Le Trésor Englouti ❆

La confiance du village en moi devait être restaurée, je partais pour une mission sérieuse peu de temps après mon retour. Direction Yuki no Kuni pour retrouver un trésor dérobé et caché par des pirates au clan Hyõsa. J’allais être sous les ordres d’une Chûnin, une native du Pays du nom de Misaki. Plus jeune que moi, et nous ne partions qu’à deux. Ils devaient être en manque de personnel ou bien une confiance assez forte dans nos capacités. Il faut dire qu’avant de partir, je passais déjà mes premières formations pour devenir Chûnin, je rentrais dans la catégorie de ce que l’on appelle les Genin expérimentait. Et les Kami savent qu’il y en a au village. Je me demande ce que Zhou, ce Genin de plus de quarante ans était devenu d’ailleurs. Peut-être que l’homme au masque avait fini par le retrouver le tuer…

Je préparais un sac à dos pour le voyage, les vivres seraient fournis, mais il n’était pas question de me balader dans ma tenue habituelle. Yuki no Kuni était connu pour ses températures plus que fraiche et il était de bon augure de prendre une tenue chaude. Je n’avais plus vraiment ça dans mes affaires, du moins, plus à ma taille. Depuis mon dernier passage, j’avais gagné en largeur d’épaule et peut-être aussi un tour de poitrine en plus de quelques centimètres. J’allais donc me chercher une tenue isolante et chaude n’entravant pas mes mouvements au marché du Village caché. Blanc serait une bonne couleur pour la dissimulation vue que nous nous rendons au pays des neiges. Le temps de la traversée, je m’équipais d’un Kimono blanc, extrêmement ample, protégeant ma peau contre le vent et l’air salé tout en permettant de me mouvoir. Il fallait bien aider sur les manœuvres.

Je n’avais pas reçu de dossier pour Misaki, mais vu son nom de famille, c’était une utilisatrice du Hyoton. Elle devait bien connaître les lieux sur place et je me contenterais donc d’assurer sa sécurité et de fournir la force physique si c’était nécessaire. Je gardais un œil sur mon Katana que j’avais fait reforger en ville il y a peu avant d’hausser les épaules, je ne le voyais pas m’être plus utile que mes poings. Je le laissais sur place, emportant par contre deux fidèles ouvrages pour lire pendant les temps morts. L’un sur les techniques d’infiltration en groupe Shinobi et un autre sur les stratégies et tactiques des grandes guerres Ninja.

Arrivant sur place, je me rendis compte que ma Chef d’équipe était déjà présente, je portais mon Kimono blanc, légèrement transparent laissant apercevoir ma musculature dessinée ainsi qu’un ensemble de tatouage sur tout mon corps jusqu’au cou, avec mon sac de voyage sur le dos. Mes cheveux étaient détachés avec l’aspect hirsute et légèrement abimés de mes récents voyages en mer, celui-ci n’améliorerait probablement pas la chose. Arrivant à cinq pas de la Yuki, alors que celle-ci semblait avoir les yeux qui pleure, probablement à cause des rafales de vents de la côte, je réalisais un garde à vous à son attention, stricte et professionnel.

« Mes respects Madame la Chûnin. Genin Anaï Eyana à votre disposition pour cette mission. »


Mon ton était professionnel mais avenant, le but étant de marquer le respect plutôt qu’une distance hiérarchique. Après le salut, je lui passais à côté pour charger mes affaires. Je tournais légèrement la tête pour ajouter, en la zieutant du coin de l’œil

« Je vous laisse vous installer dans notre cabine si vous le désirez Madame, je vais m’occuper de superviser et d’aider à la manœuvre avec le Capitaine, je suis plutôt expérimentée en la matière. Sauf si vous avez, bien entendu, d’autres instructions pour moi. »

C’est ce que j’allais m’efforcer de faire après m’être introduite au Capitaine et sauf si la Yuki venait m’interrompre, j’allais précipiter notre départ en direction de Yuki No Kuni, j’avais soif de voyage et d’aventure.

Le Trésor Englouti ❆

Je restais parfaitement de marbre devant la description des douleurs provoquées par les portes. Un combat était de la douleur, et la mort devait l’être terriblement, ce n’était que s’infliger un peu de souffrance, aiguiser sa volonté pour en éviter une plus grosse. Et puis le terme Portes Célestes n’était pas anodin, c’était bien parce qu’elle nous permettait d’atteindre la puissance d’un Dieu, du moins, c’est ce qu’on en disait. Je savais parfaitement qu’avec ma maîtrise de la sixième porte, aucun Genin ne pouvait me faire face à la brume et même peu de Chûnin. Cela ne faisait cependant pas de moi un prétendant au titre de Jônin, car cela requérait bien plus de qualité qu’être simplement un bon combattant. C’est pourquoi que maintenant que je me savais être une guerrière accomplie, je me concentrais sur le reste. Je lui répondais tout de même quant à la peur des effets de mes techniques célestes.

« Les premières portes ne sont pas très douloureuses et déjà d’une grande aide. La deuxième referme d’ailleurs même les lésions causées par la première et entraîne uniquement une forte fatigue. On l’appelle la porte de la Guérison en raison de son effet. »

Je rebondissais ensuite sur sa demande concernant la mission, laissant ma jambe pendre dans le vide, je reprenais mon ton strictement professionnel et m’efforçait de devenir force de proposition. Je sais que beaucoup de Chûnin n’était pas forcément de grands chefs d’équipe et peut être que la Yuki ne savait pas vraiment comment s’organiser. Pour ma part, j’étais souvent sûre de moi, d’autant plus depuis mon retour et les nombreuses lectures que j’avais attaquée sur le rôle de Chef de guerre, la stratégie et la tactique était devenue comme une seconde nature. Je lui répondais donc, sous la forme de plus proposition.

« Je pense que pour la mission, il faudrait d’abord rejoindre les côtes de Yuki No Kuni et là, deux choix s’offrent à nous. Le premier consiste à explorer le côté à la recherche de grands icebergs avec des grottes se trouvant à l’intérieur. Dans une zone correspondant à la carte que l’on nous a fournie et en s’inspirant de la description. »

Je marquais un petit temps d’arrêt, je me penchais pour récupérer dans l’un de mes sacs de voyage, une petite gourde d’eau pour m’hydrater avant de la ranger et de reprendre la suite de mon analyse.

« La deuxième option, moins discrète mais moins hasardeuse, serait de partir en direction des villages côtiers de Yuki No Kuni et de nous adresser aux locaux voir si la description fournie par le Chef des Pirates et la carte est familière à certains d’entre eux et pourrait nous permettre ainsi de trouver notre objectif par leur biais. Le problème, c’est que si certains d’entre eux sont de mèches ou se font questionner par les pirates, ils sauront que nous sommes là et où nous nous dirigeons. Cela nous fait prendre le risque de tomber dans un piège et à flot, les possibilités d’échappatoires sont fortement réduites. »

Sans temps d’arrêt mais avec un ton un peu plus malicieux, sachant l’appel de la bataille que pouvait provoquer cette dernière solution qui me trottait dans la tête, je venais tout de même la citer à l’attention de la Yuki qui semblait de nature plutôt pacifique.

« Une troisième option serait de se pencher plutôt sur la traque du second groupe de pirate, de les laisser faire le travail pour nous et prendre l’information et le trésor par la force. »

Pour conclure, je lui livrais mon avis, complémentaire à l’analyse qu’elle sollicitait, sachant que c’était également quelque chose qu’elle devait attendre de moi. Je prenais un ton plus engageant, gardant le contact visuel avec elle, le visage toujours froid et professionnel, la malice de la troisième option s’effaçant peu à peu de ma face.

« Si vous voulez mon avis, je serais pour un mélange des deux premières stratégies, nous allons devoir forcément faire un arrêt pour réapprovisionnement à Yuki No Kuni, arrêtons-nous à un lieu de confiance, peut être que vous, qui êtes locale, en connaissez un. Parlons à des alliés sûrs qui peut-être aurons des indications pour nous, puis lançons-nous à l’exploration des côtes à la recherche de l’iceberg. »

Puis par simple courtoisie, je venais ponctuer mon respect pour sa fonction et ma parfaite disposition à son service.

« Bien entendu, la décision et la stratégie est vôtre, Yuki-Sama. »

Je restais dans la même position, toujours dans l’attente de ses ordres, avec une hâte de me mettre à la manœuvre sur le navire, tout en gardant en tête ce qu’elle m’avait dit concernant le froid, en effet, j’espère que mes vêtements allaient être assez chaud, revenant de Hayashi No Kuni puis Kaze No Kuni, c’était un tout autre climat qui m’attendait au Pays des Neiges.

J’ignorais que l’état de Yuki No Kuni était aussi misérable. Dépourvu de villages ? Donc uniquement des habitations isolées ? C’était un sacré retard en termes d’organisation des terres. Je comprends mieux pourquoi nombre de Yuki et Hyosa finissait à Kiri plutôt qu’à tenter de vivre dans leurs terres natales. Il n’y avait pas vraiment de civilisation et avec cela, une terre couverte de neige et de glace. Le premier arrêt et le plus correct serait donc comme Misaki le suggérait, le port du souvenir. Elle évoquait ensuite la méconnaissance des locaux concernant le trésor caché, or mon point n’était pas là, mais dans le fait d’essayer de retrouver la signalisation du lieu où se retrouvait le trésor. Mais soit, je laissais passer pour le moment et me contenter de me concentrer sur ce qu’elle avançait.

Voyant qu’elle écartait également la solution de la violence, je me levais et continuais de l’écouter attentivement alors qu’elle me donnait à peu près les délais du trajet. C’était une arrivée pour demain soir alors, ce qui faisait un voyage d’une durée plutôt moyenne. C’était sans considérer les vents probablement, mais c’est une estimation que le Capitaine du Navire avait dû lui fournir. L’idée qu’elle suggérait par contre de nous faire passer pour une équipe qui chasse les Pirates était excellente, je pensais les relations entre la neige et la brume bonne, voir excellente, il semblait qu’elle soit plutôt neutre voir tendue. C’était bon à savoir. Probablement un chapitre avec le Clan Hyosa ou Tanuki que j’avais manqué. J’en profitais cependant pour ajouter un détail à mon dire précédent.

« Nous avons cependant une description du lieu où se trouverait le trésor, un iceberg, peut être essayer de voir avec les locaux s’ils savent quels icebergs auraient une grotte creusée en leurs seins ? Nous savons que le trésor se trouve dans l’un d’entre eux. Mais bon, en attendant, je vais me mettre à la manœuvre, cela me fera faire de l’exercice ! »

Et je m’exécutais ensuite, la laissant à l’intérieur pendant que je me hâtais à l’extérieur me mettre à la disposition du Capitaine pour ajuster les voiles et m’atteler à la confection de nœuds solides. Quel plaisir de retrouver le vent marin battant en pleine mer, même si ce dernier devenait de plus en plus froid au fur et à mesure que nous avancions. Grimpant sur les cordages du navire pour fixer la voilure et resserrer le cacatois que nous allions hisser en raison du beau temps, je pouvais savourer la mer se dessinant à perte de vue. Si la lecture pouvait être un hobby passionnant, comme l’entraînement, il n'y avait rien de plus envoûtant qu’un panorama maritime en termes de sensation. Me laissant redescendre au niveau du petit perroquet, je me collais le dos contre le mat de misaine juste au-dessus du hunier. Sentir le vent marin, avec sa brise constante, douce, qui fouette le visage et dépose cette odeur et ce goût de sel dans les narines et sur le bout de la langue. Une vision en constant mouvement d’une énorme étendue bleue avec le ciel qui vient la trancher au niveau de l’horizon. Voir la vie permanente de l’eau à travers les vagues, entendre le claquement de la coque, bravant la nature, les oiseaux marins se faisant peu à peu distant alors que l’on s’enfonce dans le large, le bruit de chaque marin s’afférant à la tâche de faire marcher la grande machine. Et finalement, le soleil, qui vient effleurer la peau, la réchauffer tendrement tout en offrant un somptueux reflet sur l’horizon.


[…]

« Port souvenir à l’horizon ! »

Le lendemain, en fin d’après-midi, environ une heure avant le crépuscule, nous finissions par arriver. J’étais épuisée d’une journée de manœuvre, la mer avait été cependant plutôt douce et le vent favorable. Le problème d’un vent favorable, c’est que le travail sur les voiles est rude car il faut éviter à tout prix de déchirer ces dernières et le jeu est de trouver le cordage parfait pour bénéficier le plus possible du vent sans mettre le tissu en péril. Je terminais ma tâche avant de me mettre au bastingage. M’appuyant sur le parapet, j’examinais avec attention l’environnement autour de moi afin de voir s’il y avait d’éventuels navires ou même des icebergs pouvant laisser voir une grotte creusée.

Je terminais de bien me couvrir face au froid du pays des neiges. La manœuvre étant terminée une fois arrimé au port du souvenir, je savais que l’exercice n’était plus là pour me tenir parfaitement au chaud. J’allais me mettre aux côtés de Dame Yuki, avec plusieurs couches de coton sur le dos, un couvre-chef qui venait recouvrir ma longue chevelure noire et une écharpe qui protégeait ma gorge du froid hivernal des terres de la neige.

Celle-ci me transmettait ses instructions, visiblement, mon idée et ma logique lui avait plu et elle souhaitait que je mène l’enquête. Cela me semblait être parfaitement dans mes cordes. J’acquiesçais simplement de la tête, m’emmitouflant dans mes vêtements visiblement pas assez épais à mon goût. Le froid était vraiment glacial une fois qu’on se retrouvait à attendre. Je voyais Misaki prendre attache avec les autorités locales, de mon côté, je ne comptais pas demander l’autorisation et furtive comme un ninja, ils n’eurent pas vraiment le temps de prendre conscience de ma présence, j’allais rapidement me faufiler dans les rues du port du souvenir.

Je m’étais vite occupée de dissimuler mon bandeau de Kirijin, il n’était pas ici question de montrer ma qualité visible. Il faisait vraiment froid et donc je m’occupais de trouver assez rapidement un salon de thé où me prendre une boisson chaude.

En furetant dans les rues, je me rendais compte que la Yuki avait raison, le lieu était à peine un village et ma quête du salon de thé se révélait assez rapidement être la quête de l’unique lieu fournissant un service d’alimentation du port, et ce, malgré les évidents passages qu’il devait y avoir au Port du Souvenir. Je pénétrais à l’intérieur et commandait auprès du tenancier un thé vert ainsi que l’un des biscuits qu’il proposait sur son comptoir. Probablement quelque chose de confectionné avec les biens locaux, ça n’avait pas l’air très appétissant, mais consistant. Je prenais place à une petite table et attendais de me faire servir, j’en profitais pour analyser mon environnement.

Le lieu était tout de même assez grand, et une bonne dizaine de personnes se trouvait à l’intérieur. Il y avait des locaux, de façon évidente quand je voyais une ancienne et sa petite fille, mais aussi des personnes ayant l’aspect évident de membre du clan Hyosa. Il y avait également des hommes qui pouvaient tout aussi bien être des marins que des pirates. Je finissais par me faire servir par le tenancier et lui adressait un petit sourire chaleureux tout en le remerciant. Je sentais les regards de nombreuses personnes encore trop rivés sur moi pour tenter quoi que ce soit. Je prenais donc mon temps, je sortais mon livre sur les stratégies et tactiques des grandes guerres ninja en prenant soin de cacher la couverture. Mon regard étant encore parfaitement consciente de mon environnement, ma lecture n’étant plutôt qu’un simple prétexte d’occupation en savourant le thé et le biscuit. Biscuit qui était par ailleurs extrêmement bon, visiblement avec des baies extrêmement sucrées en son sein, je voyais mal cela venir de Yuki No Kuni au final, je n’imaginais pas quoi que ce soit de comestible pousser ici, mais sait-on jamais.

Je finissais ma petite collation et le tenancier vint pour me débarrasser et me demandait si je souhaitais quoi que ce soit d’autres. Je prenais la monnaie nécessaire pour le régler et ajoutais un petit pourboire en glissant discrètement à son attention.
« Voilà pour le repas, c’était excellent merci. Dîtes-moi, connaîtriez vous des grottes creusées dans des icebergs dans le coin ? »

Instinctivement, il semblait réfléchir à sa réponse et à ce que je venais de lui demander, il répondait simplement d’une voix calme mais audible.

« Eh bien euh oui, dans les grands icebergs au large de la mer du souvenir, il y a des histoires qui racontent des grottes qui seraient les demeures des Dragons des Glaces, parmi les gardiens de Yuki No Kuni. »

Je haussais légèrement un sourcil face à cette rumeur de Gardien, pas réellement sûr de si c’était une réelle croyance ou plutôt de l’ordre de légendes pour impressionner les enfants. Je continuais de murmurer à son attention.

« Et aucun endroit où des pirates pouvaient se cacher par hasard ? Aucune de ces grottes n’est le lieu d’aller et venu ? »

A ce moment précis, je le vis devenir blême, il était clair qu’il n’avait pas vu la question arrivée et que celle-ci le dérangeait énormément. Je le voyais terminer de me débarrasser et me répondre dans une voix plus audible, comme pour montrer à l’ensemble du lieu qu’il ne souhaitait pas me répondre.

« Non, il n’y a pas de pirate ici et s’il y en avait, je n’en aurais aucune idée et ne mêlerait pas de leurs affaires. »

Et sans un mot, il partait, clairement apeuré. Je n’insistais pas plus alors que je sentais l’ensemble des regards de la pièce se poser sur moi. Je me contentais de bien zieuter chaque personne qui me fixaient afin d’en mémoriser son visage, mon attention fut retenue par un petit groupe de trois individus, l’air patibulaire, qui semblait eux aussi, vouloir retenir mon visage. Sans un mot, je sortais et je filais me dissimuler entre quelques bâtiments.

L’attente fut de courte durée et ces derniers scrutèrent les extérieurs, visiblement vigilants et se mettaient ensuite en route en direction des quais, et discrètement, je m’occupais de les filer.

La filature me mena jusqu’à une barque, où les deux individus en rejoignaient trois autres, visiblement entrain de jouer aux cartes. Je me glissais derrière une masure, dans la rue principale, pour les garder en visu et écouter leur conversation. Ils tentaient d’être discret, mais en tendant l’oreille, je pouvais entendre à peu près l’essentiel de la conversation.

« Faut y aller là les gars, ça papote au… On rejoint les autres à l’Iceberg… Détale. »

Je saisissais le gros des bribes, mais quand un regard se tournait vers moi, je me dissimulais un peu plus, coupant l’affluence de son qui venait vers moi.

« Ouep mais le problème faudrait le régler, elle a l’air seule la fille… Ninja, j’les démonte ces Ninjas d’pacotille et puis… On la plante, on s’fait plaisir un peu avec elle puis… »

Certains répondaient et étaient complètement inaudible, mais visiblement ils m’avaient bel et bien repéré et suspecté d’ores et déjà que nous soyons des Ninjas. Il fallait mieux que je me fasse discrète, il valait mieux éviter de faire un bain de sain directement ici.

« Ouais, on dit au Cap’taine d’prendr’ l’trésor et on s’casse »

Ils avaient donc déjà trouvé le trésor ? Cela changeait la donne. Je les voyais commencer à saisir des machettes, sabres et couteau dans leur embarcation, probablement pour partir à ma recherche. Si Misaki en avait terminé, je la rejoindrais discrètement et nous partirons en direction des Icebergs où ils s’étaient visiblement installés. Au moment où je m’apprêtais à me fondre dans les ombres, j’entendis une voix derrière moi. Celle d’une vieille femme.

« Dis ma petite, je sais où est ce que tu cherches... »

Je me retournais, l’air surpris, elle parlait assez fort et aucun doute que les cinq gaillards l’avaient également entendu.

« Il y a trois grands Icebergs creusés au large des côtes, il faut partir directement en direction du nord, plus au large, ils sont très visible à l’horizon… »

Elle fut interrompue par les cinq Pirates venant de derrière nous, je restais calme et ne me retournais pas.

« Eh toi ! La vieille, tu fermes ta gueule ! »

L’ancienne se murait dans le silence et je me retournais vers eux alors qu’ils commençaient à se mettre tout autour de nous.

« Oh, vous êtes le pirates ? Super, je vous cherchais… »

« Ouais et nous on aime pas trop trop les gens qui nous cherchent.. »

« Ouais héhé, vraiment pas, on leur fait comprendre assez vite… »

J’arborais mon plus beau sourire en laissant en entrouvant mon haut pour qu’il laisse un accès visuel à ma maigre poitrine mais suffisant pour solliciter de l’imagination. Je me dandinais légèrement vers eux en prenant une voix un peu plus suave.

« Justement, je vous cherchais car j’aimerais vous rejoindre, mon ancien Capitaine était un arnaqueur malhonnête qui l’a mise profonde à tout l’équipage. Et j’aimerais bien de nouveau écumer les mers. Être avec de vrais hommes… »

Je les voyais hésitant, je m’approchais de celui qui semblait être le plus apte à prendre des décisions et lui posait une main sur le paquet, le massant légèrement en le regardant dans les yeux. Un léger sourire se dessinait sur son visage.

« Eh puis je sais me rendre utile, je maîtrise les voiles, les rames, la manœuvre… Je ne suis pas une garde du Pays des Neiges, tu verras mes tatouages, aucune garde ne porte ce genre de tatouage… Et au pire, ça te coûte quoi de m’emmener à ton Capitaine ? Vous m’aurez sous bonne garde… Je ne suis même pas armée. »

Je les voyais tous commencer à afficher un petit sourire alors qu’ils écartaient leurs armes, seul l’un d’entre eux semblaient ne pas avoir oublié l’ancienne qui tentait de se soustraire et viens lui barrer la route avec son couteau.

« Tu vas voir ce qu’on fait aux mouches à merde la vieille… »

J’intervenais rapidement, pour la sortir de là. Je venais la saisir par les épaules et me glissais à son niveau.

« Attends, laisses moi m’en occuper. »

Je me mettais bien face à elle, la regardais droit dans les yeux avant de la saisir par la gorge.

« Tu vois ces cinq gars, ils t’auraient égorgée comme une vulgaire bête pour laisser ton hémoglobine venir tapisser la neige en rouge. Moi, j’vais me contenter de te dire ce qui se passera la prochaine fois que l’un de vous ouvre un peu trop sa gueule pour dénoncer ceux qui vont et qui viennent sur ces terres. Donc tu pourras te faire le plaisir de raconter à absolument tous le monde qu’il faut baisser les yeux et bien fermer sa bouche sous peine de voir toute sa famille se faire massacrer, c’est bien compris ? »

Discrètement, je me glissais à son oreille pour murmurer deux ou trois mots à son attention.

« Au port, navire Mizujine, racontes à Yuki Misaki ce qui s’est passé ici, parles lui d’Eyana »

Je la secouais un peu plus par la gorge, je la voyais terrorisée avant de relacher l’emprise.

« Est-ce que tu m’as comprise sale pute ? »

« O..Oui… »

Je me retournais en direction des pirates et affichait un petit sourire comme pour les mettres en confiance.

« Vous voyez, je sais me rendre utile. »

« Ouais enfin, on va vérifier si t’as vraiment pas d’armes et le Cap’taine décidera de ton sort. »

Je sentais deux d’entre eux venir palper mes vêtements, s’arrêtant particulièrement sur certaines zones qui n’étaient pourtant pas vraiment des endroits où je pense qu’on pouvait cacher des armes. Ils ricanaient, je me laissais faire, extériorisant complètement la situation en vue d’une prochaine vengeance. Je savais que je pourrais laisser libre court à Zushakon à ce moment précis. Une fois qu’ils eut terminé, nous allions tous ensemble vers la barque pour rejoindre le navire Pirate au large. J'espérais que l'ancienne allait relater les faits à Misaki ou qu'elle comprendrait d'elle même.

Après quelques minutes à pied, nous atteignons la barque qui devait nous mener jusqu’au Navire des Pirates. Ils parlaient principalement entre eux, je me contentais de sourire à chaque fois qu’ils me regardaient. Je sentais le regard lubrique de plusieurs d’entre eux qui se demandaient ce qui pouvait exactement bien se cacher sous tout ces vêtements contre le froid.

Ils n’allaient pas être déçu du spectacle, et moi non plus.

Nous arrivâmes au niveau d’un Brig qui devait pouvoir accueillir entre un petit et un moyen équipage. C’était un navire de choix pour des prises en pleine mer, on était assez loin des petits navires pirates qui en accueillait habituellement entre douze et vingt en son sein. Ici, ça pouvait facilement monter jusqu’à cinq fois plus. Il allait falloir être malin en cas de conflit armé.

Les Pirates me conduisirent jusqu’à un homme d’une quarantaine d’année, le visage couvert de cicatrice, une main en moins remplacé par une lame à dent de scie d’une vingtaine de centimètre et un katana à la ceinture. Je le vis ordonner la manœuvre pour rejoindre la « base » dès que nous étions à bord.

« Alors les gars, qu’est-ce que vous m’apportez là ? Qui est cette demoiselle ? J’ai un bon paquet de gars qui auraient bien besoin d’un peu de réconfort héhé… »

« C’est une fille qui veut nou’ r’joindr’ Captaine, on l’a trouvé intéressante, elle a réussi à nous trouver. »

« Ah ouais, et qu’est-ce qui me dit que t’es pas l’une de ces saloperies de fouineuses qui est là en éclaireuse pour ses camarades ? »

Je rougissais en commençant à jouer avec le bout de mes index en fixant mes pieds.

« Vous n’avez qu’à fouiller mes affaires, je n’suis qu’une femme de Mizu qui cherche de l’aventure, j’ai déjà servi dans plusieurs équipages pirates. »

Je me redressais, prenant un air un peu plus sûr de moi pour donner de la crédibilité à mon récit.

« Regardez, vous pensez qu’un tocard de Ninja saurait faire la différence entre le cacatois et le hunier ? Je sais aussi faire le meilleur nœud en huit des mers et vous pouvez me faire confiance pour bien les serrer. Et pour l’amarrage, je saurais très bien vous faire un tour mort et deux demi-clés pour fixer tout cela avec le lest nécessaire. »

Je le vis afficher un petit sourire, je comprenais que cela suffisait à le convaincre. Il venait me foutre sa seule main restante sur l’épaule en affichant l’air amical.

« Voilà ce que je veux voir ! Bienvenue à bord. Vous trois, vous allez lui montrer où est son couchage. Eh ma belle, comprends aussi que tu vas devoir donner un peu de toi à bord, beaucoup de gars n’ont pas vu de femme depuis un moment, ils ont des besoins tu comprends… »

Quelle bande de porc, mais bon c’était des hommes. Et ils sont tous absolument obsédé par ça, enfin à partir du moment où ils n’ont jamais vraiment eu l’attention d’une femme dans leur vie. C’était terrible d’être animé par les mêmes envies mais d’être tellement dépourvu d’opportunité que l’on en vient à vouloir tout prendre par la force. Je hochais simplement la tête en regardant les trois hommes qui faisait partis de mes accompagnateurs initiaux et je me mettais à les suivre.

Nous parcourûmes le pont du navire, je pus faire les repérages nécessaires tout en adressant des petits sourires à chacun des pirates que je croisais. Et comme je pouvais m’y attendre, ces phoques ne pouvaient pas attendre de glisser leur virilité entre mes jambes. Ils me conduisent jusqu’à une pièce un peu à l’écart au niveau de la cale. Le premier commençait à me regarder avec envie et comprenant mon destin, je m’attelais à enlever mes vêtements un par un laissant découvrir ma poitrine et mes tatouages. Je glissais un regard dans mon dos en voyant les trois rassemblés en arc de cercle autour de moi.

« Je vais vous prendre un par un, offrez vous un peu d’intimité les gars… »

Sans se poser de questions, ils acquiescèrent, ils se prirent quelques minutes la tête sur lequel avait le privilège de passer en premier avant qu’un grand chauve, couvert lui aussi de tatouage vint vers moi pour commencer à toucher ma poitrine alors que les deux autres quittaient la pièce.

« Attends, laisses moi te montre ma spécialité. »

Je m’occupais de lui défaire sa ceinture et baisser son pantalon puis son sous vêtement et je le vis sourire lorsqu’il me vit me mettre sur les genoux au niveau de ses parties intimes. Il ferma les yeux lorsque je lui saisis délicatement ses bourses et sa saucisse d’une main. Mon autre main, elle, allait trifouiller dans son pantalon au sol pour saisir son couteau sur son ceinturon.

D’un geste net, précis, ce ne fut qu’un léger cri aigu qui s’échappa de sa bouche lorsque je lui sectionnais ses parties intimes depuis le bas du scrotum jusqu’à la base du pénis qui partait, séparé l’un de l’autre en volant dans la pièce. La base de la lame avait également sectionné son aine profondément provoquant une plaie ouverte au niveau de l’artère fémorale.

Mais aussi vite que je l’avais émasculé, je me levais pour mettre ma main sur sa bouche et planter le couteau droit dans ses cordes vocales tout en ponctuant son petit cri aigu d’un commentaire.

« Mmmmmmh… Je te l’avais dit que j’étais bien chaude à l’intérieur. »

Ses camarades laissaient échapper un petit rire à l’extérieur, eux qui n’avaient probablement manqué le cri de leur camarade devait étonnamment le trouver adapté désormais. Je laissais le premier porc se vider de son sang par quatre orifices différents avant d’attendre une dizaine de secondes pour progresser.

« Déjà fini ? Putain elle doit être DIVINE ! »

Ce fut les derniers mots de l’un des deux autres alors que j’ouvrais la porte pour planter mon couteau dans le côté de sa gorge et le sortais d’un mouvement puissant pour venir sectionner les cordes vocales en même temps. Je laissais tomber le couteau au sol et me jetais sur le dernier Pirate, pris par surprise pour le saisir de mes deux mains par le cou.

Aucun homme ne s’attendait à une telle force de la part d’une femme et il ne put que se débattre du bout de ses bras alors que je bloquais sa nuque de ma main gauche tout en enfonçant mon pouce dans sa glotte et forçait du plat de ma main droite sur sa tempe jusqu’à ce que sa nuque se brise et que son corps se désarticula.

Les trois cadavres gisaient là et je prenais la simple précaution de les faire glisser par une écoutille même si je ne pouvais rien faire pour le sang sur le sol.

Un monstre assoiffé de sang était désormais lâché sur le navire et je comptais bien en tuer un maximum, si ce n’est l’ensemble d’entre eux jusqu’à ce que Misaki me rejoigne, en espérant qu’elle avait mon message. Je commençais à me mouvoir sur le sol en bois tel une prédatrice, prête à accomplir mes meurtres et mes actes de sabotage. Je mémorisais une dernière fois le visage de ma première conquête du vaisseau et accomplissait un simple Mudras pour prendre son apparence. Cela éviterait les suspicions, étant donné que j’étais auparavant couverte de sang.

Je me faufilais entre les ponts du Brig, essayant de repérer la trace d’un trésor correspondant à ce que nous cherchions. Bien entendu, le moindre petit Pirate qui avait la malchance de se trouver seul ou isolé sur ma route avait très rapidement le plaisir de se faire égorger par mon coutelas de Pirate dans mon apparence d’un homme désormais mort. Je prenais un plaisir sans mesure à répandre le sang sur le navire en prenant soin de ne pas me faire repérer. Le navire devait laisser derrière lui une trainée de sang et de corps flottant telle une piste à suivre pour n’importe quelle autorité.

Je finissais par arriver de nouveau à l’air libre et je n’avais trouvé aucune trace pour le moment du trésor. Une fois à l’extérieur, je voyais que nous commencions l’arrimage au niveau du glacier dans lequel était creusé la grotte. Visiblement ces derniers m’avaient mené directement au lieu d’excavation du trésor Hyosa.

« Eh alors, elle était comment ta p’tite nouvelle ? »

Je me tournais et voyait un jeune pirate, l’air un peu penaud pendant qu’il maniait les cordages, pas très costaud mais une bonne attitude de vaurien. Je lui affichais un p’tit sourire en essayant de m’imaginer le genre de réponse que le type pouvait sortir.

« Ça fait du bien, mais je crois qu’on l’a trop épuisée, la pauvre est inconsciente dans la cale héhé. Les autres doivent finir de s’amuser. »

Je le voyais afficher un petit regard lubrique et faire preuve d’une négligence brève dans son nœud que je venais rattraper au dernier moment avant de lui filer une petite tape sur l’épaule.

« Tu pourras y aller tout à l’heure si tu veux. »

Son visage s’illumina, comme si je venais de lui offrir son cadeau de Noël rêvé. Il y avait une sensation particulièrement étrange d’être convoitée de la sorte par autant d’hommes. Même si je savais que leur nature amoral les rendait prompt à apprécier la violence, la domination et le fait d’infliger la souffrance, je pouvais lire sur chacun des visages de ces pirates qui me regardait, un désir sincère, quelque chose d’à la fois immonde mais étrangement flatteur.

« C..C’est vrai ? Ouah, parce que c’est vraiment trop mon style en plus… »

J’affichais difficilement un sourire, on dirait qu’on parle de l’organisation d’un rendez vous romantique et non pas d’un viol vu les mots qui sortent de sa bouche. Ça terminait de me dégoûter, je m’éloignais avant de commettre un meurtre au milieu du Pont où une dizaine de pirate était à la tâche sur l’arrimage du vaisseau.

Je pénétrais dans la cabine du Capitaine après avoir toqué à la porte. C’était l’ultime lieu à vérifier pour le trésor et non pas un des moindres. Il n’y avait rien de surprenant si ce dernier souhaitait conserver le trésor du clan Hyosa directement dans sa cabine. C’était même quelque chose de commun pour un Capitaine de conserver le butin afin de dissuader de toute tentative de vol.

Je le voyais en plein travail d’hydrographie sur son bureau, il tournait la tête en m’invitant à rentrer. Je refermais la porte derrière moi et sans un mot, je me dirigeais d’un pas décidé sur lui. Je senti que mon déplacement l’alertait et alors qu’il se retournait, je figeais ma patte sur sa gorge. Mon Henge se dissipa et je le soulevais de plusieurs centimètres du sol avant le coller dos sur le bureau en l’étranglant. Je le voyais essayer d’échapper un cri, sans succès.

« T’as un couteau sur l’estomac et ma main sur ta gorge. T’as plus malin à faire que de crier mon p’tit pote. »

Je marquais une pause pour le laisser faire preuve de raison afin qu’il m’écoute attentivement.

« Une flotte Mizujine va vous prendre en embuscade, j’ai déjà marqué Chakratiquement le navire, vous êtes fini. Mais peut-être que je peux te laisser filer avec ta barque. Dis-moi où est le trésor Hyosa et tu pourras filer avec celle qui se trouve accrochée à ton balcon avant que tout le monde arrive. »

Je laissais mon regard légèrement s’assombrir en affichant un petit sourire sadique qui n’était malheureusement pas forcé.

« Sinon, je te démembrerais et te laisserais te vider de ton sang pendant que je massacre ton équipage. Et pour ton démembrement, crois-moi, je suis une vraie bouchère, je sais découper pile le long de l’os pour éviter que ça ne saigne trop, ça sera plusieurs dizaines de minutes de souffrance et d’humiliation. Tu sais ce que c’est de finir à te faire frapper par ta propre jambe pendant que tu meurs ? »

C’était évident qu’il avait cédé depuis un moment, il allait me dire quelque chose, restait à savoir si c’était la vérité.

« T..Tout est à l’intérieur de la grotte, on a une équipe qui travaille à l’excavation du trésor encore piégé sous la glace, ils sont… ils sont juste là, juste ici. Dans la grotte. »

Ayant eu ma réponse, je venais l’étrangler à mort et le laisser se débattre sous mon emprise. Il méritait au moins ça après m’avoir condamné à un viol général. Fils de pute.

Je me redressais ensuite en lâchant un petit râle de plaisir alors que son corps désarticulé se trouvait encore sur son bureau. Je m’étirais tranquillement avant de réfléchir à la suite des opérations. Mais je fus interrompue par la porte qui s’ouvre et un homme, qui devait être son Lieutenant se trouvant dans l’encadrement de la porte.

« Capitaine je.. »

J’avais déjà parcouru les deux mètres nous séparant en ayant concentré mon Chakra dans mes pieds et je lui éclatais mon poing gauche dans le visage ce qui venait le projeter… Au milieu du pont.

Je sortais de la cabine pour voir le Lieutenant complètement K.O au centre du pont entouré de la dizaine de Pirate. Tous alternaient leurs regards entre l’homme au sol et ma présence à la sortie de la cabine du Capitaine. Je lâchais un soupir et commençait à me dévêtir jusqu’à me trouver dans ma tenue la plus confortable : Torse nue. Il avait beau faire très froid dehors, je savais d’avance qu’il allait bientôt faire très chaud.

« Alerte ! Alerte !! Le Capitaine est attaqué !! »

Deux premiers Pirates sortaient leurs coutelas et se jetait à l’attaque sur moi, j’esquivais leurs deux coups avant de répondre avec un coup de pied dans le plexus solaire du premier et un enchaînement de coup de poing au second qui les fit reculer, sonné. Je voyais cependant que le pont se remplissait et que bientôt, une vingtaine de Pirates, se regroupaient autour de moi en arc de cercle, tous armé d’une arme blanche et visiblement prêt à me découper.

Je ne pouvais pas exclure que j’allais me retrouver seule un moment et il fallait que je me décide à comment me sortir de cette situation mortelle à moindre coût. Je déverrouillais certains de mes sceaux au sein de Zushakon, sachant que j’allais avoir besoin de lui. Amuse-toi, Démon, tu as le champ libre.

« Vous pensez vraiment avoir la moindre chance face à un être Céleste ? »

Je sentais un rire sortir de ma gorge, un rire hystérique alors que les Pirates hurlaient en se jetant sur moi. Je me concentrais l’espace d’une seconde avant de déverrouiller les quatre premières Portes Céleste. Les deux premières ne suffisant pas et la sixième étant trop lourde de conséquence.

« Hachimon Tonkou : Shômon ! »

L’ensemble des Pirates furent repoussé de plusieurs mètres en arrière, certains passant même par-dessus bord directement dans les eaux glacées. La structure du navire même se mettait à tanguer dans tous les sens et les cordes d’arrimages ne pouvait résister à la pression exercée et s’arrachèrent.

Avant même qu’ils n’aient l’occasion de se relever, trois des pirates étaient déjà morts sous mes frappes. Arrachant la tête d’un quatrième en le saisissant par l’épaule et en tirant de toute mes forces sur sa gorge, sa colonne vertébrale vint même avec la tête.

Je pris l’initiative de lancer sa tête en l’air et de faire une puissante reprise de volée avec cette dernière envoyant la tête directement frapper l’un de ses camarades. Autant dire qu’un crâne envoyé à toute vitesse et pris en pleine poire était un projectile potentiellement mortel. La colonne vertébrale allant fouetter et blesser plusieurs Pirates encore sur le pont.

Je sentais mes muscles tiraient sous la sollicitation des portes Céleste ce qui me vit un moment d’inattention qu’un Pirate usa pour venir me blesser à l’épaule gauche avec son sabre. Ce fut sa dernière erreur avant un puissant coup de pied dans le plexus solaire qui l’envoya s’écraser et traverser plusieurs mètres de bois.

Les derniers paniquaient et tentaient de se défendre contre mes assauts mais ce fut un carnage, la puissance des Portes me permettaient d’être bien trop rapide pour craindre quoi que ce soit d’eux et mes coups comme mes prises étaient sans espoir de survie pour eux. Après plusieurs minutes, le pont n’était plus qu’un ramassis de sang, d’entrailles, de membres humains et d’excrément de certains ayant eu une dernière frousse avant de mourir.

Je refermais les verrous psychiques et les portes en sentant que mon bras gauche tirait énormément, j’arrivais toujours à le bouger mais non pas sans une extrême douleur, les muscles avaient été touché. Je savais que je ne pouvais plus compter sur ce dernier sous peine d’aggraver les choses. J’étais très fatiguée, haletante. Même si ces hommes n’étaient pas des Ninjas utilisateurs de Chakra, c’étaient tout de même des combattants et il n’était de toute façon, jamais anodin d’accéder à la puissance Céleste.

Le Brig quand à lui, prenait les eaux, le combat avait été trop rude et il était temps pour moi de rejoindre la caverne.

Misaki mettait les pieds sur le pont, j’avais de toute façon reconnue sa voix caractéristique et donc aucun risque de mauvais réflexe de ma part. Même si Zushakon avait le goût du sang, il restait un être logique et contrôlé. Je n’avais jamais trop eu le problème de me laisser emporter par ma propre soif de sang. Regardant l’état du carnage autour de moi, je glissais un petit mot d’humour à l’attention de ma Cheffe.

« Je pense que c’est inutile d’appeler les Eisenins pour eux. »

Concernant mon état de santé, je récupérais rapidement du tissu et un peu d’alcool présent sur le pont pour désinfecter la plaie et me faire un bandage afin d’éviter que la douleur ne me gêne trop et que je perde du sang inutilement. Je répondais ensuite sincèrement à Misaki.

« Ca va, je suis heureuse d’avoir pu me limiter à la quatrième porte qui est la limite avant le début des conséquences dramatiques. Je n’aurais pas été dans le même état si j’avais dû combattre aussi longtemps en sixième porte. »

Là, pour le coup, j'aurais été incapable de continuer de combattre ou même de voyager normalement.

« Pour répondre pragmatiquement. Je suis affaiblie, capable de me déplacer sans trop nous ralentir, mais clairement pas au top de ma forme et si je dois ré-ouvrir les portes, je risque ensuite de devenir un poids mort. »

Mon bras gauche était lourdement touché par certaines frappes que j’avais envoyé. J’étais cependant encore capable de combattre avec le reste, pas à 100%, mais capable de combattre et donc d’assister éventuellement Misaki.

« Pour les informations, oui. J’ai pu interroger le Capitaine. Par ailleurs, il doit y avoir encore pas mal d’information sur ses carnets personnels. Le trésor se trouverait dans la grotte, il reste une équipe à l’excavation, je ne sais pas exactement combien de personnes. Le trésor serait piégé sous la glace, apparemment. »

L’homme m’avait livré ce qu’il avait à sa connaissance dans un dernier espoir d’avoir la vie sauve. C’était difficile de lui en vouloir, la vie était souvent ce que nous avions de plus précieux, sauf pour certains qui valorisaient certaines choses au-delà, mais c’était souvent au dépends de l’instinct et du rationnel. Je précisais tout de même la source de mes informations et les conditions de l’obtentions de ces dernières.

« Nous parlons d’information d’un individu ayant un couteau sous la gorge, donc prenons leur fiabilité avec des pincettes. »

Je sentais ensuite par le plancher et le bruit de la cale que le niveau de flottaison avait lourdement chuté. A moins qu’un Iceberg entier eût fondu en quelques instants, l’embarcation était en train de couler.

« Si nous devons récupérer quelque chose à bord, faisons-le rapidement, le navire prend visiblement les eaux à la suite du combat. »

Je me tenais ensuite prête à suivre ma Cheffe. Vu que nous avions raccroché les wagons, c’était de nouveau elle qui prenait les initiatives, je prenais tout de même la charge de lui préciser quelques informations.

« J’ai préféré les duper plutôt que de causer un bain de sang au Port du Souvenir lorsqu’ils m’ont repéré. Je ne sais pas si c’était la bonne solution, mais je préfère faire attention avec les relations diplomatiques. J’ai tenté de vous faire prévenir par l’intermédiaire d’une habitante mais ce n’était pas simple. »

Elle n’avait en effet pas touché mot au sujet de ma disparition, je préférais lui livrer l’information plutôt que de laisser planer un quelconque silence sur le sujet.

La blague sur la nécromancie me faisait rire. C’était particulièrement morbide et un spectateur innocent aurait même pu nous déclarer sans cœur ou que sais-je, nous traiter de psychopathe. Mais c’est aussi notre façon à nous, Ninja, de relativiser notre quotidien. Même si je ne tuais pas des gens tous les jours, évidemment, c’était tout de même quelque chose de lié au métier, d’autant plus quand on gagne en puissance et que l’on se fait confier des missions de plus en plus risquées.

Misaki prenait la charge de s’occuper du reste des pirates s’il devait en avoir. J’allais les empêcher de s’approcher si jamais cela devait arriver. Et je me contenterais de la soutenir au corps à corps, sauf en cas de forte nécessité ou si le glacier nous cache encore une trentaine de pirates assoiffé de sang.

La voyant commencer à déployer ses clones, de mon côté, je quittais rapidement le Brig en allant concentrer du Chakra sous mes pieds pour marcher sur l’eau et rejoindre rapidement la caverne. De son côté, le vaisseau commençait à partir en dérive peu à peu sous l’agitation des vagues suite à la rupture des cordages.

Nous progressions dans la caverne et Misaki effectua une nouvelle technique de sensorialité, visiblement de détection. Elle me fit signe qu’il y avait des présences en face de nous. Comme par réflexe, vu son indication, je passais devant en me tenant sur mes gardes. Je laissais mon bras gauche de côté vu la douleur et me tenait prête à répondre principalement à l’aide de mes pieds. Nous nous enfoncions tout de même assez profondément dans la caverne avant que je pu entendre une bribe de conversation.

« Eh.. Ca fait un sacré bordel dehors quand même, t’es sûr qu’on devrait pas aller voir ? »

La voix était hésitante, et même si nous étions loin, ils avaient dû entendre les cris mais surtout, les vibrations avec la glace.

« Le Capitaine va nous tuer si jamais il pense qu’on délaye encore plus l’excavation, on en a plus que pour une heure, au boulot, puis on se barre en direction de Kaminari avec le trésor. »

Kaminari ? Ils ne ressemblaient pourtant pas à des Kumojins ou même des natifs de la foudre. Mais je laissais ce genre d’analyse à Misaki. Je lui faisais simplement signe de s’arrêter et ne prenait pas l’initiative d’agir tant qu’elle ne m’en donnait pas l’ordre.

Quelle sensation terrifiante de voir une Yuki à l’œuvre dans un Palais de glace. Les pirates n’avaient tout simplement aucune chance. Les attaques étant dissimulées par l’environnement et se matérialisant donc directement depuis celui-ci. Tout était rapide, invisible et extrêmement mortel. Je comprenais la puissance du Ninjutsu à distance en voyant un individu être transpercé par une énorme pique de glace sortant du sol. C’était chirurgical et bien plus propre que ce que j’avais pu faire sur le pont du navire.

Le second était neutralisé sous l’effet de surprise par Misaki et je ne faisais que tirer discrètement les corps hors de la vue des autres Pirates une fois leurs morts actées. Je me retrouvais ensuite à suivre la Yuki jusqu’au dernier petit groupe pour recevoir ses instructions.

Il était clair qu’elle allait recourir à une technique de zone et donc qu’il fallait respecter ses instructions. Faire une diversion dans deux minutes chrono alors qu’elle disparaissait visuellement pour se fondre dans la glace. Si on ne savait pas qu’elle était précisément là, il est compliqué de la distinguer.

J’attendais donc à couvert pendant deux minutes précisément avant de réaliser un mudra et un Henge No Jutsu pour prendre l’apparence du Capitaine Pirate que j’avais précédemment exécuté. Et je commençais le spectacle.

« Ecartez vous de mon chemin ! »

Je criais avec sa voix roque dans les couloirs de glace en me rendant jusqu’à la limite que Misaki m’avait montrée. Je dirigeais ensuite mon regard vers les excavateurs pour les apostropher d’un air que je pensais crédible à celui du Pirate que j’avais étranglé à mort.

« Alors ! On en est où sur ce trésor ? Le temps presse, vous devriez normalement déjà avoir fini… »

Je voyais tous les Pirates se retourner vers moi, l’air surpris et clairement apeuré par ma présence. Si seulement ils savaient la mort pathétique qu’il avait eu. Nous autres Ninja apportions toujours une forme relative à la force physique des autres types de guerriers ne maniant pas le Chakra.

« Euh.. Cap. Capitaine, il nous faudrait encore une heure, nous y sommes presque, on peut le voir, les Hyosa l’avait bien dissimulé. Enfin eux ou qui que ce soit d’autres. Ce n’est pas simple de briser une couche de glace aussi épaisse, surtout que le froid la maintien bien solide. »

Je répondais du tac au tac de façon à garder leur attention captée et surtout continuer de leur mettre la pression afin de réduire leur champ de vision.

« Je me fou de vos excuses, je veux du RE-SUL-TAT. Vous avez trente minutes pour me l’extraire et qu’on parte. Vous nous mettez tous en péril là, vous voulez savoir le sort que vous réserve l’équipage si vous trainez trop ? »

Et c’était à ce moment précis que la Yuki pouvait dévoiler son bouquet final.

Si les pics de glaces étaient impressionnant, c’était encore un autre spectacle de voir trois vies se faire arracher en l’espace d’un instant par un Ninjutsu destructeur. C’était donc ça le pouvoir réel des Yuki, et Misaki n’était qu’une Chûnin, je n’imaginais même pas le pouvoir réel de l’ancien Kage Hyosa ou même de Kaya, la Hendai avec qui j’avais eu quelques rencontres officielles mais que je n’avais pu voir en action.

Je suppose qu’à ma façon, les Portes Célestes était un spectacle tout aussi terrifiant. Bref, il n’y avait pas de temps à perdre et alors que le passage de révélait face à moi, je venais dissiper le Henge qui me faisait prendre l’apparence du Capitaine Pirate et qui avait visiblement fait effet. En me pressant vers le trésor, je ressentais de nouveau la vive douleur de mon bras gauche, comme un retour à la réalité. Il allait sûrement nécessiter un bref passage auprès d’un Eisenin si je voulais reprendre l’action au plus vite. Ce n’était probablement que des élongations et une fragilité osseuse plus qu’une fêlure ou une déchirure, mais c’était tout de même sacrément douloureux.

Je soufflais un coup pour passer outre la douleur qui me faisait ignorer la plaie que j’avais subie de l’autre côté. Je voyais Misaki faire fondre la glace comme si elle et l’élément ne faisait qu’un. Elle me révélait ensuite un coffret couvert de Fûinjutsu et visiblement, la Chûnin n’avait aucune expérience en la matière ou du moins, pas suffisamment. Je lui répondais avec une petite pointe d’arrogance.

« Je n’étais vraiment pas bon en Fûinjutsu ou en Kuchyose à l’Académie. »

Je laissais flotter quelques instants le doute, avant de répondre, forçant le petit air arrogant qui se voulait avant tout humoristique.

« Mais ça, c’était avant que je passe presque deux ans auprès d’Expert en Fûinjutsu et qu’ils me transmettent leurs connaissances. Je ne ferais pas la liste des personnalités et me contenterait d’une démonstration Madame la Chûnin. »

Je posais mes mains sur les sceaux de mes jambes puis réalisais une série de Mudras de désarmoçage de sceaux. Je n’étais pas encore à proprement dites une experte, mais j’étais confirmé dans le domaine. Les Meikyû et les Moines d’Hayashi étant d’excellents professeurs même si plus des maîtres du scellages que du désamorçage. Je voyais cependant assez facilement que les sceaux n’étaient pas complexes et que n’importe qui avec une notion en désamorçage pouvait en venir à bout. Ce qui n’était probablement pas le cas de nos chers amis Pirates des eaux de Yuki.

Une fois les Mudras effectués, je posais mes deux mains sur les sceaux pour venir les désactiver tout en ayant fait poser le coffre au sol à Misaki afin d’éviter toute surprise avec les sceaux. Je me tenais tout de même prête à bondir en cas de mauvaise surprise. Mais rien de tout cela, les sceaux se désactivèrent et le désamorçage était effectué avec succès.

« Voilà qui est fait Yuki-Sama, je pense que nous pouvons rejoindre le navire et rentrer à Kiri, si c’est bon pour vous. Vos clones devraient en avoir terminé avec le navire. »