Malgré la mélodie subtile d'un vent hivernal qui refroidirait plus d'un courageux aventurier qui s'aventurerait hors de sa mesure de si bon matin. Seiko exécutait ses katas de kenjutsu avec assiduité. Une réelle passion pour la jeune femme qui était l'un des rares luxe qu'elle pouvait se targuer d'avoir pu effleuré avec la lecture et la méditation pendant sa longue absence à Yuki no kuni. Une communion simple et pure entre des gestes harmonieux qui laissait plus l'imaginaire suggérer une danse élégante qu'un rapport guerrier. Toute la beauté était là pourtant, un moment intimiste avec elle-même et son sabre comme seul cavalier fidèle et imperturbable. Cette activité lui permettait d'atténuer ses pensées les plus désagréables et oppressantes bien qu'omniprésentes au quotidien. Un instant de calme dans un esprit en proie aux doutes. Chassant les dites pensées d'un secouement de tête faisant voltiger quelques mèches de sa chevelure qui faisaient face aux caprices de la brise glaciale. Observant alors l'heure indiquée sur une horloge publique toute proche, l'heure de la première épreuve de sa nouvelle équipe fraîchement constituée allait bientôt débuter.
Un test important pour elle-même tout comme les autorités du village, après l'incroyable dégringolade de la puissance militaire de Mizu no Kuni suite aux désertions successives, il était grand temps d'y remédier. Elle était en tout cas persuadé que cette épreuve allait prouver du moins à ses yeux si ses nouveaux protégés seraient à la hauteur. La Yuki avait déjà pu se faire une idée du potentiel de la jeune Nana, mais il lui fallait une situation bien plus délicate pour confirmer son jugement. Les autres équipes du village dirigées par ses collègues chuunin et jonin avaient pour la plupart une affinité non négligeable. Ici bien des choses devaient être construites pour être exploitées avec efficacité. Seiko avait déjà son idée en tête pour trouver les différentes individualités possibles dans le groupe, ou alors un esprit d'équipe à toute épreuve.
Il était clair qu'elle espérait une parfaite coordination dans un futur proche, arriver à ce résultat est une autre paire de manches. Persévérance, soufflait-elle en entrouvrant à peine ses lèvres. Un bon état d'esprit de la part d'un chef ne peut que motiver une équipe. L'impatience montait peu à peu chez jeune femme, un sentiment qu'elle n'étreignait pas souvent et pourtant avec ses nouvelles résolutions d'autres sensations venaient faire leurs apparitions. Un sourire discret naissait sur son visage alors que d'un geste vif fendant l'air elle rengainait son katana dans son fourreau. Son trio n'allait pas tarder et leurs avenirs en commun allait sans doute débuter en ces lieux.
C'est en me levant aux aurores que je compris réellement ce pourquoi je m'étais engagé. Il n'était plus question de faire marche arrière, encore moins après avoir finalement été affecté à une équipe. Une équipe oui, je me demande encore ce qu'elle va devenir, si ce n'est grandiose évidemment. Si mes sept années d'apprentissage m'ont amenés à entrevoir les devoirs d'un ninja, nulle doute que me retrouver avec deux gamines me foutait la boule au ventre.
Je me souviens encore de mon enfance, quand le village n'était qu'un vague espoir dans l'esprit d'un clan rebelle. Nombreux furent les jeunes massacrés durant cette triste époque. Si nous jouissons d'une relative paix et tranquillité aujourd'hui, elle ne fut qu'acquise au prix de nombre de sacrifices et de concessions. Et c'est en plongeant le regard sur les visages de mes deux acolytes, que mes souvenirs mirent en branlent mes convictions. Oh ça oui, j'étais loin d'être l'archétype du parfait ninja sans cœur et infaillible. Je n'pouvais désormais que compter le temps qui me séparerait d'une mort prochaine, non pas la mienne, mais peut être de l'une de mes camarades, une adolescente, l'autre aux portes.
Ce matin la n'était pas un matin comme les autres, c'est tout un tas de questions qui me vinrent à l'esprit. Sur mon rôle à jouer dans tout ça, sur mes priorités. Si elles avaient un cœur de glace, le mien n'était qu'un sablier creux et insaisissable. Je me demandais alors ou devrais-je placer mes efforts, en leur protection, ou en mes propres objectifs. Ceux que je me suis fixés à ma promotion de Genin. Et puis merde, je réfléchissais trop. J'étais l'aîné du groupe en dehors de mon Capitaine, et j'espérais au moins que cette dernière puisse partager avec moi ce sentiment, celui d'être soucieux de la vie de jeunes que l'on enverrait très certainement au combat dans peu de temps. Iwa ne cessait d'être dans notre viseur, et il devait en être de même en face, recouvrer nos forces.. certes.. je le conçois.. mais j'ai encore du mal à saisir le choix du Mizukage que de me mettre dans les pattes d'une fillette de 12 ans et une autre de 15.. qu'attendait-il de moi ? Qu'avait-il décelé en moi, pour me donner ce rôle de presque « grand frère ». Ou je me fais peut-être des idées, c'est sûrement ça.
Vingts minutes me séparaient peut être du rendez-vous fixé, je m'étais arrangé pour venir en avance, prendre sur moi mes responsabilités, et veiller à ne pas retourner sur le banc des affectations. La Capitaine avait donné le ton.. qu'est-ce qu'elle était belle. Mais frigide, ça oui.. frigide.. encore plus quant à travers une petite fissure de la porte du terrain numéro quatre, j'observais l'élégance avec laquelle elle pouvait se mouvoir. Pour vu qu'elle ne me remarque pas.. j'étais encore le voyeur de service. Mais un voyeur passif. J'aime les choses belles et fluides, les formes plus que les planches du sol. Mais je ne touchais qu'avec les yeux !
Je pris une grande inspiration avant de poser ma jarre sur le sol, à l'entrée du terrain d'entraînement. Fermant les paupières, il n'était plus qu'une question de temps, aussi quelques pas se firent entendre..
Le doux soleil d’hiver, perçant au travers de nuages cotonneux, glissait une lumière envoûtante dans la maison de Shinichi, perle protégée par une véranda magnifique. Le mobilier entourait le parquet verni, fait d’un bois exotique aux reflets foncés. Où était-il, en toute sincérité ? Tu ne compris pas son absence soudaine et pire encore, tu ne voyais plus aucun intérêt à gambader sur le port après avoir passé un mois là-bas à attendre le moindre signe de sa part. Peut-être que les vagues l'avaient-il emporté ? Non, non. Tu retiras cette folle idée de ta tête avant de passer un geste intime dans les filets de tes cheveux rebelles.
En l'espace de deux secondes, tu sentis au creux de ton cœur un tas d'ondes négatives, comme si la peine avait décidé de te faire sienne. Tu défilas tes douces prunelles bicolores vers le plafond avant d'apercevoir la dernière main d'oeuvre de Shinichi, une réparation frôlant la perfection qu'il s'était acharné à corriger après ton passage. Tu écartas les bras et, les paumes tournées vers le ciel, tu expiras avec lenteur. Lorsque tes poumons furent vides, tu attendis puis fermas les yeux et les remplit. Tu demeuras ainsi la nuit, sans te préoccuper du temps qui passait, de la pluie de dehors qui voulait te mouiller. L'odeur de Shinichi dans tes narines, symbole restant de sa présence invisible.
Le lendemain, aux aurores, tu n'étais plus dans le boyau dans lequel tu t'étais endormie. Tu ne te souvenais vraiment plus des heures indiquées par ta Sensei, et en collectionnant les retards de l'année dernière, il valait mieux pour toi de retenir qu'être en retard, c'était d'être le mal incarné. Tu cheminais dans les artères du village, mais t'arrêtas aussitôt, divertie par le spectacle des étoiles qui s'atténuèrent au fur et à mesure des minutes qui passèrent. Tu aurais bien voulu les toucher, ces étoiles. Les palper et leur... Entraînement ! Tu courais de nouveau, l'air de cette ruée provoquait une grimace sur ton faciès et tes jambes, elles, te suppliaient d'arrêter de les réveiller. Au loin, tu aperçus la silhouette grise et massive d'Asaara, quel coup de chance ! Sa chevelure en argent était reconnaissable et sa fâcheuse tendance à clore ses yeux aussi. Il semblait zieuter quelque chose de précis comme si l'essence de l'envie le faisait saliver de quelque chose en particulier. La fine lumière naturelle de la porte dont il essayait d'entrevoir était colorée d'ocre. Pouvais-tu la palper ? Tu te le demandais. Mais ce que tu demandais encore plus, c'était...
❝ J'peux voir, j'peux voir, j'peux voir ? ❞ , tout en tentant de le bousculer pour avoir toi aussi, cette salive sur le bord de tes lèvres.
Complètement amorphe sur son lit, étalé comme une baleine échouée, Nana maudissait le monde entier depuis la veille. Si seulement ce tragique évènement n’était pas arrivé… Mais elle devait se rendre à l’évidence… Cette soirée, elle n’était pas prête de l’oublier, quand cet affreux garçon avait proclamé haut et fort qu’elle ne risquerait pas de trouver l’amour charnel avec son absence d’arguments. Qu’il soit maudit… Lui et ses amis qui l’ont rejoint pour augmenter le volume de leur rires commun. Autant dire que depuis qu’elle était rentrée, elle évitait les miroirs. Pourquoi tout ceci lui arrivait ? Enfin… Il fallait dormir. Demain était un jour important pour son groupe, il fallait être d’attaque… La fille ne prit pas le temps de se déshabiller, ni de se remettre correctement sous la couette, elle s’endormie ainsi, incapable de faire autre chose. Puissent ses rêves lui remonter le moral…
Réveille compliqué. Les cheveux en vrac et la mine morose, la jeune fille avait bien eu du mal à se préparer son café. Faisant place sur la table, d’un geste de la main des feuilles de parchemin volèrent dans tout les sens. Des dessins infructueux et tentatives de conception de sceaux qui n’avait pour l’instant pas aboutie. Culpabilisant du fait qu’elle n’avait rien d’exceptionnel, Nana prenait l’habitude de s’exercer tous les soirs, passant à la pratique le lendemain. Le Fuinjutsu était tout ce qu’elle avait pour se démarquer, quitte du combat au corps à corps et le Suiton, tout le monde à Kiri en était capable. Alors, l’adolescente continuait son manège, en vain. Décidemment, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle pourrait proposer ses créations à sa sensei. C’est la boule au ventre qu’elle alla se préparer pour la journée. D’autant plus que, dans la salle de bain, le contact avec son image reflétée était inévitable. Ceci n’arrangea pas les choses…
Sobrement habillée, rien d’extravagant, la jeune fille prit la direction du dojo sans grandes convictions. Sur le chemin, elle s’arrêta, interpellé par une forte odeur de viande au coin d’une rue. Intriguée, Nana alla jeter un coup d’œil, remarquant la charrette d’un marchant ambulant, proposant des brochettes dont l’odeur ne pouvait que faire succomber plus d’un. Il n’en fallut pas plus, elle succomba, comme beaucoup d’autres qui passaient par là. Reprenant son chemin, elle grignota soigneusement les yakitoris qui, il fallait le reconnaitre, réchauffait le cœur et remonter le moral. De plus, le cuisinier avait complimenté Nana sur son physique, et toc ! Au moins lui, il était gentil, pas comme certains… Ne restant plus que les brochettes, la fille jeta les bouts de bois dans la poubelle la plus proche. Ce gout délicieux de viande marinée au soja puis cuite à souhait, cela lui arrachait un sourire, lui faisant presque oublier ses tracas du moment.
Sur place, Nana pu distinguer les silhouettes des deux nouveaux compagnons, un homme, et une fille un peu plus jeune et intrigante. Avant de les rejoindre, l’adolescente se secoua la tête, relâchant la pression. Pas question de se montrer sous ce-jour abattu. A présent, elle était au travail, ses émotions ne devaient pas interférer. Elle maquilla son visage de ce sourire serein et fit les pas nécessaire pour retrouver la troupe.
La première épreuve de l'équipe #3 [Mission rang B]