La buée avait envahi la salle de bain où se terrait Tenma. Vêtu d’une serviette, il faisait face à un miroir camouflé par la brume de fortune. Il restait immobile à fixer un reflet qu’il ne pouvait que brièvement distinguer. La large stature restait sombre, pouvant presque faire penser à un primate. Cette idée obsédait le géant qui enrageait de ce blocage. Il observa ses larges paumes, qu’il pouvait élargir à sa guise, songeant au sang impur qui coulait à l’intérieur. S’il existait un moyen d’isoler ce gène anormal, peut-être pourrait-il enfin être celui qu’il devait être.

Ses obscures pensées furent chassées avec le bruit de la porte sur laquelle on venait de tambouriner. Restant dans son simple apparat de pagne de bain, il partit ouvrir à un employé du village qui lui remit prestement une missive et repartit aussi vite. Le bout de papier fut déballé et lu très rapidement. Il s’agissait de Kayuri Namue, avec qui le géant avait déjà partagé des missions. Pensant dans un premier temps qu’il s’agissait du même sujet, il prit connaissance de la nature de cette convocation surprise. Un simple entraînement semble-t-il. Tenma observa les mots griffonnés et se mit à réfléchir à son programme de la journée. Il s’était levé aux aurores car le sommeil le fuyait. Il n'avait rien d’urgent, si ce n’est un besoin de s’améliorer. Sa condition restait médiocre à ses yeux. Namue ferait une redoutable adversaire. Il prit connaissance du terrain et de l’heure du rendez-vous. Le pas lourd franchit le seuil de sa porte dans les minutes qui suivirent.

Lorsque Tenma arriva au terrain numéro douze, la Chûnin s’y trouvait déjà. Venant de mettre fin à une série de coups à l’arme blanche, elle le salua poliment pour lui signifier la raison de son invitation. Les termes étaient simples, le géant étant tout aussi convaincu que cet échange pouvait lui être bénéfique. La Kayuri lui avait laissé la main pour entamer. Ce par quoi il répondit d’un salut respectueux mais à la rigidité militaire. Ce n’était pas un beau parleur, il avait adressé un signe de tête en réponse au bonjour de son interlocutrice et il ne comptait pas s’éparpiller dans des palabres inutiles. Ils étaient là pour une raison précise, et ce ne serait sûrement pas pour un débat philosophique.

Deux kunaïs rejoignirent vivement les mains du géant qui les lança de toutes ses forces. Leurs trajectoires étaient plus qu’inhabituelles mais c’était par pure volonté. Alors que les kunaïs sifflaient dans les airs, l’héritier du Peuple Singe propulsa son bras vers l’avant. Ce dernier avait atteint une taille considérable pour venir porter un coup direct à son adversaire. C’était un début plutôt standard mais il se voyait mal jeter toutes ses forces dans une bataille à peine entamée.

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Attribuant une félicitation à l’enchaînement de Tenma, Namue ne saurait pour autant déstabiliser la concentration de l’héritier du Peuple Singe. Ce dernier n’était pas homme à se faire prendre par les sentiments. Ceux qu’il éprouvait étaient bien loin de la fierté personnelle ou en tout cas n’affectait pas son ego. Il se contentait d’observer la suite et d’essayer d’anticiper les actions de son adversaire du jour.

Il aurait presque pu le prédire ou le parier. La grande spécialité de la Kayuri était de se fier à ces clones de cristal. Deux copies de sa personne se joignirent à la partie. L’unique avantage pour le Genin était qu’il n’y avait eu aucun subterfuge pour en camoufler la création. Par conséquent, il n’y avait pas d’ambiguïté sur l’identité de l’originale. Se concentrant à ne pas la perdre de sa ligne de mire, il passa en revue les options qui s’offraient à lui.

Ne bénéficiant pas du même atout stratégique du nombre, et n’ayant pas un jutsu lui permettant d’y arriver, il devrait composer seul face à la dangerosité de la situation. Ce serait engager beaucoup de ressources que de s’appliquer à éliminer chaque cible une par une. Il pourrait tenter de le faire en un coup mais la disposition actuelle ne le permettait pas. De plus, la Chûnin ne prendrait pas le risque de se regrouper avec ses doubles pour faciliter la tâche du géant. La solution la plus simple lui semblait être de profiter de l’identification de l’originale pour concentrer ses assauts dessus. S’il s’y prenait bien, il pourrait potentiellement la mettre à mal et la forcer à annuler ou perdre cet avantage.

L’instant de réflexion n’avait pas été très long. L’encerclement avait débuté et Tenma avait son plan bien en tête. Il concentra son chakra et décupla son poids et sa taille pour devenir une véritable boule humaine. Il fonça directement sur sa cible qu’il gardait en tête. Pas de répit pour cette dernière.

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Bien que l’offensive du Genin aurait pu surprendre son adversaire, la kunoichi ne se laissa pas avoir par cette attaque basique. Tenma n’en espérait pas moins. Son choix l’avait peut-être surpris et c’était un bref instant qui aurait pu lui permettre de prendre un avantage très minime. La Chûnin avait esquivé sans grande difficulté et le géant de Hi s’était élancé avant de reprendre une forme normale. Lorsqu’il « dégonfla », il dévisagea sa supérieure hiérarchique, prêt à redoubler d’efforts et de stratégies pour ne pas se faire trop distancer.

Namue exprima sa surprise quant à l’utilisation de son jutsu. Un encouragement anodin qui sonna bien moins gentiment aux oreilles de l’héritier du Peuple Singe. Il avait du mal à accepter cette hybridité dans son sang, qui en faisait un être indigne, selon lui. Il n’avait cependant pas d’autres choix pour pouvoir progresser au sein du village. Il ne pouvait s’en remettre à son affinité et ses compétences de lancer. Ses poings se serrèrent avec force, blanchissant et faisant légèrement craquer les premières phalanges. Sa mâchoire était elle aussi bien serrée, à tel point qu’on aurait pu l’utiliser comme un casse-noix. Un cri intérieur résonnait au sein du géant qui bouillonnait de cette situation. Tant de sentiments néfastes qu’il tâchait de dissimuler sous un masque stoïque qui s’attardait plus sur la suite du combat.

Le choix stratégique était discuté par la Kayuri. Comme Tenma s’en était fait la remarque, le réflexe premier était de se concentrer sur l’élimination du nombre. Un choix peut-être fatidique pour la suite de cet affrontement mais qu’il comptait bien assumer. Il n’était pas encore engagé dans une réplique immédiate que la kunoichi lança un de ses clones à l’action. Des chaînes composées de cristal fusèrent pour essayer d’attraper les jambes du Genin. Jusque-là, Namue essayait de concentrer le combat sur de la distance. Bien qu’il l’ait vu en plein entraînement au sabre plus tôt, elle était très habile dans l’utilisation de son Ninjutsu et dans sa maîtrise du cristal.

Tenma avait bien une idée pour se sortir de ce mauvais pas. Pourtant, les chaînes s’enroulèrent comme l’avait prévu la Chûnin. Les jambes du géant étaient ligotées et il n’avait même pas esquissé un mouvement pour se tirer de cette passe difficile. Il gardait son regard bien planté sur son adversaire et il expira après une grande inspiration. Ses jambes inutilisables, il lui restait le reste de son corps pour agir. L’une de ses paumes devint assez grande pour couvrir l’aire du terrain et vint s’abattre sur la Chûnin, ainsi que ses clones. Bien qu’étant adepte du corps-à-corps, il avait au moins l’avantage d’avoir une grande portée. S’il devait trouver un avantage à son ignoble père biologique, c’était celui-là.

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En portant son coup, Tenma n’était pas dupe et se projetait déjà sur la suite. La Kayuri allait trouver une parade à cet assaut sans trop de difficulté. Il avait beau être assez inédit et propre aux membres du clan de son père, il en faudrait plus pour impressionner ou surprendre la Chûnin. Il avait toujours ce « problème » de chaînes aux pieds qu’il comptait bien régler. Son idée étant déjà en route, il devait bien se coordonner pour essayer de la prendre par surprise. Pourtant, lorsque vint l’impact de son coup, il sentit la pression qui lui maintenait les jambes subitement s’estomper. Un très bref coup d’œil lui confirma sa sensation. C’était un problème de moins.

Sous sa large paume, un dôme de cristal avait abrité les deux copies de Namue. La troisième avait été prise par l’assaut et son jutsu s’était par conséquent brisé avec elle. C’était au moins ça de pris pour le géant de Hi. Sa stratégie était donc à revoir en conséquence. Il aurait été bien naïf de s’imaginer à l’abri. Il n’allait pas pouvoir enchaîner tout de suite avec une nouvelle attaque puisque son opposante répliquait à son tour. Pour le coup, c’était une technique que l’héritier du Peuple Singe avait déjà vue. Elle l’avait utilisé sur le bateau des pirates les ayant poursuivis lors de leur mission. Un jutsu redoutable qui avait eu raison de l’équipage adverse. Pour en avoir contemplé la force, il fut pris d’un doute assez vif. Essayait-elle de le tuer ?

C’était bien sûr une idée saugrenue. Tenma n’avait jamais ressenti d’animosité particulière à son encontre, pourtant il y avait de quoi le justifier parfois. Mais pour le coup, la Kayuri avait été l’une des seules à ne pas se formaliser de cette éducation spartiate qui rendait le géant si antipathique. Pour une fois, l’héritier du Peuple Singe avait un certain respect pour un membre de la communauté des Hommes. Il s’était même interrogé sur une potentielle ascendance de Namue avec le clan Yasei. Peut-être était-ce enfoui au plus profond d’elle. Il n’en savait rien et sur l’instant, ce fut son instinct de survie qui reprit le dessus. Ou autre chose.

Tenma ne se souvenait pas avoir déjà ressenti cela auparavant. Il avait quelques fois traversé des moments de danger, chacun pouvant amener à la mort. Mais cette fois, c’était une rage qu’il n’avait jamais perçue. Elle n’était pas soudaine. Il réalisa à ce moment précis qu’elle avait toujours été là. Endormie. Cet évènement, pourtant anodin, l’avait réveillé. Et tel le bâillement de l’éveil, ce sentiment rugissait en lui, qui l’exprima à son tour à voix haute.

Les cristaux se formaient progressivement, partant à l’assaut du géant. Sa posture changea, il se replia un peu sur lui-même et instinctivement, il se mit à hurler. Ce cri était loin d’être normal. Il ne semblait même pas humain. Sous le visage longtemps impassible se fichait maintenant une large bouche où deux de ses dents devinrent pointues. Son faciès entier semblait changer de forme. Le cri retentit sur le terrain d’entraînement et ne fut pas brisé lorsqu’il composa à la hâte ses mudras. Un rempart de terre le sépara des pics de cristal. Mais la technique était puissante et se répandait un peu partout. Il fut tout de même lacéré à quelques endroits, n’arrangeant en rien cette fureur inconnue.

Alors que son mur s’effritait à la suite du choc, que ses plaies empourpraient ses vêtements, Tenma franchit une limite qu’il s’était interdite d’utiliser. Mais il n’était plus aux commandes. Cette rage intérieure agissait en son nom. Elle lui fit composer des mudras, ce qui activa un sceau à son poignet. Sa main récupéra une petite bille verte qu’il ingéra aussitôt. Le cri avait cessé mais la fureur était encore légèrement marquée sur le visage. Dans la hâte, Tenma se changea à nouveau en un boulet humain qui fusa à toute allure sur les deux Namue, plus vif et puissant que le précédent.

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Une voix cristalline semblait appeler le géant perdu dans des profondeurs abyssales. Le son était étouffé et lointain mais il le percevait quand même. Puis cette paix disparaissait en même temps que les souvenirs et les images lui revenaient. Le visage de la fille qu’il avait aimé. Les larmes au coin de ses yeux. Les deux mains gigantesques, refermées comme un étau, sur le cou gracile de celle qu’il avait embrassé. Le craquement sinistre et toute la route de retour au village où il avait porté le corps. Le regard de sa mère qui savait, elle qui avait fauté en commettant l’adultère, donnant elle-même naissance à celui qu’elle appelait monstre.

L’inconscience de Tenma n’était pas remplie de belles choses. Comme chaque fois qu’il se laissait aller au sommeil. Même si cette fois son état avait été provoqué par ses actes. D’habitude ses songes étaient moins violents. Il avait revécu cet instant plusieurs milliers de fois depuis ce sinistre jour. Si les premières nuits avaient été traumatisantes, il s’y était fait, passant même de courtes nuits au fil des années. Cette fois la sensation était plus violente. Il lui semblait redécouvrir ces images pour la première fois. Chaque instant était décuplé et le plongeait dans une torpeur désagréable. La douleur en devint si violente qu’elle le tira de ces limbes morbides. La lumière lui agressa les yeux alors qu’il tâtonnait à côté de son lit pour chercher ses lunettes. Lorsque l’éblouissement et la fatigue s’estompèrent, il prit connaissance de son environnement et de sa compagnie. Les mots de Namue résonnèrent mais il était déboussolé.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda le Genin.

Lui qui avait toujours cet air fermé, devait afficher une mine hébétée. Jamais encore il n’avait ressenti un réveil aussi particulier. Il sentait que son corps était allé au-delà de certaines limites mais il n’avait pas souvenir d’y être allé aussi fort. Sa consommation de chakra avait été si importante ? Il se souvenait pourtant du combat d’entraînement avec son interlocutrice. Il se rappelait comment il avait commencé, son déroulé jusqu’à un trou noir complet. Il passa une lourde main sur son crâne pour ensuite venir masser ses tempes de deux doigts. Il essayait de remettre les choses dans l’ordre mais il n’arrivait pas à comprendre le lien entre son dernier souvenir et cette arrivée ici dans l’hôpital.

- C’était un Genjutsu ? Je me souviens avoir lancé un assaut sur la zone et m’être préparé à votre réplique mais c’est le vide à partir de là.

Jamais encore Tenma ne s’était exprimé autant à un ressortissant des Hommes. Lui qui s’était promis d’être de marbre face à eux, il se retrouvait totalement à la merci d’une des leurs. Bien qu’il éprouvât un peu de considération pour cette dernière, ce qui l’aidait à ne pas se renfermer encore plus sur lui-même comme il l’aurait fait face à d’autres. Mais son état le poussait cette fois à devoir mettre sa fierté de côté pour savoir ce qui lui était arrivé. Le fait de n’avoir aucun contrôle, et aucun souvenir, provoquait une certaine peur en lui qu’il avait besoin d’apaiser. Et il comptait sur la Chûnin pour l’éclairer en cet instant d’obscurité totale.

L’évocation du clan zoomorphe résonnait dans l’âme du géant. S’il était un peu perdu depuis son réveil et potentiellement irritable, il n’interrompit pas la question de la Chûnin comme il aurait aimé le faire. Non seulement par volonté de se contrôler mais aussi pour pouvoir apprendre ce qui lui était arrivé. Fermer le dialogue maintenant serait extrêmement stupide et ne l’aiderait pas. Il avait déjà un vague espoir pour qu’elle lui parle de bête enfouie en soi. Ayant simplement répondu d’un hochement de tête, l’héritier du Peuple Singe écouta attentivement la suite des propos de son interlocutrice.

Il apprit avec stupeur que la demoiselle qui se tenait face à lui avait elle aussi un lien de parenté avec la branche zoomorphe. Il s’étonna intérieurement mais brièvement. C’était ce qui devait expliquer la facilité avec laquelle le trentenaire s’était plié aux règles hiérarchiques. Il s’était plusieurs fois fait la remarque que cette kunoichi ne lui inspirait pas forcément la même aversion que le reste des Hommes. Lui qui s’était par moment inquiété de devenir trop clément, trouvait ici une raison parfaitement sensée à cette alchimie. Bien qu’un brin de jalousie se tapissait bien au fond. Lui qui avait été toutes ces années à la recherche du pouvoir de métamorphose était en train d’échanger avec un être ayant choisi de repousser cette compétence. La Vie avait tendance à être cruelle dans ses choix.

Déterminée, la Kayuri exposa deux choix possibles au géant. Celui qui l’avait poussé à rejoindre la Brume et un autre qui le fit se lever de son lit. Assez difficilement mais il parvint tout de même à se hisser sur ses deux grandes jambes. Il déplia toute sa stature, dominant largement en taille sa supérieure hiérarchique. Même si son visage avait retrouvé son stoïcisme, ses yeux étaient aussi parlants que les mots qu’il proféra d’une voix toujours aussi calme, mais non moins effrayante :

- Si quelqu’un dans ce village essaye d’anéantir ma part bestiale, j’y laisserai la vie. Je suis venu des forêts d’Hi no kuni pour pouvoir apprendre auprès du clan Yasei. Je suis le fils du chef du Peuple Singe, seul membre de ma famille à n’avoir jamais réussi la transformation. S’il y a bien une raison qui m’a poussé à me mélanger aux Hommes, c’est celle-là.

S’étant montré un peu trop optimiste sur sa capacité à tenir debout, il se contint et reprit appui sur le lit calmement. Il s’y assit avec beaucoup de tenue et entendit la remarque de Namue sur le peuple Umimori. Un semblant de fossette se creusa l’espace d’une demie seconde sur la joue du trentenaire. Il ramena son regard sur la kunoichi pour y planter ses prunelles.

- Ce n’est pas sans raison que j’avais formulé cette demande. Mais je ne peux quitter le village impunément.

Une pensée le tiraillait malgré tout et il ne put s’interdire de la verbaliser juste après avoir fini de parler.

- Pourquoi avoir choisi d’abandonner votre affiliation avec le peuple des Bêtes ? C’est un pouvoir certes dangereux mais ô combien pur.

Attentif, Tenma était pleinement concentré sur le récit de la Kayuri. Deux profils diamétralement opposés qui parvenaient à discuter. Lui qui courait après son pouvoir héréditaire et elle qui l’avait réprimé comme elle le pouvait. La Bête en elle semblait être tapie et prête à surgir dans ses moments de faiblesse. L’héritier du Peuple Singe écoutait avec attention mais ne pouvait s’empêcher d’éprouver un peu de jalousie, voir même de la rancœur. L’Animal de Namue était maintenu par des chaînes, sous prétexte de sa dangerosité. Il en allait de même pour les profanes qui s’effrayaient d’un molosse non tenu en laisse. Tenma avait beau ne pas avoir été en contact avec l’espèce canine, il respectait trop profondément la faune pour en penser du mal. Il ne devait pas exister de chiens méchants. Seulement des maîtres imbéciles.

Il se garda pourtant de faire l’amalgame avec ce que la Chûnin lui expliquait. Bien que ce petit ressentiment le traversât, il comprenait en partie ce qu’elle avait dû traverser. Lui-même avait dû souffrir pour parvenir à développer son don impur. Le décuplement du clan Akimichi était une capacité innée pour lui mais qu’il n’avait jamais pu révéler à sa famille. Le géant écoutait et son regard revint tout doucement sur les deux mains posées sur ses genoux. Ses paumes avaient commis l’irréparable. Il avait été obligé d’en arriver là pour ouvrir les yeux de son père. On ne faisait pas avancer le monde sans se salir les mains. Celles de Tenma resteraient à tout jamais maculées du sang de celle qu’il avait aimé. C’était à cause de ça qu’il avait dû cacher ce talent. Des heures d’entraînement disséminées selon ses déplacements hors de son village. Des moments fugaces où il s’était essayé à la maîtrise de quelque chose qu’il avait eu du mal à acquérir. Il se souvint des difficultés qu’il avait rencontré pour en arriver à sa maîtrise actuelle. Il se souvenait de l’atroce efficacité qu’il avait eu en serrant le cou de la jeune fille qui l’aimait.

Ainsi, il ne pouvait se permettre de juger Namue. Ses choix avaient été motivé par de nobles intentions. Ils lui avaient permis d’en arriver où elle était. Bien que la situation ne manquait pas d’ironie, Tenma ne pouvait plus se sentir offusqué de fréquenter ainsi quelqu’un qui avait renoncé au don de mère Nature. Il marqua une profonde expiration alors que son interlocutrice en revint au clan Umimori. Elle était son unique moyen d’accéder au village de ses confrères. Ils sauraient sûrement l’aider et la Kayuri ajouta qu’elle s’y rendrait sûrement pour les interroger sur la Bête qui sommeillait en elle. Les deux shinobis avaient beau présenter une certaine différence d’âge, elle n’était pas préjudiciable à la maturité de la kunoichi. Tenma avait ramené son regard sur elle. Elle parlait avec beaucoup de calme et de sérieux. Elle avait mené son équipe avec fermeté lors de leur mission et elle était encore là pour soutenir un homme perdu. Ce dernier n’en serait pas pour autant à la considérer comme une amie proche, mais sa carapace ne demandait qu’à céder face à la bonté de cette femme qui avait de quoi malmener les a priori du géant sur l’espèce humaine.

- Vous êtes étonnante, Kayuri Namue. Votre jeunesse ne freine pas votre maturité. C’est un don tout aussi important que celui de la zoomorphie. Si vous acceptez de m’accompagner, je vous en serai reconnaissant. J’espère qu’ils sauront nous éclairer sur cette compétence commune et que leur enseignement portera ses fruits.