Sa trajectoire était sourde comme ses pas effleuraient le sol. Les herbes n'osaient pépier sous ses semelles assurées, car la précaution avec laquelle elles les écrasaient s'apparentait à celle d'un orfèvre qui jouait minutieusement de ses mains pour polir le plus minuscule des joyaux. Le Deuxième le savait, sur les terres du Feu, aux confins de ce territoire si hostile et au passé si houleux, l'erreur n'était synonyme que de l'apparaissance d'une épée de Damoclès si féroce, si vengeresse qu'elle ne saurait mettre en sursis le funeste destin que réservait les Soldats de l'Empire à l'homme qui les avait gouverné. Plus que cela, la moindre des maladresses qui leur révèlerait la destination de cette tête mise à prix ne pouvait engager qu'un indésirable retour aux sources, qu'une légitime provocation de la Foudre au Feu, comme si elle lui avait susurré depuis tous ces mois "il était pourtant évident que l'ancien Kumojin, devenu Empereur selon vos propres règles, n'était qu'un misérable infiltré dans vos rangs".
Pourtant, la perception du peuple qui l'avait accueilli depuis son germe dans le Yuukan n'était différente des impériaux. La girouette ne cessait de tourner lorsque le vent ne cessait de souffler, mais l'appel de la paix dirigeait son inhalation d'une toute autre manière. Car aussi vérace pouvait-être la maxime qui rappelait que "l'herbe était toujours plus verte ailleurs", le pacifique, aveuglé par son désir d'exploration et tiraillé par un passé qu'il pensait immuable, n'avait su percevoir entre les lignes d'un discours de paix le fonctionnement expansible d'une philosophie que les militaires pensaient souverain. Et à ce titre comparatif, le Sendai n'avait trouvé à ce moment en Kumo que l'aube d'une criminalité assumée, tandis que l'Empire sous Yamanaka Rei avait exhibé fièrement la fin de ce cycle de haine en la plaçant sous l'égide d'une vengeance enfin assouvie.
Mais de cette erreur, il n'avait pu fermenter qu'une haine croupie sous la crasse du ressentiment, alors que les villages ninjas n'avaient pu comprendre que, pour l'Originel, déserter n'était synonyme de guerre ; elle dessinait plutôt dans son l'expression la plus pure sa recherche de paix dans un monde obnubilé par la rancune. La même qu'il avait montré à toutes les Ombres lorsque, par sa force, il s'était hissé au Sommet des Puissances d'Urahi.
-"Cela faisait longtemps", susurrait-il au sentier qui s'élevait sur des dizaines de mètres, une fois qu'il eu traversé la frontière puis les reliefs du Pays de la Foudre.
Au devant de ses prunelles cristallines, ses pas pouvaient trouver une terre qu'il avait sillonné tant de fois pour tant d'allées et venues. Il pouvait franchir cette distance, réduire cet écart qui le séparait du futur qu'il allait imposer aux gardes logés sous cette arche érigée par ses anciens compagnons. Sa propre silhouette leur apparaissait alors, méconnaissable au premier abord, mais nul doute que le geste et la parole qu'il s'apprêtait à leur adresser les affranchirait de toutes ces ignorances.
-"Je fus naïf de croire que vous seriez les mêmes qu'à l'époque", commença t'il en décrochant doucement son masque, le faisant glisser lentement le long de son faciès jusqu'à présenter d'abord ses yeux... puis son visage entier.
Son sourire se faisait calme comme ses traits ne savaient exprimer la moindre once d'agression. Mais plus que de faire confiance en leur interprétation, il ajouta une teinte de sympathie et d'ouverture qui tentait de calmer leurs potentielles ardeurs.
-"Messieurs les gardes, pourriez-vous prévenir Meikyû Raizen que Sendai Yahiko se tient à ses portes ? Dites lui que je viens en paix et que je ne suis pas pressé, je ne souhaiterai pas le troubler plus que nécessaire."
Ainsi s'achevait son périple ; là où son existence elle-même avait commencé.
Cela faisait un petit moment que je ne m'étais pas retrouvé aux portes de l'Arche Grise, et je n'allais pas m'en plaindre. La plus part du temps, il n'y avait absolument rien à y faire, le peu de personnes qui traversaient les portes ne représentaient aucun réel intérêt. Mais les dernières fois que j'avais pris mes fonctions de gardien, les choses étaient devenues intéressantes à plus d'une reprise. D'abord le retour d'un certain Sharrkan, puis quelques instants plus tard le retour de Saryo Hiko. Si le premier ne représentait qu'un intérêt révélant d'avantage de ma curiosité, le second avait en réalité été un pic d'adrénaline certain. Un déserteur qui revenait sur les terres de Kumo, avec pour exigence de parler avec le Raikage ? C'était bien quelque chose d'inédit ! Que l'on voyait que très rarement à l'Arche, alors quelles étaient les chances pour que quelque chose de similaire se reproduise ? Je soupirai face à mon propre constat : quasi nulles.
La journée avait été particulièrement calme, à tel point que j'étais tranquillement allongée au-dessus de l'Arche, regardant le ciel et perdu dans mes pensées. L'une de mes activités préférées lorsque je n'avais rien à faire n'était rien d'autre que de me perdre dans les méandres de mon esprit. Là-haut, je n'arrêtais pas de multiplier les simulations de combat contre des adversaires imaginaires, aux multiples capacités. Avec l'expérience, j'arrivais presque à m'immerger entièrement dans ce genre de combat virtuels. Une expérience étrange, mais à bien des points tellement intéressante et divertissante que je ne manquais pas une seule occasion de le faire lorsque cela était possible. Mais collègues plus bas me préviendraient s'il y avait quelque chose qui sortait de l'ordinaire, mais au vu de comment la journée avait débuté, j'en doutais grandement. Après tout, comme je l'avais dit plus haut, il ne se passait jamais rien à....
-Mais c'est une blague ?! J'suis sûr que c'est de ta faute Ikari-sempai ! Il s'passe toujours des trucs étranges quand t'es là !
Saisissant le mélange de déception et d'inquiétude dans sa voix, je me relevai immédiatement pour scruter l'horizon à la recherche de ce qui pouvait être si intéressant. Mes yeux finirent par tomber sur une silhouette qui s'avançait au loin. Cette silhouette ne m'était pas du tout familière, et au début je ne compris pas tout de suite la raison pour laquelle cette personne seule avait alerté mes collègues. Mais la seconde d'après, je compris immédiatement. L'étranger qui approchait portait un masque de renard sur le visage. Et généralement, les civils et marchands ne portaient pas ce genre d'artifice. Un large sourire apparut sur mes lèvres. Encore un peu d'action. Sans plus attendre, je me laissai descendre des hauteurs de l'Arche pour atterrir près de mes collègues dans un saut léger. Si mon visage montrait joie et excitation, ceux de mes deux collègues reflétaient d'avantage l'inquiétude et le désagrément.
-Héhé faut bien qu'on s'amuse un peu ici ! Sinon c'pas très marrant !
-Mouais, y'a que toi qui aime ça, Ikari-sempai.
Et il n'avait certainement pas tord. Alors que la silhouette masquée continuait d'avancer, je ne pus m'empêcher de la détailler. Sa démarche souple, sereine et aisée faisait penser qu'il s'y connaissait dans l'art du combat. Toutefois il était difficile d'en savoir plus avant qu'il ne ôte ce qui lui cachait la face. Et à mesure qu'il avançait, quelque chose dans son assurance me mit la puce à l'oreille face à ce qui allait arriver. Lentement, il retira le masque, dévoilant son visage. Et je le reconnus immédiatement. Cheveux argentés, des yeux bleus saisissant, ce visage...Avant même qu'il ne prononce son prénom je savais déjà qui il était, car son nom figurait dans le Bingo Book de Kumo. Sendai Yahiko, ex-chunin des Nuages, s'était rallié à l'Empire, en était même devenu l'empereur avant de déserter Hi et d'être recherché par ce même Empire. Un sacré parcours pour un shinobi, difficile certes. Mais ce qui avait ancré son nom et son visage dans ma mémoire, c'était la promesse de puissance qui se cachait derrière son histoire. Après le Tueur de Dieu, c'était un ex-Empereur du Feu ? La chance me souriait.
Et comme son prédécesseur, il s'avança, se présenta...et nous somma d'aller prévenir Raizen-sama de son arrivée. C'était quoi cette manie des déserteurs de revenir en grande pompe et avec des exigences qui plus est ? C'était un moulin ici ? Je ne pus m'empêcher de rigoler tout en m'approchant du Sendai. Un nom qui renvoyait aux capacités qu'il maîtrisait très certainement comme la plus part des Sendai. Son attitude toutefois ne renvoyait aucune animosité. Je pris donc le parti, après avoir demander à un de mes collègues de prévenir Keisuke-sama et le Raikage très discrètement, de m'avancer vers le shinobi.
-Yo ! Haha c'est une drôle de manie des déserteurs de Kumo de demander à parler au Raikage visiblement. Mais on pourrait savoir pour quelle raison ?
J'avais toujours un large sourire, et même si je n'étais foncièrement pas contre qu'il intègre le visage (oui, je voulais avoir la chance de l'affronter), cela n'allait pas être si simple.
-Oh, j'me suis pas présenté. J'suis Ikari, m'sieur le déserteur.
Quelles étaient donc les raisons qui l'amenaient à revenir au village ? Et pourquoi maintenant ?
Spoiler:
Il y a au moins une autre réponse qui arrive héhé !
Nara Keisuke - Chef Temporaire du Kyuubu & Co-Chef du Shin-Kekkaimusho
Chargé de gérer certaines affaires internes, Keisuke était en pleine planification lorsqu’une information capitale lui fut remontée.
Ne tardant pas au regard du niveau de dangerosité du personnage présent aux portes, il s’éclipsa sans attendre son reste afin de se rendre à l’entrée. Très prompt dans ses gestes, cet homme était du genre à laisser l’adrénaline inspirer le moindre déploiement de son énergie lorsque cela faisait son affaire.
Le reste du temps, il préférait laisser les stéréotypes associés au clan Nara nourrir son approche plus ou moins stratégique et sage. Or, lorsqu’il pouvait mélanger les deux, telle était sa zone de confort, un type d'environnement dans lequel il se sentit en terrain familier aussitôt aux portes.
Prêt à toute éventualité, il ne pouvait s'empêcher l'impression de déjà-vu plus que flagrante. Qu’avaient-ils à tous se présenter aux portes pour demander une audience auprès du Raikage ? Plus important encore, pourquoi des personnes recherchées prenaient-elles autant de risque ?
Ayant plus ou moins été confronté à une situation similaire récemment, c’était une question légitime à se poser, surtout qu’il était peu probable que Yahiko en soit conscient. Or, à titre de Chef de la sécurité, c'était un élément à prendre en considération. Peut-être que renforcer les pistages aux frontières et intercepter les gens recherchés avant qu'ils n'arrivent dans un village deviendrait l'une de ses prochaines priorités. Or, pour l'heure...
-Bonjour, Sendai Yahiko…
Libérant ses paroles comme s’il le connaissait ou plutôt le jugeait, les iris rougeoyant de l’homme à la chevelure de feu s’incendièrent soudainement, comme si une étincelle méfiante venait de s’éveiller. Ne prenant aucunement le temps de se demander si Yahiko le reconnaissant à titre d'un ancien haut-gradé du Kyuubu sous Reiko, il se présenta tout de même...
-Nara Keisuke, Chef du Kyuubu.
De nature très inquisitrice, de nombreuses questions lui traversaient l’esprit au regard du pedigree et de l’historique du visiteur. Pourtant, ils devaient aller droit au but pour le moment, surtout que l’atmosphère ne semblait pas enclin à l'hostilités pour le moment. Signe de collaboration, il soutint Ikari sans forcément savoir ce qu’il lui avait demandé juste avant qu’il arrive. Malgré tout, il faisait confiance aux protocoles et questions usuelles de l’électrique. Ayant dévoilé de belles aptitudes jusqu'à présent, Keisuke avait entendu et vu ce dont il savait faire, le confortant à l'idée de travailler avec lui dans cette situation.
-Je pense que tu es au courant de ton statut et du fait que tu es recherché pour ta désertion de l’Empire et par conséquent possiblement par les membres de la Coalition.
Si ce n’était pas le cas, il l’apprendrait en ce jour.
-Pourquoi une telle prise de risque sans communication préalable?
Simple et efficace, si Yahiko avait rendez-vous à Kumo, il le saurait. De ce fait, sa présence devait possiblement justifier quelque chose d’important, possiblement aussi important que son prédécesseur.
Quoi qu'il en soit, que ce soit de Sairyo Hiko ou de Sendai Yahiko, les gens se présentant aux portes de Kumo dans ce genre de circonstances étaient tout de même des poids lourds dans leurs propres mesures, un aspect qui rendait intrinsèquement l'atmosphère un minimum tendue pour lui. Rien ne devait être laissé à l'aveuglette, la sécurité des citoyens était prioritaire.
Spoiler:
Nara Keisuke utilise une charge afin d'arriver rapidement à l'entrée. Il pose ses questions à Yahiko et demeure très observateur. Au tour de @Sendai Yahiko
CHARGE MAJEURE TECHNIQUE DE RANG A Neutre (Taijutsu Supérieur) ─ Taijutsu ─ Simple L'utilisateur, après avoir pris appui et concentrer son chakra dans ses pieds, charge sa cible à grande vitesse sur une grande distance.
Cet inconnu, il était de ceux qui souriaient à ses ennemis.
Ses traits se figèrent, tirés par un sentiment d'appartenance qui lui avait tant manqué depuis sa migration. Son visage ne savait exprimer ce que son coeur ressentait, et eut il d'ailleurs raison de réprimer cette réaction qui aurait trahi tant sa posture que son état d'esprit, car la nostalgie et le manque n'avaient de place dans les viscères d'un traître, surtout aux yeux d'un peuple qui avait dû maudire moultes fois son existence. Alors, ses prunelles se contentèrent de ce modeste échange, confrontant leur pureté avec l'excitation de celles du prénommé Ikari, comme ses oreilles s'abreuvèrent des paroles qui lui furent adressées d'abord par le Fringant, puis par l'imposante présence du Chef du Kyuubu.
Sa mémoire pouvait honteusement lui faire défaut, car aucune des deux identités qui se confrontaient à lui n'évoquait le moindre souvenir, la moindre image d'un passé qu'ils avaient pu partager ensemble. Il était le reconnu face aux mystérieux, le renégat face aux patriotes, la personne qui avait tout perdu quand ils étaient ceux qui avaient le pouvoir de le bénir du pardon des leurs. Mais plus qu'à se suffire de sa maudite situation qu'il venait tenter de résoudre, son attention s'était elle attardée sur les quelques perches que le binôme avait pu lui tendre...
Un légitime rappel de sa condition tant sur le plan national qu'international, une attendue interrogation qui s'apparentait à celle des gardes de Jôheki concernant Yashigare Masumi, enfin accompagnée d'un questionnement concernant la raison de sa venue. Là reposaient tant d'éléments qu'il avait largement pu anticiper grâce à l'historique qui l'avait lié au Pays des Remparts, si bien que les cartes qu'il comptait jouer étaient presque similaires, avec cette nuance qui forgeait toute la différence...
Il était apparu à Kaminari, là où il souhaitait dorénavant s'y éteindre. Sous l'égide d'une Foudre qui l'avait jadis bercé.
-"Je... enchanté."
Sa senestre laissa glisser de plusieurs centimètres le bâton qui maintenait le tissu qui portait toutes ses affaires, jusqu'à déposer en son sommet l'artifice qui avait auparavant déguisé sa trombine. Puis, il déposa lentement son attirail à ses pieds avant de relever ses deux mains, paumes visibles par ses interlocuteurs, comme s'il était un criminel qui venait d'être appréhendé. Plus que cela, il exhibait surtout ses intentions opposées à toutes formes d'hostilité, un geste évidemment futile au sein du Yuukan mais qui attestait plutôt d'une symbolique forte.
Ses iris peuplèrent d'abord celles du guerrier à la chevelure incarnadine, s'apprêtant à accompagner sa voix vers la première de ses réponses. Il n'avait non pas choisi d'ignorer l'impulsion d'Ikari, c'était là son choix stratégique d'entrée dans la matière. Car la raison de sa présence, elle était également l'introduction de toutes ses intentions, le préambule de la destinée qu'il voulait maintenant se tracer. L'origine de son retour aux sources.
-"J'ai choisi de ne pas vous informer par peur que vous ne preniez d'imposantes dispositions pour m'éliminer avant de prendre le soin de m'écouter... ce qui aurait évidemment été légitime, mais ce qui ne m'aurait également pas arrangé, monsieur."
Ses lèvres se retroussèrent dans une mimique presque enfantine, comme s'il assumait l'audace dont il avait fait preuve. Mais au même titre que son gouvernement dans l'Empire, tout n'allait rester que transparent... tant il était bien trop simplet pour s'aventurer sur les chemins de la fabulation.
Le Chef du Kyuubu comme l'assimilateur de foudre pouvaient même prendre cette liberté de réaliser la position qu'il adoptait dans cet échange : il n'allait être de ceux qui revendiqueraient leurs droits démérites, il se suffirait d'un simple engagement similaire à celui d'un vulgaire Soldat. De sa stature, il ne laissa place à la moindre supériorité qu'il aurait pu choisir d'embrasser, se contentant préférablement d'une position qu'il voulait obtenir.
Celle d'un simple homme de main, dépourvu de toutes responsabilités si ce n'était celle de servir les siens.
-"En venant ici sans préavis, je savais que vous pourriez craindre mes intentions et que cela engagerait votre venue précipitée, cela ne vous permettait pas de vous organiser pour m'accueillir sans que je ne puisse le pressentir."
Pourtant, de ses téméraires paroles aux allures peu diplomatiques, ils ne pouvaient trouver en ses airs que la plus simple des manières. Il n'était visiblement pas venu blesser le peuple qu'il avait délaissé.
-"Ce n'est pas diplomatique, comme ce n'est pas une manière pour moi de tenter d'obtenir votre confiance, mais celle-ci étant déjà fêlée suite à mon départ, je n'ai fait que me soucier de ma survie."
Son corps se courba légèrement vers l'avant, mettant en avant le haut de son crâne jusqu'à rendre ses traits invisibles, ses mains montrant toujours son humble condition. Il ne faisait visiblement que s'excuser.
-"Pardon. Je ne souhaite ni vous inquiéter, ni créer un état d'alerte."
Son buste vint se détacher de la parallèle avec le sol, permettant à ses prunelles de reprendre contact avec le deuxième de ses allocutaires.
-"Vous me demandiez la raison de ma présence, Ikari, la voici."
La déposant humblement et modestement dans les oreilles des deux shinobis de la foudre, il s'exécuta.
-"J'estimais que votre Raikage était le seul apte à décider s'il acceptait qu'un ancien déserteur de la Foudre, anciennement Empereur d'un Empire qu'il a échoué à rallier sous l'égide de la paix, rejoigne à nouveau ses rangs."
Sa voix se faisait simple, comme s'il était dépourvu de toute remontrance, alors que son passé criait le contraire.
-"Je ne souhaite aucun poste à responsabilité, je ne souhaite obtenir aucune information de la Foudre, je ne souhaite obtenir aucun pardon comme je n'ai la moindre revendication."
-"Pour la guerre qui se prépare, je ne souhaite que servir le village qui m'a accueilli depuis mon plus jeune âge. Je vous prie de me laisser ajouter mes forces à celles de Kumo sans contreparties, s'il vous plait."
Dernière édition par Sendai Yahiko le Mar 2 Aoû 2022 - 18:13, édité 2 fois
Alors que je commençais à poser mes questions au déserteur bien connu qu'était Sendai Yahiko, je sentis un mouvement dans mon dos. Un sourire se creusa un peu plus sur mon visage alors que je reconnaissais cette aura sans même avoir à me retourner. Seulement quelques maigres secondes après que l'information ait circulé, voilà que Nara Keisuke était présent, arrivant avec une vitesse tout à fait remarquable à mes côtés. Sa présence, comme lors de la venue de Hiko, soulignait bien l'importance que notre chef d'unité accordait au protagoniste face à nous. Si je portais en moi l'évidente marque de ma folie joyeuse, le charisme du Nara n'était quant à lui plus à prouver, et lorsqu'il se présenta c'était d'une voix claire et sans détour. Ne laissant aucun doute quant à qui était en charge ici, ni le sérieux de la situation. Sa présence renvoyait à la force, à la puissance, et ce n'était pas pour rien qu'il était venu aux portes soutenir le simple garde que j'étais. Si notre ami déserteur ici présent décidait de se déchaîner, je doutais que j'arrive à l'arrêter seul. Pendant un instant, je me demandai même qui du Nara ou du Sendai était le plus puissant. Cette réflexion faisant naître quelques étincelles d'excitation inaperçues. Mais nous n'en étions pas là.
Après s'être présenté, le Chef de la Police de Kumo coupa tout droit vers le vif du sujet, scrutant Yahiko de son regard bien plus incandescent que sa chevelure. Car il était vrai qu'au vu de sa position et de l'état des relations mondiales actuelles, la situation s'annonçait plus que délicate. Être recherché par un Pays de la Coalition apportait son lot de désagréments qui n'était pas à négliger. Et même si on décidait d'omettre ce fait, car au fond, les affaires internes de l'Empire ne nous regardaient absolument pas, ni Kumo ni la Coalition, la situationd e Yahiko restait délicate. A plus d'un titre, il serait vu au sein des Nuages comme un traître à sa patrie. Ayant d'abord combattu sous les couleurs dorés de Kumo, il avait ensuite décidé de rejoindre les feuillages de l'Empire, pour ensuite en être chassé...Mais sa réponse était sommes toutes absolument improbable. Levant ses mains en signe de non-agression, il se présenta dans un état plus que vulnérable, cherchant ainsi à ne déclencher aucune réponse belliqueuse de notre part. Pour un ancien Empereur, je me serais attendu à une fierté et un égo surdimensionné, bien plus que ce à quoi j'assistais. Je penchai la tête de côté et profitai du fait qu'il s'adressait en premier lieu au plus gradé de nous deux pour l'observer.
Sa gestuelle était parfaitement calme, sa respiration semblait calme et mesurée. Aucun signe avant coureur qu'il allait faire la moindre chose pour nous contrarier. C'en était presque décevant, signifiant une nouvelle fois que je n'allais certainement pas pouvoir affronter notre cher invité aux Portes. Quant à ses paroles, elles transpiraient d'une honnêteté qui aurait pu être difficilement feinte. Ses réponses n'étaient pas faites pour nous apaiser directement, pouvant même paraître provocatrice, mais il répondait simplement avec justesse aux questions qui lui étaient posées. Il était à noté que sa stratégie était toutefois intelligente, même si déplaisante pour quiconque n'aimait pas qu'on pénètre ainsi sur ses terres. Je l'aimais bien, ce Sendai. Une intelligence qui justifiait certainement le fait qu'il ait pu atterrir en tant qu'Empereur du Feu, sans compter que cela faisait de lui un puissant guerrier. Un Empereur....tous les dirigeants des villages étaient-ils d'un niveau équivalent ? Cela faisait-il de lui l'équivalent d'un ex-Kage ? Toutefois, il restait plusieurs points noirs à éclaircir avant de pouvoir prendre une quelconque décision, même après sa réponse aguicheuse à ma question. Un soldat puissant, sans aucune contre-partie pour notre Pays, désireux de simplement combattre l'Homme au Chapeau ? Il serait dommage de se priver d'un tel atout...tout comme il serait dommage que Kumo se mette à dos la Coalition toute entière -ou du moins Teikoku.
-Héhéhé ! fis-je avec un large sourire en me grattant l'arrière de la tête. C'est cool, mais j'pense que c'est loin d'être aussi simple, m'sieur ! Votre situation est délicate de plus d'un angle. Autant d'un point de vue par rapport aux Kumojins, que de Kumo par rapport à la Coalition.
Même s'il y avait peut-être un moyen de régler une partie de la solution...Dans tous les cas, la rancoeur de certains Kumojins par rapport à leur ex-compatriote qui avaient rejoint l'Empire risquait de rester bien présente. Mais si le Raikage l'ordonnait, les gens se tiendraient à carreau. Plus ou moins. Même si cela risquait de fragiliser la position du Yondaime aux yeux de certains. Peut-être un accord secret...? Un accord connu que de peu de gens...? Je soupirai intérieurement face à toutes ces complications. C'étaient là les raisons pour lesquelles je n'aimais pas toutes ces considérations politiques. Mais je devenais de plus en plus doué pour en décrypter les manigances, à mon grand dam. Restait un point qui devait à mon sens au moins être éclaircis.
-On peut savoir de quels crimes vous êtes accusez par l'Empire ? Et c'que vous avez fait après vot' désertion ?
Il était évident que quelque soit ses réponses, il allait falloir qu'on l'interroge de manière bien plus approfondie. Un senseur expert qui saurait détecter ses mensonges et ses cachotteries. Dans un premier sens pour éclaircir sa relation avec l'Empire. Savoir la sévérité de ses crimes pourraient nous aider à savoir s'il était possible pour nous de l'abriter. Si ces derniers ne concernaient que l'Empire et n'étaient pas trop graves, il serait p'tet possible de conclure à un pacte de non-agression au nom de la Coalition dans les tâches à venir. Ce qu'il avait fait après sa désertion pourrait nous indiquer là où il était passé, le temps qui s'était écoulé, et sa possible rencontre avec des ennemis de la Coalition. Même s'il prétendait ne vouloir aucune information de la part de la Foudre, ce qui plaidait en sa faveur contre l'espionnage, il y avait bien des manières de récolter des informations. Surtout pour un shinobi de sa trempe. Mais c'était surtout parce que c'était un shinobi de sa trempe et que nous avions besoin de toutes les grosses pointures disponibles dans cette guerre qu'il me semblait important de garder nos horizons ouverts...
Nara Keisuke - Chef Temporaire du Kyuubu & Co-Chef du Shin-Kekkaimusho
S’organiser en prévision de sa venue ? Oui, c’était là l’exacte raison pour laquelle il aurait dû les prévenir, à minima le Raikage, de son arrivée imminente au village. Cependant, il n’aurait pu, comme il l’exprima ouvertement, profiter de l’effet de surprise dont il usait là.
Auraient-ils craint ses intentions ? Pas plus qu’en venant ainsi, sans s’être préparé au préalable en toute conscience de la menace que l’Empereur déchu représentait au travers de la puissance qu’il pouvait déchaîner à tout moment sur le village. Pourraient-ils venir à bout de lui ? Oui, sans aucun doute, mais à quel prix ?
Ainsi les trois hommes se trouvaient là, se jaugeant, s’analysant, afin de comprendre les intentions des uns et des autres, à l’affut du moindre signe d’agression, du moindre signe suspect.
Pourtant, si les excuses répétées de Yahiko ne diminuèrent en rien l’attention de Keisuke – comme en témoigna aussi sa gestuelle – elles eurent l’effet d’attiser sa curiosité, de faire pencher ne serait que d’un iota la balance en la faveur du relai d’information concernant son désir d’entretenir une entrevue pacifique à condition queout cela puisse se régler sans violence, sans combat.
Rien, il ne souhaitait rien si ce n’était servir, servir et participer à l’effort de guerre, celle qui pourrait être la première et dernière grande guerre shinobi. Sur ces mots, Keisuke esquissa un mudra, avec la plus grande clarté, sans aucun signe d’agression. Un mudra que reconnaîtrait Yahiko sans difficulté et qui fit apparaître un clone à ses côtés, qui s’empressa de transmettre ce message, cette raison si importante qui avait poussé l’Empereur déchu à revenir sur sa terre natale, à revenir au pays de la Foudre.
- Mmh. » Se contenta simplement de répondre Keisuke, tandis que son clone comptait filer vers le Raikage, porteur du précieux message.
Fidèle à sa réputation, Ikari géra la situation avec calme légèreté. Une légèreté déconcertante, mais qui avait l’avantage de mettre en confiance ses interlocuteurs, d’instaurer un rapport d’équilibre, pacifique, propice à la discussion et au dialogue.
Ses interventions, tant au sujet de la coalition que des crimes dont Yahiko accusé, ainsi que ses péripéties jusqu’à la venue en ce lieu étaient parfaitement justifiées. Même si accueillir Yahiko serait effectivement un atout important pour le village, il représentait aussi un danger énorme, un atout incontrôlable. Quid de ce temps passé hors du Pays de Feu ? Des visites et rencontres qu’il aurait pu faire ? Quid de ses réelles intentions ? Puissent-elles réellement être si dévouées et pures que ce qu’il venait de dévoiler.
Était-il seulement possible de dissimuler sa présence des yeux de l’Empire ? De le cacher et de se servir de lui au moment opportun ? Tout secret finit un jour par éclater au grande jour, tout n’était qu’une question de temps et la question qui se posait-là était s’ils en disposaient d’assez pour utiliser cet Empereur déchu avant qu’il ne puisse les desservir.
En temps voulu, il saurait faire entendre sa voix, faire entendre sa décision, mais l’heure n’était pas encore arrivée. Non, fallait-il encore statuer dans l’immédiat sur le statut à lui donner. - Qu’est-ce qui nous prouve que vous ne vous retournerez pas contre nous ? Vous êtes un traître, un traître qui a rejoint le trône de l’Empire qui a conquis Kumo, qui l’a asservi.
L’agression était volontaire, cherchant ainsi à faire réagir Yahiko, observant chacune de ses réactions, de ses mimiques, décortiquant chacun de ses mots afin de jauger ce qui se cachait vraiment derrière cette proposition somme toute alléchante. Était-ce là un cadeau empoisonné ? Ou une réelle opportunité ?
Douce était la voix qui portait ses nobles intentions mais fermes étaient les desseins qui parvinrent aux oreilles des deux ninjas de la foudre. Il n'était question de doutes, comme il n'était question d'accorder une entente posée sur des bases fragiles qu'il construirait sur le moment. Son destin, il l'avait décidé en le traçant sur la même carte que celle qui l'avait mené aux Territoires de la Foudre alors que ses pas foulaient encore les terres du Pays du Feu. Servir les siens, ceux qui l'avaient vu grandir, ceux qui l'avaient hissé au statut de Chûunin, ceux qui lui avaient fait découvrir ses propres origines et les premiers germes de ses pouvoirs maintenant susceptibles de se confronter à ceux des plus grands, là était pour lui le nœud du cycle de sa propre existence, là où il voulait finir, à l'origine où tout avait commencé, comme si le droit chemin l'appelait à se raisonner sur qui il était vraiment.
Lorsque l'Empire avait attaqué Kumo, il y avait de cela de nombreux mois, ses pas l'avaient mené quelques jours auparavant sur les traces d'une mission quelconque, loin de la Capitale, sur une route si égarée qu'aucune alerte n'avait pu sonner à ses oreilles, qu'à son retour il ne soit soumis à la plus triste des nouvelles : des siens avaient péri, et notamment son élève qu'il avait apprit dévoré par la titanesque silhouette d'une triade de mâchoires dévorantes... appartenant pourtant aux rangs qu'il avait lui-même décidé de diriger plus tard. Alors, le pardon ne pouvait qu'être maître dans l'esprit d'un homme qui s'était rallié à la cause de ceux qui avaient engendré tous ces drames, comme si le Devancier ne savait s'arrêter au simple fait d'une déclaration de guerre.
Et de cette histoire, il avait voulu en comprendre les racines car de ces leçons, il avait voulu en tirer des enseignements.
Parmi celles-ci, la possible erreur que Kumo ne soit que le nid de nombre de guerriers sanguinaires qui ne savaient prier que pour le sang et la conquête, là où l'Empire s'était présenté comme un peuple bon, salvateur, vengeur certes, mais apte par la force à dominer le mal pour y imposer leur bien.
Comme si ce monde injuste pouvait être suffisamment simple pour se reposer sur des bases manichéennes, là était toute l'engeance d'un caractère naïf, méconnaissant, absolument inconscient sur les concepts d'erreur ou de fautes. Car de ces quelques promesses politiques aussi mensongères qu'abjectes naquirent la désertion d'un shinobi qui, au bout de quelques jours, se rendit compte de l'escroquerie qu'étaient quelques belles paroles qui se déposaient fraternellement au creux d'une conscience innocente.
Jamais n'eut-il trouvé la moindre paix dans la moindre parole, dans le moindre geste de l'Empire du Feu.
Voilà où était né son désir de diriger, à la source d'un esprit qui pensait dompter par le Grade pour mieux imposer une paix largement indésirée.
La race humaine ne pouvait s'y suffire.
-"Je suppose que les crimes qui me sont reprochés par l'Empire sont les mêmes que ceux qui me sont reprochés par les vôtres. Jamais n'eus-je osé entreprendre le moindre méfait contre ceux que j'eus délaissé, je n'ai fait que quitter des terres dans lesquelles je ne me sentais à ma place."
Finalement, ingénu était celui qui avait pensé trouver un véritable havre de paix, car la guerre et les conflits, pourtant reconnus incessants, poignaient aussi facilement que pouvait sourdre le caprice dans l'esprit d'un bambin.
-"Que Meikyû Raizen m'en soit témoin, lors de mon ascension au statut d'Empereur, mon premier acte fut de faire parvenir aux différentes Ombres mes intentions les plus nobles et les plus pacifiques, là où l'Empire ne pouvait s'y accorder. Jamais n'eus-je souhaité nuire à Kumo que j'eus pourtant déserté, je fus même parti prendre le pouvoir ailleurs, au sein d'un peuple m'ayant pourtant privé d'êtres chers lors de leur offensive contre nous, afin de tenter d'imposer à l'internationale une paix qui me paraissait nécessaire."
D'une pierre deux coups, il trouva une astuce pour jongler entre les deux questions des deux shinobis qui pouvaient trouver un point d'accroche... là où l'Empire ne l'avait jamais vu comme l'un des siens, là où ils n'avaient toujours souhaité que rejeter leurs étrangers.
-"Vous ne craignez rien de moi, car je n'ai d'alliés que de quelques déserteurs de l'Empire qui, en me suivant, s'accordèrent à mes rêves de paix. J'eus déserté car le peuple du Feu ne savait que se diviser sous mes intentions de paix, m'eussent-ils prouvé de nombreuses fois que je n'eus jamais été des leurs, il ne me restait qu'à reprendre ma route de nomade, accompagné de quelques âmes maintenant réparties aux quatre coins du Yuukan, désireuses d'accomplir leurs rêves personnels."
Ses yeux se firent sévères à cette idée, soutenant cette idée qu'il voulait maîtresse de son argument.
-"Si je voulais vous trahir, pour qui le ferais-je ? Voyez par vous-même, je n'ai plus personne. Même sous l'égide de l'empire, les soldats ne savaient m'acquiescer."
Il était ainsi l'heure d'invoquer le présent et les perspectives d'avenir, finalisant les réponses à cet Ikari dont la lueur de joie s'était teinte d'un professionnalisme certain tant il était évident que d'un déserteur, Kumo ne saurait tirer une inclusion favorable de son propre peuple... ou d'une Coalition qui pouvait le rechercher.
Alors en maintenant cette posture qu'il voulait toujours aussi inoffensive, ses pupilles jonglèrent entre l'un et l'autre de ses destinataires, soucieuses de tenter de trouver chez eux les prémices d'une confiance.
-"Après avoir déserté, mes amis et moi nous sommes rendu à Jôheki, qui surent difficilement nous accepter. Là bas, nous y avons découvert une entité mystérieuse, très puissante et qui semblait provenir d'une autre époque, dont le pouvoir savait faire trembler les Montagnes jusqu'à écraser leurs habitats. Ce ne fut qu'après notre victoire que je repris ma route vers Kumo, sans plus de détours."
Et toujours dans cette perspective de reconnaître sa propre posture même à l'internationale, il y ajouta cette dernière touche d'humilité.
-"Je comprends tout à fait que mon image au sein de la Coalition ne vous inquiète, et je ne peux que vous approuver. Voilà pourquoi vous ai-je demandé de vous rejoindre sans acquérir la moindre connaissance, sans toucher à la moindre responsabilité."
Cette fois, ce fut l'inquisition qui plissèrent ses prunelles maintenant orientées vers celui qui devait être le plus haut gradé des deux ninjas, Nara Keisuke.
-"Je suis prêt à ne pas dévoiler mon identité à Kumo, en la préservant qu'aux quelques hauts gradés que vous estimerez de confiance. Je suis prêt à faire de ce masque que je vous eus montré initialement l'outil imposé, l'instrument nécessaire à mes excursions dans la Capitale. Je suis même prêt à loger hors de Kumo, à rester un Nomade environnant que vous ne sauriez assumer publiquement mais que vous pourriez contacter à tout instant pour vos missions périlleuses, si périlleuses que soucieux de ne pas envoyer les vôtres à la mort, vous m'y enverriez moi."
Il leur laissa le temps de s'approprier ces quelques paroles, avant de finir conclure son petit discours digne d'un affamé qui souhaitait s'enquérir de la moindre miette.
... Sous cette vaste étendue nuageuse qui gouvernait les reliefs du pays de la Foudre, il insista.
-"Je souhaite que vous trouviez un arrangement pour que vous n'ayez rien à y perdre, tout à y gagner. Je souhaite servir Kumo, simplement, au travers de vos intérêts ou au travers de mes projets personnels que je n'oserai accomplir sans votre aval."
Eusse t'il été l'homme le plus puissant du Pays du Feu pendant un temps, il venait le temps de tout perdre pour retrouver sa condition initiale, partagée par tant de ninjas et de civils... celle d'un simple homme qui avait le devoir de s'écraser devant l'autorité, même s'il avait le pouvoir de la défier.
Dernière édition par Sendai Yahiko le Mar 2 Aoû 2022 - 18:14, édité 2 fois
Même si je m'y attendais, l'approbation silencieuse de Keisuke face à mon approche restait quelque chose d'appréciable. Non pas que je cherchais l'approbation du Nara particulièrement, loin de là, je n'étais pas de ceux à vouloir absolument plaire à leur supérieurs. Toutefois, cela signifiait que je m'améliorais dans mon travail, et mes questions devenaient de plus en plus pertinentes. Et avec cette amélioration, ma capacité à protéger les citoyens de Kaminari et de Kumogakure. Mais je ne tardai pas à me recentrer sur le sujet de la conversation, ignorant le clone du chef du Kyubu qui filait certainement prévenir le Raikage. Pour revenir sur le déserteur, son expression et sa posture ne renvoyaient pas la moindre animosité, l'air lui-même semblait serein. Quelques brises nous caressaient le visage et passaient dans nos cheveux, loin du calme plat et immobile qui précédait généralement de grandes catastrophes.
Et comme précédemment, Yahiko répondit à toutes nos interrogations avec clarté et humilité, se livrant presque sur un plateau nous laissant seuls juge de son sort. Si le signal était donné, à tout moment il pouvait se faire arrêter, voir tuer. Quelle serait alors sa réaction si on l'attaquait ? Ç'aurait été intéressant de le savoir et d'étudier sa réponse à cette offensive, mais peu pertinent dans le cas présent. Ses paroles, comme beaucoup de shinobis je l'avais remarqué, étaient compliqués pour rien, passant par des figures de style et par des artifices qui ne faisaient que rallonger leur temps de parole. Les belles palabres semblaient aller de pair avec ce métier visiblement, chose pour laquelle j'étais très mauvais. Ou du moins, pour laquelle je ne prenais que rarement la peine de faire des efforts. Il nous expliqua alors que son seul désir était de faire la paix, chose qu'il avait échoué à faire avec les soldats de l'Empire. Un Empire qui semblait avoir de nombreux soucis à régler en interne, un peuple complexe à priori.
Suite à ses déboires au Pays du Feu, il était vraisemblablement allé à Joheki avec ceux que l'Empire avait chassé avec lui. Et le voilà maintenant qu'il revenait, seul, au village des Nuages. Ses compagnons semblaient s'être éparpillés pour suivre leur propre voie. Et si en effet, de prime à bord, il semblait compliqué d'imaginer pour qui il pouvait travailler, il restait toujours une piste qui méritait d'être explorer. Celle de L'Homme au Chapeau, l'ennemie de l'humanité qu'il clamait vouloir combattre à nos côtés. Toutefois...cette possibilité semblait être compromise par ses propositions d'être nullement impliqué dans le réseau d'information profond du village ni de la Coalition. S'il était une taupe qui ne récoltait aucune information, alors à quoi servirait-il à ses maîtres imaginaires ? Tout semblait disculper ce jeune homme, et malgré son lourd passé et son palmarès, il semblait honnête. Je penchai alors la tête sur le côté, le regard neutre en tentant de jauger notre interlocuteur avant de hausser les épaules.
-Z'avez l'air très conciliant, m'sieur Yahiko. Et les propositions que vous faites semblent altruistes au possible. Et vos amis risquent-ils de venir à nos portes aussi ? Êtes-vous encore en contact avec eux ?
C'étaient là des questions d'avantages basées sur le confort et la prévision que de la réelle suspicion, mais qui me semblaient quand même importantes à savoir. Suite à cette question, je comptais bien prendre ma retraite dans le silence pour laisser Keisuke, et éventuellement Raizen, donner leur avis sur la question. Pour ma part je ne voyais plus aucune objection à le compter comme des bras musclés supplémentaires, mais je n'étais pas mandataire de ce genre de décisions. Gardant alors l'interlocuteur albinos dans mon champ de vision, je tournai le regard vers le chef du Kyubu en attente de son verdict, même s'il pouvait voir mes convictions inscrites sur mon visage.
Nara Keisuke - Chef Temporaire du Kyuubu & Co-Chef du Shin-Kekkaimusho
Sincérité, honnêteté, franchise. Yahiko se dévoila tout entier, n’esquivant aucune question, se défendant, sans contre-attaquer.
Pourtant, il se trompait, car partir, fuir ainsi sa terre natale et abandonner les siens était un méfait. Un shinobi ne naît ni ne meurt libre, ou tout du moins, cette liberté avait un prix et ce prix, l’Empereur déchu était justement en train de le payer, son cœur pesé, la Grande Dévoreuse attendant là, devant lui, pour agir au moindre signal.
La paix qu’il avait tenté d’imposer était maintenant une réalité, mais une réalité fragile, qui menaçait à tout moment de se rompre au même rythme que le monde replongerait dans la guerre. Serait-il toujours l’apôtre de la paix ? Ou celui de la guerre ? Car l’accepter entre ses murs, l’accepter à Kumo, pouvait signifier l’un comme l’autre. Combattre pour le monde, caché de tous, dans l’ombre et mourir comme un ninja, ou réapparaître à la lumière de tous et mener vers une nouvelle grande guerre.
Le prix à payer de cet arrangement que Yahiko souhaitait tant serait lourd… l’accepterait-t-il ?
Ikari intervint en premier, posant une question censée, sur laquelle rebondit Keisuke, arborant toujours son air fier, mêlé d’un brin de ruse.
- J’irai même plus loin, si vous me le permettez : il va nous falloir le nom, la description, la localisation… toutes les informations que vous avez sur vos amis. Car vous nous donnez certes votre parole, mais quid de la leur ?
Si Yahiko désirait vraiment redevenir Kumojine, alors il devait montrer une loyauté sans faille pour le village et être prêt à dévoiler ses secrets, se donner à corps perdu pour lui.
- De même, j’aimerai croire en chacun de vos mots, en chacune des paroles que vous avez prononcé, mais je ne suis pas homme à faire aisément confiance. Pourtant, croyez-moi, je vois votre venue, votre proposition, comme une opportunité, mais éliminer toute menace, il va nous falloir plus.
Keisuke tissait ainsi sa toile autour de Yahiko, l’acculant toujours plus afin d’extraire de lui toutes les informations, tant pour prouver que ses intentions étaient aussi loyales qu’il voulait le faire croire que par nécessité de les obtenir. Il n’était pas un ancien détective pour rien.
- Rentrer à Joheki… en votre qualité d’Empereur déchu, de déserteur de l’Empire n’a pas dû être une mince affaire. Je me trompe ?
Question rhétorique, qui ne souffrait en réalité d’aucune faille.
- Comment avez-vous fait pour les convaincre ? Qui avez-vous rencontré ? A qui avez-vous parlé et surtout, avez-vous des preuves matérielles de tout ce que vous avancez là ?
Ainsi, la dernière charge tombait, celle qui déciderait du sort de cet homme, de cet empereur déchu et son prétendu altruisme, de sa prétendue honnêteté. Sans preuve, impossible dans l’immédiat de confirmer ses propos, mais quelque soit sa réponse, il ne faisait aucun doute que le village aurait tôt fait d’entrer en contact avec Joheki et d’affirmer ou infirmer les allégations de Yahiko, dont le destin était maintenant entre ses mains.
Pendant ce temps, le clone avait pris les dernières bribes d’informations et de questionnements reçus avant de filer en direction du Raikage.
Le jeu de cartes qu'il avait dans ses mains ne savait revêtir que les couleurs de la transparence là où le Devancier y mettait des efforts nécessaires ; ceux qui venaient à tenter de bâtir une confiance réciproque entre les deux pôles. D'une part là où la Foudre devait trouver en le Sendai le désir le plus innocent d'accompagner son peuple inné, d'autres part là où le Nivéen voulait croire que le peuple qui risquait de le recevoir ne se risquerait pas à vouloir le punir par l'irréparable, d'une lame affûté qui trouverait en son dos le droit chemin vers son coeur. Ses propositions, il ne les avait avancées sans que celles-ci ne puissent lui être profitables, car voiler son identité pouvait non seulement assurer aux têtes pensantes de garder le contrôle sur des informations fragiles, mais cela pouvait également le protéger lui de tendances vengeresses dont il pouvait être la cible.
Son plan était tracé, écrit, à l'encre d'un esprit qui avait réalisé depuis Jôheki la position dans laquelle il se trouvait ; un pariât, un rejeté dont le passif ne savait prouver une quelconque valeur car après tout, le pouvoir alimentait le risque là où nul esprit ne pouvait dominer Celui qui voulait être libre. Et de ses choix, jamais n'avait-il regretté le moindre de ses actes, persuadé que face à l'innocence, le reproche ne pouvait trouver sa place.
Aurait-il voulu le leur crier et le leur faire comprendre qu'il s'y fit rapidement à l'idée : le doute germait dans l'esprit du trahi et jamais son exception de se voulait maîtresse. Peut-être voulait-il être de confiance, mais là ne se trouvaient pas les intentions d'une majorité soucieuse de ses intérêts propres.
Ses oreilles jonglaient, captant avec intention les questions courtes mais précises de ceux qui le sondaient. Son esprit scrutait, lui aussi, des intentions qui auraient pu être visibles dans les traits de leurs visages soucieux, des sentiments qui pouvaient s'évaporer de leur teint professionnel. Il ne bougeait pas, ses mains continuaient d'afficher ouvertement son pacifisme le plus assuré même si au moindre mouvement, ses doigts pouvaient s'agiter pour transformer l'arche en un enfer sur terre. Il l'avait comprit depuis un temps, pourquoi cette décision se voulait extrêmement périlleuse : il pouvait être une bombe humaine, dont les desseins ne pouvaient être cernés tant nul ne pouvait dompter son esprit, comme nul ne pourrait jamais dompter le moindre esprit qui voulait être libre.
Alors ses mots restaient ses seules armes, les seuls outils dont il disposait pour tenter de forger cette confiance.
-"Je ne discute pas souvent avec eux, mais je peux toujours entrer en contact. Il ne me semble pas qu'il soit dans leur plan de venir à vos portes, ils ne m'ont jamais évoqué l'idée, mais je ne peux cependant vous assurer qu'ils ne viendront jamais, je ne peux pas savoir ce qu'ils ont en tête."
A une nuance prêt, qu'il était on ne peut plus nécessaire à évoquer.
-"Mais à l'heure où je vous parle, aucun d'eux n'est au courant que je me suis rendu à Kumo. Personne ne le sait."
Pas même Shimaenō, dont la séparation s'était faite sous cette touche de discrétion, avec cette pointe d'incertitude. Il ne lui avait pas dévoilé l'évolution de ses plans, et sûrement avait-il eu raison pour s'octroyer d'avantage de cette liberté qui lui manquait. Après tout, elle était la geôle dont il n'avait besoin pour sa pérennité, elle aussi avait les clefs d'un destin qu'il avait lui-même mis en péril suite à ses choix.
Et alors qu'une courte introduction était lancée sur ses camarades, il progressa dans cette lancée, toujours soucieux d'être exhaustif sur leurs demandes. Il s'engagea dans un listing clair et concis, qu'il voulait suffisamment descriptif pour leur donner ce qu'ils voulaient.
-"Sendai Hanae, toujours localisée à Jôheki, Kumo dispose déjà de descriptions la concernant tant elle était également une ancienne Kumojin. Medyûsa, anciennement partie pour l'Archipel de Mizu, également déserteur de Kumo. Inuzuka Ayuu, retournée à Urahi pour son histoire de clan, c'est une kunoichi accompagnée d'un Ninken noir, de taille moyenne. Elle a les cheveux blancs et ses vêtements sont généralement teintés de la même couleur, accompagnés de nuances de violets. Elle est douce, gentille et soucieuse des autres, bien qu'elle doute d'elle-même. Enfin, Sugimoto Kenzô, s'étant dirigé avec Ayuu au sein d'Urahi afin de tenter d'assurer sa protection, c'est un trentenaire aux longs cheveux bruns et à l'attitude agréable, il est très fraternel et amusant. Vous connaissez les capacités d'Hanae, Medyûsa était une kunoichi aux capacités médicales, Inuzuka Ayuu maîtrise des techniques de son clan ainsi que du Suiton, tandis que Kenzô manipule les liens et sait invoquer une araignée."
Il expira un coup, ses quelques descriptions s'achevant après ce petit discours, mais il ne prit un long repos avant de continuer sur sa route.
-"Je ne sais pas comment nous les avons convaincu, mais le discours employé était le même que celui que je vous adresse. Nous n'avons voulu représenter un quelconque poids, nous étions prêts à être vendus à l'Empire si celui-ci nous réclamait, et nous n'avions voulu que proposer notre force pour la mettre au service du Pays, avec pour seule contrepartie de nous loger."
Ses prunelles se perdirent vers le ciel, orientées la gauche... il cherchait dans son esprit des détails qu'il voulait leur fournir.
-"L'Empire et notamment Inuzuka Ayuu ont déjà réussi à aider Jôheki en enquêtant sur la mort d'Ohana, peut-être que cet acte a pu jouer en notre faveur, je ne saurai vous dire."
Puis, soucieux de leur montrer la seule chose qui pouvait prouver ses avances, il prit les pincettes qui lui semblaient nécessaires.
-"Si vous me permettez, je m'apprête à fouiller dans ma sacoche shinobi pour vous y sortir une lettre."
Prenant son temps, jaugeant avec calme et sans précipitation l'aval que les deux Kumojin pouvaient lui octroyer, il baissa très légèrement sa dextre jusqu'à l'emmener dans sa sacoche où se cachait une lettre qu'il avait gardé précieusement... celle de Yashigare Masumi, qui pouvait lui être utile si, à tout moment, il souhaitait une entrevue en sa compagnie. Il extirpa alors le papier de sa cachette avant de la déplier et de leur faire lire son contenu, au loin, sans vouloir leur proposer de l'attraper.
-"J'eu l'occasion d'échanger par lettre avec Yashigare Masumi comme j'eu l'occasion de parler avec une Commandante du pays dont je ne connais le nom. Enfin, un garde du nom de Horiko était celui qui s'était occupé de mon groupuscule."
Il leur avait donné toutes les cartes qu'ils désiraient, une nouvelle fois, ainsi s'achevait ses nouvelles réponses à son interrogatoire.
-"Cette lettre est la seule preuve matérielle, monsieur."
Dernière édition par Sendai Yahiko le Mar 2 Aoû 2022 - 18:14, édité 2 fois
Mes questions restaient généralement assez larges, là où Keisuke prenait quant à lui bien garde de préciser exactement tous les renseignements qu'il voulait savoir. Des renseignements auxquels, pour certains, je n'y avais absolument pas pensé. Cela dénotait finalement assez clairement de la différence d'expérience qui existait entre le Chef du Kyubu et moi-même. Serais-je un jour moi-même suffisamment bon pour arriver au niveau du Nara ? Je l'espérais. Aussi bon policier, et aussi fort shinobi...Je me demandais même quel était mon niveau par rapport au sien actuellement. Toujours était-il que les questions de notre chef furent cinglantes et précises, exigeant presque de Yahiko des réponses qui pouvaient s'avérer problématiques. Et si le guerrier aux étranges cheveux roses semblait lentement tourner autour de sa proie en la personne du déserteur, ce dernier ne présentait aucune défense.
Il décida de répondre aux questions de mon supérieurs qui au final recoupaient les miennes, et ne laissa aucun détail au hasard. Là où je pensais que révéler les capacités de ses camarades auraient posé problème, l'albinos y répondit sans le moindre soucis, dévoilant les informations qu'on lui demandait avec une étonnante facilité. S'il était difficile de nier la potentielle dangerosité de cet utilisateur du chakra pur, il était tout autant voir plus difficile de nier son honnêteté. Sendai Hanae tout comme Medyûsa étaient en effet connu des services Kumojin, et rien ne laissait présager qu'il mentait sur le reste. Je restai à écouter sagement tout ce que disait notre interlocuteur, et plus le temps passait, plus les raisons de refuser cette collaboration entre le village et ce guerrier expérimenté m'apparaissaient minces. Je ne baissais pas pour autant ma vigilance, et mes mains qui reposaient le long de mon corps se crispèrent légèrement lorsqu'il fit un mouvement vers ses poches. Un mouvement subtil, un frémissement, mais qui était facilement reconnaissable de par sa nature préventive. Un mouvement qui signifiait que j'étais prêt à tout moment à dégainer mon katana et à passer à l'offensive s'il m'en donnait la moindre raison.
Mais ce ne fut absolument pas le cas. A la demande du Chef du Kyubu d'apporter une preuve de son passage à Joheki, il sortit de ses vêtements une lettre. Il eut l'incroyable prévenance de ne pas nous la tendre, l'exposant à notre vue pour qu'on puisse la lire sans avoir à la prendre dans nos mains. Afin d'éviter un quelconque danger. Mais curieux que je l'étais, j'avais bien envie de m'approcher et de voir plus en détail ce que contenait cette lettre. Faisant alors des mudras factices, je tendis ma paume sur le côté dont quelques éclairs sortirent afin de donner naissance à un autre Ikari. Avec un sourire, ce dernier s'avança vers le déserteur afin de s'emparer de la lettre. Il ne la prit pas immédiatement, s'approchant au plus proche du guerrier, et tandis simplement la main vers ce dernier.
-Héhé ça vous dérange pas que j'la regarde un peu ?
S'il m'en donnait l'autorisation, ou du moins à mon clone, ce dernier la lirait et en restituerait le contenu pour s'assurer des informations qu'il y avait dessus. Il resterait bien évidemment relativement proche du Sendai, au cas où si quelque chose lui arrivait, ce dernier serait immédiatement puni par une décharge. De mon côté, je me retournai vers mon supérieur hiérarchique en donnant dos à notre visiteur afin de pouvoir parler à mi-voix à ce dernier, sans que l'albinos puisse entendre ce que je disais. Malgré cette position nonchalante, je restais à l'affût du moindre des mouvements qui se passaient autour de moi.
-Eh bien il m'a l'air assez réglo. Il faudrait encore certainement l'surveiller et le sonder un peu plus, mais j'pense que ça s'rait un grand atout si on pouvait l'avoir d'notre côté sans contrepartie héhé.
Après tout, nous ne devions rien à l'Empire, bien au contraire. Et même s'il avait d'abord déserté Kumo, avant de déserter l'Empire, il ne semblait pas avoir un mauvais fond. Cela n'empêchait qu'il était un ninja, et bon derrière ça s'il avait réussi à se hisser à la place d'Empereur. On ne pouvait exempter le fait qu'il était susceptible d'avoir orchestré sa venue depuis le début. Mais au vu des termes qu'il semblait prêt à accepter, je ne voyais que peu de raisons de lui refuser l'asile...
Gérant quelques tâches administratives, le Meikyû était réfléchissant comme toujours à des manières d’améliorer la situation actuelle au sein du village. Or, une âme qu’il ne connaissait que trop bien foula l’entrée de son bureau : Nara Keisuke.
Observant l’homme à la chevelure enflammée, son premier réflexe fut de continuer sa lecture, attendant patiemment que celui-ci déclare les motifs de sa venue. Après tout, il était rare que Keisuke se présente de manière inattendue en personne.
Pourtant, la raison de sa venue n’allait pas tarder à avoir du sens. Écoutant dès lors les informations qu’avait à lui remonter le clone du Nara, c’est ainsi que Raizen arqua les sourcils : Sendai Yahiko était de retour à Kumo…
Soupirant légèrement, son cœur s’arrêta soudainement de battre, se demandant visiblement ce qu’avaient les déserteurs à fouler les terres du village pour y réclamer sa présence ou un quelconque asile. Malgré tout, au même titre que Sairyo Hiko, Sendai Yahiko était doté d’une puissance de frappe conséquente et représentait par le fait même un enjeu diplomatique en lui-même.
Silencieux, le corbeau demeura impassible, réfléchissant aux prochaines étapes.
-Très bien, tu peux te dématérialiser. Gardez-le à l’avant-poste, j’arrive.
Composant quelques mudras afin d’y faire deux clones, l’un d’entre eux demeura dans les bureaux afin de gérer de la paperasse tandis que le second se transforma soudainement. Portant dès lors une apparence bien différente, la chevelure du Meikyû devint longue et rougeâtre sous cette forme de subterfuge.
Spoiler:
Quittant dès lors les lieux en triant le lot important d’informations qu’il avait à gérer, le véritable Meikyû suivit son clone jusqu’à un certain périmètre. Dès lors, Raizen se positionna sous sa réelle forme en hauteur de manière à observer le village tandis que le clone traversait les portes de l’Arche sous l’autorisation de Meikyû lui-même en personne après une brève communication dans une oreillette.
-Laisser l’homme à la chevelure rougeâtre passer la porte. Il possède un plateau avec quelques tasses de thé.
Après tout, le moins de gens étant au courant d’une prise en contact avec un homme recherché du Teikoku, le mieux ils se porteraient tous. -Keisuke, Ikari, merci de l'appel et très bon travail.
Les remerciant pour leur travail respectif, le Meikyû leva sa capuche avant de défaire son subterfuge et montrer ses véritables traits à Keisuke, Ikari et Yahiko. Privant ainsi de cette vue au reste de la garde qui était derrière lui, cette subtilité, bien que banale demeurait pertinente.
-Horiko hein…
Arrivant sur les lieux en laissant planer un léger sourire sur son nouveau faciès, cette mention lui rappelait certains souvenirs, souvenirs dont le Meikyû ne pouvait s’empêcher d'y ressentir une certaine attache. Alliée dans un moment difficile, la nation Johekijine, bien que ne connaissant pas leur identité au-delà des remparts avaient été plus qu'accueillantse, leur permettant ainsi de se regrouper pour mieux se préparer pour la suite. Prenant par le fait même un risque notable, Raizen ne pouvait s'empêcher de se demander si leur prise de risque avait été calculée. Après tout, avaient-ils réellement été un danger ? Pour bien des gens, le Fukkatsu était une variable inconnue, pourtant, dans les faits, le Fukkatsu était une unité à part entière de combattants d’élites. Si à ce jour, il n’y avait que quelques membres restants, Raizen croyait avec pertinence qu’à ce jour, rien ni personne n’aurait pu freiner ce groupe aussi puissant que complet, mais là n'était pas la question.
-J’imagine que ça n’a pas été simple de convaincre la Garde du Pays.
Ou peut-être était-ce tout l’inverse...
-Or, ce n’est pas le sujet, et bien que je pense que tu aurais pu m’écrire une lettre, comme tu peux le voir, je ne me fais aucun soucis quant au moindre manque de préparation que nous pourrions avoir par rapport à atan. Nien des choses ont changé et s’il y a bien un élément qui a été revu, c’est bien notre préparation pour faire face à d'éventuels envahisseurs.
Gardant ce sourire toujours léger, son timbre suivait, ce qui servait à alléger le poids de ses paroles. Ayant été mis au fait de l’étendue de la discussion menée par Ikari et Keisuke grâce au clone du Nara, il ne comptait pas faire répéter Yahiko, au contraire.
-Bienvenue aux portes du village de Kumo, Sendai Yahiko. Je dois avouer que je ne pensais pas que nous nous recroiserions dans ces circonstances.
Marquant une pause, il prit le soin de tenir le plateau d'une main tandis que de l'autre, il versait du thé dans 4 coupes alors qu'il s'apprêtait à être beaucoup plus net, précis et concis.
-Mes frères d’armes ayant déjà fait un bon travail, je t’épargnerais les formalités et questions d’usage.
Passant du passif à l’actif après leur avoir respectivement servi à boire, Raizen alla droit au but :
-Pour commencer, j’ai trois questions pour toi :
Pour quelle raison as-tu déserté Kumo au profit de la bannière Teikokujine suite à la chûte de Kumo ?
Indique-moi pour quel motif devrais-je permettre à un ancien Kumojine ayant déserté les rangs du village au profit d’un envahisseur de revenir au sein de nos rangs ?
Toi qui as pour objectif celui de restaurer la paix, en quoi ta présence sur tes anciennes terres à titre d’Empereur recherché ayant déserté son ancien territoire peut-elle contribuer à cette fameuse paix que tu recherches ou cherchais ? Qui sait, tes objectifs ont possiblement changer depuis.
Terminant, alors qu’il savait que ses questions n’étaient pas les plus simples, Raizen tricha.
-Question bonus. Selon toi, pour quelle raison ai-je communiqué à tous les membres de la Coalition que les anciens Kumojines ayant déserté en faveur de l’Empire étaient dorénavant des Teikokujins et non des Kumojines?
Revenant aux racines profondes de certains éléments, Raizen dévoilait certaines facettes de sa personne, comme quoi, il était important de revenir aux bases et racines de toutes choses avant de pouvoir prendre certaines décisions. Ne s'appuyant pas forcément sur le passé comme principale source de décision, certains éléments demeuraient pertinents et importants à élucider.
-D'ailleurs, il y a un petit avant-poste qui sert de salle d'interrogatoire habituellement. Si tu permets et si vous êtes respectivement aligné, nous pourrons continuer la discussion sans monopoliser l'entrée. Qu'en pensez-vous ?
Pratique, ce petit bâtiment n'était pas à l'intérieur du village et leur permettrait d'avoir une discussion à huit clos.
Spoiler:
-Raizen effectue 2 clônes. L'un reste au bureau tandis que l'autre utilise un ''henge'' pour aller rencontrer Yahiko, Ikari et Keisuke.
-Il accompagne son clône jusqu'à un certain périmètre et grimpe en hauteur afin d'avoir une vue sur la porte de l'Arche, mais aussi le village. Il autorise à travers une communication employant son oreillette la sortie de l'homme à la chevelure rouge qui représente son clône.
-Son clône arrive avec un plateau contenant une carafe de thé ainsi que quatre coupes qu'il se permet de remplir et de servir avant de poser quelques questions à Yahiko.
-Il salut au passage Keisuke et Ikari avant de monter sa capuche pour lâcher son Henge et révéler son identité. Le but est de minimiser le nombre de gens étant au courant d'une prise de contact avec Yahiko pour le moment.
-Il propose de poursuivre la discussion dans la salle d'interrogatoire située à l'extérieur du village (avant l'entrée) au sein de l'avant-poste.
-"Je n'ai aucun problème à l'idée que vous la lisiez, mais il me dérangerait que vous vous l'accapariez. Je souhaiterai qu'elle reste entre mes mains.", avança le Deuxième.
Car soucieux de préserver le peu qu'il lui restait, l'homme tâchait de maintenir d'une poigne ferme le document qui pourrait, dans un futur conditionnel, l'aider dans ses relations à l'internationale. Il n'était pas question cette fois d'un "s'il vous plaît", d'une quelconque ode à la diplomatie envers le peuple pour qui il semblait courber l'échine : la lettre était sienne, et jamais ne prendrait-il le moindre risque d'anéantir les quelques preuves de ses actions altruistes. Alors, Kumo découvrait les limites d'un Déserteur qui s'était pourtant présenté comme un homme de main docile, désireux de les aider et de les servir... si bien qu'avec cela, ils pouvaient légitimement se demander jusqu'où était capable l'Ancien de repousser les frontières de sa liberté.
Jamais ne devraient-ils oublier que d'un Empereur, il ne saurait se conditionner au statut d'un novice, destiné à se soumettre au premier venu. Ses avances, elles n'avaient servi qu'à obtenir le face à face avec le Meikyû qui s'approchait enfin, le seul qu'il estimait digne de le gouverner tant qu'il ne le dévouait pas à l'accomplissement des tâches les plus ingrates. S'estimait-il suffisamment fort pour se confronter aux plus grands maux du monde, là reposaient ses attentes : sur l'accomplissement de défis que peu ne pouvaient réussir, au Sommet d'un monde qu'il tentait de dominer.
Ils l'apprendraient bientôt.
Après l'heure où le Quatrième, effaçant sa stratégie pour dévoiler les mêmes coutures que dans les souvenirs de l'Empereur, se serait présenté au trinôme, le Sendai n'avait plus d'autres choix que d'énoncer clairement ses intentions... Celles qui s'apparentaient énormément à tout ce qu'il avait déjà évoqué avec toute la sincérité du monde, en la nuançant un tant soit peu.
Sa fidélité à Kumo serait totale, comme le serait son désir d'agir pour le Yuukan.
-"Raizen", commença t'il en exhibant sans gêne un très léger sourire, semblable à l'accomplissement de ce qu'il était venu chercher. Le tête à tête avec son Juge.
Ne faisant fî des quelques mises en gardes concernant la nouvelle sécurité du village, dont les yeux ne lui avaient permis de percevoir la moindre différence par rapport à jadis, le Devancier se voulait plutôt attentif aux nombreuses remarques qui venaient se déposer à son esprit, dont le nombre et la complexité étaient suffisamment considérables pour qu'il ne se risque à tout oublier. Il voyait alors plutôt l'opportunité de tout avancer en un temps restreint, comprenant la logique selon laquelle le Raikage lui-même ne pouvait se permettre d'abandonner son poste trop longtemps même lorsque cela concernait un ancien Empereur et déserteur.
-"Comme tu le souhaiteras", accorda t'il amicalement, d'un ton on ne peut plus coopératif.
Ses mains toujours levées, son corps s'orienta vers la direction de cette pièce, suivant les quelques personnes qui l'y amèneraient avec le soucis de ne jamais paraître hostile. Ses doutes n'avaient pu s'empêcher de se hisser jusqu'à son esprit, lui susurrant le risque qu'il prenait d'arriver dans une salle qui lui était tout à fait inconnue, mais s'il y avait bien une condition nécessaire à leur bonne cohésion, c'était bien la confiance.
Alors ce serait sous son égide qu'il agirait sans mépris, sans doutes et sans offense, même si cela devait le confronter au risque de la torture.
Et ce ne fut qu'une fois installés à huit clos, protégés par ces murs qui capteraient la discussion pour ne lui permettre de se diffuser dans des oreilles malintentionnées, que l'ancien Souverain reprenait sa tâche : celle d'octroyer à l'Ombre de la Foudre les réponses qu'il lui faudrait analyser.
-"Pour tes questions, je vais essayer de ne pas faire trop long, permets moi d'y répondre dans l'ordre."
Il se lança alors, à une des seules personnes qu'il tutoyait là où il avait vouvoyé l'ensemble du Yuukan, non pas par insolence, mais plus par tentative de fraternité.
-"Pour ta première, à l'époque, je me rappelle avoir déserté Kumo car l'offre de paix de l'Empire me plaisait. Je ne connaissais que l'histoire qui contait les horreurs commises par les miens envers les innocents, et j'appréciais l'approche de paix qu'eut révélé à ce moment Yamanaka Rei. A ce moment, je ne désirais qu'une chose : œuvrer pour la paix, moi aussi, ce que Kumo n'avait pas réussi à faire en créant un massacre qui engendra le cycle de haine que nous connaissons."
Il y avait évidemment tant à dire, tant à dévoiler, tant d'histoires à raconter sur ses déceptions, sur les complots comme sur les trahisons, mais il préféra se contenter de l'efficace. De sa propre philosophie, celle que Raizen voulait interroger.
-"Pour ta deuxième, le motif serait que vous n'avez rien à perdre, tout à gagner. Je ne vous ai jamais trahi, comme je n'ai jamais trahi l'Empire, je ne fais que partir d'endroits dans lesquels je ne me sens à ma place. Je ne suis pas exactement revenu rejoindre vos rangs, je suis venu renouer des liens de paix avec un peuple que je ne désirais bafouer, tout en préservant ma liberté. Je veux travailler pour Kumo sans y vivre, que cela soit sous vos ordres ou sous le joug de projets personnels que je vous partagerai. Je suis prêt à prouver tout cela, en mettant ma vie en jeu si vous le souhaitez, tant que cela est pour la cause de la paix."
Là était alors les quelques nuances qu'il apportait contrairement à ce qu'il avait avancé à Ikari et Keisuke... il ne souhaitait devenir l'esclave de Kumo, il ne souhaitait qu'apaiser les mœurs du passé lorsque le présent les réunissait, sous la crainte de la guerre qui s'apprêtait à tonner. Devenir un mercenaire pour Kumo en paix avec la Foudre, sans que les tensions avec l'Empire ne sache leur reprocher.
Renouer des liens de paix, là où il n'avait jamais souhaité nuire aux siens.
-"Pour ta troisième question, je pense y avoir un peu répondu. Je suis conscient de toute l'aversion que ma simple présence pourrait attiser, alors je fais de mon mieux pour me plier suffisamment, luttant pour trouver un compromis entre l'évitement de la haine des autres et le pouvoir que je peux mettre au profit de la Coalition. Voilà pourquoi je me suis imposé toutes ces conditions, je ne souhaite nuire à personne, être bénéfique à tout le monde, malgré toute la peur qui entoure mon existence. Si tu as la moindre condition, je suis prêt à l'entendre et à la négocier si besoin, avec toi."
La paix... la paix, questionnait-il. Y avait-il meilleure preuve de pardon qu'un homme qui eu rejoint les envahisseurs qui avaient tué les siens, sans oser trahir son peuple initial, sans oser bafouer la moindre information. Il n'y avait rien, rien d'autre qu'un jeune homme qui avait osé explorer le monde à la recherche de tranquillité, alors que celui-ci ne savait s'y résoudre.
Avait-il pensé à le rappeler au Meikyû qu'il n'osait insister. Sûrement n'était-ce pas ce qu'il cherchait à savoir à ce moment là.
-"Et pour ta dernière... je ne le sais pas. Mais que penses-tu du fait que les Teikokujin ne m'ont jamais considéré comme l'un des leurs ? Au final, je ne crois pas vouloir être Kumojin comme Teikokujin, je ne cherche qu'à devenir un ninja de la Coalition, quelqu'un de reconnu pour œuvrer pour la paix."
Là était sa posture finale, celle d'un homme décidément dépourvu de toutes chaînes, si l'on oubliait celles qui étriquaient son esprit.
Dernière édition par Sendai Yahiko le Mar 2 Aoû 2022 - 18:14, édité 2 fois
Dorénavant à huis clos, le Meikyû n’était pas forcément surpris d’avoir vu Yahiko accepter son offre. Après tout, réagir de manière hostile ou défensive n’avait aucun intérêt dans un contexte comme celui-ci. Plutôt, c’était même tout le contraire.
Dès lors, ils pouvaient dorénavant se concentrer sur l’essentiel, à l’abri des regards et des dangers que représentait une telle visite d’une point de vue diplomatique.
Or, en aucun cas Raizen ne s’attendait à être brusqué aussi rapidement par les paroles de Sendai Yahiko. Perplexe, un certain degré d’incohérence électrifia son esprit, se demandant si L'Empereur déchu avait un jour mis été au courant de la situation au sein des terres Hijines, un élément qu’il avait fort probablement découvert que trop tard...
Pourtant, en dehors du fait que les Metarus avaient toujours été perçus et considérés comme étant de dangereux pugilistes, il devait avouer être quelque peu surpris du positionnement de l’ancien Empereur.
Demeurant toutefois impassible, le maître des esprits se concentra, tentant d'absorber et de capter chaque fluctuation dans le message de la colombe.
Captant ainsi autant les subtilités que les éléments soutenus, il y avait une réelle richesse dans l’analyse de dialogue. Allant au-delà des mots, il observait de son regard de crave chaque geste, respiration, intonation et toutes les manies qui accompagnaient les paroles de Yahiko.
Ayant évolué sans pour autant changer, l’espace d’un instant, il se remémora leur discussion découlant de leur première rencontre…
Le laissant ainsi terminer, Raizen commença à verser un peu thé dans différentes coupes avant de servir tous les gens ici présents. Bien qu’il était possible que le moindre subterfuge sournois soit présent, son objectif était tout autre, alors qu’ils’étaient soudainement afférer à la réalisation d’un tel art à la toute fin du dialogue du Sendai, un peu comme si le Raikage avait besoin de réfléchir.
S’arrêtant finalement après avoir servi tout le monde, le regard du corbeau se posa sur sa coupe. Soufflant calmement le délicat liquide avant d’y savourer une seule et unique gorgée. Laissant par le fait même les arômes pénétrer son palais, il prit ensuite une grande respiration avant de se détendre.
Reposant par le fait même son regard sur le déserteur, aussi doux soit-il, on pouvait tout de même y lire un caractère perçant, prémisse du fait qu’il fallait se méfier de l’eau qui dormait, surtout que Raizen n’avait pas tendance à laisser ses émotions percer son faciès.
-J’espère que ce thé te plaira.
Brisant le silence par une parole qui n’avait aucun lien avec le sujet de conversation, le timbre de voix de l’ombre changea subitement, reprenant plus ou moins un caractère sérieux et interrogateur.
-Il est vrai que ton règne à titre d’Empereur a été assez paisible. À vraie dire, Kumo n’a pas été menacé ou un moindrement attaqué par l’Empire, une infrastructure qui de base a failli mettre en péril les prémisses même de la Coalition en omettant de nous partager des informations qui étaient pourtant importantes pour tous avant ton intronisation…
Dégageant un léger sourire, il s’arrêta toutefois pour reprendre sa neutralité.
-Toutefois, permets-moi de te poser quelques questions à nouveau.
Passant sa main dans sa chevelure, il débuta :
-Tu dis qu’à l’époque ton objectif était d’oeuvrer pour la paix. Considères-tu que de rejoindre l’Empire qui venait tout juste d’éradiquer de nombreuses personnes que tu as vu grandir, évoluer et que tu avais plus ou moins fait le serment de protéger en devenant membre de l'armée Kumojine comme étant quelque chose qui contribuait à cette paix ?
Marquant une faible pause, il poursuivit :
-Plus important encore. Quelles sont les histoires d’horreurs concernant les actes des notre envers d’innocents auxquels tu fais référence ? Et en fonction de tout cela, pourquoi n’as-tu simplement pas déserter Kumo au lieu de rejoindre les corps policiers afin de protéger les citoyens, citoyens qui pour certains ont perdus la vie lors de cette fameuse offre de paix ?
N’ayant aucun mal à le questionner sur les principes et les fondements mêmes de sa pseudopaix, Raizen devait avouer être curieux d’en apprendre davantage sur le point de vue de quelqu’un qui avait, jusqu'à preuve du contraire, tourné dos aux siens. Après tout, quoiqu’il arrive et quelle que soit son approche, Yahiko ne semblait pas assez naïf pour croire qu’une telle union aurait été possible… ou peut-être que si.
-Comment décris-tu la trahison? Considères-tu qu’abandonner ta double fonction de policier et Chunin du village de Kumo pour porter le blason de l’Empire comme étant l’inverse d’une trahison ? Que penses-tu des résistants qui se sont opposés à une telle conquête dans le but de libérer leur peuple du joug d'un conquérant ?
Plus important encore...
-Où se situe réellement ta loyauté Sendai Yahiko ? Ta loyauté appartient-elle à ta liberté et tes ambitions ou à ton objectif absolu d’oeuvrer pour la paix ?
Peut-être était-il au courant ou peut-être ne l’était-il pas. Pourtant, ils allaient tous être au fait de cela une bonne fois pour toutes.
-Comment as-tu réagi lorsque le Fukkatsu a libéré pacifiquement des documents partout au sein du village visant à demander au Teikoku de quitter les lieux afin d’éviter la moindre effusion de sang ? Qu’aurais-tu fait ou suggéré...? Plutôt qu’as-tu fait ou suggéré en réponse à cela ?
Étrangement, plus le temps avançait et plus les questions se faisaient intenses et précises, comme s’il y avait un certain système d’escalier ou plutôt de gradation qui ne cessait de s’amplifier. Pourtant, Raizen demeurait d’un calme surnaturel. Maître de la parole, mais aussi de ses états d’âme, pas une once d’hostilité n’était perceptible. Or, dire qu’il y avait la moindre sympathie aurait été faux. C’était même très différent, tandis que son regard était aussi neutre que glacial, rappelant par le fait même l’observation d’un crave qui guettait au loin le moindre élément. Ni positif ni négatif, c'en était simplement surnaturel.
-Pourquoi les Teikokujins ne t’ont-ils jamais considéré comme étant l’un des leurs ?
Si Yahiko n’était pas conscient des motifs d’une de ses précédentes questions, Raizen comptait l’aider.
-Plus important encore, pourquoi t’être entourée d’une autre Kaminarijine comme Porte-Parole pour l’Empire et bras droit ?
Calme et fluide, bien que les questions se faisaient multiples, un certain temps d’attente était visible entre chaque question, laissant le temps à quiconque de souffler, digérer et absorber le moindre élément partagé sans pour autant se sentir attaquer au même titre qu'une discussion dans laquelle il n'aurait pris aucun instant et aucune pause pour poser toutes ces questions.
-Dis-moi Yahiko, que penses-tu de la Coalition et quel est ton réel besoin en venant à Kumo ?
Ajoutant sa touche finale, il lâcha :
-Et pourquoi devrais-je prendre le risque de te lier d’une quelconque manière à Kumo alors que tu as porté le blason de la source même de nombreux troubles, traumatismes et pertes au sein de ce village dont tu avais fait le serment de protéger ?
Sirotant calmement son thé après avoir prononcé de tels mots, Raizen appréciait le fait qu’Ikari soit présent. C’était l’un des rares moments dans lequel il pourrait faire des liens avec certains éléments du passé, mais aussi du présent tout en apprenant d’un homme qui avait jadis été à sa position, lui aussi.
Ancien membre du Kyuubu et maintenant ombre de Kumo, les questions posées par Raizen étaient dénuées de reflets, mais représentaient pourtant la forme des nombreuses zones d'ombres qui entouraient le Sendai, et ce, sans avoir besoin de maîtriser la moindre arcane Nara.
C’était là toute la pertinence de l’art du dialogue, l’aptitude d’ouvrir une porte pour voir, au-delà des apparences.
Ainsi, Yahiko avait une porte ouverte pour divulguer ce qui se cachait, bien au-delà des apparences et au plus profond de son âme.
Les réponses du gouvernant ne faisaient que traverser l'air jusqu'à se poser dans les oreilles candides du Deuxième ; elles le transperçaient, fusant pour le pourfendre de leur nombre, le déchirant de la profondeur qui voulait sonder leur interlocuteur. Tous ces mots, ils semblaient vouloir l'harceler, le marteler, pianoter sur son crâne jusqu'à pouvoir exfiltrer la moindre information dont le Yondaime voulait s'abreuver, car là étaient les outils dont il disposait pour protéger les siens comme pour analyser la potentielle menace qu'il avait devant lui. A cette idée, les paupières de l'ancien Empereur s'affaissèrent, se contractèrent légèrement comme si elles aidaient ses iris à mieux cerner son bourreau. Car par ces questions, c'était bel et bien enfermé et menotté qu'il risquait de finir ces jours, au fin fond des terres qui lui avaient pourtant fait goûter à la plus grande des libertés... Celle de voyager.
Tout n'était alors que philosophie et fondement de ses actes passés, réflexions autour du monde et ambitions anciennes, le Meikyu ratissait large comme il était précis. Là devait se situer toute la gymnastique de son esprit mais également toute la compétence qui l'avait mené à devenir celui qu'il était : de cette entrevue, le Sendai en ressortirait dénudé de tout mystère ou enveloppé, s'il n'était assez clair, d'une camisole protectrice.
Ses réponses devraient être à la hauteur des attentes du Maître des Sceaux.
-« Je vais essayer de répondre à tout ça en te partager ma philosophie, Raizen. »
Assis, son dos était légèrement cambré jusqu'à permettre à ses avant-bras de coller ses genoux. Son regard, lui, ne se voulait ni condescendant ni agressif. Par contre, il partageait sans une once de gêne la confiance qui le caractérisait et la détermination qui l'animait. Car sa position, il s'en voudrait souverain, jusqu'à pouvoir l'imposer à l'intégralité du Yuukan.
Il ne faisait que soutenir sa paix ; il l'animait.
-« En naissant dans le Yuukan, les villages sont baignés dans la rivalité. Enfermé entre les murs de l'un d'entre eux, l'homme qui grandit dans un village n'est pas réellement libre : il se doit d'œuvrer pour celui-ci et pire que cela, jamais ne saura t'il partir sans risquer d'être pourchassé jusqu'à être occis ou jusqu'à se retrouver enfermé derrière des barreaux souterrains. Encore pire que cela, il aura le devoir d'assumer les actes des puissants comme s'il en était un responsable, là où il ne faisait que suivre des ordres qui lui avaient été imposés. Des ordres qui l'auraient également puni s'il avait osé refuser de les honorer. »
Les doigts de sa dextre se contractaient dans sa poigne épaisse, comme s'ils voulaient anéantir l'existence de cette répandue injustice.
Mais il n'était plus à même de se soumettre à qui que ce soit. Du moins, c'était ce qu'il pensait naïvement.
-« Jamais n'ai-je coopéré, le moins du monde, au massacre de Yugure. Je ne méritais pas de vivre la vengeance d'un Empire qui eu souffert, et pourtant, j'ai déploré la mort de tant de villageois que je connaissais, d'un de mes élèves également. A ce moment, pouvons-nous m'estimer chanceux que je fus parti en mission pendant que les miens se déchiraient contre les hommes du feu ? Je n'en sais rien, mais une chose est sûre, Raizen. »
Son visage transpirait sa fermeté, l'assurance qu'il avait vis à vis de sa position.
-« Si j'avais été là, j'aurai défendu Kumo contre l'attaque de l'Empire. Parce que je serai toujours du côté des défenseurs, de ceux qui n'alimentent pas le cycle de la haine. Alors pourquoi les rejoindre ? »
Là était l'essence de son message, l'avènement de son autonomie, l'éclosion de son désir de liberté. L'explosion de toutes les barrières qui enfermaient un homme pour lui imposer le fonctionnement du Yuukan ; les hommes forts et intelligents gouvernaient, les moins habiles ne pouvaient que se plier. Voilà quel était le point que l'Homme au Chapeau condamnait. Mais voilà quel était également le point faible de toute humanité : avec ou sans chakra, certains étaient faits pour dominer là où d'autres s'accordaient à fléchir.
-« En intégrant leurs rangs, en grimpant l'échelle sociale basée sur la puissance et la méritocratie, en accédant au plus haut niveau de pouvoir, j'étais théoriquement en mesure d'annihiler la menace de l'Empire sur le monde. Et en pratique, c'est exactement ce qui s'est produit. J'ai simplement sous-estimé le poids du passé de Kumo dans l'esprit des civils. Mais en respectant leurs codes et règlementations, je suis parvenu à les vaincre à leur propre jeu. La paix devait alors être acquise, et elle le fut durant les quelques mois de mon règne. »
Il y avait une évidente différence entre théorie et pratique, mais Raizen comprenait alors tout le plan du Sendai qu'il avait ficelé durant des mois. En gouvernant un peuple, il s'était assuré de limiter son impact négatif à l'international.
-« Tu m'as posé beaucoup de questions, je pense que ma courte histoire t'a déjà donné quelques réponses. Pour le reste... »
A l'intérieur de sa bouche, sa langue venait caresser ses incisives supérieures et ses yeux se perdaient dans le vide ; il réfléchissait, assurément. Jusqu'à retrouver les rétorques qui lui plaisaient.
-« Je parlais du massacre de Yugure, notamment. Je pense qu'il y a trahison lorsqu'il y a un acte qui nuit à ceux que l'on a voulu défendre, et je pense que l'apparition d'une résistance est tout à fait cohérente si l'on considère la diversité des façons de penser. Ma loyauté se situe aux côtés de mon désir de paix, ils sont également inséparables à ma liberté et à mes ambitions. Je trouve admirable d'agir pacifiquement pour retrouver la liberté qui nous a été volée, mais cela n'assurait pas forcément de résoudre le problème en profondeur. Je pense, à votre place, que j'aurai agi de la même manière que le Fukkatsu. Les Teikokujin m'ont principalement rejeté car plus qu'un Kumojin qui les gouvernait, mettre un autre Kumojin en Porte-Parole leur paraissait être une prise de pouvoir, même si cela n'était rien de tout ça. Si cela était à recommencer, je m'assurerai de mettre un Teikokujin en porte-parole pour assurer ne pas souhaiter leur voler leur identité. Sendai Hanae était ma meilleure amie et la personne en qui j'avais le plus confiance à ce moment là, elle me paraissait tout juste pour consolider mon règne. Enfin, je pense que la Coalition n'est unie que sous la peur de l'Homme au Chapeau, mais que les villages n'entretiennent qu'un faux rapport de paix. Une véritable fraternité pourra naître le jour où toutes les autorités seront prêtes à faire des sacrifices pour le bien commun. »
Il soupira un coup, ce qui était dû au lourd travail mental auquel il venait de s'adonner, mais son labeur n'était pas encore achevé.
-« Mon réel besoin ? Je veux simplement agir pour le bien commun. Je veux agir pour Kiri, pour Iwa, pour Kumo et pour tous ceux qui auront besoin. Je ne veux pas être soumis à l'orgueil des autorités, je ne veux pas fomenter, je ne souhaite pas participer au conflit entre les villages. Je veux être reconnu internationalement comme une personne de confiance agissant pour la paix. »
Il se redressa alors jusqu'à ce que son dos n'épouse les formes du dossier de sa chaise, ses bras se croisant devant son thorax pour affirmer sa fermeté.
-« En venant à Kumo, je voulais vous dire que je n'étais pas votre ennemi, malgré ma désertion. Je voulais vous dire que je suis un allié sur lequel vous pouvez compter pour ce dont vous aurez besoin, dans la mesure où cela ne participe pas à la corruption de l'harmonie. Je voulais simplement vous dire que jamais n'avais-je voulu trahir ceux qui m'ont vu naître, à l'image de mon règne dans l'Empire. »
...
-« A l'image du règne que je suis susceptible, un jour, de récupérer. »
Dernière édition par Sendai Yahiko le Mar 2 Aoû 2022 - 18:15, édité 2 fois
Sans aucune attente, la première réaction de Yahiko décrivit la ligne directrice qu’il comptait emprunter. Devant l’échiquier de questions à=aux multiples embûches qui se dressait devant lui, si la voie de la vérité était bien souvent la meilleure à choisir lorsqu’on n’avait bel et bien rien à se reprocher, il préféra y ajouter son grain de sel, partageant par le fait même sa vision des choses. Représentant un risque comme une opportunité, Raizen se permit d’y siroter calmement son thé alors que Yahiko relatait ses idéaux.
Réagissant pour la première fois sans aucun sentiment au fait qu’il ne méritait pas de vivre les conséquences du massacre de Yugure, le Meikyû resta de marbre bien qu’il trouvait cela relativement particulier comme approche. Or, comme tout récit, Yahiko semblait être apte à véhiculer une histoire, amplifiant ainsi l’attente à partir du moment déclencheur pour mieux y amener ses conclusions. Parlant par le fait même de sa stratégie d’infiltrer les rangs internes pour détruire la menace plus haut, c’était là un pari assez intéressant qu’il avait gagné. Toutefois, la confiance nécessaire pour proférer de tels propos et la prétention de le dévoiler comme plan depuis le début était soit une supercherie, soit une surdose de confiance selon le maître des sceaux, surtout lorsque d’autres l’avaient mieux fait comme le Sairyo pendant un certain temps.
Habile et expérimentée dans l’art de la politique, la méritocratie était certainement quelque chose qui pouvait être obtenu à qui de droit par la force. Toutefois, Yahiko avait bel et bien vécu le revers de la médaille d’un système imparfait, se faisant ainsi indirectement dévorer par les chimères du système dont il avait indirectement tenté de profiter pour y imposer sa vision, aussi méliorative soit-elle.
Critique, Raizen se contentait d’écouter, se laissant bercer par les propos du pacifique qui dévoilait certaines failles passées qu’il avait jadis perçu en lui. Se remémorant le motif pour lequel il lui avait confié Saigo, il ne put s’empêcher d’émettre un léger sourire en entendant la conclusion que Yahiko faisait de son échec auprès du Teikoku.
Malgré tout, le renégat avait bien des défauts, comme plusieurs personnes selon Raizen. Toutefois, il disait vrai lorsqu’il parlait de la relation partiellement stable des différentes unités de la Coalition. Après tout, il ne suffisait que d’un seul électron libre pour susciter de nouveau un climat d’hostilité et de guerre, un élément qui avait bien failli se produire à plusieurs reprises avec le Teikoku.
Songeant au cadavre qui lui avait été livré sans aucune explication quant au motif justifiant la pénalité choisie par le Teikoku malgré son ancienne affiliation à Kumo, il était clair que Kumo devait être sur la défensive par rapport au Teikoku. Or, c’était bien un seul des éléments qui n’avait pas changé depuis le temps.
Que ce soit lors de la première réunion auprès de la Coalition ou maintenant, Raizen avait toujours eu pour objectif de fusionner pour mieux équilibrer. Dès le moment où le Teikoku avait décidé de renier ses liens avec Yamanaka Rei et l’homme au chapeau pour renouveler leur allégeance à la Coalition, ils s’étaient plus ou moins tirer une balle dans le pied, s'enchaînant dans un cadre qui était pourtant en parfait désaccord avec tout ce qu’ils avaient démontré depuis le début.
Or, pendant combien de temps une chimère aussi instable pouvait-elle demeurer enchaînée ? Le passage soudain sous le règne d’Hanzo représentait possiblement la réponse. Or, les derniers dires de Yahiko laissaient sous-entendre qu’il récupérait possiblement son règne. À quel prix cependant ?
-Merci d’avoir répondu à la plupart de mes questions Yahiko.
Terminant calmement de siroter son thé, les iris du corbeau se posèrent soudainement sur ceux de la Colombe tandis que pendant quelques secondes, le regard de Raizen paraissait vide. Devenant de plus en plus oppressant, on aurait dit qu’il tentait de percer à jour Yahiko alors qu’une lueur prophétique se lisait de plus en plus dans son expression. Sondant ainsi le jeune homme tel le crave qu’il était, Raizen se remit à parler au moment même où le reflet d’une lumière se dévoila dans le coin de son regard.
-Pour en revenir à certains éléments, les villages sont certes baignés dans la rivalité et enfermés par un ensemble de règles. Toutefois, il n’appartient qu’aux preneurs de décisions de naviguer favorablement dans un système beaucoup plus ouvert et moins fermé. Simplement, plusieurs doivent malheureusement se plier à ces nombreuses réglementations causées par de précédents abus menaçant l’équilibre ou la pseudo stabilité qu’a su créer chaque village Shinobi pour son pays. Bien qu’une conséquence imposante pour plusieurs et par le fait même non équilibré, le principe de mérite est assez flou si l’on fait un rappel au massacre de Yugure.
Marquant une pause, il précisa :
-Par moment des milliers de personnes meurent pour les conflits d’une poignée d’individus.
N’hésitant pas à être tranchant dans ses propos, il précisa finalement là où il voulait en venir.
-Pourtant, dans ces conditions imparfaites, le seul élément qui nous lie est généralement l’allégeance et l’affiliation à une bannière, d’où l’importance pour les têtes pensantes et dirigeantes d’y trouver un juste milieu afin de ne pas évoluer dans un système hypocondriaque et punitif. Malheureusement, vivre et être affilié à une bannière a de nombreux désavantages, mais aussi de nombreux risques, aussi injustes puissent-ils être.
S’arrêtant, Raizen se permit une question :
-T’es-tu un jour dit qu’alimenter le cycle de la haine ne se faisait pas forcément toujours en étant du côté des défenseurs ? Que penses-tu de cette philosophie qui cherche à instaurer une définition de paix en ralliant le plus de pays sous sa bannière et sa gouverne, le réel plan et la réelle ambition cachée du Teikoku depuis sa fondation ?
Prononçant des paroles que très peu de personnes avaient osé prononcer, c’était pourtant là le seul objectif logique de cette nation. Bafouée sous de nombreux aspects, elle avait été manipulée à vouloir conquérir de nombreux pays neutres pour mieux lutter contre un système dont elle avait été victime sous certains abords, un moyen comme un autre de combattre des conséquences qui encore une fois avaient une responsabilité diffuse…
-Quoiqu’il en soit, je suis tout de même content que tu réalises les torts que tu as faits lors de ta dernière gouvernance. Si je peux comprendre l’envie de mettre à ses côtés les gens en qui on a confiance, de toi à moi, il est important de considérer ton rôle auprès du village comme étant une personnalité à part entière à adopter. Même si la confiance est importante, tes décisions vont bien au-delà de tes préférences étant donné que pour une des rares fois, mettre quelqu’un en qui tu n’avais absolument pas confiance aurait fort probablement été une meilleure représentation d’un futur serein pour le Teikoku et possiblement un futur et règne paisible, paix que tu désires tant mettre de l’avant…
Critique dans ses propos, Raizen n’avait aucun mal à être honnête dans ses paroles. Dangereux sous certains égards, il se considérait tout de même dans un climat suffisamment familier pour parler d’individu à individu. Moralisateur sur la surface, son ton était plutôt celui d’une perception externe qui ne jugeait pas, il ne faisait que partager.
-Cette décision m’a d’ailleurs forcé à dissocier Kumo du Teikoku et de tous les Kumojines étant resté dans les rangs pour éviter un complot visant à croire en une conquête inverse, un phénomène qui rend notamment ta présence sur les terres Kumojines délicates comme tu le sais, mais qui a aussi valu à tous les Kumojines ayant fui leur terre natale pour rester au Teikoku même après la reconquête, le fait d’être plus ou moins renié des corps armés.
Lui souriant alors qu’un souvenir refaisait surface, le maître des mots poursuivit :
-Te souviens-tu de Saigo ? Pour moi, il était une caricature assez similaire de ce que représentait le Teikoku sous ta gouverne, à plus petite échelle cependant.
Saigo était un être à l'apparence indomptable qui avait pourtant des principes sur lesquels reposait son respect, un respect que Yahiko avait peiné à obtenir jusqu’à possiblement échouer. Pourtant, il avait été intéressant de voir la volonté de la colombe tenter de s’imposer sur celle de l’indomptable.
-La conclusion en est aussi assez similaire à mon sens bien que l’échelle soit un peu plus large cette fois-ci malheureusement.
Marquant une pause, il attendit la réaction de Yahiko avant de poursuivre :
-On ne peut pas dompter une entité qui n’est pas faite pour être domptée, encore moins si on ne la comprend pas totalement. Quelles que soient nos intentions et notre vision, je pense que c’est un élément qui sera important à prendre en considération pour tes prochaines aventures. Bien qu’anodin pour certains, ton départ de l’Empire, la montée de Shinrin Hanzo et l’envie de vouloir reprendre possiblement un règne quelconque laissent sous-entendre le fait que tu ne penses pas que la direction actuelle du Teikoku soit idéale et adéquate, autant pour l’Empire que pour le Yuukan, autrement, tu aurais redirigé ton fusil vers un autre objectif, n’est-ce pas?
Se permettant une supposition sans questionner, il était rare que Raizen fasse cela, mais par désir d’efficacité, il se permettait un raccourci que Yahiko pourrait corriger.
-Je me trompe peut-être donc je t’invite à me dire ce que tu penses de Shinrin Hanzo, de son règne et de son possible comportement pour la Coalition et l’ensemble du Yuukan. Le crois-tu apte à faire un meilleur travail que toi ou quelqu’un d’autre en prenant en considération tous les partis et le Yuukan ?
N’exprimant pas son opinion personnelle qui pour le moment n’était basée que sur des perceptions, Raizen s’était tout de même permis de diriger la question de manière à faire confiance au jugement de Yahiko pour en apprendre davantage et mieux s’outiller.
Noyant un peu l’efficacité de son discours à travers tous ses propos, il jugeait tout de même important pour son interlocuteur de suivre le rythme et la cadence étant donné les liens subtils qui étaient tranquillement faits jusqu’à la décision finale.
-Pour tout te dire Yahiko, si une autre personne plus apte s’était présenté aux élections de Kumo, jamais je ne me serais présenté tout comme si ma plus-value n’était plus forcément adéquate à mon rôle actuel et que je pouvais faire largement plus en optant pour un autre cadre comme dans ta situation actuelle, je me serais surement positionné de manière à créer ce que le Yuukan manque cruellement : Un Conseil Neutre.
S’ouvrant pour une des rares fois sur une idée qui lui avait traversé l’Esprit à de nombreuses reprises, il se permettait de communiquer une idéologie importante à partager.
-Que ce soit les Daimyos, les membres de la Coalition ou les différents pays, à ce jour, la seule personne s’était positionnée de manière à faire régner un équilibre mondial est l’Homme au Chapeau et c’est pourtant celui qui à ce jour provoque le plus d’union et de divisions. Pourtant, s’il était remplacé par un groupe plus équilibré qui veillerait notamment à rétablir l’équilibre des différentes infrastructures sans pour autant avoir le pouvoir absolu, seul à ce moment un équilibre sain et réel pourrait être atteint.
Dérivant peu à peu, il poursuivit :
-Les Gardiens en sont une essence fantomatique, mais sur certains égards et encore une fois, ils sont imparfaits. Fonder une équipe neutre alliant intelligence, compréhension et puissance me semble le meilleur moyen de rétablir un réel équilibre, avec ou sans chakra. Bien qu’utopiste sur certains égards, devant la promesse d’équilibre collectif, même pour les Daimyos, riches en pouvoir, il pourrait être difficile de mettre en péril les désirs de leur peuple de vivre une vie pérenne loin des risques pour y mettre à profit leur propre égoïsme et leur vision de domination personnelle.
Souriant devant cette réalisation, il termina : Pourtant, cette vision est impossible à ce jour, pour diverses raisons. Les gens pouvant assumer de tels rôles ne courent pas toutes les rues et pour le moment, des alliances basées sur des éléments factices permettent de créer l’illusion que cela ne représente aucunement une nécessité. Plus important encore, la population et ses infrastructures n’y sont pas forcément prêts. Si l’Homme au Chapeau voit le futur, peut-être sait-il que seules ces conditions réunies forceront l’humanité à se mouvoir de manière suffisamment adéquate et prédisposée pour changer…
Levant ses deux mains sur les côtés, il plaida soudainement l’absence de connaissance :
-Dans tous les cas, j’aurais tenté d’adopter un rôle transversal unissant par le fait même différentes entités sous l’objectif commun du bien collectif tout en veillant à l’équilibre des choses, un réel équilibre.
Précisant finalement où il voulait en venir il termina :
-Je pense qu’au regard de ton profil et de tes désirs qu’une quête comme celle-ci pourrait t’animer et être intéressante pour toi, à condition que tu apprennes à lire et comprendre les besoins des gens au-delà de ta propre vision et de tes propres bonnes intentions. Les gens ne changeant fondamentalement pas ou difficilement, t’équiper d’alliés ayant des aptitudes poussées à cet égard pourrait grandement aider.
La réponse du Meikyû devenant de plus en plus apparent, il ajouta :
-Tu comprendras donc qu’il m’est impossible pour le moment de te rajouter même secrètement sous la bannière Kumojine. Étant donné la possibilité qu’un jour tu reprennes ton règne sur le Teikoku, mais aussi tes objectifs, les risques en sont beaucoup trop importants pour la population et en réalité, tu te retrouverais limité dans l’objet de tes ambitions.
Honnête, Raizen révélait là toute sa vision et l’essence du potentiel qu’il avait captées en Yahiko.
-Ce n’est pas pour autant que nous te pourchasserons comme un traître ou que nous t’abattrons au premier moment venu. Au besoin, nous pourrons toujours communiquer et échanger moyennant certaines conditions. Or, avant toute chose, il te faudra récupérer une certaine authenticité auprès de la Coalition que tu souhaites aider pour éviter que cela porte préjudice à Kumo, mais aussi à tes ambitions de paix.
Le croyant lorsqu’il partageait ses idéaux, Raizen se décida donc à lui donner quelques pistes.
-Si tu désires rejoindre la Coalition, tu pourrais très bien le faire à caractère neutre en justifiant un vote et un positionnement des différentes entités pour te permettre à toi et tes alliés de continuer à aider et alimenter cette entité tout en étant sous protection contre le courroux du Teikoku. Simplement, un tel geste pourrait aussi briser l’équilibre temporaire actuel de la Coalition, forçant ainsi le Teikoku à reprendre l’essence même de ce qu’il était : la marionnette de l’homme au chapeau présente pour menacer les différents villages et ainsi répéter un cycle constat de dualité, haines et violences entre deux idéaux structurels pensant avoir raison.
-Sendai Yahiko. Une de tes autres options qui selon moi, serait possiblement la plus efficace serait la suivante.
Encore une fois, le regard de Raizen avait changé. Beaucoup plus sombre et concentré, il dégageait toutefois une dose importante de conscience, d’analyse et surtout de concentration. Dévoilant ainsi ses prunelles dorées, un éclat traversa momentanément ses iris tandis qu’il prononçait l’objet de sa visualisation.
-Si tu désires réellement réintégrer la Coalition et pouvoir contribuer à la paix collective et cette guerre actuelle, je pense que la meilleure opportunité résiderait dans le fait de rejoindre Kirigakure no Sato sous Nobuatsu Saji.
Dévoilant ses dents à travers un sourire non masqué, Raizen y partageait la vision de certaines prémisses stratégiques.
-Ceci te dissocierait totalement de Kumo et éviterait de répéter les guerres du passé, mais cela te permettrait aussi de te battre et d’être protégé sous la bannière de la Coalition et d’une des plus grandes forces qui existe. En te prenant sous son aile, Kiri obtiendrait un combattant d’expérience et excessivement puissant pour le faible coût d’antagoniser temporairement un Teikoku qui pourrait aisément être freiné et calmé dans ses élans de guerre par les autres intervenants du Yuukan.
Poursuivant, Raizen ne dévoilait aucune hésitation dans ses propos.
-Kiri ayant un facteur de distance et stratégique, le Teikoku ne pourrait avoir pour réflexe d’entreprendre des initiatives de guerre compte tenu de la distance géographique contrairement à Iwa ou Kumo par exemple…
Sans aucune prétention, il partageait l’élaboration d’une vision rendant possible ce que désirait l’Empereur déchu.
-Cela permettrait ainsi à Kiri d’initier des pourparlers visant à rétablir ton statut, des discussions qui pourront peut-être muter vers ta liberté sur le long terme tout en préservant ton utilité et ton aide au sein de la Coalition. Je pense vraiment que tu pourrais y trouver ton compte à Kiri au regard des nombreux profils qui y demeurent.
Connaissant assez bien Yuki Kaya et percevant Nobuatsu Saji comme son égal dans l’art de la politique et dans l’intelligence, Raizen prenait un risque dans ses suppositions, mais ce risque était pourtant calculé.
-Il est fort probable que Kiri me consulte d’ailleurs, élément pour lequel je ne leur dirais uniquement que la vérité au regard de ton profil, les risques que tu pourrais engendrer, mais aussi tes faiblesses.
Étant forcément ce qui était attendu de partenaires, Raizen désirait être transparent à ce sujet.
-Le reste dépendra surtout de toi et d’à quel point tu peux être convaincant, d’à quel point tu tiens à ta liberté et surtout la force de tes convictions, car sache que bien qu’incomfortable, pour le moment, ton existence sous ton statut actuel est passible de créer des guerres qui menaceront la paix et l’équilibre que tu désires tant atteindre pour des milliers de gens qui tout comme tu l’as dit plus tôt, ne méritent pas d’en subir les frais. Il est aussi possible qu’à un moment, si la situation se complexifie, que ta simple existence représente totalement l’anti-thèse de tes désirs et objectifs, te forçant ainsi à choisir entre l’objet de ta vision et ton existence, un choix qui t’appartiendra en temps et lieu dans le pire des scénarios. Entre-temps, je te suggère de penser à mes idées visant à rétablir ta situation afin de pouvoir ouvertement collaborer et revenir sur le territoire Kumojine sans créer le moindre risque pour la population au regard des risques que le statu quo de ta situation actuelle implique.
Le fixant, le Maître des sceaux n’hésitait pas à lui peindre le réel portrait du contexte actuel, lui donnant plus ou moins l’heure juste par rapport à son cas.
Aux oreilles du Nivéen, les idées, arguments et autres répliques de Raizen ne sonnaient hostiles. Aux abords provocateurs pour quiconque arpentait le chemin de l'orgueil, bien qu'il n'appréciait l'idée d'être perçu négativement, le Second se devait d'être réaliste : des erreurs avaient été commises, pesaient sur son passé et sur l'image qu'il renvoyait au monde et comme l'avançait si bien le Yondaime qui lui faisait face, l'homme qui se battait pour la paix avait emprunté un chemin si bancal qu'il en était devenu une cible à abattre. Comble pour les rêves qu'il avait toujours souhaité décrocher, le paradigme s'était inversé et de celui qui voulait participer à rétablir la paix sur le Yuukan, il était devenu celui qui était le plus à même de la perturber.
Cette perspective, elle lui était inacceptable. Cela ne pouvait être le résultat que de deux hypothèses : si la première décrétait que le Sendai était bien trop candide pour mériter d'exister dans ce monde, la deuxième préférait défendre l'idée que ses détracteurs avaient été suffisamment vils pour faire d'un défenseur de la paix un renégat, un indésirable. Et de cela Kumo n'en pouvait être responsable car la posture du Meikyû se voulait révélatrice : s'il était une tête à prendre pour le village de la Foudre, aucun débat n'aurait été entrepris. Sûrement aurait-il croupi dans une des geôles de Kumo, privé de toute liberté ou de tout outil réflexif, mais là n'était pas le cadre.
L'Empire avait été obnubilé par une haine stupide, futile, orientée majoritairement sur le choix d'une Porte-Parole également étrangère à leur terre. Une femme qui, contrairement à celui qui avait atteint le sommet de l'Empire, n'avait fait ses preuves aux yeux des guerriers du Feu. Alors Raizen révéla une vérité qui sonna évidente aux oreilles du Vingtagénaire, celle qui prétendait qu'il aurait été bien plus malin de mettre au sommet de l'Empire, aux côtés de l'étranger, une personne connue, peut-être ennemie à son règne, mais une personne apte à maintenir la confiance du peuple envers ses gouvernants. Et le déserteur était persuadé qu'il avait alors raison. Voilà quelle pouvait être une première marche à suivre pour récupérer une responsabilité qu'il avait fui.
Mais comment s'assurer qu'un peuple accepte un ancien déserteur ? Il manquait d'un élément perturbateur, d'une trahison de leur nouveau gouvernant qui justifierait du retour de leur ancien, qui se présenterait tel un libérateur.
Shinrin Hanzô était le candidat parfait pour cette imposture. Il ne fallait qu'attendre que l'occasion ne se présente.
-« Ce que j'en pense... »
Avec cela, toutes les autres interventions n'étaient tombées dans l'oreille d'un sourd. Certaines ne trouveraient aucune réponse dans les dires du Devancier, mais d'autres méritaient toute l'attention de ce dernier.
-« Je pense que ce que tu me proposes est sage, réfléchi mais osé. Je ne suis pas sûr qu'un village accepte l'arrivée d'une personne dont l'identité est fortement remise en question par un membre éminent de la Coalition. Je suis satisfait de voir que je ne te suis pas hostile, mais sois certain que l'Empire, qui est un participant de la Coalition, souhaite très sûrement me voir mort. Ou tout du moins sous l'égide de Shinrin Hanzô qui, je le parie, ne se sera privé de calomnier à mon sujet. Mmh... c'est sûrement ce qu'il a toujours fait d'ailleurs... »
Sa jambe gauche s'éleva jusqu'à ce que son pied n'épouse la forme du siège sur lequel il était assis et adossé, et tandis que son avant-bras se déposa mollement sur le sommet de son genou, il reprit.
-« Tu voulais savoir qui est le Troisième Empereur, d'ailleurs. Je suis capable de te répondre, non pas en te donnant mon avis, plutôt en te parlant de faits le concernant. »
Son regard se faisait plus sombre, plus concentré. Il débordait d'envie de révéler des secrets qu'il avait gardé pour lui pour le bien de l'Empire, pour maintenir l'image du clan Shinrin aux yeux de l'ensemble du Feu. Qu'en ferait-il ?
-« Hanzô était un Lieutenant très compétent dans l'Empire, sa malice, son intelligence et ses capacités firent de lui un homme voyageant entre les Unités, s'adaptant à celles-ci pour répondre aux besoins de l'Empire. Son image fut parfaite avant notre voyage à Tsume, et peu avant celui-ci, il se démarqua dans un premier temps avec une obsession quant au scellement de Nanabi. Je me souviens l'avoir entendu crier lors du scellement qu'il désirait leur puissance plus que tout – à celle du robot et du Dieu, avec un désir proche de la folie. Ce seul fait pourrait être anecdotique, mais je t'invite à le laisser prendre sens avec la suite. »
Il reprit quelque peu son souffle, maintenant la même position face à une personne qu'il considérait comme son égal, puis continua.
-« J'avais également apprit que sans dire le moindre mot à qui que ce soit, il s'était emparé de la carcasse du robot de Sakaze Tôsen, quelque chose qui aurait pu servir à la Coalition si nous avions porté quelques recherches à son sujet. Egalement, lors de l'Ignition qui permettait d'élire le Second Empereur, il fut celui qui manipula le corps défunt de Shinrin Shinpachi, son frère Valeureux, en cachant son décès à l'Empire, afin d'utiliser son image pour assurer à son clan de prendre le pouvoir. Peut-être devrais-je ajouter que Shinrin Shinpachi, avant de décéder, avait fomenté un plan visant à nuire à la Coalition en portant une grosse offensive au Sommet, et qu'Hanzo fut prêt à m'assassiner alors que je lui révélais ces quelques informations, bien décidé à croire en son frère pour honorer de simples liens du sang. Au péril de la Coalition, du coup. »
Ses deux mains se lièrent au dessus de ses genoux, croisant leurs doigts à la cime de son articulation pour continuer son monologue.
-« Enfin, Hanzô fut surpris au sein d'un conflit futile aux portes d'Urahi, un combat si dantesque qu'il en vint à faire émerger le Dieu hors de son corps. Il était prêt à dévaster l'intégralité de la Capitale en éveillant Nanabi, tout cela pour la simple raison que son adversaire l'eu un peu trop provoqué. Je fus là pour l'arrêter, et je le condamna alors à la peine de mort, mais il en rescapa. Jusqu'à ce que tu viennes de m'apprendre qu'il en eu même récupéré son statut d'Empereur, une fois que je fus parti. »
Une moue pouvait s'afficher sur le visage du Sendai ; celle de la colère et de l'injustice. Raizen voulait savoir qui était Hanzô ? Yahiko s'était déjà largement positionné à ce sujet là, depuis le Pont. Il était un criminel international.
-« Voilà ce que je pense de Hanzô. Il est de ces cupides qui n'agissent avec la Coalition que pour préserver leur pouvoir et leur chakra. Il est de ces orgueilleux qui n'agissent que pour leur intérêt, et il est de ces instables qui pourraient mettre le Yuukan à feu et à sang si cela leur permettrait d'obtenir un peu plus d'argent, un peu plus de pouvoir. Qui sait s'il fera un meilleur travail que moi ; une chose est sûre, tout le travail qu'il fera, cela sera avant tout pour lui et lui seul. Et je suis persuadé qu'un jour, cela sera au péril de la Coalition, cela est la suite logique. »
Il expira un grand coup, là était le final de son grand discours. Mais en tiquant quelque peu, il se rappela d'un document qu'il gardait précieusement dans sa poche et qu'il s'apprêtait à montrer. L'occasion était parfaite. Sa dextre se glissa dans sa sacoche shinobi, fouillant les quelques papiers qu'il avait avant d'en retrouver un qui revêtait un intérêt tout particulier. Il récupéra alors une lettre, qu'il serra entre son index et son majeur jusqu'à la tendre vers son interlocuteur.
-« Oh, en reparlant de cette période. Tiens, Raizen, il s'agit de l'original. Je me la suis réécrite à côté pour en garder une copie. Cette lettre vient de Kogami Akira, un des Valeureux qui se confronta à l'Homme au Chapeau. Il m'avait fait un recensé de toutes les capacités de l'Homme au Chapeau. Je n'ai été en mesure de l'envoyer car le document est si important qu'il ne pouvait risque de tomber entre des mains criminelles. Mais maintenant que je suis en personne face à toi, prends la. Voici une de mes participations pour la Coalition. »
Il se leva enfin, sans plus bouger de sa posture, mais il fit comprendre au vu du choix de Raizen que la discussion venait petit à petit à son terme.
-« Enfin, je vais garder toutes tes idées et critiques en tête. Je suis content que tu connaisses mes faiblesses et mes défauts, ils sont des arguments supplémentaires pour t'assurer que tu n'as rien à craindre de moi. »
Sa tête se pencha légèrement sur le côté, comme ses dents mordillèrent légèrement l'intérieur de sa bouche, exhibant toutes ses réflexions.
-« Je ne sais pas ce que je ferai pour Kiri, mais tu auras bien compris avec tout ce que je viens de te dire que c'est vers l'Empire que je dirige mon attention. Je me dois de m'assurer que leur philosophie, que tu remets justement en question, est correctement appliqué dans le Yuukan. Car je crois sérieusement en cette capacité à rallier les faibles pour s'allier aux forts. »
Il plaça ses mains dans ses hanches, son dos se courbant légèrement tandis qu'il s'étira dans une mimique équivoque.
-« Enfin, j'ai la réponse que je voulais. Je te remercie pour ton aide et ta considération, j'ai simplement un service à te demander, sans vouloir abuser de ta gentillesse. Sauf si tu as d'autres interrogations pour moi, évidemment. »
Il sourit, simplement, dans un ton on ne peut plus amical.
-« Je m'en vais rester un temps soit peu sur les terres de Kaminari, simplement pour y rester en sécurité. Tu peux m'y affilier des ninjas pour me surveiller si tu le souhaites. Cependant, accepterais-tu prévenir Metaru Hideko que je m'y trouve ? Il s'agit d'une amie d'enfance qui souhaiterait peut-être me revoir. »
Sauf s'il avait d'autres sujets d'échanges ; la discussion serait close. A la lisière des terres qui l'avaient fait naître, le Sendai en était maintenant sûr.
Il ne serait plus le bienvenu.
Dernière édition par Sendai Yahiko le Mar 2 Aoû 2022 - 18:15, édité 2 fois
Observant avec attention la réaction de Yahiko, Raizen ne fut aucunement surpris de le voir bien le prendre. Après tout, l’inverse aurait été nettement fâcheux, voire immature pour un homme de sa stature et de son calibre. Statuant ainsi en prononçant des paroles véridiques, il était plus que vrai que l’Empire voulait sa tête. Ce n’était clairement pas pour rien qu’une communication avait été effectuée à tous les partenaires ou gens affiliés avec le Teikoku afin de retrouver Yahiko et les nombreux déserteurs qui avaient quitté sous le départ de leur chef. Pourtant, Yahiko ne semblait pas réaliser la totalité de l’ampleur de sa situation.
Se concentrant toutefois sur les informations qu'avait le jeune homme sur Shinrin Hanzo, mais aussi l’homme au chapeau, le corbeau n’était en aucun cas surpris d’entendre les prémisses du chaos qu’avait frappé Tsume au moment du scellement. Se remémorant le rapport d’Itagami, devant la domination Teikokujine, elle s’était trouvée inapte à faire quoique ce soit si ce n’est de repartir avec une jambe de l’artefact métallique, un artefact dont personne ne vit le jour depuis… Malheureux, cette entité était demeurée entre les mains du Teikoku, un objet pouvant devenir une arme excessivement redoutable à quiconque l’exploitait selon le rapport qu’il avait reçu de la mission à Tsume.
-Ceci est en effet problématique. S’il est bien et bien l’ombre de ce que tu révèles à ce sujet, l’homme au chapeau vient indirectement de gagner un allié de taille et d’effectuer un trou béant dans les liens qui sont censés unir une Coalition déjà fragile sous bien des égards.
Réfléchissant stratégiquement, un léger soupir perça à jour ses lèvres devant un tel constat. Ajoutant toutefois un grain de sel aux paroles que prononçait Yahiko, bien qu’il y avait un revers à chaque histoire qui était partagé, étrangement, il le croyait plus qu’il ne l’aurait pour un autre individu.
-Par chance, il n’a en théorie aucun intérêt d’agir de manière défavorable, surtout qu’il serait dommage de répéter certaines histoires du passé auprès du Teikoku, encore plus dans notre contexte actuel.
Observant dorénavant le rapport concernant les facultés de l’homme au chapeau, le Meikyû y jeta un coup d'œil brièvement, réalisant à quel point l’information qu’il venait d’obtenir était excessivement intéressante et de qualité. Apte à mieux outiller l’ensemble de la Coalition, il avait toutefois du mal à comprendre pourquoi ces informations n’avaient pas été partagées avant.
-Merci pour ces informations, je dois avouer ne pas savoir pourquoi elles n’ont pas circulé en amont, mais je compte émettre un rappel ou plutôt un communiqué visant à créer un recueil conjoint entre les partenaires de la Coalition visant à partager le savoir que nous avons sur nos ennemis. Autrement, nous courrons respectivement à notre perte en ne partageant pas ce type d’information. Sinon, je pense qu’au moment où nous en sommes, même entre les mains de criminels, un tel document serait plus utile que l’inverse, surtout que l’homme au chapeau ne changera pas forcément de style de combat du jour au lendemain.
Logique et naïf sur certains bords, c’était pourtant le genre d’information utile qu'il était inutile de cacher. Toutefois, il allait devoir être stratégique sur le moyen de diffusion étant donné qu’il ne pouvait révéler sa source sans compromettre le côté secrétif d’une telle réunion…
Se préparant à glisser certains mots à Yahiko, Raizen décida de lui renvoyer la chandelle en lui partageant certains conseils, notamment par rapport à sa dernière demande.
-Si je peux me permettre, tu l’as clairement dit , tu es en plein dans la ligne de mire du Teikoku qui est sous la direction d'un homme que tu décris comme étant égoiste et instable. En ce moment et s’il y a bien des endroits où j'irais te chercher, ce sont les suivants : Kaminari, Joheki, Wasure ou Yuki. Ainsi, s’il advenait à ce que tu sois trouvé sur nos territoires, je ne peux imaginer ce qui s’en suivrait. Si d’un côté je ne pourrais te reprocher de te défendre, je ne pourrais toutefois en aucun cas admettre un moindrement le fait que des Kaminarijines soient des victimes collatérales d’un affrontement entre toi et le Teikoku ou pire encore : que nous soyons accusé de complot, ce qui ultimement reviendrait à perturber encore une fois la Coalition pour des motifs incongruents. C’est notamment la raison pour laquelle je t’ai conseillé de te diriger vers Kiri, un territoire beaucoup plus neutre sur lequel tu demeurais beaucoup plus protégé et pourrait demander une audience spéciale à la Coalition.
Marquant une pause, Raizen précisa :
-Autant nous ne te livrerons pas aux mains ennemies, autant je ne peux engager des Kumojines à te poursuivre sans pour autant mettre Kumo et le reste de la Coalition dans une situation délicate. De même, ta vie étant importante au regard de l'apport qu'elle peut avoir pour le bien-être commun, je te demanderais toutefois par mesure de sécurité et si ton objectif est bel et bien la paix de t’orienter vers un territoire beaucoup plus neutre et sans enjeu diplomatique.
Plus sérieux, Raizen ne prenait en aucun cas à la légère cette situation, car encore une fois, la liberté d’un mettait en danger la liberté et le bien-être collectif, un prix excessivement coûteux pour permettre à un individu de se promener comme bon lui semblait sur un territoire vers lequel l’ennemi tournerait fort probablement son attention.
-Ainsi, Kumo ne pourra te servir de terre d’asile, car la population ne mérite aucunement d’être replongée un minimum soit-il dans la catastrophe qu’elle a déjà vécue pour des conflits ne les concernant pas, ce que je pense que tu comprendras. Ainsi, bien que l’envie et le désir de retrouvaille soit touchants, il me sera dans l’impossibilité de partager un tel message sans qu’éventuellement cela soit matière à théorie du complot ou admet une faille quelconque de notre conversation qui doit rester confidentielle. Comprend là que ce n’est rien de personnel, surtout au regard des risques associés à notre discussion..
Se doutant forcément que Yahiko devait comprendre les enjeux politiques derrière tout cela, il y avait toutefois une certaine dose de laxisme ou d’inconséquence qui dévoilait une diminution de la réflexion sur l’impact de ses actions et de sa présence. Lui faisant plus ou moins penser à Sairyo Hiko avec un poids diplomatique plus important, il précisa.
-Si cela peut t’aider, les lettres sont généralement un moyen de communication assez efficace et rendent la tâche excessivement difficile pour quiconque de les intercepter… surtout au regard des nombreuses communications aériennes chaque jour. C’est un bon moyen de communiquer, mais aussi de prévenir certains éléments fâcheux.
Marquant une pause, Raizen conclut finalement :
-De même, il faudra donc que tu quittes le territoire dès la fin de notre discussion pour des raisons logiques que je pense que tu comprendras, surtout au regard de tes objectifs, car je ne pourrais tolérer que le sang d’un seul Kaminarijine coule alors qu’ils sont innocents dans cette situation. Si Joheki t'a permis de franchir leur frontière, ils peuvent possiblement te servir de terre d'asile bien que passer par Hi ne soit pas sécuritaire. Simplement, Kaminari a beaucoup trop de passif avec le Teikoku pour que ta présence à Kaminari soit sans conséquence. Cela m’amène ultimement à une dernière question Yahiko : Ta liberté personnelle et individuelle est-elle plus importante que tes convictions et ton désir de paix collective ?
Logique, Raizen désirait confirmer si la Colombe agissait de manière transparente avec la parole qu’elle prêchait. Digne d’en vérifier le tout, Raizen se demandait si Yahiko était du genre à mettre la vie d’innocents en danger pour son propre confort personnel. Après tout, quelle que soit la manière dont on regardait la situation, se réfugier ailleurs qu’à Kaminari représentait bel et bien le meilleur moyen d’éviter une guerre diplomatique qui venait tout juste d’être enterréeé. En aucun cas, ils ne pouvaient prendre un tel risque. Si la guerre ne faisait aucunement peur à Raizen, ce n’était ni le moment, ni pertinent, ni utile, encore moins pour une histoire entre Teikokujin et Teikokujin qui de base, ne concernait en aucun cas Kumo et Kaminari…
S'entretenir avec Yahiko représentait déjà un risque... beaucoup trop conséquent pour que ce genre de questions fasse surface. Le réaliserait-il à travers les paroles du Meikyû ? Était-ce de l'innocence ou autre chose ?
Spoiler:
PS : Le Rapport d'Akira étant en hide, peux-tu le quote si possible ? Merci d'avance
Satisfait, il pouvait l'être. Dans l'ombre de défauts que Raizen avait déjà réussi à percevoir par sa pénétrante lucidité, il résidait un tempérament honnête – bien trop innocent pour son propre bien – qui ne pouvait lui échapper. Ses mots, il pouvait s'assurer qu'ils ne tomberaient dans l'oreille d'un sourd. Les faits parlaient, ô bien plus que lui ne pouvait déblatérer, et l'image du Shinrin qu'il pouvait maintenant réprouver ne pouvait que se répandre dans le Yuukan. A l'image de son règne pacifique, le Jeune Homme se peignait un portrait lisse, certes teinté de bon nombre de ses erreurs, mais toujours digne de celui qui recherchait la paix et qui peinait à la déverser. Alors, sa confrontation avec le Yondaime ne pouvait que se conclure par un échec qu'il aurait pu prévoir ; face à la peur, face à la méconnaissance et face aux préjugés du peuple, jamais ne pourrait-il se permettre de laisser le Sendai fouler ses terres. Car ajouté à la crainte d'un Empire plus hargneux et vengeur que jamais à son égard, il avait le devoir de protéger les siens.
Lui qui s'était déjà largement mis en danger, tout en adoptant une position bien délicate en accordant au Deuxième cette entrevue.
Alors que sans le vouloir, Raizen avait déjà trahi l'Empire, de la même manière que l'avaient fait Yashigare Masumi et les gardes de son pays. Là était le poids de la méconnaissance de Shinrin Hanzô.
Là était la Justice pour sa bienveillance.
« Ne te méprends pas. Un tel document aux mains de criminels, c'est s'assurer de priver la Coalition de documents essentiels. Je ne pouvais pas risquer la sûreté au péril de la rapidité, elle devait arriver en mains propres. D'autant plus face à un adversaire pouvant voir dans le futur. »
Pour plusieurs opinions, Yahiko ne pouvait rejoindre son interlocuteur. L'Empire ne risquait pas de le rechercher bien trop activement, cela signifierait diviser ses troupes dans une lutte contre la montre. Les Kumojin même ne risquaient de retrouver sa trace, il avait les capacités de se mêler dans l'ombre face à des ninjas tout à fait inconscients de l'introduction d'un intru au sein de leurs terres. Enfin, ses séjours à Jôheki no Kuni, dans le Pays du Feu et au Pays de la Foudre étaient bien trop courts pour qu'un réel danger n'apparaisse.
Toutefois, le Devancier ne se voulait ni moralisateur ni sujet à débat ; il avait un devoir.
Celui d'obtenir la confiance et de respecter une posture, jusqu'à restaurer l'image qu'il avait perdue.
« Je comprends parfaitement. Je comprends ta position, la mienne, et tout le soucis de protéger les tiens. Loger dans Kaminari n'était de toutes façons pas mon objectif premier. »
De la lettre à ses rapports avec le gouvernant de la Foudre, là étaient ses véritables intérêts. Il plaçait les pions sur son échiquier, jouant sur la corde fine entre survie et condamnation, oscillant entre les rapports humains et leurs méconnaissances.
Reprenant le chemin vers la sortie, il s'apprêta à ouvrir la porte. D'un mudra, il modifia son apparence drastiquement avant d'épouser la forme de la poignet d'une paume ferme.
« Je tâcherai d'appliquer vos précautions, Raikage-sama. », commença t'il un sourire joueur.« Et soyez sûrs que l'intérêt commun passe bien avant ma liberté individuelle. Simplement... »
Son ton devint plus sombre. Dans ses yeux s'affichait le démon que le Meikyû avait déjà rencontré face à Saigo.
« Il me faut auparavant m'assurer que mon éviction ne soit réellement indiscutable. »
Avec le poids que cela avait, et avec tous les sous-entendus qui pouvaient s'y mêler, son pas franchissait la porte.
Celle qui le ramènerait à sa prochaine destination.
La sûreté.
« À la prochaine ! »
Dit-il avant de s'éclipser, sous les yeux de tous ceux qui avaient comprit de qui il s'agissait. De tous ceux qui pouvaient se douter de la manière avec laquelle leur échange s'était conclu, tandis que ses pas le menèrent vers la frontière du Pays.
En ce jour aux portes du village de Kumo, je pouvais difficilement être d'avantage émoustillé qu'en l'instant présent. Je me retrouvais entouré que de grosses pointures. D'un côté nous avions Nara Keisuke, chef du Kyuubu et un combattant aguerri que je n'avais jamais affronté. Malgré ses capacités claniques qui s'orientaient d'avantage vers un style réfléchi et posé, il portait en lui la contradiction qu'apportait avec elle l'utilisation des Portes Célestes. Ce qui faisait de notre chef un redoutable combattant au corps-à-corps qui me tardait d'affronter. La seule fois où je l'avais vu à l'oeuvre, c'était contre trois genins lors des examens de Kumo, et cela ne reflétait nullement sa véritable puissance, j'en étais persuadé. De toute manière, étant donné que je comptais gravir les échelons du Kyuubu, il se tiendrait à un moment ou à un autre sur ma route, et je me demandais comment je me débrouillerais contre lui dans un match en un contre un. Cela me faisait presque frémir d'impatience.
De l'autre côté, nous avions Meikyû Raizen-sama, notre Raikage, que j'avais déjà affronté à une reprise lorsque je n'étais encore qu'un genin. Je n'avais ni l'expérience, ni la puissance que je possédais maintenant, et je n'avais alors rien pu faire contre le chef de notre village. Même aujourd'hui, j'étais certain de ne pas rivaliser avec le Yondaime, mais j'étais curieux de savoir à quel point j'avais fait des progrès par rapport à la fois d'avant. Comment me débrouillerais-je aujourd'hui contre lui était une question qui me remplissait d'adrénaline. J'avais encore du chemin à faire pour atteindre son niveau, et pour ensuite le dépasser, mais comment pourrais-je savoir à quel point si je ne l'affrontais pas à nouveau ? Bien évidemment, en plus de sa puissance phénoménale, il maîtrisait le fûton comme affinité, ce qui ne m'arrangeait pas réellement. Mais à vrai dire, cela ne faisait que pimenter encore plus le défi.
Et pour terminer, Sendai Yahiko. Celui pour qui le chef de la police et le Raikage en personne s'étaient déplacés immédiatement après avoir été annoncé aux portes. Si cela ne suffisait pas à vous convaincre que le guerrier albinos méritait toute mon attention et mon envie de combattre, il avait été Empereur du Feu, jugé suffisamment fort pour diriger un pays comme Hi no Kuni. Etait-ce à cause de son affiliation à Kumo et à l'Empire qui suscitaient une si vive réaction de nos supérieurs hiérarchiques, ou était-ce la menace qu'il représentait pour le village ? Certainement un peu des dés, comme à chaque fois. Et cela ne faisait que faire monter mon baromètre à combat d'avantage. J'espérais de tout coeur pouvoir l'affronter pour ainsi me mesurer à un ancien Empereur. Mais au fur et à mesure de la discussion entre lui et le Raikage, mes rêves semblaient lentement s'envoler vers d'autres contrées.
Malheureusement, Yahiko représentait à la fois un atout considérable, mais une source de tension tout aussi importante si ce n'était plus. Il avait été d'abord Kumojin, puis déserteur, puis Empereur du feu et à nouveau déserteur. Ce qui rendait sa position au sein des deux factions plus qu'incertaine, et propice à des conflits qui nuiraient aux efforts des Pays pour maintenir la paix au sein de la Coalition. Mais en plus d'être considéré comme un motif suffisamment pour rompre cet équilibre encore précaire, il était aussi une potentielle source de conflits internes au sein même de notre village. Accueillir à nouveau parmi nous un shinobi qui avait déserté Kumo pour rejoindre ceux qui avaient asservi son ancienne patrie et tués certains de ses anciens camarades...Bien évidemment, je faisais parti de ceux qui avaient tendance à être d'avantage pragmatique que sentimentaliste, et j'étais persuadé que ni Kumo, ni Hi ne se risqueraient à entreprendre des actions qui pourraient entraîner une guerre (civile, ou inter-pays). Mais Raizen préférait se montrer prudent, bien plus prudent que je ne l'aurais été, et après un interrogatoire poussé sur les motivations du Sendai et sa bonne foi, préféra tout de même éviter tout incident diplomatique. Cette discussion à la fois calme et houleuse s'était terminé sur le départ de Yahiko, et avec lui mes chances de l'affronter. Enfin...était-ce vraiment fini ? Après que ce dernier se soit transformé grâce au Henge et ait franchi la porte pour sortir, en se dirigeant vers l'extérieur du pays, je me tournai vers le Yondaime, et avec mon regard pétillant d'excitations, je pris la parole.
-Yondaime-sama ! J'pourrais s'il vous plaît avoir l'occasion d'affronter Sendai Yahiko avant qu'il parte du pays ? J'n'aurai surement pas l'occasion d'affronter un adversaire comme lui de sitôt ! On s'tiendra bien évidemment à l'écart de toute habitation. Et j'reviendrai tout d'suite après. Mes collègues peuvent aisément me remplacer aux portes pendant c'temps. Et puis ça nous permettra de connaître un peu mieux ses capacités et de quoi il est capable... S'il vous plaît !
Après tout, je n'avais rien à perdre à demander au Raikage la permission de l'affronter. Si je ratais cette occasion, elle risquait de ne plus se présenter devant moi avant un bon moment. Tous ceux présents connaissaient mon amour pour le combat, mais aussi et surtout mon besoin de devenir plus fort. Bien qu'ils ne savaient pas exactement pourquoi. Mais si j'arrivais à battre un Empereur, alors peut-être que je pourrais revendiquer mon nom et mon vrai prénom, peut-être que cela voudrait alors dire que je suis suffisamment fort...
Analysant les paroles de Yahiko, Raizen ne put s’empêcher de se dire que l’ancien Empereur avait tendance à prendre des précautions qui allaient en adéquation avec sa vision. Or, celle-ci demeurait encore floue pour le moment malgré leur discussion alors qu'il révélait que loger dans Kaminari n’était pas son objectif premier. Y dévoilant fort probablement le besoin de discuter et de prendre le pouls quant à sa situation, Raizen ne pouvait s’empêcher d’y percevoir une large quantité d’objectifs aussi distincts que variés…
Même dans son regard un peu plus sombre, Raizen semblait y voir une certaine mélancolie. Chaque personne était dotée d’une facette plus sombre. Or, rares étaient ceux qui se permettaient de manifester leur alter, encore moins au bon moment. Ainsi, Raizen ne pouvait s’empêcher d’y voir un paradoxe. Si cet air et ce regard ressemblaient à celui qui avait été adressé jadis à Saigo qui, jusqu’à preuve du contraire avait été personnifié de rebel sans réelle plus-value, en lisant les rapports, il était intéressant d’y voir qu’il avait terminé ses jours en se sacrifiant pour ses camarades Kumojines, se battant jusqu’à la fin pour défendre les siens à contrario de l’Empereur.
Arrêtant ainsi sa boussole sur le caractère chaotique de celui-ci, un doute subsistait quant à son côté bon ou neutre. Subjectif sous bien des égards, son alignement de valeur n’était pas forcément problématique ou une faille. Son code et sa vision personnelle semblaient être un peu plus sujets à débat.
-À bientôt Sendai Yahiko.
Se courbant légèrement en guise de respect alors qu’il lui montrait sa nouvelle apparence, le meikyû se permit d'exécuter quelques mudras qu'il reconnaitrait afin d’y sceller sa signature chakratique. Après tout, si Yahiko s’était donné la peine de lui montrer sa fausse apparence comme Raizen l’avait fait, il était probable que sa signature chakratique soit tout aussi importante. Après tout, sur un champ de bataille, reconnaître ses alliés de ses ennemis était important. Ainsi, il préférait mémoriser le chakra d’un allié qu’il pourrait retrouver à un moment opportun.
Or, alors qu’il pensait cette entrevue terminée, Ikari manifesta une demande des plus particulières. Ne pouvant s’empêcher un léger rire, le Meikyû y voyait là l’essence même de l’électrique, une âme intransigeante qui ne reculait ne devant rien même dans un contexte éclectique comme celui-ci.
Ayant une brève pensée pour Sakamoto Tsunenaga, Raizen pouvait toutefois sentir son âme et son aura communiquer à travers quelques chocs électriques qui affectait le derme de sa peau. Il lui avait fait une promesse qu’il comptait tenir.
-Je comprends ton envie Ikari, mais je ne peux permettre un tel affrontement à Kaminari. Minimiser les coups d’éclat impliquant autant Yahiko que Kumo est le meilleur moyen de le protéger lui et sa couverture, surtout que nous sommes en état d'alerte. Qui plus est, en tant que fugitif, quelque chose me dit qu’il aura besoin de toutes les onces de chakra dont il possède. Permettre un tel combat serait donc un moyen tangible d’attirer les regards et l’attention tout en maximisant les chances qu’une prise de contact sans conséquence soit reconnue entre nos deux partis sans oublier qu'il y a des chances que d'autres partis s'immiscent dans votre duel.
Pragmatique, Raizen ne pouvait se permettre un tel risque, pas pour un désir de progression comme celui-ci.
-En temps normal, cela ne m’aurait pas dérangé, mais afin d’agréer à ces conditions, il faudrait que Yahiko, le principal concerné soit en accord et soit prêt à faire un entraînement qui ne lui rapporterait rien en retour à part s'entraîner ou satisfaire un désir purement unidirectionnel pour le moment. Il faudrait ensuite que cela se produise en dehors de Kaminari. Autrement, ceci représenterait un risque diplomatique pour toutes les raisons que j’ai mentionné plus tôt. Finalement, il faudrait aussi que tu l’escortes en dehors du territoire Kaminarijine pour que le tout puisse se faire sans émoi, ce qui, encore une fois, pourrait attirer l’attention.
Marquant une brève pause, Raizen se permit de préciser un élément.
-Le seul élément qui permettrait cela serait de simuler une poursuite avec le consentement de Yahiko l’impliquant en dehors du territoire jusqu'à ce que vous soyez en dehors de Kaminari pour vous affronter s’il en a moindrement envie. Toutefois, je dois avouer ne pas être friand bien qu’il puisse être d’un avis opposé.
Connaissant Yahiko, le Meikyû se doutait qu’il pourrait dire oui et c’était là selon lui une problématique. N’étant jamais forcément prudent, dépenser de l’énergie sans enjeu n’était pas quelque chose de sécuritaire, surtout en tant que fugitif, un élément dont il avait beaucoup plus d'expérience que tous les gens réunis dans cette pièce jusqu’à preuve du contraire.
-Permet-moi donc de te poser une question Ikari. En tant qu'officier du Kyuubu, virtuose et amant du combat, au regard de la discussion que nous venons collectivement d'avoir, les possibles coûts en vallent-ils ce désir individuel et as-tu d'autres arguments à poser sur la table pour justifier cette demande ?
Invitant Ikari à participer concernant les justifications de son désir, une idée trottait tout de même dans l'esprit du Meikyû qui, dans un univers suivant une trajectoire de décision parfaite, permettrait tout de même à Kumo d'avoir plus d'information sur les techniques de l'Empereur si un jour son chemin venait à dévier dans une direction mauvaise. Toutefois, étant d'un calibre respectivement élevé, il ne pouvait imaginer un combat entre ces deux individus sans réels échos...
Spoiler:
Yahiko est libre d'entendre ou non la discussion pour y participer s'il le désire
Ma demande ne manqua pas de faire rire mon Kage d'un rire franc, car il était évident qu'il connaissait mon penchant pour le combat. Toutefois, malgré ce fait, son discours ne faisait que refléter ce qu'il avait communiqué à Yahiko un instant plus tard : de la prudence, beaucoup de prudence. Il disait ne pas pouvoir permettre que ce combat se déroule à Kaminari, pour ne pas que d'autres sachent que nous étions rentrés en contact avec Yahiko. Mais aussi pour pouvoir lui donner ses chances si jamais ce dernier devait fuir le pays, qu'il ne se retrouve pas à court de chakra s'il devait se défendre. Pour rajouter à tout cela, il voulait éviter que d'autres parties ne s'immiscent dans notre combat. Toutefois, à ses propos, j'y voyais déjà plusieurs failles, car même si notre cher Kage était un diplomate, il semblait oublier qu'il était aussi le chef d'une puissante nation. Une puissante nation qui plus est qui était maître en ses murs, et qui ne saurait souffrir de l'autorité d'autrui sur ses terres. Si son autre principale préoccupation était de ne pas nous faire remarquer, il y avait toujours moyen de réaliser ce petit exploit, même s'il était vrai que cela allait s'avérer toutefois un poil plus compliqué.
Maintenant qu'il avait donné toutes les raisons pour lesquelles il préférait que ce combat n'ait pas lieu à Kaminari, il commença cette fois-ci à énumérer certaines des conditions pour que ce dernier devint réalisable. Et à ce titre, je ne pus m'empêcher de laisser échapper un petit sourire. S'il avait pris cette voie là, c'était certainement qu'il savait que je ne comptais pas abandonner pour si peu. Toutefois, il alignait des arguments plutôt convaincants pour m'expliquer les raisons de son apparent refus. Et au fur et à mesure qu'il énumérait ces points, je me mis à réfléchir à une manière de lui répondre. La seule solution qu'il voyait était de simuler une poursuite avec ce dernier, étant un déserteur de Kumo officiellement, et de nous affronter en dehors de Kaminari. Mais tandis qu'il parlait, j'avais l'impression qu'il cherchait d'un autre côté à me tester. Commençant à connaître notre Raikage, je savais qu'il était de nature à pousser les autres à répondre et jauger leur réponse, venant toujours prudemment recueillir des informations sur son entourage, alliés comme ennemis certainement. Très rares les moments où il ne se laissait pas aller à discuter avec autrui pour tenter de mieux comprendre les facettes des uns et des autres. En ce sens, mon Kage et moi étions à la fois similaires et si différents. Même si peu de gens semblaient s'en douter, je me basais d'avantage sur ce que je ressentais et observais chez l'autre pour tenter de les comprendre. Avec une moue pensive, je me penchai sur les questions de l'Ombre.
-Huuum...
Je cherchais une manière suffisamment convaincante de présenter ce que j'allais dire, mais dans tous les cas, cela n'allait pas changer drastiquement le fond de mes propos.
-Eh bien, permettez-moi d'pas être d'accord avec vous, Raikage-sama. Si des gens cherchent l'infos, ils sauraient d'jà que Yahiko a pris contact avec nous. Si c'est pas l'cas, c'est qu'ils ne le surveillent pas forcément ! Par ailleurs, j'doute que quiconque intervienne dans notre combat. Me relevant et me redressant de toute ma hauteur pour faire face à Raizen le dos bien droit, avec un léger sourire, je le regardai droit dans les yeux. Bon, bien évidemment, il était bien plus grand que moi, mais ça ne changeait rien au sérieux de ce que j'allais dire. Nous sommes sur le territoire du Pays de la Foudre, sous notre protection. Si nous décidons d'escorter Yahiko hors de notre territoire, aucune nation ne viendra le chercher pendant que nous sommes à Kaminari, au risque de créer un incident diplomatique et de déclencher la colère de la Foudre. Notre juridiction fait loi sur nos terres. Du coup, personne ne nous attaquera pendant que nous sommes encore sur notre territoire. Et personne n'est en droit de nous réclamer quoi que ce soit sur nos terres, tant que nous restons respectueux. Et cela permettrait à Yahiko de récupérer après notre affrontement et de reprendre sa route. Et si nous disons que nous ne voulons pas le tuer, mais que nous voulons pas l'impliquer à Kaminari, il sera facile de justifier le fait que nous ne voulons pas d'affrontement à mort sur nos terres.
Car il fallait se le dire, je doutais que qui que ce soit puisse venir sur les terres d'un des grands villages pour y faire la loi. Cela pourrait éventuellement créer des tensions, mais quelles tensions supplémentaires l'Empire du Feu pourrait bien nous rajouter alors qu'ils avaient déjà envahi la Foudre auparavant. S'il y avait bien une nation qui ne pouvait pas se le permettre, et surtout au vu de la Coalition, c'était bien l'Empire.
-En c'qui concerne Yahiko, héhé je tâcherai de tenter d'le convaincre. Et puis...Il est seul. S'il est seul, il ferait une cible facile pour les lieutenants de l'Homme au Chapeau ou pour des chasseurs de déserteurs. Et s'il meurt, au vu de sa notoriété, il y a des chances qu'il soit ressuscité par le Nécromancien. Et dans ce cas là, il s'rait intéressant d'en savoir plus sur sa puissance actuelle et ses techniques, non...?
En ce qui concernait le lieu de notre affrontement, il y avait bien des endroits dans Kaminari qui n'étaient pas peuplés. Il ne serait pas difficile de trouver un endroit où nous pourrions nous affronter sans alerter qui que ce soit. Bien évidemment il y avait bien d'autres possibilités, mais ces dernières semblaient plus compliquées à mettre en place.
-Hum, si quelqu'un connaissait une technique pour nous enfermer dans une dimension fictive comme un genjutsu où nous pourrions combattre, ce serait assez cool. J'ai cru entendre que là où vivent certain animaux pactisans se trouvent aussi dans une sorte de dimension spéciale...mais j'pense pas qu'une se trouve à Kaminari ou du moins j'la connais pas. Et surtout qu'on pourrait l'emprunter pour notre affrontement... Mais si on s'bat au-d'sus des nuages dans les montagnes loin de toute civilisation, on devrait pas trop avoir d'soucis !
Car comme je l'avais dit un peu plus tôt, il était essentiel de connaître la force de nos ennemis, mais aussi celle de nos "alliés". Comme nous l'avions entendu précédemment, aucun mort n'était hors de portée du Nécromancien capable de les ramener avec leur puissance d'antan. Connaître nos alliés permettraient de connaître leur point faible, et de pouvoir mieux les affronter si nous nous trouvions face à eux.
Calme, Raizen écouta l’argumentaire d’Ikari sous toutes ses formes. N’étant pas surpris de le voir s’y opposer, les iris du corbeau se préoccupèrent davantage du justificatif qu’il avait à ajouter.
Tournant principalement sous la connotation de doute quant à l’intervention de leur combat. Il spécifia notamment que personne n’oserait mettre les pieds sur le territoire Kumojine afin de défier l’autorité territoriale. N’ayant pas tort sur certains égards, son approche était toutefois quelque peu utopiste.
Ayant fort probablement un biais de confirmation, Ikari utilisait quelques raccourcis dans son discours, oubliant que les règles n’étaient pas forcément toujours respectées et qu’au-delà du fictif y résidait des éléments bien plus complexes.
Le laissant toutefois dévoiler son plan, notamment sur la pluralité d’étapes nécessaires afin d’arriver à son objectif, il renchérissait même en indiquant que seul, il était une cible facile pour l'homme au chapeau, une cible qui du jour au lendemain pouvait se transformer en Edo-Tensei pour venir les hanter, un élément pour lequel tous devaient se préparer au risque de vouloir en apprendre davantage sur les aptitudes de Yahiko.
Partageant aussi la possibilité d’être enfermé dans une technique fictive pour qu’ils puissent en découdre, il ajouta certaines informations quant au domaine des Kuchiyoses, y dévoilant par le fait même le fait qu’il n’était en aucun cas un pactisant de ses animaux…
Le laissant ainsi terminer son argumentaire, Raizen laissa calmement sa main balader dans sa chevelure avant de venir répondre à l’Ikari. Sortant toutefois de son cadre de diplomate attitré, l’homme surnommé Salvateur était avant tout un stratège.
-En théorie, personne à part vous trois êtes au courant que Yahiko et moi avons pris contact. Que les gens cherchent l’information ou non, ce n’est pas pour rien que j’ai arboré une apparence différente. Plus important encore, s’il était pisté d’une quelconque manière, je suppose qu’ils auraient su le trouver en utilisant sa sensorialité. Dans le cas où des gens sont bel et bien au courant, prendre davantage de risques n'est pas forcément justifiable. Ce serait même de la négligence, même si l'impact final peut être voué à demeurer nul et stable, voire devenir plus intense. Ce n’est donc pas une question de s’il est cherché, c’est plutôt une question de quand sera-t-il retrouvée? Quiconque le désire vraiment peut définitivement pister Yahiko, car s’il peut masquer son apparence, une odeur et une empreinte chakratique ne s’effacent pas si rapidement , surtout pas pendant d'aussi longues durées alors que le Teikoku abrite de nombreux clans de pisteurs ...très puissants.
Mettant un terme à son premier argumentaire, le Meikyû n’était pas fervent des réflexions à moitié. Il libéra par le fait même d’un sceau une affiche.
-Lorsqu’une tête est mise à prix, elle peut être recherchée, à tout moment. Le surveiller? Pour être franc, je doute que quiconque le surveillerait. Autrement, il aurait déjà dû se confronter à une voire plusieurs embuscades. Je pense surtout qu’il est activement recherché et qu'à la moindre chance, ils tenteront de la capturer, ou qu'il soit. Les possibilités que des membres de la Coalition ou des mercenaires se présentent donc sur notre territoire ou qu’ils tentent d’entrer dans le village ou soient à Kaminari sans poser problème sont assez grandes d’ailleurs, sans oublier le fait qu’il existe de nombreux informateurs qui n’attendent qu’une seule chose : trouver de l’information à vendre au plus offrant.
L’information étant le nerf de toute guerre, Raizen le savait. Beaucoup plus froid dans son approche, mais pragmatique, il se permettait de confronter les argumentaires d’Ikari qui s’écartaient du réalisme par endroit.
-Sachant que nous sommes justement partenaires de la Coalition, la carte à jouer pour le Teikoku serait de pouvoir compter sur ses partenaires pour retrouver des déserteurs, pas l’inverse. S’opposer alors que nous nous compromettons indirectement sans pour autant avoir pris les moyens nécessaires de le justifier serait s’exposer à un risque d'instabilité dans une Coalition déjà instable. Si je suis d’accord que Kumo et Kaminari sont des nations puissantes et fortes au point que dans une guerre, je ne douterais aucunement de notre victoire, ce n’est pas pour autant qu’il est utile ni pertinent d’être la faction qui brisera l’équilibre déjà fragile de la Coalition pour de la possible négligence face à un déserteur de leur entité. Ce genre d'élément est ce que recherche activement l'Homme au chapeau pour affaiblir nos forces conjointes.
Se permettant de mettre en contexte l’Ikari, l’ombre ne faisait que commencer.
-Tout comme le Teikoku n’a pas intérêt à sortir du cadre de la Coalition, nous n’avons pas intérêt à leur donner un motif de le faire, sous peine d’être possiblement pointés du doigt par d’autres en retour. Aussi triste soit-il, prendre des mesures laxistes et égoïstes pour faciliter un entraînement sous justification que Yahiko pourrait devenir un ennemi que nous serions possiblement mené à affronter n’est pas suffisant pour expliquer le fait d'augmenter nos chances de déstabiliser une entité qui a pour but de sauver Kaminari et l’ensemble du Yuukan. Ce n’est aussi pas pour ce genre de désirs intrinsèques que la population nous fait confiance ni une raison qui justifierait notre positionnement face à lui. Le laisser partir sans agir est déjà une prise de position indirecte à son égard, se permettre un entraînement sur notre territoire ne ferait qu'élever davantage de questionnements advenant que l'information soit un minimum connue ou découverte d’une manière ou d’une autre.
La curiosité avait parfois un prix et c’était notamment l’élément que Raizen avait voulu identifier chez Ikari. Réalisait-il que certains éléments avaient possiblement un prix et qu’au-delà des désirs intrinsèques résidaient des enjeux beaucoup plus dangereux même lorsque peu probable?
-Pour être honnête avec toi, sachant que l’homme au chapeau est doté d’aptitudes possiblement prémonitoires, s’il décidait avec ou sans ses lieutenants de s’en prendre à Yahiko, seul ou accompagné, je ne pense pas que le fait d’être deux augmenterait un moindrement vos chances de survie, sans oublier qu’il a souvent tenté de manipuler les différentes factions dans le but de diviser pour mieux étaler ses idéaux et prouver ses points.
Raizen l’avait vu, l’homme au chapeau. Il se souvenait encore une fois d'à quel point il avait été rapide lorsque nécessaire pour tuer la Benzaiten. Le Meikyû se souvenait aussi de son affrontement contre Katenshedo. Combien avaient-ils été , sept ou huit ? L’homme au chapeau et ses lieutenants n’étaient pas des gens à sous-estimer, au contraire…
-J’ai rencontré l’homme au chapeau et affronté deux de ses lieutenants. Aussi rapide sois-tu, à ce jour, je ne pense pas que tes aptitudes te permettraient de transcender sa manipulation du temps Ikari, de la même manière qu’un seul lieutenant serait probablement suffisant pour vous mettre tous les deux en grande difficulté.
Certains combattants ne pardonnaient pas et ce n’était pas le Meikyû prudent qui parlait, c’était plutôt la voix d’un shinobi qui avait vu, ressenti et affronter ces créatures. Aussi puissant soit Raizen à ce jour, il était faible ou plutôt une pierre parmi tant d’autres devant la monstruosité qu’ils représentaient respectivement.
-Quant aux aptitudes des Sendais, pour être franc, je ne pense pas à ce jour que la moindre de ses aptitudes Sendai pourrait aujourd’hui réellement me surprendre au regard des connaissances que nous avons eues d’Anzu et de Sendai Ketten, sans oublier ce que j'ai pu voir de Sendai Ikaku.
Connaissant très bien les Sendai, Raizen avait confronté des Susanos et avait eu l’opportunité d’examiner le potentiel des aptitudes d’Anzu, y voyant d’ailleurs certains points de corrélations avec certains arts qu’il connaissait et d’autres qu’il maîtrisait. Ainsi, Sendai Yahiko, aussi puissant soit-il ne représentait aucunement une source de curiosité pour le Meikyû même s'il devait certainement être un combattant aussi redoutable que le Sendai de Kiri qu’il avait affronté.
-Mes arguments tiennent donc toujours à Ikari. Si tu désires l’affronter, ce sera en dehors de Kaminari ou dans un domaine appartenant aux Kuchiyoses si tel est votre désir. Un Genjutsu bien qu'invraisemblable puisqu'il n'existe aucun genjutsu pouvant plonger deux personnes en même temps dans une illusion commune pourrait aussi fonctionner, bien que cela impliquerait d'autres témoins et rehausseraient les possibilités de fuites. Ce sera donc en dehors de nos territoires, moyennant une approbation de celui-ci étant donné qu'il doit quitter Kaminari dans les plus brefs délais. Sache que je comprends ta curiosité et ce désir de se confronter à de redoutables adversaires, mais sache que certaines réponses ont un prix ou des conditions et en aucun cas, je ne mettrais en péril des innocents en prenant des chances pour un élément non-nécessaire, sous prétexte que sommes l’ultime autorité sur notre propre territoire. D’un point de vue politique, autant nous sommes souverains, autant nous sommes une entité parmi tant d'autres dans le Yuukan et la Coalition. Le simple fait de laisser Yahiko partir serait pour certains passible de haute trahison, car tous n’ont pas le même point de vue que nous avons. Si une guerre est nécessaire à un moment, je préfère que ce soit pour une réelle raison ou pour défendre les notre ainsi que nos convictions, pas pour une question de perception puisque nous avons pris des risques incalculés par rapport à un déserteur du Teikoku, aussi louables et innocentes soient ses intentions.
Terminant, il fixa calmement de chunin alors qu’il représentait présentement l’opposé de l’utopisme. En ce moment, le pragmatisme était de mise, surtout que Kumo ne pouvait se permettre de prendre des risques supplémentaires avec la mort de Joben. Qui plus est, les corbeaux n’allaient pas tarder à prendre leur envol vers des desseins plus importants.
-Après le cas Joben, prendre des risques sans réel gain n’est pas un élément à mettre de l’avant. Je pense que tu peux comprendre cela même si ce n’est pas pour autant que nous sommes paralysés. C’est même tout le contraire. Simplement, cette instance n’en vaut pas la chandelle.
Faisant référence à un cas très récent en Joben, Raizen se demandait si Ikari saurait voir la plus grande image au-delà de son besoin.
-Si tu préfères ne pas avoir à sortir du territoire étant donné que cela comporte en effet un risque même pour ta propre vie, sache que tu peux toujours demander à Nara Keisuke de t’affronter. Il ne pourra certainement pas t’affronter pleinement sans vous mettre tous les deux en danger, mais il peut être un bon défi pour toi, s’il accepte bien évidemment.
Terminant, il ajouta :
-Autrement, un Kuchiyose vous amenant dans son environnement pourrait être faire l’affaire, tant que ce n’est pas à Kaminari.
Observant l’Ikari, bien que Raizen avait beaucoup parlé, il le laissa le loisir de commenter.
-N’hésite pas si tu désires ajouter quoique ce soit Ikari.
N’étant pas du genre à asseoir son autorité pour gagner des échanges ou autre, il le laissait même le loisir de contre-argumenter s’il le désirait. Après tout, laisser place à la discussion était un élément important, autant pour lui que pour le royaume de la connaissance.
Spoiler:
J'ai considéré que les genjutsu d'entrainement n'existaient pas/plus étant donné que ce serait l'équivalent de faire un genjutsu de zone. À voir si ça existe encore, mais dans le cas suivant, ça ne changerait aucunement le poste puisque cela impliquerait d'augmenter le nombre de gens étant au courant de cette visite/instance.
Comme à son habitude, le Yondaime prit le temps de m'écouter patiemment sans m'interrompre une seule fois. Son regard était calme, comme à son habitude, ce qui ne laissait présager que peu de choses par rapport à ce qu'il pensait de mon argumentaire. Puis lorsque j'eus fini, il se contenta de passer sa main dans sa chevelure un court instant avant de finalement répondre à tout ce que je venais de dire. Et il repris presque point par point tous mes arguments pour les démonter ou les nuancer un par un. Son argumentaire était aussi, voir plus long que le mien, mais ce qui était par dessus tout rafraîchissant était sa capacité à écouter et à faire comprendre ses décisions sans avoir à donner d'ordres. Bien évidemment, un simple "non" de sa part aurait scellé la discussion et on s'en serait tenu à juste cela. Mais il avait prit le temps de parler, de m'interroger et de me faire questionner mes propres motivations. Certainement dans l'idée de voir jusqu'où j'étais prêt à aller pour ce combat, et le réalisme de ma perception des enjeux.
Et si pour beaucoup je pouvais paraître inconscient, Raizen quant à lui ne pouvait être qualifié que de prudent et calculateur. Une prudence que je trouvais certes excessive sur certains points, mais qui avait leur fondement. Dans ce débat, je me doutais que l'Ombre n'avait pas réellement tord, même si j'estimais ne pas être entièrement dans le faux non plus. Si, en effet, je me doutais que le Teikoku n'avait aucun intérêt à démarrer une guerre avec Kumo à l'heure actuelle, les paroles de Raizen sonnaient toutefois vraies. Je ne m'étais pas aperçu que les relations au sein de la Coalition étaient aussi...précaires. Mais si c'était bien le cas, risquer cette alliance pour un but aussi égoïste que de me mesurer à de puissants ninja risquait de ne pas enchanter grand monde. Moi y compris, à mon plus grand désarroi. Toutefois, en ce qui concernait aider l'empire à attraper le déserteur qu'était Yahiko -et même en ce qui concernait aider les autres pays à attraper leur déserteur de manière générale-, j'étais plus mitigé. Les raisons pour lesquelles Yahiko étaient traquées m'étaient bien trop vagues et bien trop étranges pour que je m'y plie gentiment et que j'accorde mon aide allègrement. Surtout à un pays comme celui de l'Empire.
-J'veux bien comprendre qu'on devrait éviter d'énerver nos amis d'la Coalition pour des broutilles, par contre j'suis pas sûr qu'on devrait joyeusement participer à leurs petites manigances qui semblent n'avoir ni queue ni tête parfois, dis-je pensivement.
C'était la raison pour laquelle je n'avais jamais aimé la politique et la diplomatie. Peut-être était-ce la raison pour laquelle je n'étais pas fait pour être Kage, ou alors pas comme ces Ombres plus que diplomatiques que semblaient abriter la Coalition. Etait-ce pour autant une mauvaise chose ? Je n'en étais pas certain. Toutefois les mots que je venais de servir au Yondaime n'avaient que peu d'intérêt au vu de ses actions. S'il était clair qu'il désirait protéger Kumo de toute implication avec Yahiko et les retombées qu'elle comportait, il n'avait pas non plus tenté de capturer ou dénoncer l'ancien Kumojin et Empereur du Feu. Quant à mes arguments qui consistaient à ne pas laisser seul le Sendai pour se prémunir de désagréments de l'Homme au Chapeau, notamment, la réponse fut elle aussi immédiate mais surtout surprenante. Je fronçai les sourcils les bras croisés. Alors comme ça, même à deux, Yahiko et moi ne faisions pas le poids. Et si j'avais tendance à penser que ma petite taille et mon manque de grade comnpilaent tous les ingrédients pour une bonne dose de sous-estimation, je n'ai jamais pensé un seul moment que ce serait le cas de Raizen. Ce qui signifiait que les lieutenants de l'HaC devait avoir une puissance phénonmale. Etait-ce normal que ça me donne envie de les affronter encore plus ?
-Hum...
Raizen devait voir la curiosité sur mon visage. Il avait affronté ces lieutenants, et si même lui pensait que Yahiko et moi n'avions aucune chance, j'étais curieux d'en savoir plus. Mais ce n'était pas le moment de poser ce genre de questions à l'Ombre. Et si ma vitesse commençait à se faire connaître parmi le village, elle n'était clairement pas suffisante pour affronter le manipulateur du temps. C'en était à la fois rageant, et profondément excitant. Mais je me demandais comment fonctionnaient ces pouvoirs sur le temps. Etait-ce réellement une emprise totale sur le concept même du temps ? J'en doutais, auquel cas chacune de ses utilisations figerait le monde entier. Cela voudrait-il dire qu'il propageait du chakra dans une certaine zone qui lui permettait de mettre en stase tout ce qui se trouvait autour de lui. Etait-il possible de trancher ce chakra ? Ou peut-être qu'un Sendai pouvait créer une zone autour de l'homme au chapeau capable de l'empêcher d'utiliser son chakra ? C'étaient des questions à étudier, mais pas pertinentes pour la discussion que nous avions à présent. Au final, le résultat restait le même : si je voulais affronter le Sendai, il allait falloir que je quitte Kaminari et l'affronte en dehors des terres de la Foudre. Et même si c'était tentant, ce n'était aussi pas du tout envisageable. Je poussai un soupir audible et plein de désespoir avant de répondre
-Ma place, surtout en ces temps, est à l'intérieur de Kaminari. J'peux pas m'permettre de m'éloigner autant juste pour ma curiosité.
C'était un fait, et bien que cela me faisait un peu grincer des dents, c'était ce qu'il y avait de mieux. Si à l'intérieur du territoire, je me déplaçais suffisamment rapidement pour revenir à Kumo en cas de pépin, sortir du territoire était une toute autre histoire. Et c'était un risque que je ne comptais pas prendre. Mon travail en tant que membre du Kyubu et mon honneur du Bushido me dictaient que ma place n'était pas en dehors de Kaminari en ce moment. Je finis par hausser des épaules et à me tourner vers la sortie. Il n'y avait plus grand chose à dire quant à cette conversation, et j'avais déjà en tête d'affronter Keisuke dans les temps qui allaient suivre. Mais je me retournai quand même vers Raizen pour lui offrir un dernier sourire avant de rejoindre mon poste.
-Merci, Yondaime. Et j'espère qu'on aura l'temps de s'entraîner à nouveau pour vous montrer mes progrès ! Héhé.
Si un remerciement pouvait s'avérer étrange dans le cadre du refus, ce n'était pas la raison de mes mots. Il avait prit le temps de me discuter avec moi, d'envisager des options et de me mettre sur la voie de la réponse. Un autre leader aurait certainement juste dit "non", et ce serait arrêté là. Mais Raizen n'était pas comme tous les autres leaders, j'en étais bien conscient.
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