Chi rentrait de garde, encore une.

« Pffff j’en ai marre de faire le planton comme un con ! »

Que faisait un soldat qui sortait d’une garde de 24h comportant une nuit sans sommeil ? Il allait dormir, mais pas Chi.

Que faisait-il alors ? Il allait s’entraîner ? Il retournait travailler ? Non, rien de tout cela. Ce serait mal le connaître.

Il était sur le chemin du retour de chez lui les bras remplis de son acquisition du matin. Viennoiseries et sucreries en tout genre dont il avait à peine la place de tenir si bien qu’il ne voyait plus ses pieds. Même s’il ne les voyait pas vraiment en temps normal à cause de son abdomen proéminant.


Au moins il n’avait pas gaspillé toute sa paie dans ce trésor culinaire. Il ne se gênait pas d’utiliser son statut de soldat pour quémander quelques restes aux artisans du coin. Il avait compris que certains avaient besoin de l’aval militaire pour exister et perdurer à leur emplacement. D’autres étaient simplement fier de ce que réalisait l’armée pour le peuple. Dans tous les cas il arrivait toujours à dégoter les invendus de la veille de façon gratuite. Pour certains ce serait un peu sec mais pour lui tout ce qui était comestible avait du goût. Le goût de la satiété était le plus important pour lui.

Mais là n’était pas le sujet. Alors qu’il marchait tout en croquant dans ce qu’il pouvait qui passait devant son nez il fit une rencontre qu’il aurait préféré éviter.

« Chi ?! Chi c’est bien toi ?? »

Chi décala sa tête et pu à peine entrevoir qui l’appelait. Mais la voix lui fit frissonner l’échine, il savait mais pendant un instant il se mentit à lui-même.

« Mais oui c’est bien toi ! Je t’ai à peine reconnu. »

Il s’approcha. Chi n’avait aucun endroit où fuir, il avait les bras chargés et sortait d’une garde sans dormir. Enfin, en théorie, car il profitait toujours pour dormir quand personne ne le regardait. Mais dans tous les cas même en pleine forme sa fuite aurait état veine.


Il avait les écarquillés, il déglutit difficilement et ne put rester que spectateur de ce qui allait lui arriver. Un sermon, forcément.

« Tu as tellement grossis depuis la dernière fois que je t’ai vu que j’ai failli ne pas te reconnaître ! Et pourtant, tu n’étais déjà pas bien svelte ! »

Mais qui était cet homme qui osait critiquer Chi et qui semblait le connaître ?

Il approchait. Son oncle Chê. La dernière personne sur qui il aurait voulu tomber à ce moment. Disons que ce dernier entretenait une relation particulière avec la malbouffe et encore plus avec ceux qui la consommaient.

Akimichi Chê – Oncle de Chi

Si lui avait pris du poids son oncle n’avait pas changé d’un poil. Toujours aussi…

« Tu as remarqué ? J’ai pris des épaules. »

… Imbu de lui-même.

« Euh… »

Le culte du corps. Voilà tout ce qui intéressait son oncle, frère de sa mère. Si bien qu’on n’aurait jamais cru avoir à faire à un Akimichi quand on était face à lui. Chi se demandait même souvent comme il pouvait utiliser les pouvoirs de leur clan vu que son corps ne possédait pas la moindre zone de gras.

Son oncle était maintenant proche. Mais les bras toujours remplis, Chi ne pouvait pas mieux l’observer.

Ce qui finit par agacer l’homme musclé.

D’un revers de la main son oncle fit virevolter presque toutes les denrées de l’Akimichi. Elles volèrent puis finir leur course par terre, toute sauf la seule viennoiserie que Chi avait pu sauver en la gardant en main. Chê attrapa fermement le gros poignet de Chi. Si sa main n’était pas assez grande pour faire le tour complet d’un si gros poignet sa poigne était assez forte pour immobiliser le bras de Chi tout en faisait déborder le gras entre les doigts de l’oncle un peu trop avenant.

« Qu’est-ce que je t’ai déjà dit à propos de ces cochonneries ?! »

L’air menaçant, il avait tiré Chi vers lui pour que leurs visages ne soient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Il grognait plus qu’il ne parlait. Chi se demanda s’il était vraiment énervé pour ce que mangeait Chi ou juste parce qu’il n’avait pas complimenté les épaules de son oncle.

De son autre main il empoigna la viennoiserie, obligeant Chi à la lâcher s’il ne voulait pas se faire broyer la main. Chê approcha la denrée de son visage et la regarda avec dégoût. Il la sera si fort qu’elle finit en miette.

« Il est grand temps de te reprendre en main mon gars. Je vais faire avec toi ce que tes parents auraient dû faire depuis bien longtemps. »

Il commença à le tirer, tenant toujours fermement son poignet d’une main. Chi commença enfin à protester.

« Euuuuuuh… Mais je sors d’une garde de 24h je suis fatigué… »

Chê se retourna, encore plus énervé.

« Tu rigoles ? Tu crois que je ne sais pas ce que font les soldats dans ton genre pendant leur garde ? Tu ne fais que dormir. Tu vas me suivre et te taire. »

Chi s’exécuta, il n’avait pas le choix. Il se retourna regardant son festin échoué sur le sol, il ne le retrouverait sans doute jamais…

La scène était d’un ridicule. Chi se faisait traîner de force par son oncle. S’il espérait que personne ne remarque cette danse qu’il se voyait imposer alors il se mettait le gros orteil dans l’œil. Les gens s’arrêtaient, se retournaient, restaient bloqués, ricanaient. La scène faisait parler.

Chi tenta de résister. Autant pour mettre fin à cette honte publique, bien que pas sa première, que pour s’enfuir loin du frère de sa mère. Et ceux qui avaient à faire à lui connaissaient sa force. Et cette fois ce n’était pas exagéré comme tous les autres talents qu’il savait si bien s’inventer. Si Chi avait réellement quelque chose, c’était bien de la force. Mais face à son oncle, elle n’était rien.

« Mais lâche moi ! »

Il pesta, alors que ses gros pieds plantés dans le sol ne faisaient que retourner la poussière sans jamais freiner son avancée. Il se demandait comment un si frêle homme pouvait avoir la force de le déplacer malgré la résistance qu’il tentait d’imposer. Car oui pour lui Chê n’était qu’un homme maigre. Que cette maigreur soit compensée par des muscles ne changeait rien pour lui. Ce n’était que de l’air, ou peut-être de l’eau, qui faisait gonfler son corps en ces formes irrégulières et pas du tout esthétiques.

« Mais tu m’emmènes où comme ça au juste ?! »

Chê ne daignait pas répondre. Il ne faisait que regarder droit devant lui et poursuivait sa course folle. Le rythme de marche était effréné. Si bien que même quand Chi arrêtait de résister au lieu d’avoir els pieds qui trainaient vers l’avant ces derniers trainaient vers l’arrière. Il ne pouvait même pas suivre la cadence de marche.

« Regarde ! »

Chê s’arrêta enfin envoyant valdinguer Chi par terre d’un revers de la main qui tenait le poignet.

« Tu n’es même pas capable de me suivre en marchant rapidement ! Et tu te crois soldat ?! »

Chi fronça les sourcils tout en caressant son poignet. Il tenta de tendre les doigts au bout de son bras de nouveau libre mais il mit du temps avant de sentir de nouveau le sang y circuler correctement.

« Mais j’ai de petites jambes ! »

Le visage de Chê se fit encore plus sévère. Il avait comme une rancœur envers Chi sans qu’il puisse dire d’où cela venait. Il le regardait avec dédain avait la mâchoire si serrée qu’on aurait dit qu’elle allait se briser.

« Mais j’ai ci, j’ai ça ! Arrête un peu tes excuses ! Tu as plus de la trentaine bordel ! Tu veux finir comme ton père assis dans son fauteuil toute la journée ?! »

La question n’attendait pas vraiment une réponse car il renchérit sans que Chi n’ait l’occasion d’intervenir.

« Il peut bien faire ce qu’il veut mais toi tu es le rejeton de ma sœur ! Et je ne permettrais pas qu’une personne partageant le même sang que moi soit un tel bon à rien. »

Chê avait toujours détestait ce bon à rien de mari de sa sœur. Mais il était obligé de faire avec et s’il se fichait bien de ce qu’il pouvait devenir ce n’était pas le cas de celui qui était son neveu. Il se mit alors à hurler.

« ALORS TU VAS ME SUIVRE ! ET TU VAS TE TAIRE ! COMPRIS ??? »

Si la scène était encore passée inaperçu pour certaisn riverains ça prit fin à ce même moment. Il cria si fort que Chi en eut mal aux oreilles. Son cerveau trembla si bien qu’il crut à un quelconque genjutsu au départ.

Il se leva, baissa les yeux. S’il avait été un chien il aurait mis sa queue entre ses jambes. Si son oncle était capable de crier de la sorte il n’avait vraiment pas envie de tester la force de ses coups. Il ne pouvait pas fuir non plus, tout ce qu’il pouvait faire était de suivre son oncle.

Chi avait remarqué que son oncle avait serré si fort ses poings qu’ils en étaient devenus blancs. Il continua à le suivre en se taisant tout le reste du trajet, par simple instinct de survi.

Ils marchèrent.

Chi suivait son oncle, cette fois sans faire d’histoire. En réalité il avait vraiment peur de se faire arracher la tête en cas de nouvelle jérémiade. Non pas qu’il savait Chê violent mais la couleur qu’avait pris ses veines sur tout son corps quand il avait crié ne donnaient aucun doute sur son niveau d’énervement. Pourquoi prenait-il tout ça tant à cœur ? Ce n’était pas ses affaires apprès tout. Chi aurait bien voulu râler à voix haute mais il su se retenir pour seulement déglutir.

Il avait faim. Il avait mal aux pieds. Il avait envie de presque mourir tellement qu’il avait aucune envie d’être ici. Et puis ne pas savoir où aller était un sentiment terrible. Qu’est-ce que pouvait bien lui vouloir son oncle. Cela allait-il prendre toute sa journée de repos ? Lui qui avait prévu tant de choses en ce jour. Comme… Manger et euh… Dormir.

« Ah… Nous voilà arrivés. »

Chi sursauta. Il était enfermé dans ses pensées, à marcher en regardant ses pieds et résigné à aller là où son oncle voulait l’amener. Le petit soldat leva les yeux, il ne pouvait toujours pas dire où il était. Devant lui s’élevait un bâtiment qui semblait désaffecté, un grand hangar d’un état extérieur qui ne donnait pas envie de découvrir l’intérieur.

« On est où ? »

Stupide aurait était le mot, comment ne pouvait-il ne toujours pas comprendre où son oncle l’avait emmené.

« Tu n’as toujours pas compris hein ? »

Bien sûr que non, la question était rhétorique. Chê ferma les yeux et baissa la tête affichant un air satisfait.

« Rentrons. Tu comprendras vite. »

Ils entrèrent.

Cette fois ça ne pouvait plus faire aucun doute. Chaleur corporelle. Sueur. Grognements. Bruits de fonte. Chê avait emmené son neveu dans son monde. Il avait osé l’emmener à la salle de sport.

« Je te souhaite la bienvenue. Au Temple. »

Lorsque les personnes à l’intérieur virent l’arrivée du binôme certains firent un signe de tête à Chê, ils le connaissaient. Quelques-uns dévisagèrent Chi, en même temps c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans ce lieu et c’était sans doute rare qu’un être de sa corpulence ose le faire. Mais il était forcé… Il avait envie de leur crier cela.

D’autres sourirent en le voyant. Un rictus plein de sens que l’homme ne pouvait pas encore comprendre. Eux savaient. Ils savaient pertinemment ce qui attendait Chi : un vrai calvaire.

Chê regarda son neveu. Lui n’avait d’yeux que pour la folie qui habitait ceux qui ne souffraient pour rien devant lui. Son oncle sourit, il allait bientôt être parmi eux. Qu’il le veuille ou non.

« Allez, on va s’y mettre. »

Le silence de Chi témoignait de sa nouvelle incompréhension. N’avait-il toujours pas compris ? Était-il idiot à ce point ? Non, il se voilait simplement la face. Mais son oncle devait s’assurer qu’il saisisse bien ce qui l’attendait dorénavant.

« On va s’entraîner. JE vais t’entraîner. »

Chi écarquilla les yeux. Non non non. Il ne voulait pas s’entraîner. Qu’est-ce que ça voulait dire d’abord. Il regarda autour de lui. Les gens transpiraient, ils souffraient. Ça se voyait sur leurs visages. Là où son oncle voyait de l’entraînement lui ne voyait que de la torture. Pourquoi s’infliger ça. Porter des charges ou réaliser certains mouvements en les répétant sans cesse tout ça pour espérer voire grossir ses muscles ou faire fondre sa graisse. Tout cela était très abstrait pour lui et lui échappait totalement.
Quelques minutes plus tard, le temps de se mettre en place et de saluer quelques personnes, la réflexion de Chê prit fin et les outils de tortures qui lui étaient destinés semblaient prêts.

« On va commencer par un petit échauffement. Le but est de chauffer tes muscles, articulations mais aussi d’habituer ton cœur à l’effort qu’il va devoir fournir. »

Chê avait pris le rôle de professeur. Il se tenait droit comme un I et donnait vie à ses paroles par des gestes des mains. Mais il savait devoir être très explicite. Après tout il présenta là un monde totalement inconnu aux oreilles de Chi.

« Le cœur est aussi un muscle. C’est lui qui permet à ton sang de se déplacer vers tes organes qui en ont besoin. Je vais vulgariser mais plus tu as besoin d’air dans tes muscles plus le sang devra pomper vite et donc fort. »

Très pédagogique contrairement à ce qu’il pourrait laisser paraître aux premiers abords. Surtout quand il se mettait à hurler en pleine rue… Il expliquait tout cela avec passion.

« C’est pour ça qu’il doit aussi être habitué à l’effort. Car sans un cœur fort un corps puissant sera bien inutile. Bref, prends cette corde. »

Mais le temps des paroles était déjà fini. Chi allait devoir passer à l’action. Et il n’était pas du tout prêt. Son oncle lui montra d’un signe de la main cette épaisse corde. Chi s’exécuta, comprenant bien que s’il osait pester de nouveau le cinéma de la rue se répéterait en boucle. Il se dit aussi, naïvement sans doute, que s’il écoutait toutes ses consignes les lubies de son oncle prendraient fin assez vite. Il avait tort.

Il prit la corde par ses extrémités, une dans chaque main. Et ce n’était que le début, d’un calvaire dont il avait peur de ne jamais voir la fin.