Le blond adressa une œillade à la jeune femme, son attention autrefois préoccupée par les vêtements en phrase d'être pliés trônant entre ses doigts. Il demeura quelques secondes à l'observer, comme... tiraillé par l'idée d'enfin advenir à cette idée qui avait muri dans son esprit au cours de l'année passée ; mais enfin, il déposa le tissu sur les détours d'un meuble de bois, et avisa à nouveau la gladiatrice.
« Veux-tu toujours me suivre ? — Je ne me souviens pas t'avoir laissé penser le contraire. »
Un léger sourire para les lèvres de l'ascèse lorsqu'il entendit sa réplique, s'approchant doucement d'elle en déposant un baiser à la lisière de son front.
« Évidemment. »
La jeune femme se laissa aller contre lui par cette tendresse habituelle, sans pour autant qu'il ne croise à nouveau son regard ; accaparé par le vide de ses prunelles, il semblait à des années lumières de ses côtés, bien que sa joue soit pressée contre sa chevelure dans une évidente proximité. Alors, d'un geste simple, ses doigts coururent le long de sa colonne vertébrale, glissant, parfois, le long de ses mèches d'or dans un geste qui se voulait rassurant. Et enfin, ce regard éthéré autrefois bordé d'indifférence vint se mêler à ses ambres brunes, comme si la réalité revenait poser ses douces mains le long de son être – et à l'image de ces paumes invisibles, le blond vint guider les siennes autour du corps de sa compagne, la pressant davantage contre lui dans une douce étreinte en la remerciant d'un soupir glissé contre son oreille.
À cela, elle lui répondit par les détours discrets d'un sourire, et d'une question innocente, pour raviver l'objet de leurs réflexions au centre de leur échange ; pour combien de temps en aurons-nous, avait-elle dit. Et tout simplement, elle avait trouvé l'écho de quelques semaines, peut-être plus, tout en comptant le voyage maritime qui préoccuperait quelques jours de leur temps sur l'océan. Dans un murmure, elle avait acquiescé, se détachant habilement de lui pour commencer à son tour à rassembler les vêtements et manteaux qu'elle avait délaissé dans cette maigre chambre de ce temple, qu'ils avaient pris l'habitude de partager bien trop de fois ces derniers temps, en appréciant la présence de l'autre. Bien que ces moines ne soient toujours pas tomber dans ses grâces, elle devait avouer que la vue de cette Brume muette, sous ces toits tuilés, était bien plus belle que celle que sa demeure pouvait lui offrir. Davantage, lorsque le brouillard des moissons s'élevait dans la chaleur du crépuscule.
Et bien des instants plus tard, lorsque le manteau invisible de Morphée s'était écoulé sur les âmes de ce village bercé par l'écume, l'ombre de deux silhouettes entrelacées trahissaient leur présence sous l'égide de draps fins, rafraichis par la légère caresse de l'air nocturne. L'une d'elle, dont le visage demeurait encadré par des mèches d'or, avait glissé ses lèvres vers le front de sa comparse avant de céder à l'abîme du sommeil ; et encore en cette heure, il en demeurait les vestiges dans leur rêves, pressés l'un contre l'autre par gage de tendresse muette.
[...]
Été 204, Port Naragasa, village de Kiri.
Les prunelles éthérées de l'ascèse se déposèrent sur la voute de leur embarcation, l'expression de son visage demeurée envoutée par la douce caresse de l'air marin se faufilant dans l'ombre de ses mèches d'or, telle une vieille amie. Son regard se substitua le monde le temps d'un bref instant, comme pour profiter davantage de cette sensation au séjour de l'aurore, avant qu'avec tendresse, ses yeux ne s'ouvrent à nouveau pour trouver la silhouette de la gladiatrice à ses côtés, ses cheveux de feu noués autour d'une épingle qu'il reconnaîtrait entre mille.
Un fin sourire vint trouver ses lèvres lorsque leurs regards se croisèrent, auquel elle répondit avec une simple œillade attentive ; elle se contenta d'effleurer son bras du dos de sa main, avant d'entendre l'écho de pas se substituer à la présence de tant d'âmes qu'ils attendaient en ces lieux. Ceux qui l'avaient précédé en tant qu'élève de l'héritier du bois, et sa plus tendre amie qu'elle avait appris à apprécier plus qu'elle ne l'aurait cru, elle aussi. Après tout... elle l'avait accompagné au cœur du Colisée d'Asosan. Ne serait-ce que pour cela, la rougeoyante lui portait, à elle et à sa vision du monde, un profond respect.
Aujourd'hui, elle se contenterait simplement d'honorer la promesse qu'elle avait faite au blond, au crépuscule d'un été comme celui-ci.
« Je suppose que c'est le fameux Tokage. », dit-elle simplement.
Un léger rire échappa au blond lorsqu'il avisa la silhouette de l'intéressé, ne pouvant empêcher sa voix de lui répondre brièvement. À cela, elle retint un soupir, avant d'aviser l'embarcation.
« Je serais sur le navire, si tu me cherche. Nous n'allons pas tarder à partir, de toute façon. J'ai assez des pauvres élèves qui m'ont été assignés pour familiariser avec les tiens. — Il n'est pas si mauvais que ça, Junko. Tu connais déjà Miyuki et Reikan, cela ne devrait pas être un fardeau. Même si je ne suis pas certain qu'elle nous rejoigne aujourd'hui, je n'ai pas reçu de réponse de sa part., il la vit tiquer, légèrement. — Tant mieux. Miyuki lui apprendra les bonnes manières si toutefois je n'en ai pas la force. »
Il acquiesça en riant une nouvelle fois, conscient que les simples échos de leur rencontre avaient suffis à la gladiatrice de se forger un avis sur le Yamanaka, bien que seule une rencontre de vive voix pourrait encrer ses a priori sur lui.
Après tout, pour les quelques semaines pendant lesquelles ils voyageraient ensemble, cela valait bien quelques sacrifices.
à titre informatif:
Je n'ai fait aucune "vraie" mention de l'arrivée de Miyuki ou de Reikan dans le post, car toutes les deux sont en mission officielle. Cependant, si d'aventure elle se termine et que vous voulez nous rejoindre (et que l'on est toujours partis), libre à vous de poster dedans!
On peut aussi considérer que le départ se fait avant votre mission, dans ce cas il faudra vous arranger avec votre propre chronologie et revenir à Kiri avant le changement de saison par un flashback ou quoi que ce soit pour légitimer le fait que vous étiez à Kiri en Été après le voyage pour faire votre mission. Ça pourra être en flashback ou autrement une fois passés en automne, à vous de voir!
Le vent marin venait de ramener en plein dans la gueule du Yamanaka une odeur de poisson particulièrement virulente. Pas besoin de chercher très loin pour en trouver la cause : un pêcheur passait juste à côté de lui, traînant un filet chargé de toute une masse de ces remuants visqueux à écailles. Tokage eut une moue dégoûtée, et renifla un bon coup.
« Et merde … »
Son vocabulaire ce matin-là était décidément particulièrement fleuri. Il tira un mouchoir d’une poche de son pantalon, y fourra son nez, et fit sonner un air de corne de brume dans tout le port de Kiri. La bête était chargée. Regardez-le, le seul shinobi de la Brume capable de s’enrhumer en plein été.
Il considéra avec une nouvelle grimace de répugnance le fruit de son labeur nasal, et balança discrètement le mouchoir à la flotte. A sa grande surprise, le tissu ne tarda pas à disparaître sous les flots, emporté dans la gueule d’un gros flétan. Tokage resta d’abord interdit, avant de laisser échapper une sorte de couinement horrifié. Il se jura alors de ne plus jamais manger de poisson qui viendrait de la baie du port.
Mais trêve de dindasseries. Il voyait déjà se profiler à l’horizon les reflets d’or de Blondie, et le flamboiement d’une chevelure qu’il redoutait déjà de connaître. Quelle ne fut pas sa surprise de remarquer que les deux toisons se mêlaient avec une proximité qui ne pouvait signifier qu’une chose : toutes ses suppositions sur l’asexualité supposée de son senseï tombaient à l’eau. Il ressentait de toute évidence quelques-unes des émotions humaines. Incroyable mais vrai.
Interdit, Tokage regarda l’inconnue embarquer dans le bateau qui, le temps d’un voyage en mer, serait leur résidence flottante. Puis il se tourna vers Aditya.
« Dis donc, je savais pas qu’on pouvait amener ses p’tits copains. C’est qu’il m’avait caché ça, le bougre ! »
Et, dans une parfaite démonstration de masculinité douteuse qui ne lui ressemblait pas, il donna à Aditya deux grandes claques dans le dos, avec un rire gras qui ne tarda pas à se changer en glaire qui finit, à son tour, dans le gosier d’un poisson.
« En tout cas elle a déjà l’air de me détester, c’est parfait. On va sauter quelques étapes, comme ça. J’imagine que j’ai eu droit à une bonne publicité, hm ? »
Ca pouvait ressembler à un reproche, mais ce n’en était pas vraiment un. Tokage aurait été bien gonflé d’adresser ce genre de critique à son senseï, dans la mesure où lui-même ne lui faisait pas vraiment bonne presse dès qu’il en avait l’occasion. Mais, bien sûr, la perspective de paraître gonflé n’était pas non plus de nature à l’arrêter …
« Alors, c’est le grand départ … C’est quoi la première étape ? Hayashi, c’est ça ? »
Il n’avait pas mis le pied sur le Continent depuis une éternité. Il était enfant, ou tout juste adolescent, pour ce qu’il s’en souvenait, la dernière fois qu’il avait marché sur des terres qui n’étaient pas celles de Mizu. Pourtant, c’était là-bas qu’il était né. Pas à Hayashi, mais pas loin. Quelque part dans les forêts perdus de Hi … Peut être pourraient-ils y faire un crochet ? Il ne connaissait pas précisément les plans d’Aditya. Il s’imaginait que tout ça se clarifierait au fur et à mesure. Pour l’instant, il était surtout content de quitter un peu le village. Même si la compagnie n’était pas forcément son premier choix. Mais bon. Au moins ils ne s’ennuieraient pas.
Il ne savait pas quoi attendre de ce voyage. Mais quelque chose le poussait à espérer. Quoi, impossible de le dire. Mais c’était sur la terre de ses ancêtres qu’il s’apprêtait à retourner. Même s’il n’avait aucun lien particulier avec les Yamanaka … Ce devait être l’appel du sang, sans doute, qui lui retournait un peu le coeur.
Ca, ou son rhume commençait à sérieusement s’aggraver.
Plus que quiconque en notre monde, Yasei Reikan connaissait ce goût d'avoir une famille, avec ses maux comme ses remèdes aux aléas de l'existence. Si bien que pour l'ébène, les espoirs des siens s'étaient rendus boulets à ses chevilles comme poids sur ses épaulières, tant les ahans demandés demeuraient conséquents et inavouables pour certains égoïstes. Pour cette raison, pour cet amour fraternel que le sang facilitait à éprouver même chez les esprits de marbre, elle avait accepté d'être le soutien de son fidèle ami dans la quête de ses frères et sœurs des lointaines terres continentales. Au détour d'une promesse, la féline n'avait pas autorisé la moindre hésitation pour lui faire comprendre que sa présence lui serait vitale dans cette exigeante tâche. Parce qu'au-delà de toute responsabilité tenant à un rang, à une réputation au sein de la Cité Brumeuse ou d'un monde encore vaste, le Gardien Sylvestre se risquait sur un chemin plutôt sinueux, où des sentiments bien plus profonds et viscéraux s'entremêlaient, se déchiraient sous le regard des vices et des bontés des Hommes. Cette épreuve, elle l'avait déjà surmontée sous les astres assassins de Kaze. Au tour de son ami de montrer qu'il en était également capable, désormais. Car loin derrière cet horizon de vagues, Aditya allait peut-être trouver un clan soudé et aimant qui lui réservait une place de choix pour son don sylvestre. Comme il pouvait certainement tomber sur une série de déceptions, malgré les espoirs nourris par son cœur.
Qu'importe le dénouement d'un tel voyage, la Tigresse blanche saurait se tenir présente pour lui en même temps qu'elle chercherait à satisfaire ses propres intérêts et ceux de ses pairs en rejoignant le Continent, par la même occasion. [invisible_edit] La lumière du jour filtrait paresseusement à travers un tel rideau de brumaille, s'étiolant en diverses particules d'ombres mouvantes à travers la zone portuaire de Kiri la Grande. L'air était chaud mais léger, assez afin d'autoriser se dessiner les contours de la Yasei aux éphélides à travers l'écharpe embrumée que l'île-mère portait constamment sur ses épaules. Le port lui, s'étalait de tout son long sur sa côte Est, sillon où grinçaient les mâts des bateaux de plaisance et de commerce amarrés ci et là, le long d'une berge aux bords pavés et parfois ensablés. L'enfant des Bêtes apparut près de l'embarcation, n'ayant de cesse de s'en approcher en portant par l'une de ses épaules un sac à dos encore plein de surprises. La féline ne perdit pas plus de temps et rejoignit le pont de ce vaisseau maritime qui allait l'emmener aux antipodes de la Brume. Plutôt, les emmener. Ses yeux céruléens, prédateurs du détail, s'échouèrent sans se faire prier sur les personnes déjà présentes qui étaient en avance sur elle. Ses paupières se fermèrent face à un tel constat et, lors de cette parenthèse de cils de jais, ses lèvres s'étirèrent dans un sourire aimable à leur attention.
Ses perles à nouveau déverrouillées, elle laissa ses pensées se muer en mots.
« Je vois que tu n'as pas oublié d'emmener de la compagnie avec toi, Aditya. Nous ne devrions pas tarder à partir, car ils ont remonté la cale après mon passage. Bientôt, le quai de Kiri ne sera plus qu'un lointain souvenir. »
Sans s'attarder davantage, notre guerrière au teint doré par le soleil du Désert se rendit au bord du pont afin d'observer le littoral mercantile de son village adoptif, avant de tourner le minois vers la mer qui le guettait. Le paysage demeurait ouvert, au ciel bas peuplé de nuages qui bourgeonnaient sans cesse dans l'horizon. Cette vue décelait en elle une lueur déjà germée en son cœur. Presque imperceptible, mais assez suffisante pour en percevoir sa vibration ; c'était celle du voyage. Derrière ses chairs, son esprit se trouvait déjà à mille lieues des marécages et bruyères de la Brume, délaissé à nouveau sur les traces de son enfance bercée par les découvertes et la curiosité dévorante qu'elles avaient insufflé en elle. Yasei Reikan délaissait, temporairement et sans inquiétude, les membres aguerris de son clan. Dans l'objectif de répondre à l'appel du monde extérieur, avec cet espoir d'y dénicher d'autres chances de faire perdre du terrain aux ténèbres du Yuukan.
Dernière édition par Yasei Reikan le Mar 22 Juin 2021 - 1:01, édité 5 fois
Accoudée au bord du navire, la jeune femme aux yeux couleur ciel de tempête observait le lointain. Perdue dans ses pensées, elle laissa son esprit divaguer sur la mer d'huile qui s'étendait sur des kilomètres. Leur embarcation n'avait pas encore levé l'ancre qu'elle sentait déjà cette envie bouillonnante de découvrir des terres où elle n'avait jamais mit les pieds. Le voyage maritime ne serait qu'un long fleuve tranquille. Après tout, ils étaient plusieurs mizujins à bien connaître les courants, les lieux où les pirates appréciaient attendre les victimes inexpérimentées mais aussi les marchands les plus riches. Cette route ci ne craignait rien. Et si jamais ils avaient l'audace de tenter le diable malgré tout, ce rafiot là serait sans doute leur dernière erreur. Elle savait que le quatuor qui se trouvait sur le pont et dont elle faisait partie avait une puissance assez phénoménale quoi que laissait paraître Tokage.
Pour Aditya et Reikan, elle ne pouvait pas avoir de doutes. Elle avait affronté Ao à leur côté. Et récemment, elle avait senti que sa puissance augmentait également. Elle parvenait à développer des techniques qu'elle n'aurait pas imaginé atteignables pour elle avant longtemps. Et elle apprenait également à maîtriser une nouvelle affinité, le raiton. La puissance électrique qu'il lui offrait n'était certes pas aussi efficace que le doton pour la défense, mais ses capacités destructrices étaient redoutées. Et sa capacité à percer les défenses rocheuses était un autre bon avantage qu'elle aurait une fois qu'elle serait capable de réellement maîtriser des techniques avec ce pouvoir nouveau.
Penchée en partie au dessus du vide, la guerrière laissa son esprit voguer là où elle ne pouvait aller. Elle aurait bien fait un véritable passage à Kaze, mais demander à ses camarades de l'accompagner dans un tel détour lui semblait totalement improbable. Jamais ils n'auraient accepté une telle perte de temps, surtout qu'il s'agissait simplement de curiosité et non d'un réel besoin d'y aller. heureusement, Hi et ses pâtisseries l'intéressaient tout autant. Et là, c'était certain qu'ils y passeraient.
Se redressant un peu alors que des cris retentissaient entre le quartier-maître et ses marins, le bâteau se mettait doucement en mouvement, les amarres étaient larguées, l'ancre levée. En quelques minutes, il se mit en branle, les voiles sorties. Lentement, l'écart entre le ponton et la coque s'aggrandissait. Et avec lui s'aggrandissait celui entre la Sabreuse et cette sorte de prison qu'elle avait accepté de rejoindre pour devenir meilleure en maniement des sabres. Pour devenir la meilleure même. Car si elle avait souhaité faire partie de Kiri, c'était avant tout pour ce clan qui était désormais le sien et non pour la cité elle-même. Certes, elle était reconnaissante envers ses fondateurs qui avaient aidé à nettoyer la région... Mais elle n'avait pas pour autant eu envie de se mettre ces menottes aux poignets. Enfin, désormais, elle était un peu plus libre. Un peu plus autonome. Elle ne serait plus obligée de rester cloîtrée ici comme dans un couvent. Et ça, c'était le premier véritable pas qu'elle faisait. Et ça, c'était agréable. Diablement grisant.
Un léger sourire se glissa sur les lèvres de la Danseuse alors qu'elle faisait désormais face à l'horizon, droite de toute sa hauteur. Senritsu et Hakkei à la ceinture, elle était confiante. Elle allait pouvoir voir cette terre de ces propres yeux. Cette terre où ses parents allaient régulièrement. Cette terre d'où ils lui ramenaient ces pâtisseries si chères à son coeur.
Son coeur bouillonnait d'ailleurs. Enfin.
Au large des années passées — ft. équipe 04 & Yasei Reikan
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