La jeune femme pare finalement son assaut avec succès, satisfaisant le Kogami. Une parade si rudimentaire pour des résultats si efficaces. A tel point qu’Akira est certain de ne pas être le seul à la maîtriser bien qu’il n’ait pas encore croisé de samouraï ayant des capacités similaires. En plusieurs siècles d’escrime, des similarités avaient forcément dû revenir maintes fois.
“ C’est parfait. Je n’ai rien à t’apprendre de plus sur ce mouvement, ce sera à toi de le répéter seule désormais. “
Indiqua t-il, satisfait. Ne restait plus qu’à passer à la dernière phrase, au cours de laquelle le capitaine tenterait de ménager la jeune femme. Après tout, ses assauts n’avaient pas forcément besoin d’être brutaux pour pouvoir lui apprendre une parade efficace. Sur cet aspect, il était de sa responsabilité de savoir comment enseigner de la manière la plus adaptée en gardant la même efficacité.
“ Nous repassons au corps à corps. C’est la dernière ligne droite. “
Dit-il en approchant. S’il aurait tout aussi bien pu la prendre par surprise, la jeune femme avait montré savoir réagir aux assauts rapides et soudains. Aussi ne lui restait-il plus qu’un seul pan à explorer. L’adaptabilité. Car certains adversaires pouvaient se montrer très créatifs même au corps à corps.
Ainsi, dégainant son arme, le capitaine porta un premier coup classique à la jeune femme. Mais dès le second, les choses s’accélérèrent. Tirant parti de la capacité des samouraïs à changer la forme de leur arme au travers de chakra neutre, Akira sembla porter un coup de katana mais se retrouva avec une naginata en mains, ce qui changea rapidement sa portée et son angle d’attaque. Le troisième coup, lui, prit la forme d’une yari. Ainsi de suite, chaque assaut s’avérait différent du précédent, ce qui, au final, le rendait très imprévisible.
Une véritable réussite, tu viens de prouver que tu es capable de faire ce genre de technique, que tu as le niveau nécessaire pour apprendre des enchaînements aussi difficile que celui-ci, enseigné par un homme doté d’un niveau bien supérieur au tien. Tu sais très bien que lui-même est satisfait du résultat, vu les paroles qu’il vient de dire. Tu ne dois pas te reposer sur tes acquis, mais tout de même, cela vient te donner un sourire. Tu es simplement heureuse d’avoir réussi. « La route est encore longue, mais je vais continuer jusqu’à le maîtriser parfaitement. »
Si tu sens maintenant que cet apprentissage arrive à sa fin, il y a tout de même un dernier exercice, qu’il tient à faire. Tu vas devoir te défendre au corps-à-corps, une fois de plus. Tu sais que c’est bien plus difficile, par rapport aux shurikens, que tu peux voir arriver, qui sont prévisibles, sur une trajectoire définie. Mais quand il s’agit de parer ou de bloquer une de ses attaques en mêlée, c’est tout de suite autre chose, tu en as eu la preuve tout à l’heure. « La dernière ligne droite… allons-y ! »
Mais il y a tout de même une différence. Ou peut-être deux. Déjà, tu maîtrise un peu mieux le mouvement de cette technique, ce qui te facilite donc la tache, quand il s’agit de te défendre contre un de ses assauts. Mais au-delà de ça, il y a aussi la fatigue, qui commence à rentrer en jeu. Tu ne fais même plus attention à ta blessure, pilotée par l’adrénaline du combat qui parcours ton corps. Tu sais très bien que ce n’est pas véritablement un combat ou ta vie est en danger, mais une erreur est vite arrivée et ça peut te coûter cher.
Il s’avance maintenant vers toi, il s’apprête à t’attaquer. Un premier coup, simple, que tu viens parer. Mais le deuxième change tout. Encore une fois, un arcane de ton pays. La forme de son arme qui change subitement pour te prendre par surprise. Tu viens bloquer la naginata, mais pas assez rapidement. Celle-ci glisse légèrement sur le côté et vient t’érafler au niveau de la joue. Et tu peux ajouter à cela un grand sourire, contente de voir qu’il est capable de sortir des surprises comme ça. La troisième attaque arrive, mais celle-ci, tu es préparée. Tu enchaînes, suivant ses attaques, trouvant une défense. Une véritable danse, entre vous deux, suivant le bruit de l’acier qui s’entrechoc à chaque coup. Tu ne sais pas combien de temps tu peux tenir comme ça, mais tant qu’il continue, tu ne peux pas arrêter.
Evidemment, c’est ce qu’il voulait entendre. Aussi douée était-elle, la jeune femme oublierai bien vite son savoir acquis si elle négligeait les répétitions. Tout jutsu quel qu’il soit doit être effectué sur la durée pour l’ancrer dans le chakra et la mémoire d’un shinobi. Comme pour toute compétence ne relevant pas de l’inné au final. Un précepte simple, presque rudimentaire, mais indispensable à tous.
L'enchaînement continue. Si elle se laisse légèrement surprendre par son premier changement de forme, la Nagamasa trouve rapidement l’équilibre nécessaire au bon fonctionnement de ses parades. Aucune des attaques du Kogami ne passe. Et si son stoïcisme n’en démord pas, sa satisfaction grandit.
“ … “
Dégainant son wakizashi pour ajouter un pas de plus à la danse et corser davantage l’exercice, le capitaine continue. Bien qu’il ne l’affiche pas, lui aussi a des limites et voit son corps fatiguer sous les affres de l’effort prolongé. Sans parler du fait que s’il observe la moindre faille dans la garde de sa disciple menant à un coup porté… alors fera t-il retomber ce compteur fictif qu’il visualisait à zéro. En définitive, Akira n’estimerait son apprentissage comme une réussite que lorsqu’elle aura tenu un certain temps sans encaisser un seul assaut de sa part.
“ Une seconde de relâchement… et c’est la défaite. “
Commente t-il pour lui intimer de rester concentrée, de ne pas échouer au dernier moment malgré qu’il ne l’ait pas mise au courant de cette règle instaurée. Mieux valait éviter de la mettre sous pression, ou du moins préférait-il la maintenir sous un certain seuil. Il serait perfide que d’agir ainsi, surtout pour un homme mettant un point d’honneur à enseigner.
Il ne semble pas vouloir s'arrêter, les coups fusent, tout en continuant son changement de forme à chaque fois que sa lame se rapproche de toi. L’effet de surprise n’est plus du tout de mise, peut-être qu’il cherche simplement à tester ton efficacité et ta rapidité maintenant. « Je préfère éviter la défaite. »
Tu viens simplement d’avoir une réponse à ta question. Du moins, c’est ce que tu viens à penser avec ce qu’il vient de te dire. Il ne veut pas que tu te relâches, dans ce cas, tu vas donner tout ce que tu as, rester sur tes jambes, contrer ses coups. Tu n’as pas le choix. Impossible de dire combien de temps, tu vas tenir, si ton bras va pouvoir supporter tout ceci. Sans parler de ta blessure, que tu ne sens pas du tout pour le moment, mais qui est belle et bien présente, ce qui reste toujours un risque.
Continuer, encore et toujours, alors qu’il vient de sortir sa deuxième arme. Le poids de ses deux lames en même temps se fait de plus en plus lourd pour toi, difficile à supporter, difficile à contrer. Tu commences à manquer de force, il n’y va pas doucement et tu dois te mettre au même niveau si tu ne veux pas finir avec un bras en moins. « Vous ne rendez pas la tâche facile, il faut dire. » Une petite pique, alors que tu continues dans ton mouvement, ta lame suivant chacune de ses attaques. Et tu es bien heureuse que ce soit seulement un entraînement, car tu peux vraiment sentir qu’il ne se donne pas à fond et si c’était le cas, il t’aurait sûrement déjà écrasé, depuis un bon moment. Mais comme il te l’a dit, il veut t’apprendre, ce n’est donc pas son but de te tailler en pièces comme un boucher. Tu ne sais pas combien de temps il va te garder comme ça, dans cette position défensive, mais tu sais que le moment va vite arriver, ou tu ne pourras plus continuer.
L’échange continue, et la jeune femme ne ploie pas. Dépassant de loin le nécessaire pour apprendre la technique qu’il lui enseigne, elle n’a désormais plus besoin de ses enseignements. Du moins pour ce jutsu, parmi tous ceux constituant son répertoire alimenté depuis un bon moment maintenant.
“ Te ménager serait une perte de temps pour nous deux. “
Formule t-il en réponse à la pique de la soldate, ralentissant pourtant progressivement la cadence, signe que la leçon touchait à sa fin. Se stopper brusquement pouvant lui faire faire un faux mouvement, le capitaine favorise alors la dégression progressive jusqu’à l’arrêt pur et simple de cet échange inégal. Qu’elle finisse par craquer ou non n’a aucune importance, aucun véritable combat ne ressemblant à cela de toute manière. Mais nul doute qu’elle saurait comment contre attaquer d’elle-même.
“ … “
Fixant un instant la jeune femme pour jauger son état, le valeureux range finalement ses armes simultanément, signe d’une habitude quotidienne à faire parler ses lames quel que soit le contexte.
“ Félicitations, je peux affirmer que c’est une réussite. “
Déclare t-il alors, formel mais satisfait. Car outre le nouveau savoir qu’il venait d’enseigner à sa disciple, Akira gagnait lui-même un peu d’expérience dans le domaine à chaque technique qu’il enseignait à un subordonné. Comme si l’affirmation de sa position lui donnait un avantage minime dans le domaine de l’enseignement. Aussi n’allait-il pas se plaindre du temps qu’il venait de consacrer, à défaut de perdre, dans la formation de la jeune femme.
Il a raison, c’est la meilleure façon de faire avec toi. C’était déjà le cas à l’époque avec Chôgen, tu n’es pas du genre à vouloir être ménagé durant un entraînement ou quand une personne veut t’apprendre quelque chose. Pour toi, ça fonctionne beaucoup mieux quand il s’agit d’être directement dans l’action, avec les risques qui vont avec. Et tu peux dire ça en connaissance de cause, il suffit de voir ton bras, pour comprendre que même une blessure ne t’empêchera pas de continuer, tant que tu as la force de le faire. « Et je pense avoir compris que vous n’êtes pas du genre à vouloir ménager les gens. » dit-elle, maintenant qu’elle a passé un peu plus de temps avec lui.
La danse des lames commence peu à peu, sous les coups du capitaine, à ralentir, ce qui commence directement à te soulager, ton bras commence maintenant à te faire mal, la sueur sur ton front signe de fatigue. Tu continues tout de même, jusqu’au coup final.
Il range ses lames et toi, tu peux enfin reprendre ton souffle. Tu viens planter ton katana dans le sol, pour t’aider à prendre appui sur lui. Tu respires, fort, vite, ton cœur bat à cent à l’heure. Même si ce n’était pas un entraînement, ou un duel, tu n’avais pas eu l’occasion d’affronter quelqu’un comme ça depuis longtemps. « C’est un honneur d’entendre ça venant du maître de cette technique. » tout en t’inclinant devant lui, par respect.
Un instrument de plus dans ton arsenal, qui t’aidera pour la suite, pour ton but final. Tu sais que tu vas avoir besoin de plus que ça, continuer de t’entraîner et d'apprendre des nouvelles capacités pour le combat, c’est un peu ta priorité pour le moment. Tu sais que tu es forte, mais tu vas forcément tomber sur quelqu’un de plus fort que toi, et tu ne veux pas échouer, tu as trop à perdre. « Merci de m’avoir accordé du temps pour ça, Kogami-taisho. »
Kamiko voyait juste, bien que cette caractéristique soit commune à tout bon professeur qui se respecte. S’il ménageait ses élèves, Akira ne risquait pas de les voir progresser. Ce qu’il leur apprenait était destiné à être réutilisé contre des adversaires qui ne leur feraient aucun cadeau. Comment pourrait-il les préparer à cela s’il n’adoptait pas le comportement qu’ils seraient destinés à affronter au cours de leur carrière shinobi ? Sans doute était-ce ce qui séparait le senpai de l’ami. Lequel pouvait toutefois porter la même casquette lors de certains cas.
“ Comment pourrais-je t’apprendre à survivre à tes ennemis si je n’en adopte pas le comportement. “
Bien que ce ne soit pas tout à fait exact, Akira ne cherchant pas à mettre ses élèves à mort. Auquel cas ses enseignements seraient tout bonnement inutiles. Il fallait ainsi savoir trouver le parfait équilibre. Ce à quoi était parvenu le Kogami, en témoignait l’épuisement physique de la jeune femme à la fin de cet entrainement. Lui-même se voyait contraint de devoir reprendre son souffle, bien que moins impacté que la Nagamasa.
“ … “
Les remerciements solennels de la jeune femme arrachèrent une courte réminiscence au capitaine. S’il avait su plus jeune que l’on viendrait à le remercier de la sorte, sans doute que le vagabond qu’il fut ne l’aurait pas cru. Il ne tenait qu’à lui désormais de rester sur cette voie, la voie d’un capitaine utile aux autres, utile à son peuple. Car la s’exprimait l’incarnation de son rêve, son objectif principal.
“ Je t’en prie. N’hésite pas à me solliciter à nouveau au besoin, j’ai de nombreuses techniques dans mon répertoire. “
Dit-il sans prétention aucune, une simple invitation sincère à un prochain enseignement. Après tout, si certains pourraient prendre la chose comme une pure perte de temps, Akira y voyait au contraire une pierre posée sur un édifice qu’il espérait un jour voir indestructible.
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