Dans un souffle glacial et empreint d’une mélancolie aussi douce que les doigts de la fin éternelle, une gracile silhouette encapuchonnée d’une étoffe de jais digne du manteau de la nuit elle-même avançait à travers les paysages qui revêtait la couverture du crépuscule qui prenait ses aises. La marche était aussi mélancolique que les tragédies qui avaient pris place dans un monde fantasmagorique, où moult démons de l’effroi sommeillaient en se tapissant dans les ombres.

Une voix nasillarde et goguenarde venait s’insinuer en échos chimériques dans l’esprit de la moniale d’albe et d’argent. Était-ce la culpabilité qui venait se jouer d’elle ? Ou bien le Moenomicon qui faisait encore des siennes afin de tourmenter l’esprit de la petite Yugiri ? Mystère…

Tandis que le soleil terminait sa chute abyssale et infinie, laissant l’obscurité recouvrir peu à peu les alentours, le zéphyr soufflait avec douceur sur les landes des remparts. La moniale prenait une direction qui l'amènerait vers de nouvelles et fantabuleuses aventures. En effet, sa prochaine destination était lourde de sens, car son idole, le plus grand héro du Yuukan était dans un petit village qui était par delà les vallées et les montagnes Yuukanites. Rencontrer ce singulier personnage était la vocation de l’albinos à la tenue d'ébène.

« Hum… C’est loiiiiiiiin !!! J’en ai marre ! » -dit-elle, en soupirant de désarroi-

La fatigue et la faim commencaient déjà à faire rage, alors que la jeune femme n’avait même pas encore quitté le pays où les terreurs rodaient avec effervescence.

Finalement, au bout de plusieurs longues heures à suivre les chemins de traverse, la belle et rebelle parvenait à un étrange bâtiment où il était marqué qu’il s’agissait d’une auberge.

La soirée n’était plus toute jeune, et il fallait se résoudre à faire une pause afin de se restaurer et recharger les batteries. Rentrant dans le repaire des voyageurs, la moniale découvrait alors l'intérieur avec des yeux ébahis. Moult badauds aux regards livides lampaient avec désespoir de l’alcool, tandis que d’autres roulaient sous les tables tant la passion les avait dévorés tout crus.

S'avançant vers le tavernier, la douce rêveuse se présentait.

« Bonsoir ! Je voudrais un repas et une chambre pour la nuit. » -Sortant quelques ryôs de sa bourse-

Le gérant la fixait avec un regard terne et morne, digne des membres d’un certain clan aux pratiques assez douteuses. Il sortit une clé de sous le comptoir et la posa devant la demoiselle, avant de récupérer les pièces brillantes.

« Vous avez de la chance, il reste une chambre. Pour le repas ça sera prêt dans un instant. » -voix monotone et grave-

« La chance est ma plus fidèle amie ! » -fière, le nez mutin-

« Si vous le dites… » -se fichant complètement des délires de l’albinos à l’accoutrement assez loufoque pour une voyageuse-

Regardant le panneau d’affiche qui était proche du comptoir, les yeux azurés et argenté de la monochrome s’illuminèrent avec fougue, remarquant qu’une affiche annonçait une nouvelle parfaite pour elle. Pointant du doigt la-dite feuille de papier qui était épinglée et asséchée sur le mur froid et délavé, elle demandait au tavernier de lui en dire plus.

« Il y a un système de voyage en charrette ? » -œil pétillant-

« Vous êtes de la campagne profonde vous, non ? » -répondant de manière peu conviviale- « Vous connaissez même pas la Chariote Magique ? C’est une compagnie qui propose aux voyageurs de les amener en chariotes à travers le Yuukan contre l’achat d’un ticket. C’est novateur, mais vous devriez connaître quand même… Bon c’est encore jeune, et peu développé, mais quand même…»

Accablant la pauvre Yugiri sauvage sur son inconscience, le tavernier était assez louche, mais la demoiselle aux petits poings n’en avait cure, trop contente de ne plus avoir à marcher pour atteindre son but.

« Ah mais c’est parfait. »

La fin de soirée fut gourmande, la Oryu dévorant plusieurs repas sous les regards choqués des malinois et du gérant qui n’avaient jamais vu un ventre sur patte de cette espèce.

La nuit fut réparatrice, dévoilant une Moniale aussi fraîche et explosive qu’une fleur de lotus.

Prenant la première chariote du matin qui partait vers l’horizon, tandis que l’astre tout feu tout flamme venait à peine de prendre son envol. Pionçant pendant tout le trajet ou quasiment, l’engin aux roues kaléidoscopiques traversait le Yuukan, faisant quelques haltes, laissant les voyageurs pour en prendre d’autres, et ainsi de suite, alors que la délicieuse jeune femme attendait d’arriver à sa destination, à savoir un Pays où la Roche est aussi éternelle que la nuit des temps.