De son passage à Yuki, Arukisa ne retiendrait que le sourire sur le visage de son élève alors qu’elles s’apprêtaient à embarquer pour le voyage retour. Tous les vents glacés, les sols gelés et les flocons givrés valaient bien la récompense que Misaki était venue arracher sur ses terres natales. En arrivant, les deux kunoichis savaient que ces épreuves ne seraient pas aisées, mais elles revenaient conquérantes et avec le sentiment du devoir accompli. Un pacte conclu et un pèlerinage exaltant qui allait changer à jamais la personnalité de la jeune Yuki.

Le capitaine de leur embarcation les avait vu arriver à la mi-journée. Elles avaient marché toute la matinée dans les plaines septentrionales. Arukisa se réjouissait d’avoir découvert une nouvelle contrée, mais elle avait également hâte de reprendre le large pour retourner vers un climat plus tempéré. Cette terre ne pouvait être domptée que par ceux qui l'avaient dans leur âme, dans leur sang. Pendant tout son séjour, la Rose n’avait pas pu s’empêcher de ressentir cette sensation d’être inadaptée, inacceptée. Le temps l’aurait certainement aidée à s’imprégner plus profondément de l’atmosphère et à dompter Yuki. Sa propre histoire avec ce pays n’était pas encore terminée.

- Quelque chose me dit que nous reviendrons bien assez vite Misaki. Dit la jônin en regardant les dominantes falaises abruptes alors que le vaisseau commençait à déplier ses voiles.

Sur le pont, les marins s’activèrent pour lancer le navire vers les eaux profondes et mettre le cap vers le port Naragasa. Il n’y avait pas de raison de rester au milieu de ses blocs de glace plus longtemps et il fallait naviguer tant qu’il faisait jour. Chacun à son poste, la Rose n’avait pas prévu cette fois de leur prêter main forte. Elle avait besoin de repos. Ces quelques jours d’absence lui réservaient probablement une tonne d’affaires à régler à son retour. La vie à Kiri ne s’était pas arrêtée et elle se savait attendue de pied ferme.

- Je descends m’allonger un peu, prévenez moi s’il y a quoi que ce soit. Lança-t-elle au commandant de bord.

Arukisa se tourna vers son élève.

- Tu devrais faire de même. Ils savent très bien se débrouiller sans nous. Ces derniers jours ont été fatigants aussi bien physiquement que là-dedans. Dit-elle en lui touchant la tête du bout de l’index. On ne nous laissera pas nous reposer en arrivant, crois moi. Je suis certaine qu’une mission nous attend déjà dans les bureaux du Complexe ! Finit-elle en commençant à descendre les marches vers la cabine où une paillasse peu confortable l’attendait.