Tsuyoshi avait repris ses bonnes vieilles habitudes. Il avait remarqué et même pris le temps de faire un sondage informel au sein des siens afin de savoir si ces derniers avaient changé de vision à son propos. Il en était ressorti que globalement non. En dehors des facéties de certains anciens du clan qui bêtement s'en étaient allés vers des décisions qui étaient au fond contraires avec l'intérêt des Hyûga. Tsuyoshi avait déjà reçu une première marque d'affection et de respect lorsqu'il était arrivé chez lui après les incidents. Déjà sa famille et ses alliés avaient fait bloc autour de lui, ensuite petit à petit, tout au long de cette journée, un véritable défilé avait eu lieu. Des Hyûga de tous bords étaient venu chez lui manifester leur désapprobation par rapport à ce qui s'était passé. Oui, il était soutenu et peut-être que sottement l'erreur de la vieille et de ses souteneurs quelque part était susceptible d'amener la division au sein du clan.

Ruminant tout ceci, Tsuyoshi avait fini par quitter chez lui en ce jour. Il était resté dans le quartier Hyûga mais s'en était allé dans un jardin public. Là il avait cherché un endroit calme d'où il pouvait tout de même avoir une bonne vue sur le jardin tout en ayant de la verdure plein les yeux et puis là, il s'était assis en seiza à même le sol, près d'un banc. Fermant les yeux, il s'était plongé en un état méditatif qu'il avait cependant eu du mal à atteindre. Pendant plusieurs minutes en effet, il lui fallut chasser toutes ces idées sombres qui l'assaillaient de toutes parts, souhaitant ardemment perturber son exercice pourtant salutaire.

Une réflexion en profondeur la recherche d'éléments enfouis en lui, au plus profond de lui. Ces éléments qui allaient pouvoir lui permettre de grandir de devenir celui qu'il devait être. Une force était caché en lui, bien des éléments concordants venaient à le lui confirmer. Il ne lui restait plus qu'à expérimenter et à sortir celui qu'il était.

Alors qu'il commençait à se plonger plus en profondeur de sa méditation, il lui sembla que quelqu'un venait de se rapprocher de lui.

@Hyûga Haru

Le Hyûga venait de lever les yeux vers celui ou celle qui venait de lui parler. Au travers de cet acte, il mettait fin à sa méditation de façon plutôt abrupte. La chose avait nécessairement de quoi l'agacer et pourtant, il ne montra rien qui puisse permettre de laisser croire qu'il était énervé. Prenant dans un premier temps l'information de l'identité de celui qui l'avait sorti de son état méditatif, le Hyûga détailla d'un coup d’œil l'individu, de haut en bas. La première chose "gênante" était la présence de ce masque sur le visage du bonhomme. C'était probablement la seule d'ailleurs, de chose gênante. L'information qui reçut de sa première analyse via coup d’œil était que l'individu était un homme certainement jeune à en juger par la voix, la question, l'allure la morphologie générale. Mais ces informations étaient imprécises, à affiner.

_ Si je n'ai rien d'autre à faire ? Reprit-il d'un ton qu'il voulait neutre. Il ne savait s'il avait réussi ou pas à masquer la pointe d'agacement qui pouvait bien percer d'une manière ou d'une autre. Il me semble que méditer est un acte important pour tout ninja qui recherche un minimum la maîtrise de soi... Poursuivit-il.

Il regarda à nouveau l'individu. Il était intrigué par ce masque. Il est vrai que certains ninjas se promenaient avec des masques ; des éléments du Sazori notamment mais aussi des ninjas "lambda" qui pour une raison ou pour une étaient plus à l'aise avec un masque. Il se souvint avec aisance de Yume. Pendant un temps, elle avait préféré se promener ainsi, en masquant à sa manière son identité.

_ Qui es-tu ? Pourquoi ce masque ? Questionna le Hyûga. Il se souvint immédiatement qu'il aurait pu peut-être se présenter en premier lieu. Le hic, si l'on pouvait le considérer comme tel, c'est qu'il était chez lui, dans son fief, dans le quartier Hyûga. Mais n'empêche, par correction, il fit le premier pas, avant que l'individu masqué ne daigne répondre : Moi c'est Hyûga Tsuyoshi. Dit-il d'un voix plus joyeuse.

Le fait d'avoir été perturbé par son interlocuteur avait-il entraîné au final une acceptation de cet état de fait ? Quoi, au final préférait-il l'échange à la méditation ? Quoi qu'il en soit, lui demeurait intrigué par l'apparition de cet individu qu'il ne connaissait pas. Il avait hâte de voir quelle serait la réaction de l'individu.

Le Hyûga écotua les propos de son interlocuteur. Ce dernier, à l'entame de son propos, avait lâché sans détours que Tsuyoshi avait bel et bien besoin de méditer afin d'atteindre la maîtrise de soi dans la mesure où il ne comprenait pas comment une simple question pouvait l'agacer. Ses sentiments du moment avaient donc pu être décelés. Il est vrai que Tsuyoshi aurait préféré ne pas être importuné. Il aurait préféré continuer à méditer tranquillement, sereinement et atteindre les résultats qu'il s'était fixé. Mais peut-être que Haru, dans la mesure où il ne pratiquait probablement jamais l'exercice, ne pouvait le comprendre. Par contre, un point où il avait tout bon, c'était bien qu'effectivement Tsuyoshi était tendu à cause du contexte.

_ Hyûga Haru hein... Il est rare qu'un Hyûga se promène avec un masque... Dit-il laconiquement. En son for intérieur, il se disait que quelque chose ne tournait pas rond chez ce bonhomme. L'éducation Hyûga ne poussait pas à de telles pratiques. Haru cependant avait probablement de bonnes raisons de la faire. Peut-être même se sentait-il le mieux ainsi ?

_ Je t'avoue qu'au contraire, ton nom ne me dis rien, sans offense... Avait-il poursuivi. Il continua : Pourquoi penses-tu que je devrais te connaître ? Qu'as-tu réalisé de spécial ? Ou peut-être ta famille, un de tes parents est-il un Hyûga célèbre ? Questionna t'il. Il souhaitait en savoir plus. En tant que Représentant du clan, c'était normal après tout.

La suite de la discussion donna un indice à Tsuyoshi quant à la raison probable de la célébrité potentielle de Haru et peut être même de la raison pour laquelle il se promenait avec un masque. Ce dernier en effet avait évoqué la colère comme potentiel moteur de l'existence de Tsuyoshi. Ce dernier s'arrêta un moment. Il baissa les yeux un moment, prit le temps de la réflexion. Très vite il lui apparut qu'effectivement la colère était de mise. Au moins depuis son retour à Iwa. Cependant, en remontant plus loin, il pu voir ci et là des bribes de réaction en public qui étaient aisément reliables à la colère. Il finit par redresser la tête vers Haru.

_ La colère ? Oui, tu poses là une question intéressante. Le Hyûga avait remarqué le ton neutre de Haru, ce ton ajoutait quelque chose de spécial à sa question, à ses interrogations.

_ J'ai été récemment fortement contrarié par certains Hyûga. Il commençait et il le savait, ouvrir cette porte menait à une scène de désolation, un scène où il n'entrevoyait que les larmes et le sang. J'ai été grandement contrarié par certains anciens du clan. Ce clan que j'ai servi avec brio depuis mon plus jeune âge. J'ai été la fierté Hyûga avant bien des Hyûga de ma génération, de celle d'avant ou d'après. J'ai rendu de fiers services sans jamais rien demander en retour, toujours dans l'intérêt du clan, j'e suis parvenu au rôle de représentant clanique et aujourd'hui par mes conseils, le clan est proche de grandir plus que jamais et quoi ? Il marqua un pause. A nouveau son regard se porta vers le sol. La rage commençait à monter en lui. Cette même rage qu'il réprimait par le biais des méditations, mais aussi des échanges avec ceux qui l'appréciaient pour qui il était.

_ Alors que je rentrais d'une mission des plus périlleuses pour le Sazori, une fois de retour au village après une absence dont j'avais pris le soin d'informer mes collègues Taishô, j'ai été accueilli tel un paria. Certains anciens du clan, bien conscient du fait que je ne suis pas un déserteur, ont jugé bon tout de même de me cantonner chez moi le temps qu'un de mes collègues Taishô qui avait pris la liberté de me coller une prime, sois disant pour rendre plus vraisemblable une de mes actions, daigne me la retirer. Il redressa la tête vers Haru. Son regard semblait lancer des flammes, une lueur de folie inquiétante dans les yeux. TE RENDS TU COMPTES ? MOI ? UNE PRISON DOREE ALORS QU'ON ME SAIT FIDELE ! Il venait d'aboyer de crier sur Haru sans le faire exprès. Il cligna des yeux et tenta de se calmer presque immédiatement.

_ Excuse-moi Haru... Dit-il automatiquement tandis qu'il déployait des trésors d'énergie pour se calmer. Tant qu'il n'aurait pas réglé ce problème, son problème, il ne saurait trouver la paix intérieur, il le sentait. On lui avait causé un grand tort et jusqu'ici il n'y avait pas eu de réparation digne de ce nom, pas même une excuse de la part de la vieille du clan. Et pourtant, sur toute la ligne elle avait tort. Sur toute la ligne... Elle avait commis l'erreur monumentale de privilégier un roturier, un non Hyûga à un Hyûga. Elle avait commis la bourde inconcevable et impardonnable de vouloir réduire l'aura d'un Hyûga faisant la fierté du clan, un Hyûga parvenu à la stature de Taishô d'Iwagakure no Sato.

Le Hyûga tenta de se maîtriser après son accès de colère. Oui il avait de la colère en lui. C'était certain, évident. Il avait l'impression plus ou moins justifiée, qu'il n'avait pas été respecté par les anciens du clan, qu'on ne l'avait pas traité tel qu'il le méritait. Il était après tout un des enfants chéris du clan. Il était leur représentant auprès des autorités Iwajines. En l'absence d'une figure clairement identifiée, il était LE numéro un et pourtant. Les anciens, du moins certains d'entre eux avaient jugé bon d'écouter une voix dissidente, une voix n'appartenant même pas au clan, une voix qui n'était même pas celle d'un noble, une voix donc que ces derniers par la force des choses, avaient trouvé le moyen de mettre au-dessus de la sienne. Un sacrilège à ses yeux ! Une pure hérésie, il n'y avait pas à dire.

_ Tu t'es donc fait bannir ? Et depuis quand ? Pour quelle raison ? Quel a été ta faute ? Ou du moins que t'as t'on reproché ? Questionna le Hyûga avec une pointe de curiosité dans la voix. Il est vrai que le nom de Haru combiné à cette question de bannissement lui était inconnue. Il est rare pourtant que le clan procède à de telles choses. Peut-être ce dernier avait-il commis l'irréparable ? Mais alors si tel était le cas, comment se fait-il qu'il n'ait pas été au courant. Voilà les interrogations qui quelque part polluaient l'esprit du Hyûga. Il souhaitait savoir, comprendre et ce d'autant plus qu'il lui semblait que Haru aurait souhaité que son bannissement fasse plus de bruit.

_ La rage et la colère sont des sentiments néfastes. Je ne sais pas pour toi, mais en ce qui me concerne, ils me rongent de l'intérieur. J'ai juste l'envie de l'extérioriser, de régler ce qui en est la cause et d'aller de l'avant. Il marqua un temps d'arrêt avant de poursuivre : c'est d'ailleurs ce que je vais faire. Je vais régler ce souci qui me ronge. Avait-il poursuivit d'un ton des plus déterminés. Le regard dur, il venait d'allier le ton de sa voix à son regard. Pour sûr, il réaliserait ce qu'il venait d'annoncer.

_ Me venger ? Oui certainement... J'appellerais plus cela une rectification dans mon cas. Dit-il froidement. Il poursuivit : Changer les mentalités du clan ? Questionna t'il. Quelles mentalités précisément ? Toutes les mentalités ou valeurs du clan sont-elles à jeter ? Questionna t'il encore. Il n'avait pas réagit au dernier point du discours de Haru, celui lié à leur collaboration éventuelle. Avant d'en arriver là, il se devait de comprendre à qui il avait affaire et où ce dernier compte aller.