[Mission libre B] LA SÉCURITÉ DANS LES PETITS VILLAGES (feat Shitekka)

Wutu-Fuku, s’il a fait pas mal de choses ces derniers temps, commence un peu à rouiller au niveau des missions. Il faut dire que depuis la « démission » de Kuzan, l’équipe 7 a du plomb dans l’aile. Ito ne sort que rarement de chez lui, trop occupé à jouer à CSGO. Le chûnin n’est donc pas très satisfait de cette première expérience en tant que chef d’équipe… même si cela reste une demi-réussite puisque le Yuki est quand même devenu lui-même un chûnin, avant de finalement décider de changer de carrière. Sa dernière mission, à bien y penser, c’est probablement cette chasse au déserteur/chasseur de primes/on ne sait pas trop sur l’île d’Uka. Depuis, le Kaguya a été pris par d’autres impératifs… Wasure, les Dieux, et tout ce qui en découle… mais ce n’est visiblement pas de l’avis du village de le laisser aussi longtemps inactif… voilà qu’un ordre de mission se décide à apparaître dans sa boîte aux lettres… une mission de rang B.

Une sorte d’évolution de la ronde du village. Mais s’appliquant à toute l’île de Mizu. La mission consiste à se rendre dans les petits villages autour de Kiri, prendre la température en rétablissant l’ordre s’il le faut, servir de service après-vente auprès des habitants et au passage tenter de recruter quelques travailleurs pour le chantier du complexe de l’Académie et de la Caserne… La paranoïa qui s’est emparé de Wutu-Fuku récemment pourrait presque lui faire penser qu’on cherche volontairement à l’éloigner du village, puisque cette mission ne se fera pas en un jour puisqu’il va falloir se déplacer un peu partout sur l’île la plus grande de l’archipel du Pays de l’Eau…

Au moins, il n’a pas été assigné à cette mission lors de l’hiver dernier, se console-t-il. Même si les températures ne sont pas très élevées, il évitera les importantes chutes de neiges qui ont eut lieu il y a quelques mois, comme quand il a été obligé de se déplacer jusqu’au village de Fii avec plusieurs centimètres de neiges…

Quoi qu’il en soit, il ne sera pas seul pour cette tâche. Un genin l’attend. Un certain Kaguya Shitekka. Un nom qui n’était pas connu par le chûnin. Même si ce dernier est tout sauf proche des membres de son clan de manière général, il connait de nom chacun des membres… curieux, il s’est donc renseigné et il s’avère que le jeune Shitekka est un nouvel arrivant, ayant été visiblement élevé par les Urimis. Coïncidence qui devrait rapprocher les deux jeunes hommes : Shitekka est l’élève de Shyko, comme l’a été le chûnin par le passé. Le chef du clan Kaguya ne prend pas des élèves au hasard, donc il ne devrait pas y avoir d’incompatibilité au niveau du caractère…

Se rendant à la porte du village, le chef d’équipe attend le genin, qui se décide à montrer le bout de son nez.

-Bonjour Shitekka. Je suis Wutu-Fuku Kaguya, je serai ton « chef » pour cette mission… Shyko t’as peut-être parlé de moi ?

La joie avait gagné le domicile de Shitekka un beau matin. Pour la deuxième fois depuis peu, le village caché de la Brume avait daigné lui accorder une permission de quitter la cité pour s'aventurer dans l'île. Cependant, malgré cette réjouissance, le Kaguya restait conscient des implications d'une telle autorisation. Il n'était pas question de se balader simplement dans l'archipel mais bien d'accomplir une mission au nom de la Brume. Grâce à des semaines de souffrance pour Nobuatsu Saji, son élève était dorénavant en mesure de comprendre dans les grandes lignes l'ordre de mission qui lui était affecté. Plus besoin de déranger sa vieille voisine, qui au fil du temps, s'était habituée aux requêtes du balafré et prenait plaisir à faire la lecture à cet homme qui avait le même âge que ses petits-enfants.

Après une minutieuse lecture du parchemin qui lui avait été transmis, Shitekka en avait compris la substance: prospecter à travers l'île majeure de l'archipel où Kiri faisait office de place forte, afin de jauger la situation des autres villages. En cette heure de crise des prisonniers libérés, il était nécessaire que Kirigakure no satô prenne des mesures adéquates pour assurer la sécurité des citoyens de Mizu.

Pour une mission de ce rang, le rang B, et afin que Shitekka soit autorisé de quitter le village, il semblait nécessaire d'être accompagné d'un ninja un rang suffisamment haut. À cette occasion, le Kaguya allait pouvoir être en compagnie d'un certain Kaguya-

— …Tutu-Fufu ?

Dès lors que des caractères inédits, ou que des syllabes connues s'assemblaient pour former des mots peu courants, Shitekka peinait à saisir correctement le sens. En plus de ne pas pouvoir lire ce prénom, le Kaguya était incapable de pouvoir deviner avec sa mission allait se dérouler. Par élimination, il se doutait que ce n'était pas son sensei. Il connaissait la graphie de son prénom, et savait à quel point il était occupé ces derniers temps. Après réflexions, Shitekka se résigna à trouver la réelle identité de son coéquipier: la mission devait bien se dérouler qu'importe l'équipier. Qui plus est, avec deux Kaguya ensemble, la mission ne pouvait que bien se dérouler. C'était du moins ce que s'efforça de croire l'Urumi.

Le moment venu, le chasseur prépara son paquetage pour les prochains jours qui l'attendaient en vadrouille. Il emporta avec lui quelques provisions, et quelques outils de survie et de cuisine, avant de quitter son immeuble. Comme à son habitude, le chasseur s'était vêtu de ses meilleurs vêtements traditionnels, trahissant sa nature aborigène au profit d'un confort tant mental que physique. De là, suivant de tête les instructions du parchemin de mission, il se dirigea aux coordonnées du point de rendez-vous où devait attendre Kaguya-

— …Tutti-frutti ?

Qu'importe. À défaut de se rappeler du nom de son comparse clanique, Shitekka parvint à arriver au bon endroit, à proximité de l'entrée du village. Là, un homme vint directement l'aborder: c'était son équipier. Il répondait au nom de Wutu-Fuku, et semblait connaître plus personnellement Shyko. Son élève fut surpris de découvrir un personnage assez calme et posé, loin des clichés du Kaguya barbare. Cette réalisation sembla faire oublier l'instant d'après le prénom de son interlocuteur, puisque Shitekka peina à trouver une réponse adéquate.

— Bonjour Wati… Kaguya-nispa. Il se racla la gorge, avant de se corriger plus d'une fois. Kaguya-senpai. Mon sensei n'a pas eu l'opportunité de me parler de vous, mais je me rappelle de vous lors de la réunion à propos de la caserne. Quoiqu'il en soit, je suis prêt à vous suivre pour cette mission.

Par chance, sa tante l'ayant trainé de force à la dite assemblée, le Kaguya disposait d'un point d'accroche avec son homologue Chûnin. Un bon point pour partir sur de bonnes bases, à défaut de pouvoir retenir décemment l'identité de son équipier. Face à l'expérience évidente de son supérieur, le chasseur se permit de lui demander:

— Comment voulez-vous que l'on procède pour cette mission ? C'est ma première mission en dehors du village, et votre aide me sera précieuse pour me guider à travers l'île que je ne connais pas exactement.

Comme venait de le souligner le balafré, de par son inexpérience du terrain, Wutu-Fuku semblait le candidat idéal pour mener cette mission et orienter cette dernière à son gré. Ce fut donc avec une oreille attentive que le Kaguya patienta la réponse de son supérieur, alors sur le départ pour l'extérieur de Kiri.

Visiblement, le jeune Shitekka n’a jamais entendu parler de Wutu-Fuku… du moins de la bouche de Shyko. Au moins, il était présent lors de la réunion d’information et de débat concernant la future Caserne. C’est plutôt étonnant… mais ça montre bien que Skyko est passé à autre chose, ce qui n’est pas plus mal non plus. Depuis plusieurs mois, le chûnin est indépendant de son ancien maître… ils ont le même grade, même si le jeune homme aux cheveux verts est le chef du clan. Ils doivent avoir le même niveau, ou à peu près.

-Oh… hé bien sache que j’ai été élève de Shyko, moi aussi. Tu apprends bien avec lui, ça va ?

Une question qui vise plus à faire la conversation qu’autre chose. Viens ensuite le moment de préparer le plan de mission. Une tâche qui ne sera pas facile… il va falloir se rendre un peu partout sur la principale île de l’archipel… ce qui sous-entend qu’il faut optimiser les déplacements histoire de ne pas avoir besoin de traverser toute l’île à chaque fois. Sinon ça durerait des semaines. Le chûnin tire donc une carte de son sac et se place à côté de son disciple pour la lui montrer.

-On va prendre cet itinéraire. J’ai bien étudié la géographie de Mizu, nous n’aurons pas mieux en termes de gain de temps… et d’énergie pour nous, du coup. On est partis pour plusieurs jours loin du village. Peut-être plus si l’hiver se décide à un dernier baroud d’honneur… niveau nourriture et logistique, on s’arrangera à chaque fois sur place, j’ai bien de quoi payer le gîte et le couvert pour moi et un genin.

Sauf si l’appétit de Shitekka se révèle similaire à celui de Kuzan. Wutu-Fuku replie sa carte et la range, avant de se retourner.

-Bon, si tu es prêt on peut y aller.

Le premier trajet de la mission dure une petite demi-journée. Les deux Kaguyas progressent sans problèmes à travers les restes des marécages, jusqu’à une zone toute aussi forestière mais moins humide. Ils se dirigent vers le nord, dans une petite bourgade côtière appelée Ôki. Quelques centaines d’habitants pour une économie principalement tournée vers la pèche et la vente de produits à Kiri, le plus gros client des environs pour les marchandises de ce genre. Wutu-Fuku ne s’est pas trompé dans l’estimation : une demi-journée suffit au duo pour arriver dans le petit village.

Les quelques villageois qui sont dans les rues ne font pas tellement attention aux deux shinobis, trop occupés à leurs activités. C’est une découverte pour Shitekka, mais aussi pour Wutu-Fuku, qui n’est jamais venu ici. Enfin, logiquement, la maison du chef, de l’ancien, bref de l’autorité locale, doit être la plus grande et, en général, au centre. Le dirigeant local se permet même d’avoir deux gardes devant sa porte… ce qui peut indiquer qu’il en a besoin pour se défendre… il va falloir creuser cette question. Une fois arrivé devant les deux hommes, le chûnin s’incline et se présente.

-Bonjour messieurs, nous sommes de Kiri…

Il sort de son kimono son bandeau frontal, avant de le ranger.

-Nous sommes chargés d’inspecter les petites bourgades pour voir si vous n’avez aucun problème de criminalité, ou tout autre demande pertinente… pouvons-nous nous entretenir avec votre chef ?

En repensant à la réunion à propos de la caserne, Shitekka se rappela également d'une autre assemblée. Cette fois-ci la réunion était exclusivement réservée aux membres du clan Kaguya, avec Shyko en fer de lance de cet évènement. L'objectif était de mobiliser les troupes manipulatrices d'os et les organiser pour la menace des prisonniers à venir. Le balafré y était présent, mais avait-il noté la présence de Wutu-Fuku ? Cette question risquait fort de rester à jamais en suspens, alors que ce dernier expliqua qu'il fut autrefois le disciple de Shyko, au même titre que son interlocuteur.

— Je lui mène un peu la vie dure je crois, comme j'ai tout à apprendre avec lui… mais sinon c'est un bon sensei. Il a réussi, du moins est en train, de faire d'un chasseur un vrai ninja, je crois que c'est pas mal.

Suite à quoi Wutu-Fuku détailla l'organisation des jours à venir. Appuyant son discours au moyen d'une carte, le Chûnin présenta l’itinéraire que les deux Kaguya allaient emprunter. Peu accoutumé aux cartes, l'Urumi s'efforça malgré tout de retenir le trajet sur le territoire insulaire. Leur première destination, la bourgade d'Ôki, fut atteinte rapidement à l'issue d'un rapide voyage dans les marais et les forêts. Comme une miniature du port Naragasa, la ville côtière se centrait autour de la pêche et s'était bâtie en communion avec la mer. Rapidement le tandem de Kirijins se dirigea vers le centre de la ville afin de trouver son dirigeant, alors protégé par deux gardes.

Shitekka singea assez sommairement son supérieur, présentant à son tour son bandeau frontal après une courbette. Le Kaguya n'était guère très au fait des formalités en tant que ninja auprès des civils et se laissa donc inspirer par Wutu-Fuku. Si son supérieur tenta de quémander une audience auprès du chef du village, Shitekka, se rappelant des objectifs de la mission, tira sur la manche de Wutu-Fuku et lui glissa rapidement à l'oreille:

— Je vous laisse vous entretenir avec le chef du village. De mon côté je vais parler avec les villageois pour avoir une vue plus globale de la situation. Je vous retrouve ici dès que j'ai fini.

Bien que le chef représentait l'autorité locale, et de ce fait disposait d'une vue d'ensemble sur la situation de son village, il était bon de prendre la température auprès de ses citoyens. Si les deux Kaguya partaient avec l'à priori que le dirigeant local était une personne intègre et efficace à son poste, il restait néanmoins appréciable de consulter la population pour entendre d'éventuels autres sons de cloche. C'est ainsi que le bâtard Kaguya abandonna provisoirement son supérieur pour se diriger vers les ruelles du village en quête de personnes à interroger. Son impact au cours de l'entrevue avec le chef aurait été minime, pensa-t-il, il semblait plus pratique de se rendre utile en se répartissant les tâches en allant sonder l'opinion publique.

Les deux gardes qui protègent l’entrée de la maison du chef local n’ont pas l’air d’être de grands guerriers. Ils sont massifs, certes, mais plus grâce à l’abus de grillades que grâce à une routine exigeante et sportive. Ils ne sont donc pas habitués à devoir gérer ce genre de situations diplomatiques. L’un des deux se gratte le crâne chauve et regarde son collègue, visiblement aussi peu inspiré que lui. C’est finalement le chauve qui répond au chûnin.

-Eh bah écoutez, je vais voir ce que je peux faire… c’est qu’on n’avait pas prévu que vous viendriez… je vais voir si l’ancien est disposé à vous recevoir.

La montagne s’engouffre dans la maison tandis que Wutu-Fuku sent qu’on tire sur sa manche. Il tourne légèrement la tête, c’est Shitekka. Il souhaite s’occuper des villageois pendant que le chef d’équipe parlera avec le dirigeant local. Le Kaguya n’y voit aucun inconvénient.

-Bonne idée, on gagnera du temps comme ça. Soit prudent, quand même. On ne sait jamais.

Wutu-Fuku ignore de quoi est capable son jeune compagnon. Si Shyko a estimé qu’il était assez capable pour sortir du village, pas de raison de s'inquiéter, mais on est jamais trop prudent. Tandis que le genin s’éloigne, le garde sort de la maison et invite d’un geste le visiteur à entrer.

-Ah, pensez à retirer vos sandales, s’il vous plait. L’ancien est un peu… maniaque sur la propreté.

Wutu-Fuku obtempère d’un geste de la tête et retire ses chaussures à l’entrée de la maison, avant de suivre le garde à l’intérieur de la large battisse, qui ressemble plus à un temple à bien y regarder. Des statues d’or (du moins c’est la matière dans laquelle elles semblent avoir été moulées) ornent des présentoirs disposés équitablement d’un côté et de l’autre du couloir, qui mène jusqu’à une grande pièce rectangulaire. Un long tapis rouge guide les deux hommes jusqu’à une sorte de matelas carré sur lequel un vieil homme est en train de méditer, disposé dans la position du lotus. Une tâche de teinture rouge est apposée sur son front. L’homme ouvre un œil, puis l’autre, et adresse un large sourire au visiteur.

-Maître Kirijin ! Soyez la bienvenue à Ôki. J’espère que vous avez fait bon voyage. Mais je vous en prie, asseyez-vous…

-Bonjour, ancien… merci de me recevoir. Préférez-vous que je vous appelle par un autre nom ?

Le vieil homme balaye l’air devant lui.

-Oho, l’ancien suffira parfaitement. Gong, vous pouvez disposer.

L’homme chauve quitte la pièce suite à cette instruction.

-Donc, maître Kirijin… puis-je savoir ce qui me vaut l’honneur de votre venue ?

-Hé bien, j’ignore si vous avez été informé concernant le Pays Oublié mais…

-Ah oui ! Le kunai émoussé arrive jusqu’ici… quelle tragédie… c’est depuis cette nouvelle terrible que j’ai décidé de m’entourer de gardes ! Mais je crains fort que cela ne soit pas d’une grande utilité, vous savez… nous ne sommes pas des combattants, ici. Au mieux, quelques-uns de nos hommes sont-ils capables de soulever de lourdes caisses de poisson…

Sur le chemin menant au village de pêcheurs d'Ôki, Shitekka avait essayé de faire le point, dans sa tête ou avec son supérieur Wutu-Fuku, pour déterminer les informations à obtenir dans chaque village à visiter. La clé de voûte de cette mission étant de faire un état des lieux de la sécurité des villages de l'île principale de Mizu, il fallait donc lister tous les éléments susceptibles d'affecter la sécurité des villageois. Encore sur la route, les deux Kaguya purent constater un premier point: le trajet menant de Kiri jusqu'à ce village était facile à emprunter, malgré l'omniprésence sylvestre. Une évacuation des civils semblait donc aisément réalisable, tout comme l'envoi de troupes de soutien, ou tout simplement d'un messager venant de la bourgade pour tenir au courant d'une menace.

La communication faisait partie d'un autre point que Shitekka s'attarda à prospecter les ruelles. En tant qu'Urumi, le Kaguya n'avait jamais réellement été confronté à ce problème. Les siens s'organisaient par kotan, lors du grand conflit ayant touché Mizu no kuni. Leur capacité de dissimulation, couplé à leur maîtrise innée de la sensorialité, leur avait permis de se cacher aux yeux des bandits déferlant sur l'archipel. Pour des civils non formés à la pratique du ninjutsu, la question était tout autre. Pour cette raison, le Genin de Kiri aborda la première personne qu'il rencontra dans la rue, une dame qui, au vu de son panier de courses, revenait du marché aux poissons.

— Bonjour madame, je m'appelle Shitekka, et je suis Genin de Kiri. Accompagnant le geste à la parole, il présenta son bandeau frontal ornant le symbole de la cité des brumes. Je suis envoyé en mission pour Kiri, vous auriez deux minutes pour quelques questions ?
— Bonjour jeune homme… elle dévisagea alors le dit Shitekka, dont l'apparence exiguë d'Urumi ne lui était guère familière bien sûr, en quoi puis-je vous aider ?
— Je suis ici pour m'assurer que le village est bien préparé en cas d'attaque. Vous savez si des mesures sont en place dans un tel cas ici ?
— Oh eh bien c'est-à-dire que… hésita la dame, franchement peu au fait de telles informations cruciales Vous savez, nous ne sommes qu'un petit village de pêcheurs. Le chef n'a que deux gardes pour se défendre contre les bandits. Alors, à part suivre les consignes d'évacuation que Kiri nous a données, nous n'avons pas grand chose…
— Je vois.

De part sa proximité avec le village ninja, et sa position géographique, la bourgade était quoiqu'il arrive peu exposé à un risque d'attaque. Le chemin entre les deux villages était rapide et facile d'accès, et en étant situé sur la côte Nord-Ouest, elle pouvait compter sur l'île d'Uka pour faire office de frein à l'avancée d'une quelconque menace, offrant le temps nécessaire aux civils pour s'organiser. Les mesures d'évacuation semblaient donc justifiés au vu des caractéristiques de l'endroit.

— J'aurais une autre question. Est-ce que vous avez récemment eu des soucis au village, des problèmes avec des bandits, ou avec les éléments ?
— Oh, ça… depuis la fin de la grande guerre, nous n'avons jamais eu le moindre problème. Maintenant que j'y pense, nous avons juste eu récemment un arbre qui s'est effondré sur une maison, à cause d'une tempête. Mais notre charpentier s'occupe des réparations, alors pas de soucis !

Les mots de la mère au foyer rappelèrent au Kaguya un autre objectif de sa mission. Les projets de construction de la caserne et de l'académie ninja se mettant doucement en place, Kiri était à la recherche de main d’œuvre pour que ces projets se concrétisent. Il était ainsi du ressort des deux Kaguya de sonder l'île à la recherche de volontaires pour accélérer les travaux.

— Dernière question, et j'arrête de vous déranger. Vous savez où je peux trouver ce charpentier ?
— Bien sûr ! Il travaille avec mon mari, je le connais bien. Il s'appelle Makoto et à cette heure-ci, il doit être en train de continuer les réparations dans les hauteurs du village. C'est simple, grimpez, trouvez les arbres ravagés par la tempête, la maison sera juste à côté !
— Je vous remercie de votre temps.

La dame reprit sa route, tandis que le Kaguya se dirigea vers les hauteurs du village, suivant les escaliers, pour aller à la rencontre de Makoto. Marche après marche, le Genin s'étonna de la courtoisie dont il fit preuve lors de sa discussion. Les mœurs de Kiri commençaient peu à peu à déteindre sur lui, concluait-il, alors qu'il soupira de cet effort de l'esprit. Shitekka préférait s'adresser aux kamuys plutôt que faire des courbettes à des inconnus pour glaner des informations. Mais il devait le faire, au nom de Kiri, de la patrie, de la sécurité des citoyens, mais surtout et finalement, de sa mère.

Le chef du village semble un peu illuminé, mais n’a pas l’air d’être un mauvais bougre. Lui et Wutu-Fuku conversent pendant plusieurs minutes sur des sujets divers. Il s’avère que le village d’Ôki est plutôt tranquille. Les deux gardes sont principalement ici pour la forme, il n’y a pas de menace connue à contrer, si ce n’est les prisonniers de Wasure, bien entendu. Le village est assez proche de Kiri, donc des renforts ne mettront pas beaucoup de temps à venir jusqu’ici en cas de besoin. Shitekka et Wutu-Fuku sont venus à pied, sans trop d’efforts. En cas d’urgence, des shinobis pourront être sur place en quelques dizaines de minutes. Néanmoins, comme les deux villages sont reliés par un terrain relativement accessible même pour les civils, l’évacuation à l’initiative des locaux jusqu’à Kiri est une bonne option en cas d’urgence. Ils ont tout intérêt à agir de leur propre initiative. Quelques dizaines de minutes, ce n’est rien, mais c’est bien assez pour qu’un taré puisse massacrer tout un village de civils.

-Je vois… heureux de voir que tout va bien pour vous. Je ne peux que vous suggérer d’être très vigilant dans les temps à venir. Si jamais vous avez des problèmes, ne tentez rien d’inconsidéré. Évacuez jusqu’à Kiri. Nos deux villages sont proches et le chemin est facile à pratiquer, vous n’aurez aucun problème pour le rejoindre.

-Oh, ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas de grands héros, juste de modestes civils qui tentent de vivre leur vie tranquillement dans ce monde… je m’estime relativement chanceux. Les bandits ne viennent pas ici et les éléments ne se déchaînent pas sur nos pauvres maisons. Enfin, sauf l’arbre sur la maison de Gong… pas de chance.

La proximité d’Ôki avec Kiri doit dissuader les petits brigands de faire n’importe quoi dans les environs. Les shinobis seraient sur place rapidement et les bandits n’auraient pas d’autres choix que de fuir.

-Un arbre sur une maison, vous dites ? On peut s’en occuper si vous voulez…

-C’est bien gentil de votre part, maître Kirijin… mais nous avons tout de même ce qu’il faut pour ce genre de « menaces ».

Dit-il avec un clin d’œil.

-Un artisan comme on en fait plus ! Makoto, notre charpentier local. Il mettra certainement un peu plus de temps que vous pour cette tâche mais bon, si on ne peut plus rien faire soit-même…

La mentalité du chef de village est louable. Et la présence de ce charpentier intéresse le chûnin, toujours à la recherche d’artisans compétents pour le grand chantier de l’Université de Kiri.

-Vous savez ou je peux trouver cet individu ? Kiri est à la recherche d’artisans en ce moment, nous pouvons lui proposer un poste.

-Il doit certainement être sur les hauteurs du village… c’est le lieu le plus sinistré depuis une tempête récente… vous n’aurez pas de mal à trouver.

-Bien, merci pour votre temps, grand chef.

Après quelques courbettes et politesses d’usage, Wutu-Fuku quitte la maison du chef de village pour prendre la route des hauteurs et rencontrer ce fameux Makoto. Sur le chemin, il retrouve Shitekka.

-As-tu appris quoi que ce soit d’intéressant ? Selon le chef, ils n’ont pas trop de soucis, si ce n’est une chute d’arbre, sur laquelle un artisan travaille. Je veux voir de quoi il est capable pour pourquoi pas le recruter pour les chantiers de l’Académie et de la Caserne.

Dim 6 Jan 2019 - 0:31

Sur les hauteurs du village, Shitekka distinguait mieux la côte, alors précédemment dissimulée par les habitations. Au loin, un voile brumeux typique de Kiri recouvrait l'horizon, offrant un spectacle mystérieux à contempler depuis son point de vue. Cessant de flâner sur ce panorama typique de Kiri et ses alentours, le Kaguya poursuivit sa marche pour rencontrer le charpentier Makoto. Avant de se retourner, le Genin observa le temple où son chef de mission, Wutu-Fuku, était parti s'entretenir avec le responsable de la bourgade. Ses yeux d'ambre se posèrent alors sur le toit du temple, couvrant une cloche. L'objet de cuivre intrigua l'Urumi, alors en mission pour prospecter les mesures en place pour se préparer à des attaques de prisonniers de Wasure.

La dame avait qui il s'était entretenu précédemment n'avait pas fait mention de cette cloche comme moyen d'alarmer les villageois d'un quelconque danger. Le Kaguya s'appliqua alors à retenir cet élément du temple pour en faire part à son chef plus tard. Pour l'heure, ses pas le conduisirent devant une habitation endommagée par la chute de quelques arbres. Si un arbre avait été dégagé, ainsi que quelques branches, un conifère persistait à s'enfoncer dans le toit de la maison, au grand dam de ses propriétaires. Quelques hommes travaillaient autour de la demeure pour essayer de retirer l'arbre restant. En s'approchant du chantier, Shitekka interpella l'assemblée de travailleurs.

— Bonjour ! Je suis envoyé par Kiri pour une mission, est-ce que je peux parler à un certain Makoto ?

Un temps de silence succéda à la question du Kaguya. Peu après, sa demande trouva écho, alors que les travailleurs envoyèrent un homme âgé aux petites lunettes rondes. Malgré ses cheveux grisonnants, son corps avait su résister aux vagues du temps, et la sueur sur son front témoignait d'un effort véritable.

— Oui, c'est à quel sujet ?
— On m'a dit que vous étiez le charpentier du village. Il s'avère que Kiri recherche du monde pour aider à la construction du complexe de la caserne et de l'académie. Seriez-vous disponible pour participer ?
— En temps normal, j'aurais bien accepté… mais comme vous pouvez le voir jeune homme, j'ai besoin d'aider mes gars pour réparer cette maison. Cet arbre nous pose problème, les travaux vont prendre un peu plus de temps que prévu à cause de lui…

Le chasseur estima alors les dégâts. Puis, il se décida de proposer son aide pour accélérer les déblaiements et ainsi libérer le temps dont Makoto avait besoin pour pouvoir rejoindre Kiri. Sans plus tarder, l'Urumi se retroussa les manches, et rejoignit Makoto et ses hommes à l'assaut de cet arbre qui privait la Brume de main d'oeuvre. S'il paraissait impossible de terminer les travaux en un jour, Shitekka préféra à la place faire gagner du temps autant que possible. Pour ce faire, plutôt que de peiner à déplacer l'arbre, il proposa de le couper en plusieurs morceaux pour faciliter la tâche. Certains coupaient, d'autres déplaçaient le bois obtenu. En matière de travaux manuels, le Kaguya se débrouillait plutôt bien. Une heure plus tard, l'affaire était réglée. L'arbre dégagé, il ne restait plus qu'à démarrer les travaux de reconstruction du toit et des murs touchés. Le Genin suggéra même d'abattre quelques arbres risquant de compromettre ultérieurement l'intégrité de la bâtisse si une tempête venait à frapper à nouveau.

— Merci pour ton aide, Shitekka ! À présent je pense pouvoir boucler mes travaux plus vite que ce que j'avais prévu à l'origine. Compte sur moi pour cette caserne et cette académie, je serai de la partie ! Tu peux partir l'esprit serein, je m'occuperai de toucher deux mots au chef du village pour la suite.

En gagnant la sympathie de Makoto en lui venant en aide, Shitekka était doublement satisfait. Il n'avait pas fait grand chose pour le moment, et pourtant il venait de rendre service aussi bien au village d'Ôki que celui de Kiri. Le corps réchauffé par cet exercice, le chasseur rebroussa chemin pour retrouver Wutu-Fuku. Et alors qu'il s'apprêtait à redescendre dans le centre du village, il s'avéra que l'ancien élève de Shyko avait rejoint les hauteurs d'Ôki. Ce dernier exposa le fruit de ses discussions avec le doyen du village. Le Kaguya s'attarda à faire de même, l'heure de quitter Ôki approchant à grands pas.

— Je viens justement d'aider cet artisan en question. Il sera prochainement disponible pour rejoindre Kiri pour la construction de la Caserne et de l'Académie. À part ça, les informations que j'ai pu obtenir en discutant avec une dame en ville, et avec les ouvriers travaillant avec le charpentier se recoupent avec les vôtres. Pas de risque sur le village, et leur dispositif de sécurité est minime. Au vu de leur proximité avec Kiri, ils n'ont pas grand chose à craindre. Pour autant, j'ai cru voir que le temple d'ici possède une cloche. Peut-être pourraient-ils s'en servir pour sonner l'alerte et faciliter les évacuations, voire même se faire entendre de Kiri. On est pas très loin du village après tout, non ? Je pense en tout cas que ça vaut la peine d'être mentionné dans notre rapport.

Prêt à quitter le village portuaire, le Kaguya se tint prêt à la réponse de son supérieur. C'était à lui de trancher et de prendre les décisions. Le bâtard lui s'appliquerait à les respecter pour le bien de la mission.

Mer 9 Jan 2019 - 22:44

Visiblement, Shitekka a rencontré ce fameux artisan à l’instant même. Plus même, il l’a aidé. Voilà une bonne manière de montrer aux villageois, et pas seulement à leur chef, que Kiri est présent pour eux s’ils sont dans le besoin. Le fameux Makoto accepte de rejoindre le gigantesque chantier de la Caserne et de l’Académie. Il aurait tord de refuser… le village caché n’est pas avare en salaire quand cela concerne les artisans qualifiés, surtout pour faire avancer un projet aussi ambitieux.

-Bien, ça fait un artisan de recruté, parfait.

Le chûnin écoute ensuite son coéquipier faire son rapport vis-à-vis de ce que pensent les villageois. Le vieux chef n’a semble-t-il rien oublié. La vie à Ôki semble tout à fait paisible. Le genin pointe avec pertinence le fait que le village est assez proche de Kiri géographiquement parlant.

-Oui, si un shinobi s’y met vraiment, il peut arriver jusqu’ici assez rapidement. C’est certainement pour ça que la vie ici est si tranquille. Les criminels savent qu’on peut très rapidement intervenir s’il le faut.

Shitekka évoque ensuite la présence d’une cloche sur l’habitation du chef du village. Est-ce que l’instrument peut -être entendu depuis Kiri ? La proximité entre les deux villages peut le laisser penser. L’écho d’un tel instrument peut s’entendre sur plusieurs kilomètres sans trop de problèmes. Bien sûr, s’ils n’ont pas à affronter un utilisateur du son… mais ils seraient très malchanceux dans un tel cas de figure.

-Tu vas raison, ça pourra servir en cas d’alerte à signaler. Ils peuvent aussi fuir jusqu’à Kiri assez vite. Le chemin est praticable même pour des civils.

Wutu-Fuku cherche dans sa tête s’il n’a rien oublié. Les locaux ont été consultés et un artisan viendra même rejoindre le grand chantier de Kiri. Ils n’ont logiquement plus rien à faire ici. Le duo peut quitter Ôki l’esprit tranquille et prendre la route vers leur prochaine destination. Wutu-Fuku déplie la carte qu’il a dans son sac et montre la suite du chemin à son presque-disciple. Le prochain village n’est qu’à quelques heures de marche du premier. Il s’agit ici de suivre le littoral, donc il y a peu de risques de se perdre tant qu’ils gardent l’océan à leur gauche.

-On va suivre le bord de mer jusqu’à notre prochaine destination : Gūguru hon'yaku. Le temps qu’on arrive, il fera presque nuit. On restera sur place jusqu’au lendemain pour procéder à nos investigations.

Il est temps de se mettre en route. Le duo de Kaguya arrivera sans problèmes jusquà Gūguru hon'yaku s’ils s’y mettent. Avancer de nuit sur le littoral de Kiri peut s’avérer dangereux. Les rencontres hostiles ne sont pas rares. Mais ce n’est pas ce genre de menaces que doivent craindre les ninjas de la brume. Plutôt le terrain accidenté, qui ne pardonnera pas le mauvais pied placé sur la mauvaise pierre.

Alors que le soleil commence à descendre, les Kirijins pourront apercevoir au loin les lueurs d’une zone habitée. Gūguru hon'yaku n’a rien de commun avec Ôki en termes de surface et d’habitants. Ils doivent bien être dix fois plus nombreux que leurs voisins. Sur les traces d’une auberge où se restaurer et passer la nuit, les shinobis pourront apercevoir une patrouille de soldats de Mizu no Kuni.

Dim 13 Jan 2019 - 20:01

Au retour de Wutu-Fuku dans son sillage, Shitekka fut disposé à lui faire un rapport de la situation. Il semblait que le jeune Kaguya avait mâché le travail de son supérieur, en s'occupant de la question du charpentier du village. À ce sujet, l'ancien apprenti de Shyko ne manqua pas d'approuver les choix et remarques de son camarade de mission. Peu réceptif d'ordinaire aux compliments, le bâtard fut néanmoins satisfait de lui-même. En tant que récent ninja au sein du village, le Kaguya restait en quête de repères. Malgré l'expérience accumulée petit à petit sur le tas, il appréciait tout de même que ses décisions soient soulignées et approuvées. Sans s'attarder sur les paroles du ninja de classe moyenne, Shitekka cessa de s’enorgueillir de ses maigres succès et écouta son supérieur le briefer sur la suite de la mission.

Leur prochaine destination se localisait non loin de la bourgade d'Ôki. À quelques lieues de là le village de Gūguru hon'yaku les attendait. Le temps du trajet forcerait les deux hommes du clan aux os meurtriers à se reposer une fois sur place. Shitekka était de son côté prêt à dormir à la belle étoile. S'il n'avait guère plus vraiment l'habitude de dormir en communion avec la nature, ses réflexes d'Urumi n'attendait qu'à se manifester à nouveau. L'aborigène avait tout songé à cet effet: où chasser, quelles plantes feraient l'affaire… Pour autant, le Genin se décida à garder le silence quant à ses envies de liberté. Il était ici pour une mission, et il ne désirait pas froisser Wutu-Fuku qui faisait l'effort de leur offrir un toit digne de ce nom pour passer la nuit.

Ils se mirent en route, et peu à peu les contours d'Ôki disparurent sous le voile de brume, et alors que la nuit prit le relais sur le brouillard, les lueurs de la bourgade de Gūguru hon'yaku percèrent la pénombre. Rapidement Wutu-Fuku, suivi de Shitekka partit en quête d'un ryokan, d'un hôtel, d'une auberge quelconque ou d'un campanile leur permettant de se restaurer et de passer la nuit à l'abri. Le village, plus proche d'une ville, étant plus grand et fourni que leur destination précédente, les deux Kaguya n'eurent peu de mal à trouver un ryokan répondant à leurs critères. Tandis que Wutu-Fuku s'occupa des réservations, Shitekka nota la présence de quelques gardes de la seigneurie de Mizu no kuni. Reconnaissables à leur lance, et leur armure aux couleurs de Mizu no kuni, leur présence intrigua le Kaguya qui attira l'attention de Wutu-Fuku un instant.

— Je vais voir dehors, ces gardes auront peut-être quelque chose d'intéressant à nous dire. (Il se dirigea vers la sortie, et se retrouva sur le seuil de la porte.) J'en aurais pas pour longtemps.

Dehors, les gardes en patrouille s'assuraient que l'ordre régnait. Ils avançaient à un rythme lent, jetant des regards aux alentours par groupe de deux ou trois. Shitekka identifia ce qui s'apparentait être leur capitaine et s'en rapprocha. Comme une routine qui n'en était pas une, il dégaina à nouveau son bandeau frontal et se présenta.

— Shitekka, ninja de Kiri. Je suis envoyé sur le terrain pour faire le tour des villages de l'île. Avez-vous noté quelque chose de particulier récemment dans les alentours qui nécessiterait l'intervention des Kirijins ?

Le chef d'escouade leva son bras en l'air et se tourna vers ses hommes, qui s'immobilisèrent bien assez tôt. L'homme, un trentenaire aux cheveux bruns très courts sur les côtés, présentait une entaille au sourcil gauche. Ses yeux fins contrastaient avec son visage carré et son imposant plastron aux côtés de sa lance décorée.

— Bonsoir Kirijin. Effectivement, vous tombez bien. Nos hommes avaient prévu d'escorter un prisonnier dans la ville voisine pour qu'il purge sa peine en prison. Un de vos collègues l'avait neutralisé dans le cadre de sa mission, et au nom de la seigneurie de Mizu no kuni nous avions rendu jugement sur place. Cependant, nous nous retrouvons à présent seuls à la charge de l'amener dans sa cellule. Même si ce criminel est enchainé et maîtrisé, il connait le Ninjutsu et nous serions bien dans l'embarras s'il venait à s'échapper sur le chemin, ou pire, ici. Accepteriez-vous de nous assister ?

Leur mission consistait à s'assurer de la sécurité des villages de l'île principale. Bien qu'ils déviaient légèrement, la portée de leur geste restait la même: servir et protéger. Avec un peu de chance, Shitekka supposa que les deux Kaguya allaient devoir passer par cette fameuse ville dans le cadre de leur patrouille. Tout semblait se recouper. Pour cette raison, le Genin décida d'accepter sous condition d'avoir l'approbation de son supérieur. Le capitaine de la garde s'en réjouit, et invita les deux hommes à les rejoindre demain en début de matinée au centre du village. La garde reprit sa marche, et Shitekka retourna dans l'auberge, où l'attendait Wutu-Fuku. De là, les deux hommes purent rejoindre leur chambre. On convia les deux Kirijins à se relaxer dans les onsens de l'établissement.

Ce fut donc vêtus d'un yukata en coton blanc aux couleurs de l'emblème de l'auberge qu'ils se dirigèrent vers les bains d'eau chaude. A leur retour, un bon repas les attendrait. Par chance, la tradition des ryokans n'était pas totalement nouvelle pour Shitekka. Il lui utilisait régulièrement les bains publics pour son hygiène personnelle. Un moyen comme un autre d'économiser de l'eau dans son appartement et ainsi de générer des économies utiles à l'accomplissement de son nindô. Ce fut donc sans réelle gêne que le Kaguya s'enfonça dans l'eau bouillante de la source cernée de pierres. Peu de personnes occupaient l'endroit. Dans l'intimité du lieu, relaxé, Shitekka peut alors détailler sa discussion avec le capitaine de la garde auprès de Wutu-Fuku. En sa qualité de Chûnin, lui seul était en mesure de trancher de la suite du programme des deux Kaguya. Si demain serait un jour nouveau, ils pouvaient quoiqu'il arrive se prélasser dans les bains chauds et profiter du confort du ryokan pour démarrer cette journée dans les meilleures conditions.

Mer 16 Jan 2019 - 0:07

La présence des soldats ici n’est certainement pas anodine. Est-ce une simple mesure préventive ou une nécessité pour venir contrer une éventuelle menace ? C’est une question dont il faudra s’occuper plus tard. Le plus important actuellement, c’est de trouver un lieu pour la nuit. Chose qui n’est pas difficile, le duo a même le choix. Le chûnin jette son dévolu sur un ryokan qui a l’air tout à fait accueillant, tandis que Shitekka semble s’éloigner, certainement à la recherche d’informations sur la présence de ces gardes dans les rues, ce qu’il confirme quelques instants plus tard oralement.

-J’avais remarqué. Tu peux y aller, le temps que je gère notre réservation.

Wutu-Fuku a prévu de payer pour eux deux, donc le genin peut s’absenter sans problèmes. C’est bien, pour lui, de profiter de cette mission pour s’initier un peu. Le chûnin ignore à quel point son compagnon du jour peut-être fort, ou expérimenté…

Shitekka revient vite auprès de son chef d’équipe pour lui faire part de la situation. Les gardes de la seigneurie ne sont effectivement pas dans cette ville par hasard. Ils ont prévu d’escorter un prisonnier dans une ville voisine afin de le placer dans une prison plus sécurisée et adaptée à ses capacités. En effet, l’individu semble capable d’utiliser le Ninjutsu, ce qui en fait un adversaire assez difficile à gérer pour de simples soldats. Et en plus, c’est un gus qui a été neutralisé par un collègue dans le cadre d’une autre mission ? Peut-être qu’elle a été réalisée par quelqu’un que Wutu-Fuku connait… mais impossible de le savoir en l’état. Le genin a accepté d’assister l’escorte, sous réserve d’acceptation du chef d’équipe, qui n’a aucune raison de refuser ce genre de demandes.

Même s’il est préférable d’éviter les conflits, un peu d’action ne ferait pas de mal. L’un des employés de l’établissement guide les deux Kaguyas jusqu’à leurs quartiers, avant de leur désigner la direction des sources d’eau chaude. Un repos bien mérité au regard des distances traversées par le duo aujourd’hui. Et se rincer ne leur fera pas de mal. Kuzan aurait peut-être profité de l’occasion pour se rincer l’œil mais les bains ne sont pas mixtes et seul quelques vieux partagent le bain des kirijins. L’occasion pour le chef d’équipe de confirmer sa décision.

-Pourquoi pas, ça nous changera un peu de la routine que promet cette mission sur le papier.

Vient la question sur les compétences du genin.

-Comment tu te débrouilles, Shitekka ? Je veux dire… si ce fameux prisonnier adepte du ninjutsu décide de faire des siennes demain, seras-tu capable de te défendre par toi-même ?

Il est surtout question ici de prévoir si Wutu-Fuku devra faire attention à son élève ou s’il pourra se consacrer pleinement à la maîtrise du prisonnier si cela s’avère nécessaire. Bien sûr, il sera toujours attentif à ce qui peut lui arriver, il en va de sa responsabilité. Mais il sera peut-être plus permissif si Shitekka s’avère déjà un peu formé aux arts shinobis.

Jeu 31 Jan 2019 - 19:39

La discussion dans les sources d'eau chaude tournait en faveur d'une assistance portée aux gardes. Pour Shitekka, qui appréciait la balade à travers la grande île, la décision de Wutu-Fuku ne l'importait guère. S'il pouvait continuer d'errer çà et là dans les petits hameaux de Mizu no kuni, et être payé pour ça, le balafré était prêt à retenter l'expérience autant de fois que nécessaire. Mais escorter un prisonnier initié aux arts ninja restait tout aussi intéressant. Pour peu que le sang-mêle puisse se défendre convenablement. Une interrogation que souleva son capitaine d'équipe dans les eaux de l'onsen. Pour son acolyte, il n'y avait aucune raison de passer par quatre chemins et de déformer la vérité. Par ailleurs, il faisait entièrement confiance à Wutu-Fuku pour lui répondre honnêtement, ce qu'il décida donc de faire sans détours ni faire attendre le Kaguya.

“ Cette mission d'escorte est une première pour moi, je ne vous le cache pas. Le village ne m'a envoyé la plupart que sur des missions assez simples à réaliser, ne nécessitant pas d'engager un combat avec le Ninjutsu. Je manque d'expérience sur le terrain de ce fait. Je suis loin de pouvoir me débrouiller seul, mais sachez que je ne représente pas un fardeau non plus. Shyko-nispa m'a beaucoup aidé à progresser sur la voie du shinobi. ”

Il se rappela alors de son niveau en arrivant au village de la Brume. Un Kirijin paysan armé d'une fourche aurait certainement été dix fois plus menaçant que le jeune chasseur inexpérimenté qu'il était. Depuis, il avait su recevoir les enseignements du clan Kaguya et mettre en pratique des années de retard dans sa formation de ninja. Le rythme effréné avec lequel il tentait de combler le retard ne suffisait certes pas, mais il lui assurait d'être sur la bonne voie. Alors qu'il freina un sourire de satisfaction sur son visage en repensant à tous les progrès qu'il avait, il se leva et décida de quitter le bain.

“ Je vous laisse, j'ai encore du mal avec l'eau bouillante des onsens. ”

Son corps enveloppé de volutes de buée quitta alors calmement les onsens pour retrouver le confort du yukata du ryôkan. Shitekka ayant la nuit devant lui, ce dernier décida de consacrer un temps aux kamuys. Dans les alentours de l'auberge, il trouva un espace de verdure à l'abri des curieux et se lança dans quelques chants. Il pria les déités majeures, notamment Apasam-Kamuy, pour sa réussite dans l'escorte du prisonnier à venir. Le calme de la nuit donna plus de force à ses prières, avant que Shitekka ne retourne au ryôkan pour se reposer. Demain serait une journée bien différente des balades bucoliques dans les marais de Mizu.

Le réveil fut agréable pour Shitekka, qui apprécia le confort du futon, un standard de sommeil bien au delà des siens d'ordinaire. Pour autant, il ne tarda pas pour se lever. Une fois prêt, avec Wutu-Fuku, ils partirent en ville pour retrouver le capitaine de la garde nationale de l'archipel. Leur petite marche à travers la bourgade les conduisirent au centre-ville, où dans le domaine du chef local, ils purent entrer dans un poste de garde pour tomber nez à nez sur la cellule du prisonnier. À l'abri des lueurs solaires, la cellule força le Kaguya à se concentrer pour dévisager l'homme qu'il devait surveiller aux côtés de Wutu-Fuku. Un bouc plus ou moins travaillé, des cheveux crépus, des lunettes fumées carrées… le tout décoré par un bandana de bas de gamme… Shitekka dut s'y reprendre à plusieurs fois avant d'affirmer avec beaucoup d'hésitation l'identité du criminel qui lui faisait face…

“ Kuzan ?”
“ Non, Kazun, corrigea le capitaine de la garde. Yuki Kazun. Accusé de harcèlement sexuel, ébriété sur la voie publique, délits mineurs, vols avec usage de ninjutsu, arnaques, et surtout… usurpation d'identité.”

Gêné, Shitekka resta en retrait pour le reste de la rencontre. Le capitaine de la garde présenta par la suite le trajet qu'allait emprunter l'escorte, composée de quatre gardes armés de hallebarde et bien sûr des deux Kaguya. Le chemin menant à la ville de Tsugaru était principalement composé de bois et d'étangs. Pas très original, mais c'était là le biome dominant de l'archipel. La vigilance des deux Kirijins devait par conséquent être la plus grande, surtout une fois dans les zones sylvestres. Le sang-mêlé laissa par la suite le cortège pénitencier se former, et emboîta le pas, l’œil posé sur l'usurpateur en qui il commençait à vouer un dédain grandissant. Kazun avançait devant lui, cerné des quatre gardes qui le retenaient par des liens aux poignets et aux genoux, restreignant tout mouvement. Sa tête était recouverte d'un sac de toile, pour restreindre une fois encore toute liberté d'évasion. Ce fut ainsi dans cette ambiance pesante et mais silencieuse que le petit groupe quitta la ville de Gūguru hon'yaku en direction de celle de Tsugaru.

Shitekka répond sans détour à la question de son chef d’équipe. Il reconnait avoir des lacunes sur ce genre de missions, n’ayant été assigné qu’à des tâches subalternes à l’intérieur du village jusqu’à aujourd’hui… Wutu-Fuku hausse les épaules.

-Hé oui, on doit tous passer par là. Ce n’est clairement pas très formateur comme missions, mais ça permet au moins au nouveau d’assimiler le fonctionnement du système.

Et d’apprendre à accepter tout type de mission, même si elle est peu intéressante sur le papier. Le genin se veut néanmoins optimiste : il est certain qu’il ne sera pas un fardeau pour le chûnin, expliquant que Shyko a fait du bon travail pour le mettre sur les rails du quotidien de shinobi.

-Je n’en doute pas. Tu n’aurais pas pu tomber sur un meilleur Kaguya pour t’encadrer, je pense.

Shyko est le meilleur sensei possible pour les « atypiques » comme Shitekka, et comme Wutu-Fuku a lui-même pu l’être lorsqu’il n’était qu’un genin débutant. Son « élève » ne reste néanmoins pas très longtemps dans l’eau chaude, précisant qu’il a du mal avec la température des onsens.

-Soit. Bonne nuit. Je viendrais te chercher demain matin.

Le chûnin laisse l’aspirant ninja partir pour profiter encore quelques minutes du confort offert par les sources chaudes. Il s’en va finalement rejoindre sa chambre pour s’endormir sur le futon. Demain sera peut-être une plus rude journée…

Réveillé par les oiseaux, Wutu-Fuku va chercher Shitekka comme prévu. Direction le centre ville pour trouver le capitaine de la garde et ses hommes. Ils atterrissent finalement dans le domaine du chef local, dans lequel ils trouvent une sorte de petite prison. La criminalité ne doit pas être très élevée à l’intérieur même de la ville, ce qui explique qu’ils n’aient pas un grand centre carcéral… le duo arrive devant la cellule du détenu à escorter. Le chûnin plisse les yeux tandis que le genin semble lui aussi un peu confus. Il prononce le nom de Kuzan… ainsi, le jeune connait l’ancien élève de Wutu-Fuku ? Il est rapidement corrigé par le garde. Il ne s’agit pas de Kuzan, mais d’un certain Kazun. Même dégaine, même bouc, même chevelure, même lunettes… pas d’erreur possible. Enfin si, l’erreur est possible… mais ils ont affaire à un authentique doppelgänger.

-Yuki Kazun…

Dit lentement le Kaguya.

-Kazun…. bwahahaHAHAHAHAH !

D’un coup, le chûnin éclate de rire. Il ne peut maintenir son masque devant le ridicule de la situation, au point de provoquer des regards interrogateurs du côté des gardes, qui se regardent entre eux, faute de mieux.

-Qu’est-ce qui te fait marrer enfoiré ?!

Le prisonnier n’est bien sûr pas très content de voir qu’on se moque ouvertement de lui.

-AHAHahah…ah…peuf…

Le capitaine s’approche.

-Hm… vous êtes sûr que ça va ?

Le Kaguya essui une larme qui coule le long de son visage tandis qu’il se redresse. Il a tellement rigolé qu’il en a mal aux côtes.

-Oui, pardon… c’est juste que… roh non, c’est trop long à expliquer. Sachez juste qu’on connait un Yuki Kuzan qui lui ressemble un peu…

-Ah… bon, ce n’est pas la peine de se mettre dans ce genre d’états ! Allons-y, je vous prie.

-Oui, excusez-moi… prfft

Conclue-t-il sans pour autant réussir à réprimer un nouveau rire. La bonne humeur du Kaguya n’est pas véhiculée pour autant : tout le monde tire un peu la gueule. Kazun est enchaîné comme il se doit, en plus d’avoir un sac sur la tête pour le décourager de toute tentative d’évasion. La troupe se met donc en route, direction la ville de Tsugaru. Ficelé comme un cadeau de noël, le Yuki n’a pas beaucoup de marge pour se faire la malle. Si une menace doit se présenter à l’escorte, elle viendra de l’extérieur. Mais il ne faut pas oublier que le gus est capable d’utiliser le ninjutsu. Ils rejoignent finalement une zone forestière parsemée de points d’eaux. Ce qui signifie plus de cachettes possibles pour d’éventuels attaquants…

L’escorte démarra à la sortie de la bourgade de Gūguru hon'yaku sans accrocs. Le cortège de garde entourait le criminel, le dissuadant de toute tentative de fuite. Si cette surveillance rapprochée ne suffisait pas, en plus des multiples entraves qui bloquaient le Yuki, les deux Kaguya fermaient la marche, veillant également à la réussite de cette escorte. Alors que les dernières esquisses de la ville s’évanouissent derrière eux dans la brume, Shitekka repensa à la scène survenue face à la cellule de l’usurpateur. Son capitaine de mission, qui jusqu’ici entretenait un calme presque mystérieux, s’était prêté à un fou rire incontrôlable face à l’identité du bandit.

Intrigué, le Genin profita d’un moment de calme dans la marche pénitencièrepour s’ôter d’un doute. Le groupe traversait alors un bois peu épais, où la brume semblait exhaler des végétaux et se mêler aux nuages.

« J’ai cru comprendre que vous connaissez Yuki Ka… Kuzan. Quel lien entretenez-vous avec lui ? À vrai dire, je l’ai déjà rencontré aussi… »

Il se rappela alors de sa défaite cuisante face au dompteur de dragon de glace. Une expérience plus enrichissante que humiliante : Shitekka s’était adonné à la maîtrise du lancer de projectiles ninja et avait mis en pratique quelques techniques de son répertoire. Il se remémora également la séance embarrassante d’écriture et de dictée qu’il endura aux côtés d’Akane, les deux étant alors forcés de recopier des passages du livre rose de Yuki Kuzan.

Face à de pareils souvenirs, Shitekka essaya de dissimuler l’ambiguïté qu’il ressentait à l’égard de l’Ero-Sannin de Kiri. Confus mélange de dégoût et de sympathie, le Kaguya était curieux de savoir ce qu’il en était de Wutu-Fuku. Il se demandait également quel lien partageait Kazun et Kuzan, l’un semblant s’approprier le personnage de l’autre, poussant jusqu’au vice. Même s’ils devaient rester professionnels, la marche vers Tsugaru était partie pour prendre toute la journée, laissant suffisamment de temps aux deux Kaguya pour faire plus ample connaissance.

Pour autant, le calme de l’escorte prit vite fin alors que le groupe quitta les bois pour s’enfoncer dans des sentiers entourés de tourbières. Le chemin se résumait à quelques pierres distinguant la route des plaines piégées par des précipices boueux. Shitekka et son comparse étaient toujours en fin de peloton, observant de temps à autre Kazun. Ce dernier était resté silencieux jusqu’ici. Cependant, alors que les gardes continuaient d’avancer, ces derniers finirent une légère montée, les menant irrémédiablement sur une descente. Le regard doré de Shitekka était attentif à l’ensemble de son environnement, aussi fut-il trop tard lorsqu’il se posa sur les mains liées de Kazun qui semblaient composer un mudra.

« Et m… »

Il n’eut pas le temps de finir de jurer et de courir vers le détenu que son jutsu prit forme. Soudain, le sol commença à se couvrir rapidement d’une couche de glace. La plupart des gardes glissèrent sur le verglas, et Shitekka ne fut pas exempt de cette glissade inattendue. Libéré de la contrainte de ses geôliers, Kazun composa un second mudra qui généra des crampons de glace à la surface de ses semelles. Il ne lui restait plus qu’à courir sur cette plaque de glace grandissante, malgré le sac de toile qui entravait totalement sa vue.

« Vous ne me retrouverez jamais ! »

Tandis qu’il commença à courir, le cortège essaya tant bien que mal de se relever, incapable de rattraper le bandit sur ce territoire dangereux pour les bipèdes. De son côté, Shitekka essaya de palier à ce handicap, au risque de perdre un temps précieux pour poursuivre Kazun. De ses paumes, il confectionna dans le creux de ces dernières deux crampons pour ses pieds assez sommaires. Il ne restait plus qu’à accrocher les créations d’os au bout de ses pieds pour espérer rattraper le fugitif. Instinctivement, il essaya de détecter le chakra du Yuki, et se guida à sa signature de chakra. À son tour il évolua sur ce monde de glace, espérant que Wutu-Fuku allait suivre la marche, tandis qu’au même moment quelques flocons de neige commençaient à pointer le bout de leur nez…

Résumé:

Les deux kirijins ouvrent l’œil, comme le reste de l’escorte. La tension est palpable tandis que le groupe s’éloigne de l’urbanisation pour rejoindre une sorte de forêt marécageuse parsemée d’une épaisse brume. Alors qu’ils marchent depuis maintenant une bonne heure, Shitekka ose une demande un peu particulière à son mentor Kaguya. Cela n’a certainement pas échappé au genin qu’il connait lui aussi Yuki Kuzan. Et ce n’est pas peu de le dire : le maître des glaces a été dans la même équipe que Wutu-Fuku. Ensemble, ils ont fait plusieurs missions pour le village de Kiri, comme pour aider les habitants de Fii et aussi pour cette histoire sans queue ni tête de chasseurs de primes sur l’île d’Uka. Il l’a même aidé à se débarrasser de son addiction à la cigarette. Pour autant, ils ne se parlent plus trop ces derniers temps. La faute à des emplois du temps chargés des deux côtés.

-C’est mon élève. Enfin c’était, lorsqu’il était encore chûnin du village. Je l’ai eu sous ma responsabilité quand j’ai moi-même été promu chûnin. C’est à mes côtés qu’il a grimpé les échellons de Kiri. Mais il souhaite se consacrer à l’enseignement désormais…

La relation qu’ils avaient était un peu plus profonde qu’un simple rapport chef d’équipe – élève. La différence d’âge entre les deux hommes a probablement joué à rendre cette équipe plutôt insolite. Les quarantenaires genins, ça ne courre pas les rues. Malgré le fait que le Yuki ne s’est finalement contenté que d’une réorientation professionnelle, Wutu-Fuku ne peut s’empêcher de prendre ça comme un échec personnel.

-Je suppose qu’il ne t’est pas étranger non plus puisque tu as semblé le « reconnaître » en ce fameux Kazun. Pfftr.

La simple évocation du nom de l’usurpateur refait souffler le Kaguya du nez. Il ne peut s’empêcher de se demander quel peut bien être l’intérêt à usurper l’identité de Kuzan. Ce dernier a sa petite réputation… alors ce n’est clairement pas le meilleur personnage à imiter pour passer inaperçu. Si cet homme est un arnaqueur, alors il ne doit pas être bien expérimenté dans son domaine…

Le groupe poursuit sa route jusqu’à arriver dans une zone bien plus délicate à aborder. Les tourbières et la boue sont de plus en plus nombreuses. C’est lors d’une descente que le prisonnier réussit l’exploit de composer des mudrâs malgré ses mains attachées. Le gus a de la ressource : il a attendu d’être sur un relief pour tenter son évasion. Le sol se recouvre d’un coup d’une couche de glace glissante, faisant chuter les gardes. Ainsi, ce Kazun est effectivement un Yuki ? C’est à n’y rien comprendre… composant de nouveaux mudrâs, ses pieds se recouvrent de glace pour créer des crampons et ainsi lui permettre de courir sur la surface gelée comme il le ferait sur un sol normal. Le fait qu’il puisse se déplacer malgré son sac de toile laisse entrevoir la possibilité qu’il est un adepte de la sensorialité. Alors qu’il s’échappe en invectivant les gardes, précisant qu’ils ne le retrouveront jamais. Shitekka est astucieux : il crée de petits crampons pour ses pieds. Lui aussi pourra circuler sans risquer de se casser la gueule.

Quant à Wutu-Fuku, hé bien… il glisse. Son expérience du Taijutsu et la maîtrise de son centre de gravité font qu’il se contente de dévirer jusqu’en bas de la pente. Il reste ainsi debout, neutre, prenant de la vitesse tandis que Kazun s’éloigne dans une direction différente.

-Hm… c’est plutôt génant…

Pense le Kaguya. Heureusement, quelques arbres solides sont encore dans le décor. Tendant l’un de ses bras, il projette une sorte de kunaï en os sur ce dernier. Le projectile est lui-même toujours relié au corps de Wutu-Fuku via une espèce de corde en tissu osseux et en cartilage. Il s’accroche ainsi à l’arbre qu’il a visé, lui permettant d’éviter d’être emporté au loin. Ce qui n’est pas le cas de plusieurs gardes, qui ne peuvent rien faire d’autre que glisser sur les fesses le long de la pente.

Au lieu de compter sur un arrêt brusque pour stopper sa descente, Wutu-Fuku commence à dévier légèrement sa trajectoire. Arrivant au bout du mou qu’il a à disposition, il commence à décrire un large arc de cercle autour de l’arbre auquel il est relié. Ce n’est qu’une fois face à la direction prise par Kazun qu’il relâche sa technique, le projetant avec puissance en direction du fuyard.

Résumé :

Si les jours qui précédèrent cette journée furent entachés de la marque de la trivialité, la donne fut toute autre en la présence, ou plutôt l’absence de Kazun. Le malandrin, alors sous l’étroite surveillance d’un corps pénitencier, parvint à se défaire de l’emprise des gardes. Tout se déroula en quelques instants, savamment sous le contrôle de l’usurpateur. Le maître des glaces se déroba ainsi avec toute le fantasque qui faisait son personnage, un sac en jute couvrant encore son visage. Pour l’escouade de Kaguya sur place, il fallait agir vite. Si l’évasion miraculeuse du Yuki suffisait amplement à les motiver de le poursuivre, la sécurité des bourgades environnant leur sentier entrait également en ligne de mire. C’était après tout l’objectif principal de leur mission.

Si les soldats eurent grand mal à se relever sur cette patinoire naissante et grandissante, Shitekka comme Wutu-Fuku purent compter sur leur maîtrise respective du Shikotsumyaku. Tandis que Kazun s’éloignait aussi vite que ses crampons de glace le lui permettaient, le balafré lui extirpa de ses mains un équivalent osseux. Son capitaine, lui, fit usage d’une technique plus radicale. Guidé par un projectile relié à un filin de tissu osseux, le ninja de classe moyenne prit appui sur un arbre pour s’évader de la patinoire qui entravait ses mouvements. Là où l’Urumi marchait à tatillon sur ce terrain gelé, son supérieur lui se propulsa à toute berzingue sur le fugitif, espérant pouvoir le rattraper.

Si les deux ninjas parvinrent à partir à la poursuite de l’usurpateur du clan Yuki, un nouvel obstacle se dressa en travers de leur route. Initialement quelques flocons, ce fut une véritable tempête de neige qui peu à peu s’installa dans la région en pleine saison printanière. Rapidement le paysage fut recouvert d’un rideau de coton. Kazun, malgré ses entraves, essaya de son mieux de freiner l’avance de ses assaillants. La neige réduisait la visibilité des deux Kaguya, mais pour Shitekka, un effet supplémentaire se manifesta. Alors se fiant à la signature de chakra émise par Kazun, il fut dérouté par le chakra qui l’entourait. Comme toute technique du répertoire du Ninjutsu, la poudreuse était chargée du chakra de son créateur. Si Shitekka ne pouvait se douter que c’était par ce biais que le fuyard se repérait dorénavant dans l’espace, grâce à un jutsu où chaque flocon lui donnait une indication spatiale, il réalisa que ce même sort affectait sa détection de chakra, au point de perturber la traque de Kazun.

Entre la course folle de Kazun vers l’inconnu, le sol gelé qui restreignait encore sur quelques mètres leur mobilité, et bientôt le blizzard, le Yuki ne manquait pas de ressources malgré ses entraves pour essayer de semer ses surveillants. Autant de problèmes qui poussèrent Shitekka à passer l’action. Si auparavant il s’était résigné à agir ainsi, le Kaguya décida de faire usage de la violence pour contraindre le fugitif à s’arrêter, ou à minima à freiner sa cadence. Guidé par l’énergie interne du ninja des neiges, et avec le peu de visibilité que la neige lui octroyait, Shitekka pointa sa paume, bras tendu, vers le dénommé Kazun. Son chakra inonda son bras, et bientôt imposa le don du Shikotsumyaku à agir sur son ossature. Avec un signal énergétique semblable à une corde d’arc lâchée, un harpon nivéen fusa à toute vitesse depuis sa paume et fonça sur Kazun.

S’il était difficile de jauger la précision de ce tir, entre la distance croissante et la gêne occasionné par la neige, Shitekka était confiant en ses capacités. Il s’avança au plus vite pour quitter la plaque de glace qui le restreignait dans ses mouvements avant de courir sur la couche de neige qui se formait timidement mais assurément. Wutu-Fuku n’était pas loin derrière lui. Plusieurs mètres plus tard, ce fut un chasseur satisfait qui tourna sa tête vers son supérieur, invitant ce dernier du regard à observer la trace laissée par le fuyard.

« À en juger par ces traces de sang au sol, on dirait que mon Surku-Rimse l’a touché. Le retrouver n’en sera que plus facile, même si on doit faire vite avant que la neige ne recouvre le tout. »

Par chance pour Shitekka, il semblait qu’en plus d’avoir touché son adversaire, la danse de l’Aconit avait également impacté l’intensité de la neige qui tombait drue jusqu’à présent dans la zone. Kazun, blessé, aurait désormais bien plus de mal à maintenir ce jutsu qui lui faisait office d’œil et d’écran à la fois. Abandonnant la sensorialité pour la traque pure et dure, l’Urumi retourna à ses instincts les plus naturels aux côtés de son comparse Kaguya, suivant les trainées de vermeil pour retrouver l’usurpateur.

Résumé:

Maintenant qu’il est propulsé, impossible pour le Kaguya de changer sa trajectoire. Ce mouvement a au moins le mérite de le rendre plus rapide que Kazun et Shitekka, qui sont limités à cause des crampons qu’ils ont sous les pieds. Mais cette propulsion ne suffit pas : bientôt, les quelques flocons qui tombaient dans les environs se transforment en un véritable blizzard. Wutu-Fuku pourrait tirer dans le tas, mais pas sans risquer de tuer le Yuki fuyard. Et ce n’est pas l’objectif actuellement, ni la façon de faire habituelle du Kaguya. Il fronce les sourcils tandis qu’il se réceptionne sur le sol, aidé par l’une des bases de l’apprentissage shinobi : la concentration de chakra pour marcher sur l’eau, ou sur les surfaces verticales.

Le jeune genin n’a pas cette préoccupation, lui. C’est un véritable harpon qui quitte sa paume pour fuser à travers le mur blanc qui barre désormais la route aux deux Kaguyas, le perçant de sa puissance de propulsions. La neige, qui couvre désormais le sol glissant, permet d’y marcher sans trop de problèmes. Shitekka s’arrête et regarde le sol, parsemé de tâches rouges. Il a réussi à toucher l’ennemi, visiblement, avec son « Surku-Rimse ». Les Kirijins ont désormais un point de repère pour suivre l’usurpateur à la trâce. Mais comme Shitekka le dit, il va falloir faire vite, avant que la neige, qui continue de tomber, ne recouvre les tâches de sang.

-Tu as raison, faisons vite.

Le jeune balafré a l’air confiant sur ses capacités de traque, aussi le chûnin décide-t-il de se fier à son instinct de chasseur. La « proie » du duo a du mal à tenir sa technique de blizzard, qui n’est désormais plus qu’une chute de neige classique.

Plus loin, Kazun a profité de l’avance qu’il a gagné pour geler ses liens afin de pouvoir les casser de sa seule force. Il ne lui reste donc plus qu’à retirer le sac qu’il a sur le visage pour retrouver la pleine possession de ses sens. Plissant les yeux à cause de cette soudaine lumière, il tique, regardant sa blessure au flanc. Le harpon de ce Kaguya n’est pas passé loin.

-C’est pas bon, à ce rythme, ils vont me tomber dessus…

Serrant les dents, il utilise son don Hyôton pour appliquer du froid sur la blessure pour la soulager. Il tourne la tête, sentant grâce aux flocons de neiges que ses poursuivants approchent. Il compose un unique mudrâ avant de faire apparaître autour de lui trois séries de clones de glace. Ils occuperont ses poursuivants pendant qu’il continuera sa course. Kazun reprend sa course, tandis que les neuf clones attendent de pied ferme les deux Kaguyas, qui arrivent face à cette assemblée d’hommes de glaces. Wutu-Fuku soupire et propose au criminel une porte de sortie.

-Bon, Kazun… écoutez, rendez-vous avant de nous forcer à faire l’usage de la force…

Les clones répondent d’une seule voix.

-Jamais, chiens de Kirijins ! Je vais vous finir ici et…

-Pffftrt.

-…

Le Kaguya vient une nouvelle fois de réprimer un rire. Il avait réussi à intérioriser jusqu’ici mais sa sommation a été de trop.

-JE VAIS VOUS SAIGNER !

Les clones se propulsent comme un seul homme sur les deux Kaguyas. Mais avant qu’ils n’aient pu approcher de trop prêt, des os pointus quittent le corps de Wutu-Fuku pour embrocher chacun des clones, les faisant disparaître tout en recouvrant les alentours de glace à leur disparition. Une technique avancée du clan. S’il rechigne à utiliser les « classiques » du Shikotsumyaku, Wutu-Fuku en a l’entière maîtrise. Bien entendu, Shitekka est indemne.

Résumé :

Peu à peu, la traque déboucha sur un affrontement inévitable contre le fugitif. Guidés par les traces sanguinolentes laissées par le maître des glaces, le tandem de Kaguya évoluèrent rapidement au sein de la poudreuse. L’ambiance était pour le moins unique : le marais, piégé par de nombreuses tourbières, devenait une sorte de toundra recouverte par endroits par des monticules de neige, et par un léger manteau nivéen dans l’ensemble.Ce fut donc sur cette toile d’opale, ponctuée de vermeil, que le groupe de Kirijins put suivre la trace de Kazun.

Le criminel en question se trouvait plus loin, avançant péniblement avec sa plaie béante. La douleur le tenaillait au milieu de la neige, aussi puisa-t-il dans son élément familial pour en venir à bout. Après avoir congelé sa blessure, il continua de faire appel au Hyôton pour bloquer le passage de ses assaillants en se constituant une armada de clones. Après une altercation avec Wutu-Fuku, cependant, le groupe de clones de glace fut vite mis en déroute. Shitekka put alors observer la puissance du Shikotsumyaku de son supérieur, alors qu’il éjecta de son corps toute une nuée de pics osseux qui transpercèrent d’un coup l’armée des sosies de l’usurpateur.

Une fois de plus, Shitekka poursuivit sa course en direction du Yuki dans le but de l’arrêter une bonne fois pour toute. Tandis que son parent terminait d’utiliser son jutsu, il avait pris l’initiative de rattraper Kazun, réduisant toute l’avance qu’il s’était constitué en faisant usage de sa technique. C’est ainsi qu’il se retrouva quelques mètres derrière un Kazun affaibli par sa blessure et sa perte de chakra pour s’évader. Wutu-Fuku, lui, était encore derrière, et Shitekka préférait avoir sa présence à proximité au cas où. Malgré sa blessure, Kazun était quelqu’un d’imprévisible, capable de vite s’adapter à une situation dans laquelle il n’a pas l’avantage. Si précédemment le Kaguya n’avait pas fait dans la diplomatie, utilisant la Danse de l’Aconit pour handicaper le fugitif, cette fois-ci il dut s’en remettre à l’art délicat de la négociation. En pleine course poursuite, il prit une plus grande inspiration, avant de s’exclamer :

« Arrête-toi Kazun, c’est foutu pour toi ! Pourquoi tu fais tout ça, d’abord ? »

Étrangement, le concerné s’arrêta net dans sa course poursuite. Il se retourna, et Shitekka s’immobilisa quelques mètres derrière, par précaution. On ne pouvait deviner ce que le Yuki allait faire pour se tirer de cette situation.

« Pourquoi je fais ça ? Tu veux savoir ?! Je hais profondément Kuzan ! Je le déteste pour tout ce qu’il représente ! »

Face à cette déclaration étonnante venant de la part de quelqu’un qui ressemblait étrangement à l’Ero-Sennin de Kiri, Shitekka arqua le sourcil d’étonnement.

« Toute ma vie, en tant que Yuki, j’ai dû me soumettre aux codes du clan, à jouer le noble bien pensant. Jamais je ne devais dévier du code de conduite exemplaire des miens, sous peine d’attirer la honte auprès de la distinguée lignée des Yuki. »

Il marqua une courte pause, épuisé par la course-poursuite, avant de reprendre, les tempes bouillonnant de rage.

« Et pendant que je devais jouer le Yuki modèle, qu’a fait Kuzan ? Rien ! Il a baigné dans la débauche, l’alcool, et toutes sortes de plaisir auxquels je n’avais pas le droit. J’ai lu avec dégoût son torchon et maintenant je le dis haut et fort… JE SUIS JALOUX DE KUZAN ! »

Son visage se déforma dès lors, envahi par une douce folie épicée par l’amertume et la jalousie.

« Moi aussi je veux pouvoir me mettre minable le ventre plein comme une barrique ! Moi aussi je veux pouvoir goûter au plaisir de la chair, et toucher des p’tits culs ! Oh oui… plein… des ronds, des rebondis, des biens fermes, des charnus, des plus petits, de toutes les formes s’il le faut ! »

Et tandis que les mains du pervers épousaient dans le vide la forme des fessiers décrits avec passion, Shitekka se sentit comme embarrassé. Si son plan de faire gagner du temps pour Wutu-Fuku avait fonctionné – plus ce que ce qu’il imaginait – il espérait désormais que ce dernier intervienne pour mettre un terme aux aveux dérangeants de Kazun. L’homme se révélait en réalité un fan morbide de l’Ero-Sennin, au point d’abuser de son identité pour savourer sans limite les pêchés du ninja du clan Yuki…

La Danse du Lys Royal est une technique redoutable, mais après l’avoir utilisé, le lanceur ne ressemble plus à grand-chose. Une couche de glace recouvre le long des pointes qui ont transpercées les clones de Kazun. Les briser à mains nues n’était évidemment pas une bonne idée. Mais ça, seul quelqu’un qui est familier des techniques du clan Yuki peut le savoir. Heureusement pour Wutu-Fuku, Kuzan était un illustre utilisateur du Hyôton.

Avec tous ces os sur le corps, le chûnin ne peut pas immédiatement reprendre la traque de l’évadé. C’est donc Shitekka qui s’élance, tandis que son supérieur rétracte les os qu’il a fait pousser pour retrouver une silhouette plus humaine. Les Kaguyas ne sont désormais plus très loin de rattraper le fuyard. Même pas besoin d’utiliser une charge. Wutu-Fuku reste prêt à agir en cas d’urgence, mais il préfère laisser au genin l’occasion de se confronter à la réalité du terrain en le laissant prendre l’initiative. Il est d’ailleurs agréablement surpris de voir le jeune Kaguya décider de tenter une approche « diplomatique » pour stopper la course de Kazun, même si cela aurait été plus cohérent de le faire avant de lui perforer le bide avec un harpon.

Et en plus, ça marche. Le Yuki doit sentir qu’il n’arrivera pas à distancer deux spécialistes du corps-à-corps, en plus avec une telle blessure… il décide de faire volte-face, résolu, et explique qu’il déteste Kuzan. Une frustration née de la soumission aux codes de l’un des clans fondateur du village de Kiri, tandis que l’Ero-Sennin de la brume n’est pas réputé pour sa délicatesse. Mais ceci cache au final une jalousie. Tandis que Kazun devait se tenir tranquille et ne pas céder à ses pulsions, Kuzan profitait des divers plaisirs de la vie. Entre autre, la nourriture, l’alcool et les femmes.

Wutu-Fuku arrive tranquillement au niveau de Shitekka, en marchant. Nulle volonté de profiter de l’occasion pour assommer Kazun en traître et en finir avec cette course-poursuite qui n’a ni queue ni tête.

-Pourquoi usurper l’identité de Kuzan pour cela ? Si ce qui t’empêche de vivre dans la débauche à visage découvert n’est que la conséquence de ton incapacité à te détacher des codes de ton clan, alors c’est à toi-même que tu dois faire des reproches, et non les autres, et surtout pas Kuzan, qui lui a fait le choix de vivre sa vie sans se soucier du jugement du reste de son clan.

Il pointe Kazun du doigt.

-Blâme ton clan si tu veux, mais Kuzan n’a rien à voir dans cette histoire. Il n’appartient qu’à toi de saisir cette liberté que tu veux tant. Enfin, une fois que tu auras purgé ta peine, bien sûr.

La mise sous les verroux de l’usurpateur est encore au programme.

-Si cela doit causer ta mise à l’écart des Yukis, tant pis. Je suis aussi à l’écart des Kaguyas, mais au moins je vis ma vie comme je le veux, sans que de vieux pruneaux me disent comment je dois penser.

La liberté a un prix. Mais si vivre dans les codes du clan fait autant souffrir Kazun, alors il ne doit pas y tenir beaucoup en son for intérieur. Reste à savoir si le Yuki va faire le choix d’assumer sa véritable personnalité. Et puis… ayant été fait prisonnier, il risque déjà d’attirer la honte sur son clan. Alors foutu pour foutu, autant y aller à fond désormais.

Alors que la situation prend une tournure inattendue pour Shitekka, son capitaine d’équipe Wutu-Fuku le rejoint, observant à son tour Kazun se confier sur ses motivations. La neige autour d’eux ne semblait plus les affecter, bien que les alentours fussent désormais recouverts d’une pellicule plus ou moins épaisse de neige et de givre. Incapable pour l’heure de se prononcer sur le sort du Yuki, le balafré céda sa place à son supérieur, qui donna son avis auprès du fugitif.

Si précédemment le mot d’ordre était la traque et l’immobilisation, Wutu-Fuku approfondissait cette fois-ci la voie de la diplomatie. D’un ton calme, presque étranger à la coutume Kaguya, il remettait en question les actes de l’usurpateur. Selon ses dires, il devait assumer sa personnalité, son identité, et non pas agir au nom d’un autre qu’il enviait. En dépit des us et coutumes de son clan, la noble et fière lignée de Yuki, il devait faire passer l’individu avant la communauté. Un sentiment qui semblait au final partagé par les trois hommes ici présents.

Quelques longues secondes s’écoulèrent suite à la réflexion de Wutu-Fuku, laissant Kazun statuer sur sa situation. Le Kaguya lui donnait l’occasion de se repentir de ses mauvaises décisions en acceptant son sort de prisonnier. Une opportunité qui semblait bonne à prendre : les deux Kaguya étaient dorénavant à portée de tir du Yuki, qui était épuisé par la course-poursuite de tout à l’heure. Lorsque le sosie de Kuzan eut trouvé sa réponse, il s’approcha du tandem – constitué de Shitekka en avant et de Wutu-Fuku en retrait quelques mètres derrière – pour leur faire part de sa décision. Son visage s’était apaisé, et il semblait déterminer à se rendre.

« Vous m’avez ouvert les yeux, Kaguya-san… j’accepte de me rendre… »

Et soudain, alors qu’il s’apprêtait à présenter ses mains en signe de rédemption, il acheva une série de mudras éclair avant de diriger son bras vers le tandem de Kirijins. Son visage se déforma une fois encore sous l’émotion.

« … j’déconne ! »

Autour de son bras jaillit un dragon de glace qui fusa à toute allure vers les deux Kaguya. Kazun n’eut guère le temps ni l’envie d’apprécier son jutsu à l’œuvre et commença à se retourner pour déguerpir en vitesse. De son côté, Shitekka fut touché par le côté du dragon de glace qui se dirigeait pleinement vers Wutu-Fuku. En mettant son bras gauche pour se protéger, il voyait celui-ci quasi-broyé par l’imposante créature de glace avec une partie de son abdomen, tandis que son corps fut projeté au sol sous l’impact violent du choc. Amorti par le tapis de neige qui recouvrait le sol, son ultime réflexe fut de tendre son bras valide en direction de l’éternel fuyard. Pris d’une violente douleur, il tendait tant bien que mal son membre supérieur vers le dos de Kazun. Tandis que la souffrance le faisait tressaillir au point de trembler, il laissa son chakra infuser sa main avant de projeter les os qui constituaient sa paume en direction de Kazun.

« Prend ça… Ikema… no Mai ! »

Il arracha ces quelques mots avant de laisser son bras retomber au sol, essayant de son mieux de soulager ses blessures. Les projectiles fusèrent vers le manipulateur de glace : certains furent déviés et se divisèrent en une multitude de fragments tranchants. D’autres n’eurent le temps de procéder à cette fragmentation et trouvèrent le dos du Yuki, faisant tomber ce dernier. Quelques fragments vinrent lacérer les chairs de l’homme qui stoppa sa course dans la neige. De quoi inviter Kazun à prolonger sa pause imposée à l’horizontale. Tout reposait à présent sur Wutu-Fuku qui était potentiellement le dernier debout.

Résumé:

Alors que Kazun semble prêt à entendre raison, il retourne sa veste et utilise ce qui doit être sa technique la plus redoutable. Un dragon de glace, similaire à ce que Kuzan pouvait faire. Le froid est l’allié des Yukis et un jutsu qui semble en apparence banal peut très bien caché des propriétés inconnues. C’est donc l’esquive qui est privilégiée par le chûnin, évitant tout contact physique avec le dragon. Ce n’est pas le cas de Shitekka, qui ne semble pas maîtriser cette technique pourtant basique pour un combattant au corps-à-corps. Celui-ci ne semble pas trop amoché non plus. On peut considérer que ça lui fera les pieds, pour sa première mission un peu sérieuse. Le genin est même capable de lancer une attaque sur un Kazun imprudent, qui tourne déjà le dos à ses adversaires… est-il confiant à ce point dans sa dernière technique ? Quoi qu’il en soit, les projectiles envoyés par Shitekka touche le Yuki, qui s’effondre dans la neige dans un grognement de douleur.

Wutu-Fuku est effectivement le dernier debout. Alors que Shitekka et Kazun sont tout deux au sol, poussant des gémissements de douleurs, le chûnin est intact, debout. Si ce dernier propose à ses adversaires de se rendre, ce n’est pas pour autant qu’il agit comme un bisounours si on décide de se foutre de sa gueule, et le pauvre Kazun va vite l’apprendre à ses dépends. L’usurpateur rampe à même le sol, dans une tentative désespérée de s’éloigner. Il n’a peut-être pas vu que l’un de ses ennemis est encore debout. S’il ne l’a pas vu, il peut néanmoins l’entendre via les bruits de pas dans la neige. C’est difficilement qu’il tourne la tête, pour apercevoir Wutu-Fuku qui s’approche.

-Quoi ? Mais comment ?

-Ton dragon de glace était bien, mais il ne vaut pas celui de Kuzan. Je n’ai déjà aucun doute sur ma capacité à battre l’original, alors une copie de basse qualité…

Dit-il en tapant sur son kimono pour en faire partir la neige qui commence à s’y accumuler.

-Je t’ai proposé de te rendre, tu as refusé. Tant pis pour toi.

-Att- atte… BOUERG !

Kazun n’a pas l’occasion de finir sa phrase que le Kaguya lui donne un simple coup au visage, suffisant pour le faire plonger dans l’inconscience. Wutu-Fuku n’aime pas frapper un homme au sol, mais il a fait un certain effort de retenue. Aucun acharnement, simplement la sécurisation d’un individu qui s’est déjà montré menaçant. Utilisant les arts Kaguyas, il réemploie une technique utilisée précédemment afin d’attacher le criminel.

-Tsss…. tout ça pour ça.

Si Kazun ne s’était pas sur-estimé, la situation n’aurait pas dégénéré ainsi. Une fois Kazun ficelé comme un cadeau de noël, le chûnin s’approche de Shitekka afin de s’enquérir de son état de santé. Son bras gauche semble avoir bien souffert.

-Tu peux te relever ?

C’est à ce moment que les soldats de Mizu arrivent. Après la guerre, donc. Ils ne peuvent que constater que le prisonnier a été maîtrisé par les Kirijins. Mais aussi que l’un des deux semble en mauvais état.

-Ah, vous voilà… s’il y en a un qui s’y connait en soin, ce n’est pas de refus.

Résumé :

Mar 12 Mar 2019 - 0:51

Après son ultime assaut désespéré contre Kazun, Shitekka s’abandonna au sol à la douleur. L’impact, bien que partiel, avec la bête de glace lui avait coupé le souffle. Son abdomen s’était comme rétracté contre ses poumons, laissant le Genin en proie à l’hyperventilation. Du côté de son bras, il n’avait pas fière allure : il paraissait comme déchiqueté comme au contact d’une peau de requin. Si ce n’était que ce requin était fait de glace et qu’il était bien plus menaçant qu’à l’état naturel. Le Kaguya n’était pas habitué à autant de blessures : les entrainements et les missions auxquels il participait antérieurement étaient gérés de sorte à limiter l’impact des coups sur son corps. Le fugitif n’avait que faire de ces considérations.

De longues secondes, qui se transformèrent en minutes, passèrent, sans que le bâtard ne puisse faire quoique ce soit. Il ne réalisait pas lui-même si son attaque avait fait mouche, et ce qu’il en était à présent de l’usurpateur. Allongé dans la neige peinant à perdurer, Shitekka resta ainsi jusqu’à ce que son apparenté ne vienne s’enquérir de son état. Face à l’interrogation du ninja de classe moyenne, le Genin essaya de se débattre avec son corps endolori pour fournir un élément de réponse. Son bras lui faisait horriblement mal, et chaque respiration était une torture pour lui. En guise de réponse, le blessé fut forcé de serrer les dents faute de pouvoir s’exprimer oralement avec aisance.

Pour le Kaguya à terre, il fallut attendre que les gardes arrivent en renfort pour que la situation ne se débloque. Si Kazun était déjà maîtrisé par Wutu-Fuku, les soldats de l’Archipel intervinrent pour prendre en charge le détenu désormais évanoui. Le capitaine de la garde s’occupa de son côté du Genin. Si d’aucun ne disposait de talents en médecine, et encore moins dans le secteur de l’Iroujutsu, ils étaient formés aux premiers secours. Le dit garde s’occupa donc de préparer une attelle de fortune pour le bras de Shitekka tout en faisant des bandages aux zones touchées. Rien de quoi apaiser les souffrances du blessé, mais le simple fait d’être pris en charge lui suffit à alléger sa douleur.

« Merci, se contenta un Shitekka encore mal en point. »

Alors que le paysage enneigé commençait peu à peu à laisser place au biome originel, la troupe se remit en route, bien qu’affectée par les agissements de Yuki Kazun. Shitekka était assisté d’un garde pour marcher, tandis que les autres se relayaient péniblement pour porter le corps inconscient du prisonnier. La course-poursuite entre le Yuki et les Kaguya avait dévié le cortège de son chemin initial. Allongeant par conséquent le trajet jusqu’à la ville voisine où devait croupir Kazun pour un bon bout de temps à présent. Le groupe devait désormais compter sur le soutien de Wutu-Fuku pour tenir le coup sans embûches avant d’arriver dans la ville de Tsugaru qui se profilait un bon kilomètre plus loin.

Mer 27 Mar 2019 - 0:21

La polyvalence des soldats de la seigneurie n’est pas assez avancée pour traiter sérieusement les blessures de Shitekka. Wutu-Fuku pensait peut-être qu’ils étaient plus avancé que lui, mais il n’en est rien. Il aurait probablement pu faire la même chose, avec la même efficacité. Mais autant laisser les militaires penser qu’ils ont au moins été un peu utiles dans le cadre de ce transfert. Déjà qu’ils n’ont pas été très performant lors de l’évasion de Kazun… on peut bien leur accorder un peu de confiance en eux. Mais ce n’est pas ça qui va permettre à Shitekka d’aller mieux. Le pauvre est à peine capable de parler et a du mal à exprimer un simple merci au garde lui ayant prodigué les premiers soins élémentaires. Ses jours ne sont pas en danger mais il va avoir du mal à marcher jusqu’à la prochaine ville, et encore plus de mal à continuer la mission qui n’est pas encore terminée. Ils vont devoir trouver un moyen de traiter les blessures du genin car dans un tel état, il va être difficile d’aller d’un village à l’autre.

Plongé dans ses réflexions, le chûnin ne voit pas la neige autour de lui fondre progressivement. Maintenant que Kazun est hors jeu, les conditions météorologiques naturelles reprennent leur place légitime. Ledit Kazun ne va pas non plus pouvoir marcher jusqu’à Tsugaru. Il est inconscient et même s’il était en pleine possession de son esprit, il aurait du mal à progresser sur les routes de Mizu car il est indéniablement dans un état encore plus pitoyable que le genin. De plus, cette petite course poursuite leur a fait faire un détour non négligeable, surtout pour des endroits difficiles à pratiquer. Et encore plus quand il faut transporter un infirme et un inconscient. Shitekka, aidé par un garde pour marcher, ne retarde pas tant que ça le groupe. C’est surtout le corps de Kazun qui est difficile à transporter, les soldats de la garde devant se relayer pour cette tâche qui est loin de les rassurer. N’est-ce pas cet homme qui les a ridiculisés quelques minutes auparavant ? Ils sont de simples soldats, pas des monstres capables de prouesses élémentaires comme les shinobis peuvent l’être. Mais ils se gardent bien du moindre commentaire de ce genre afin de ne pas perdre la face.

C’est péniblement que l’escorte progresse pour finalement retrouver le sentier et enfin arriver à Tsugaru. Une ville portuaire comme les précédentes, mais Kazun n’aura certainement pas l’occasion de voir la mer depuis sa nouvelle cellule, surtout après une tentative d’évasion. En tant que petit escroc et usurpateur, il n’aurait pas été en prison si longtemps que ça…

C’est aussi l’avis de l’un des gardes, avec lequel le chûnin échange lors du trajet.

-Quel idiot ! Maintenant il va passer un moment à l’ombre. Tentative d’évasion, agression sur des soldats… ça n’a rien à voir avec ce pourquoi on l’avait arrêté à la base. Peut-être une histoire d’ego…

Cela ne changera rien aux conséquences. Arrivés à destination, et plus précisément aux geôles locales, l’état d’arrivée du prisonnier fait la surprise des gardiens. Les représentants de la seigneurie sont bien obligés de raconter ce qu’il s’est passé. Désormais, les autorités seront plus prudentes avec ce Kazun. Une fois le prisonnier pris en charge, l’attention du Kaguya revient sur Shitekka, toujours mal en point. Se tournant vers l’un des gardiens, il demande :

-Vous n’auriez pas un médecin dans les environs par hasard ? Les blessures de ce shinobi sont trop sérieuses pour pouvoir être traitées par moi on l’un des soldats…

Dim 31 Mar 2019 - 16:19

Le paysage citadin de Tsugaru réchauffa le cœur des gardes, lorsque l’escorte approcha de la dite ville. Le trajet avait été plus pénible que prévu, bien que chacun se doutait qu’un Yuki capricieux ne puisse tolérer son extradition dans le calme. Leur arrivée dans la petite cité à proximité de la mer rassura dès lors le groupe, Shitekka inclus. D’ordinaire sujet au malaise de la ville, il apprécia également la perspective de pouvoir être soigné sur place. Malgré les imprévus, l’escorte atteignit finalement les geôles de Tsugaru pour y déposer Kazun. L’usurpateur ne constituerait dorénavant plus une menace pour qui que ce soit, et aurait tout le temps à l’ombre de méditer sur son désir d’affirmer ses pulsions refoulées.

Cette contrainte en moins, les Kaguya allaient pouvoir maintenant poursuivre leur mission. Mais avant d’envisager quoique ce soit permettant de garantir la sécurité des bourgades de l’île, la priorité était de soigner Shitekka. L’impact avec le dragon de glace avait endommagé une bonne partie de son bras, et si ses contusions au torse semblaient à première vue bénignes, une consultation médicale restait de mise pour s’assurer que des complications n’étaient pas à venir. Avec la sagesse dont faisait preuve Wutu-Fuku, ce dernier demanda naturellement à l’un des geôliers l’adresse d’un médecin qui pourrait s’occuper de son parent. L’avantage de la ville, à priori, sourit aux deux Kaguya puisque le gardien n’eut aucun mal à fournir une adresse. En revanche, son expression crispée laissait entendre que cette information n’était pas sans contrepartie.

« Voilà l’adresse du docteur Myōji. En revanche, je ne garantis pas qu’elle s’occupera de vous dans l’immédiat. Elle est plutôt débordée en ce moment. La région manque de médecins, alors forcément… »

Faute de mieux, Shitekka n'eut d'autres choix que de se résoudre à accepter cette lacune dans la prise en charge médicale locale. Il tourna les talons aux côtés de Wutu-Fuku et se mirent tous deux en route vers le cabinet du docteur Myōji. L'idée d'attendre davantage que ses blessures soient prises en charge, en plus de se reposer, l'énervait. En plus de représenter un poids mort dans l'équipe, il retardait également l'avancée de la mission. Pour autant, prenant exemple sur la sagesse de son acolyte, Shitekka tira parti des informations fournies par le garde et exposa son point de vue à son apparenté.

« On dirait que cette ville a besoin d'aide aussi. Une "chance" que je me sois blessé pendant l'escorte, on serait peut-être passé à côté de ça autrement… Plus sérieusement, je m'en serai bien passé, mais si l'île venait à être attaqué, avoir des médecins qui couvrent tout Mizu est impératif. »

Péniblement, le Kaguya se dirigea jusqu'à l'adresse indiquée et se retrouva devant une petite bâtisse dans une ruelle du centre-ville. Dans la salle d'attente, de nombreuses personnes patientaient leur tour, dans des états plus ou moins bénins. Un bref regard dans la salle put déceler la présence excessive de plusieurs marins couverts de bandages. Certains étaient même mutilés gravement et essayaient d'apaiser leur douleur tant bien que mal, la main soutenant difficilement la partie concernée. Les deux Kaguya échangèrent à leur tour un regard complice et trouvèrent une place assise à côtés des hommes de mer. Shitekka lança la conversation, et les interrogea sur les causes de toutes ces blessures.

« Ça… on pêche en haute mer, c'est là que les prises sont les meilleures. Sauf que des bandits trainent par là et profitent de notre présence pour nous piller, ou sinon nous attaquer… et comme les gardes-côtes ne s'aventurent pas en haute-mer, voilà le résultat…
— On va voir ce qu'on peut faire, dans ce cas. »

Même si pour l'heure, se soigner ne serait pas de luxe si Shitekka souhaitait jouer les justiciers. Mais pour le moment, il fallait attendre. Attendre, et prendre son mal en patience, alors que la file d'attente peinait à se réduire…

Le gardien abordé donne aux deux Kaguyas l’adresse d’un certain docteur Myôji. Ce qui est moins rassurant, c’est qu’elle semble plutôt occupée en ce moment. Il n’y a pas beaucoup de médecins dans les environs, ce qui oblige à la patience si on veut une consultation, malgré l’urgence de l’état de Shitekka. Pas la peine de râler, le pauvre homme n’y est pour rien, et le docteur Myôji encore moins. Le genin tente de faire bonne figure, mais ça se sent dans son habitude qu’il n’apprécie pas d’être un « poids mort » dans la progression de cette mission. Peut-être bien que le déroulement va prendre un peu de retard, mais la mission n’exige pas de finir cette excursion dans des délais précis donc ce n’est pas si problématique en soit. Une absence de plusieurs jours était déjà prévue.

-Ne soit pas trop dur avec toi-même, Shitekka. Profite de cette expérience pour aborder tes missions futures.

Le Kaguya aide donc son acolyte jusqu’au cabinet de ce fameux docteur Myôji. Le laisser y aller seul aurait été un peu cruel… ils finissent finalement par arriver devant une petite maison dans une ruelle. Une plaque à l’extérieur indique aux deux shinobis qu’ils sont arrivés au bon endroit. En poussant la porte du cabinet, ils tombent sur une salle d’attente bien remplie. Et pas que par des petites vieilles qui vont tenir la jambe ou par des hypocondriaques. Il y a plusieurs hommes sérieusement blessées, bien plus urgents à traiter que Shitekka peut l’être. Shitekka lance un regard étrange à son chef d’équipe pour cette mission. Wutu-Fuku ne sait pas trop ou il veut en venir et répond de la même manière, avant de voir le genin se diriger vers l’un des hommes pour entamer la conversation, tandis que le chûnin écoute d’une oreille.

Ils apprennent que ce sont des pêcheurs pour qui les eaux les plus poissonneuses sont malheureusement également fréquentées par des pirates, qui profitent de ces cibles faciles pour s’adonner au pillage, ou plus simplement pour passer le temps, certainement. Bien un truc de pirate ça. Shitekka y voit l’occasion de faire diminuer le nombre de patients, et s’engage à voir ce qu’ils peuvent faire. Sans consulter Wutu-Fuku, même si ce dernier n’est pas contre aider son prochain. Voyant qu’ils en auront peut-être pour plusieurs heures à attendre, le Kaguya vétéran rejoint la conversation.

-Vous avez encore des marins valides qui pourraient m’amener en haute mer ?

L’un des marins lève la tête et regarde ce nouvel intervenant comme un fou.

-Oui, mais ils ne risquent pas d’avoir envie d’y retourner si c’est pour se faire massacrer !

-Ce sont de simples pirates ou ils utilisent du chakra ?

-Le Chaquoi ?

-Le truc qui permet de faire des boules de feu.

Intervient un autre marin.

-Ah oui. Bah non, juste des épées et d’autres trucs de pirates.

-Je m’en occupe. Si ça se trouve j’aurais terminé avant que ton cas ne soit traité par le docteur Myôji.

Dit-il avec ironie, même si une partie de lui estime que c’est une possibilité valable.

-Vous êtes sûr de vous ?

Demande le marin, méfiant. Devant la confiance de Wutu-Fuku, il lui indique finalement un emplacement au port, propriété de la coopérative à laquelle il appartient. Le chûnin s’en va donc, laissant Shitekka attendre, voir même peut-être voir son tour arriver.

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