Guidé par les murmures de l'aurore, Aditya laissa ses pas forger son chemin jusqu'à l'orée de cette antichambre que tous révéraient avec respect, au lendemain de destructions et de coups d'état l'ayant vu s'élever à nouveau comme ce que tous considéraient comme le symbole même de la Brume, et de son commandement. Dardant à son tour son regard sur les égides boisées de ses murs, désormais à l'ombre de son intérieur, il pouvait accorder son esprit à se laisser aller aux éclats de ses pensées, aux doutes qui, semble-t-il, l'habiteraient toujours à ce sujet. Ceux lui susurrant qu'il s'agissait-là d'une rupture à sa loi principielle, celle de ne jamais, jamais, laisser sa marque dans l'Histoire, ou d'influer sur la course du monde. De n'être jamais responsable ni du salut d'autrui, ni de sa déchéance, mais de n'offrir qu'un choix : à prendre, ou à délaisser.
Aujourd'hui, ce choix revenait aux mains de Nobuatsu Saji, septième ombre de l'Eau, et pourtant, seule envers laquelle il avait forgé tant de respect. Sans cela, peut-être ne se serait-il jamais engouffré dans une telle entreprise.
Demeurant au pas de la porte le séparant des quartiers habités par le Cavalier de Feu, l'ascèse laissa son attention s'échouer sur les détours de cette poignée, comme l'invitant à s'en emparer et s'engouffrer dans cette pièce. Si d'aucun il aurait pu sembler que le blond était, en cet instant, animé d'une appréhension ou d'un quelconque stress, il se fourvoierait. Non, ce n'était-là rien de tout ça... simplement un instant accordé à autrefois, en priant de ne pas laisser son cœur épouser les détours d'une voix qu'il regretterait.
Sa main s'éleva jusqu'au centre de cette barrière, frappant de deux coups sa présence ; et suivant son écho, la Gardien Sylvestre laissa sa silhouette prendre part aux âmes qui habitaient ces quatre murs, le regard relevé vers l'horizon avec un détermination sourde.
Il patienta, jusqu'à ce que son vis-à-vis ne semble disposé à accueillir sa venue, et referma avec prévenance la porte derrière lui. De quelques pas, il rejoignit le flanc de ce bureau, et lorsqu'il se tint face à l'homme masqué, dont la voix n'était d'antan qu'un mirage, son échine ploya avec le poids de la révérence, sans jamais trop l'accentuer inutilement.
Mais ce fut sa voix qui perça le silence incombé à ces deux hommes, afin d'en murmurer toute la raison d'une telle requête.
« Nanadaime. Merci pour cette audience. »
Car il demeurait tant de sujets à aborder, tant de murmures que les Sylvestres pressaient au bout de ses lèvres, que sa volonté de suivre les courbes d'une flamme éteinte n'éveillait en son esprit. Mais pour l'heure, c'était l'Eau elle-même qui accaparerait ses mots, pour son bien ou sa pitié. À l'aube de telles négociations, Aditya doutait néanmoins que son vis-à-vis était loin d'ignorer ses actions au sein de ces terres, que ce soit auprès du temple du lycoris ou d'âmes qu'il tiendrait à ses côtés pour voir fleurir une telle entreprise.
« J'aurai souhaité m'entretenir avec vous d'un projet d'unité, qui n'attend que votre aval pour être formée. »
Suivant le rituel journalier que lui imposait son rôle, le Nobuatsu demeurait dans le Palais de la Brume récemment restauré et dans lequel émanait une aura de plénitude et de sécurité, le centre du pouvoir de Kiri matérialisait les espoirs du peuple placés en une personne. Allant des tri de dossier et de l’audition des rapports de missions, les journées s’enchaînaient avec une certaine monotonie parfois, donnant une impression de déjà-vu quand il répétait les tâches derrière son bureau de fonction. Cela n’avait pourtant rien de quoi décourager le Sans-Visage animé par son devoir envers la population, qui une fois n’est pas coutume connaissait une période relativement paisible après l’énième intrusion d’un ennemi sur leurs terres. Résultant de cela, il avait chargé des équipes de surveiller les agissements ou d’explorer l’Archipel en arrière-plan, tandis que les plus importantes des missions consisteraient à remplir les missions de la Coalition afin d’honorer leurs engagements, ou encore la mission à Yuki dont il attendait patiemment le retour.
Alors que la grande guerre avec l’Homme au Chapeau approchait, il sentait que le poids sur ses épaules s’alourdissait et qu’il devrait tôt ou tard être confronté à un choix de taille. Il repensait à l’histoire de la Brume dont il avait été l’acteur ces dernières années, pour devenir peu à peu un observateur, gardant un oeil attentif sur des Kirijins sur lesquels il pouvait compter. Après tout, diriger un village impliquait également de savoir s’entourer d’éléments solides pour le conseiller et de faire avancer Kiri sur la bonne voie. Il était le facilitateur, le chef d’orchestre permettant à la machine d’être en perpétuel mouvement, et pour cela il était essentiel qu’il soit disponible quand la situation s’impose et qu’il encourage les initiatives de tout un chacun, tant qu’ils servaient les intérêts de la Brume.
Quelqu’un frappa finalement à la porte alors que son attention était centrée sur la lecture d’une lettre qui lui était parvenue et faisant état d’une requête de la part d’un village souhaitant recevoir les services des shinobis en éliminant des bandits. Il déposa le papier et indiqua à la personne d’entrer même si celle-ci n’avait pas réservé de créneau horaire, il lui arrivait quelquefois d’accepter des visites impromptues si son emploi du temps lui permettait, et surtout si le motif était de grande importance, et pas pour lui demander de régler une dispute de voisinage. Il s’agissait de l’ascète aux cheveux blonds, celui surnommé le Gardien Sylvestre et qui avait montré un réel engagement ces derniers temps au sein de la Kenpei mais aussi dans les missions données par la Coalition. Plus récemment, il avait rempli son rôle au sein de l’escouade de scellement qui sans lui n’auraient jamais pu apprendre le kinjutsu.
— De quoi souhaitez-vous parler, Aditya?
Il l’invita à s’asseoir à la chaise face à lui afin qu’ils discutent de ce qui l’avait amené. A moins que le sujet ne leur prenne que quelques secondes à régler.
Face au geste de l'Ombre, l'ascèse déposa son regard sur le dos de la chaise sur laquelle il était invité à prendre place, comme hésitant un instant ; mais bien assez tôt, sa paume se déposa sur le bois qui composait l'objet avec la même prestance que l'ordinaire, et siégea face au Cavalier de Feu, relevant ses yeux d'éther dans les reflets métalliques de son masque.
« Comme vous devez le savoir, une partie de mon temps a été accordé à ériger des prototypes de prothèses au cours de l'année passée. Une chose qui, aujourd'hui, s'avère finale ; l'aide du professeur Gurashi nous a permis d'être en mesure d'offrir des membres de remplacements non seulement aux civils, mais aussi aux shinobis. L'une d'entre nous, Arukisa, porte d'ores et déjà la sienne en remplacement de sa cheville perdue contre le Shodaime. Bien sûr, elle est toujours observée de près pour guetter toute irrégularité. »
Sa voix s'élevait sur le ton d'un égal envers l'homme qui lui faisait face, et pourtant, bordée d'un respect que nul ne pourrait détourner de ses paroles ; mais tandis que ses mots se succédait, sa paume avait tâché de remonter avec attention la seule manche de son sari, afin que ses doigts ne tracent les détours d'un sceau imposé sur sa chair. Un instant plus tard, l'un des prototypes de bois trônait entre sa paume, reflétant les traits d'un bras mécanique. Il le déposa sur la face du bureau en jetant un coup d'œil au garde présent dans le bureau, lui offrant, par ce geste, l'autorisation de fouiller l'objet s'il le désirait – bien qu'Aditya n'éprouve aucun désir néfaste envers le gardien de l'Eau, il ne se formaliserait pas de tels soupçons d'usage.
Sa paume se pressa dans l'un des pans de son sari, dépossédant du tissu une enveloppe cachetée de cire, qu'il glissa auprès de l'Ombre au même titre que le prototype.
Son regard croisa à nouveau les reflets de son masque, tandis qu'il reprenait la parole.
« Il n'est étranger à personne que la Brume, à l'image des autres villages cachés, est en défaveur d'une véritable unité médicale. Si les Nuages sont un exemple sur ce plan, nous en manquons cruellement. Au cours de mes devoirs envers l'hôpital, il m'est clairement apparut que nous manquions tant d'hommes que de personnes enseignées aux arts de l'Iroujutsu. D'autant plus que cette formation est, non seulement longue, mais extrêmement difficile. », il avisa la lettre, d'un geste du menton. « C'est pour cela qu'il m'est apparu nécessaire d'en ériger une, tant pour venir en aide à l'hôpital que l'Eau elle-même. Vous trouverez à l'intérieur de ce bulletin les écrits que j'ai dédié à son fonctionnement, à son réglement, ainsi que les dossiers récupérés auprès de la Kenpei de ses recrues originelles. »
fonctionnement de l'unité spéciale :
fonctionnement de l'unité spéciale : l'han'en, l'hémicycle à l'intention de nobuatsu saji
L'unité est ouvertes aux shinobi adeptes des arts médicaux ou des poisons dans toutes leurs formes, ainsi qu'aux membres du clan Kaguya et du clan Shimazu ; et de par sa nature d'institution, elle est à même d'aider et d'aiguiller quiconque se destine à apprendre ces arts.
Chaque dirigeant de l'unité est appelé 医者 Isha, rappelant le titre de médecin ou de docteur. Il est secondé par un 二重底 Nijūzoko (litt. double-fond, faux-fond), un homme de confiance du Mizukage dont le poste devra toujours être pourvu pour assurer l'équilibre entre l'indépendance de l'unité et son rattachement à la Brume. Il sera également chargé de diriger des enquêtes internes exceptionnelles sur l'unité ou son chef si cela est nécessaire.
Contrairement à ses pairs, l'Han'en est moins codifiée, rustre ou rigide que les deux autres, ainsi que plus transparente que le Kyoi. En outre, elle est ordonnée de façon à pouvoir travailler en étroite communication avec l’Hôpital, le Complexe Shinobi et ces trois institutions, tout en étant tout à fait autonome. C'est une unité indépendante, sur laquelle aucune des instances ne peut avoir d'influence sur elle où ses règles.
Néanmoins, elle ne demeure pas exemptée de ses devoirs. Aussi, lorsqu'il le juge nécessaire, le Mizukage en poste peut commander une enquête interne menée par le Nijūzoko. Le chef de l’unité, l’Isha, n’a aucun droit de regard sur le choix de cette personne. Si la véritable « influence extérieure » revient en réalité à un membre de l’unité qui partagera par la suite les informations rassemblées, un tel processus ne peut arriver que sous demande de l'Ombre.
De plus, le Mizukage a également le devoir de co-nommer le futur dirigeant de l’unité en accord avec son prédécesseur si celui-ci abandonne ses fonctions ; s’il devait mourir avant cette décision, l’actuel Isha devra toujours laisser à l’intention de l’Ombre le nom de son successeur, et à moins que le Nijūzoko ne partage les convictions de ce remplaçant, celui-ci devra lui aussi être remplacé par quelqu'un ayant des ambitions contraires, afin de toujours maintenir l'équilibre au sein de l'unité.
L'Ombre peut également directement condamner les anciens membres de l’unité en ayant été renvoyé pour mauvais comportement ou rupture des closes principales de l’Han’en (ex : profanation de corps), puisqu'ils redeviennent à cet instant sous son ordre direct.
Au niveau de la hiérarchie, les membres rejoignant l'unité sont considérés d'office comme étant en formation ; ils sont appelés 新芽 Shinme (litt. jeune pousse, bourgeon) et peuvent choisir parmi deux spécialisations définitives ayant un rang et une reconnaissance égale.
D'un côté, la voie du champ de bataille débouchant sur le certificat de 軍医 Gun'i (litt. médecin militaire), des médecins autorisés à se battre, à meurtrir et tuer et embrassant pleinement le caractère offensif de leurs aptitudes. De l'autre, les 愛玩 Aigan (litt. fait de chérir, prendre soin de) préférant la nature plus pacifique de leurs pouvoirs et à la curiosité sans limite ; ils représentent la majorité des chercheurs et des soigneurs d'exception que compte l'unité.
Rarement, les ninjas s'étant spécialisés peuvent être promus au rang de 追従者 Tsuijuusha (litt. disciple, adepte, partisan) qui représentent les chefs de formation de l'unité chargés d'acter ou d'invalider le choix de voie d'un apprenti. Ce sont vers eux que ces derniers devront se tourner une fois décidés, voir vers l'Isha dans des cas spécifiques.
En outre, les objectifs de l'Han'en sont simples : améliorer les conditions de vie de chacun, conclure à des avancées de la médecine ninja et de la recherche scientifique ainsi qu'entraîner et former les ninjas médecins pour venir en aide à l'hôpital. L'unité comprend également une serre pouvant servir aux adeptes du Rentanjutsu, dont le but premier est de confectionner des onguents pour soutenir les stock de l'hôpital.
annexe — règlement de l'unité:
règlement de l'unité spéciale à l'intention de nobuatsu saji
Première clause (第一項, Daiikkô) – L’Han’en sera transparence, équité et indépendance, car aucune vie ne détient plus de valeur qu’une autre, et d’aucun droit nous ne pouvons la prendre à autrui, à moins qu'une situation d'urgence l'oblige.
Seconde clause (第二項, Dainikô) – Aucun enseignement prodigué au sein de l’Han’en ne devra être utilisé pour blesser ses membres intentionnellement, car le respect et l’humilité prévalent sur l'orgueil et l'ego.
Troisième clause (第三項, Daisankô) – Tandis que les ninjas médecins ayant choisi la voie du champ de bataille manient leur chakra pour meurtrir et combattre, ceux préférant la vie trônent en maître de recherches et de soins ; et d'aucun de ces deux camps ne peut enfreindre la première clause impunément.
Quatrième clause (第四項, Daiyonkô) – Seuls les ninjas médecins ayant acquis le rang de Nijūzoko ou d’Isha sont autorisés à transgresser les trois premières règles.
二重底または医者のランクを取得したドクター忍者のみが最初の3つのルールを破ることができます。
annexe — dossiers retenus (pnj):
紫水メンマ, Shimizu Menma, litt. eau transparente / pousse de bambou
Rang : A Grade : Aucun, prisonnier diplomatique provenant de Kaze Rôle : Tsuijūsha, aucune formation (ou jugée mixte) Capacités spéciales : Rentanjutsu, Meikyû (renouveau S, nécrose B, absorption C) Interventions :#839097, lien 1
Origine : Mizujin d'origine, Shimizu Menma était autrefois un chercheur fasciné par les arts mystiques des Ancêtres possédés par le clan Meikyû. Devenu profondément obsédé par l'existence des sceaux ancestraux, il se rendit au cœur du Vent en l'an 201 et parvint à extirper par la torture le secret de leur obtention à des membres du clan, jusqu'à passer un pacte avec les Ancêtres du Renouveau, de la Putréfaction et de l'Absorption afin d'obtenir leurs pouvoirs. Ses actions ayant été signalées et remarquées par les autorités des deux nations, il profita de la libération du Dieu du Désert pour fuir du pays sans être inquiété.
Il demeura en fuite pendant une année entière, recouvrant son corps et les tatouages des Ancêtres volés de bandages pour ne pas se faire remarquer avant d'être capturé par les autorités de la Brume. Aujourd'hui, sa peine demeure la même ; l'isolement à vie, à la différence qu'une partie de ses talents sera utilisée pour enseigner aux aspirants de l'unité depuis l'été 204. Il est ainsi condamné à ne jamais quitter les quartiers du temple.
Rang : S, atout marionnettes vivantes Grade : ex-Jônin, ancienne cheffe de la morgue de l'hôpital (printemps 204) Rôle : Nijūzoko, formation Aigan Capacités spéciales : Marionnettiste, Nécromancie Interventions : #938673, lien 1
Origine : Seiibutsu Homare est l'une des pierres angulaires du village de Kiri, et ce, bien avant que celui-ci ne soit créé au lendemain de la guerre civile où les clans majeurs se sont unis pour la paix en 198. Membre des médecins de l'époque aux côtés d'Osamu, elle était alors considérée comme la plus expérimentée et celle vers qui tous se tournaient pour organiser les blessés, suivant un code strict : celui nommé Iseki, ayant servi de fondations à l'unité et prônant la vie sur la mort. Elle a notamment participé à l'établissement de l'hôpital avant de le laisser entre les mains du clan Kaguya.
Elle fut la dirigeante de la morgue du bâtiment depuis la création du village au printemps 204, où ses talents mêlés pour la nécromancie et les arts marionnettistes pouvaient trouver leurs lettres de noblesse. À la création de l'unité, elle accepte le grade de Nijūzoko en se portant garante de la volonté de l'Ombre au sein de l'Han'en. D'un âge avancé, peu de choses sont connues à son sujet, hormis sa loyauté implacable à la Brume, sa droiture et sa sévérité exemplaire. On la dit par ailleurs Kazejine de naissance, sans jamais que cette rumeur ait été un jour confirmée.
治, Osamu, litt. qui reste fidèle à une loi
Rang : S, atout manipulation du sang d'autrui Grade : Irounin sans grade shinobi Rôle : Tsuijūsha, formation Gun'i Capacités spéciales : Shimazu, Iroujutsu Interventions : #8a0707, lien 1
Origine : En tant qu'Irounin de la Brume, Osamu a dédié sa vie à pallier aux blessures d'autrui à guérir les maladies en son pouvoir. Membre de la branche noble du clan Shimazu, elle est demeurée éloignée des enseignements religieux d'Izanami en s'intéressant davantage à son histoire et à son impact sur la perception du monde de ses pairs. Née sur les berges d'un l'archipel à l'image du premier patriarche de son clan, elle fût néanmoins contrainte de suivre la voie du champ de bataille aux prémices de son âge adulte lorsque la guerre civile éclata il y a quelques années. Elle fut alors enseignée au code Iseki par Seiibutsu Homare, pour qui elle éprouve encore un profond respect.
Aujourd'hui arrivée au summum de son art, Osamu trône en véritable atout aux yeux de l'hôpital de Kiri grâce à ses aptitudes poussées à des fins médicales lui permettant de contrôler le sang d'autrui. Si elle a accepté de devenir l'une des chefs de formation de l'unité, elle demeure toujours partiellement en poste auprès des autres Irounin y travaillant encore.
伊達淳子, Date Junko, litt. enfant pure Rang : B Grade : Chûnin Rôle : Gun'i Capacités spéciales : Dokuton Interventions : #ca3700, lien 1
Origine : Date Junko est née à Asosan, où elle a passé son enfance comme gladiatrice dans les cercles de combat illégaux développés sur l’île jusqu'à l'âge adulte. Elle a réussi à se tirer de cette situation dans des circonstances demeurant encore mystérieuses aujourd'hui, pour rejoindre la Brume et s'engager dans ses ordres. Autrefois sous la tutelle d’Aditya dans l'équipe 4 de Kiri, elle a démontré des talents affinés pour le maniement du poison et autres venins lors de ses missions, ainsi qu’une intelligence froide et une efficacité redoutable qui ne la font pas rechigner à tuer lorsque c’est nécessaire.
Elle est promue Chûnin peu de temps avant la tenue de l’Examen international de la Brume. Depuis, elle se consacre à sa tâche de kunoïchi avec des résultats particulièrement notables, et a accepté de rejoindre l'unité pour faire part de ses talents mortels pour le combat et l'usage des toxines aux nouvelles recrues, en prônant l'expérience acquise sur le champ de bataille.
Un long silence s'imposa par le désir de l'ascèse, dont l'attention muette s'échouait sur les gestes et la lecture que l'Ombre pouvait dédier aux documents qu'il lui avait fait parvenir, sans jamais interrompre l'ombre de ce mutisme renouvelé ; au contraire, Aditya trouvait en cela une habitude rassurante, n'ayant jamais été un homme fait de mots inutiles.
Lorsqu'il lui apparut que le Cavalier de Feu s'était repu de lecture et d'observation, le blond laissa sa voix s'élever de nouveau, sans pour autant rompre l'atmosphère de calme qui s'était imposée en ces lieux.
« Je pense que vous savez, Nanadaime, que je n'ai jamais été quelqu'un à accorder mon soutient à quelconque nation, à quelconque cause, sous simple fondement que mon devoir ou que son rang l'imposait – mais davantage à des hommes et des femmes étant, outre des exemples pour tous, ceux qui le méritaient au-delà qu'il leur soit simplement acquis. Si j'ai suivi les pas de dame Watanabe lors du coup d'état, ce n'était nullement en tant que recrue de la Brume et l'obligation qui m'y incombait, mais envers sa personne et la grandeur qu'elle avait pu démontrer de son vivant. Tout comme aujourd'hui, je vois en vous quelqu'un qui ne se laisserait nullement dénaturer par l'ego, la vanité ou le désir de guerre. Tout comme l'était le Rokudaime. »
Un soupir fendit ses lèvres tandis qu'il murmurait ces paroles, conscient qu'aux oreilles de bien d'âmes, elles pouvaient prendre le sens d'une trahison, ou d'une loyauté dans son sens le plus pur ; non pas aveugle, mais fondée sur les principes forgeant une nation et leur respect. Plus que tout, il demeurait égal à lui-même. D'une franchise implacable.
« C'est pour cela que j'ai pour désir que cette unité suive le même ordre, non pas par prétention, mais par prévenance envers les moines du temple du lycoris qui ont accepté, malgré le gouffre s'étant créé entre eux et les ordres de l'Eau, d'accueillir en leur sanctuaire les quartiers de ce groupuscule. À mon sens, aucun enseignement ne peut trouver de véritable noblesse sans la liberté de pouvoir s'y adonner, et la liberté de se savoir observé sans jugement par quiconque. Car elle n'existera pas seulement envers vous, pas seulement envers la Brume, mais envers l'objectif qu'un jour, les blessures que nous considérons mortelles pourront être pansées, que les maladies par lesquelles les nôtres poussent leur dernier soupir trouveront un remède. »
Il marqua un temps d'arrêt, afin de jauger dans le regard du sabreur autrefois muet le fond de ses pensées à ce sujet.
« Nous sommes tous deux loin d'être éternels, cher Ombre. Nos existences ne sont que des battements d'ailes, éphémères, et lorsque nous ne serons plus en ces terres et nos aspirations d'équité remplacées par celles d'autrui, nous serons incapables de préparer le futur ou d'empêcher de nouveaux coups d'état d'intervenir, pour le meilleur ou pour le pire. Aucun de nous ne peut se tarer de pouvoir prévenir l'avenir, ou de le contrôler. Hormis, peut-être, ce Chapelier que tant semble haïr. », il glissa un regard à la missive qu'il supposait ouverte, et plus particulièrement, à l'encre qu'il reconnaissait comme étant celle détaillant son fonctionnement. « C'est pour cela que si un jour, la direction de la Brume devait tomber dans des mains voulant l'user comme une arme, cette unité ne les reconnaîtrait pas comme étant légitimes ou celles de son maître. Tout comme si d'aventure, l'un de mes successeurs devaient l'utiliser à mauvais escient, j'ai foi en l'homme que vous ou votre prochain nommerai pour l'empêcher de sombrer dans une décadence dangeureuse. Une loyauté aveugle et une dépendance ne sont pas le signe d'une entente saine à mon sens, au contraire. J'espère que cette unité et votre commandement pourront le prouver ; et sachez, que de cette façon, je n'éprouve aucun désir d'agir loin de vos yeux ou dans votre ombre où n'importe qui pourrait fomenter complot et ce que vous autres nommez trahison, en prétextant une indépendance du groupuscule. C'est là le rôle du Nijūzoko que de prévenir tout dérèglement, tant de ma part que de la vôtre. »
Il désigna l'un des dossiers des noms retenus, d'un signe du menton.
« Seiibutsu Homare pourra remplir ce rôle, en tant que première en titre, si vous l'acceptez. Son dévouement pour la Brume, allant jusqu'à l'aveuglement, tranche suffisamment avec ma perception du monde pour garantir l'équilibre dans la direction de l'Han'en. Sans compter qu'elle trône en porteuse de l'héritage du code Iseki, que l'Hémicycle tient à renouveler., il observa à nouveau l'Ombre, avant de poursuivre ; Avant de quitter son poste, Yamamoto Nâam a approuvé ma demande d'absorption de la branche de recherche de la Kenpei, afin de l'inclure à cette unité. Auquel cas cela devrait prendre lieu, je me désisterai de mon rôle de Major, évidemment. »
Un instant de flottement se succéda à ses paroles, face au mutisme renouvelé de celui qui fut autrefois incapable de prononcer l'ombre d'un mot ; et pourtant, Aditya ne lui en tint pas rigueur, appréciant le calme et l'ambiance d'égalité qui régnait dans cette pièce. Ainsi, sous un dernier murmure, il ajouta une seule chose ;
« Pour ce que cela vaut, j'ai d'ores et déjà retenus quelques noms parmi les recrues de la Brume, si vous veniez à accorder votre aval à cette entreprise. », glissa-t-il simplement.
Car désormais, l'Han'en trônait entre les mains d'une Ombre de l'Eau, pour la première et dernière fois.
Le Gardien sylvestre habillé de son traditionnel sari dégageait à la fois sérénité et sapience, pesant chacun de ses mots adressés à son interlocuteur avec le respect qui s’imposait, il commença son exposé avec une mission qui s’était déroulée avec succès et au cours de laquelle il avait reçu l’aide d’un certain professeur Gurashi, en vue d’entamer la conception de prothèses en bois. Cela permit notamment de remplacer la jambe perdu d’un de leurs ninjas et lui permettre de retrouver sa capacité à combattre. Il extrait justement l’un de ces prototypes de sa besace afin de le montrer à l’Ombre, qui put l’examiner dans les moindres détails avant de le reposer sur la table. Quant à l’enveloppe, celle-ci présentait plusieurs papiers qui décrivaient le projet du jounin de créer une unité médicale au sein de la Brume. Son constat était que la médecine ninja était encore peu développée ou du moins ne comportait guère de véritable chercheurs ni de médecins de guerres pouvant s’occuper des blessés. Bien qu’ils disposent d’un Hôpital, le personnel infirmier n’est guère habilité à remplir des missions à risque sur le terrain, et encore moins en plein combat.
L’un des documents concernait le fonctionnement de l’unité spéciale, décrivant l’organisation et la répartition des rôles au sein de celle-ci, le jounin avait pris soin de couvrir l’ensemble des secteurs relatifs à la médecine ninja en offrant deux voies de spécialisation aux recrues de l’unité. Une règle qui distinguait cette unité spéciale de ses deux homologues était son indépendance par rapport aux autres institutions, de manière à ce qu’elle soit libre d’exercer ses missions sans risquer d’être corrompue ou contrôlée à des fins douteuses par le chef de la Brume. Le règlement stipulait l’interdiction stricte des membres de l’unité d’utiliser l’art médical afin de tuer ou blesser, montrant à quel point la valeur fondamentale de l’unité est de préserver la vie humaine. Il déplia ensuite une liste sur laquelle étaient mentionnés divers noms qui lui étaient familiers et qui lui paraissaient cohérents avec la position qui leur avait été assignée. Il n’avait donc rien à redire sur les profils proposés.
Après qu’il finit de lire les documents qui lui avaient été remis par l’ascèse, il écouta la suite avec attention, un discours où il exprimait l’origine de ses motivations et de sa ferveur envers Kiri. Un état d’esprit qu’il avait en commun avec le Nobuatsu dans la mesure où lui aussi, nourrissait un véritable désir de servir le peuple alors qu’il ne partageait pas la même origine qu’eux. Nombreux étaient d’ailleurs les ninjas de leur village qui étaient nés aux quatre coins du Yuukan, cette unité n’était donc possible que grâce à une volonté commune de défendre les intérêts de la Brume. En tant que successeur de deux dirigeants qu’il considérait personnellement avec un grand respect, il était naturel pour lui de poursuivre leur œuvre en tâchant de renforcer l’unité de Kiri.
Anticipant la question avant qu’elle ne soit posée par le Mizukage, le jounin avait d’ores et déjà pris des initiatives quant à la localisation du quartier général de cette unité, en recevant l’autorisation de la part du Temple du Lycoris d’y installer leur bureau. Il ajouta ensuite le fond de sa pensée concernant la règle qui n’avait pas échappé à l’attention de son interlocuteur, une règle préventive qui permettait de préserver l’indépendance de l’unité en cas de coup d’état ou de corruption des hautes instances. De même, la présence du sous-chef ne répondant qu’au Mizukage permettait de contrebalancer cette indépendance si l’unité elle-même venait à dévier de ses principes.
— C’est un projet qui me semble adapté avec les besoins immédiats de la Brume, et qui plus est, suffisamment solide pour que je puisse donner mon accord. Une dernière chose cependant: ton nom n’apparaît pas dans la liste, je suppose que tu as préféré me laisser le choix plutôt que de paraître trop présomptueux, ce que je respecte. Accepterais-tu donc d’endosser le rôle de Ishin, mais surtout te sentirais-tu à la hauteur d'une telle tâche?
La mâchoire du blond se contracta avec légèreté lorsque l’écho des mots de l’Ombre lui parvinrent, en une conclusion qui était loin d’être surprenante si l’on considérait le contexte de cette rencontre, et l’implication de l’ascèse dans ce projet… aussi détaché eusse-t-il pu avoir été, dans l’espoir de renouer avec ses principes.
Pourtant, il lui était impossible de nier que lors d’une soirée menée par les moissons et dans la chaleur des bras de la gladiatrice, ces pensées ne s’étaient pas glissées dans son esprit, en lui murmurant à quel point il pourrait s’en montrer légitime. Peut-être même, attendu. Combien les échanges auprès d’Ōgai s’étaient efforcés de lui confier que diriger ne sous-entendait pas nécessairement déni, suffisance et domination. Que l'on pouvait être l'égal d'un homme et lui enseigner, loin de la seule crainte que l'ascèse portait envers cette idée. Plus que tout, il se refusait à se considérer comme supérieur à une autre âme de ce monde, en quelque façon que ce soit.
Accepterais-tu donc d’endosser le rôle d’Isha ? Ses paupières se plissèrent, tandis que son regard se détacha de la stature de son vis-à-vis, jusqu'à ce que, finalement, ses yeux ne se ferment tout à fait pour offrir ne serait-ce que quelques instants de réflexions à sa demande, qu'il savait porteuse du poids de tout un engagement.
Aditya était une âme empreinte de liberté, élevée dans la majestuosité des bois de la Forêt Millénaire et des vents affranchis qu’elle murmurait à chacun de ses enfants, lorsque leurs pas arpentaient ses détours sans crainte. Une âme curieuse, au détour des visages des hommes et de mondes gardés inconnus à leurs yeux. Mais depuis longtemps, le blond avait compris que s’engager dans une telle cité qu’était celle de la Brume était loin de ressembler à ces chaînes d’endoctrinement auxquelles il l’avait comparée à son arrivée, lorsque les fondations du Complexe Shinobi en étaient encore à leurs prémisses. Car l’Eau était là tout ce qu’elle avait toujours été ; bienveillante, gorgée de conflits des hommes, et garante d’une infinie bonté envers ceux qu’elle accueillait. Il n’y avait là ni liens, ni obligations, ni devoirs qui avaient forcé la main à l’héritier du bois au point qu’il doive courber l’échine de sa liberté face à elle ; parce qu’il ne s’agissait pas là d’une chose que quelconque société pouvait accaparer et lui retirer. C’était sa nature-même, que ce village s'était refusé à brider d'une quelconque façon.
Alors, peut-être se laisserait-il tenter par les reliefs chéris de ce brouillard, en lui faisant vœux d’un de ses principes fondamentaux ; celui de ne jamais impacter la course du monde de sa maigre existence. Peut-être, que pour quelques années, il guiderait humblement les esprits d’autrui, sans jamais chercher à leur imposer sa vision des choses, mais à les voir grandies dans la compagnie de leurs consœurs.
Ses yeux s’ouvrirent à nouveau sur l’ombre de ses genoux, les cils berçant ses paupières sans qu’ils ne dévoilent véritablement ses iris à son vis-à-vis ; comme si, pour quelques instants de plus, l’ascèse voulait bercer les réflexions de son esprit pour s’assurer de sa décision, et de son absence de regret.
Et lorsque son regard trouva à nouveau les reflets métalliques du masque du Nanadaime, ce ne fut pas en tant que Jonin de la Brume, ni en tant que Major de la Kenpei, ou en tant qu’Héros de Mizu. Ce n’était qu’Aditya, l’âme ayant grandit dans l’héritage du Bois, qui renouvellerait une seconde fois son engagement envers la Brume, en âme et conscience.
« Si vous me portez assez de confiance pour cela, alors… oui, Nanadaime. Je l’accepterai. »
Il délaissa un soupir, en reprenant plus confortablement place sur le siège.
« Dans ce cas, j'aimerai faire usage du temps qui nous reste jusqu'à ce que l'unité ne soit pleinement active au début de l'automne pour me rendre auprès d'Iwa ainsi que de Kumo, pour rencontrer celle que l'on nomme le Rubis de la Roche et l'Ombre de la Foudre, qui sont toutes deux des nations avec un développement médical avancé. Je n'ai aucun doute quant au fait que je pourrais apprendre grandement de leur part, si toutefois la Terre se montre bienveillante à ce sujet. Je ne sais comment se sont finalisés les pourparlers avec l'Intendante, mais la réticence qu'elle éprouvait envers l'Eau était on-ne-peut plus claire. L'Empire n'est pas à exclure ; quand bien même elle se montre comme une faction nouvelle, cela signifie également que nous n'avons aucune idée de l'étendue de leurs démarches. », il pressa son pouce au cœur de l'une de ses paumes, massant cette zone par habitude. « J'aimerai que Yasei Reikan m'accompagne également, ainsi que l'un de mes élèves, Yamanaka Tokage, si vous accédez à cette demande. Si je me dois d'être honnête, le Feu garde également en son sein les membres d'un clan auquel... je suppose avoir quelques liens de parenté. Faire d'une pierre deux coups avec sa présence me semble être une juste idée. L'affaire de quelques semaines, tout au plus. Nous serions de retour bien assez tôt pour le festival d'automne et les respects aux morts de nous devrons offrir envers eux cette année lors de cette évènement. », il avisa l'Ombre, une fois encore. « Nous ferions en sorte que la construction du quartier clanique des Yasei soit finalisé avant notre départ, évidemment. »
Posant la fatidique question au porteur du projet d’unité spéciale, l’Ombre de la Brume avisa la réaction de son interlocuteur avec un certain intérêt, celui-ci prit quelques instants pour réfléchir à cette proposition qu’il avait probablement déjà considéré, sachant qu’il n’était guère poli de se proposer soi-même à un poste aussi haut placé, quoique la position de Major de la Kenpei n’avait rien d’un grade d’initié, il y avait une différence majeure entre le rôle d’un officier et d’un chef d’unité: le niveau de responsabilité qui lui incombait, les choix à faire et la gestion des éléments qui composaient son unité. Récemment promu au poste de jounin grâce à ses accomplissements face au Dieu de l’Eau et à son engagement dans les missions qui lui avaient été confiées, ses ambitions ne s’arrêtaient pas à monter les échelons de l’unité policière mais d’apporter une véritable pierre à l’édifice kirijin.
Si la quête constante de puissance se résumait à de la vanité, la quête permanente du bien général de Kiri garantissait la pérennité de l’héritage par-delà les générations, le renforcement des capacités médicales de la Brume et le développement scientifique faisaient partie des enjeux qu’il leur fallait développer dans le futur. Comme le rappelait le disciple monastique, les villages rivaux tels qu’Iwa et Kumo disposaient d’ores et déjà d’une unité semblable et qui leur permettaient d’effectuer des soins approfondis, que ce soit dans un établissement ou sur le terrain. C’est pourquoi il proposa aussi de voyager dans ces pays afin d’en apprendre plus sur leurs recherches, échanger leur savoir avec certains individus clé qu’il aurait identifié au sommet de la Coalition, à savoir le Rubis de la Roche et l’Ombre de la Foudre. Des initiatives diplomatiques qui faisaient de ce jounin un élément moteur et dynamique sur lequel on pouvait compter.
La proposition de se déplacer à l’étranger afin de rencontrer et échanger avec ces autres cultures était une idée qu’on aurait considéré avant-gardiste fut un temps où Kiri était considéré comme un village isolé du reste du Yuukan, mais il était désormais d’un grand intérêt pour une grande puissance telle que celle de la Brume d’embrasser de nouvelles perspectives en commençant par accepter le progrès. Cela avait commencé par le Complexe Shinobi qui permettait à leurs jeunes aspirants de devenir de grands shinobis, et le Port Naragasa qui leur donnait accès à la mer et à des échanges commerciaux réguliers avec le reste de l’Archipel, jusqu’à devenir une véritable plaque tournante et le reflet de l’ascension des shinobis. Un phénomène reconnu par le dernier daimyô de l’Eau qui avait scellé la réconciliation entre Kiri et la Seigneurie lors de la fête de l’été.
Les idées du Nobuatsu s’accordaient dans leur globalité avec celles du Gardien Sylvestre, et il n’était donc guère difficile de deviner la réponse qui suivrait.
— Tu as ma permission. Il est possible que vous soyez rappelés en urgence si quelque chose venait à arriver à Kiri ou en fonction des plans de la Coalition. Dans tous les cas, soyez de retour avant la fête de l’automne.
D'un bref hochement de tête, Aditya répondit silencieusement à l'impératif prononcé par l'Ombre de l'Eau, qu'il devinait garant de bien plus d'importances que ses dires seuls pouvaient sous-entendre. Depuis quelques semaines, l'air semblait s'être chargé de prévenance, rempli d'attentes et de menaces sourdes laissées par le Nécromant et les revenants. Si les temps ayant succédé au second Cataclysme s'étaient voulus aveugles, presque amorphes à l'idée qu'ils puissent frapper à nouveau pour focaliser toute l'attention de la Brume sur les blessures à panser et les esprits à relever, se refusant à devoir faire face à un autre affront au lendemain d'une bataille, désormais, elle se devait de réaliser pleinement ce qui l'attendait. « La dernière guerre », ainsi certains l'appelait-elle, contre le Chapelier. Elle clôturerait tout, en amenant avec elle la fin du monde tel qu'ils le connaissaient, fait de chakra, ou en dévoilant à leurs yeux impie un futur où il deviendrait plus grand encore.
Pour ce qui était du Gardien Sylvestre, il n'y accordait que peu de crédit. Les affrontements entre les hommes ne prendraient fin qu'avec leur ego et leur suffisance qui leur était naturelle ; mais il était indéniable que bien des choses se tapissaient dans l'ombre de leur indolence, et que, bientôt, l'Eau devrait s'éveiller de son songe.
« C'est entendu. », glissa-t-il pour ajouter à son mouvement. Ses bras se délièrent légèrement, avant de redresser son échine du siège où il était demeuré jusqu'ici. « Je ne vous retiendrais pas plus longtemps de vos obligations, c'était-là tout ce que je souhaitais vous faire parvenir. Vous recevrez des comptes-rendus de nos faits et gestes par lettres, comme d'habitude. »
Son dos ploya le temps d’une poignée de seconde pour saluer le Cavalier de Feu, avant de précéder son départ d'une parole glissée à son encontre, traçant la fin de cette entrevue.
« Nanadaime. »
Et ainsi, sans un mot, ses talons se détournèrent de l'ombre de ce bureau, en tâchant de refermer avec attention la porte dans son sillage. Sa paume, quant à elle, demeura quelques instants sur les reflets de fer de la poignée, close dans un cliquetis équivoque ; et pourtant, le blond ne pouvait se résoudre à l'en défaire, l'esprit happé par ses pensées et les muscles de sa mâchoire légèrement contractés.
Finalement, ses doigts se délièrent de ses détours, tandis qu'avec délicatesse, il pressait l'arrière de son crâne contre ses lignes boisées, les yeux clos. Le temps de quelques secondes, ses poumons s'emplirent d'un air nouveau, poussant un soupir au-delà de ses lèvres qui tâcha de délier ses maxillaires – et silencieusement, ses prunelles s'ouvrirent au monde, dardant leurs reflets éthérés sur les détours intérieurs du Palais.
Son corps finit par se détacher de la porte sur laquelle il se reposait, pour reprendre sa marche de plus tôt ; mais au fond de lui, Aditya embrassait pleinement le choix qu'il venait de formuler, en espérant qu'il n'apporte avec lui aucun remord à son âme.