Mon voyage avait été long sur les routes d’Iwa à Tsume. Bien que les deux pays étaient proches, mon état de désertion m’avait totalement empêché de suivre sur les voies commerciales sablonneuses. Traversant les forêts verdoyantes, les marais vaseux, les collines montagneuses et les vastes plaines cultivées par l’homme, le temps de route avait quadruplé par rapport à un pauvre et triste commerçant voguant à travers les routes rocailleuses des chemins, avec son sac de marchandise.

Malgré les splendides steps, les fabuleux paysages et les rustiques villages que j’avais traversés, la misère, la tristesse et la faim s'étaient étendues du début à la fin de mon périple. Le peuple souffrait, mendiait, et criait aux désespoirs à chaque détour ou croisement.

Toutes ses visions de chaos me réconfortaient dans mon engouement d’être parti de ce village qui prônait passivement le pouvoir et la cruauté d’un daimyo avide et perfide, ainsi que le fait de rejoindre un camp que je n’appréciais pas vraiment. Le ningen, bien qu’ayant des mains tout aussi tachées de sang que les villages, prônait une certaine égalité humaine que rejetaient les autres villages cachés du monde. Sans chakra, les hommes pourraient tous se battre et se défendre contre ou pour leurs idéaux, sans que la course de l’énergie spirituelle ne viennes déséquilibrer les féroces et sanguinaires batailles que provoquait le chakra.

Toutes ses traversées m’avaient permis de réfléchir sur les situations qui se déroulaient sur cette terre mère que je chérissais tant et également sur les voix et les engagements qui s’offraient à mon corps et à mon esprit.

Le ningen était devenu pour mon âme le seul chemin que je pouvais prendre pour suivre mon objectif d’un monde juste, sans cruauté, sans haine, sans désespérer et rempli de vie, d’amour, de fraternité et d’égalité. Mais il me restait encore à savoir comment je pouvais atteindre ce but que je m’étais fixé dans mon cœur.

L’art des samouraïs n’était finalement qu’une vague supercherie pour ce genre de projet. Mettre en avant un sens de l’honneur qui ne reposait que sur l’appréciation de son utilisateur n'était qu’un vieux mensonge. Toph en avait été pour moi la preuve, une enfant puérile n’écoutant que son instinct d’adolescence fanatique, mais étant la plus puissante de son village, prônait en tant que Déesse absolue sur son peuple. À chaque problème qu’elle rencontrait, seul l’acier pouvait résoudre son tourment. Elle était bien une preuve en plus dans Iwa qu’un village ne pouvait pas être juste. Sad, celui qui m’avait appris mes premières bases du katana avait compris comment le monde fonctionnait et malgré ses avertissements, je n’avais pas voulu l’écouter et maintenant que je voyais très clairement ce qui se passait à travers ses pupilles, je finissais comme lui, à partir vers un inconnu avenir incertain.

Mais l’art de l’encre, celui qui m’avait été donné par la résonance, était la porte que je devais emprunter pour ce nouveau monde que je voulais créer. Cette assimilation était l’une des choses les plus puissantes qui pouvait être apprise. L’encre permettait de contrôler tous les styles de combat, passant par le ninjutsu, la sensorialité, le fuinjutsu et le genjutsu. La création, la manipulation et l’illusion étaient le fer de lance de ce pouvoir.

Le secret des sceaux mêlés à l’encre ouvrait le moyen de créer des complexes écritures à distance ou sur soie sans aucune limite. La puissance des mudras permettait de former des créatures aqueuses vivantes ou bien de formidable défense où attaque aussi bien de zone ou ciblé. La viscosité autorisait les détections les plus poussées d’une extrême envergure, mais ce qui m'intéressait et attirait le plus, c’était le genjutsu.

Celui-ci était le plus approprié pour mon style de combat et pour me permettre des ouvertures dans mes combats. Le genjutsu était la solution que je devais développer et j’en étais convaincue.

Après quelques jours d'entraînement en bougeant à travers les monts, les forêts et les chemins, je pouvais dire que les bases du genjutsu étaient acquises. Le fonctionnement était relativement simple une fois qu’on captait la technique pour permettre la diffusion de son chakra tout autour de soi.

Ce qui me manquait maintenant était un moyen de canaliser cette énergie, un support qui allait me permettre de concentrer cette puissance qui allait rendre mes compétences de samouraïs d’un niveau supplémentaire. Un support qui ne prendrait pas de place lors de mes coups d’acier et qui ne m’empêcherait pas de trancher ceux que j’aurais jugés.

Celui-ci devrait être sur mon corps pour plus de facilité et ne pas m’empêcher de me mouvoir.Après plusieurs minutes de réflexion, j'ai trouvé un support qui irait parfaitement avec mes techniques. Des masques sur le visage me permettraient d’utiliser mes compétences de katana sans être gêné et je pourrais ainsi utiliser le genjutsu en plein combat.