Sous la violence des assauts répétés des deux épéistes de la Brume, c’est dans un râle d’agonie que le Mégalodon rend son dernier souffle, son corps gisant sur la plage écarlate parcourue du sang dégoulinant des multiples balafres qui parcourent sa peau écaillée. Les vagues prennent peu à peu une couleur rouge carmin tandis que le gargantuesque requin se débat encore sur son flanc, son corps convulsant dans ses derniers moments tandis que les deux ninjas l’observent, prêts à porter un ultime coup de grâce. Celui-ci ne sera pas nécessaire. Le jounin rengaine alors son katana en s’approchant à pas feutrés jusqu’à la carcasse de la créature qui a fait tant de ravages sur les mers bordant l’île d’Ue, faisant d’une pierre deux coups, en assurant à terme la sécurité des navires traversant cette partie de l’Archipel, et en sauvant les civils d’une énième attaque du Mégalodon. La préoccupation première de Saji était de voir Akako et son équipage survivre à cette attaque, et grâce à l’intervention décisive de la kunoichi et de Jiro ils ont réussi, sans que le jounin n’ait besoin d’avoir recours à des techniques puissantes de son répertoire de jutsus - qui sont inexistantes de toute façon.

“Bon travail vous deux, et à l’équipage.”

Les applaudissements chaleureux de l’équipage font chaud au coeur de l’homme au shôzoku de jais, exprimant leur joie d’avoir survécu à pareille tribulation de la mer, même si on ne peut pas en dire autant pour tous ceux qui les ont précédé. Faire face à ce monstre et en survivre, cela promet de faire une bonne histoire à raconter à leurs enfants. Quant à Saji, il ne perd pas de vue leur objectif premier qui ne consiste pas à tuer un prédateur des mers même si cela leur permet de progresser plus loin dans leur mission, mais de retrouver le sabre rouillée de la grand-mère d’Akako.

“Quelle est la suite?”

Ne connaissant pas la localisation de l’épée, il ne peut que se fier qu’à la kunoichi pour les guider à traverser la forêt foisonnante de végétation autant que de dangers, si tant est que c’est dans cette direction qu’ils vont se déplacer. S'ils sont contents d'être tous ressortis sains et saufs, il le seront encore plus quand ce périple pour retrouver le sabre perdu sera loin derrière eux.

Après avoir terrassé la créature des mers, il fallait encore revenir à leur mission, qui n’ayant pas vraiment avancé du moindre iota en battant le Mégalodon, à moins que celui-ci n’ait avalé l’épée rouillée. Le Nobuatsu demande donc à la principale concernée de les renseigner sur l’étape suivante de leur recherche, et il semblerait que dans le journal intime de sa grand-mère, elle décrit le duel qui a eu lieu “lorsqu’une ombre transperçait la plage en deux”. Le jounin se gratte la tête en échangeant un bref regard perplexe avec son confrère de la Brume… Peut-être que cette énigme l’inspirera davantage que lui.

“Nous sommes bien côté Sud, sur la plage. Mais je ne vois rien qui puisse ressembler à ce qui vient d’être décrit. Peut-être est-ce lié au pouvoir de l’épée qui été perdue. Une idée Jiro?”

Les mains sur les hanches, il regarde tout autour d’eux en réfléchissant à ce qui pourrait être assimilé à une ombre mais rien ne lui vient si ce n’est la drôle d’impression d’être observé depuis la forêt derrière eux. Comme si cela ne suffisait pas qu’ils soient dans une impasse, il manquerait plus qu’ils se fassent attaquer de nouveau. Le Nobuatsu ne préfère pas réitérer son expérience lors de sa dernière aventure où il s’est fait pourchasser par des bêtes féroces. Même en tuant le Mégalodon, cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont hors de danger, si seulement les genins savaient ce qui rôde à l’intérieur de la forêt, ils comprendraient que le jounin ne souhaite pas perdre de temps ici, quitte à partir prématurément et abandonner l’idée de récupérer l’épée de la sabreuse. La vie des genins qui l’accompagnent passe avant toute chose.

“Evitons de perdre trop de temps sur cette île. On ne sait jamais quel animal peut nous sauter dessus…”

Suite à quoi il compose un mudrâ avant de prendre la forme de Wutu-Fuku-sama, le bel éphèbe dans son kimono dont l’apparence a réussi à amadouer la faune de la forêt la dernière fois.

Son confrère aussi sembler sécher sur l’énigme, et le jounin aussi. Les deux Sabreurs se trouvent finalement devant une impasse, le lieu où a eu lieu le duel ne peut être qu’ici, sur cette plage. Et la mention de “l’ombre scindant en deux la plage” ne peut être qu’un indice du moment de la journée où s’est déroulé le combat. Ce que laisse à penser la réflexion de la fille, qui à défaut d’être un tas de muscle comme les deux hommes qui l’accompagnent, se montre plus perspicace et semble avoir décelé la signification derrière cette description pour le moins sibylline laissée par sa grand-mère… Alors que sa visière métallique miroite sous l’effet des rayons de l’astre solaire, il se tourne et commence à marcher, regardant de façon distraite l’ombre à ses pieds et se calquant sur ses mouvements. Alors que le jounin était sur le point de baisser les bras pour proposer à l’équipe dont il a la charge de rentrer au bercail, il s’arrête net, son esprit traversé par la réalisation qu’il pourrait s’agir d’un indice plus utile qu’il ne le pensait.

“La position du soleil."

Dit-il à voix haute au milieu de sa réflexion. Alors qu’il s’apprêtait à quitter les lieux en renonçant à la recherche. Il se retourne vers les deux genins pour partager avec eux une idée, peut-être fausse, mais la seule piste qu’il ait trouvée pour l’instant.

“Est-ce que vous voyez quelque chose de suffisamment grand qui pourrait projeter son ombre sur la plage? En fonction du positionnement du soleil, si celui-ci se tient derrière un arbre côté forêt, suffisamment grand pour projeter son ombre sur la plage. Ce qui nous donnerait non seulement la localisation exacte du duel mais aussi le moment de la journée. Le soleil se lève à l’Est pour se coucher à l’Ouest, le milieu de la journée, il se situe au Sud. En trouvant cet arbre, nous pourrions en déduire au moins trois possibles localisations.”

Ils se trouvent ici sur la plage Sud. Mais l’ombre pourrait se projeter dans n’importe quelle direction, que ce soit de façon perpendiculaire, de biais, etc. Il est loin d’être persuadé que sa théorie soit la bonne, mais au point où ils en sont, le Sabreur préfère parier sur celle-là.

“On cherche quelque chose de long et qui monte vers le ciel, comme un arbre ou autre chose de très haut.”

Il donne donc ses instructions à l’équipe, et éventuellement à l’équipage ayant accosté et souhaitant les accompagner dans les recherches. C’est toujours ça de gagné.

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