Ame no Kuni, un pays rongé par la criminalité, bien pire qu’à Tsume no kuni, selon son point de vue. D’après les informations qu’elle a pu obtenir, Watanabe Mifune serait à Ame afin de s’y cacher. Du moins, c’est ce qu’elle croit, mais bon, il ne devait pas faire confiance à ses hommes pour la tuer, vu qu’il a fui le Pays de la Griffe. Dans tous les cas, elle était bien contente d’arriver à le traquer pour le tuer. Sa cliente, Hamada Shiore, morte, il y a peu à cause d’un assassinat, sera vengée. Si son client venait à mourir, ça ne changerait rien pour Kasuga. En effet, elle terminera sa mission coûte que coûte afin d’honorer sa part du marché. La jeune femme reste tout de même concentrer, elle est déjà venue dans le Pays de la Pluie et ce n’est jamais un endroit accueillant pour qui ce soit. Les coups de poignards dans le dos, ça peut arriver très vite. De base, elle sait où se rendre, à Murashigure, mais c’est très risqué. Ayant une longue cape noire à capuche, elle cherche à se montrer discrète. De plus, Mifune doit bien connaître les lieux et retrouver sa cible ne sera pas évident. L’assassin a besoin d’information, de renseignement sur sa cible afin de le retrouver et d’achever son travail de manière définitive.
Son premier objectif était d'entrer dans Ame no kuni, ce qui n’a pas été difficile pour la kunoichi. Mais la suite va mettre un peu de temps, car elle s’assure qu’on ne la suit pas. Capuche masquant son visage tandis que sa longue cape masque le reste de son corps. Kasuga se doit de trouver Unagi, il est sans doute le seul à connaître des informations utiles sur sa cible. La Mitarashi n’est pas à l’aise à se balader toute seule, avec quelqu’un, ça serait un peu plus rassurant. Depuis la mère de ses parents adoptifs, Kasu se doit d’apprendre à être vigilante, prudente, observatrice et avoir toujours une main prête à dégainer l’une de ses armes. La pluie est au rendez-vous, ce pays porte bien son nom. L’obscurité rend sa prudence plus poussée qu’elle ne l’était déjà. Franchement, la solitude n’a jamais été si difficile qu’aujourd’hui, car traquer une cible, seule dans Murashigure, c’est un peu de la folie. Par chance, Kasuga sait où se trouve Unagi, la plupart du temps. La jeune femme ne mettrait pas trop longtemps à le retrouver. Empruntant une ruelle, afin de gagner du temps, avec un raccourci. Elle est abordée par deux hommes, avec de mauvaises intentions, bien sûr. Dans la capitale de la pluie, il n’y a pas de place pour la bienveillance et de bonnes intentions. L’assassin tient à ne pas être souillé par de vulgaires idiots. Ses yeux aperçoivent certains détails qui démontrent qu’ils ne sont pas là pour papoter. Et puis un ou deux corps en plus dans les rues de la ville, ça ne changera pas d'habitude. Le corps des deux hommes s’écroulent violemment contre le sol, tandis qu’un jet de sang s’éclate contre les murs. La Mitarashi, d’un air glacial, reprend sa route comme si de rien n’était.
Après quelques minutes de marche, Kasuga parvient à atteindre sa destination malgré l’obscurité de la nuit ayant tombé sur le pays. L’assassin espère pouvoir retrouver l’homme et que ce dernier puisse lui donner des informations sur sa cible. Après tout, la Mitarashi a toujours l’impression que Unagi est toujours au courant de tout que cela en est un peu terrifiant par moment. Una fonctionne au contact, c’est-à-dire qu’elle doit s’adresser à quelqu’un pour qu’il puisse le rencontrer personnellement. Il est prudent et là-dessus, la brune le comprend parfaitement surtout dans une telle cité. La kunoichi fait face à une femme.
« Bonsoir, je souhaiterai rencontrer Unagi. C’est important, j’ai de quoi payer, si il le faut. » demande-t-elle, quitte à patienter un moment, elle le fera. De toute manière, Mifune ne risque pas de partir de Murashigure de sitôt.
Ville où si l’on cherchait bien et surtout si l’on était pas nécessairement trop regardant sur la qualité et l’origine, il était possible de trouver tout ce que l’on désirait. Marchandises venues d’ailleurs, produits exotiques, denrées rares, tout était négociable. Et au final il en était de même pour les affaires humaines. Vol, meurtre, esclavage, tout était négociable et de fait, la vente d’information l’était tout autant. Dans ce domaine-là, j’étais quelque peu connu. Œuvrant dans ce milieu depuis de longues années déjà, ma réputation – ainsi que mes tarifs – était à un certain niveau. Pour autant, si je n’étais pas le seul à offrir ce genre de service, j’étais sans conteste dans les meilleurs, si ce n’est le meilleur. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me permettais des prix que certains jugeraient parfois prohibitifs ou que je n’hésitais nullement à refuser les prestations que l’on pouvait me soumettre.
Ce soir j’avais décidé de mener mes affaires dans un petit restaurant que j’affectionnais tout particulièrement. Il n’était pas des plus réputé, mais la nourriture y était conviviale et l’ambiance plutôt chaleureuse, la salle principale occupée par quelques travailleurs ou familles, loin des affaires nocturnes des bas-fond.
Installé au fond de la salle à une petite table pour deux personnes, un thé devant moi, j’attendais que ma commande arrive, attendant par la même occasion que quelques clients se présentent. Prudent, je changeais régulièrement de lieu de rencontre et si les personnes à la recherche de mes talents souhaitaient en bénéficier, il leur fallait faire preuve d’un minimum de motivation pour y parvenir.
Tendant la main vers le tabouret de l’autre côté de la table, j’invitais la jeune femme encapuchonnée à s’installer.
« Kasuga. C’est une surprise. Je ne m’attendais pas à te rencontrer ici. Je pensais que ton terrain de prédilection était Tsume. »
J’étais curieux. Elle qui officiait dans l’ombre, que pouvait-elle demander de si important pour faire le voyage d’elle-même et me rencontrer après tant d’années depuis nos dernières affaires.
Kasuga avait besoin d’information pour retrouver Mifune et l’éliminer une bonne fois pour toutes. Ainsi, le dernier membre de ce cartel dans Tsume aura disparu et sa mission sera terminée. Cependant, Ame est rempli de criminel et il avait peut-être trouvé des amis pour le protéger, pendant un temps. S'il doute de ses hommes, il doit savoir qu’elle ira le chercher jusqu’à Murashigure. Or, le village est compliqué à arpenter en toute tranquillité et de trouver sa cible, aisément. Le mieux pour la brune, c’était de trouver un informateur de qualité et pour ce job, elle en connaît un, en qui elle a confiance. La kunoichi parvient à traverser la capitale du crime, sans trop d’effusion de sang, juste deux malandrins qui ont eu la mauvaise idée de l’aborder. Tuer, verser le sang, ça n’a jamais été un problème pour la Mitarashi, tant que ce ne sont pas des innocents. Kasu est un assassin depuis son enfance, depuis qu’elle a été adoptée par les Mitarashi et qui lui ont tout appris. Usant de cette profession, elle espère retrouver sa dernière sœur et la libérer de l’esclave d’un monstre.
Kasuga avait pu entrer dans un lieu où elle espérait trouver Unagi, dans un petit restaurant, sachant que ce dernier change souvent d’emplacement. Sans doute par sécurité et à cause des informations qu’il pouvait posséder sur certaines personnes. La jeune femme a pu interroger une personne afin de délivrer un message à Una. Quelques instants plus tard, l’assassin a pu obtenir ce rendez-vous avec l’homme et il fallait qu’elle se rende au fond du bâtiment afin de pouvoir discuter calmement. Sans perdre un instant, elle remercie l’individu d’un hochement de tête. Toujours avec une longue cape noire et encapuchonnée, elle s’avance vers le point de rendez-vous. À une table, il y a bel et bien Unagi qui l’attend. Cela fait comme une éternité qu’elle ne l’avait pas vu et pourtant, il n’a pas l’air d’avoir tant changé que ça. Pour son identité, elle l’a obtenu d'Oichi et Mitsuhide, ses parents adoptifs qui étaient des assassins. Depuis, lorsqu’elle a besoin d’une information très importante, elle part le voir surtout quand ça touche à Ame. Ce dernier l’invite à s’asseoir à sa table, en lui montrant un tabouret de libre.
Kasuga s'assoit à sa table, sans dire un mot. La kunoichi retire sa capuche et observe Unagi qui n’a pas eu de mal à la reconnaître. Il est étonné de la voir à Ame, vu que son terrain de prédilection est Tsume no kuni. Il est vrai que l’assassin est habitué à traîner dans le Pays de Sakaze Tôsen, la plupart du temps, mais elle aime bien voyager. « Bien le bonsoir, Unagi-san. En effet, je ne pensais pas revenir si tôt à Ame, mais le travail a fait que je dois me retrouver à Murashigure. » dit-elle d’un ton calme. Ses yeux rouges se plongent dans ceux de l’homme, elle garde son sang-froid, comme dans ses habitudes. L’homme est quelqu’un qu’elle respecte beaucoup et envers qui elle n’a aucun grief ni passif. Elle tente toujours de remplir la part du marché et d’être correct envers lui. « J’ai besoin de ton aide pour retrouver quelqu’un, un certain Watanabe Mifune, ma cliente souhaite sa mort. En l’éliminant, j’aurai exterminé son cartel se situant dans Tsume. Or, à Ame, il doit avoir des alliés, peu qui sait, mais assez pour bien le cacher de moi. » dit-elle d’un ton posé. « Je pourrais te rendre service, si tu le souhaites, en échange de ton aide ou alors, je te payerai. Qu’en dis-tu ? » demande-t-elle à Unagi.
Dans un silence couvert par l’ambiance de la salle, telle un chat qui se faufile à pas feutrés, la jeune femme se présenta à ma table et s’y installa avec une grâce certaine qui lui seyait à merveille. Sans un mot, je l’observais alors qu’elle s’appliquait à une gestuelle nette et précise, deux qualités ô combien nécessaires pour le métier qui était le sien. Sans un mot, j’attendais donc qu’elle prenne la parole, qu’elle m’explique la raison d’une telle entrevue. Sans un mot, je l’écoutais donc alors que les motifs de notre rencontre se dévoilaient enfin. Reculant sur ma chaise, le dos calé sur le dossier, les mains croisées sur mes genoux, ma pèlerine noire ornementée d’une carpe dorée toujours portée sur moi, je prenais le temps de la réflexion avant de répondre à sa demande.
« Me rendre service ? Oui, tu pourrais, tout comme me payer maintenant. C’est en effet possible. Ce qui est possible c’est aussi de retrouver la cible de ton contrat. Même si il se cache, il ne pourra pas le faire éternellement sans que j’en entende parler si je me mets à la rechercher activement. Pour autant … est-ce ça la solution ? »
Posant mon regard mordoré et sage sur celui de la demoiselle, je prenais le temps d’une œillade pour sonder ma partenaire de discussion tout en dégustant une coupelle de saké tiède avant de poursuivre nos échanges.
« Cela fait combien de temps que tu fais disparaitre les gens de cette manière ? Combien de temps que tu mets au service d’autres tes talents ? Au service de ceux qui se pensent tout puissants et qui ne le sont que parce que quelques personnes comme toi et moi agissons pour qu’elles le deviennent. Mais demain, quand le chakra ne sera plus. Toi et moi, qu’adviendra-t-il de nous ? Serons-nous encore reconnus pour ce qui fait notre force aujourd’hui ? Non. Nous serons relégués au bas de l’échelle. »
Servant une coupelle de saké à Kasuga, je la poussais vers elle de deux doigts, laissant tomber une goutte sur le trajet avant de continuer.
« Que l’Homme au chapeau réussisse ou non, que le chakra perdure ou non, il y a une chose que je ne veux plus. Je ne veux plus être celui qui doit obéir d’une quelconque manière et si le pire doit arriver, je veux être au sommet et asseoir une confortable position plutôt que de lutter pour m’élever. Seulement, cette place, c’est maintenant que je veux aller la chercher, que je veux la prendre. »
La main droite sur la table, paume tournée vers le bas, en la retirant, je laissant un morceau de papier rectangulaire noir ornementé lui aussi de cette carpe dorée.
« J’ai fait un choix, d’ailleurs, je ne suis pas le seul à l’avoir fait. Je n’ai pas oublié tes talents, je n’oublie jamais rien, mais je suis curieux de savoir ce que quelqu’un avec tes talents compte faire de son avenir. Rester le jouet de celles et ceux qui se jouent de toi ou jouer ta propre partition et te hisser là où personne ne viendrait te chercher ? »
Une fois encore, mon regard était intensément posé sur celui de la tueuse, attendant sa réaction.
Assise à une table, dans un grand calme et toujours observatrice. Prudente et toujours sur ses gardes, elle a appris à ses dépens qu’il ne faut jamais se croire en sécurité là où on se trouve. Particulièrement lorsqu’on se trouve à Murashigure, un moment d’égarement et on te retrouve plus tard dans une ruelle, vider de ton sang. Évidemment, Kasuga n’a jamais eu à être si proche de la mort, mais ça n’avait pas empêché qu’on a déjà attenté à sa vie par le passé. La jeune femme a confiance en Unagi, cela fait bien des années qu’elle le connaît et il n’a jamais rien tenté à son égard. Après tout, elle a toujours été respectueuse et réglo avec lui, durant leur maintes échanges. Aujourd’hui, elle a besoin de son aide et il est la seule personne de confiance qu’elle connaît au sein de ce monde. L’assassin lui explique la raison de sa venue et tout en proposant un moyen de payer ses services, si besoin, malgré le peu de ryô qu’elle dispose dans sa bourse. Or, elle souhaite mettre un terme à cette mission, une bonne fois pour toutes.
Unagi prend la parole, à la fin de celle de Kasuga. Lui rendre service est tout à fait possible tout comme payer afin de remercier de son aide et avoir accès à ses informations. Retrouver la cible ne sera pas trop compliqué, car tôt ou tard, il devra sortir de sa planque et Murashigure est loin d’être l’endroit idéal pour réellement se cacher de quelqu’un. L’appât du gain est plus fort qu’autre chose. Cependant, l’homme lui demande si c’est réellement la bonne solution. Là-dessus, la Mitarashi ne comprend pas ce dernier et le regard d’un air perplexe. « Que voulez-vous dire ? » demande-t-elle en le fixant du regard. Ce dernier se met à poser des questions sur les années où elle est un assassin, sur le nombre de corps, mais dans le but de lui faire comprendre quelque chose. En effet, que ce soit via ses assassinats ou les informations d’Unagi, certains octroient des places dans le monde qui les mettent en haut de l’échelle. Et si le chakra devait disparaître, un jour, qu'adviendra-t-il d’eux ? En bas de l’échelle ? Il est vrai qu’elle n’avait pas pensé à cela. « Il est vrai que certains à la perte d’opposant, de rival, de concurrents ont pu devenir un peu plus important…l’unique remerciement, c’est l’argent ou alors, attenter à nos vies pour éviter qu’on se retourne contre eux, un jour. » dit-elle en soupirant et en le voyant lui donner une coupelle remplie de saké.
L’écoutant à nouveau, il semblerait qu'Unagi ait obtenu des ambitions si élevées, au point de s’élever dans une position confortable. Avec ou sans chakra, que ce soit avec la réussite ou non du projet de Sakaze Tosen, il ne veut plus attendre et ni même obéir à qui que ce soit, de soi-disant puissant. Dans la vie, il faut avoir des ambitions, si on veut évoluer, quitte à parfois se salir les mains. Il veut cette place et il la prendra de gré ou de force, du moins, c’est ce qu’elle a compris. Et toujours dans sa propre interprétation des paroles d'Una, ce dernier veut une place digne d’un daimyô et n’importe qui le souhaite, sans jamais agir pour cela. Buvant une légère gorgée de saké, quoiqu'elle ne soit pas très alcool, elle soupire. « Je commence à comprendre un peu. » dit-elle, tout en le laissant continuer à parler. Elle souhaite connaître la suite et ce qu’il a derrière la tête. D’un coup, de sa main droite, il hisse un papier noir avec un symbole d’un poisson doré en direction de la Asashin comme une sorte d’invitation. Il avait fait un choix qu’il a pris en toute conscience et il n’était pas le seul à l’avoir fait. Est-ce qu’elle va continuer à rester le jouet de ceux ou celle qui joue de ses talents pour en faire ce qu’ils veulent ou va-t-elle décider de se prendre en main pour devenir sa propre partition dans ce monde cruel.
Prenant le papier noir, elle l’observant un instant, tout en pensant de ce qu’elle avait fait de sa vie. Ce sont ces soi-disant puissants qui lui ont tout pris, sa famille, sa seconde famille, son âme, son cœur et son espoir. Elle a toujours été au service des autres, mais en dehors de l’argent, l’unique récompense fut l’insolence, l’arrogante, le mensonge et l’irrespect. Elle a parcouru le monde pour retrouver ces deux sœurs aînées. Setsuna est morte, à cause d’une fausse information par le noble qui l’avait en réalité, prise en esclave avant de l’envoyer dans l’arène de Kaze et la faire tuer. D’autres l’ont emmené sur de fausses pistes pour tenter de retrouver Oichi. Elle a toujours réalisé les contrats qu’on lui a offerts, dans le respect et la sécurité, mais à chaque fois, on la conduit face à un mur, à la case départ. « Mon objectif quand j’ai été adopté par mes parents adoptifs, a été de suivre leurs pas en tant qu’assassin pour retrouver mes deux sœurs disparues. En tant qu’assassin, j’ai suivi une route obscure et empli de piles de cadavres, en espérant trouver des informations sur elles, éliminer ces puissants qui se croient intouchables ainsi que leur larbins et les marchands d’esclaves. Or, on m’a toujours menti et fourvoyé, cherchant à me conduire à l’opposé de mes recherches, tenter de me tuer pour éviter qu’un jour, j’aille dans leur lit et les tuer de mes poignards. L’un d’eux a été l’un des maîtres de l’une de mes sœurs, Setsuna, je l’ai appris que trop tard…elle est morte dans l’arène de Kaze avant que tout soit arrêté. Je me suis vengé, mais, c’est tout. Je n’ai aucun indice où se trouve Oichi, ma dernière sœur. Je ne peux compter sur personne dans ce milieu…j’y ai cru, mais tes paroles m’ont ramené à la raison et m’ont fait réfléchir sur ma vie. » dit-elle baissant les yeux et buvant une autre gorgée de saké, tout en faisant tournoyer le papier entre ses doigts.
« Si je ne peux pas obtenir l’aide de ces puissants qui sont là où ils en sont grâce à mes assassinats…alors, il est sans doute tant que j’arrête d’espérer quoi que ce soit venant d’eux et que je prenne les choses en main. Chacun d’eux me doit la vie, je compte bien la reprendre un jour. Ce papier…» dit-elle en lui montrant le papier noir avec la carpe dorée dessus. « Est-ce une invitation ? Si c’est le cas, ça fait un moment que je cherche à ne plus être seule, à rejoindre un groupe, une organisation avec des objectifs bien précis. Parce que je ne souhaite plus errer en quête de réponse, de justice et d'argent en croyant naïvement que ma vie a un sens en agissant sans changer. Pour ma part, je souhaite faire payer à ces puissants leur crime, ne plus être à leur service ni avoir besoin d’eux dans ma vie, mais que ce soit le contraire, que je leur sois au-dessus, tout en retrouvant Oichi. Seule, je ne peux rien construire de mes mains, mais avec de l’aide, peut-être qu’un jour, je pourrais créer quelque chose pour ce monde, être une ombre derrière chaque daimyô, noble important, politicien, prêt à me servir d’eux pour rendre ce monde meilleur. Tout ceci m’a traversé l’esprit, il y a un moment déjà, mais...j’espérais bêtement et naïvement que je pourrais compter sur les clients, riches etc pour atteindre mes objectifs en devenant leur arme. Parle-moi de la signification de ceci, de cette carte, Unagi ? »
La mise en confrontation de notre propre situation face à la réalité des choses était quelque chose de difficile à appréhender pour la grande majorité des gens. Cela revenait à lever le voile sur les mensonges de notre vie et voir au grand jour toute la fausseté de notre existence. Les artifices fonctionnent un temps, tant qu’on les entretiens, mais lorsqu’un grain de sable vient saboter le mécanisme bien rodé de la tromperie, le truisme apparait alors.
Doté d’une pensée objective, j’avais posé là les bases d’un verbe plein de véracité et de sincérité. Le reste n’était plus de mon ressort et mon silence était le seul témoin de cette réflexion initié au tréfond de l’âme de cet assassin devant moi. Sans un mot, j’écoutais là les paroles de la jeune femme. Si certains ne voyaient pas plus loin que leur nez lorsqu’on les poussait à la réflexion, si certains ne méritaient même pas qu’on leur offre une nouvelle voie, Kasuga n’était pas de ceux-là et son discours me fit sourire de satisfaction, ma barbe se relevant en même temps que mes lèvres et mon menton. Acquiesçant doucement de la tête, dodelinant lentement j’approuvais les paroles de la jeune femme.
« Tu te trompes sur un point. Mes paroles ne sont pas celles qui t’ont ouvert les yeux, ce sont les tiennes. Mes mots n’ont fait que te montrer une voie, tu as décidé seule de suivre ce chemin. Cependant, ce chemin se nomme « Vérité » et « Lucidité » et rares sont ceux qui acceptent d’y faire face. Il est plus douloureux d’ouvrir les yeux que de garder les yeux fermer et d’accepter le mensonge. »
Le papier noir se transforma alors en un petit oiseau qui virevolta quelques secondes avant de revenir dans mon corps.
« Toute ta vie, tu as été une esclave des plus riches et des puissants qui le sont devenus grâce à toi. Une esclave qui ne savait pas qu’elle l’était. Si tu le souhaite, tu peux te libérer de tout cela et me rejoindre … NOUS … rejoindre. Cette carpe dorée, c’est nous. Nous sommes Sakana et face aux troubles qui sombrent le monde dans un déclin certain, je n’ai plus vocation à rester où je suis. Nous sommes conscients que cette guerre entre la Coalition et l’Homme au chapeau ne finira pas dans un happy end. C’est pourquoi, si l’on doit être amené à perdre notre chakra, je tiens à me dresser au sommet et à le tenir plutôt qu’être au bas de l’échelle. »
Mon regard se tourna alors vers la salle, observant les différentes tablées et leurs occupants qui se baffraient, rigolaient ou buvaient à profusion.
« Regarde-les. Des moutons qui sont contrôlés par des mains invisibles. Nous allons couper les fils de ces marionnettistes, nous allons prendre leur place, les contrôler, les remplacer, les diriger et asseoir notre position au sommet d’Ame. Tu peux nous rejoindre ou rester seule face à la vérité que tu connais sur toi-même et tes désirs, c’est ton choix. Je ne saurais te dire si nous allons rencontrer certains de ceux que tu recherches. C’est possible. Ce qui est possible c’est aussi que nous allions leur rendre visite. Nous pouvons t’aider si tu nous rejoins, si tu nous apporte tes talents. La seule différence c’est que demain tu le feras de ton plein gré en toute connaissance de cause pour quelque chose en quoi tu crois et avec des gens qui n’ont rien à faire de qui tu es, qui n’ont cure de juger tes actes ou ton passé et qui pour certains ont surement fait bien pire que toi »
Le regard désormais fixé sur celui de la jeune femme, il ne restait qu’une seule question à lui poser.
« Alors ? Que dis-tu de ma proposition ? Acceptes-tu cette opportunité ? »
Face à Unagi, elle l’avait écouté attentivement et elle avait compris ses intentions. Ainsi, elle lui adressait la parole sur ses prises de paroles qui semblent bien intéressantes. En réalité, ça faisait des années qu’elle se fourvoie à croire que les puissants et autres pourraient l’aider dans sa quête. Sa quête de retrouver sa dernière sœur, Oichi. Or, ces derniers tant qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent, ça leur suffit amplement quitte à ne pas trop aider. Il est, certes arrivé à maintes reprises qu’étrangement, on essayait de la tuer à la fin d’une mission. Ainsi, ça permettait d’éviter de la récompenser et de l’avoir comme ennemis, un jour. Ce type de métier est à double tranchant et il y avait énormément de risques. Le client est généralement assez intelligent pour comprendre que des assassins indépendants peuvent se retourner contre eux, un jour, en étant liés à un autre contrat. Enfin bref, les paroles de l’homme semblent plutôt sensées et logiques, au vu du monde dans lequel ils vivent tous les deux. La jeune femme a tenté de donner différents points de vue selon ses propos, en allant dans son sens, le plus possible en prenant en compte, les faits de la réalité.
Après avoir terminé de parler, Unagi reprit la parole à son tour afin de répondre aux paroles de la brune. D’après lui, Kasuga s’est trompée sur un point. En effet, ce sont ses propres mots et non ceux d’Una qui lui ont ouvert les yeux sur le monde. Ces paroles ont juste été des guides pour lui montrer la voie et elle a su s’y glisser en comprenant les choses. Tout ceci s’est transformé en lucidité et vérité, afin d’ouvrir les yeux. Et rares sont ceux qui voient correctement, malgré ces vérités. En soi, Kasu a su ouvrir les yeux face aux mensonges dont elle a été plongée depuis longtemps, en retournant vers la vérité, tout en étant lucide. « Je vois, je vois. Tes paroles m’ont guidé à ce que j’ouvre les yeux moi-même sur bien des points. Je n’avais pas pensé à cela sur le moment. Intéressant. » dit-elle tout en voyant le papier noir avec le symbole de la carpe doré se transformer en petit oiseau de papier et partant se rattacher au corps de l’homme. Il est vrai que ce dernier est un assimilateur Kamiton, elle l’avait presque oublié. Après tout, ce n’est pas comme si elle était habituée à le voir user de son Kekkei Genkai.
Il reprend donc la parole, parlant du fait que sans le savoir, elle a été esclave de certains puissants qui le sont devenu grâce à elle. Cependant, elle peut s’en libérer en les rejoignant, leur organisation : Sakana. Le chaos dans ce monde, avec la guerre entre la Coalition et l’Homme au Chapeau ne se terminera pas si bien que ça, d’après ses dires. Si le monde perd le chakra, il ne souhaite pas rester en bas de l’échelle et ceux ayant rejoint Sakana en pense de même. En dehors, elle ne semble pas connaître leur plan exact de comment ils vont y parvenir. Ceci dit, il préfère peut-être attendre quelque chose de Kasuga ou qu’elle les rejoigne pour en discuter plus en détail. N’empêche, ça fait réfléchir et difficile de lui donner tort. Depuis des années, elle recherche Oichi et en étant en bas de l’échelle, une simple assassin indépendant, on ne peut lui faire confiance, lui offrir des informations ou elle n'a pas le bras long pour obtenir des choses pour l’aider. Unagi lui parle de ceux dans le restaurant, le regard se tourne vers les clients, ses pupilles rouges les observent tous sans distinction. Ceci dit, il semble dévoiler un aspect de la fonction de Sakana dans un avenir, si leur plan fonctionne. Cela plaît à la brune et ça peut ouvrir bien des possibilités.
Les rejoindre ? Au moins, Unagi ne tourne pas autour du pot, il est cash et il est sincère dans ses paroles. Il ne sait pas si les rejoindre lui permettra de retrouver Oichi rapidement, mais il fera ainsi que les autres de leur mieux pour l’aider. Cela dit, en échange, elle devra prêter son talent pour eux et tout ceci, en connaissance de cause et de son plein gré. L’avantage, c’est qu’elle ne risque pas de se prendre un coup de poignard dans le dos, à la fin d’une mission. Ces parents adoptifs avaient confiance aux informations d’Unagi et en l’homme également donc elle sait très bien que Una ne semble pas être mauvais dans le fond. Du moins, elle n’espérait pas se tromper. Il semble avoir beaucoup d’avantage à rejoindre Sakana et il y avait pas mal de boulot à réaliser avec eux. Cela dit, elle cherche également à rejoindre un groupe ou une organisation afin de ne plus être seule et avoir du soutien dans ses recherches. Le destin a sans doute décidé pour elle, de la guider vers Unagi et son organisation ou groupe. Ses yeux rouges se tournent vers ceux de l’homme. En réalité, elle a le choix entre accepter et refuser. Mais ces arguments sont très convaincants et ce monde lui a prouvé qu’elle ne peut pas faire confiance aux riches et compagnies. Pour Unagi, il est comme elle, on a toujours eu besoin de lui et il a sans doute connu des tentatives de meurtre, malgré son aide.
Kasuga hoche légèrement la tête. « J’accepte de vous rejoindre, Unagi-san. En réalité, ça fait un moment que je cherche à rejoindre un groupe ou une organisation afin de trouver du soutien dans ma quête de recherche. Apparemment, le destin a décidé de me guider vers Ame et de te retrouver. Avec vous, je pourrais atteindre mon objectif tout en trouvant de nouvelle à vos côtés et en suivant vos idéologies et objectifs communs. Et, à la longue, il est en effet, fatiguant d’aider certains puissants pour être trahi plus tard. Je vous prêterai mes talents, en sachant que les vôtres me seront offerts, au besoin. Habituellement, je demande un tarif, mais pour vous, ça sera gratuit, preuve de ma loyauté à votre égard, même si j'espère obtenir de l'argent autrement pour subvenir à mes besoins. En vous rejoignant, ça pourrait me donner des idées sur d’autres objectifs à atteindre, en me faisant influencer par Sakana. » dit-elle avec un léger sourire. Ce n’était pas une mauvaise chose, ça lui allait lui ouvrir des portes, des possibilités pour retrouver sa soeur, mais aussi, d’étendre sa vision sur ce qu’elle pourrait faire dans sa vie, autre que de jouer l’assassin. Or, elle reprend la parole. « J’ai hâte de rencontrer les autres membres et de commencer à travailler à vos côtés. Or, Watanabe Mifune, il faut que je le tue pour avoir attenté à ma vie, même si ce n’est plus pour ma cliente que je le fais, mais pour moi-même, ça m’embêterait qu’il retente de me tuer si il apprend que je suis à Murashigure. » dit-elle en joignant ses mains.
« Aveugle est celui qui reste ancré dans sa vérité. Il recouvre la vue lorsqu’il accepte enfin la réalité. »
Certaines paroles pourraient paraitre peut sensées, incongrues voire totalement stupide, mais dans le cas présent, ce simple adage collait parfaitement à la situation. Kasuga s’était mise au service de puissants qui avaient usé et abusé d’elle de différentes façon, promettant monts et merveilles sans jamais que la jeune femme ne puisse obtenir quoi que ce soit d’eux. En un sens, si cela n’est que peu étonnant de la part du monde de l’ombre, cette manière d’agir me rappelait aussi fortement les villages shinobis. Des hommes et femmes mettant leurs talents au service de qui ? D’une personne au-dessus d’eux et qui décidait de leur propre avenir sans qu’ils ne puissent espérer une véritable récompense pour leurs bons et loyaux services. Mais aujourd’hui, les choses changeaient pour la demoiselle.
« Mes paroles t’ont peut-être guidées, mais tu es la seule à avoir fait le choix de changer de voie et de te mettre sur une route différente. Toi seule peut accepter cette situation. Le changement est difficile et fait souvent peur, mais tu as su faire le premier pas. Ce n’est malheureusement pas donné à tout le monde. Laisse moi te féliciter. Je suis admiratif. »
Il faut dire que des personnes avec un talent certain j’en avais croisé un bon nombre depuis les années que j’officiais à Ame et pour autant, je n’avais jamais eu le loisir de pouvoir faire émerger ce projet qui me tenait à cœur. Était-ce l’avènement qui se profilait qui faisait bouger les choses ? Quoi qu’il en soit, les poissons solitaires se réunissaient désormais en un banc solide et soutenu.
« Tu me vois donc ravi de cette décision. Pour ce qui est de subvenir à nos besoins, je ne pense nullement que ce soit un problème. Nous avons dans notre objectif globale quelques étapes à mener et certaines d’entre elles doivent nous permettre d’assurer un fonds de roulement. Qui plus est, nous rejoindre ne veut pas dire abandonner ce qui fait de toi qui tu es. Tu es toujours libre d’agir dans ce qui fait ton talent, fait le juste en t’assurant que notre nom soit connu. »
Une nouvelle carte noire marqué d’une carpe dorée s’échappa de mon corps pour atterrir devant la demoiselle.
« Laisse-moi te souhaiter la bienvenue. Lorsque tu souhaiteras nous retrouver, sors donc de Murashigure et insuffle un peu de chakra dans ce papier, il te guidera jusqu’à nous. Tu comprends que je n’en dise pas plus ici, qui sait qui pourrait nous écouter. Et si tu rencontre tes nouveaux amis, n’hésite pas à leur montrer ce papier, certains pourraient avoir la fâcheuse tendance d’agir avant de réfléchir. N’y voit rien de personnel si cela arrive, juste de la précaution de leur part. »
Me levant, je rabattais ma capuche sur ma tête, laissant mo visage dans l’ombre et me penchant vers l’assassin, je lui offrais quelques dernières paroles avant de quitter les lieux.
« Et si jamais tu préfères que l’on fasse ce premier voyage ensemble, retrouve-moi ici dans deux jours, à la même heure. A bientôt. » dis-je avant de quitter les lieux sans un bruit.
Spoiler:
A priori, dernière réponse pour moi. Bienvenue à Sakana !
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