Le Hyûga avait fini par mettre un nom dessus, des mots sur ce qui lui était arrivé par moments, souvent pendant des combats d'ailleurs ou au sortir d'affrontements. Il avait été à mille lieues de s'imaginer que c'était cela qui lui arrivait. Il avait été à mille lieues de s'imaginer que c'était même possible ou que cela pouvait arriver sans qu'il soit aux commandes. A bien des égards, la chose s'était présentée à lui comme s'il avait s'agit d'un miracle. Comment sinon expliquer ce qui lui était arrivé. Il avait fallu pour lui s'ouvrir à un ancien du clan et lui expliquer ce qui lui arrivait pour enfin obtenir une réponse plus ou moins satisfaisante. Une ironie, voilà comment il avait vécu la chose lorsqu'il comprit.

Dans son esprit, il revisita son passé : la toute première utilisation de son affinité, une découverte. Depuis tout jeune, il avait été considéré tel un crack à telle enseigne qu'il avait gravi les échelons rapidement, peut-être trop rapidement jusqu'à ce moment où il s'était laissé allé et où il avait tout simplement stagné professionnellement et en termes de puissances. Cependant depuis sa prise de conscience, il n'avait cessé de progresser. En interrogeant son corps, il lui apparut clairement qu'il lui restait encore de la marge, largement.

Lorsqu'il s'en était ouvert à une ancienne du clan qui le connaissait plus que bien d'ailleurs, et ce depuis qu'il était petit, la bonne vieille femme lui rappela une chose simple : dans son nom était caché une réalité qu'il devait révéler au grand jour du moins, pour peu qu'il accomplisse le destin de son nom. Cette vérité qui lui semblait jusque-là enfouie malgré l'évidence, ressurgit avec force. Depuis lors, il s'était promis : mettre les bouchées doubles et réaliser son potentiel. Il n'avait guère le choix. Il était une référence du clan, quasiment aux portes de la direction du clan. Il était un Taishô, un capitaine du village. Il était Hyûga Tsuyoshi.

Respectant sa parole, il avait pris la ferme résolution de s'atteler à sa promesse dès aujourd'ui. En tenue d'entraînement, il se tenait là dehors, sur la ligne de départ imaginaire de ce qui allait le mener le progrès, vers une puissance terriblement accrue. Il s'y était préparé. Il avait pensé le tracé, dans Iwagakure no Sato. Il avait calculé les distances. Il avait pensé à l'heure de début et à celui de fin. Il avait pensé à où réaliser les activités 2 et 3 soit les pompes et les abdominaux.

Regard déterminé, muscles prêts au pire, le Hyûga prit une impulsion. Regard au loin, cheveux prêts à onduler au vent, il s'élança avec hargne et dextérité.

Le Hyûga s'était élancé. Ses pieds s'étaient mis à marteler le sol à rythme régulier. Il avait visualisé son parcours. Ce dernier le mènerait dans quasiment toutes les zones d'Iwa dont il ferait en quelques sortes le tour, à sa manière. Il avait choisi un parcours qui rendrait sa course "difficile" avec des obstacles naturels et d'autres qu'il s'était allègrement créé. A pas rythmés ses pieds foulaient le sol, lui donnant l'opportunité, lui qui était en quelques sortes un sur-homme aux yeux des civils, de commencer à ressentir les premiers effets sur son cœur, le premier sollicité par ce mouvement inattendu. La course était rapide, d'un tempo égal comme s'il avait quelqu'un ou quelque chose à rattraper. Sautant par moments, il en venait à esquiver ou à sauter par dessus des obstacles quels qu'ils soient, animaux, meuble. Ses mouvements par moment l'emmenaient à sauter sur les murs si rapidement que seul un œil averti aurait pu remarquer son acte. Il courrait ses pas l'ayant fait quitter le domaine Hyûga pour commencer à entrer dans un quartier d'importance moindre au regard des gens du commun qui le compose. Laissant son souffle s'extirper de sa poitrine, le bonhomme tentait de s’accommoder tant bien que mal aux efforts qu'il fournissait. Bientôt il trouverait ce second souffle qui te régénère et te permet de donner plus sans compter. Pour y arriver, il le savait, il lui faudrait encore beaucoup se dépenser, parvenir au bord de la rupture pour que son corps daigne lui fournir cette ressource cachée qu'est le second souffle.

Ses foulées étaient maintenues au même rythme, même tempo. Ses jambes martelaient le sol avec une certaine symphonie, une certaine cadence mais aussi une légèreté qui rappelait qu'il n'avait nullement besoin d'appliquer toute sa force à ce qui suivrait. Son cœur commençait à ressentir les premiers effets de la course après ces longues minutes à vive allure. Il avançait en effet depuis le début de la course, à une vitesse qui laissait voir combien il était déjà entraîné de base. En effet, pour un habitué de l'effort physique, démarrer une course à vive allure pour d'autres, n'était qu'une allure modérée pour lui qui en avait l'habitude. Quand bien même il ne réalisait pas tant de courses que cela habituellement, son entrainement visait régulièrement à pousser son petit cœur dans ses derniers retranchements afin non seulement d'accroître son endurance mais aussi quelque part sa capacité à répéter les efforts.

Ses efforts justement l'avaient amené maintenant à sortir de ce quartier classique où diverses couches de la population se retrouvaient pèle-mêle avant d'entrer dorénavant dans Iwajuku. La zone interdite, le quartier malfamé, le quartier des bidonvilles et des pauvres. Ici, la course du Taishô semblait susciter moins de réactions des uns et des autres que précédemment dans les deux quartiers qu'il venait de traverser. Ici c'était plutôt des regards dérobés et parfois des gens qui semblaient disparaître de sa vue au loin lorsqu'ils l'apercevaient. Pour sa part, fidèle à l'objectif qu'il était en train de rechercher, le Hyûga poursuivit sa course comme s'il ne remarquait rien. ll le savait, quoi qu'il en soit, il ne risquerait rien. Personne ne pourrait rien contre lui en ce lien quand bien même il y avait bien un monde où des ninjas tapis dans l'ombre pourrait en vouloir à sa personne. Encore faudrait-il qu'il soit reconnu pour ce qu'il est.

La traversée d'Iwajuku prit un certain temps et bientôt le Hyûga déboula dans un autre quartier de la classe moyenne. Les comportements des gens à ce niveau étaient différents et son corps commençait à montrer les premiers signes réels de l'effort qu'il était en train de fournir. La sueur commençait à apparaître, sa peau en devenait humide par endroits, ceux les plus propices à la manifestation des gouttelettes de sueur justement. C'était un bon signe. Il continua sa course, poursuivit ses efforts. Il se souvint qu'il fut un temps où à la poursuite des méchants il avait eu à accélérer la cadence pendant un certain temps, une certaine distance à telle enseigne qu'il était parvenu presque sur les genoux à l'endroit attendu. Il eut un sourire. Cette époque était fort lointaine et la force physique qui est en lui en ce moment précis n'est pas la même que celle de l'époque. Il se savait clairement plus puissant que le Tsuyoshi de l'époque.

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