L'Été au Pays du Feu n'était pas si ardu que ce que pouvait laisser l'entendre son thème enflammé. Malgré un soleil éclatant, de nombreuses forêts couvraient l'ensemble de la contrée et c'est là que Songshu trouvait refuge à la recherche de températures plus agréables. Sous l'étreinte des branches feuillues qui couvraient les rayons du soleil les plus vindictes, le Ligneux captait les quelques brises qui traversaient la région en baignant son nez des effluves boisées qu'elles apportaient avec elles.
Il y avait de quoi lui rappeler Hayashi, terre de ses ancêtres et définitivement là où il considérait que ses racines étaient ancrées. Occupé par les affaires que son statut martial lui incombaient, cela faisait quelques temps qu'il ne s'était pas rendu parmi les feuillages étendus au sol de la terre de ses aïeuls. Il allait devoir y retourner. Bientôt. Bien assez tôt.
Entre deux courants d'air qui agitaient les branches les plus hautes de la voute sylvestre, Songshu entendit craquer quelques brindilles au sol, comme éclatées par les pas de quelqu'un d'autre. Naturellement alerte, il déposa la paume de sa main contre l'écorce d'un arbre à proximité avant de s'y fondre pour en embrasser l'enveloppe et s'y assimiler. De ce même tronc s'échappait une silhouette identique au Shinrin, un clone ligneux tandis que l'original ne faisait qu'un avec la forêt.
Bien sûr ce n'était pas la première fracture de branches qui retentissait entre ces quelques tours sylvestres. Mais comme on apprenait à reconnaître quel membre du foyer arpentait les escaliers grâce au rythme de ses pas, Songshu avait passé tant de temps en ces lieux qu'il distinguait le pas humain du pas animal tant qu'aucun effort n'était fait pour trahir ce son.
Afin de faire la rencontre de celui qui s'aventurait en ces lieux, le duplicata enchaînait quelques pas en avant tout en arborant le bandeau frontal de l'Empire du Feu. :
Qu’importe la saison, Akira passait la majeure partie de son temps dans les forêts Hijines. Ayant grandi parmis ses peuplades sylvestres, le jeune homme s’y sentait comme chez lui malgré le teint mat de sa peau rappelant davantage Kumo qu’un enfant du feu. Ses gênes étaient taquins. Ainsi, il ne fut pas surprenant que de le voir arpenter la forêt une fois de plus, baladant son imposante silhouette parmi les arbres l’étant tout autant.
Plus il avançait, plus son désir de retrouver la paix grandissait. Par peur de voir tous ces paysages défraîchir, ou de mourir trop tôt. Perdre tout ce qu’il chérissait étant l’apanage de la guerre, Akira n’était pas moins craintif malgré le titre qu’il portait. D’autant plus depuis qu’il était fiancé.
“ … “
Rapidement et contre toute attente, quelqu’un vint à sa rencontre. Un inconnu bien que portant une tenue équivoque, sans doute un soldat de l’empire ayant le même genre de lubies que lui. Il était rare de croiser quiconque dans ces bois… étant donné leur circonférence, s’y perdre ne serait pas de tout repos.
“ Kogami Akira, lieutenant de l’empire. “
Dit-il en posant une main sur la poignée de son katana composant le daisho qu’il portait à la ceinture par simple précaution. Etant samouraï, nul doute qu’il serait le plus rapide à réagir des deux… sa réactivité en avait surpris plus d’un.
“ Je te retourne la question. “
Toisant du regard la copie sylvestre de l’inconnu, il se doutait déjà avoir affaire à un subordonné.
Ces quelques mots furent prononcés sans la moindre animosité, du ton le plus neutre possible. Et pourtant, intérieurement, le Ligneux était rempli de la bile la plus acide et des pensées les plus amères. C'était probablement un défaut mais il lui suffisait de peu avant de nourrir quelques considérations désagréables, comme si le monde entier était son ennemi. Alors qu'en réalité, il lui suffirait de se débarrasser de telles pensées pour qu'autrui ne se mette à s'ouvrir à lui. Mais il n'en avait que faire. Pour l'instant, seul le clan comptait à ses yeux.
En ce sens, il voyait chaque parcelle de forêts sur ce continent comme étant le sanctuaire des siens et ce qu'importe si un Pays affirme en avoir la souveraineté. Voir des étrangers s'y balader impunément faisait naître en lui les bourgeons de la vengeance. Car oui, les étrangers c'était eux, pas lui.
Mais il n'était pas stupide ou du moins essayait de ne pas l'être. Il ne déclarait donc pas cette vindicte à qui voulait bien l'entendre. Songshu se contentait de collaborer, jusqu'à ce que le moment opportun un jour n'arrive.
- Si vous n'avez rien d'autre à me dire, je crains que nos chemins ne se séparent maintenant.
Le Shinrin n'avait aucune envie de s'intéresser à celui qui se tenait face à son clone. La preuve en était qu'il n'avait même pas daigné décliner être un Soldat de l'Empire. Qu'il trace son chemin, que Songshu trace le sien et tout le monde serait content. C'est à ce même titre qu'il commençait à amorcer quelques pas dans la direction opposée au Samouraï.
Ce nom résonna en lui tel un carillon. Shinrin. Shinrin… sans doute le clan le plus mystérieux d’Hi no kuni, talonné de peu par les Aburame. Un clan avec lequel Akira avait de bons rapports puisqu’il était le meilleur ami d’Hanzo, dont il s’occupait de la femme et du fils en son absence, mais aussi un admirateur de feu Shinpachi. En résumé, ce simple nom fit automatiquement paraître l’inconnu sympathique aux yeux dorés d’Akira.
“ Enchanté. “
Il scruta d’un regard impérieux son interlocuteur dont le flegme fut tout aussi apparent que le sien. Ce dernier n’avait pas envie de s’éterniser ici et semblait même dégager une certaine bestialité, une forme de colère sourde et froide qu’était capable de sentir le samouraï averti. Chose qu’il ne releva qu’intérieurement. Non, il y avait bien plus important que cela pour l’heure. Une occasion se présentait.
“ Soldat. “
Dit-il alors qu’il commençait à s’éloigner, devinant son grade au vu du fait qu’il n’ait jamais aperçu l’individu auparavant. Au teikoku, les lieutenants se comptaient sur les doigts d’une main… et le Kogami les avait déjà tous rencontrés au moins une fois lors des réunions administratives se tenant régulièrement au sein de la capitale.
“ Est-ce que le nom de Shinrin Hanzo vous est familier ? “
Demanda t-il en préambule. S’ils faisaient partie du même clan, ils n’étaient pas forcément proches. Akira restait étranger au fonctionnement clanique mais savait leur fonctionnement plus proche de la guilde que de la famille. Pour cause, chacun était à sa place et les liens du sang n’unissaient pas toujours ses membres.
Bien sûr que Songshu était familier au nom de Shinrin Hanzo. Même en ignorant le fait qu'ils partageaient le même père, en tant que membre du clan l'histoire de ce marionnettiste était atypique. Même en le voulant, le Ligneux n'aurait su ignorer qui était celui dont le sort était devenu un enjeu politique au sein-même du clan de la Forêt profonde et, plus largement, l'Empire du Feu.
Mais la profondeur des liens qui l'unissaient à son frère ne seraient pas connus d'Akira. En gardant le secret il protégeait à la fois Hanzo et lui-même. Clamer trop fort ce qui l'unissait à un exilé pourrait attirer les regards d'autorités gardiennes de l'Empire ce qui limiterait le champ d'action de Songshu. Ou en tout cas lui demanderait une grande discrétion. Mais après tout, qu'est-ce qui lui prouvait qu'on ne le surveillait pas déjà ? Il ne serait pas étonnant que des services officiels d'enquête du Teikoku soient au courant de qui composait la famille proche de feu Shinpachi et d'Hanzo et appliquaient déjà une surveillance renforcée sur les civils et shinobis concernés. Dans tous les cas, en gardant le silence sur le sujet, il évitait également d'éventuellement laisser penser qu'il pouvait délivrer des informations à son sujet.
En ce sens et après avoir arrêté sa marche qu'il avait déjà entamée de quelques pas, l'Hayashijin retournait ses talons pour ne plus exposer son dos à son interlocuteur et lui répondre en ces quelques mots :
- Hanzo ? Ça me dit quelque chose oui, vaguement. Et ? Vous le cherchez ?
C'est tout ce qu'il se permit de laisser fuiter. Prétendre ne pas le connaître aurait été stupide au vu des événements qui le concernaient. Mais se limiter à l'histoire d'un lien bien éloigné le laissait naviguer dans une petite zone d'innocence. Cela dit, pourquoi ce Lieutenant s'intéressait-il à son frère ? Peut-être que Songshu allait devoir garder un oeil sur lui. Surtout si ce dernier se mettait à se montrer trop insistant. Auquel cas, il allait devoir apprendre ses motivations et pourquoi pas un moyen de prévenir Hanzo. Mais pas tout de suite. L'interroger sur le sujet serait bien trop suspect.
Akira se doutait bien avoir mis le doigt sur quelque chose. Le profil atypique d’Hanzo et sa non maîtrise du mokuton en faisait un élément sans doute… spécifique au sein du clan du bois. Sans parler de sa désertion après un combat cataclysmique au pont, étendant sa renommée bien au delà du domaine Shinrin. Qu’en penserai son grand frère ? Akira se le demandait parfois. Il n’avait jamais été très au fait de leur relation.
D’ailleurs, son regard s’attarda un peu plus sur le Shinrin présent. Ses traits lui rappelaient Shinpachi. Longue chevelure, traits juvéniles et une légère androgynie -aux yeux d’Akira- sans parler de cet air cryptique quoique plus renfermé que le valeureux qui avait tendance à s’ouvrir davantage aux autres. Ses tatouages, en revanche, rappelaient le Kogami dont le bras gauche et le dos étaient couverts d’un long dragon peint de rouge et de noir.
“ Tu me rappelles son frère, Feu Shinpachi. “
Dit-il avant de répondre à la question légitime de l’inconnu. La conversation prenait un tournant quelque peu délicat, Akira devant prendre garde à ne pas révéler ses intentions trop vite. Après tout, il était un révolutionnaire en devenir et si la conflagration était un droit, le jeune homme n’était pas certain d’en venir jusque là.
“ Si je le cherche ? Tout le monde sait que c’est un déserteur. En un sens, sa prime pourrait m’intéresser. “
Croisant les bras pour s’adosser à un arbre, il ne quittait pas des yeux son interlocuteur. Allait-il prendre sa phrase comme un potentiel manque de respect ? Un défi ? Une insulte… ou une simple marque de fidélité envers un empire dont il désapprouvait la ligne politique depuis l’accession au trône de Sendai Yahiko.
“ Mais ce n’est pas ce dont je souhaite parler. En vérité, Hanzo est sans doute l’un de mes meilleurs amis. Aurait-il toujours contact avec son clan ? J’ai récemment recu une missive de sa part et, étant régulièrement au chevet de sa femme et de son fils… je voulais m’assurer qu’il ne soit pas dans l’incertitude. “
Akira évoquait un autre nom très familier au Ligneux, celui de Shinpachi qui, en toute logique, était également son aîné. Sa perte avait gravement marqué Songshu mais parallèlement avait renforcé ses idéaux. La Mort de celui qu'il considérait comme la tête du clan, son avenir, et qui incarnait tout ce qu'il y avait de plus noble dans son lignage. Un sacrifice atroce, mais qui a permis au cadet de la fratrie de franchir le pas de spectateur jusqu'à acteur. Il n'avait plus de figure derrière laquelle il pouvait clamer des encouragements afin qu'elle réalise des ambitions partagées. Non, à présent l'avenir de ses projets lui appartenaient et rien n'avancerait s'il n'avançait pas lui-même. Bien que son autre aîné aurait pu lui aussi représenter cette figure de proue, il était plus hermétique que Shinpachi. En ce sens, même Songshu ignorait la teneur de ses ambitions, s'ils partageaient les mêmes ou s'il pouvait lui faire confiance. Il allait falloir mettre ça au clair, un jour. En attendant, il ne pouvait se résoudre à ne pas assurer ses arrières ne serait-ce que par pur sentiment fraternel.
Malgré l'impact des quelques mots du samouraï, le Shinrin ne laissa rien transparaître. Pas de changement de rythme, pas d'expression traître, mais il prit quand même le soin de recouvrir son coeur d'une écorce afin que ses battements accélérés ne trahissent son émoi. Son interlocuteur ne fit pas preuve de la même subtilité dans la suite de son discours, ce que Songshu lui fit remarquer en le pointant du doigt alors que le sabreur s'installait le long d'un arbre :
- Choisis un camp. Tu prétends vouloir sa prime puis me confies à moi, un inconnu, avoir la garde de ceux qui lui sont chers. Si tu tiens tant à sa tête, trahis-le. Tu as entre tes mains de quoi récolter les ryôs qui t'intéressent tant. Si tu tiens tant à ta tête, abandonne-les. Tu ne gagneras rien de bon à être si proche des restes d'un traître déserteur.
Sous ces mots, l'Hayashijin tournait une fois de plus en exposant son dos à Akira, reprenant son chemin. Il n'avait aucune preuve de ce que racontait Akira. Rien ne lui garantissait qu'il ne faisait pas face à un test de loyauté. Alors il jouera le rôle du soldat fidèle à l'Empire du Feu.
- Je n'ai aucune idée de ce qu'il est devenu. Tu vois bien qu'il a abandonné femme et enfant derrière lui. Pourquoi me soucierais-je d'un traître si ce n'est pour récupérer sa tête ? Si tu as reçu quoi que ce soit de sa part alors estime-toi heureux de plus compter à ses yeux que sa propre famille. Je ne vois rien de plus approprié venant d'un lâche déserteur.
Ainsi s'exprimait-il en continuant son chemin. Si Akira mentait, alors il assurait la tenue de sa couverture en ne montrant aucune sympathie à l'égard de l'Exilé. Si le Lieutenant disait bel et bien la vérité, alors son manque de professionnalisme n'intéressait pas le Shinrin. Révéler son affiliation à un traître si tôt à un inconnu était clairement un défaut. Auquel cas, Kogami Akira deviendrait un élément qui pourrait mettre Hanzo en danger par son manque de tact. Mais faute de savoir où se situait la sincérité de ce dernier, Songshu n'avait pas encore de quoi faire de lui une cible.
La mort du Shinrin avait tout autant marqué Akira, qui lui avait sauvé la vie de par deux fois. Hélas, il n’avait pas été la la troisième. Quelque chose pour laquelle il s’en voudrait sûrement de nombreuses années, tant qu’il ne serait pas au courant de la vérité. Pour le plus grand bien des acteurs de ce complot, qu’il truciderait inévitablement tous jusqu’au dernier s’il s’avérait qu’il apprenne un jour la triste vérité sur la mort du valeureux. A commencer par Kanshisha lui-même, que le Kogami ne portait déjà pas en haute estime depuis son abandon contre Yahiko. Dans d’autres circonstances, sans doute aurait-il soutenu le Shinrin dans son accession au trône.
Si le regard intense du Kogami semblait vouloir sonder le Shinrin, il ne put percevoir la moindre émotion de sa part. Hélas, il savait les membres de ce clan maîtres de leurs émotions et ne s’attendait donc pas à pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert malgré sa perspicacité évidente. Mieux valait donc éviter de tout prendre au pied de la lettre avec un homme pouvant cacher son jeu aussi bien qu’Hanzo et Shinpachi le faisaient.
“ Je te testais. En vérité, les ryos m’indiffèrent au contraire de la tête d’un homme qui est toujours mon ami. La mienne en revanche ne risque pas de tomber, qu’importe mes convictions. Après tout, l’empereur lui-même communiquait avec feu Hokazuka Minoru, traître à sa nation. “
Dit-il d’une confiance déconcertante, assumant donc ses communications avec le traître. Personne n’aurait le pouvoir de le lui reprocher de toute manière, à condition de vouloir se mesurer à celui, le seul désormais, qui était affublé du titre de valeureux. Un statut qui n’intimidait manifestement pas le Shinrin, qu’il allait devoir rapidement rappeler à l’ordre s’il continuait à faire preuve de cette agressivité froide… et à lui tourner le dos.
“ Je n’ai pas fini. “
Dit-il en crachant un jet d’argile en direction des pieds du shinrin, cherchant à l’immobiliser. A lui de choisir comment évoluerait la situation, mais mieux valait-il tenter de calmer le jeu au risque de se heurter à la colère du samouraï.
Ainsi, avançant vers lui pour combler la distance qu’il venait d’instaurer avec désinvolture, le lieutenant contourna -ou du moins tenta de le faire- la silhouette de l’inconnu pour lui faire face à nouveau. Lorsqu’il tenait une conversation, il le faisait ainsi.
“ Tu parles comme un adhérent au régime actuel. Est-ce un masque ou la réalité ? Hanzo n’est un traître que pour ceux qui supportent Yahiko. Et il n’a jamais été un crime d’être l’un de ses opposants, n’est-ce pas ? “
Dit-il, cherchant à creuser de plus en plus pour lui faire cracher le morceau. Peut-être n’y avait-il là rien à découvrir, mais le Kogami savait comment fonctionnaient les membres de ce clan cryptique. Il y a toujours une couche d’écorce.
- Qu'il s'agisse de la mort ou d'autre chose, vous ne récolterez rien de bon à quelqu'un qui laisse femme et enfant derrière lui. C'est un traître.
Devant se répéter, aucun élément ne motivait Songshu à arrêter sa marche. C'est ainsi qu'il poursuivit son pas du moins jusqu'à ce que ses mouvements ne deviennent plus lourds. Interpellé par cette boue qui s'était amassé à ses pieds, il y jeta un coup d'oeil avant de laisser son regard dépasser de son épaule alors que son interlocuteur lui signifiait de ne pas avoir terminé son discours.
- Et ?
Akira ne l'intéressait pas et le manque de respect des volontés d'autrui et des barrières de chacun dont il venait de faire preuve ne l'aidait pas à monter dans l'estime du Shinrin. Mais il ne manifesta pas de volonté de se débattre, il n'avait rien à cacher. Des pensées, oui, mais comme tous au final ? Aucun acte ne pouvait être retenu contre lui. Songshu profitait du petit voyage de quelques pas de son camarade pour revenir sur d'autres éléments précédemment invoqués :
- L'Empereur peut bien s'entretenir avec qui il veut, ça ne me regarde pas. Je vous ai donné un conseil, pas un jugement de valeur. Votre vie ne me concerne pas.
Il suivait la démarche du jeune homme du regard, jusqu'à ce que leur torses ne soient alignés. Ce dernier reprit son discours, embêtant un peu plus l'Hayashijin, comme s'il ne l'avait pas déjà assez retenu.
- Vous me portez décidément une fascination qui force à l'admiration, Kogami Akira. Vous avez pour habitude d'interroger le moindre soldat sur ses positions tout en dévoilant vos prétentions à tout le monde ? Ne vous est-il jamais passé par l'esprit que ça n'intéressait personne ? Tracez votre chemin et je tracerai le mien, Lieutenant.
Songshu n'avait rien demandé. Et pourtant le Samouraï lui déblatérait toutes ses considérations. Considérait-il que le monde tournait autour de lui pour restreindre autrui et forcer un inconnu à entendre sa vision des choses ?
- Je suis un shinobi. Ne me demandez pas si je porte un masque, c'est mon métier. Vous devriez le savoir, n'avez-vous jamais consulté le b-a.ba du petit ninja ? Quant au reste, je ne vous ai jamais accusé de quelconque criminalité. Soyez un proche de Shinrin Hanzo et vous finirez comme tous ceux autour de lui, délaissés. Sa femme, son enfant, son clan, il les a tous abandonnés. Il vous serait bien trop osé de vous penser plus important à ses yeux que sa femme et son fils qu'il a pourtant lâché. Vous ne ferez pas exception. Je n'ai rien dit de plus que relater des faits.
Et enfin, le Shinrin revint à l'élément central du tribunal de pacotille qui lui était improvisé, le règne de Yahiko.
- Je suis Partisan de celui qui détient le Trône de mon Empire. Qu'il s'agisse de Sendai Yahiko, Shinrin Kanshisha, Uzumaki Gozen ou Kogami Akira m'importe peu. Je suis fidèle à mon Empire. Cessez de voir les choses en noir et blanc, en "pour" et en "contre", c'est réducteur. Hanzo est un traître à l'Empire, ses actes l'ont exilé. Les faits ne sont pas là pour que vous décidiez de les voir comme ça vous arrange. C'est un traître à la nation.
Les pieds embourbés au sol, le Shinrin plia ses genoux pour atteindre une position plus confortable sans pour autant s'asseoir. Il attendait.
- Je peux y aller maintenant ? Ou bien dois-je encore me justifier d'exister ? À moins que vous ne me fassiez un autre exposé non demandé ?
En un sens avait-il raison. Mais l’intérêt du Kogami et le dévoilement de ses positions n’était pas chose qu’il accordait à tous. En effet, son interlocuteur avait droit à un traitement de faveur… si l’on pouvait appeler cela ainsi.
“ Tu as droit à un traitement de faveur. Comme je te l’ai dit, le clan Shinrin et moi avons une relation particulière basée sur une étroite amitié. “
Comme précédemment, le Kogami continuait d’étaler sa vie alors même qu’il était justement connu pour être discret et insondable. Personne ne le voyait jamais et ne l’entendait encore moins… les quelques personnes ayant droit à ce privilège s’avéraient rares. Trop pour qu’il laisse partir le shinrin ainsi, surtout en faisant preuve d’une telle désinvolture.
“ Ainsi, fait preuve d’un peu plus de respect envers un supérieur qui requiert ta coopération. Je ne te demande pas d’adhérer à mes idées, mais d’écouter ce que j’ai à dire. Qu’importe que tu sois intéressé ou non, ta volonté n'a aucune importance dans les rangs de l'empire. “
Un soldat obéit, de gré ou de force… et pour les meilleurs, c’était plus souvent de gré. Akira n’était en revanche pas étonné du caractère réfractaire du Shinrin, sans doute Shinpachi et Hanzo auraient-ils réagi pareil s’il s’était comporté ainsi avec eux. Il était pourtant rare que de voir Akira si strict, à la limite du vindicatif, envers l’un de ses subordonnés. Mais à sujet important, grands moyens.
“ Les faits que tu relates sont empreints d’un sentiment délétère: la haine. Hanzo n’abandonne personne. Il s’agit simplement de faire preuve d’une discrétion nécessaire pour ne pas vous mettre tous dans la panade. Mais si telles sont tes véritables idées, tire ta lame et vois en moi l’honneur à défendre de ton confrère Hanzo. “
Oui, Akira lui proposait un duel. Son statut de samouraï l’y poussait et s’il ne comptait aucunement le mettre à mort, voir un homme bafouer ainsi l’honneur de son ami lui était insupportable, inacceptable même. Encore faudrait-il qu’il s’agisse des véritables paroles d’un homme un peu trop cryptique pour faire une interprétation parfaite des mots qu’il proférait avec vindicte.
“ Le clan Shinrin n’est pas connu pour adhérer totalement à l’empire. Ainsi suis-tu la voie de Shinpachi. Si tu penses que la nuance est permise en temps de guerre, ta naïveté ferait bien de te perdre. Il existe deux camps: pour et contre, les seuls pouvant se permettre d’ignorer ces considérations sont les paysans plus occupés à labourer leurs champs qu’à défendre leur territoire. Chose que peu de gens sont épargnés à faire depuis que l’homme au chapeau foule ces terres. “
Posant une main sur le pommeau de son katana, il attendait la suite. Un duel, ou une fuite lâche et sans honneur de la part de celui qui bafouait l’honneur d’un allié cher à ses yeux. Il n’était pas question de logique ici mais bien de sentiments, chose à laquelle se laissait rarement aller le Kogami qui préférait toujours laisser parler l’esprit plutôt que le coeur.
“ Ainsi te laisserais-je deux choix: te battre pour défendre la haine que tu portes à Shinrin Hanzo, ou accepter de voir les choses sous un meilleur angle. Pas de dérobade.“
Dit-il en libérant paradoxalement les liens du Shinrin d’un rapide mudra.
Ainsi donc la discussion continuait au grand dam du Shinrin qui n'avait rien demandé. Il écoutait passer les arguments d'Akira sans sourciller, oscillant entre menaces, raisonnements douteux, contradictions et fabulations :
- Qu'est-ce que votre relation avec le clan Shinrin a à voir avec moi ? Le clan ne représente pas une masse uniforme, c'est un rassemblement d'individus, de sensibilités, d'opinions et de positions différentes. L'amitié que vous partagez avec le clan Shinrin ne signifie en aucun cas qu'il existe une amitié que vous partageriez avec Shinrin Songshu.
Les considérations du Samouraï étaient donc bien malvenues. Mais pire encore, ce dernier semblait vouloir lui imposer sa vision des choses en cachant sa légitimité derrière son rang. Un argument que le Ligneux avait du mal à appréhender tant il n'avait rien à voir avec la discussion.
- À aucun moment ne vous ai-je insulté ou manqué de respect. Je vous ai laissé faire votre chemin sans m'y attarder contrairement à vous qui vous obstinez à me barrer la route. De plus, vous n'êtes mon supérieur que dans le cadre de missions, pas dans la vie de tous les jours. Vous n'avez pas la moindre légitimité à me dire ce que je dois penser ou à me faire de tels interrogatoires auxquels, je le répète, j'ai déjà répondu. Et encore moins à me déranger ainsi. Le seul qui manque de respect à qui que ce soit ici, c'est vous. dit-il en pointant Akira du doigt.
- Vous n'êtes personne pour me dire jusqu'où s'étend ma volonté. Vous n'êtes personne pour me dire ce qui doit m'intéresser ou non. Nous ne sommes ni sur les bancs d'une académie ni en mission. Rien ne vous donne le droit de m'imposer quoi que ce soit actuellement et pourtant je suis déjà bien gentil de ne pas pester alors que vous vous démenez pour interrompre ma marche. Si ne pas être d'accord avec vous et ne pas partager votre point de vue revient à vous manquer de respect alors ce n'est pas moi qui ait un problème mais vous. Mettez de l'eau dans votre vin et vous serez plus heureux qu'à chercher désespérément la validation dans le regard d'inconnus.
Mais ce n'était pas ici que le procès s'interrompait. Rabaissant son index, il laissa se dérouler la tirade de celui qui le retenait sans le moindre mandat tout en préparant sa défense qu'il formulerait ainsi :
- Comme je vous ai dit, les faits ne sont pas là pour que vous puissiez les voir comme ça vous arrange, cela vaut aussi pour moi. Ainsi, aucun sentiment n'anime ce que j'ai énoncé. Vous le dîtes vous-même, ce sont des faits. Hanzo a t-il abandonné femme et enfant ? Oui. A t-il délaissé son clan ? Oui. A t-il été exilé de l'Empire ? Oui. Êtes-vous moins importants à ses yeux que sa propre famille qu'il a abandonné ? Oui. Où voyez-vous de la haine dans le fait de dire des vérités ? Des faits ? Des choses qui se sont passées telles qu'énoncées ? Cessez de parler d'idées quand je vous parle d'événements avérés. Je n'ai sali aucun honneur à dire ce qui est arrivé. Si vous considérez que c'est le cas alors votre logique devrait vous amener à tirer votre lame contre Shinrin Hanzo. Je ne suis pas à l'origine de ces faits dont la simple évocation est un manque de respect, d'après vous.
Ainsi, Songshu se relevait pour reprendre une position normale. Il n'avait réellement aucun honneur à défendre en ayant listé ce qu'Hanzo avait fait. Le Soldat avait-il insulté qui que ce soit ? Son frère était un traître à l'Empire, ce n'est pas lui qui l'avait acté, c'est un fait.
- Votre discours aurait du sens si nous étions en guerre civile. Nous faisons face au Ningen, ne vous trompez pas d'ennemi. Vos considérations ne sont pas à leur place, la nuance n'est pas permise en temps de guerre mais nous ne sommes pas en guerre contre le Trône ou nos propres camarades. À moins que vous ne cherchiez à changer cela, Lieutenant ? Seriez-vous un terroriste ? Il faudrait vous décider, "ce n'est pas un crime d'être l'un de ses opposants" mais pourtant vous vous considérez en guerre ? Vous voyez les échelles comme elles vous arrangent et en un temps record, impressionnant.
La terre déliant doucement son étreinte plantaire, Songshu secoua rapidement ses pieds pour y déloger la poussière et les quelques morceaux argileux qui s'y accrochaient avant de reprendre son chemin :
- Je n'ai aucune raison de me battre contre vous, Lieutenant. Alors nos chemins se séparent ici à moins que vous ne souhaitiez vous battre tout seul comme vous le faîtes depuis tout-à-l'heure ? Encore une fois, vous n'avez rien à m'imposer. Le "choix" que vous me proposez ne concerne que vous. Ce n'est pas en lançant des inepties avec la plus grande des convictions que vous l'imposerez.
Ce fut sous ces derniers mots que le Shinrin se retournait après peu de pas pour faire face à Akira.
- Alors qu'allez-vous faire ? Tuer un soldat ? Car je ne me battrai pas et vous ne m'imposerez jamais votre vision des choses tout comme la mienne ne concerne que moi.
Il soupira. En un sens, le Shinrin disait vrai. Mais il aurait bien du mal à le reconnaître tant son désir de retrouver Hanzo et conclure les projets qu’il avait avec lui était grand. Ainsi croisa-t-il les bras, quittant son arme de la main. Il n’aurait de toute manière besoin que d’une seconde pour frapper.
“ Je ne t’ai pas considéré comme un ami. Mais comme chaque clan, les Shinrin ont une identité et tu as tout d’un des leurs. On te reconnaîtrait entre dix shinobis. “
Dit-il avec désinvolture, comprenant qu’il ne parviendrait pas à lui faire cracher le morceau… si tant était qu’il lui restait quelque chose à dire. Sans doute n’était-il pas aussi secret qu’il le pensait, ou aurait-il du s’y prendre différemment pour savoir ce qu’il voulait savoir. A savoir, des informations sur Hanzo qu’il aurait oubliées de lui communiquer.
“ Mon statut me confère bien des droits, estime toi heureux qu’il ne soit pas de te trancher le doigt ici-même. “
Il repris, faisant fi de ce geste déplacé.
“ Je n'apprécie guère cette désinvolture et le fait que l’on me tourne le dos lorsque je cherche à tenir une discussion importante. J’ai été amical, je peux jouer de mon statut s’il s’avère que tu n’es pas coopératif, jeune homme. “
Plus jeune et soldat, deux faits qui le rendaient, à ses yeux, en position d’infériorité hiérarchique. L’arrogance étant un des défauts les plus insupportables aux yeux du Kogami, leur relation ne pourrait que mal partir.
“ Je crois qu’il y a méprise. Il n’est pas question de te dire qui doit t’intéresser ou non. Simplement, tu n’es pas aussi “inconnu” que tu le prétends et est une personne inévitablement proche d’Hanzo, d’une manière ou d’une autre puisque tu portes son nom. Que tu le considères comme un traître est une chose, dont j’arrive encore à douter, mais si tu es aussi idiot que tu sembles vouloir me le faire croire, qu’il en soit ainsi. “
Il soupira ensuite devant l’interminable tirade de son interlocuteur, se demandant s’il n’aurait pas préféré le laisser partir au final. Parler trop, encore une vertu qu’il tenait de Shinpachi. Décidément, Akira avait l’impression d’avoir affaire à un frère jumeau. Au détail près que leur relation commençait de manière diamétralement opposée.
“ La haine a de cela qu’elle corrompt les faits en interprétation, ce dont tu es manifestement victime. Tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez, que le factuel froid et dénué de sens dans un cas aussi compliqué. Hanzo n’a délaissé personne, il s’est retiré pour mieux revenir et ses proches sont à l’abri, contrairement à s’il avait cherché à les embarquer dans ses lubies. J’ai été abandonné, je sais faire la différence. Et je suis certain que tu en es également capable. “
Il garda son calme lorsque le Shinrin chercha manifestement à faire vaciller ses opinions, ou à lui faire admettre une vérité tronquée. Sa défense serait très simple en vérité, pour une seule et bonne raison.
“ Il n’y a aucun crime à s’opposer au règne de l’empereur pour la simple et bonne raison qu’il existe un procédé appelé la conflagration. La guerre peut être froide et dissimulée, tel qu’il en est le cas ici. Le régime actuel est contesté, conspué, mais aussi soutenu par certains fidèles. Le Teikoku est déchiré par une division intestine que seuls les ermites pourraient prétendre ne pas voir. Passerais-tu ta vie dans cette forêt ? N’as-tu pas assisté aux élections, aux manifestations patriotiques s’opposant au cosmopolitisme des ex Kumojins ? Le clan Shinrin fut pourtant l’un des plus fervents défenseurs des traditions Hijines. “
Argua t-il, immobile, soutenant le jeune homme de son regard ambré. L’espace d’un instant, il se demanda s’il l’avait surpris, ou s’il s’était laissé piéger délibérément dans l’argile. Il n’avait pourtant pas le profil à se laisser faire. Serait-ce une forme de soumission, un moyen d’admettre l’écart qui les séparait ? Sa tentative de dérobade ne fit que semer le doute davantage pour Akira.
“ Je ne vais tuer personne. Dans ma culture, les différents se règlent par la lame mais j’imagine que ta pudeur va au-delà de toutes limites. Reste dans cette vision étriquée qui est la tienne, si tant est qu’elle n’est pas une couverture inutile en ma présence. Tu peux te retirer. “
L'échange se poursuivait mais la fin du tunnel était à présent visible. La productivité de cette rencontre était discutable, mais si Songshu avait obtenu une information c'est qu'il devait à tout prix prévenir Hanzo. En aucun cas il ne se dresserait sur le chemin qui liait son frère au Samouraï, mais le Shinrin devait savoir que son camarade manquait de discrétion, apte à révéler sa correspondance à qui voulait bien l'entendre. Même ceux qui ne demandaient pas à l'entendre d'ailleurs, comme Songshu. Il ne lui demandera pas de couper tout lien mais lui conseillera de faire attention. Car si Akira et Songshu partageaient les mêmes ambitions et, dans une certaine mesure, le même constat quant au siège installé sur le trône de l'Empire, jusque-là le Lieutenant ignorait tout des visées du Ligneux, contrairement à lui.
Peut-être qu'un jour ils collaboreront, mais pas pour l'instant. Pas tant que les choses devaient encore se réaliser dans l'ombre, en toute discrétion. Confier ses ambitions ruinerait sa discrétion si un jour pour une raison quelconque Akira venait à divulguer cette information. Il n'était pas à l'abri d'un interrogatoire mené par un Yamanaka. Pour l'instant, même les plus partisans devaient ignorer que Songshu était parmi eux, d'autant plus que comme l'avait si bien dit le Samouraï, les Shinrin ont un passif dans l'Empire quant à ces questions.
Ainsi, la liste des accusations que pouvait lui incomber son interlocuteur ricochaient sur la considération de l'Homme né entre les Pins dans la mesure où il savait qu'elles ne refléteraient que la surface qu'il a bien voulu lui montrer et qu'elles ne relèveraient donc que d'une vérité qu'il a laissé transparaitre d'une certaine manière, et non d'une autre. Il fit donc fi de ce qui put être porté à son attention. Entre menaces sans base concrète, réflexions et énième point de vue non partagé, il n'allait pas continuer à tourner en rond et s'inscrire dans une bataille d'ego qui, a priori puisqu'elle continuait sans trouver de conclusion, n'avait pas pour vocation de se terminer. Les deux camperaient sur leur propre vision des choses. Songshu avait déjoué par A + B les tentatives de pression d'Akira, c'est tout ce qui comptait pour lui.
De plus, il ne relèverait pas non plus les piques faites à son encontre. Non pas qu'il n'avait aucun honneur ni dignité à défendre, au contraire, ce monstre d'ego en débordait, mais comment pouvait-il s'indigner d'attaques acides quand il a lui-même commencé à subtilement faire entendre qu'Akira était un terroriste ou que ses bases étaient mal acquises. Sous ce même air calme, et après que son retrait lui ait été annoncé comme étant possible, il s'exprima :
- Merci. Salutations.
C'est à une silhouette dos tourné qui avait déjà entamé son retrait qu'Akira avait donné son autorisation. Quelque chose dont Songshu n'avait pas besoin puisque rien ne l'autorisait à le retenir sans raison valable, y compris ce délit de faciès impromptu qui avait été à l'origine de cette mise en scène caduque.
L’imprudence d’Akira se justifiait de par ses liens avec le clan Shinrin. S’il se savait peut-être trop émotionnel sur ce plan, Shongsu lui étant parfaitement inconnu, une lueur d’espoir quant à l’avenir poussait le Kogami à quelques imprudences. Et s’il s’avérait qu’il venait de commettre une erreur, il n’y aurait qu’à supprimer son interlocuteur d’une manière ou d’une autre…
“ Attention à ne pas te perdre en forêt. “
Dit-il, cryptique, avant de se retirer à son tour. Aurait-il été allé trop loin ? Emporté par la passion et son amitié avec Hanzo, le Kogami avait peut-être perdu un calme qui le caractérisait pourtant la majeure partie du temps. Sans doute serait-il mieux placé pour émettre un jugement une fois rentré au chaud chez lui, ou du moins après avoir quitté les lieux viciés de cette confrontation avortée.
Ainsi, quittant la forêt dans le sens inverse au Shinrin, il retrouva les sentiers boisés menant à la capitale, suivant le chemin balisé par ses propres soins lors de ses nombreuses excursions au dehors des murs. Qui sait, peut-être avait-il aidé de nombreux voyageurs et fermiers à retrouver leur chemin avec cette simple attention qui ne lui avait pris que quelques semaines. Temps réduit pour un samouraï à la patience indéfectible.
Accueil
