Tu venais de recevoir une missive assez singulière, tu l’avais compris à ta première lecture. Un groupe de contrebandiers aurait fait l’acquisition d’un nouveau poison aux compositions inconnues. Ils usèrent de cette arme indolore pour se débarrasser d’obstacles humains dont certains Kumojins en voyage. L’état des patients n’était assuré que par un soin temporaire permettant de gagner le temps nécessaire à l’élaboration d’un antidote. Des recherches sont en cours, mais l’équipe sur place semble manquer de bras et nécessite l’assistance de ninjas pour collecter les ingrédients. Tu avais été affectée d’urgence à cette mission où tu serais accompagnée d’un dénommé @Kao Kan.

Tu te rendais aussitôt à l’hôpital où se trouvaient les victimes empoisonnées. Il te fallait attendre l’arrivée de ton acolyte pour espérer pouvoir passer l’accueil. Tu ne pouvais pas déranger les médecins en charge avec une équipe incomplète quand le temps était compté. Tu feuilletais à nouveau la lecture assise sur la devanture de l’hôpital. Tu pouvais apprendre que les premières pistes mènent à des herbes qui poussent dans une forêt à proximité du village. Elle semblait garder par une bête sauvage assez menaçante pour faire appel à des ninjas. Le manque d’information sur la bestiole semblait te créer une frustration, rongeant le bout d’un ongle pour te calmer.

« Pourquoi il y a si peu d’informations dans ces fichus papiers ?! »

Il ne s’était pas écoulé beaucoup de minutes depuis ton arrivée, mais tu semblais déjà perdre patiente. Tu tentais de réfléchir calmement à la situation tout en plier le papier en quatre pour pouvoir le ranger dans ta poche. Tu n’avais pas les talents nécessaires à la confection d’antidote, mais cette initiative allait être supervisée. Alors que tu semblais perdue dans tes pensées une voix rauque vient te ramener brusquement à la réalité.

« Vous êtes les ninjas missionnés ? »

Il s’agissait d’un homme en blouse blanche qui semblait redresser ses lunettes sur le haut de son nez, son regard s’était posé quelques secondes sur toi avant d’être porté dans une autre direction comme s’il s’adressait également à quelqu’un d’autre. En tournant la tête, tu pouvais apercevoir l’ombre d’un blondinet. Tu t’entais d’hocher la tête pour confirmer ton identité bien que tu semblais assez perplexe quant à celle de la mèche blonde.

« Bien. Veuillez me suivre ! Je vais vous résumer la situation brièvement tout en marchant. »

Tu tentais de te relever de ton assise pour suivre le mouvement de groupe. La mission allait pouvoir commencer. Il fallait néanmoins quérir les informations nécessaires à la cueillette pour espérer pouvoir confectionner l'antidote.

Mission:

Une fois de plus, le jeune blondinet avait été mandaté pour travailler sur une mission particulière. Depuis qu'il avait rejoint l'Institut, il n'était jamais à court de travail : il avait d'abord dû intervenir sur une identification de crime, puis auprès de la faune sauvage, sur de la récolte et d'analyse d'échantillons potentiellement dangereux, la création d'oreillettes pour le pôle technologique et aujourd'hui, sur du poison. Plus particulièrement, sur l'identification d'un poison et l'élaboration d'un remède.

C'était la première fois que Kan allait travailler sur le pôle médecine de l'Institut mais après tout, cela faisait partie de son programme : il avait demandé à travailler sur tous les axes possibles avant de s'arrêter sur un choix définitif pour sa spécialisation. Mais le pôle médecine, uhh... c'était le plus stressant. C'était intéressant de travailler sur la technologie, passionnant d'observer la faune et la flore, mais la médecine semblait beaucoup plus... risquée ? Travailler sur des humains, ce n'était pas rien : l'erreur était impossible. C'était sûrement pour cela que Kan était un peu moins assuré que d'habitude.

Il s'était donc rendu sur place en avance. Mais à cause de l'anxiété... il n'avait pas pu tenir sagement en place avant d'attendre l'heure fatidique et l'arrivée de sa coéquipière. Alors, il avait fait le tour du bâtiment, en marchant. D'abord un tour, mais ce n'était pas suffisant. Alors deux. Puis trois. Et avant de s'en rendre compte, il avait perdu le fil : de son compte mais aussi de l'heure.

Au final, quand il arriva devant l'entrée de l'Hôpital pour la dernière fois, il trouva sa coéquipière qui l'attendait mais avant même d'avoir la possibilité de la saluer, un homme en blouse blanche les apostropha et leur demanda de le suivre. L'électrique accéléra le pas pour se retrouver au niveau de la brune, puis lui chuchota :

- Bonjour, je suis Kao Kan, enchanté !

Mais il ne fut peut-être pas aussi discret qu'il l'aurait voulu, car sans se retourner, l'homme répliqua :

- Et je suis le docteur Ueno. Enchanté également. Je suppose qu'on vous l'a dit, mais nous sommes ici face à des cas d'empoisonnement. Il y a plusieurs patients présentant les mêmes symptômes mais nous n'avons pas pu déterminer précisément quel poison avait été utilisé.

Les deux Genin suivirent le docteur qui arpentait d'un pas rapide les longs couloirs de l'Hôpital. Ça ne devait pas être facile de se repérer dans ce labyrinthe, les premières fois...

- Après de nombreux essais de traitement infructueux, nous avons eu un résultat encourageant avec une certaine plante pouvant être trouvée non loin d'ici, mais elle est difficile à obtenir. Enfin... c'est notre seule piste pour l'instant, donc il va falloir faire avec.

Le docteur poussa la porte d'une chambre et invita les shinobis à entrer. Séparés par des rideaux se trouvaient trois lits, tous occupés. C'était sans aucun doute les victimes du poison ; c'était facile à deviner, car leurs symptômes étaient assez... visuels.

La rencontre avec ton coéquipier Kao Kan avait été précipité par l’arrivée du docteur Ueno.

« Bonjour, je suis Sakai Iroha. »

L’homme en blouse blanche exposa la situation actuelle complétant les informations données dans la missive. Il s’agissait de cas d’empoisonnement où plusieurs patients présenteraient les mêmes symptômes. L’équipe de chercheurs n’avait pas pu déterminer l’origine du poison utilisé. Les informations étaient données sur une cadence militaire qui nous enfonçait de plus en plus dans les couloirs de l’hôpital. Il enchaina sur les essais de traitement qui ne semblait pas avoir porté leurs fruits, mais ils avaient ainsi obtenu une piste. Il s’agissait d’une plante difficile d’accès et sans certitude de résultat il était difficile de monopoliser plus de mains d’œuvres. C’était donc à deux jeunes genins de s’en charger et il y avait des vies en jeu.

Malgré cette nouvelle tu ne semblais pas sourciller, tu étais même plutôt motivée à l’idée de réaliser quelque chose. Tu étais peut-être un peu trop confiante sur votre réussite ou simplement naïve, mais ce sentiment d’importance te faisait pousser des ailes.

« Compris, nous nous chargerons de la récolte de cette plante. »

Le médecin afficha un sourire pendant quelques secondes avant d’entrouvrir une porte pour vous permettre d’entrer dans la pièce. Il y avait là trois lits occupés par des patients en mauvais point. L’air positif que tu affichais tout à l’heure semblait aussitôt ébranlée. Il était difficile de nier l’état maladif qui enchainait au lit ces trois inconnus. Tu paraissais moins tranquille à l’idée de perdre du temps en cérémonie, mais il était important de prendre conscience de l’ampleur de la tâche avant de s’y lancer tête baissée. Tu écoutais alors la suite des mésaventures, espérant pouvoir accourir avec la solution miracle capable de sauver ces gens.

« Comme vous pouvez le voir ils sont dans un état assez alarmant. » dit-il en s’approchant d’un des corps alités. Il pointa alors du doigt les lèvres légèrement tachetées du patient avant d’enchainer. « Nous avons pu constater ces marques bleutées sur les différents patients. Le poison a été naturellement ingéré par le biais d’une liqueur pour le rendre indolore. »

Le docteur s’était alors reculé de quelques pas pour nous guider près d’un dossier où une des pages était dessinée la plante en question. Sur la suivante se trouvait une carte griffonnée par des zones entourées en rouge comme pour indiquer les lieux de récolte. Tu observais en silence les esquisses tentant de t’imprégner des détails pour ne pas louper la plante. Tu te disais qu’il était important de gagner du temps en mémorisant les informations.

« Il s’agit de cette plante, elle se trouve sur des arbrisseaux à proximité que je vous indique ici et là. Elles poussent seulement près des falaises ce qui rend l’accès à ces zones difficile, qui plus est, il est impossible de les déraciner à la main. Je vais donc vous fournir du matériel pour vous faciliter la tâche. » dit-il en se retournant pour attraper un sac à dos équipé. « Il y a des outils pour vous permettre de récolter les plantes à l’intérieur. » Il déposa le gros sac dans les mains du jeune blondinet avant de lui poser la main sur l’épaule quelques secondes avant de la retirer aussitôt. « Je compte sur vous, ninjas de Kumo. Je reste disposé à répondre à vos questions, mais gardez à l’esprit que le temps joue contre nous. »

Tu toisais ton partenaire d’un œil pour tenter de déterminer ses capacités. Tu n’avais pas vraiment de connaissances en plantes, mais tu t’y étais intéressée plus jeune grâce à une amie de passage.

« Je suis prête à y aller. »

Effectivement, les patients atteints par le poisons semblaient en bien piteux état. En plus des teintes peu naturelles de leurs teints et des tâches bleutées sur leurs peaux, ils avaient l'air... absents, presque inconscients ; preuve que le temps jouait contre eux. Ne perdant pas de ce précieux temps, le docteur les guida vers un dossier qui contenait toutes les informations nécessaires pour trouver la plante dont ils avaient besoin pour l'élaboration du remède. Kan observa d'abord la carte, faisant son possible pour retenir toutes les zones marquées en rouge, avant de poser son regard sur l'illustration de la plante. Le blondinet ne put retenir un hoquet de surprise.

- Huh, de la bryone ?! Mais...

- Bryonia dioica, oui. Effectivement, cette plante est hautement toxique mais à bonne dose, la racine est un purgatif drastique. Ce n'est peut-être pas l'idéal mais dans l'urgence, nous n'avons pas le choix.

Le médecin donna le sac à dos à l'électrique, avant de poursuivre d'un air sérieux.

- C'est pourquoi vous avez ce matériel. Assurez-vous de porter les gants fournis pour ne pas la toucher directement et même s'ils ont l'air délicieux, ne mangez surtout pas les fruits.

Le docteur Ueno semblait peu rassuré de confier une tâche aussi délicate à de jeunes Genin mais pourtant, ils étaient loin d'être des bébés. Ils avaient bien compris l'importance de la mission et ce n'était pas si difficile que ça de ramasser quelques racines...

- Nous serons de retour le plus vite possible.

Annonça le blondinet avec un air assuré, avant de reporter son attention sur sa camarade. D'un geste de la tête, il lui confirma qu'il était aussi prêt à partir et ne perdant pas de temps, le duo se mit en route, emportant avec eux tout le matériel nécessaire.

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Carte en main, le duo ne tarda pas à arriver sur les lieux indiqués par leur missive. L'endroit n'était pas si loin que ça, mais il était aussi éloignés des sentiers habituels. Ils avaient donc dû se battre un bon moment contre la végétation dense avant de réussir à se frayer un chemin jusqu'aux falaises qui bordaient le village. Et même sur place, le terrain était plutôt impraticable et difficile d'accès... Sans parler des fois où ils avaient dû s'approcher dangereusement du vide pour continuer leur route.

Maintenant, ils devaient trouver cette plante. Selon les indications du docteur et ce qui était inscrit sur la fiche, c'était une plante qui grimpait aux arbrisseaux et qui appréciait se mêler aux branches des haies... Donc en plus d'être toxique et difficile d'accès, elle jouait à cache-cache ? Il fallait le reconnaître : cette plante faisait vraiment tout son possible pour qu'on la laisse en paix. Mais dommage pour elle, elle se retrouvait face à deux Genin surmotivés pour accomplir leur mission.

Tu étais forcée de constater que le blondinet semblait s’y connaitre plus qu’il n’en avait l’air, la simple lecture du nom de la plante lui avait arraché un élan de surprise. De ton coté, tu ne t’étais pas encore accoutumée à la biodiversité de la région. Tu t’exposais à une insolente méconnaissance du sujet, tu étais ainsi forcée de dévorer les informations présentes sous tes yeux. Tu n’avais pas l’intention de te couvrir de honte devant ce jeune garçon.

La bryone était une plante toxique, mais à une certaine dose elle possédait un effet fortement purgatif. Il était dangereux de manipuler cette herbe à mains nues d’où l’équipement fournit. Le poison était particulièrement puissant dans les fruits, il ne fallait surtout pas en ingérer.

Une fois les instructions complémentaires apportées, il était temps de se mettre en route. Le blondinet était également prêt à prendre le large. Tu ne perdais pas de vue l’objectif de votre venue, scrutant les environs pour se repérer dans cette masse de végétation. Tu étais surprise de voir le blondinet se montrer si courageux, malgré la différence d’âge il restait bien un ninja. Il était difficile d’identifier ces plantes parmi l’immensité des autres.

Tu trouvais ce travail assez barbant, la seule motivation étant de sauver des marchands et gagner quelques sous. Tu lorgnais ton camarade et son engouement à se mettre à la tâche.

« Tu trouves quelque chose ? »

Il t’était difficilement compréhensible de le voir si sérieux. Tu faisais pale figure avec ton agacement perceptible. Tu tentais de te ressaisir pour mieux l’épauler, il s’agissait d’une mission après tout. Vous vous étiez rendu dans un spot propice à sa poussée. Néanmoins, il ne fallait pas avoir le vertige puisqu’au moindre faux pas c’était la mort assurée. Tu fouillais les bords de la falaise pour y repérer la trace de cette herbe. Tu n’oubliais pas que le temps des malades était compté, il fallait réduire la durée d’excursion. La falaise se présentait comme un arc de cercle dégagé, laissant en arrière-plan le chemin vers la forêt. Il était encore possible de monter plus haut en altitude en empruntant un autre sentier. Tu voulais vérifier cette zone avant de continuer à grimper.

« Je regarde de ce côté et toi de l’autre, on aura vite fait le tour comme ça. Tu peux garder le sac. On aura qu'à prévenir l'autre si on a du nouveau, d’accord ? »

Tu saluais ton camarade d’un hochement de tête avant de te diriger du côté que tu t’étais attitré, fouillant les bordures pour trouver une de ces plantes enracinées.

Secouant négativement la tête, le blondinet adressa un regard désolé à sa partenaire. Non... la fameuse plante nécessaire à la survie des malades n'avait pas encore fait son apparition. Pourtant, selon la carte, ils se trouvaient au bon endroit ; mais sa faculté à s'entremêler à la flore locale la laissait difficile à localiser. Peut-être qu'avec la permission de s'éloigner un peu plus du village, les deux Genin auraient eu accès à une zone où la bryone poussait en plus grande quantité... Néanmoins, ils devaient pour l'instant faire avec les moyens du bord et dans la limite de leur champ d'action.

Normalement, il était déconseillé de se séparer en mission, encore plus lorsque l'escouade était composée de Genin inexpérimentés. Mais ici, ils jouaient contre la montre ; alors, ils pouvaient peut-être se permettre de briser quelques règles.

- D'accord, faisons comme ça !

C'était peut-être idiot ou naïf de leur part de prendre de tels risques, ou au contraire, un pari risqué mais profitable. Mais au moins, ils n'étaient pas en mission comportant de réels dangers. Ils n'avaient pas d'ennemis à vaincre et à moins d'ingérer involontairement la plante toxique ou d'être victimes du terrain, ils ne risquaient normalement rien. Normalement...

Car c'est littéralement suspendue dans le vide que l'électrique aperçut la Bryonia dioica pour la première fois de la journée. Agrippée à un arbrisseau qui poussait directement sur le flanc de la falaise, la plante narguait les deux Genin de sa position inatteignable. Enfin... pas totalement inatteignable : elle n'était pas si loin que ça.

- Iroha-san ?

Cela faisait quelques minutes qu'ils s'étaient séparés, et peut-être que, concentrés sur leur mission, ils s'étaient un peu trop éloignés l'un de l'autre. Peut-être que la végétation était trop dense et empêchait le son de se propager normalement.

- Irohaaaa-saaaaan ?

Les mains en coupe autour de son visage, Kan lança un deuxième appel. Il aurait pu aller directement à sa rencontre, pour que les deux reviennent ensuite sur les lieux. Mais... ces buissons se ressemblaient tous et le blondinet n'était pas sûr d'être capable de retrouver l'endroit. Après tout ce temps de recherches, c'était le premier plant qu'ils voyaient ; ils ne pouvaient pas se permettre de perdre du temps bêtement...

D'abord accroupi au bord du précipice, l'électrique enfila les gants et tendit le bras avant de se rendre compte que fatalement, il lui manquait quelques centimètres pour réussir à toucher la plante. Il s'allongea donc sur le sol et, rampant, fit son chemin jusqu'au bord de la falaise à nouveau. Cette fois-ci, il l'atteignait presque. Presque ! Encore un petit peu... un tout petit peu plus... puis enfin, il la toucha des doigts.

Mais c'est également à ce moment-là qu'une partie du sol s'affaissa sous son buste, le faisant basculer inexorablement en avant : dans le vide.