Ce plaisir de battre le fer tant qu’il est chaud était l’une des rares choses, voire la seule, que Hideko avait hérité de son père. Assise sur sa couchette, Hideko contemplait les gantelets qu’elle tenait devant elle, dans ses mains. L’acier était marqué de toute part ; les affrontements passés avaient rudement entamé sa résistance, des réparations s’imposaient.

Les rayons du soleil commençaient à peine à traverser le voile qui recouvrait la fenêtre. Sa douce lumière ne réveilla point Aya, dont les respirations régulières raisonnèrent dans leur chambre. Hideko sourit, puis ferma les yeux, profitant de la présence de sa petite-sœur. Cette présence qu’elle avait tant désirée, pour laquelle elle s’était tant battue.
Hideko, pour l’une des premières fois de sa vie, se sentait apaisée.
Le sentiment qui l’habitait lui était difficile à concevoir, à comprendre. Jamais encore elle n’en avait fait l’expérience, n’avait pu le vivre. Aussi, la crainte de perdre cette paix à peine acquise eût tôt fait d’apparaître. Une peur qu’elle ne désirât pas ressentir et pour se faire, mieux valait-il s’occuper l’esprit.

Avant de partir Hideko laissa une note à Aya. Posé sur la table, le morceau de papier indiquait son retour d’ici le déjeuner. La porte se ferma sans un bruit. Hideko se mit en route vers la Forge, ses gantelets et jambières ballottant dans la besace qui pendait à son dos.

Quand elle s’approcha de la Forge, les visages qui défilèrent lui furent familier : ceux d’un clan qu’elle fuyait. Des visages qui la dévisagèrent, car tous la reconnurent. Hideko ne leur prêta aucune attention, continuant sa route, concentrée sur son objectif

Frantôme - feat. @Metaru Hideko

~ Kumo - Hiver 205 ~

A demie-cachée derrière un arbre, tu observais l’édifice flambant neuf de la fameuse Raffinerie à la réputation internationale de Kumo. Gardant tes distances, pour ne pas te faire repérer par la sécurité qui semblait avoir été renforcé autour du bâtiment, tu fixas ce dernier avec une certaine nostalgie qui ne te ressemblait guère. Cette forge te rappelait tant de souvenirs et plutôt chaleureux dans l’ensemble sauf le dernier qui avait marqué la fin d’une ère qui te paraissait si lointaine et qui ne remontait pas pourtant qu’à un an. Nombreux de ceux que tu avais connus à cette époque n’étaient plus de ce monde. Cela démontrait à quel point le Yuukan était cruel. La mort frappait vite et sans prévenir, surtout les shinobi.

La Raffinerie avait été reconstruite suite à un sabotage dont tu étais l’auteure. C’était ton ultime mission en tant que kohai d’Itagami. Après t’avoir sauvé d’une mort certaine de la bataille contre Rei Yamanaka lors de l’invasion de Kumo par le Teikoku, ta sensei t’avais ordonné de détruire la forge -dont elle avait la gérance à l’époque - alors que vous étiez sur le point de perdre la guerre. L’ancienne directrice de la Raffinerie ne désirait pas voir les teikokujin profiter des avantages de la forge d’où la mission qu’elle t’avait confié. Tu n’avais réussi à détruire que partiellement l’énorme bâtisse mais cela avait été suffisant pour interrompre complètement l’activité de la forge mais, rapidement, celle-ci avait été reconstruite. Fort heureusement, Kumo n’ayant été sous le joug des teikokujin que peu de temps, un an à peine, ces derniers n’avaient certainement pas pu profiter bien longtemps des avantages de la Raffinerie de Kumo.

Les yeux rivés sur la forge en pleine activité, tu te demandais si des personnes autre qu’Itagami étaient au courant du sabotage que vous aviez orchestré. Et si cet acte venait à se savoir aujourd’hui, que se passerait-il ? Serais-tu puni pour ton agissement même si c’était un ordre d’une supérieure ? Le fait d’être châtiée ne te faisait guère peur mais la curiosité te poussait à se poser la question.

Tu t’apprêtais à t’en aller lorsque la présence d’une silhouette familière t’interpella. Celle-ci se dirigeait vers la forge. Un sourire s’esquissa sur ton faciès dès que l’identité du profil se confirma. Ainsi donc cette femme était belle et bien une Metaru.

Suivant ton envie et non la raison comme d’habitude, par une pichenette tu envoyas une toile d’araignée sur la tête blonde qui marchait avec insouciance, avant de te cacher rapidement derrière l’arbre. Puis, telle une enfant, tu patientas le sourire aux lèvres, fière de ton acte pourtant bien puéril …

HRP: