Tandis que Misaki et l'un des deux clones filaient dans l’entrepôt et évitaient les quelques assauts des braconniers confus par l’apparition soudaine d'une multitude de Misaki. Le clone avait reçu un seul ordre, celui d'économiser le chakra de sa créatrice, car elle entrevoyait déjà un duel entre Kurama et elle. Se saisissant de la besace de kunais qui lui avaient été laissés par la véritable Misaki.

Sur la vingtaine de brigands, il devait en rester cinq. Quelques corps gisaient ici et là, tandis que d'autres avaient pris la fuite en voyant comment les choses se déroulaient. Malheureusement pour Misaki, l'ordre de mission disait d'arrêter les braconniers, mais ce n'était pas quelque chose qui allait être particulièrement possible. Compte tenu des événements en cours, ça allait devoir suffire. Après, il était facile de justifier aux autorités l'emploi de la force mortelle en considérant qu'elle s'était retrouvée dans une situation de vie ou de mort, ou les brigands l'ont attaqué et/ou elle n'a pas eu le choix de se défendre. Couplé à ça la désertion d'un des genins du village, sans doute allait-elle être en mesure d'obtenir un peu de souplesse pour cet aspect de la mission.

Attendant que le fumigène se dissipe complètement, la jumelle de glace tenait deux kunais entre ses mains. Elle était prête à les lancer dès que la purée de pois violacé aurait disparu de l’entrepôt.

Comme de fait, une fois entièrement dissipé, le clone identifiait deux brigands dont l'attention était tournée sur les fuyards. D'un mouvement certain, elle lançait ses deux outils en visant la nuque des deux hommes qui lui faisait dos. Perçant ce point vital, ils s'écroulèrent au sol, ramenant l'attention du reste de la troupe sur sa personne.

L'enjeu majeur provenait du fait qu'elle ne devait pas, mais absolument pas subir la moindre égratignure. Si tel était le cas, elle viendrait à disparaître dans un nuage de fumée, laissant amplement l'opportunité aux braconniers de lever les pattes et de partir avec la marchandise. Ça, ça signifierait un échec définitif et cuisant de la mission.

C'était tout un défi. Elle était seule contre trois et elle ne devait pas subir le moindre coup. Par chance, elle bénéficiait d'un facteur assez important. La quantité importante de corps meurtri au sol, suivi de l'assaut sans remords et sans honneur sur des adversaires qui avait le dos tourné offrait au clone l'opportunité d'intimider ceux qui restaient.

[Misaki] - Vous avez deux options. Vous fuyez ou vous mourrez. Je vous laisse cinq secondes pour décider, sinon je déciderais pour vous.

Dit-elle accompagnée d'un regard froid et sévère. Elle offrait aux hommes l’opportunité de fuir en vie, bien que ça allait à l'encontre de la mission. En vérité, elle souhaitait seulement mettre fin aux opérations et relâcher les quelques bêtes qu'elle trouverait sans doute en fouillant l’entrepôt de fond en comble. S'il s'agissait là d'une maigre victoire, elle n'avait d'autre choix, car il était impossible de penser qu'elle parviendrait à affronter trois personnes sans subir le moindre coup.

Par chance, elle parvint à convaincre deux des trois individus de fuir. Après tout, ils n'étaient pas payés assez cher pour mourir. La seule personne qu'il restait était le chef des opérations. Un sabre courbé à la main, il fonçait droit sur le clone de Misaki. Embêtée qu'il n'ait pas lui aussi pris la décision de fuir, la jumelle empoignait un nouveau kunai prêt à se défendre des assauts.

Si elle avait face à elle un homme aux capacités supérieures à la moyenne, il n'en restait qu'un civil quand même. Le banditisme ne formait pas les meilleurs guerriers et si l'avantage du nombre avait été un problème, il se retrouvait en face à face contre une kunoichi formée aux arts shinobis et au taijutsu. D'autant plus que ses derniers affrontements avec Ryûken, Arukisa et la bête de l'arène avaient aiguisé les sens de Misaki aux assauts au corps à corps. Les frappes de son adversaire lui paraissaient lentes. Elles ne l'étaient pas, mais à comparer aux assauts rapides des trois derniers adversaires qu'elle avait affrontés, ce n'était rien.

Sans trop de difficulté, elle parait les frappes, se créant rapidement une ouverture dans la garde de son adversaire. D'un mouvement vif et décisif, elle tranchait la gorge du chef qui tombait au sol dans une mare écarlate en train étouffé dans son sang.


Portant une main à son coeur, Misaki ne pouvait qu'offrir une prière au samouraï qu'elle venait d'abattre. Avant d'être un déserteur, il était un ami. Quelqu'un avec qui elle avait ri, quelqu'un avec qui elle était partie en mission, quelqu'un à qui elle avait appris les rudiments du ninjutsu et surtout, quelqu'un avec qui elle avait nourri des ambitions aussi farfelues que la tignasse violacée de Tokage ; faire taire la tension entre le clan Nagamasa et le clan Yuki. Elle se doutait bien que peut importe l'issue de leurs affrontements, la tension n'allait qu'être ravivée.

Acceptant la requête de Ryûken, elle le dépouillait de ses effets. Il s'agissait là du paiement pour lui rendre le service d'envoyer son corps et ses choses à sa fratrie. Il n'en aurait de toute façon pas de besoin dans l'au-delà. Aidée par son clone, elle se saisit du corps sans vie du déserteur et se mit en direction de l'entrepôt.

Sur le chemin du retour, Misaki reçut d'un coup l'expérience du clone. Tandis que l'affrontement faisait rage, elle avait vaincu le chef et avait fouillé l’entrepôt. Elle avait été en mesure de trouver une pièce secrète, l'intuition de Kurama avait été la bonne. L'entrepôt était plus grand de l'extérieur que de l'intérieur. Une multitude de cages contenant les oiseaux braconné étaient entasser les uns sur les autres. Si certaines cages étaient vides et d'autres contenaient des oiseaux morts, le clone était parvenu sans trop de difficulté à libérer les quelques bêtes avant de disparaître et de ramener l’information à sa créatrice.

Arrivant sur les quais, Misaki rejoint le navire qui l'avait accompagné jusqu'ici. Au travers du chaos, le capitaine était parvenu à fuir la scène. S'excusant de les avoir trahis ainsi, Misaki lui expliquait qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur s'il les ramenait, elle et la dépouille de Kurama, au port de Kiri. Ce qu'il fit sans trop poser de question.