Après les événements du sommet, son départ précipité, puis la rencontre avec Musashi, il restait une chose que le Kazejin souhaitait faire avant de rentrer à Kumo. Ce n'était pas ce type de fin qu'il avait attendu de cette réunion internationale pourtant, il ne s'avouait pas vaincu et entendait bien profiter de cette occasion pour en savoir plus sur les îles de l'autre côté de la mer et ses habitants. C'est ainsi que Sharrkan changea de chemin pour rejoindre la Baie de Jade, se postant en sentinelle pour attendre les Kirijins ; espérant ne pas les avoir déjà ratés.

Ayant caché son bandeau Kumojin, l'argenté se faisait passer pour un simple voyageur, malgré son style plutôt flamboyant et typiquement Kazejin. S'il n'était pas franchement fan de devoir porter cet accessoire si terne en temps normal, Sharrkan ne jugeait pas utile de l'afficher aux yeux de tous dans un pays où beaucoup le considéreraient encore comme un ennemi ; pour pouvoir apprécier la culture locale, il n'était pas conseillé d'accrocher une cible dans son dos.

Le nomade entra dans une taverne dominant le port, offrant une vue dégagée sur les passagers souhaitant acheter une traversée en bateau. Maintenant, il ne lui restait qu'à attendre, ses sens félins et sa sensorialité aux aguets.

Beaucoup de civils entraient au port, ainsi que quelques soldats du Feu, mais personne pour l'instant qui ne pouvait rivaliser avec la puissance des trois Kirijins... du moins, jusqu'à ce qu'une nouvelle source alerte ses radars. Une signature chakratique qu'il ne reconnaissait pas, mais au moins aussi conséquente que la sienne.

Avec curiosité, il observa une femme entrer dans la taverne - dont l'apparence détonnait autant que l'assurance qu'elle dégageait. Une haute dignitaire de l'Empire, peut-être ? Mais le Kazejin se détourna rapidement de la nouvelle arrivée, reprenant son poste à la surveillance du port.

Pourtant... Sharrkan pouvait bien prendre du temps pour relâcher légèrement la pression. Et, qui sait ; peut-être apprendre quelques secrets de l'Empire au passage. Il laissa le temps à l'inconnue le temps de s'installer puis, après quelques minutes, le Kazejin tenta sa chance.

« Madame. »

Il s'avança, un sourire poli sur le visage, puis s'inclina.

« Accepteriez-vous la compagnie d'un voyageur esseulé ? »

Avenant, Sharrkan savait s'y prendre avec les mots - mais il lui arrivait parfois de rencontrer des personnes qui y étaient totalement insensibles.

« C'est la première fois que je visite les terres du Feu. Peut-être pourriez-vous me conseiller ? »

@Gentoku M. Yamiko

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~ Hi - Automne 204 ~

Tes recherches infructueuses de Jun Joo avaient fini par te mener dans la Baie de Jade.

S’arrêtant un instant au sommet d’une montée, ton regard placide fixa l’horizon en contre-bas. Le lieu méritait bien d’être qualifié de magnifique et pourtant cette sublime vue d’une eau paisible et scintillante qui s’étendait à l’infini ne parvenait point à émouvoir ton cœur d’acier.

Rapidement, tu avais détourné les yeux de la mer pour se concentrer sur le port où des hommes s’affairaient. Des civils mais aussi quelques soldats de l’Empire. Ces derniers étaient la raison de ta présence en ce lieu. Ne souhaitant pas se rendre à Urahi, tu espérais pouvoir récolter des informations sur Jun à cet endroit. Savoir la situation actuelle de la jeune ronin était ta priorité. En fonction de ce que tu apprendras sur elle, tu aviseras pour la suite. Si tu parvenais à rencontrer un soldat digne de confiance ici, tu lui confierais certainement une lettre à l'attention de ta “ petite sœur de cœur ” que tu avais décidé de retrouver.

En quelques minutes, tu foulais le port de tes hauts talons. Il paraissait loin l’époque où tu marchais pieds nus. Vu l’aisance dont tu faisais preuve dans tes démarches, on pourrait croire que tu avais toujours porté des chaussures hautes et pourtant, tu avais dompté ces accessoires qu’après avoir abandonné kumo. Habituée à marcher pieds nus depuis ton adolescence, plusieurs heures d’entrainement t’avaient été nécessaires pour parvenir à marcher correctement avec des talons. Aujourd’hui, quelques mois plus tard, tu arrivais même à te battre avec et avec aisance. Tu prenais même un plaisir malsain à les utiliser comme armes d’humiliation, en écrasant la fierté de tes ennemis avec.

Des regards se tournaient sur ton passage. Une scène à laquelle tu étais habituée depuis belle lurette que tu n’y prêtas donc la moindre attention.

Tes pas assurés te menèrent jusqu’à la taverne du port. A peine avais-tu franchi le seuil de l’établissement que ton regard violacé se posa sur un jeune homme au teint hâlé et arborant une allure plutôt exotique qui le faisait sortir du lot. Et pourtant, ce n’était pas son apparence qui t’intriguait mais plutôt la forte énergie qu’il dégageait.

A ton arrivée à la Baie de Jade, tu avais activé une technique de détection de chakra dans le but d’identifier des soldats du Feu les plus puissants présents en ce lieu. Ceux plus à même de te fournir des informations sur la soldate Jun. Le jouvenceau à la peau caramélisée ne semblait pas être un soldat de l’Empire. Avec une telle puissance chakratique, il ne pouvait non plus être un simple civil alors il ne restait qu’une possibilité : un shinobi. Un mercenaire certainement. Il était donc préférable pour toi de ne pas l’approcher. Non pas par crainte mais tu ne désirais pas déclencher une quelconque hostilité tant que tu étais dans ce pays. Cela pourrait compliquer tes affaires.

Tu t’installas à la taverne de sorte à pouvoir suivre les activités sur le quai. Mais, à peine venais-tu de commander à boire que le supposé mercenaire vint à ta rencontre. Malgré ton souhait de ne pas rentrer en contact avec lui au début, tu accueillis pourtant celui-ci avec le sourire. De toute manière, ton instinct t’avait susurré qu’il viendrait à toi s'il t’avait identifié comme étant une kunoïchi. Tes expériences t’avaient inculqué qu'il en était ainsi lorsque deux shinobi venaient à se croiser dans un lieu loin de chez eux. C’était comme si la présence d’un semblable leur manquait au point qu’ils cherchaient à se rapprocher même si la rencontre pourrait mal se terminer.

“ Je vous en prie, fis-tu tout en invitant le jeune homme à s’installer à une place libre à tes côtés. Au risque de vous décevoir, tout comme vous, je ne suis qu’une simple touriste. Tu pris le temps d’analyser ton nouveau voisin, plongeant sans défiance ton regard dans le sien avant de poursuivre sereinement. Puis-je vous demander d’où venez-vous ? ”

Tu étais consciente que la question te serait certainement retournée mais, bien que tu connusses l’animosité des hijin envers les kaminarijin, surtout des kumojin, tu n’avais pas peur de révéler ton identité et ta provenance. Et puis, si l’inconnu foulait, comme il prétendait, les terres du Feu pour la première fois, il n’était donc probablement pas un hijin …

Sa présence acceptée par l'inconnue, l'argenté tira la chaise libre en face de la dame et s'installa. Pourtant, elle n'était pas ce qu'il aurait pu imaginer, et, tout comme lui, n'était qu'une étrangère dans ce pays. Délaissant son sourire poli, Sharrkan laissa apparaître un sourire franc, échappant un léger rire.

« Ah, j'aurais dû m'en douter. »

Il se pencha vers la dame, soutenant son regard intense, puis lui murmura :

« De ce que j'ai pu observer, la plupart des gens d'ici sont plutôt... fades. »

Le Kazejin se redressa, reposant son dos contre le dossier de la chaise, avant de héler le tavernier.

« Je prendrais la même chose que madame, s'il vous plaît. »

Des ryôs apparurent comme par magie entre les doigts du jeune homme, qui joua avec quelques instants de manière distraite pendant que le barman posait leurs commandes devant eux. Sharrkan paya ensuite pour les deux consommations, indiquant d'un sourire à l'aubergiste qu'il pouvait garder la monnaie.

Il leva son verre vers la dame.

« Alors... à nos aventures respectives. »

Après les premières gorgées avalées, la conversation se porta naturellement sur leurs origines, en tout cas sur celle de Sharrkan en premier. C'était évidemment la première question à poser. Reprenant un air joueur, l'argenté répondit :

« Je viens de ce que je considère arrogamment comme le plus beau pays du Yuukan : Kaze no Kuni. »

Il lâcha un léger rire, puis expliqua.

« Je reconnais que cette Baie est magnifique, mais ce paysage ne me procure pas cette sensation qui me coupe le souffle lorsque je regarde le coucher de soleil sur les dunes parées d'or. »

Son regard se perdit un court instant dans le vide, comme nostalgique. Il avait été si près de Kaze quelques heures auparavant, assez près pour plonger ses mains dans le sable brûlant ; avant de se résigner et de faire demi-tour. Son regard émeraude se concentra à nouveau sur la dame.

« Puis-je me permettre de vous retourner la question ? A moins qu'il ne soit plus divertissant que je tente de deviner ? »

L'argenté se rapprocha légèrement, plongeant dans les yeux violines de l'inconnue. Il y resta accroché pendant de longues secondes, comme tentant de trouver les vérités qui se trouvaient derrière les deux améthystes.

« Mhmm... On élimine donc Hi. J'éliminerais aussi Yuki, Tsuchi, Hayashi... juste par intuition. Je serai presque tenté de dire Kaze, mais je crains que le soleil brûlant aurait eu raison de votre peau d'albâtre. »

Sans la quitter des yeux, Sharrkan continua son jeu de devinettes.

« Vous dégagez une certaine stature, mais également quelque chose de peut-être... dangereux. Ma première hypothèse serait donc... Tetsu no Kuni. »

Un sourire malicieux glissa sur son visage alors que le Kazejin avala une nouvelle gorgée de sa boisson.

« J'ai trouvé ? »

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~ Hi - Automne 204 ~

Au compliment implicitement formulé par l’inconnu, tu répondis par un demi-sourire. Tu étais habituée aux éloges sur ton apparence mais les entendre t’arrachait toujours un sourire amusé.

Lorsque l’éphèbe à la peau hâlée s’amusa avec des ryos qu’il avait fait apparaître comme par magie entre ses doigts, tu te contentas de le regarder en silence, cherchant à savoir quel genre d’homme était-il et surtout que te voulait-il ? La plupart du temps, il était aisé de savoir ce que les hommes qui t’approchaient cherchaient à obtenir de ta personne mais tu doutais que cet étranger était de ces genres-là. De prime à bord, tu le classais comme un enjôleur mais ton instinct te murmurait qu’il était bien plus que ça.

Tu levas ton verre à l’invitation de ton compagnon de boisson inopiné. Même une solitaire comme toi, appréciais de boire en agréable compagnie.

«  - Un véritable patriote trouvera toujours son pays comme étant le plus beau des tous, lâchas-tu sur un ton empreint de nostalgie après avoir descendu quelques gorgées de ton breuvage. Et, merci pour la boisson, ajoutas-tu ensuite avec ravissement. »

Le jouvenceau à la peau brunie se présentait comme en étant un kazejin et, appréciant fortement son pays semblait-il. Il était certainement comme toi : fidèle à sa patrie même en étant éloigné de celle-ci. Tu avais beau ne plus servir Kumo, jamais tu ne trahiras Kaminari. Était-ce sans doute à cause de ton attachement envers ton pays d’origine que tu ne te verrais jamais vivre ailleurs, même après avoir quitté le Village Caché des Nuages.

Tu ne lâchais pas ton compagnon de buverie du regard alors que celui-ci tentait à présent de deviner ton origine. La provenance du jeune argenté pourrait expliquer la teinte de sa peau même si elle n’était pas typique à sa seule nation. En effet, même à Kumo, tu avais rencontré des êtres arborant cette couleur d’épiderme que tu trouvais plutôt attrayante. Shiro, un de tes anciens élèves et amant, arborait la même apparence. Voir le kazejin te rappela d’ailleurs ton ancien sigisbée même si, à part la couleur de la peau, ils semblaient n’avoir rien en commun.

«  - Vous avez perdu mon cher  ! Fis-tu calmement avant de descendre de nouveau quelques gorgées de ton alcool. Laissez-moi donc vous donner un indice ! Poursuivis-tu tout en reposant en douceur ton verre sur la table. »

Sans même attendre l’accord du kazejin, discrètement tu effectuas quelques signes avant de garder un bref instant la main droite fermée. Tu ouvris ensuite cette dernière pour révéler à l’argenté une boule métallique parfaitement lisse logée au creux de ta paume.

Gardant la main ouverte et tendue vers ton compagnon de table, tu lui demandais du regard s’il avait réussi à deviner ta provenance ...

Perdu, donc : l’inconnue ne venait pas du Pays du Fer, son premier choix. Sharrkan esquissa un sourire en coin ; il n’aurait pas été amusant de deviner du premier coup. Il restait tant de choix possibles que le Kazejin réfléchissait déjà à sa prochaine proposition, mais la dame décida de prendre en main les rênes du jeu. Elle lui tendit sa main, paume ouverte, présentant un petit objet… une sphère de métal. Une forme qui rappela immédiatement un souvenir au manieur de chaleur, le ramenant quelques années en arrière.

Lorsqu’il n’était qu’un jeune Genin et qu’Itagami était venu le trouver la première fois, lui demandant de lui montrer sa façon d’utiliser le Shakuton. Elle désirait apprendre ce pouvoir et lui avait accepté de lui partager ses connaissances. Il lui avait montré plusieurs application du kekkei mais l’exemple qui l’avait le plus marqué était lorsque la Metaru avait matérialisé une énorme sphère de métal, demandant au Kazejin de la chauffer à blanc.

Sharrkan écarquilla les yeux sous la surprise avant d’éclater de rire. La dame venait du clan des Metaru, célèbre clan Kumojin.

« Haha, tout s’explique maintenant. »

C’était donc de là que venait le vague sentiment de familiarité qui l’avait poussé à aborder l’inconnue. Même à l’étranger, il était assez commun pour des compatriotes de se rassembler.

« J’ai aussi quelque chose à vous montrer… »

Le Kazejin chercha brièvement dans ses affaires avant d’en sortir lui aussi un objet, poing fermé. Puis, seulement pour le regard de la dame, il déplia ses doigts et dévoila son bandeau arborant le symbole des Nuages ; preuve de son appartenance au village. Emblème qu’il portait uniquement par devoir d’habitude, mais qu’il se permettait de cacher dans ce pays qui le considérait encore comme un ennemi quelques mois auparavant.

« Je connais quelques Metaru, mais surtout Itagami. Je suis d’ailleurs revenu plus rapidement pour pouvoir assister à son mariage. »

Impossible pour Sharrkan de se rappeler s’il avait croisé cette inconnue lors de cet événement : il y avait eu plus d’invités qu’il ne l’aurait cru, et il avait passé la plupart de son temps avec ses anciennes connaissances.

« Je suppose que c’est donc le bon moment pour les présentations ! Je suis Sharrkan, Kazejin de sang mais Kumojin de devoir. Et j’ai affaire à Madame Metaru… ? »

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~ Hi - Automne 204 ~

« - En voilà une bonne surprise, fis-tu alors qu’un large sourire illuminait ton faciès. »

Tu n’avais pas pu cacher ton ébahissement alors que ton compagnon de buverie de circonstance se révélait être un serviteur de ta patrie. Tu t’attendais à tout sauf à cette nouvelle bien que tu eusses connaissance de l’existence des shinobi qui servaient un Village Caché qui n’était pas pourtant lié à leur pays d’origine.

« - J’ai été un disciple d’Itagami mais malheureusement je n’ai pas pu assister à son mariage car je n’étais plus à Kumo lors de la cérémonie. »

Le mariage étant celui de deux kunoïchi de haut rang et dont l'une n’était autre que l’ancienne directrice de la célèbre Raffinerie tenue par le clan Metaru, celui-ci avait alors été publié dans le journal national. Ce qui t’avait permis d’être au courant de l’heureux évènement et d’apprendre par la même occasion du retour de ton ancienne sensei à Kumo. La dernière fois que tu l’avais vu c’était lors de la bataille entre Kumo et le Teikoku. Après votre défaite lamentable contre votre ennemi qui s’était révélé être l’Empereur du Feu en personne et, comprenant que Kumo était tombé entre les mains du Teikoku, Itagami avait décidé de partir du Village Caché des Nuages. Tu l’avais alors regardé s'en aller après qu’elle t’eût confié une dernière mission : celle de détruire la forge de Kumo pour que l’ennemi ne puisse jouir immédiatement des avantages plus que conséquents de l’infrastructure. Mission que tu avais accomplie et ton acte avait paralysé un long moment la forge. Assez pour que les teikokujin n'eussent pas pu profiter de cette dernière durant l'occupation.

Bien qu’Itagami fût devenue une des rares personnes avec qui tu t’étais beaucoup rapprochée lorsque tu habitais Kumo, son départ avait coupé définitivement votre lien. Elle ne t’avait jamais donné de ses nouvelles et tu n’avais jamais cherché à lui en donner des tiennes. D’ailleurs, même si tu avais voulu rester en contact avec elle, tu n’avais eu aucun moyen de le faire, ne sachant pas où elle était partie. Il n’y avait qu’elle qui aurait pu entretenir votre relation mais elle n’avait rien fait pour. Et lorsqu’elle était retournée à Kumo, après la libération de celui-ci, tu n’étais plus dans le Village.

« - Je me nomme Gentoku Yamiko et contrairement à vous, je ne suis plus au service de Kumo. »

Tu ne tenais pas spécialement à garder secrète qui tu étais mais tu n’appréciais guère parler de toi. Cependant, tu jugeais que tu devrais au moins informer le kazejin de ta situation afin d’éviter une éventuelle méprise entre vous.

« - J’ai hérité du pouvoir du célèbre clan Metaru dont est issu mon géniteur mais je n’ai pas vu le jour ni grandi au sein de Kumo. Mais, il fut un temps où j’ai été au service du Village Caché des Nuages. »

Tu avais parlé assez bas pour que ton compagnon de table seul puisse t’entendre.

Tu pris ensuite le temps de boire calmement puis, après avoir déposé ton verre vide sur la table, tu repris la parole et toujours en faisait attention à ce que votre conversation ne s’ébruite pas. Tu t’étais même légèrement penché en direction du dénommé Sharrkan. Un nom que tu trouvais fort exotique au passage.

« - Puis-je vous demander ce qui vous amène dans ce pays où vous n’osez même pas pourtant afficher votre insigne ? »

Tu comprenais tout à fait la raison pour laquelle le kumojin préférait ne pas s’afficher avec son bandeau du Village Caché des Nuages mais tu étais curieuse de connaître la raison de sa présence à Hi …

Forcément, en voyant le talent de la dame pour le Kinton, Sharrkan avait immédiatement pensé qu’elle faisait partie du clan des Metaru, sans réellement y réfléchir. Il s’avérait que son histoire était un peu plus compliquée que ça en réalité. Evidemment, le Kazejin s’excusa tout de suite.

« Toutes mes excuses pour avoir assumé votre nom, j’espère ne pas vous avoir froissée. »

Mais en entendant son vrai nom, il se perdit dans ses pensées.

« Gentoku Yamiko… »

Murmura-t-il. Ce nom semblait faire écho à un souvenir enfoui dans sa mémoire, sans réussir exactement à remettre la main dessus. Il l’avait déjà entendu, mais où…? Au bout de quelques secondes de réflexion, le Kazejin fit le lien dans son esprit. C’est donc à voix basse qu’il reprit.

« Oh ! Vous êtes la personne de la Résistance que nous avions contactée via l’oreillette, non ? »

Tout était clair maintenant. Si son idée était la bonne, ils s’étaient tout juste croisés à Kumo ; deux groupes différents avec le Fukkatsu mais qui s’étaient battus pour la même cause. La coïncidence était incroyable.

« Deux rebelles qui se retrouvent par hasard dans le pays qu’ils ont combattu, n’est-ce pas ironique ? »

Un sourire en coin apparut sur le visage du Kazejin. A ce stade, combattre le système en place était dans sa nature ; il y avait eu Kumo, puis Kaze, avec même les deux en même temps pendant une période. Maintenant que les personnes à la tête de ces deux puissances étaient des personnes qui lui étaient chères, il n’avait pas d’autre choix que de se ranger dans les rangs et de les épauler comme ils le pouvaient.

« Et aussi ironique que cela puisse paraître, je suis justement ici en mission diplomatique au nom de Kumo. Je crains ne pouvoir vous en dire plus, mais je pense que le Raikage teste ma… résolution. Je viens tout juste de réintégrer les rangs Kumojins. »

Constatant qu’ils se trouvaient tous les deux devant des verres vides, Sharrkan se permit d’appeler le barman pour recommander la même chose que précédemment, puis s’intéressa à nouveau à la dame.

« Puis-je vous retourner la question ? »

Elle avait mentionné ne plus servir Kumo désormais. Peut-être que, comme lui à ce moment-là, Yamiko avait profité de ce changement de pouvoir pour se détacher du Village militaire.

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~ Hi - Automne 204 ~

« – Ne vous en faites pas. Vous ne pouviez pas connaître … mon histoire. »

Le kazejin ne pouvait pas en effet savoir que tu n’étais qu’une bâtarde Metaru qui a hérité du pouvoir de son géniteur. Une anecdote que tu rencontais d’ailleurs que très rarement ; considérant cela comme n’ayant aucune importance. Tu évoquais généralement ce fait uniquement lorsque tu devais justifier ton lien avec les Metaru, ta capacité à maîtriser le métal, comme présentement.

« – Si vous parliez du contact avec le Fukkatsu autrefois, alors que j’étais en compagnie de la Chouette, alors oui, je suis bien la personne que vous évoquiez. »

Si Sharrkan était réellement une des personnes qui étaient présentes ce jour-là alors il devrait forcement savoir de qui et de quoi tu parlais.

A cette époque, où Kumo était sous le joug de Teikoku, tu servais de pont entre la Résistance et le clan Metaru qui tenait à rester discret dans leur engagement envers la libération du Village Caché des Nuages de l’emprise de l’Empire du Feu. Tout comme aujourd’hui, le sort de Kumo t’importait peu à l’époque mais tu t’étais engagée dans la rébellion par gratitude envers la Doyenne du clan Metaru, à qui tu devais beaucoup. Une autre motivation, bien moins méritoire, avait également nourri ta motivation : l'ennui. En effet, tu t’ennuyais si fermement durant l’occupation que tu avais cherché de quoi t’occuper. Et, tu trouvais amusant de chercher à mettre des bâtons dans les roues des occupants, bien que tu ne les détestasses pas comme la majorité de ceux qui avaient rejoints la Résistance.

Lorsque ton interlocuteur te considéras comme une rebelle tu ne cherchas pas à le contredire bien que tu ne te considérasses pas comme telle à l’époque. Après tout, tu avais réellement œuvré pour la Résistance alors tu avais fait véritablement partie des rebelles. Tu n’étais donc pas un imposteur.

« – Je reconnais bien là, Raizen. Il est de ceux qui aiment tester la détermination et surtout la loyauté des gens … Je pense que c’est une très bonne chose ; surtout pour un kage. Ne pas se fier à n’importe qui lui évitera bien de problèmes à venir. »

Tu savais de quoi tu parlais. Toi dont le père adoptif était tombé à cause d’une confiance aveugle accordée à la mauvaise personne.

« – J’espère que vous auriez sa confiance. Vous me paraissez comme quelqu’un de fiable. Tu vidas ton verre que tu reposes ensuite sur la table avant de poursuivre. Voulez-vous bien lui transmettre le bonjour de ma part lorsque vous rentrerez à Kumo ? »

Bien que Raizen ne semblait pas te faire pleinement confiance, par le passé comme aujourd’hui certainement, il était cependant une des rares personnes à avoir acquis ton respect. Chose que tu n’accordais pas aisément.

Tu pris le temps de descendre de nouveau quelques gouttes du breuvage servi à la demande de ton compagnon de boisson - que tu remercias d’ailleurs chaleureusement pour son geste prévenant – avant de poursuivre alors que, comme tu t’y attendais, ton interlocuteur venait de te retourner ta propre question.

« – Je suis ici dans l’espoir de retrouver quelqu’un. Un être qui m’est particulièrement cher. »

Un instant, ton regard violacé se perdit, alors que tu repensais à Jun, avant de fixer de nouveau ton interlocuteur.

« – Comptez-vous rentrer à Kumo très bientôt ? »…

Le regard émeraude de l'argenté se vit revêtir une étincelle particulière lorsque la dame annonça le prénom du Raikage. De par son choix de mots, il était facile de comprendre qu'elle le connaissait personnellement, sans pour autant rendre évident la nature de leur relation. Une ancienne amante, peut-être ? Le passé de séducteur de Raizen n'était pas un secret pour Sharrkan ; cette hypothèse était donc plus que plausible. Et Yamiko était une très belle femme...

Ses suppositions furent néanmoins réduites au silence lorsque la Gentoku évoqua sa confiance - rappelant au Kazejin qu'en réalité, l'enjeu était bien plus important.

« L'objectif serait plutôt de la garder... »

Sharrkan descendit la moitié de son verre en quelques gorgées. Il ne voulait pas y penser tout de suite. Après tous ces événements, il avait bien mérité quelques verres. Il était maintenant hors de portée de l'Homme au Chapeau et de ses sbires pourtant, son esprit ne lui laissait pas de répits. Il continuait de le torturer à coup de "Et si... ?" ; des voix que seul l'alcool savait faire taire.

Néanmoins, le compliment de la presque inconnue était des plus touchant. Sharrkan mettait plus en avant sa malice que son sérieux : il fallait donc un interlocuteur particulièrement observant pour deviner ses réelles qualités. Et étrangement, ce compliment semblait avoir encore plus de poids en venant d'une personne aussi énigmatique que cette Yamiko.

« Mais je vous remercie. Je ne manquerai pas de lui transmettre vos salutations, bien sûr. »

Le Kazejin ne manqua d'ailleurs pas l'occasion d'en savoir plus sur la dame et également sur le Meikyû ; espérant éventuellement obtenir du matériel pour le railler plus tard.

« Est-ce que vous le connaissez bien ? Si vous avez envie de raconter quelques anecdotes amusantes à son sujet, n'hésitez pas, vous avez toute mon attention. »

Comme souvent, l'expression de Sharrkan se para de malice et un sourire narquois orna son faciès.

Et un peu plus tard, Yamiko répondit à la question qui lui avait été retournée sur la raison de sa présence en ces terres étrangères. Sachant être sérieux quand il le fallait, c'était plutôt un sourire compatissant qui naissait sur le visage du Kazejin. Il n'avait pas de problème à offrir de l'empathie même à une récente connaissance, surtout lorsqu'il pouvait relater à une telle situation.

« Je vous comprends parfaitement. Amusant, nous nous trouvons à nouveau face à un parallèle : vous avez quitté Kumo pour retrouver une personne qui vous était chère, je l'ai rejoint pour l'exacte même raison. »

Il n'osa pas poser plus de questions pour ne pas mettre la dame mal à l'aise sur ce qu'elle ne souhaitait pas partager, même s'il brûlait d'envie de demander si le Teikoku était à l'origine de la disparition de sa personne chère. La guerre n'était pas si lointaine dans le passé et les plaies commençaient seulement à se refermer. Alors, Sharrkan proposa son support de la façon qu'il le pouvait.

« Je n'ai malheureusement pas beaucoup de contacts dans ce pays, mais si vous souhaitez me parler de cette personne, je ferai attention de garder mes oreilles et mes yeux grands ouverts jusqu'à la fin de mon séjour. »

Qui serait très prochain, mais tout de même.

« Je dois rentrer le plus rapidement possible en réalité, mais je n'ai pas pu m'empêcher de faire un détour pour voir si je rencontrerais des personnes intéressantes ; mon intuition ne m'a pas trompé. »

En réalité, c'était les Kirijins que l'argenté avait espéré croiser ici, mais il ne pouvait pas le révéler à cause du secret de la mission. Et même s'il ne les trouvait pas, il était loin d'être venu jusqu'ici pour rien, finalement.

« La vie à l'intérieur des murs d'un Village est étouffante, vous ne trouvez pas ? J'admets profiter de chaque seconde que je peux grapiller à l'extérieur. »

C'est ainsi qu'il justifia son écart de conduite, la vérité pure ; supposant que si la dame elle-même avait fait le choix de quitter la Cité des Nuages, elle pourrait s'identifier au moins un petit peu à ces paroles.

@Gentoku M. Yamiko

Touristes Kumojins - Feat. @Sharrkan

~ Hi - Automne 204 ~

« - Donc, il vous fait déjà confiance ? Tu pris le temps de vider d’une traite ta coupelle avant de poursuivre, après avoir reposé délicatement ton verre vide sur la table. Dans ce cas, je pense que vous avez fait déjà le plus dur car je ne suis pas parvenue là où vous en êtes avec lui aujourd’hui. »

Lors de vos conversations passées, tu avais bien senti que Raizen n’avait aucune confiance en ta personne même s’il ne l’avait pas affirmée de vive voix. Et c’était chose compréhensible ; surtout à l’époque où tu te comportais comme une véritable gamine qui n’en faisait qu’à sa tête.

Aujourd’hui, tu avais changé. Toi-même avais remarqué que tu avais gagné en sagesse, malgré toi. Mais, serait-ce suffisant pour gagner la confiance du Meikyû ? Tu en doutais fortement. Tu devras certainement faire tes preuves pour espérer gagner la confiance du Raïkage mais, présentement, tu n’en avais cure. Tu appréciais certes Raizen - qui avait même acquis ton respect si difficilement accordé - mais tu t’en fichais aujourd’hui s’il avait foi en ta personne ou pas. Ce qui ne semblait pas cependant être le cas de ton interlocuteur. Ce dernier te semblait accorder une importance capitale au crédit du Raïkage qui d’après, ton analyse, lui était bien plus qu’un simple supérieur hiérarchique. Un ami certainement.

« - Je ne pense pas connaitre le Raïkage mieux que vous mais vous ne devriez pas vous inquiétez autant. Je ne le connais que peu mais je peux affirmer sans la moindre hésitation que c’est un homme très compréhensif. Il remarquera vos efforts. »

Tu ignorais ce qui amenait Sharrkan à douter de la confiance que Raizen avait placé en lui mais, bien que tu ne ressentisses la moindre empathie à l’égard de l’Argenté, tu tenais à le rassurer sur un point dont tu étais convaincu. Tu n’avais pas le mérite d’être quelqu’un d’empathique mais ta franchise te poussait, comme présentement, à dire le fond de ta pensée. Et , souvent celui-ci blessait mais il arrivait parfois que celui-ci se révélait être plutôt comme un soutien moral pour l’autre.

« - Navrée de vous décevoir mais je n'ai pas vraiment d'anecdotes amusantes à vous raconter. Notre relation était purement professionnelle. Lui était un shinobi de haut rang, déjà à l’époque, alors que moi n’était qu’une simple genin et plutôt rebelle. Tu marquas un bref silence alors que ton regard ne quittait pas celui de ton interlocuteur. Je vous laisse imaginer le degré de confiance qu’il avait en moi … Mais c’est un homme que je respecte et en qui j’ai confiance même si cette dernière ne semble pas réciproque. »

Le kazejin te proposa son aide pour retrouver Jun mais tu décidas de décliner son offre car, connaissant le passé liant Jun à Kumo, tu préféras ne pas mêler un kumojin à votre histoire. D’autant plus que Sharrkan déclara de lui-même ne pas t’être d’une grande aide dans ta quête car il ne connaissait pas grand monde dans le pays.

« - C’est bien gentil à vous mais je vais me débrouiller pour retrouver cette personne. Je suis certaine de pouvoir la retrouver à Urahi. »

Urahi, ville où tu ne désirais pas vraiment mettre les pieds mais tu seras bien forcée de t’y rendre si tu ne parvenais pas à trouver Jun dans le reste du Pays du Feu.

« - Je suis partie de Kumo durant l’occupation par le Teikoku car je m’ennuyais fermement mais je m’ennuie encore plus à vivre parmi des civils. Je dois reconnaître que je ne suis pas faite pour mener une vie … tranquille. J’ai besoin de me défouler physiquement mais malheureusement je ne trouve aucun adversaire satisfaisant parmi les civils. »

Sans détour, tu avouais ton amour pour la baston qui était sans doute, la seule chose capable de t’exalter véritablement ici-bas. C’était dans un combat féroce que ton être se sentait le mieux. Dans une joute, tu ne cherchais jamais la victoire mais seulement cette sensation esquisse qui parcourait tout ton corps malmené par ton adversaire. C’était bien plus délectable qu’un succulent repas ou encore de faire l’amour. Si tu devais réintégrer Kumo un jour, ça serait certainement pour ta passion malsaine pour le combat. Une motivation que beaucoup trouverait immature mais qui pour toi, était comme ta raison d’exister.

« - Si je comprends bien, la vie au sein d’un Village Caché ne vous convient pas mais alors, pourquoi avoir intégré Kumo ? … Est-ce pour Raizen ? … »

Sharrkan n'aurait pas à chercher cette mystérieuse personne pour Yamiko ; ce qui fut un soulagement même s'il ne le montra pas le moins du monde - après tout, il n'avait proposé que par politesse. Il avait des yeux et des oreilles dans beaucoup d'endroits et le Kazejin aurait donné des informations s'il en avait, mais il ne serait pas sorti de sa voie pour porter assistance sans y gagner quelque chose en retour. Il se contenta seulement d'un hochement de tête, montrant qu'il acceptait la décision de la mercenaire.

La remarque qui suivit lui arracha néanmoins un sourire. Des accros du combat, le manieur de chaleur avait pu en côtoyer pas mal ; c'était le nerf de guerre de beaucoup de shinobis, encore plus celui des mercenaires qu'il avait eus sous ses ordres à Kaze. Certains se battaient pour de l'argent, pour des idées, pour la gloire ou pour le plaisir ; et qui était-il pour juger si certaines causes étaient plus valables que d'autres ?

« Je vois. Et je pense même pouvoir dire que je vous comprends, même si mes goûts divergent des vôtres. »

Un air de conspirateur associé à son sourire en coin, Sharrkan se pencha vers la dame comme pour lui confier un secret.

« C'est même le contraire. Je m'amusais bien plus avant de rejoindre les rangs. Ce que j'aimais, c'était d'œuvrer en secret pour renverser le pouvoir. D'avoir une organisation soudée, de sentir l'adrénaline atteindre son paroxysme en se baladant juste sous le nez de nos ennemis. De voir de réelles avancées sur un objectif clair. »

Elle ne le savait probablement pas, mais le Kazejin avait vécu cette situation par deux fois : pour Kumo, puis pour Kaze.

« La vie des villages me semble bien plus ennuyante. Trop de règles, d'obligations, de faux-semblants. Et je déteste devoir me battre pour une cause dans laquelle je ne crois pas. »

Il soupira.

« Si jamais vous décidez un jour de réintégrer Kumo... Peut-être que ces raisons valent le coup d'être réfléchies. Mais néanmoins, j'assume les choix que j'ai fait - vu que je referais les mêmes si je le devais. »

Son regard se perdit dans le vide un moment. Il y avait des événements que Sharrkan regrettait ; mais aucune de ses décisions. Même si elles étaient mauvaises sur le moment, elles avaient forgé l'homme qu'il était devenu, avec ses mauvais côtés mais également ses forces et son expérience.

Le Kazejin fut cependant surpris d'entendre la question de l'ancienne Kumojine. Était-il trop facile à lire ou était-elle particulièrement perspicace ? Même si elle avait vu juste, il n'était pas encore prêt à s'avouer vaincu ; ou à admettre cette vérité à voix haute. Il masqua sa surprise par un léger rire.

« Pour Raizen ? Ce serait un peu étrange, vous ne pensez pas ? Il ne manque pourtant pas de jolies femmes à Kumo. »

Ce n'était pas pour cacher sa sexualité, qu'il assumait pleinement depuis toujours. Mais Raizen... c'était autre chose. Cela n'avait rien à voir. C'est le regard planté dans celui de la jeune femme qu'il déclara :

« Nous sommes seulement amis. Rien de plus. »

Rien de plus que la froide vérité, même si son sourire avait disparu sans qu'il ne s'en rende compte.

Touristes Kumojins - Feat. @Sharrkan

~ Hi - Automne 204 ~

Il était clair il n’y avait rien de commun entre toi et ce cher Sharrkkan.

Loin d’être une ambitieuse, tu n’étais pas du genre à te lancer dans un projet, encore moins si celui-ci était ambitieux. Tu étais un être qui vivait au jour le jour. Il n’était pas dans ta nature de se projeter dans l’avenir, de fixer un but dans la vie. Depuis ton existence, tu n’avais eu qu’un seul objectif à atteindre : celui de venger le Parrain, ton père adoptif, de la trahison dont il avait été victime. C’était même ce dessein qui t’avait poussé à intégrer Kumo. Aujourd’hui, ta vengeance avait été assouvie et de nouveau, tu te retrouvais sans un but réel dans la vie. Tu errais sans savoir quoi faire le lendemain. Une vie totalement décousue et frivole mais qui te convenait presque parfaitement. Presque parce que ta vie commençait cependant sérieusement à t’ennuyer car celle-ci manquait cruellement de l’action, de combat.

De même en ce qui concernait la discipline ; toi et Sharrkan sembliez l’aborder différemment. Tu avais certes un côté rebelle qui t’empêchait de suivre des ordres ou d’appliquer un règlement à la lettre mais tel un chien, une fois tu avais trouvé le bon maître, tu lui obéissais aveuglement. Lui vouant une confiance totale, tu ne te posais la moindre question sur l’initiative de celui qui tenait les rênes de ton existence. Jusqu’à présent tu n’avais eu qu’un seul Maître, le Parrain. Et sous ses ordres, tu avais fait bien de choses que tu n’aurais jamais exécuté de ta propre initiative. Au nom du Parrain, tu avais fait même des choses bien ignobles mais aujourd’hui tu ne ressentais le moindre regret vis-à-vis de tes actes bien qu’ignominieux. Après tout, tu n’avais fait qu’obéir à celui à qui tu avais juré fidélité.

« - Réintégrer Kumo ? … C’est envisageable mais encore faudra-t-il qu’on veuille de nouveau de moi, fis-tu sur un ton placide tout en continuant de dévorer ton interlocuteur de ton regard violacé. »

Tu ne l’exprimais pas mais tu espérais secrètement faire de Raizen ton nouveau Maître. Mais, était-ce seulement possible ? Raizen avait la puissance nécessaire pour susciter ton intérêt mais il était dépourvu de ce quelque chose que le Parrain possédait et qui t’avait poussé à le suivre et à lui obéir inconditionnellement.

Aux derniers propos du kazejin, tu esquissas un sourire.

« - En quoi est-ce étrange qu’un homme en aime un autre ? »

A vrai dire, tu n’avais jamais imaginé une relation autre qu’amicale entre Raizen et Sharrkan mais ce dernier venait de te révéler indirectement ce qu’il ressentait réellement pour le Raïkage. Et tu comprenais mieux à présent pourquoi il avait tant peur de décevoir l'Ombre de Kumo. L’amour que tu portais pour ton père adoptif était différent mais tu n’avais jamais apprécié l’idée de le décevoir. Alors, tu comprenais tout à fait ce que pouvait ressentir Sharrkan en cet instant.

« - Je vous aiderai à le conquérir si jamais on venait à se revoir à Kumo. Vous formerez un si beau couple. »

Malgré la lueur amusée qu’arborait tes prunelles, tu étais sincère. Sharrkan était un bel homme. Lui et Raizen seraient bien assortis …

Comme lui quelques saisons auparavant, la dame évaluait la possibilité de rejoindre Kumo, à nouveau. Ce qui était un événement plutôt rare : il n'était pas facile de quitter un Village Militaire après l'avoir rejoint. Tous deux l'avaient fait pourtant et l'un deux avait fait le choix d'y retourner de son plein-gré ; la deuxième se questionnait. Mais elle avait raison, le vouloir n'était pas toujours suffisant et il fallait encore que l'administration accepte de la reprendre dans ses rangs.

« Je pourrais mettre un mot en votre faveur si vous le désirez, même si cela ne vous évitera pas les procédures d'usage. »

Mais si elle n'avait jamais œuvré contre Kumo, il n'y avait aucune raison que le Village la rejette, surtout si elle était une kunoichi puissante et talentueuse.

Changeant de sujet, la dernière phrase de son interlocutrice lui arracha un sourire.

« Haha, vous êtes bien une Kumojine. L'ouverture d'esprit de la Citée des Nuages ne connait pas de pareille dans le monde. »

Le Kazejin leva son verre, portant un toast à la dame en même temps qu'à Kumo ; puis le descendit d'un trait. Malheureusement, l'alcool n'arriva pas jusqu'à son estomac... Il resta bloqué dans sa gorge, infiltrant même ses poumons. Il faut dire que les paroles de Yamiko avaient été tellement surprenantes que Sharrkan s'était étouffé immédiatement. Après avoir repris son souffle - et potentiellement attiré tous les regards de la taverne sur lui -, il articula péniblement :

« Q-quoi ? »

Il était très difficile de faire perdre son assurance à Sharrkan pourtant, cela l'avait complètement pris de court. Ce n'était pas quelque chose qu'il avait imaginé, encore moins envisagé, alors l'entendre de la bouche d'une inconnue était un réel choc.

« Ce n'est pas... comme ça. »

Lorgnant un moment sur son verre maintenant vide, le kazejin prit quelques secondes pour articuler ses pensées.

« Jamais je ne pourrai prendre le risque de changer ce que nous avons actuellement et de tout perdre, sachant qu'il n'y a aucune chance que l'issue soit positive. Pouvoir rester à ses côtés me suffit. »

Se raclant la gorge, l'embarrassement probablement écrit en lettres capitales sur son visage, le Kazejin jeta un regard autour de lui avant de reprendre.

« Mais merci de la proposition, je suppose. Est-ce que c'est le genre de relation que vous avez avec la personne que vous cherchez ? »

Habilement, l'argenté redirigea le sujet de la conversation vers la dame ; en ayant déjà beaucoup trop dit.

@Gentoku M. Yamiko

Touristes Kumojins - Feat. @Sharrkan

~ Hi - Automne 204 ~

« Merci pour votre proposition mais je préfèrerais réussir à le convaincre moi-même de m’accepter de nouveau. »

Tu n’étais pas du genre à solliciter le soutien d’autrui et ce n’était point la faute à un égo surdimensionné mais tu fonctionnais juste ainsi. Sans doute que ton être pensait que le moindre soutien apporté, même proposé gentiment et totalement désintéressé comme venait de le faire Sharrkan, engendrerait une dette dont tu devrais d’acquitter plus tard. Et, cette idée ne te plaisait guère. Toi, l’être dont la liberté était placée au-dessus de tout, ne désirait point te lier à quiconque et encore moins par une obligation morale.

Face à la réaction du kazejin à ta proposition de l’aider à conclure avec le Raïkage, un sourire malicieux que tu ne cherchas guère à dissimuler s’esquissa sur ton visage.

« Comme il vous plaira mon cher. »

Tu conclus en remplissant de nouveau ton verre que tu vidas ensuite d’une traitre alors que Sharrkan évoquait la personne dont tu étais à la recherche. Sereinement, tu reposas le récipient vide sur la table.

« Je considères cette personne comme une petite sœur même si nous n’avons aucun lien de sang. »

Tu ne parvenais pas à t’imaginer dans une relation amoureuse et encore moins avec femme. Et surtout pas avec Jun. Tu avais déjà eu des relations avec des hommes mais c’était purement physique. Un seul être pouvait se targuer d’avoir réussi à atteindre ton cœur mais cela faisait belle lurette que tu ne pensais plus à cet homme. Ce dernier était peut-être même plus de ce monde. Et tu avais déjà expérimenté une relation physique avec une femme mais cela n’avait engendré en toi qu’une frustration d’avoir été laissé inassouvie. Plus jamais donc tu retenterais l’expérience.

« Ce n’est pas que votre compagnie m’est désagréable mais je vais devoir vous laisser. Je vais interroger quelques personnes pour essayer de trouver des pistes qui me mèneront peut-être à ma petite sœur. En tout cas, j’ai été ravie de faire votre connaissance, Sharrkan. Le bonjour de ma part au Raïkage et au plaisir de vous revoir peut-être un jour. »

Sur ce tu laissas quelques pièces sur la table, suffisamment pour payer pour vous deux, avant de te relever et te diriger vers un groupe de soldats du feu qui se tenaient à une table un peu plus loin …