”

Et enfin, en retirant sa main du torse.

“Ou alors tout autre chose pouvant arriver lié au fait qu’en tant qu’homme, ton attirance envers les belles femmes pourrait te faire perdre la tête.”

Elle hausse un sourcil, montrant alors un air clairement taquin.

“Alors, qu’est ce qui est probable ici? Fais moi part de ton analyse, rassure moi…”

Elle s’était défendue avec brio. Mais à gagner sans péril, on triomphe sans gloire. Alors la voilà qui expose une brèche, toute proche de son Roi.

“Mais s’attaquer à mon égo et à ma fierté de la sorte… Tu vas te brûler les ailes.”

Elle venait de lui donner un signe fort. La stratégie sur laquelle il s’appuyait semblait donc bonne. Allait-il continuer à s’engouffrer dans ce point faible?

Il avouait au moins qu’elle pouvait être l’une de ces fameuses femmes pouvant lui faire perdre la tête. Il montrait au moins un peu d’honnêteté ici ! En tout cas, alors qu’il abordait ce sujet, le regard de la blonde se fit plus illuminé, plus malin aussi. Elle avait l’air bien curieuse de savoir comment il allait continuer sur ce terrain glissant, tel une patinoire, sans faire de grossière erreur.

Mais le meilleur moyen qu’il avait trouvé pour ne pas sombrer dans un domaine où il était peut être mal à l’aise était de revenir à des bases plus solides. Les informations du sommet. L’homme au chapeau et les divinités, possible ? C’était bien plus que possible, en réalité. Mais désormais, elle se demandait bien où il voulait en venir. Elle haussait un sourcil, signe que pour le moment, elle avait du mal à trouver le fil rouge de son histoire.

“C’est même plus que possible, pour pas mal de choses…”

Et il continuait, encore, avec ce récit aux airs épiques. L’aventure, la vie qui allait peut être rassembler tout le monde, amis comme ennemis, pour combattre un adversaire commun. Et enfin, il s’était défendu formellement d’être un homme prêt à outrepasser le consentement de ses partenaires pour arriver à ses fins. Elle ne le pensait pas vraiment comme ça, mais elle ne le connaissait pas assez pour lui faire une confiance aveugle non plus.

Elle n’avait rien à lui répondre à cela, si ce n’est un hochement de tête montrant son accord. Mais la suite lui arracha presque un petit sourire amusé. Son clan croyait au destin et non au hasard. Cependant, c’était vraiment le destin que de suivre quelqu’un ? Si c’était vraiment ça, alors il était sacrément influençable, ce destin. Enfin, elle n’avait aucune raison de le contredire si ce n’est de remettre en cause ses croyances.

Finalement, il se fit plus romantique. Ses propos se faisaient plus imagés, et ses intentions un petit peu plus claires. En tout cas, elle était d’accord avec lui sur les souvenirs qui laissaient souvent une trace bien plus intéressante que les écrits ou autres supports. Le cerveau faisait bien son travail de filtrage à ce niveau. Il l’invitait donc à le suivre, une nouvelle fois, en avançant des intentions bénéfiques, et surtout en la piquant une nouvelle fois sur le fait qu’elle avait potentiellement peur.

“Les faibles ont peur, les autres ont confiance en eux…”

Elle se rapproche alors légèrement et lui donne sa main, attendant qu’il la guide. Celle qui semblait si hautaine et directrice semblait se montrer bien plus passive cette fois ci.

“Heureusement, je suis assez puissante pour n’avoir peur que de moi-même, presque. Et puis, je n’ai rien de prévu, alors plutôt que de m’ennuyer, autant continuer notre discussion.”

Elle esquisse alors un petit sourire.

“Aventure, évidemment.”

Taishi semblait content qu’elle ait accepté son petit défi. Enfin, qui ne l’aurait pas été à sa place? Quoiqu’il arrive, il semblait toujours avoir envie de la provoquer. Peut-être parce que ça avait marché il y a peu probablement ! Il lui demandait si elle était rapide et endurante. C’était plutôt une question qu’on demandait à un homme dans d’autres contexte, mais ici c’était sans sous entendu. Elle haussa un sourcil, intriguée par la question, car il fallait avouer que ce n’était pas son domaine de prédilection. Elle était athlétique, mais son niveau en Taijutsu était, au mieux, médiocre.

Et puis, un nouveau défi. Le dernier arrivé allait payer le verre. A défaut d’être très rapide, elle était au moins plutôt riche. Les deux issues lui allaient, du coup. Mais il avait raison sur un point: salir sa tenue était un véritable sacrilège. Même en combat, elle essayait d’éviter la boue si c’était possible. Avait-il dit ça de façon bienveillante, ou était-ce juste une justification pour l’observer de la tête aux pieds?

“Deal. Par contre pour ma tenue, je préfère payer tous les verres de la soirée plutôt que de me salir.”

La course allait débuter, et Kaya s’attendait à se faire battre à plate couture. Son surnom était l’éclair vert, autant dire qu’il partait avec un certain avantage. Et pourtant, lorsqu’ils commencèrent l’ascension de la faille, elle remarqua que ce fameux éclair vert semblait un petit peu rouillé. Ce n’était pas tant la vitesse pure qui lui faisait défaut, mais plus l’endurance visiblement.

Faisant attention à ne pas accrocher sa tenue ni abîmer ses mains, elle n’était pas aussi rapide qu’elle n’aurait pu l’être. Arrivant finalement en haut, la fatigue se faisait clairement sentir. Sa respiration se faisait plus courte, mais elle s’arrêta quelques secondes pour concentrer son chakra. En effet, plutôt que de transpirer pour refroidir sa température corporelle, ce qui n’est pas très glamour, elle utilisa plutôt sa maîtrise de la glace. Sa peau se mit à légèrement briller suite à la génération de cristaux de glace sur cette dernière.

“Je pense que je suis loin d’être la plus rapide, tu sais. Je doute d’ailleurs que tu te sois donné à fond.”

Quelques minutes de marche et de discussion plus tard, les voilà arrivés à la fameuse auberge. Le lieu était assez banal, et Taishi avait beau être assez incognito avec son masque, une femme comme Kaya passait pour un OVNI, et avait attiré beaucoup de regards. Mais une fois à l’intérieurs, le calme était de retour, et ils avaient trouvé une table basse pour s’installer paisiblement. Assise au sol, elle fut un peu surprise de voir deux bières arriver sur la table. Ce n’était pas sa boisson favorite, loin de la.

“A la tienne. Par contre, il n’y a que de la bière ici?”

Elle se doutait un peu que la réponse allait être positive, mais pour montrer sa bonne foi elle bu une première gorgée de sa cette boisson.

“Et sinon, est-ce que ton image de Kiri est en train d’évoluer? Il parait que j’arrive à rendre notre cher village un peu plus attirant et avec une image moins tyrannique.”

Demander à l’aubergiste s’il peut servir autre chose? Ce serait tout de même un comble. La dame de glace se résigna donc au choix de la bière. Après tout, elle en buvait tellement rarement que ça en devenait original. Elle n’en raffolait pas, mais elle ne détestait pas non plus. Haussant les épaules, elle bu une gorgée de la bière, goûtant cette dernière en espérant qu’elle ne soit pas trop ambrée.

“Ne t’en fais pas, je n’ai pas envie d’attirer l’attention. Je me contenterai de la bière.”

Il s’engagea alors sur la question qu’elle venait de lui poser vis à vis de Kiri. La blonde pencha alors légèrement le visage sur le côté, intriguée par la suite de sa réponse tandis qu’il préférait boire une gorgée. Cette petite escapade l’avait visiblement déshydrater. Ce serait d’ailleurs mentir que de dire qu’elle n’avait pas un peu soif, ce qui n’était pas forcément une bonne chose quand la seule boisson se trouvant face à elle était alcoolisée.

Et puis sa réponse se fit pleine de métaphores, sans manquer de complimenter la Sanjikan se trouvant devant lui. Elle ne put cacher un petit sourire lorsqu’il la flattait de la sorte, puis il se fit plus sérieux. Moins tyrannique, donc. Ce n’était pas bien difficile il faut dire, mais ça restait très positif. C’était exactement cette image qu’elle cherchait à lisser.

Jusque la, sa rhétorique était vraiment bienveillante, mais c’était sans compter la suite de sa réponse, qui fut bien plus … amer. Il comparait sa beauté à celle d’un cadavre, et son regard à celui d’une veuve. Clairement, cette mort était toujours une plaie à vif chez lui, et Kaya retomba bien vite de son petit nuage, se permettant de boire une nouvelle gorgée avant de prendre une posture plus fermée, croisant les bras.

“Le passé est effectivement le passé. Pourtant, il semble bien t’avoir marqué, ce que je comprends. Si je peux me permettre, je pense que tu as le droit de détester tout ce qui concerne le Kiri de cette époque. Il faut juste faire un petit effort pour dissocier les personnes ayant commandité ces actes, et ceux aux commandes maintenant, car je pense qu’ils n’ont plus rien à voir.”

Elle essayait ici de faire en sorte que dans son esprit, il y ait deux Kiri. Le Kiri d’avant, et le Kiri de maintenant. Que les deux soient presque totalement dissociés afin d’éteindre les rancoeurs encore vives qui pouvaient exister vis à vis de son village. Si elle y arrivait, elle aurait réussi quelque chose d’assez important d’un point de vue diplomatie, car Taishi avait une certaine influence, au moins sur son clan.

Mais il décidait d’aborder un autre sujet, celui de la culture, et du pic qu’elle lui avait lancé quelques temps avant. Il fallait qu’elle détende un peu l’atmosphère, et dans ce cas, elle ne voyait pas meilleur moyen que l’humour et la taquinerie pour y arriver.

“Dénué de culture? Ai-je vraiment besoin de répondre avec ce que tu as dans ton verre?”

Elle lui fit un petit clin d’oeil pour lui montrer qu’il s’agissait d’une boutade et non d’une attaque directe. La jolie blonde était toujours aussi piquante.

“Mais tu peux peut-être me prouver le contraire, qui sait. Qu’est ce que tu y connais à la bière, tiens? Peut-être que c’est moi, l’inculte.”

Elle lui offrait ici un moyen de défense tout à fait adapté. Avec un petit sourcil relevé, elle le laissait presque l’attaquer, afin de rééquilibrer le rapport de force. Habile.

Il continuait d’être curieux. Ce qu’on buvait à Kiri? Kiri était une ville, et donc ses habitants étaient d’horizons très diverses. Répondre à cette question de façon précise était impossible, mais il s’en doutait surement. Du coup, elle se dit qu’y répondre de façon assez noble afin de contraster avec cette image de paysan buvant de la bière.

“Que boit-on à Kiri? Eh bien c’est une question bien difficile étant donné que c’est un vaste village. Je dirais cependant que la boisson la plus répandue reste le saké. Une boisson plutôt noble, qui peut être douce comme forte, plus ou moins parfumée… Je dois avouer l’apprécier moi aussi.”

Son petit discours vis à vis de Kiri et du fait que certains événements -bien que non oubliés- appartiennent au passé semblait avoir eu son petit effet. Même s’il n’avait pas été convaincu, le sujet avait été plus ou moins clôt, au moins. Il s’avoua même heureux de ne pas être mort à ce moment là, et qu’il ne détestait pas Kiri. C’était déjà un bon point.

Son petit pic sur la culture, en revanche, le fit réagir de façon un peu plus vive. C’était soit ça, soit il avait très soif puisqu’il bu sa bière d’une traite. La belle haussa un sourcil alors qu’il ne manqua pas de la narguer face au taux de remplissage du sien. C’est avec un petit sourire gêné qu’elle répondit.

“Eh bien, il est effectivement bien plus fourni. Ne t’attends pas à ce que je le boive aussi vite. Déjà car je vais avoir mal à la tête, et aussi parce que c’est de la bière. Je n’ai pas envie d’être disgracieuse…”

Dit-elle en faisant référence au fait que boire beaucoup de bière d’un coup avait l’effet de pas mal se remplir d’air, qui finit plus ou moins rapidement par être expulsé. Et roter n’était pas vraiment quelque chose qu’on lui avait appris à faire en société.

“Mais je vais quand même honorer cette boisson qui, visiblement, me ressemble beaucoup.”

Elle porta le verre à ses lèvre pour en boire une grande gorgée après qu’il lui ait fait ce compliment non dissimulé en comparant les caractéristiques de la bière à celle de la dame de glace.

“Enfin, simple à fabriquer et accessible à tous. La comparaison s’arrête là, du coup.”

Kaya ne put retenir un petit rire et continuait à boire sa bière avec un rythme qu’elle ne considérait pas comme possible de dépasser sans passer pour une ivrogne. Cependant, son gabarit contenu et sa résistance à l’alcool connue comme étant médiocre, boire de cette façon la rendait déjà pompette. Et malheureusement, c’était à ce moment précis qu’il lui posa une question bien plus imagée et compliquée. Une question un peu philosophique, en soi.

“Sauter dans le vide sans aucune garantie ? Il faut soit avoir une confiance aveugle en un Dieu ou tout autre entité que l’on pense être capable de nous venir en aide… Soit être simplement stupide, c’est très efficace aussi. Pour Kaya, Sanjikan de Kiri, c’est bien trop risqué évidemment.”

Elle prend alors une posture un peu plus pensive pour répondre à la seconde partie de cette question.

“Le ridicule? Je pense que malheureusement, j’ai un peu de mal à avoir de l'autodérision quand il s’agit de me tourner en ridicule. Je peux cependant apprécier lorsque d’autres s’en chargent. Quelque chose de ridicule me fera rire, même si parfois ça s’apparente à de la moquerie, ça m’est à peu près égal.”

Elle espérait qu’elle avait répondu de façon correcte. Et alors qu’elle venait de finir sa bière, une seconde apparaissait devant elle. La jolie blonde poussa un petit soupir, son teint prenant des couleurs un peu plus vives.

“Ce n’est vraiment pas raisonnable.”

Sauter dans le vide, ou boire cette autre bière? Les deux, évidemment!

“Sinon, quel est l’intérêt de se jeter dans le vide sans avoir aucune idée de ce qu’on peut trouver au fond? Les chances de trouver quelque chose d’intéressant sont assez faibles par rapport au risque encouru, tu ne trouve pas?”