Inja marchait patiemment sur les quais, en direction du navire qui avait été réquisitionné pour la mission, l'un des meilleurs de la flotte. Disposant d'une rapidité à toute épreuve, le batiment était d'un des plus petits navires de combat kirijin, adapté pour de rapides traversées armées, possédant seulement de quoi tenir quelques jours en terme de vivres, et surtout embarqué de plusieurs dizaines de stocks d'armes, toutes plus tranchantes les unes que les autres : Vivacité, c'est ainsi qu'il avait été dénommé. L'avance du berserker sur l'heure du départ qui avait été communiquée à son unique compagnon de mission lui laissait de quoi s'organiser, bien que la majorité des vérifications à faire eurent déjà été préparés par le personnel du port. Après tout, c'était le Chef des armées qui avait été mandaté pour cette mission à risque, avec, à ses côtés, un homme qui lui avait été désigné. Les ordres aux messagers avaient été clairs, il lui fallait un gladiateur efficace.

Après quelques temps de marche, il y était, face à navire de renom, prêt à affronter une nouvelle fois l'inconnu. Obon, cette île de l'Est, n'avait jamais été visitée par le cinquantenaire, malgré sa proximité évidente avec son îles natale, Asosan. Mais une chose était sûre, une grande partie des ressources de l'agriculture de l'archipel provenaient d'Obon. Celle-ci étant d'ailleurs réputée pour son paysage plat et ses villages ouverts où festivités forment le train de vie d'habitants tous plus joyeux au quotidien les uns que les autres.

"Il est temps."

Montant sur le ponton d'accès de Vivacité, Inja restait serein, commençant à installer ses quelques affaires sur le navire pour se préparer à partir. Il ne manquait presque rien, seulement un compagnon d'infortune : Hokkyokusei Yami.

L'homme était là. Le compagnon kirijin qui avait été affecté à la mission aux côtés du cinquantenaire semblait déjà heureux de partir en mission, comme prêt à en découdre, alors même qu'Inja n'arrivait pas encore à mesurer l'importance de la quête qui allait être menée. Tout ceci pourrait être très simple, comme extrêmement compliqué pour lui. Après tout, il n'avait pas de réelles informations, ni sur le groupuscule, ni sur le malfrat gladiateur non plus, de quoi laisser une marge d'imagination assez forte de ce côté là.

A la salutation de l'homme, le berserker leva la main rapidement, prenant ses aises et laissant de côté la hiérarchie directe. Si une notion de respect de celle-ci devait être présente, une mission se devait être exécutée dans la meilleure des conditions possible. Sa voix rauque se mit à raisonner, du haut de ses deux-mètres de hauteur, pour venir percer l'espace, en direction de l'Hokkyokusei.

"Salutations. Yami."

Laissant un moment de pause entre le moment de la salutation et celui de la réponse à la candidature, somme toute assez directe, que le kirijin venait de lancer à son égard.

"Le Shiden, hein ?... Belle avenir auquel tu te destines. Cependant, pour y accéder, il faut faire partie des meilleurs. J'imagine que tu es déjà au courant de ça, non ?"

A ces mots, le Shireikan s'approcha du bord du navire, aggripant à mains nues la lourde chaine à laquelle était reliée l'ancre au fond du port, il s'occupa d'en faire un simili de garrot autour de ses bras, les enroulant de manière lente mais précise, avant de commencer à tirer le poids en dehors des flots, faisant, par la même occasion, vibrer faiblement le navire par la force des vagues générées. Ils étaient prêts à partir et il ne leur fallait pas perdre de temps. A vrai dire, le simple mot barbaque avait déjà eu son effet dans l'esprit du Kagai. La faim commençait à le prendre, et il savait d'ors et déjà que les victuailles de la route ne seraient pas suffisantes pour deux guerriers à la corpulence importante. Plus précisément, les festivités d'Obon étaient légendaires à travers l'archipel.

Yami était sûr de lui, c'était certain, l'homme avait de l'énergie à revendre, chose qui se sentait d'ors et déjà dans sa façon d'être et de d'exprimer. Il fallait des hommes comme lui, des shinobis n'ayant pas peur de grand-chose, peur de rien même; même si toutes ses années de combats et de guerres à travers le monde avaient bien pu enseigner une chose au Shireikan : Il fallait avoir peur de la mort, ou alors celle-ci se ferait un bon plaisir de vous surprendre au sein d'un terrain qui vous est inconnu. Il était nécessaire de la connaître, de l'appréhender, afin de ne jamais l'oublier, s'en faire un allié qui vous rappelle à l'ordre quand la bravoure va plus loin que la raison.

Oui, son interlocuteur était bien prétentieux. Ou bien au fait de ses capacités, qui restaient encore à prouver au Chef des Armées.

"Et bien, nous verrons ça une fois sur le terrain."

Il ne fallut d'ailleurs pas longtemps avant que le Chûnin ne mette en jeu l'éventualité d'un duel futur, une façon de se rendre compte de la puissance de chacun, comme si Inja n'avait pas déjà assez de choses à faire. C'était sûr, l'homme voulait faire ses preuves, il avait faim, tout comme d'autres... C'est pourquoi il était impossible pour le Shireikan de savoir ce que chacun valait réellement, les hautes sphères intéressants plus d'une personne. A vrai dire, la proposition faisait presque office de demande directe de duel, chose que le plus haut gradé devait écarter du plan d'action de la mission. Ce fut d'ailleurs pour cette raison qu'il se mit à répondre la même chose qu'aux autres, ne se rendant pas compte d'avec qui il venait vraiment d'être missionné.

"On verra bien. Il nous faut garder nos forces pour notre ennemi."

Ce n'était, ni un oui, ni un non, plutôt une façon d'esquiver la question comme avec n'importe quel soldat désireux de l'affronter. A l'heure actuelle, il n'était pas possible pour Inja d'imaginer devoir assouvir les désirs de duel de chacun des membres de son armée... Il devait attiser leur envie d'en découdre, mais jamais la satisfaire plus tôt que prévu.

A ça s'ensuivit un questionnement plus large. Qu'en pensait-il du contexte actuel de Kiri ? Qu'en dire, vraiment, alors qu'il était gardé à des secrets militaires auxquels peu étaient encore préparés.

"Je pense que Kiri sera toujours la plus grande puissance shinobi du monde tant que l'unité en restera préservée. Rien de plus, rien de moins, nous sommes une armée, mais surtout une famille, des loups désireux de croquer la puissance à pleine dent, sans jamais s'en goinfrer."

Se retournant vers son collègue alors que le navire commençait à prendre le large, dirigé vers la mer, Inja ne prit pas la peine d'esquisser un sourire, même s'il aurait fait s'il avait pu se libérer de toute la souffrance et les passés tumultueux qui hantaient son expression faciale.

"Il s'agirait de ne pas s’étouffer."

A ces mots, les grandes voiles du navire se détachèrent dans un bruit distinct de déploiement phénoménal. Le berserker venait de décrocher les cordes qui tenaient les voiles en place, une seule accroche de trois imposants cordages, reliées à plusieurs poulies, prêtes depuis des heures à s'en aller vers l'île d'Obon.

Kiri, au nord-Ouest de l'île centrale, le duo kirijin n'avait que quelques îles à passer en faisant le tour par le nord, longeant la côte d'assez près pour l'apercevoir pleinement et ainsi se diriger sans problèmes, mais également assez loin pour pouvoir profiter de la pleine puissance du vent, au beau milieu de l'étendue d'eau, libre de tout obstable.

Alors que le bateau s'approchait maintenant du port recherché, Inja se mit alors à tirer le cordage des voiles de sorte à faire ralentir le vaisseau, prêt à s'amarrer à l'un des pontons, donc la presque totalité de ceux-ci se trouvaient déjà occupés. Puis, l'ordre de la mission revint à l'esprit du Shireikan, constatant que la fête de la Mer avait bel et bien commencée, de quoi expliquer la présence d'autant de navires marchands et barques remplies de poissons et autres décorations n'attendant qu'à être installée.

Les questions de Yami atteignirent les esgourdes du cinquantenaire, juste le temps de le laisser réfléchir. Il leur faudrait effectivement enquêter de manière efficace, sans se faire repérer, laissant les informations se recouper d'elles-mêmes.

"Commence par ranger tout signe d'appartenance aux rangs de Kiri. On va y aller en douceur, il ne faut pas apeurer le loup. Un gladiateur, même fou dangereux, ne manquerait pas une occasion pareille de faire la fête, d'autant plus avec autant de personnes rassemblées, si ses sens de tueurs venaient à bouillonner, il n'aurait qu'à se baisser pour cueillir les habitants... Mais tu as raison, il nous faut nous mêler à la foule."

Après ces mots, le navire fit un léger bruit de choc, loin d'être inquiétant, il laissait comprendre que le bateau venait de s'arrêter lentement contre l'un des pontons et qu'il était fin temps de descendre.

A peine arrivés, un homme à la voix criarde se mit à parler de façon distincte à l'attention du navire kirijin. L'homme chétif, tenait entre ses mains un bloc note, comme une sorte de registre.

"Olaaa ! Que nous vaut votre venue ? Vous n'étiez pas prévu à cet emplacement, voyageurs !"

Sans même attendre, Inja prit les devants, serrant sa longue cape noire autour de lui, le visage découvert, pour sauter du haut navire sans même avoir pris le temps d'installer une planche pour servir de pont de descente. Il lui fallait clarifier la situation.

"Bien le bonjour ! Ne nous en voulez pas, nous ne sommes pas au courant de l'organisation locale. Nous sommes deux simples touristes venus profiter de la fête de la Mer et nous avons de l'argent."

Il était utile de préciser qu'ils disposaient de quoi payer de sorte à se dédouaner de tout problèmes de vols et de disparitions. Le duo devait se faire discret et n'éveiller aucun soupçon, la carte du voyageur blindé servant en général de bon moyen de dissuasion de toute accusation.

Heureux de pouvoir circuler sans problèmes à travers le village, bien même qu'il ne le montre à aucun moment, Inja respirait la sérénité. Il y avait quelque chose dans ce village qui lui donnait une envie de tout casser, dans le bon sens du terme évidemment. Peut-être était-ce la viande à foison ? Ou bien peut-être l'ambiance générale de fête qui se préparait pour le soir même ? Non, le Shireikan sentait bien que c'était quelque chose de bien plus fort et proche de son élément naturel... Il y avait, là, quelque part, quelque chose qui rôdait, faisant sa vie tranquillement, n'attendant qu'à se montrer au moment le plus propice... Une chose dans l'ombre, parmi un grand village empli d'une foule innombrable.

Sans même broncher, le berserker fit un signe de la tête d'approbation à son collègue, lui signifiant qu'il n'avait rien à redire à l'idée de s'approcher des commerçants. Il s'agissait effectivement là d'une bonne base de travail, sans pour autant se faire démasquer ou passer pour des enquêteurs. Non, ils seraient de simple voyageurs curieux du contexte du village, venus faire la fête, sans animosité aucune.

Marchant simplement sur de nombreux mètres, Inja restait silencieux, observant la foule et les environs. Il essayait de trouver quelque chose de louche, mais malheureusement pour le duo, tout semblait en ordre... Le temps était véritablement à la fête.

C'est en s'approchant de coin des commerçants que les dires des passants se mirent à l'intéresser. Avec un peu de chance, ils pourraient tomber sur une ou deux informations intéressantes.

„Allez, approchez mesdames et messieurs ! Elles sont pas belles ces poiscailles hahah !... Hey vous, grand et fier bonhomme, vous venez vous amusez vous aussi ?“

L'interrogation allait en direction de Yami, dont la carrure avait interpellée le commerçant d'une trentaine d'années, mais surtout, peut-être plus simple à aborder que le Shireikan arborant une cape tendancieuse. Les vendeurs avaient l'oeil pour les gens affamés, c'était leur business.

Sans rien dire, Inja se mit à approcher lentement du stand de l'interrogé, profitant de l'occasion pour regarder ceux alentours... Des jouets de fêtes, de la nourriture, des feux dartifice... Tellement de choses, mal triées, mais pourtant bels et bien présentes pour les ventes. La fête du soirée allait être mémorable.

Inja restait attentif. La conversation ne le concernait pas directement, mais Yami restait son coéquipier, la moindre information qu'ils pourraient trouver serait sûrement bien mieux analysée et prise en compte à deux. Face au commerçant, le Chûnin ne perdait pas son temps, malgré un dérapage loupé au début, il s'était bien rattrapé et tentait d'ors et déjà de soutirer davantage d'informations au vendeur alors même que celui-ci lui préparait de quoi manger : Maquereaux.

...C'est vrai que ça puait quand même.

"Ah ça ! Il y a toujours des petits malins venus pour casser des trucs et faire des bêtises, mais généralement on s'arrange avec les parents après coup !"

Très bien. Ce n'était pas du tout le type d'informations que le duo kirijin recherchait, bien loin de ça même. Peut-être fallait-il forcer encore un peu la langue de l'homme ? Au risque de brusquer un innoncent et de faire directement foirer l'enquête. Non, c'était plutôt une mauvaise idée et le Kagai le savait très bien. C'est d'ailleurs pour ça qu'il prit la parole à son tour, se rendant compte qu'ils ne tireraient rien de ce commerçant-ci.

"Brave homme, j'espère que la fête ne sera pas perturbée. Mais si quelque chose arrive, souvenez-vous de cette conversation. Nous sommes des voyageurs fêtards et aimons voir la foule s'amuser, quitte à devoir mater quelques farceurs pour qu'elle tienne le temps prévu."

Ces mots dits, le commerçant paru surpris d'entendre finalement le Shireikan parler, se rendant compte qu'il le pouvait, déjà, mais surtout que les deux guerriers avançaient à deux à travers les étales. Un duo d'hommes venus profiter de la joie et de la bonne humeur de l'île, surtout en ces temps de festivités. Il était maintenant certain que les kirijins n'étaient pas le sderniers des demeurés et qu'en cas de problèmes, ils pourraient amenés à être recontactés par l'homme en question, sans même avoir à lui faire comprendre d'être arrivé sur l'île pour des raisons de sécurité seulement.

"J'm'en souviendrai ! Un p'tit poisson vous aussi ?"

Faisant non de la tête, le cinquantenaire laissait signifier qu'il n'avait pas faim, ou plutôt que l'heure n'était pas pour lui à manger, mais plutôt à l'efficacité. Les minutes passaient et la foule s’intensifiait, devenant bien plus dense... Presque handicapante. Parmi tant de gens, il serait compliqué de trouver des informations précises, sachant que tout le monde pouvait se perdre de vue en un mouvement de civils. Mais surtout, plus que ça, le lieu devenait dangereux. Non pas par sa nature même, mais bel et bien par le simple fait de savoir qu'un fou furieux rôdait dans les environs et qu'il pouvait se trouver à n'importe quelle distance du duo.

Au bout des étales, la foule commençait à s'agiter, se rythmant sur une musique artisanale. Un groupe venait de se mettre à jouer, emportant dans la gaieté une portion des gens présents, les forçant inconditionnellement à se mettre à danser et à taper des mains en rigolant, battant la mesure.

La fête semblait démarrer plus tôt que prévu.

Était-ce le before de la fête de la Mer ?

La foule bougeait de plus en plus, sa densité ne laissant plus de réel moyen de se faufiler sans avoir à bousculer les gens. Un enfer pour les non fêtards, mais surtout une aubaine pour quiconque aurait pour projet de faire tomber à l'eau la fête de la Mer. En un instant, tout avait changé, laissant la place à une scène assez spéciale... Quelques nuages de fumées colorés se mirent à naître de divers endroits de la place, fusant en direction du ciel pour obscurcir les lieux, plongeant les diverses danses dans une ambiance nocturne que tout le monde admirait, pensant que tout ceci faisait partie de l'organisation de la soirée.

"Maintenant, on se sépare."

A ces mots, Inja fit un signe de tête à son coéquipier avant de lui montrer du regard plusieurs grandes carrures qui émergeaient de la foule, drapés d'un rouge vifs, ceux-ci ne bougeaient pas d'un pouce les membres de leur corps, progressant simplement parmi les fêtards pour s'avancer dangereusement de positions stratégiques visant à encercler l'endroit.

Le message était clair, quelque chose allait arriver. Les fumées n'avaient rien de naturel et semblaient même avoir été prévues de diverses couleurs pour duper la foule, faire croire à l'assemblée que tout ceci était prévu et encadré...

Que nenni.

D'un mouvement du corps, le Shireikan fiti tomber l'énorme cape qu'il arborait pour laisser apparaître ses équipements de combats. Il allait griller sa couverture, mais en aurait-il vraiment besoin ? Non, il était déjà possible de ressentir l'ambiance étrange qui prenait la zone, rappelant une attaque organisée terroriste comme il avait déjà été possible d'entendre les récits.

Au bout d'une seconde, un feu d'artifice partit en direction du ciel à toute vitesse, explosant dans un rouge pétant pour former une sorte de logo en forme de poisson, dont les yeux transformés en croix laissaient bien comprendre que celui-ci était dessiné, mort.

Ce ne pouvait qu'être le Mouvement de Libération des Poisson.

Alors que la panique prenait d'ors et déjà la foule, Inja ne pouvait qu’acquiescer à la proposition de son équipier qui se préparait déjà à prendre de la hauteur pour traverser l'endroit de la manière la plus rapide et la plus sécurité possible. A partir de maintenant, l'ordre de séparation du Shireikan marquait une liberté d'action plus large que la normale. Il leur fallait sauver la foule.

"Repère tous les fanatiques en robes rouges. Ces gaillards sont notre problème."

Un ordre qui allait simplement du sens commun, mais Inja ne voulait en aucun cas perdre de vue un de ces criminels encapuchonnés qui pourraient faire bien plus de dégâts qu'ils ne pouvaient l'imaginer. A côté de lui, la foule courrait, s'éparpillant rapidement, se bousculant, certains tombant, d'autres se faisant piétiner avant de réussir à se relever. Tandis qu'un des hommes en rouge se mit à lever les mains en direction du ciel, libérant une pluie de projectiles de feu qui se mirent à viser conjointement l'estrade de musiciens qui se trouvait plus loin, se préparant à les transpercer de toutes parts.

Face à cette vision, le cinquantenaire dégaina son énorme hache de bataille dont a taille et le poids firent se contracter les muscles de son bras droit qui la tenait à pleine main. Juste avant de se concentrer pendant un instant avant de la faire tomber au sol en prenant soin de ne toucher aucun civil au passage. Plus loin, la déflagration inoffensive fit naître un mur de terre pour protéger trois des cinq membres du groupe qui furent protéger des projectiles venant de devant, mais n'aidant le rien ceux venant de la hauteur qui visaient eux les deux derniers membres.

"Yami ! Il nous faut arrêter ce groupuscule et protéger la foule ! Tu as carte blanche !"

Il était difficile de comprendre exactement ce que le groupuscule voulait exactement. Disperser la foule ? Simplement faire le plus de victimes possibles ? Non, s'ils avaient de véritables revendications, tout ceci avait un but bien précis que les deux kirijins devraient déceler avant que le pire n'arrive. Mais pour l'instant, Inja se trouvait submergé par le nombre de passants à protéger, deux des musiciens n'ayant pu être protégés, durent transpercer à divers endroits, pas mortellement, bien de quoi les blesser assez gravement. Leur état ne ferait qu'empirer au fil des secondes, laissant place à une scène d'horreur qu'il fallait éviter à tout prix.

"Vous trois, emportez vos deux amis, ils ne doivent pas rester ici."

Apeurés, les trois musiciens d'exécutèrent alors que le Shireikan se plaçait devant eux pour pouvoir réagir en cas d'assez ennemi et ainsi les protéger du mieux possible. Il leur fallait gagner du temps pendant l'évacuation et gérer tout ceci à deux n'était pas une tâche des plus aisés.

"Toi, que veux-tu ? Pourquoi cette attaque soudaine ?"

S'adressant à l'un des hommes en rouge qui s'approchait lentement de l'estrade, Inja restait stoïque, le visage ne trahissant aucune émotion, aucune peur ni aucune attitude de défi quelconque. Tout ce qu'il voulait, s'était en savoir plus alors même qu'il s'évertuait à faire gagner le plus de temps possibles aux musiciens qui se trouvaient derrière lui.

La voix de l'interrogé se mit alors à percer les environs tandis qu'il se décapuchonnait, laissant un apparaître un visage tuméfié, presque proche de ce que certains livres auraient pu décrire comme étant la lèpre. Néanmoins, il n'avait pas l'air, malade, pas physiquement. Peut-être s'était-il même simplement fait ça de lui-même.

"Vous... paysans, ne pensez pas une seconde à la vie des poissons. Votre fête de la mer n'est là que pour célébrer le génocide de milliers d'espèces. Vous me dégoûtez."

Ces mots n'avaient pas de véritable impact pour le Kagai, lui qui s'attendait à de véritables revendication, tout ceci semblait n'être qu'une attaque terroriste sans véritable solution autre que le combat et le sang.

"Il est en route... Héhéhéh. Vous allez bientôt tous mourir."

Il n'était plus possible de le cacher, le groupuscule n'agissait pas seul.

La simple indication de la venue d'une nouvelle personne ne laissait plus de doute sur l'implication du gladiateur fou que le duo kirijin était venu chercher sur l'île. Ce fut en un instant, qu'un nuage de fumée se mit à prendre la zone, transformant les lieux en un sombre amas de matière flottante au travers duquel il était difficile de voir et de respirer.

Un choc se fit entendre, laissant présager qu'un toit venait de céder, ou peut-être une porte, une très grande porte.... Oui... Celle du grand batiment administratif qui se trouvait plus loin dans la rue. Juste avant qu'une bourrasque de vent emporte une partie de la fumée pour laisser apparaitre une grande silhouette armée d'une masse à deux mains tenue fermement par un seul des membres de l'adversaire qui venait de rejoindre les lieux. Dans son autre main, une tête... Celle de l'assistant du maire du village. Des cris se firent entendre alors que des femmes se mirent à sortir du batiment en criant que le maire avait été attaqué. Elles prenait la fuite, ayant été épargné pour on ne pouvait savoir quelle raison.

„Moi.“

Une nouvelle voix grave venait de prendre place, celle du guerrier à la masse, résonnante à travers les décombres de la porte pour aller rejoindre les deux kirijins.

L'arme du gladiateur fumait, laissant s'échapper davantage de cette air noir puant dont il était difficile de discerner la composition.

Sur ses gardes, Inja serrait très fort sa grande hache, se préparant à lancer une de ses attaques tout en ne voulant pas engager le combat directement. Peut-être était-ce l'espoir de parler avec l'homme, en apprendre plus sur lui et surtout, confirmer qu'il s'agissait bien du gladiateur que la mission de Kiri stipulait. Il valait mieux être sûr et certain d'avoir affaire à la bonne personne.

Difficile de vraiment se rendre compte de la scène alors que quelques minutes plus tôt la fête était de mise, que des dizaines de personnes dansaient, heureux, le sourire aux lèvres, sûrement déjà enivrés par quelques litres d'alcool comme le voulait la culture de l'archipel. L'adversarie qui venait d'apparaître disposait d'une personnalité particulière, loin de la pensée d'un véritable berserker dont les origines culturelles n'auraient jamais amené à de pareils actes barbares sans réflexion. Comment un gladiateur pouvait-il être en vie et ne pas suivre les enseignements du Grand Sage du clan ?

il ne fallut pas longtemps avant que Yami ne parle, insultant son adversaire d'une manière assez cool il fallait dire, dédaigneux, montrant sans une once d'hésitation que les deux kirijins n'avaient ni peur, ni aucune envie de perdre du temps face à un adversaire qui n'en valait pas la peine. Et ça, l'ennemi semblait s'en rendre compte, attisant sa rage et sa haine pour le faire lâcher un grognement comme il en avait rarement été entendu.

"Rrrrrrgh."

Mais alors que l'homme commençait à s'avancer, laissant clairement présager qu'il voulait se battre, une dizaine de nouveaux types encapuchonnés en rouge se mirent à rejoindre les lieux, arrivant de divers côtés.

Concentrant du chakra raiton à l'intérieur de sa hache de bataille, le Shireikan fit confiance à son acolyte, pour s'occuper de ce qui semblait pour lui être le plus chiant : la multitude d'ennemis autour. Bien que ceux-ci n'aient visiblement rien de véritablement dangereux, se faire encercler pouvait devenir rapidement mauvais pour le duo de combattants kirijins.

"Je m'occupe des affreux. Essaie de ne pas trop le dévisager, le mieux serait de le ramener au village."

Des ordres qui n'en étaient pas vraiment, plutôt comme des indications et des conseils. Il valait mieux en effet pouvoir revenir avec le trophée de chasse adéquate et de quoi servir d'exemple pour les quelques autres psychopathes qui auraient pour idée de venir élire domicile au sein de l'archipel de la Brume.

"Approchez-vous. Je ne mords pas."

Le Shireikan s'adressait maintenant directement à ceux qu'il avait désigné comme ses adversaires, laissant Yami à lui-même face à celui qu magnait la fumée et probablement d'autres compétences et affinités qui leur était pour l'instant inconnues. Le combat allait être rude, peut-être durerait-il des dizaines de minutes, probablement jusqu'à la fatigue. IL n'était pas aisé d'évaluer la situation alors que d'autres ennemis pouvaient débarquer d'une minute à l'autre pour venir appuyer la force de frappe adverse.

N'ayant pas d'autre choix que de vouer une confiance aveugle à son équipier, Inja se mit en tête de mater les quelques racailles drapées de rouge qui venaient de faire leur apparition. Et pour ça, il lui fallait de la place, s'éloigner du combat de Yami pour pouvoir mieux opérer sur les quelques énergumènes qui s'apprêtaient déjà à le charger pour l'attaquer. Son but, concentrer du chakra en quantité suffisante pour pouvoir se permettre de balayer la zone autour de lui.

Le regard dur, le Shireikan prit le temps de faire virevolter sa hache entre ses mains pour attirer l'attention des attaquants, juste avant de décharger une importante quantité de raiton autour de lui, la libérant en pliant le genoux en un instant. Dans un flash lumineux agressif, plusieurs éclairs furent alors invoqués du ciel, fusant en direction du sol pour aller atteindre les membres de la secte dont il avait déjà oublié le nom, tant leur importance était peu prononcée.

"J'en ai vu des lopettes. Mais dans le genre, vous, vous êtes des pointures."

Plusieurs des hommes se plièrent de douleur alors que leur corps se trouvait conducteur d'un acharnement électrique dont ils n'arrivaient pas à s'extirper. Trois d'entre eux se levaient cependant déjà, s'approchant, armés de dagues ondulés pour asséner plusieurs coups très rapides au cinquantenaire. Leur haine semblait n'avoir d'égale que leur mocheté dont ils faisaient bien de cacher l'existence au monde par l'utilisation de capuches de couleur.

C'est d'une grande dextérité que le berserker para chaque attaque sans le moindre mal, soufflant à chaque blocage de sorte à contrôler du mieux possible sa respiration. Il ne fallait qu'il s’essouffle pour si peu, malgré l'âge, ses ressources restaient suffisantes.

Plusieurs des assaillants vêtus de rouge ornaient le sol, ne pouvant plus bouger, démontrant qu'il ne s'agissait que de simples personnes sans aucune expérience du combat. Tout était bizarre pour Inja... Tant de fanatiques dont les idéaux étaient irréalistes, mais surtout, des attaquants n'ayant l'air que d'être de simples civils embarqués dans une guerre dont ils ne comprenaient pas la cause. Un contexte étrange auquel le cinquantenaire n'avait pas vraiment le temps de réfléchir. Voilà à peine quelques secondes qu'il avait bloqué les derniers assauts des clowns défigurés, que de nouveaux ils se mirent à l'attaquer, dagues en main, cri au lèvre, emplis d'une rage animale.

"Bon sang. Vous êtes jamais fatigués."

Portant sa lourde hache de bataille au niveau de son visage, pliant légèrement les genoux pour accentuer ses appuis, Inja se préparait à parer de nouveau, usant du manche de son arme ainsi que de l'espacement des deux lames en extrémités pour agripper l'une des petites lames pour la faire valser.

Les membres du groupuscules semblaient arriver de nulle part, presque se régénérer, comme s'ils étaient immortels. PLusieurs d'entre ceux qui se trouvaient au sol commençaient déjà à se relever, sans qu'il soit véritablement se rendre des dégâts qu'avaient subi leurs corps, les grands drapés rouges cachant leur aspect général.

"Mais, comment cela est-il pos..?"

Préférant ne pas se poser de questions, le berserker se mit de nouveau à concentrer son chakra avant d'asséner un puissant coup sur le sol dans le but de le propager, propulsant alors une sorte de vague de doton s'avançant comme une onde en direction de la position où se trouvait trois des fanatiques en train de se relever.

"ASSIS !"

Ce n'était pas possible... Le cinquantenaire ne pouvait arrêter de penser à la diablerie à laquelle il était en train d'assister. Ses ennemis étaient intuables.