Lieutenant Hokazuka Minoru de l’unité coloniale.

Tel était le titre qui avait été décerné au membre de l’armée impériale après sa performance durant l’examen mixte avec Kumo qui avait eu lieu plusieurs semaines auparavant. Il avait ensuite passé la majorité du voyage de retour à s’entraîner avec Tsuki, courant aux côtés des carrioles de marchandises pour travailler son endurance. Il avait beau avoir été promu et reconnu comme étant meilleur qu’un simple soldat, il ne pouvait accepter la série de défaites auxquels il avait fait face durant ces deux combats. Humilié par les coups dans le dos et les machinations de ses adversaires, il était résolu à prouver sa valeur durant la mission auquel il avait été assigné.

Une mission bien étrange, en effet. Il était en partenariat avec le porte-parole de l’Empereur, Kaguya Kosuke, et un soldat qu’il n’avait jamais rencontré. Il se sentait honoré de travailler directement avec celui qui avait fait le discours d’ouverture de l’examen impérial, qui était le lieutenant le plus expérimenté de l’unité et qui était la main droite de l’Empereur. Il aurait l’occasion d’en apprendre beaucoup ainsi sur les arts ninjas et sur comment raffiner ses techniques de combats. Avec chance, puisqu’à la mission était de Rang A, soit la plus haute gradée qu’il n’ait jamais faite de sa courte existence de membre de l’armée impériale.

C’était une mission diplomatique, ou les trois ninjas agiraient comme les représentants directs du Teikoku auprès des autorités locales de la contrée d’Ame. Un maximum de décorum serait donc nécessaire, ce pourquoi Minoru avait pris soin de brosser Tsuki durant plusieurs heures le soir d’avant, le lavant pour la première fois en plusieurs semaines et s’assurant que ses griffes et sa mâchoire ne dégageaient ni trop de déchets ni des odeurs toxiques pour ceux osant s’en approcher.

Et c’était donc dans un hakama aux couleurs verdâtres très large pour représenter le village et un haut de kimono aux manches coupées, pour faciliter les coups, et avec un col ouvert sur son torse couvert de brûlures et de cicatrices, qu’il s’était présenté ce matin la face au lieutenant aux cheveux rouges.

« Chef d’unité Kaguya! Lieutenant Hokazuka Minoru et son fier partenaire Tsuki a votre service! On est prêt à partir à votre signal! »

Il dit cela avec une pointe de fierté, étant fier de l’allure qu’il avait pris, lui et son ami, pour la mission. Et c’était avec un sourire confiant et un corps prêt à affronter toutes les embûches se dressant devant lui pour prouver sa force qu’il se lança à la suite du commandant quand il lança la marche.

Avoir un parent ancien soldat peux être une chance, mais parfois, c’est aussi une malédiction, et là je penche plutôt pour le second choix. La journée avait pourtant bien commencé, car j’avais rendez-vous avec une magnifique jeune femme, qui avait été charmé par mon uniforme et il était prévu que nous irions voir un spectacle d’ombre avant de manger et de passer l’après-midi ensemble, je connais un coin où nous ne serions pas dérangés, pour nos affaires plus « intimes ».

Mais c’est sans compter sur l’administration de l’Empire de Feu, qui extrêmement efficace, comme toutes les administrations, décide de me pourrir tout mon plan soigneusement élaboré. C’est mon père qui reçois le message, et alors que j’allais sortir de la maison familiale, c’est lui qui me convoque dans son bureau pour me remettre le parchemin en main propre, tout fier que son fiston soit investi d’une nouvelle mission.

Pour ma part, je cherche plutôt une excuse pour ne pas y aller, surtout que je commence à avoir très faim. Mais je ne peux pas refuser d’obéir aux ordres de l’Empereur et je prends donc mes armes, Nuit, mon épée et Aube mon arc afin de rejoindre mon lieu d’affectation. En chemin, je pense à cette drôle de proposition de la part du Daimyô Katsuyori Ryosei, c’est curieux de devoir compter sur un autre pays pour régler ses problèmes. C’est une chose que j’ai du mal à concevoir car l’Empire de Feu ne connait pas d’égal sur tout le continent et ne possède aucune faiblesse.

La première étape étant d’aller à Ame no Kuni, je pense qu’une confortable calèche nous attend, afin que nous y soyons le plus rapidement possible et qu’un palanquin nous amènera dans un certain confort jusqu’à la capitale. C’est donc confiant que je rejoins mes deux camarades, dont le très connu Kaguya Kösuke, une véritable légende à lui seul, il est même surnommé le Guerrier Poupre, sûrement du aux hommes qu’il a tués tout le long de sa carrière. L’autre est un peu moins connu, c’est Hokazuka Minoru, un nouveau lieutenant.

J’arrive en dernier, comme d’habitude diront certains, mais je suis là et à l’heure, c’est le principal. Je me présente donc :

Soldat Simizu No Jinoko au rapport, Lieutenant !

Je suis accueilli sommairement par le chef de mission et alors que je cherchais des yeux la calèche espérée, je le vois détalé à pied, suivit de près par son second. Je mets quelques secondes à me remettre de ma surprise, ils comptent vraiment y aller à pieds ? Et en courant ? Heureusement que les mois à la caserne m’ont appris à courir vite et bien, car je m’élance à leur poursuite et j’arrive à les rattraper. J’espère au moins que là-bas, nous pourrons nous reposer, il parait que les filles du pays de la pluie sont peu farouche…

Le voyage en direction de la capitale de Ame no Kuni fut sans encombre, rien ne put freiner votre course vers le futur sauvetage de ce pays depuis bien longtemps en perdition. Si jamais le pays de l'eau avait su d'une main de fer redresser une situation assez similaire, le pays de la pluie n'avait jamais pu s'unir derrière un pouvoir fort.

Le petit groupe envoyé par l'empire du feu arriva en soirée, assez tard. Le soleil était couché depuis longtemps, mais malgré l'heure indue de votre présence au palais d'âme no Kuni, c'était l'effervescence. Il y avait la présence de nombreux gardes civiles armés, mais aucun ninja en apparence. Les gardes portaient un uniforme et étaient armés de lances, d'hallebardes ou d'épées assez hétéroclite de style ou de manière de forger. Malgré les rumeurs de pauvreté du pays, le palais semblait en être exempté. Il y avait plusieurs serviteurs, et on vous conduisit jusqu'à des appartements gardés à l'extérieur par deux gardes. Les lieux semblaient être agréable, il y avait trois chambres, un salon de réception, et une vue insolite sur la ville en contrebas de la colline. Quatre servantes toutes plus jolies les unes que les autres vous accueillaient comme des princes. Elles semblaient être fortement bien apprêtées avec des tenues légèrement aguicheuses sans être vulgaires. Rapidement, on vous propose, après le temps de vous poser, du vin ou des petites sucreries délicates. Aux petits soins pour vous, un majordome vous signale que vous allez pouvoir être reçu par le propriétaire des lieux dans peu de temps dans le salon de réception.

Le voyage avait été… ennuyant. Aucun bandit, aucune bête sauvage, aucune dangereuse tempête, rien! Minoru avait espéré pouvoir prouver au porte-parole sa force durant le trajet, mais ses plans avaient été ruinés par les trop bonnes conditions du chemin vers le pays de la pluie. Que les dieux maudissent les bandits ayant refusé de s’en prendre à trois ninja seuls. Et pourtant, la traversée du pays leur montra des paysages qui étaient loin d’être clément. Des bâtiments en ruine, des champs piétinés et des mendiants dans les villages avait laissé présupposer a l’Hokazuka des dangers à chaque coin… mais rien, ce qui l’inquiétait et le laissait rempli de soupçon.

La capitale ne semblait pas se porter particulièrement mieux, à ce que le dresseur put apercevoir tout en courant à travers les rues a un rythme effréné aux côtés de ses deux compagnons. D’ailleurs, le soldat Jinoko semblait avoir été pris par surprise par le voyage et avait eu l’air assez grognon de devoir se taper le trajet à pieds, ce qui avait mené Minoru à se moquer gentiment de lui à travers le voyage. Il s’était dit que d’apprendre à connaître ses camarades serait assez pratique s’il devait combattre à leurs côtés. Il tenta aussi d’ouvrir la discussion avec Lieutenant Kosuke, mais il ne trouvait jamais les mots, se sentant un tantinet intimidé par l’homme.

Le palais fit rapidement changer la vue de l’Hokazuka sur le voyage qu’il venait de faire. L’endroit était étroitement gardé par de nombreux soldats bien armés, ce qui laissait supposer de potentiels problèmes venant de l’extérieur. Comparativement au reste des paysages et villages traversé, l’endroit était riche et rempli de nourriture et de belles chambres, dans lesquels les soldats représentant l’Empire du Feu furent hébergés. Ils avaient même une salle à manger et une vue sur la cité, bien que cette dernière ne valait pas réellement la peine d’être observé, selon Minoru.

Il profita de la période de repos précédant toute discussion officielle pour se remplir l’estomac de victuaille et pour brosser Tsuki, qui commençait à être couvert de nœuds après le voyage éclectique. Il le lava aussi, ayant l’intention de l’amener rencontrer quiconque ils allaient rencontrer dans la rencontre à venir. Après une bonne heure d’ouvrage, le panda brillait et resplendissait, son odeur si forte naturelle ayant été remplacé par une douce odeur de lavande qui ne choquerait pas les narines des nobles du palais.

Après ces quelques heures de repos, le groupe de Teikokujin se fit appeler par un majordome dans la salle de réception par un officiel d’Ame. Minoru, entendant cela, décida d’attendre ses deux compagnons devant leur chambre avant de se rendre devant les porte-paroles du pays de la pluie.

Voilà un voyage rondement mené, pas de bandit, pas d’attaque d’animaux sauvages, juste trois personnes qui courent toute la journée pour arriver au plus vite. J’en profite d’ailleurs pour répondre gentiment aux diverses piques de Minoro qui semble être un compagnon agréable et prêt à discuter. Concernant le lieutenant Kaguta, il est vraiment trop impressionnant et même-moi je n’arrive pas à trouver des sujets de conversation, il faut dire que courir en permanence n’aide pas non plus et j’ai tendance à m’endormir comme une souche à chacun de nos arrêts.

Mais tous ses efforts n’ont pas été réalisés en vain, car nous arrivons devant le palais du pays de la Pluie, qui m’a l’air tout à fais correct, même si bien sûr, il n’atteint pas la splendeur et la majesté de celui de notre Empereur. Les gardes ont l’air bien équipé et les serviteurs courtois, puisqu’ils nous emmènent directement dans des luxueux appartement pour que nous puissions nous reposer de la fatigue du voyage.

Mais le mieux reste les quatre servantes, dont les tenues suggestives laissent présager des moments bien plus intimes. J’accepte ainsi la nourriture que l’on nous propose, le tout arrosé d’un vin au parfum délicat et j’en profite pour discuter avec les nombreuses ravissantes jeunes femmes, usant ainsi de mon charme naturel pour en apprendre plus sur le maître des lieux. J’aurais pu rester ainsi des heures en si bonne compagnie, mais même les meilleures choses ont une fin et un majordome nous indique que leur dirigeant est prêt à nous recevoir.

C’est donc en soupirant et en promettant aux demoiselles que je vais revenir, que je m’équipe, me dépêchant de nettoyer mon armure pour qu’elle soit la plus présentable possible, bref, je dois faire bonne impression. Une fois cette dernière tâche réalisée, je rejoins Hokazuka, n’étant pour une fois pas le dernier, espérant que tout va bien se passer, après tout il ne peut plus rien nous arriver maintenant ?

Les charmantes jeunes et affriolantes servantes ne se privaient pas pour servir autant de boissons et de mets à Jinoko accompagnés de leurs plus beau sourire. Elles semblaient être toutes comme magiquement sous le charme du visiteur du soir. Les servantes ne manquaient pas de louanges pour le maître des lieux, que le pays de la pluie était difficile et troublée par des bandits et même des rebelles qui faisaient tout pour nuire, mais que heureusement que le maître était présent pour maintenir un semblant de paix et de prospérité. Les jeunes femmes semblaient être très déçues de voir partir l’hôte de marque, ou en tout cas, c’était ainsi qu’était traité Jinoko.

Un serviteur s’occupa de rassembler les invités de marques afin de les accompagner vers la salle de réception. Ils se firent accompagner par plusieurs gardes civiles armés, c’était plus par principe ou protocole, car évidemment en tant que ninjas, ils pouvaient bien se défendre en cas de dangers. Alors que la porte s’ouvrait sur une grande salle avec un banquet de plats et de boissons plus ou moins alcoolisées sur une table au fond. De la musique se faisait entendre, il y avait un homme avec un shamisen, et de magnifiques danseuses plus aguicheuses et jolies les unes que les autres. Elles en allaient à des sourires et des pas de danses plus populaires que ce que l’on pouvait s’attendre dans un palais. Il était évident que tout cela avait été fait pour plaire. Des serviteurs étaient présents çà et là dans la pièce, sans doute prêt aux moindres ordres.

« Bien le bonsoir nobles invités, je suis le majordome, si jamais vous avez besoin de la moindre chose, faite le moi savoir. Le maître ne saurait tarder à venir, mais je vous en prie, profitez de ce que le pays de la pluie a à vous offrir. »

Indiqua l’homme qui était parfaitement droit et protocolaire.

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