Gravé son nom dans les mémoires ? Elle avait oublié toutes les leçons et l'enseignement austère des prêtres, qui prônait un contrôle sur soi qui ne lui semblait pas être de bon aloi. Elle préférait être humaine, et donc imparfaite. Clairement. N'était-ce pas un autre type de matériel avec lequel travailler ? Et qui n'a jamais connu la colère, peut il connaître la sérénité ? Être tout et son contraire lui semblait inacceptable, elle voulait rester cohérente avec elle même, et c'était la raison principal de son départ du monastère. Depuis, elle essayait de trouver des exemples concrets pour appliquer les leçons de ses maîtres, à sa propre sauce, et improviser quelque chose qui repondérait au mieux à la pratique. A quoi bon faire des essais, se verser dans les saintes écritures ? Si l'on expérimente jamais la spiritualité, n'est-ce pas comme se voiler la face et se mentir à soit même ?

Cela lui semblait être un destin plus cruel que celui de la paria, qu'elle avait elle même choisi d'être. Partir n'était plus une option, mais une nécessité même, depuis qu'un courrier énigmatique de sa grande sœur lui fut parvenu.

Shinrin Kitsune a écrit:

Ma sœur, si tu ne reconnais pas mon écriture, et mes "petite pattes de mouche dansant sur le papier", comme tu aimais à l'appeler en parlant de ma typographie, c'est que je ne suis plus en mesure d'écrire des mots sur le vélin. Un accident m'a en effet privé de la vue. Je n'ai plus que deux yeux vides de toute vie, et je t'en dirai plus quand on se rencontrera, car je n'ai pas confiance à la correspondance dans me Yuukan, comme tu le sais déjà. J'espère que tout va bien chez toi, et te prie de m'excuser de ne pas avoir pu venir à notre rendez vous habituel, je pense que ton inquiétude doit être un peu calmée, mais que tu es affolée, alors je te laisserai sur des mots pleins d'espoir : Je suis en vie, et je compte bien l'être encore longtemps.

Plein de tendresse,
Ta grande sœur.

Au même moment ou elle avait tué son premier homme, le karma avait toqué a sa porte, et avait emporté la vue de sa sœur, si aiguisée, si fine, si utile à tous. Elle espérait qu'elle n'avait pas perdu sa vision des choses, en même temps que ses yeux. Sa grande soeur avait besoin d'elle, e cela lui fit passer le cap, préparer ses affaires, et accouru au Teikoku.

Elle, l'enfant sauvage.
Elle, la guerrière.

Aujourd'hui, jour commun, elle suait sur les terrains d'entrainements planqués à chaque intersection, même un parc aurait fait l'affaire pour la jeune femme, de toute façon. Elle virevoltait, frappant sur un ennemi invisible. Un ennemi redoutable. Stratégie de l'ombre, elle se battait contre le pire adversaire ; Elle même. Ses mouvements rapides, aussi vif qu'un serpent bondissant, aussi précis que le mécanisme d'une horloge, aussi belle à voir que redoutable à subir. Elle devait s'entraîner, durement.

La vie était dure.
Elle voulait l'être plus qu'elle.

Elle s'abimait donc dans une gestuelle, science ancestrale du combat, comme une sorte de danse qu'on pratiquait dans sa banche des Shinrin, la respiration comme pierre angulaire, et le timing, dessinant un redoutable style de combat. Elle semblait être un courant de fond, une lame venant se briser sur les défenses ennemis, pour les vaincre tous. Elle voulait être forte. Plus forte. Encore plus. Elle accéléra, un peu plus vite, un peu plus fort, toujours plus loin. Elle étandait son corps, le distordait parfois pour des mouvements amples mais toujours empreint d'une qualité essentielle ; L'harmonie. Elle était en accord avec elle même, en accord avec les autres, en accords avec le temps qui passait. Elle ne le craignait pas, elle l'épousait avec beaucoup de flegme, et un brin de fraicheur.

Sa façon de voir les choses, toujours plein de tendresse, de bienveillance. Il ne fallait juste pas jouer avec son sens de l'honneur, ou sa liberté. Et vous n'aurez aucun problèmes.

Elle rata un mouvement, faucha trop profondément, et se retrouva les quatre fers en l'air.

Une main bien vite, vint à son secoure, elle ne la prit pas en disant à son "sauveur" : Je peux très bien me relever toute seule, après tout, je me suis mis dans cette position toute seule ! Fin sourire, elle aimait autant se débrouiller toute seule, et ne jamais montrer de signes de faiblesse.