Automne 204
Suite de ce rp

Le duo avait marché une certaine durée, moins que le temps qu'ils avaient mis à rejoindre Kohai cependant. Avant la fin de la journée, malgré leur train de marche de sénateur, ils étaient arrivés au porte du Refuge. De loin les habitations de fortune se faisaient déjà remarquer, et à côtés des bâtiments plus imposants en nombre certes très faible. De loin pouvait se voir aisément le Domaine du Firmament de loin la bâtisse la plus imposante du secteur. Le Refuge était là une zone aussi pacifiée que les villages ninjas, une zone cependant alliant à la fois pauvreté et semi-aisance. Ceux qui étaient là étaient entretenus et utilisés beaucoup à des buts précis, mais globalement ils ne manquaient pas de nourriture, ni de logement, le strict minimum pour ceux qui voulaient fuir l'oppression shinobie et se reconstruire.

Arrivé devant l'une des voies d'accès au Refuge, le Hyûga cette fois-ci n'eut nullement besoin de montrer son tatouage. Ici, il était désormais connu. Tout le monde savait qui l'avait mené ici, traîné à la fois comme un trophée de guerre et comme du bétail. Il avait été marqué d'ailleurs comme du bétail chose qui l'énervait au seul fait d'y penser. Ses formalités administratives avaient été réalisées par Fuyumi : il avait été excellemment introduit dans le milieu avec des parrains reconnus. Jetant un coup d’œil vers Musashi, le Hyûga ne put s'empêcher de penser que ce dernier à travers tout ce prolongement de personnalités aurait rapidement une réputation de forgée le temps qu'il se fasse seul une place au soleil.

_ On est arrivé. A partir d'ici, tu n'auras plus tellement l'occasion de reculer, du moins ce serait plutôt mal venu. Le Hyûga lui laissait un avertissement.

Saluant les gardes il leur annonça qu'il était tombé sur un petit nouveau qui souhaitait s'enrôler dans la faction. Il comptait l'accompagner faire les procédures. Et étant donné que le Hyûga faisait partie des ninjas composant le vivier dans lequel Tôsen à travers Rei puisait pour ses sous-lieutenants... Il va s'en dire que même en l'absence de hiérarchie, une hiérarchie naturelle avait cours. On les laissa donc passer sans plus d'emmerdements.

Se dirigeant droit vers l'endroit où l'on enregistrait les recrues le Hyûga se fit annoncer et attendit qu'on les accepte. Ce n'était que par mesure de politesse. Peut-être d'autres recrues se trouvaient-elles à l'intérieur ?

Tsume no Kuni, Automne 204.
Ningen, Refuge de l'Humanité.

Le samouraï opina de la tête.

Ainsi, ils prirent quelques provisions avant de se mettre en route pour leur prochaine destination, la dernière espérait Musashi.

Alors qu’il savourait sa pomme en chemin, l’épéiste constata un petit changement chez son ancien camarade. Il semblait en effet de bonne humeur, comme s’il avait vécu une nuit magique, à moins que ce soit autre chose ? Peut-être juste heureux de pouvoir bientôt retrouver le QG de Ningen ? Non, apparemment c’était autre chose. En effet, il finit par partager au Kazejin qu’il appréciait tout simplement cette ville. Mieux, il avait l’ambition d’en devenir son protecteur. Etrange, songea Musashi, alors qu’il opinait d’un léger signe de tête. Le Hyûga avait certainement ses raisons, en conclut-il, sans chercher à en savoir davantage...

Quoi qu’il en fût, ils finirent par s’éloigner de Kohai, s’approchant alors de plus en plus de leur nouvelle destination. Rapidement, c’était un tout nouveau paysage qui s’offrait à eux, un paysage que Musashi n’avait pas encore observer. Et à en juger par l’architecture et les fortifications qui l’entourait, tout avait l’air d’indiquer que c’était le repère ou l’un des vrais fiefs du Ningen.

Ainsi, il s’approchait de son objectif. Et comme le souligna Tsuyoshi, il ne pouvait plus faire marche arrière sans que cela soit mal interprété. Il le savait. Et il n’avait évidemment nullement l’intention de revenir sur ses pas. Pas en étant si proche du « but » …

« … Je n’ai pas parcouru tout ce chemin pour reculer maintenant. » Finit-il par glisser, d’un mince sourire.

Il salua les gardes en imitant Tsuyoshi et continua ses pas sans regarder derrière lui. Il avait désormais les pieds dans le QG, enfin, se dit-il, tandis qu’il observait attentivement les lieux. Finalement, quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent devant un immense bâtiment, où plusieurs personnes faisaient la queue…

Après une attente oscillant entre le raisonnable et l'interminable, le Hyûga et son compagnon du jour furent acceptés dans le bureau des enregistrements. Comme la fois où il s'était fait enregistrer ici, Tsuyoshi remarqua la présence du tatoueur mais aussi celle de l'homme qui prenait les informations personnelles des nouvelles recrues. Ce dernier dès qu'il posa les yeux sur Tsuyoshi, les baissa immédiatement et s'affaira à empiler des bagages présents sur ce qui lui servait de bureau. Il n'avait pas réalisé un mouvement de crainte, du moins pour qui était observateur. Non c'était plutôt du dédain. Le Hyûga, pour sa part avait capté. Sans mot dire son intérêt s'était porté sur le tatoueur. Ce dernier, comme à son habitude semblait comme absent. Enfin absent était trop dire. Si l'on avait été à l'air de la technologie, probablement que ce serait le genre de type à travailler avec un casque Beats, musique à fond et certainement cigarette à la bouche, bouteille d'alcool tout près vous voyez le genre ? Pour le coup, la bouteille de saké était proche oui et il fumait bel et bien en effet, pour le reste sa mise et sa coiffure indiquait à suffisance quel type de personnalité était la sienne : un indépendant, un de ceux qui font dans le "freestyle". Tout le contraire de l'autre qui aimait se donner des airs avec sa mise guindée. Probablement se prenait-il pour quelqu'un d'important ?

_ C'est la pause ! Avait-il lancé sèchement sans plus lever les yeux vers Tsuyoshi et Musashi.

Ce dernier se tourna vers Musashi comme pour observer sa réaction. Lui qui était de si bonne humeur risquait fortement de la perdre d'un moment à l'autre. Pour autant, il ne voulut pas un instant réagir négativement, du moins pas au premier coup.

_ Ton job te prends deux minutes... Fit remarquer le Hyûga.

_ Mais c'est l'heure de ma pause ! Répondit froidement le "fonctionnaire".

_ Et vous reprenez dans combien de temps ? Questionna t'il.

_ Dans une heure précisément. Lâcha t'il toujours sans prêter attention au duo. Il se levait de son siège d'ailleurs.

_ En ce cas pourquoi nous avoir fait appeler ? Questionna le Hyûga

_ Je n'avais pas fait attention à l'heure. Ecoutez revenez dans une heure vu ? Répondit-il toujours le plus sèchement possible.

Le tatoueur daigna lever le menton. Il semblait à la fois dépité et amusé. C'était étrange.

Alors qu'il était en train de se déplacer vers le duo afin de les dépasser et s'en aller, le Hyûga questionna à petite voix de sorte de n'être entendu que de Musashi.

_ Dans ces cas là tu réagis comment ?

Musashi avait le temps de répondre avant que ce dernier ne sorte de la pièce.

Tsume no Kuni, Automne 204.
Ningen, Refuge de l'Humanité.

Encore une étape à passer. Quoique même deux, si on tenait compte du tatoueur que les futures recrues allaient voir après s’être enregistré. Naturellement, le samouraï commençait à s’impatienter derrière la longue file d’attente, même s’il ne laissait évidemment rien transparaître. Il acceptait de jouer le jeu, de toute façon ce n’était pas comme s’il avait vraiment le choix. Il espérait cependant que ces deux étapes seraient les dernières…

Alors que son regard se focalisait sur les mouvements autour de lui, sur les interactions entre l’agent administratif, le tatoueur et les futures recrues, la file d’attente commençait petit à petit à se réduire, lentement mais sûrement. Une diversité d’individus se présentaient à tour de rôle, chacun ayant sans doute ses propres raisons pour intégrer cette nouvelle faction qui aspirait à mettre fin à l’ère des shinobis et du chakra.

Enfin, lorsque ce fut au tour du Kazejin de se présenter à l’agent administratif, ce dernier décida qu’il était l’heure de prendre sa pause. Oui, sa pause. Sérieusement ?

Bien que demeurant stoïque, même lorsque son regard croisa celui de ce type, Musashi était clairement agacé au fond de lui. Et ce d’autant plus qu’il avait perçu un certain mépris de l’agent administratif à leur égard. Est-ce que cela avait quelque avoir avec Tsuyoshi ? Peut-être. Ce serait en tout cas la seule explication rationnelle, songea l’épéiste, qui voyait quand même son ancien camarade tenter en vain de convaincre son « collègue ».

Tenté de lancer une illusion pour retenir et convaincre l’agent de revenir sur sa décision, Musashi n’en fit finalement rien. Non, il lui lança un simple regard indifférent, le visage toujours stoïque, avant de se saisir simplement de ses armes et de poser au sol, en tailleur, comme si de rien était.

« … Laissons-le prendre sa pause. C’est son droit. Une heure de plus ou de moins ne changera rien. » Finit-il par glisser.

Il ne servirait en effet à rien d’énerver quelqu’un qui ne semblait déjà pas trop les apprécié, si ce n’était d’envenimer la situation. En outre, l’agent était en position de force, car sans lui l’enregistrement ne pouvait se faire, alors aussi frustrant que cela pouvait être, autant le laisser effectuer sa pause et en finir une bonne fois pour toute quand il sera de retour, songea le samouraï...

Stoïque, finalement le Hyûga laissa faire. Il se contenta de lancer un regard noir au "fonctionnaire" mais en vain. Ce dernier n'avait même pas daigné lever les yeux vers lui, de sorte qu'il s'était déplacé jusqu'à eux et était sorti de la pièce en faisant mine de regarder ailleurs ou en regardant carrément par terre. La porte finalement claqua derrière eux et un silence s'installa. Tsuyoshi constata que Musashi s'était assis à même le sol, déposant les armes, comme en signe de reddition ou dans son cas d'impuissance tandis que le tatoueur posa les deux pieds sur une table proche de la sienne et portant ses deux mains à l'arrière de sa tête calant sa nuque le tout en adoptant un air amusé.

_ Bon... Je suppose que c'est aussi le moment pour moi de prendre ma pause ? Finit-il par dire après cinq minutes à constater l'attitude calme ou de retenue de Musashi et de Tsuyoshi.

Puis il se leva de son siège et partit en direction de la porte laissant le Hyûga et son compagnon du moment seuls dans la pièce.

_ C'est quand même hallucinant cette attitude. Une fois qu'il t'aura pris en charge, je m'occuperais de lui faire comprendre définitivement 2 ou 3 trucs. Dit froidement Tsuyoshi. A cet instant il saisit définitivement pourquoi il avait eu une attitude aussi distance et froide lorsqu'il s'était fait enregistrer. A la différence des libertés qu'il avait osé prendre aujourd'hui, contre Fuyumi il s'était plié aux ordre contre son gré et sans se prendre pour ce qu'il n'était pas.

Une heure d'attente plus tard, le tatoueur était de retour. Ponctuel, à l'heure, il rentra dans le bureau et fut plus amusé qu'étonné de ne pas y avoir retrouvé le "fonctionnaire". Il prit sa place et positionna ses deux jambes sur la table comme précédemment. Ayant bien calé son siège, il entreprit une petite sieste au bout de dix minutes d'attente après avoir lancé laconiquement :

_Réveillez-moi s'il vous plaît à son retour... Mais je serai vous, je n'y compterai pas trop. Il lui arrive souvent de prendre sa pause et de profiter pour vaquer à d'autres occupations...

_ Quoi ? S'exclama le Hyûga. Son regard se porta sur Musashi. Il était certes étonné par autant de manque de professionnalisme. Il était évident qu'ils ne se trouvaient pas dans un village ninja et qu'ici à priori l'absence de hiérarchie rimait certainement avec le manque de contrôle et donc des travailleurs qui n'en font qu'à leur tête.

_ Oh je vais me le faire ! Commença à rager Tsuyoshi.

Tsume no Kuni, Automne 204.
Ningen, Refuge de l'Humanité.

Silencieux, le samouraï méditait tranquillement en attendant le retour de l’agent censé l’enregistrer. Il ne portait aucune attention au tatoueur qui prenait ses aises, sans doute un peu trop, cherchant certainement à attirer l’attention. En tout cas, l’absence de véritable hiérarchie se faisait désormais clairement ressentir, au point que Musashi se demandait si cela ne générait pas de sérieux problème au sein du Ningen. Ou alors, malgré leurs airs arrogants et leurs attitudes un peu trop laxistes, tous les membres de la faction connaissaient leurs limites ? En réalité, peu importait…

Et voilà que désormais le tatoueur se mettait à provoquer verbalement, comme s’il tenait absolument à faire sortir les deux shinobis de leurs gonds… Evidemment, à l’exception d’un petit coup d’œil, le Kazejin ne broncha pas et demeura silencieux. Certes, certaines choses pouvaient l’agacer et l’offenser, mais il restait, comme le tatoueur et Tsuyoshi pouvait le constater, maître de lui-même. Il était en effet difficile de lui faire perdre sans sang-froid.

Le Hyûga n’eut cependant pas la même réaction, affichant clairement son agacement et promettant qu’il leur fera payer leurs sales attitudes. Chose qui fit légèrement sourire Musashi, avant de reprendre sa petite méditation.

Finalement, même après une heure passée, l’agent administratif n’avait toujours pas pointé le bout de son nez. Le tatoueur revint quant à lui de sa pause et reprit sa place, avant de leur faire comprendre qu’il n’était pas impossible que son collègue mette beaucoup plus de temps que prévu. Apparemment, il aimait rallonger ses pauses pour vaguer à d’autres occupations. Décidemment…

« Et j’imagine que vous ne pouvez pas le remplacer ? » Glissa finalement Musashi, qui avait conscience d’avoir donné au tatoueur ce qu’il voulait, à savoir : de l’attention. « Je l’atteindrais jusqu’à la fermeture. » Reprit-il, laissant la possibilité à Tsuyoshi de s’en aller s’il le souhaitait.

…

_ Chacun son travail cher ami ! Et sans son aval je ne peux rien pour vous malheureusement avait répondu le tatoueur...

Le Hyûga commençait à sérieusement regretter d'avoir laissé partir l'individu. Il s'en voulait même bien conscient que la sagesse de Musashi ne pouvait lui permettre de deviner dans quel type d'environnement ils se trouvaient et comment les gens fonctionne ici, à Tsume. Il était tout de même admiratif de ce stoïcisme du Han, de cette formidable capacité à demeurer maître de lui-même. On aurait dit un monstre froid. Il ne put s'empêcher de penser que Musashi avait tout pour lui pour devenir un dirigeant. Sera t-il le futur dirigeant de Kaze no Kuni ?

Alors qu'il s'apprêtait après 30 minutes d'attente, à proposer au Han d'aller chercher le bonhomme, le Hyûga entendit la porte des céans s'ouvrir avec fracas. Chacun des battants de la porte cogna le mur adjacent avec force le faisant trembler sourdement. Et devinez qui venait de faire son entrée ? Tadaa !!! L'être le plus incroyable du Ningen. Le gars le plus improbable du secteur. Pour sa première fois au Refuge, Tsuyoshi avait pris le bonhomme pour un kuchiyose appartenant à une espèce inconnue. Comment ? Mais par quel artifice pouvait-il être si petit et se promener avec une cuillère aussi massive ? yeux écarquillés, une grosse bouffée de chaleur et le Hyûga sentit combien il était mal à l'aise en présence de cet individu et son enthousiasme débordant.

_ Oh merde pas lui ! Se plaignit-il. Il afficha tout de suite un sourire feint qui faisait quelque part pitié.

Avec toujours ce faux sourire qui se changeaient de plus en plus en rictus puis carrément en grimace lorsque son nom fut écorché puis que le bonhomme daigna utile de présenter son postérieur mal nettoyé pour montrer sa marque d'appartenance du Ningen. Il soupira de dépit. Son nez fut assailli par une odeur nauséabonde. Il en eut des hauts le cœur.

_ Bordel de merde ! Lâcha t-il encore ne sachant si c'était à cause de l'odeur ou parce qu'il voyait clairement le bonhomme s'activer pour lui préparer un de ses plats dont lui seul en avait le secret. Le Hyûga se souvenait encore de celui de la dernière fois. Un poulet assommé. Jeté dans le bol sans être nettoyé ni étripé et comme ça malaxé avec sa cuillère de sorte à en faire de la bouillie. Autant ce Taberu était con, autant son pouvoir était grand. Incroyable !

_ Heu... Je... Il ne sut qu'elle excuse sortir cette fois-ci et ce d'autant plus que pour le coup le cuistot du Ningen avait fait attention à ne pas lui proposer du poulet.

_ Merci ! Finit-il par dire en se saisissant du bol. Puis jetant un regard à Musashi il lui lâcha :

_ Je crois qu'on nous a appelé tantôt. Oui avant que Taberu nous rejoigne. On doit y aller non ? Allez ! Fit-il en forçant quelque peu le Han à le suivre. Oh ce dernier était libre de rester et potentiellement de devoir subir la compagnie du Taberu, à moins que ce dernier n'ait lui-même d'autres activités à régler.

Pour sa part, le Hyûga sortit des lieux et faisant à gaffe à ne pas se faire remarquer du Taberu, il jeta la mixture dans une plante assez touffue pour masquer un tant soit peu sa forfaiture. Il se créa un double qui sut qu'il avait été laissé là pour l'avertir éventuellement du retour du "fonctionnaire". Puis il s'en alla en prenant une direction au hasard. Tiens pourquoi pas visiter les bâtiments du coin en priorité ? Tiens ! La salle de soin du coin !

Spoiler:

Tsume no Kuni, Automne 204.
Ningen, Refuge de l'Humanité.

Le samouraï hocha de la tête.

Il prenait son mal en patience. C’était de toute façon tout ce qu’il pouvait faire s’il souhaitait aller au bout de ses projets...

Quelques instants plus tard, alors qu’il était plongé dans une légère méditation, la porte derrière lui claqua violemment venant ainsi brusquement l’extirper de ses songes. Il roula naturellement des yeux pour tenter de mettre un regard la personne qui venait de faire irruption dans la salle, en vain. Il se résolut alors à tourner légèrement la tête, posant enfin son regard sur l’étrange énergumène qui se tenait devant la porte. S’il ne comprit rien aux premiers mots prononcés par l’invité surprise, il saisit rapidement que Tsuyoshi et lui se connaissait.

Alors que quelques questions lui traversaient l’esprit au sujet de cet individu étrange et difforme, portant une cuillère presque plus grande que sa taille, le concerné se rapprocha et vint se présenter à lui. Taberu, tel était son nom. Il lui demande ensuite s’il était là pour se faire tatouer, avant de partager que lui aussi avait un tatouage. Il aurait pu s’arrêter à là, mais non… il se retourna et présenta son postérieur pour montrer son fameux tatouage. Pourquoi aller foutre son tatouage aussi loin ? Et bon sang, c’est qui ce type ? Quelle est cette créature ? Le Kazejin en avait vu des types chelou et pas net, mais celui-ci était à un autre niveau…

« Musashi. Enchanté. » Finit-il par rétorquer

Le type n’avait pas l’air d’être méchant, tout le contraire même, mais voilà qu’il se mettait à raconter sa vie. Décidemment, un enfer cet endroit, rien à voir avec la tranquillité de Kaze, c’était le moins qu’on puisse.

Ainsi, Musashi finit par tout simplement ignorer le petit énergumène qui avait l’air bien excité à son goût. Alors qu’il vaguait à ses pensées, il entendait Taberu faire tout un remue-ménage, avant de revenir devant eux pour leur offrir un plat. Quelle délicate attention. Cependant, vu la vitesse avec laquelle il avait concocté le truc, ce qu’il devait être soit un sacré cuisiner, ou alors…

« Non, merci. » Déclina finalement Musashi, avant de jeter un bref coup d’œil vers Tsuyoshi qui tirait une drôle de tronche.

Si le Samouraï était connu pour être maître de ses émotions, du moins en apparence, il était cependant encore loin d’être parfaitement maitre de son corps, surtout lorsque celui-ci manquait des choses essentielles pour bien fonctionner.
En effet, à peine avait-il décliner l'offre de Taberu que son ventre se mit à crier famine, si fort que cela n’eût probablement pas échappé au cuisiner.

Quelque peu ennuyé, il se résolut à revenir sur sa décision.

« Juste un petit peu alors. Merci. » Reprit-il donc, avant de se saisir du plat et de suivre Tsuyoshi.

Si son ancien camarade se précipita pour jeter le met dès lors que le cuisiner avait le dos tourné, Musashi lui le dégusta, malgré un petit moment d’hésitation. Il fallait dire qu’il avait mangé des choses bien moins appétissant et comestibles au royaume des vautours, alors ce n’était pas ce plat, aussi étrange soit-il, qu’il allait le tuer. Ainsi donc, il honora l’effort du cuisiner. Il ne l’aurait jamais pris pour le jeter, ce serait en effet faire preuve de « méchanceté » et d’hypocrisie, pas vrai ?

« Ce n’est pas aussi mauvais qu’on pourrait le croire… » Glissa -t-il à l’égard de Tsuyoshi. « Bon, sinon tu n’as pas moyen d’accélérer le processus ? Je ne suis pas venu ici pour courir derrière des agents incompétents qui prennent malin plaisir à se jouer de moi. » Reprit-il, l’air légèrement grave, affichant donc pour la première fois son agacement.

…

Le Hyûga fut tout simplement surpris de voir Musashi porter à sa bouche l'espèce de ragout qu'on lui avait proposé. Figé, les yeux grandissant au fur et à mesure que le Han portait à sa bouche ledit plat, Tsuyoshi ne put s'empêcher de laisser son visage exprimer clairement son incompréhension et son dégoût. Alors non, il n'empêcha pas Musashi de manger. Ce dernier avait peut être quelques capacités qu'il ignorait. Peut-être avait-il un ventre en béton armé ou encore peut-être avait-il déjà mangé les choses les plus inimaginables ? Bien loin évidemment de ce qu'avait pu consommer un Hyûga certes élevé à la dure, mais un noble quand même.

_ Ah ouais ? Eh ben tu vas finir par être son meilleur ami en ce cas... Dit- alors le Hyûga l'air désolé pour Musashi. Chacun cependant était libre de ses choix et de ses actes.

_ Accélérer les choses ? J'y compte bien ! Mais il va falloir d'abord le trouver... Dit-il. Il marqua une courte pause comme s'il réfléchissait à quelque chose. Puis il finit par se retourner vers Musashi et lui dire :

_ Attends moi une seconde je dois pisser un coup ! Puis il courut vers un arbre au tronc massif non loin, derrière un bâtiment. Là, dos au Han, il sortit son engin et se mit à pisser à petites doses tandis que son Byakuan était activé discrètement et à l'oeuvre.

Rapidement il scanna les environs, tandis que les gouttelettes d'urines commençaient à se faire rare et que la terre au pied de l'arbre dont le tronc venait d'être humidifié, absorbait les restants d'urine. Deux minutes plus tard, il revint vers Musashi Byakugan désactivé bien entendu.

_ Bon... On va tenter de le chercher dans les bâtiments environnant. Faut croiser les doigts et espérer qu'il soit là sinon c'est mal parti...

Il parti donc avec Musashi en direction de ce qui servait de bâtiment de santé en ce lieu. C'était là qu'il avait vu le médecin qui l'avait soigné lorsqu'il était arrivé ici la première fois. Ils entrèrent en ce lieu et après questions ils comprirent assez vite que celui qu'ils cherchaient n'était pas là. Ils sortir donc et partirent vers le bâtiment suivant toujours à la recherche du "fonctionnaire".

Ce n'est qu'au quatrième bâtiment, celui proche de celui qui servait de cantine, qu'ils trouvèrent leur homme. Ce dernier, journal à la main, attendait visiblement les résultats de la course hippique s'étant déroulée au matin. A priori il avait sûrement placé ses billes et attendait de savoir s'il avait pu obtenir quelques gains suite à son placement.

_ Ahem ! Il me semble que l'heure de pause est terminée depuis... Facile une heure ! Dit Tsuyoshi agacé, le regard mauvais ?

Le fonctionnaire leva la tête avec nonchalance puis jaugea le duo et leur lâcha aimablement :

_ Ah oui ? Attendez-moi à mon bureau. Je finis ici et j'arrive ! Vous voulez bien ? Merci ! Puis il s'intéressa à nouveau à son journal.

Tsuyoshi l'empoigna par le col de son vêtement et sans plus de bavardages le traîna par le sol et direction de son lieu de travail.

Tsume no Kuni, Automne 204.
Ningen, Refuge de l'Humanité.

Son meilleur ami ? Il ne manquerait plus que ça, songea Musashi.

L’époque où il se liait d’amitié avec n’importe qui était en effet loin derrière lui. La seule chose qui pourrait peut-être le rapprocher du cuisiner étrange ou de tout autre membre du Ningen serait qu’ils partagent un intérêt commun. Pour l’heure, difficile à dire, même concernant Tsuyoshi, mais nulle doute qu’avec le temps les choses se préciseront davantage.

Bref. Il était temps d’accélérer les choses, de trouver ce fichu agent administratif pour finaliser le ralliement de l’épéiste. Chose que le Hyûga comptait bien faire, mais il fit contre toute attente attendre encore son ancien camarade, lui confiant qu’il avait en effet une soudaine envie d’uriner. Et il ne perdit pas de temps pour aller se soulager derrière un arbre, à quelques mètres de Musashi.

N’ayant manifestement pas trop le choix, il attendait donc que Tsuyoshi reviennent, avant de se mettre à chercher le « fonctionnaire », qui devait surement se la couler douce quelque part au sein du QG.

Le premier lieu qu’ils inspectèrent fut l’hôpital du Ningen, dont ils fouillèrent de fond en combe sans trouver leur cible. Ils s’enfoncèrent alors davantage dans le QG, inspectant deux autres bâtiments, toujours en vain. Enfin, le quatrième lieu fut finalement la bonne ; ils trouvèrent en effet le « fonctionnaire », qui, comme l’imaginait Musashi, était en train de prendre du bon temps sur son heure de travail.

Alors que Tsuyoshi lui fit savoir qu’il était temps de retourner à son poste de travail, le gars ne trouva rien d’autre à lui répondre que de les renvoyer vers son bureau, notamment en leur disant qu’il reviendra quand il aura fini. Culotté, c’était le moins qu’on puisse dire.

Agrippé par le col, l’agent se fit finalement trainer de force par le Hyûga jusqu’à son lieu de travail. Allaient-ils enfin pouvoir mettre fin à cette mascarade ?

Malgré les protestations du "fonctionnaire" Tsuyoshi décidé le traînait au sol sans lui laisser la moindre possibilité de se défaire de l'étreinte autour du cou. La méthode forte : l'utilisation de la force pure et simple. Il se fit traîner jusqu'à son bureau dont la porte se fit ouvrir à nouveau avec fracas. Et là, devant le tatoueur il se fit jeter sans autre forme de procès au sol. Là, humilié, les habits totalement salis, le bonhomme était entré dans une colère noire. Sans prendre en compte ses états d'âmes, le Hyûga rugit et lui dicta ce qu'il attendait de lui :

_ Tu vas faire ton travail surtout quand j'apparais devant toi autrement... Le Hyûga se rapprocha du bonhomme qui se traînait au sol en reculant vers son bureau bras droit tendu vers le Hyûga comme pour lui dire de ne rien lui faire.

Pour autant, Tsuyoshi était bien conscient d'une chose : il devait se faire respecter. Son intuition lui avait soufflé que ce petit bureaucrate craignait l'Initiatrice possiblement parce qu'il avait eu écho de sa puissance ou qu'il y avait tout simplement assisté. Il savait également qu'elle était capable de tout.

Pendant un instant, il voulut lui fracasser un membre, puis il se ravisa au dernier moment se rappelant de certains détails qui à l'avenir pourraient se retourner contre lui. Il le fixa des yeux et lui fit saisir combien il n'appréciait pas d'être tourné en bourrique.

_ Ce que j'attends de toi c'est que tu fasses ton travail. Que tu acceptes ou rejettes les futures recrues, cela te regarde ton chef et toi. Mais que tu te foutes de ma gueule... Oh ça... Je ne le permettrai pas ! Nous sommes nous bien compris ? Questionna le Hyûga froidement.

_ Ou... Oui ! Entendu ! Dit-il le regard indiquant combien il était perturbé.

Tsuyoshi le tint en respect encore un moment en demeurant dans sa posture d'intimidation avant de reculer et d'observer la suite des échanges entre lui et le Han.

Le "fonctionnaire" se leva et avec honte regagna sa place ses habits déchirés en partie et en tous cas totalement salis. Il remit en place ses affaires et s'étant saisi d'une plume se prépara éventuellement à enregistrer Musashi après avoir jeté un œil vers Tsuyoshi.

_ Nom, prénom, d'où tu vous venez et la raison de votre présence ? Demanda t'il en levant les yeux vers Musashi.

Derrière le tatoueur se délectait de la scène toujours affalé sur son siège et les pieds sur la table de son bureau. Sa posture indiquait à suffisance qu'il ne respectait pas beaucoup son collègue, mais s’accommodait de ses faits et gestes tout comme ce dernier en faisait probablement avec lui. Entre eux, à priori,un statut quo s'était mis en place peut-être par la force des poings...

Une fois que Musashi en aurait fini avec le bureaucrate chargé des enregistrements, à moins qu'il réponde des choses pouvant amener à un refus courageux du bonhomme, il serait accepté. Automatiquement, il serait alors invité par le tatoueur qui lui demanderait alors où il souhaitait se faire tatouer. La procédure normale en somme.

Tsume no Kuni, Automne 204.
Ningen, Refuge de l'Humanité.

Trainé et jeté comme un malpropre, l’agent du Ningen semblait fou furieux, du moins jusqu’à ce qu’il subisse les foudres de l’Hyûga. Il eut en effet droit à un Tsuyoshi ferme et autoritaire, si bien qu’il se fit rapidement tout petit, craignant très certainement que le possesseur du Byakugan en vienne aux poings.

Le tatoueur s’amusait quant à lui de la situation, tandis que Musashi appréciait voir son ancien collègue prendre les choses en main. Il lui donnait entièrement raison, puisque ce type n’avait pas cessé de se moquer d’eux. En l’occurrence, si le respect ne coulait pas de source, il fallait parfois s’avoir le forcer, comme l’avait si bien fait Tsuyoshi.

L’agent finit donc par se soumettre aux instructions de l’Hyûga, prouvant ainsi aux yeux du Kazejin qu’il n’était qu’une vermine, un type pitoyable qui avait tendance à oublier sa véritable place. Au moins, le bon côté des choses, ce qu’il ne risquait plus de se donner des grands airs devant le duo.

Il alla enfin prendre sa place derrière le comptoir, désormais prêt à enregistrer le samouraï. Ce dernier s’avança naturellement et lui fournit les informations qu’il avait demandé sans tourner autour du pot.

« Suishô Musashi. Je suis originaire du pays du vent. Je viens répondre à l’appel de Sakaze Tôsen. Je viens mettre ma force au service du Ningen. » Fit-il, simplement.

Pas besoin de surjouer.

L’agent consigna donc les renseignements dans son registre avant de le rediriger vers le tatoueur, qui se préparait à l’accueillir.

Alors qu’il s’approchait du tatoueur, Musashi réalisa discrètement un mudrâ à l’aide de deux doigts, désagrégeant et dissipant ainsi l’armure qui lui collait à la peau. Il déboutonna ensuite sa longue veste et retira son bras gauche de sa manche, l’exposant ainsi au tatoueur.

« … Vous pouvez y aller. » Glissa -t-il, prêt à se faire tatouer le symbole du Ningen sur l’épaule.

Le Hyûga avait suivi toute la scène sans plus intervenir. Son objectif n'était pas de faire enregistrer coûte que coûte Musashi, quand bien même cela pouvait apparaître comme tel au regard de son attitude. Il ne faisait qu'aider un ancien collègue iwajin à intégrer "l'armée mexicaine". Bientôt d'ailleurs viendrait une formule heureuse de ce style concernant le Ningen : l'armée ningenienne, comme pour faire office d'une armée où règne la cacophonie. Il ne fallait pas trop s'y tromper, sans hiérarchie forte et claire, forcément viendrait un jour où cette structuration de la faction porterait préjudice à tout ce beau monde de la liberté. Mais bon, presque comme chaque membre du Ningen... Il s'en foutait un peu beaucoup.

Musashi s'était finalement fait enregistrer puis, il s'était fait inviter par le tatoueur qui déjà s'activait à réaliser son oeuvre d'art à l'endroit indiqué par le Han. Ce dernier avait choisi l'épaule. Un endroit bien pensé où il n'aurait pas tellement de difficultés tant à cacher éventuellement la marque, qu'à la présenter au besoin. Le meilleur endroit demeurait certainement l'avant bras cela dit, ou alors carrément le visage, mais à bien des égards ce serait abusé. Attendant qu'il ait terminé, le Hyûga laissa le Han se lever et venir vers lui pour lui tendre le bras et une main qui l'invitait à une salutation.

_ Bon bah nous sommes à nouveau frères d'armes Musashi. Bienvenue au Ningen ! Dit-il sourire aux lèvres.

S'étant retourné, il sortit de la bâtisse et invita Musashi à en faire de même. Si ce dernier était d'accord de le suivre il l'emmènerait jusqu'à la caserne le seul endroit où il avait pu trouver, lui, un lit et un casier bien à lui. Ici, avoir sa propre maison, à moins de la construire, était à son sens utopique. Peut-être se trompait-il. Peut-etre que certains étaient bien logés, à l'écart, dans leur chez eux. Pour Tsuyoshi en tous cas c'était différent.

A la caserne, il le présenta aux gérants des chambres qui lui en désignèrent une d'office. Le laissant aux mains des gérants, le Hyûga prit congé et parti vaquer à ses occupations.