L’île d’Ue était une forêt luxuriante et impressionnante de par les espèces qui la peuplaient et son climat amazonien laissant penser à ses visiteurs qu’ils venaient de mettre un pied dans un tout autre pays. Car chaque île avait en quelque sorte sa propre identité, on pouvait catégoriser celle-ci comme l’une des moins hospitalières, après l’île d’Uka et ses fameuses tempêtes mortelles pour les marins d’eau douce. Alors que l’imminence de l’épreuve des lames se fait sentir, tu observes que dans la chaloupe où tu es installé que la poignée de candidats qui t’accompagne est devenue de plus en plus silencieuse. Une légère secousse se produisit quand l’embarcation arriva à bon port. Personne pour vous accueillir si ce n’est les inquiétants cris d’animaux résonnant dans la forêt. Votre groupe commença à descendre. Parmi vous, une véritable armoire à glace aux allures de gorilles qui n’était pas sans rappeler le Gardien du Grand Dojo, il fut le premier à débarquer avec un immense espadon dont le poids pouvait facilement se deviner mais qui entre les mains de cet homme paraissait aussi léger qu’une brindille. Il jeta un regard condescendant en direction d’un des autres apprentis, qui se tenait en arrière et qui n’avait pas encore posé pied à terre. Vêtu d’une simple tunique blanc cassé et sans manche, laissant apparaître ses muscles saillants, sa longue barbe et sa coupe tressée trahissaient ses origines yukijines. Enhardi par l’appel de la gloire, l’opportunité de devenir enfin un des épéistes légendaires, il ouvrait la marche à travers l’inconnu.

A mesure que vous vous enfonciez dans la forêt, vous pouviez entendre des tambours frapper à un rythme lent, et qui vous laissait comprendre que vous n’étiez pas seuls sur cette île. Du moins pas les seuls humains. Tranchant à travers les touffes feuillues et les lianes qui enchevêtraient le chemin, le grand gaillard vous fit signe de vous arrêter lorsqu’il aperçut un groupe d’hommes en robes encapuchonnés dans une clairière, formant un cercle humain autour d’un immense sceau gravé dans la terre. Parmi ces hommes, un maître de cérémonie à la longue barbe blanche vous adressa la parole en vous invitant chacun à patienter. Tandis que le mastodonte que tu pensais parfaitement capable de réussir l’épreuve s’avançait avec confiance, plantant son immense lame au centre du sceau. A ce moment-là, les joueurs de taiko frappèrent à un rythme qui s’accéléra progressivement alors que les incantateurs formant le cercle autour de l’aspirant sabreur effectuaient des mudrâs. Une sorte d’aura surgit de l’entaille où était plantée son épée, si bien qu’elle finit par illuminer le sceau et in fine, envelopper le corps du candidat jusqu’à ce qu’il finisse par s’immobiliser complètement et devenir parfaitement silencieux. Tel une statue de pierre, ses mains solidement accrochées à la garde de son épée, les minutes défilèrent alors qu’il ne donnait plus signe de vie, jusqu’à ce que finalement, il se mette à prendre une immense inspiration comme s’il était sur le point de se noyer et de se réveiller d’un terrible cauchemar. Il s’effondra au sol avant d’être évacué en urgence par deux hommes en robe.

Les autres candidats voyant la scène ne pouvaient que se demander ce qu’il s’était passé pour que leur camarade soit dans cet état. C’était maintenant au tour de Murasaki Kai de faire son entrée et montrer qu’il avait l’étoffe d’un Sabreur.