Jusqu’à présent, tu n’avais pas fait de vague au sein de l’empire. Une arrivée calme, sans porter trop d’attention sur toi. Ce n’est pas ton but, donc pourquoi faire le contraire. En plus de ça, tu sais que tu es du genre à vite t’emporter, le genre de tempérament qui ne peut que t’attirer des problèmes, tu le sais. Depuis des années, c’est comme ça pour toi.
Aujourd’hui par contre, une convocation vient bousculer ton petit traintrain de vie que tu mènes d’habitude. En pleine méditation, placée sur le mur de la ville, cheveux aux vents, une présence se fait sentir, dans ton dos. Si le silence règne au début, un raclement de gorge casse cette sérénité et vient ouvrir tes yeux. « Kogami-sama souhaite vous voir dans son bureau. » puis tourne les pieds sans attendre une seconde de plus pour repartir.
Tu es curieuse, tu ne sais pas du tout pourquoi cet homme veut te voir. Toi, tu ne le connais que de nom, tu n’as jamais eu l’occasion de te trouver face à lui. Et la, si tu dois te retrouver seule dans son bureau, c’est pour une bonne raison.
Pas de temps à perdre, tu commences ta route pour arriver le plus rapidement au palais. Plusieurs couloirs, un escalier, tu observes autour de toi, découvrant un endroit que tu ne connais pas. Te voilà maintenant devant la porte. Ta main fermée frappe contre la porte. « Kogami-taisho, Nagamasa Kamiko, vous avez demandé à me voir. » en attendant une réponse, avec un peu de stress qui monte en toi.
Akira n’était pas homme à écouter les ragots, encore moins à s’y intéresser. Mais s’il fut un jour l’homme le plus discret et insignifiant de l’empire, force était de reconnaître que son poste et ses actes avaient fait de lui une figure importante de l’empire. Une figure ne pouvant plus se permettre d’être ignorante, si bien qu’il lui arrivait parfois de savoir des choses sans avoir cherché à les connaître.
“ … “
Alors en pleine visite du palais ou plutôt de ses pièces inoccupées qu’il imaginait servir à son unité, le capitaine, toujours accompagné de son assistante Nagisa à la chevelure flamboyante, envoya cette dernière chercher une personne en particulier. Puisqu’il semblait être libéré de toute obligation durant les deux heures à suivre, autant lever le voile sur un détail qui l’intriguait.
Ainsi, professionnelle et toujours efficace, Nagisa avait trouvé l’objet de la curiosité du capitaine. Une fois convaincue -sans avoir vraiment cherché à insister- de rejoindre son supérieur au palais, la jeune femme disparut.
[...]
Lorsque la porte s’ouvrit devant la Nagamasa, la jeune femme fut accueillie par une pièce ordonnée au milimètre près mais aussi relativement vide. Connaissant le caractère quelque peu instinctif pour ne pas dire désordonné du capitaine, le manque d’éléments fut la seule chose justifiant l’état impeccable de la pièce. En effet, il ne s’agissait ni plus ni moins que du second et tout nouveau bureau du capitaine, qu’il inaugurait au travers de cet entretient.
“ En effet. “
Dit-il en lui intimant de s’asseoir d’un geste de la main, chose qu’il fit peu après de toute sa stature, impressionnante à n’en point douter du haut de son mètre 96. Détail intéressant: le capitaine arborait à sa ceinture un daishō soulignant son statut de samouraï. En revanche, contrairement à ce qu’il avait cru comprendre de son interlocutrice, Akira n’était qu’un fils de roturiers.
“ Je ne suis pas du genre à m’intéresser aux rumeurs… ni à la vie privée d’autrui. “
En effet, hors de question de passer pour une commère.
“ Mais puisque votre frère ne s’encombre pas de discrétion vis à vis de votre statut, j’aimerais en savoir plus sur les raisons qui feraient de vous une princesse. “
Fixant la jeune femme de ses yeux dorés, le Kogami semblait ferme sans toutefois s’épandre dans une sévérité exacerbée. Techniquement, la raison de cet entretien n’avait rien d’officielle.
“ Abriter une princesse entre nos murs n’a rien d’anodin, en conviendriez-vous ? “
Tu entres dans la pièce, anormalement vide pour ce qui devrait être le bureau d’un capitaine. Mais tu ne te poses pas trop question là-dessus. Tout de suite, ce qui vient attirer ton attention, c’est l’homme en face de toi. Il faut croire que les rumeurs qui circulent de bouche en bouche dans l’Empire sont vraies. Le simple fait de te trouver en face de lui m'impressionne. Peut-être par son physique, qui colle parfaitement à son rang ou encore justement ce rang hiérarchique qu’il possède. L’impression qu’il dégage, autoritaire, mais juste, inspire finalement un sentiment de confiance en toi. Tu ne sais pas si tu as raison à ce sujet et pourtant, tu arrives à y croire.
« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » alors que tu t’installes sur la chaise en face de lui quand il te fait signe de la main. Les mots qui suivent par contre, te dérangent légèrement. Beaucoup plus quand il termine sa phrase. « Je vois… » Foutu Kagami, tu es dans cette situation à cause de lui. Ce n’est pourtant pas la première fois que tu lui demandes d'arrêter avec ça. Tout autant que Kurama. Foutu Shigure, tout ça c’est de sa faute. « C’est donc pour ça que je suis ici. »
Il n’y a que deux personnes dans l’empire, au courant de tout ça. De ton histoire, de ton avenir. Est-ce judicieux que lui aussi soit au courant ? Tu n’as pas du tout envie que ça circule dans l’Empire. Mais tu sais aussi que c’est un capitaine, qu’il ne doit pas être du genre à crier les informations qu’il obtient sur tous les toits. Puis au fond, as-tu vraiment le choix. Tu ne peux pas simplement lui dire non et partir sans rien dire. Autant mettre une corde autour de ton cou et sauter maintenant. « Très peu de personnes portent deux lames comme les vôtres à la ceinture. » Un style qui vient de son pays natal, qu’elle connaît très bien. « J’imagine donc que vous devez être familier avec mon nom de famille. » Il n’y a personne à Tetsu no Kuni qui ne connaît pas ta famille. N’importe quel natif du fer connaît son importance.
Tu laisses un petit moment d’hésitation, mais décides de prendre ton courage à deux mains. Tu détaches ton katana de ta ceinture et tu viens le poser devant lui, sur son bureau.
« Oichi no Kata. » Un nom que n’importe qui connaît, à Tetsu. Une légende, un symbole. Une divinité humaine. « C’était son katana. » Le seul et l’unique, celui qu’elle utilisait à son époque. « Il est à moi depuis à peu prêt un an. C’était comme s'il m’avait appelé à lui. Difficile à expliquer… » Même toi, tu n'es pas encore certaine de toute cette histoire, de ce qu’elle peut signifier. « D’après les histoires du clan, tout ce qu’il y a d’écrit dans les manuscrits, les souvenirs des ancêtres dans mon pays, un jour, devrait arriver ou sa descendante viendrait au monde et avec ça, l’opportunité d’un futur meilleur pour le fer. C’est bien possible que ce soit moi. Difficile d'interpréter tout ça, mais je me retrouve maintenant avec ça sur les épaules et peut-être la possibilité de sauver mon pays, lui redonner son éclat. »
Sondant la soldate de son regard, le Kogami restait muet, attendant qu’elle s’épanche d’explications. S’il savait le sujet délicat et la conversation probablement gênante pour elle, il s’agissait d’un détail qu’il conviendrait de ne pas négliger. En bon pragmatique, impossible pour Akira que de passer à côté.
“ … “
Ainsi, après ce qui semblait être un moment d’hésitation, la jeune femme décida finalement de dévoiler son secret. Lui laissait-il vraiment le choix ? Akira n’aimait pas rester dans l’incertitude. Surtout lorsque l’objet de ses doutes s’avérait aussi déterminant pour l’avenir. Avoir une princesse entre leurs murs pourrait être source de grand conflit.
“ Bien sûr. “
Une évidence pour un samouraï, bien qu’Akira restait profane. Ayant appris l’art du iaido seul et sans aucune aide extérieure, le Kogami avait sans doute été le tout premier samouraï à fouler les terres de l’empire. Du moins, depuis que celui-ci se faisait appeler ainsi. Chose qui pourrait en un sens déplaire aux Nagamasa, samouraï “purs” selon certains d’entre eux.
Observant avec attention l’ouvrage qu’avait exposé la jeune femme, le Kogami ne sut pas s’il devait la croire ou non. S’il s’agissait indéniablement d’un beau katana, Akira, en bon cartésien, n’estimait avoir aucune preuve. Mais peu importait. Son statut d’héritière, lui, devenait de plus en plus palpable à mesure que la conversation avançait.
Posant une main à plat sur le bureau, le capitaine dévoila le tatouage qui lui couvrait le dos de la main. Une flamme verte, symbole du Teikoku et de son dévouement éternel à sa nation.
“ Que faites-vous donc au Teikoku ? En tant que membre de l’empire, votre accession au trône de Tetsu ferait de la nation du fer une annexe de l’empire. Et je ne doute pas que vous le sachiez. “
Il croisa les bras. Une belle perspective d’expansion se dévoilait à leurs yeux.
“ Ce qui veut aussi dire que vous aurez un soutien plus qu’utile pour parvenir à vos fins. “
Un soutient qu’il était d’ailleurs prêt à lui apporter en personne, lui ainsi que toute son unité dont le rôle premier était de rallier d’autres territoires à eux.
Son silence, en premier lieu, vient légèrement briser cette sérénité que tu sentais, il y a seulement quelques minutes. Mais tu sais qu’au moins, il est du genre de personne à pouvoir comprendre. Il connaît le fer, il connaît le pays.
Des mots viennent enfin briser ce silence. Des mots encourageants. Une compréhension, de sa part. Tu ne t’attendais pas à ça, pas du tout, mais tu ne peux pas dire que c’est une mauvaise chose. Bien au contraire. « Je dois dire que ce n’est pas une volonté de ma part, j’insiste auprès de mes frères pour arrêter avec ça, mais ils sont légèrement bornés. » ou bien totalement idiot, tu n’es pas capable de dire.
Une question surgit alors, une bonne question. Tu trouves ça légitime de sa part, de te demander ça. Surtout après ce que tu viens de dire, encore plus. Tu parles beaucoup de ton pays, que tu veux sauver. Mais pas de l’Empire lui-même, ton nouveau foyer. « Je ne suis pas du genre à faire des courbettes, de me plier et dire des mots juste pour faire plaisir et que tout se passe bien. » Étrangement, ce début ne semble pas partir sur une bonne pente. « Même si mon pays est d’une importance capitale à mes yeux, ce n’est pas pour autant que j’ai l’intention ou l’envie de délaisser l’Empire. » Déjà un peu mieux de ta part. « Je suis ici depuis une année maintenant. On m’a bien accueillie, mon frère également. Nous avons tout ce qu’il nous faut ici et nous sommes heureux. Je suis fière de me battre pour l’Empire et de porter ses couleurs. » Tu regardes le kamon de ton clan, brodé sur ta ceinture. « J’aime ma famille et mon pays, c’est également le cas pour notre Empire. »
La conversation prend une autre direction. Une autre ampleur. Conquête, annexe, expansion, des mots que tu ne connais pas trop, mais que tu aimes tout de même. « J’en suis bien consciente et ce n’est pas un problème. Tout ce que je veux, c’est le bien de mon pays et je sais que l’Empire peut l’aider. » Il a très bien compris, c’est vrai que tu attends une aide pour accomplir ta tâche.
Paupières mi closes renvoyant à son stoïcisme apparent, le Kogami s’étonnait pourtant de la pudeur de la jeune héritière. Quel mal y avait-il à être une princesse ? Si tant est que ce terme était le bon.
“ Pourquoi ? Il n’y a pas de mal à être de noble ascendance. “
Demanda t-il, concis comme à son habitude. Si sa manière de parler sans artifices pouvait parfois mettre mal à l’aise ses interlocuteurs, au moins ne perdaient-ils pas de temps. Après tout, un capitaine ne pouvait pas se le permettre au vu de la montagne de choses qu’il avait à faire.
La réponse de la Nagamasa ne se fit pas attendre, et si la fougue de la jeunesse se laissait transparaître, la jeune femme savait toutefois choisir ses mots. Encore heureux au vu de son interlocuteur. Le moindre signe d’instabilité pouvant mener à la trahison pourrait avoir de graves répercussions. L’empire avait connu trop de désertions, l’ancien empereur étant le dernier en date.
“ … “
Laissant sa tête reposer sur son poing, le capitaine fixe en biais la soldate. Comme s’il attendait d’elle un développement plus poussé de ses desseins, ou s’il tentait de la sonder intérieurement.
“ De bien belles paroles. “
Remarque sincère bien que teintée de cynisme.
“ Mais intéressons-nous au concret. Que comptez-vous mettre en place pour votre nation ? Si ne je m’abuse, le fer a perdu beaucoup de ses sujets dernièrement. “
Tu ne penses pas que ce soit quelque chose de mal, mais il faut dire que tu n’as pas l’habitude. « Je n’ai surtout pas choisi et je l’ai découvert tard. C’est encore difficile aujourd’hui pour moi de me faire à cette idée. » Et pourtant, tu dois garder la tête haute pour réussir.
Le fait de le voir si silencieux en face de toi commence à te faire douter. Tu ne sais pas du tout ce qu’il peut penser de tout ça et tu ne sais pas vraiment si c’est la raison de ta présence ici. Voulait-il vraiment une affirmation à propos d’une simple rumeur ? Ou avait-il autre chose derrière la tête.
Tes paroles suivant sa question semblent lui convenir. Tu te dis que c’est normal, pour quelqu’un de son rang, de poser ce genre de question. Mais c’est la vérité, tu aimes ton pays, mais tu es aussi une fière membre de l’Empire. « Des paroles que j’espère concrétiser en acte dans peu de temps. Peut-être que cela confirmera votre questionnement à ce sujet. »
L’Empire n’est pas du tout en paix actuellement et tu n’es pas à l'abri de partir te battre pour ta faction si cela doit arriver. Tu ne vas pas reculer et tu défendra coûte que coûte ce nouveau symbole Hijine.
Cette nouvelle question de sa part vient te prendre de court. Tu ne t’attendais pas à ça et honnêtement, tu ne sais pas vraiment quoi lui répondre, sur le moment. « Je ne vais pas mentir, je n’ai pas vraiment réfléchi à ça pour le moment. C’est encore tout nouveau pour moi et dans un sens j’ai l’impression que c’est dans un futur tellement lointain. » Tu marques une petite pause, reprenant ton souffle, avant de reprendre. « Durant les dernières années, le pays a beaucoup souffert, beaucoup trop. Et ça ne s’arrange pas. Depuis notre alliance avec les shinobi… » C’est aussi pour ça, que tu es dans l’Empire. Rien que de penser à l’idée de vivre dans un village shinobi te donne envie de vomir. « C’est en grande partie à cause de ma famille, des folies d’un seul membre qui a entraîné dans sa folie plusieurs personnes dans la mort. Iwa… Le début d’une fin qui commença là-bas et depuis, autant pour ma famille que pour mon pays, c’est une souffrance qui dévore tout espoir de voir des jours meilleurs. »
Difficile pour un roturier tel que lui que de se mettre dans la peau de la jeune femme. Néanmoins, son déroutement restait parfaitement légitime au vu du poids qu’elle devait désormais porter sur les épaules. Chose qui serait bien plus aisée si elle y avait été préparée.
“ Hmm… “
Pensif et toujours aussi peu expressif sur ce qu’il pouvait retirer de tout cela, le Kogami semblait davantage synthétiser en pensée qu’à l’oral. Néanmoins, force était de constater que la soldate n’en était pas des plus à l’aise, ce qui fit entrouvrir les lèvres du capitaine.
“ C’est bon à entendre. Mais ce que je me demande, c’est ce que vous avez fait durant cette année de service au sein de l’empire.“
Loin d’être un reproche bien qu’ayant une fois de plus un ton quelque peu cynique, sa remarque visait plutôt à mettre en exergue le rôle de l’héritière ici-même. S’était-elle simplement faite discrète ou avait-elle profité du confort tout relatif que lui apportait l’empire sans chercher à aller plus loin ? Peu lui importait en vérité, tant qu’elle remplissait son devoir. Mais ses mots seraient importants pour accorder un peu de crédibilité à sa précédente affirmation.
Les explications de la jeune femme firent presque echo à l’histoire de l’empire, qui bien qu’ayant connu une situation différente, avait également subit de lourdes pertes. Mais à la différence du fer, le feu avait su se redresser plus fort et venger ses citoyens. Trop peu aux yeux vindicatifs du Kogami, mais il l’avait fait.
“ La solution semble toute tracée à mes yeux. Le fer a besoin d’un dirigeant fort et investi, une Nagamasa qui plus est ne verrait sans doute pas sa légitimité remise en cause. Du moins pas autant qu’un candidat extérieur à cette famille. “
Pianotant légèrement des doigts sur la table, signe d’impatience, le capitaine conclut par des paroles dures. Dures et motivées par son propre vécu et celui de tous les habitants du feu.
“ Tous ceux s'octroyant le pouvoir divin de mettre à mort une nation pour leur profit doivent être exterminés. Si j’étais à votre place, Iwa ne paierait rien pour attendre. “
A vrai dire, lui-même voyait cette nation d’un oeil acerbe, certains de ses membres ayant été présents au massacre. S’il était bien un homme sur tout le yuukan qui n’oublierait jamais cet événement, c’était bien Akira.
Une nouvelle question, toujours aussi légitime que les autres. Tu ne sais toujours pas si ces questions te sont posé par curiosité, parce qu’il ne te connaît pas, ou par méfiance, parce qu’il ne te fait pas confiance.
Peut-être que ta discrétion depuis ton arrivée ici pousse également sa curiosité à ton sujet. « Si vous voulez entendre des faits d’armes impressionnant, vous allez être déçu. » Leger trait d’humour de ta part avant de reprendre. « Avec toute cette histoire d’héritage, je voulais rester un peu discrète, aucune envie d’avoir les yeux rivés sur moi. J’ai profité de ce temps pour m’accoutumer à ce pays, ses traditions, tout en m’intégrant du mieux possible dans l’Empire. » C’est vrai que tu n’as toujours pas pris part au combat, pour ta nation. « Tout en continuant mon entraînement, attendant le moment où je vais devoir me battre pour montrer ce dont je suis capable. »
Il semble bien connaître ton pays, vu comment il en parle. Tu ne connais rien de ton passé, mais tu as cette impression qu’il y a déjà mis les pieds. Mais tu n’es pas ici pour poser ce genre de question et apprendre à connaître ton supérieur. C’est un tout autre sujet, qui est bien plus important. « Je suis d’accord avec vous, c’est bien pour ça que je me lance dans tout ceci. Mon clan me connaît, mon pays connaît mon clan. Si je dois être celle qui doit sauver le fer, c’est avec un immense honneur que je vais m’atteler à la tâche. »
Il y aura sans doute de la violence, bien que tu voudrais l’éviter. Tu sais très bien que ton pays a déjà assez souffert et tu n’as pas envie d’ajouter des morts à la liste qui est déjà bien assez longue. « Le fer aura sa revanche, je peux vous l’assurer. Nous n’avons jamais eu besoin des shinobis dans notre passé, je ne vois pas pourquoi ils devraient écrire notre avenir. »
Le Kogami écoutait, comprenant sans mal les paroles de la Nagamasa. Après tout, sans doute aurait-il agi de la même manière. Mieux vaut observer et apprendre avant de se jeter dans la fosse, aussi accueillante soit-elle. Surtout lorsque l’on s’avère porteuse d’un si lourd secret. Secret hélas bien mal gardé.
“ Logique. “
Dit-il en joignant les mains, révélant au passage le même tatouage à sa main gauche qu’à la droite. Si un jour lui prenait-il l’idée de déserter, Akira verrait sans cesse les vestiges de sa nation gravés à même ces mains dont il se servait chaque jour même pour les actions les plus insignifiantes.
“ J’imagine que vos talents ne manquent pas, en tant que Nagamasa. “
Spécula t-il lorsqu’elle évoqua l’attente du combat. Une fois de plus, Akira ne pouvait que la comprendre bien que patience soit de mise. La précipitation était ce qui menait le plus souvent une nation à sa perte.
Satisfait des mots de l’héritière, si tant était qu’ils furent sincères, le Kogami ne put néanmoins s’empêcher de poser une dernière question on ne peut plus légitime. Méfiant, pas vraiment. Mais prudent, le capitaine l’était assurément.
“ Je ne peux que vous encourager dans cette tâche. En revanche… “
Il se redressa légèrement, s’appuyant entièrement contre le dossier du fauteuil de lin.
“ Pourquoi avoir rejoint le Teikoku en premier lieu si vos racines se trouvent au fer ? “
Un nom de famille prestigieux, c’est une évidence pour ceux qui viennent du fer et depuis quelque temps, pour le Yuukan tout entier. Être en enfant Nagamasa est loin d’être facile. Sans doute à cause des grands noms qui sont passés avant toi. Tu sais maintenant qu’il y a toujours une certaine attente, un niveau demandé. Un nom qui est souvent associé à de grandes choses. « Effectivement. Enfin… Je sais très bien que je suis loin d’être la combattante la plus forte aux alentours. » Tu marques un léger temps d'arrêt, avant de reprendre, un peu plus confiante. « Mais je sais que je suis capable d’en affronter plus d’un sans problème. »
Peut-être que cette histoire d’héritage te monte un peu trop à la tête, ou alors tu es vraiment consciente de tes mots, confiante quant à ton entraînement, ou tu donnes toujours plus, sans relâche. Tu veux être au niveau, autant ici, dans l’Empire, que dans ton pays.
Il semble comprendre ta situation, il est même d’accord avec toi, sur ce que tu peux dire. C’est une bonne chose, tu as l’impression qu’enfin cette histoire devient une réalité et que les gens peuvent y croire. Ce n’est plus qu’une simple idée qui tourne dans ta tête. « Quand est-ce que vous avez vu les terres du fer pour la dernière fois, Kogami-taisho ? » Toi, tu le sais très bien et c’est une des raisons de ton départ. « Ce n’est plus le pays des anciens mythes et légendes. Les gens ont peur, l’ombre s'empare des montagnes. Les clans ne veulent pas s’aider. C’est impossible de trouver de l’aide directement sur place. »
Et c’est sûrement la raison principale de ton arrivée dans l’Empire. Tu sais très bien que tu ne peux pas continuer vers ton but sans avoir de l’aide. « Il faudrait que je sois folle pour penser que je peux réussir ce que je veux faire toute seule. Je sais très bien que j’ai besoin d’aide. C’est pour ça que je me suis tournée vers l’Empire. » Tu n’as pas besoin de le cacher, tu n’as pas honte de le dire. Tout en sachant que pour libérer ton pays, tu vas devoir t’allier avec quelqu’un. « C’est impossible pour moi de demander de l’aide aux institutions shinobis. Surtout quand on voit ce qu’une d’entre elles a déjà fait au fer. » Une souffrance qui a déjà bien trop duré. « Alors oui, je suis ici, car l’Empire peut m’aider et parallèlement, je peux aider l’Empire. »
Le Kogami se laissa un instant distraire par ses pensées. A bien y réfléchir, les effectifs de l’empire avaient connu une perte importante récemment depuis la vague de désertions entraînée par le Sendai. S’il restait évidemment de grands combattants, il était devenu plus aisé de se faire une place parmi eux. Sans doute était-il lui-même l’un des plus doués aux côtés d’Hanzo.
“ Progresser est la clé. Heureusement, j’accorde une certaine importance à la formation de mes subordonnés. “
La question de la Nagamasa vint solliciter la mémoire du capitaine. S’il n’était pas resté sur place longtemps, le samouraï s’y était rendu récemment à l’occasion d’une mission lorsqu’il n’était encore que lieutenant.
“ Il y a environ six mois. J’ai été missionné sur place pour m’occuper d’une bande de ronins. “
L’une des rares missions ou son adversaire s’était avéré meilleur que lui d’ailleurs. Sa réussite ne relevait que de sa bonne étoile… et partiellement de la bonté du rônin en question.
Ainsi, les paroles de la jeune femme n’étonnèrent aucunement le valeureux qui avait pu constater sur place l’état du pays. Devoir envoyer un détachement de l’empire pour s’occuper d’un problème au pays voisin en disait long sur l’implication des forces sur place.
“ Ça paraît logique. Après tout, nous sommes les seuls rejetant cette idée de village shinobi. “
Akira n’en avait jamais compris l’intérêt. Bâtir un empire régnant sur le pays tout entier s’avérait bien plus honorable qu’un vulgaire village implanté au milieu d’une terre gouvernée par un daimyo. Ici, seul l’empereur avait les pleins pouvoirs.
“ Aider l’empire, pourquoi pas. Quelle unité vous intéresserait ? C’est par là que commence le chemin de tout soldat désirant s’impliquer davantage dans les affaires de sa nation. “
S’il existait bien sûr nombre de recrues sans unité, celles-ci n’étaient au final que des soldats auxiliaires sollicités pour diverses tâches ne nécessitant pas de talents particuliers.
Il sait donc ce que tu as pu voir pendant des années. Un pays qui n’arrive pas à revenir comme il pouvait l’être autrefois. La terre sacrée des samouraïs est aujourd’hui profanée par ces âmes qui pensent pouvoir prendre le contrôle des traditions instaurées depuis des centaines d’années. Leur présence n’aide en rien ce pays et pourtant, ils sont aveuglé par les doux mots qu’ils peuvent murmurer. Tu ne pouvais plus voir ça, c’était une scène qui venait te réveiller la nuit, prise dans des cauchemars aux songes destructeurs pour ta nation. « J’espère être capable d’accomplir mon but. C’est tout ce qui m’importe au fond. Et l’Empire s’en voit récompenser elle aussi, après tout. »
Un nouveau pays à rajouter à sa carte, ce n’est pas rien. Surtout avec des combattants venant de tes terres, réputées dans le monde pour leur force et leur détermination honorable dans le combat. Un atout de poids que tu peux apporter au Teikoku. « C’est pour ça que je suis heureuse d’être dans l’Empire. Je n’ai pas l’impression de trahir mes traditions. » Devenir shinobi, impossible, même pas en rêve.
Il vient ensuite te poser une question, sur ta future décision pour ton évolution dans l’Empire. Il est vrai qu’au jour d’aujourd’hui, tu n’es qu’une simple combattante sans aucune affiliation. « Pour être honnête… » Tu viens récupérer ton katana qui était toujours posé sur son bureau. « Je voulais faire une demande pour rejoindre votre unité, Taisho. »
La jeune femme semblait motivée, sans doute de par sa jeunesse. Dans tous les cas, Akira n’avait semble t-il plus de doutes à lever à son sujet. Ne restait plus qu’à savoir quoi en faire, elle qui semblait se trouver cernée d’incertitudes. Aussi était-ce pour cela que la question de son orientation future avait été posée.
“ Il suffit de s’en donner les moyens. “
Un bon début déjà amorcé par ailleurs. Hélas, impossible pour lui de prendre les rênes de ce futur qui s’annonçait. Son rôle s’arrêterait à celui d’un allié. Dure sensation pour un homme ayant tout fait pour se retrouver sur le devant de la scène.
“ Heureux de l’entendre. L’empire, bien que de plus en plus patriote, reste un rassemblement d’origines diverses après tout. “
S’il en était ainsi, c’était bien que cette nation leur correspondait plus que les autres. Hélas, quand venaient les kumojins à la rejoindre… Akira voyait cela comme la rançon de la gloire.
Mais pour l’heure, la chance inestimable de voir une héritière Nagamasa dans ses rangs lui fit oublier tous les inconvénients apportés par la migration d’étrangers vers le pays du feu. D’autant plus lorsque cette dernière lui annonça vouloir rejoindre son unité, la coloniale. Décidément, les affaires marchaient bien.
“ On dirait bien que tu viens de le faire. “
Dit-il en adoptant par ailleurs un ton légèrement plus familier qu’à l’accoutumée. Il s’adressait après tout à une subordonnée, mais aussi à une femme bien plus jeune que lui.
“ Requête acceptée. Bienvenue parmis nous. “
Annonça t-il de but en blanc. S’il s’encombrait d’habitude de questions en tout genre, cet entretien avait déjà fait indirectement office de recrutement.
C’est aussi ce que tu aimes, dans le fait d’avoir rejoint l’empire. Avoir des personnes qui viennent d’un peu partout, rencontrer des combattants avec des styles différents, mais aussi découvrir des traditions d’autres pays. « C’est peut-être ce qui me fascine et ce qu’il manque au fer. S’ouvrir aux autres. »
Et tu as besoin de faire quelque chose de plus, maintenant que tu es restée dans l’ombre si longtemps. Tu avais envie de choisir l’unité coloniale comme premier pas vers quelque chose de nouveau, c’est donc une bonne chose de te retrouver en face de l’homme qui dirige celle-ci. « C’est un honneur de pouvoir rejoindre vos rangs, Kogami-taisho. »
Tu profites de l’instant pour te lever et venir attacher ton katana au niveau de la ceinture de ton kimono. Dans un geste très formel et respectueux, tu viens t’incliner devant lui. Une marque de politesse, ancienne habitude de ta vie dans la noblesse. « Je vous promets de ne pas vous décevoir et faire de mon mieux pour être digne de votre unité ! »
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