C'était un beau jour ensoleillé.

Vêtu à son accoutumé, Kisuke avait pris la direction de la sortie du village. A sa main, sa câne. Pour marcher les quelques kilomètres qui le séparaient de sa destination. Ce n'était pas excessivement loin, mais cela lui demandait un petit effort, d'autant que sur son dos siégait un grand panier d'oseille. Il s'arrêta dans une grande clairière après un coup d'oeil rapide aux caractéristiques du coin. Il hocha de la tête et déposa sa câne avant de se mettre à genoux et de commencer son petit travail du jour.

La ceuillette !

Une activité de pleine air, amusante pour les grands et les petits, et le fond de commerces des apothicaires qui voulaient faire des économies.

J’ai ramassé des champignons,
Des blancs, des bleus et des orange,
J’ai ramassé des champignons

Il fredonnait cette musique avec effort. Parfois, le souffle lui manquait, simplement. Sa santé n'était plus ce qu'elle était, depuis que ses tenketsus étaient scellés. Et il avait du marcher à une certaine distance du village. Les herbes et champignons dans le panier dans son dos s'entassaient. Certaines, plus fragiles, il les cueillait avec délicatesse avant de les mettre dans une petite besace.

Il y avait évidemment des herbes aux vertus gastronomiques avant tout. Mais ce qu'il cherchait, c'était des plantes particulières qu'il ne pouvait pas trouver aisément à Iwa, ou du moins pas à bon prix. Ou des nouveautés qu'il ne connaissait pas et dont il pourrait étudier les propriétés, voir essayer de les faire pousser sur le toit de son nouveau bâtiment deluxe (merci Yanosa-san). Etrangement, la perte de son byakugan ne rendait pas la tâche plus difficile. Au fil de ces dernières années, Kisuke avait pris le pli et comprenait où chercher ces plantes. Quels buissons pouvaient en cacher. Lesquels étaient à éviter à tout prix.

...Je les ai mis dans mon panier,

Les blancs, les bleus et les orange,
Je les ai mis dans mon panier,
À maman je les ai portés.

Sa maman n'allait certainement pas manger ses champignons, mais ce n'était pas faute d'essayer de la faire venir à manger chez lui. Ses parents et lui étaient tombés en désaccord suite à sa disgrâce. Ils s'ignoraient poliment, sans agressivité. Mais c'était les paroles de la chanson, et chanter était un moyen facile d'oublier la douleur, ou de la supporter. Il se donnait de l'énergie et avançait dans sa cueillette, sous un beau jour ensoleillé.

Spoiler:

Derrière un buisson, coincé entre deux souches, il trouva des délicates plantes vertes aux fleurs mauves. Une bien belle couleur, pour une plante dont la principale vertue était la paralysie des voies respiratoires en quelques minutes. Kisuke pris soin de couper que quelques branches, laissant l'occasion à la plante de reprendre par la suite. Il entreposa les différentes collections de fleurs dans une boite qu'il ferma hermétiquement.

Oui, c'était la nouveauté depuis la dernière fois. Il pouvait tout compartimenter. Dans les grosses boites il mettait les herbes qu'il pouvait mélanger ou récolter en gros. Dans les petites boites... les ingrédients plus rares, plus fragiles. Son catalogue s'étant agrandit depuis sa dernière visite, il avait nettement plus de choses à cueillir. Il s'était notamment dressé une liste d'ingrédient spécifiques pour aider à la confection de remèdes et d'anti-douleur... pour son opération.

Et là, dans l'arbre qu'il avait grimpé avec beaucoup de difficulté et de douleur, il venait de trouver une toute petite plante parasite mais dont l'essence était excessivement importante pour activer le composant principale de sa drogue. La lumière au bout du tunnel commençait à l'éblouir.

Oui, exactement ce que je cherchais.

Il redescendit de son arbre et entreposa soigneusement la plante dans une toute petite boite qu'il scella avec deux mécanismes avant de la mettre dans son grand sac à dos. Ce n'était pas le travail le plus sympathique à faire, surtout quand on le faisait tout seul et avec une jambe qui partait en cacahouète kirijin. Mais c'était un job important pour économiser de l'argent en tant qu'Apothicaire. Car acheter toutes ces herbes au marché était possible mais terriblement inefficace en terme monétaire.

Et des sous, il en avait besoin.

Une brise souffla, traversant les feuillages et emportant avec elle des amas de feuilles rouges et jaunes. Elles dansèrent un ballet dans les airs et traversèrent l'espace avant de choir au sol. La brise continua, bien entendu. Elle transperça Kisuke qui eut un frisson. La température devenait plus basse, c'était incontestable. Il dut se retenir de ne pas éternuer tout de suite. En tout cas il se releva et mis son grand sac à dos sur son dos et repris sa cane. Il devait se remettre en mouvement - cela ne pouvait que l'aider à se réchauffer.

Brr, cela commence à se rafraichir. L'automne, sans doute. La prochaine fois, je viendrais un peu plus chaudement habillé.

Il chercha un endroit moins couvert, moins exposé aux zéphyrs et aux alizés, puis se remit simplement à sa tâche. Celle du chasseur cueilleur qui ne chassait point. Il trouva encore quelques ingrédients notables et intéressant. Il espérait toujours croiser un autre promeneur, ou chasseur de champignon. Cela ne pouvait que rendre l'activité plus agréable.