"Que cette porte vacille là où mes pas ne sauraient rester, ici réside le nouvel embrasement du Feu, à la résignation de l'éteignoir qui voulait l'assujettir."

Sous l'égide de la paix, jamais le guerrier sanguinaire ne voudrait y courber son échine. Dans ce vaste terrain où se mêlaient envahisseurs comme pacifistes, la scission ne pouvait que se perpétrer lorsque les intentions se divisaient dans leurs desseins les plus profonds. Au sein d'Urahi, les clans avaient dépassé le simple compte des Trois Majeurs qui nuançaient inlassablement la politique intrinsèque de l'Empire. A leur place se sectionnaient les envahisseurs des suffisants comme les combattants des pacifiques, mais si certains défendaient l'idée que le Sendai représentait une juste relève de la philosophie de Yamanaka Rei, la majorité écrasante était dominante : le passé avec la Foudre se voulait encore trop houleux, et l'Empire ne réservait aucune place à ceux qui le morcelaient.

La conclusion se voulait alors aussi logique qu'attendue, visible par son balluchon et par les multiples affiches qui reposeraient bientôt sur les murs des habitations d'Urahi : le Deuxième n'était plus, et de sa lente marche qui foulaient les dalles noircies par la sombreur de la nuit, il faisait comprendre sa détermination à l'idée de régler ce qui devait l'être, d'unifier ce qui devait être unifié.

Mais une voix perça le calme qui régnait dans cette ruelle principale, dont l'absence de toute trace de vie démontrait l'importance du repos après l'effort. Quelques gardes grouillaient dans les ruelles, mouvement constant et habituel de toute sécurité qui se voulait digne de confiance, mais évidemment aucun n'osa déposer son attention sur les quelques balades étranges de celui qui les gouvernait encore. Après tout, que la légitimité de celui qui prenait cette place soit discutée ou non, nul ne pouvait enfreindre la hiérarchie. Le rôle d'Empereur était absolu.

Hideto n'était de ceux-là.

Perçu comme la voix qui tranchait l'imperméable là où tous auraient préféré garder le silence, le Devancier ne comptait lui reprocher sa démarche. Elle était innocente, simplette comme elle était bienveillante, assurée comme elle était curieuse. Sa silhouette cessa sa progression et seuls ses yeux s'osaient à défier l'immobilisme pour venir rencontrer ses prunelles. Ses iris, ils affichèrent un soupçon de désintérêt comme une once de curiosité. Était-ce un appel à la plaidoirie, une occasion cathartique de vider un sac bien plus empli que celui qui pendait au bout de ce bâton qu'il entretenait de ses mains ?

Jusqu'où pourrait-il avouer ?


-"Soldat Hideto, n'est-ce pas ?"

De sa question rhétorique, il n'en venait qu'une intention poétique de rebondir sur le charme qu'il peignait de ses mots.

-"Un récit dramatique ?"

Son sourire fêla l'amertume, côtoya l'embarras.


-"Profitez plutôt de la vue. Par mon départ, nous nous apprêtons à voir un Empire redevenir plus uni que jamais."

Il ne mouftait pas, il ne fit que lever ses pupilles au ciel, profitant du spectacle lumineux que lui offraient les étoiles avant qu'il ne s'enfonce dans un nouvel enfer.

L'enfer de la traque et du vagabondage.