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Tout est une question d'herbe [Aditya]

Okkoto
Okkoto

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Lun 5 Oct 2020 - 22:02

Le rouleau passa le premier par la fenêtre. Puis ce fut le tour du messager.

« Et revenez pas ! »

Diable ! La peste soit de ces hérauts ! S’il n’y avait que leur manie de réveiller les honnêtes gens aux aurores … Mais non ! Il fallait en plus qu’ils portent des mauvaises nouvelles ! Ah les coquins ! Ah les salauds ! Et en voilà un qui n’avait pas manqué de toupet, tiens ! « Gneugneu, voilà monsieur, mes respects gneugneu ... » Il aurait dû passer par la chatière, ça lui aurait fait les pieds !

Ils avaient finalement réussi leur coup. Des semaines qu’il évitait le pire, à contourner les obstacles, à bien cacher son jeu. Une place pépouze qu’il s’était faite dans les rangs de la Brume. Identité terrée quelque part au milieu d’une centaine d’autres, nom caché parmi toute la liste des traumatisés de guerre, qu’on oubliait gentiment dans un coin, tout juste pour en tirer un, de temps à autre, pour une ronde, une interpellation, histoire de lui dégourdir les réflexes. Mais il s’était planté, de toute évidence. On ne l’avait pas du tout oublié. Et on n’était pas du tout disposé à lui foutre la paix pour le restant de ses jours.

Car s’il y avait bien un nom de shinobi particulièrement zélé qui était connu à Kiri, c’était celui d’Aditya. Entre autres. Ils étaient toute une génération comme ça – de bien tristes bougres, si vous voulez son avis. Ils avaient des fourmis dans le slip ou quoi ? Et justement, on avait trouvé le moyen de le refourguer à l’équipe de l’autre illuminé, là ! Lui, Yamanaka Tokage ! Un bras cassé s’il en est ! Une plaie ! LA plaie !

« Ils peuvent bien aller se faire voir là où j’pense, j’me le carre au cul leur ordre de mission ... »

Ah oui, parce que l’assignation à équipe n’était pas la seule bonne nouvelle du jour. En plus, on l’envoyait en mission. La pire chose au monde, en fait. Sa dernière mission, elle remontait à … À …

 « Foutredieu ... »

Il se calmait, un peu. Il n’y avait plus grand-chose à fracasser dans son appartement, de toute façon. Il se laissa tomber sur son lit, se prit la tête entre les mains.

 « Ah putain de bordel de chiottes ... »

Il était pieds et poings liés. Impossible de faire marche arrière. Et impossible d’aller traficoter les souvenirs d’un inspecter un peu trop fouineur, cette fois. Quelle injustice ! Alors il n’avait même pas son mot à dire ? Il devait juste obéir, comme un gentil petit soldat ? Mais depuis quand était-il un gentil petit soldat, exactement, hein ?

Son regard se posa sur son bandeau de shinobi, frappé aux armes de Kiri. Oui, bon. Question débile.

Il se releva, résigné, et commença à se préparer.

« Par contre, la bonne volonté, ils se la garent où j’pense ... »

Tiens, s’il pouvait leur pourrir la vie, il allait pas se gêner non plus. Si ça pouvait lui permettre de retourner à sa vie de loir, il allait pas cracher dans la soupe. Enfin si, justement. Mais pas dans la sienne, dans celle du voisin. Un bon gros molard des familles et on en parlerait plus.

Il enfila son bandeau en brassard, par-dessus celui qui ne le quittait jamais. Il y avait comme un air de renouveau dans ce seul mouvement. Il eut un frisson. Un courant d’air, sans doute. C’était bien malin d’avoir fait passer un messager à travers les carreaux, en même temps. Nounouille.

Le rendez-vous était au port. C’était tout ce qu’il avait retenu. Il n’avait même pas un début de commencement d’idée de ce en quoi allait consister la mission, et il aurait pas pu s’en foutre plus. Sa mission à lui, ça serait d’abord de jauger à qui il avait affaire. Déterminer ce qui pourrait être le plus irritant. Et quand il aurait trouvé la faille, il y enfoncerait gentiment son couteau, et tournerait dans tous les sens jusqu’à ce que les choses cèdent en sa faveur. Et bim. C’était comme ça qu’on faisait pour pas avoir d’emmerdes. On en devenait une. Et au jeu de qui est la plus grosse emmerde, il se plaçait en tête de liste.

« Euh … Tu pars ? »

Tiens, il était toujours là lui ?

 « Ouais. Tu ferais mieux de te tirer aussi. J’sais pas où sont tes fringues, fouille un peu partout. »

Et il quitta l’appartement.

En plus il faisait beau. Un temps parfait pour flâner. De quoi l’agacer encore plus. Bah, il pouvait bien s’arrêter à ce petit étal. Il avait pas déjeuné, après tout. Allez, donnez-lui donc ces brochettes, là. Merci bien. Et puis il les dégusterait bieeeeeeeen comme il faut, en marchant tranquillou, mains dans les poches (enfin, une main dans la poche, fallait bien manger de l’autre). Et finalement, il arriverait au port tout aussi tranquillement, la bouche en coeur, et sans se soucier du tout d’avoir pu retarder une mission qui n’avait même pas encore commencé. Et si les autres attendaient, tant pis pour eux. C’était même tout le mal qu’il leur souhaitait, tiens. Cheh.

Il était pas venu pour se faire des amis. Non mais sans blague.

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Aditya
Aditya

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Mar 6 Oct 2020 - 19:31
Tout est une question d'herbe

ft. Yamanaka Tokage


Été 204, Port Naragasa, village de Kiri.

Dans le creux de son regard se déversait toutes les couleurs de l'aurore, éveillée par les soins d'une étoile solaire avide de chaleur. Bercé par les doux murmures du vent, une silhouette se laisser aller aux mélodies glissées à son oreille, aux berges d'une écume calme, presque sempiternelle au départ de la nuit. Bien des pensées s'étaient absoutes dans son esprit, voguant, tantôt, sur ces recherches près d'aboutir, sur le visage de sa tendre amie, ou celui de cette sabreuse devenue son élève, il y a plusieurs mois de cela ; mais lorsque les iris de l'ascèse s'ouvrirent à nouveau au monde, bordé de cet éther forgé, d'aucune ne parvint à se retranscrire aux lueurs de la réalité. Un soupir s'échappa de ses lèvres refermées sous le joug du silence, gage du poids du soir, désormais évanouit.

L'une de ses paumes se redressa le long des plis de ses vêtements, où son intemporel sari s'était substitué à cette sorte d'uniforme hybride, plus apte à prévenir le froid des Neiges, dont la présence en ces terres ne sauraient tarder. Ses doigts se refermèrent sur une enveloppe, hissée d'un cachet scellé en son centre. Seul un nom trônait sur sa face, dévoilée une fois encore à son attention d'un mouvement du poignet. Une nouvelle fois, il s'était refusé à l'ouvrir, comme chacune de l'on lui faisait parvenir, à l'orée de l'arrivée d'un nouvel être au sein de cette équipe. Un Yamanaka, ayant hérité des mêmes arcanes que tant d'autres qu'il avait pu croiser dans sa vie, et dont les nouvelles se tarissaient toujours. Il ne saurait réellement quoi lui inculquer, quoi lui apprendre.

Alors, l'objet retrouva sa place, pressé entre les plis du tissu. Ses paumes vinrent se joindre aux détour des mèches d'or parant son visage, que le vent emportait aux mirages de l'aurore ; et par un geste emplit d'habitude, il tâcha de nouer ces brins par un fin cordage au creux de son dos, afin d'en chasser la caresse imposée par l'alizée.

Ce ne fut, finalement, que lorsque l'écho de pas attestant d'une autre présence que l'héritier du bois glissa l'onde de son regard par-dessus son épaule, au-delà, même, du linceul brumeux qui avait revêtit ce port comme lieu de choix. Et tandis que ses pas mimèrent les gestes de son attention, en poussant son corps à se révéler à moitié à l'individu, il en fut de même, pour cet inconnu sur lequel s'échoua le regard de l'éphèbe. Un instant, court, où l'éclat mauve de ses cheveux trahissait tout autant de questions que les deux bandeaux frappés à son bras, gage d'une relique dont il ignorait la nature, ou le sacrifice.

Et lorsque sa voix s'éleva en sa direction, elle fut égale à elle-même ; bercée par le calme et l'indifférence de soi, d'un être dénué d'égoïsme.

« Tu dois être Tokage. »

Son regard vint se loger au creux des iris ambrées de son vis-à-vis, comme pour sonder son attitude, ou son être, le temps d'un instant ; et sans un mot de plus, ses pas le guidèrent à l'orée du bateau laissé à leur disposition, où un marin patientait, bercé par la fatigue.

« Nous n'allons pas tarder à embarquer. »

D'un geste bienveillant accordé au marin, il lui fit savoir que tous deux étaient prêt au départ, en laissant tout le loisir à son nouvel élève d'agir comme il lui semblait.


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Dernière édition par Aditya le Mar 22 Déc 2020 - 21:57, édité 1 fois
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Okkoto
Okkoto

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Ven 9 Oct 2020 - 15:35

« Bien vu Sherlock ... »

Ca, il le garda pour lui. Mais il admirait déjà les talents de déduction de celui qui – il ne le regretterait jamais assez – était devenu son … chef ? Mentor ? Sensei ? Une flopée de synonymes sans intérêt. Ils décrivaient une même réalité, qui l’emmerdait déjà assez comme ça sans qu’on ait en plus eu besoin d’inventer une tripotée de mots pour la peindre de toutes les couleurs.

Il ne dit rien, donc. Muet, le maintien altier et le regard superbement hautain, il monta à bord du bateau qui devait leur servir de taxi des mers avec la démarche d’un prince. Puis il trébucha, se cassa la gueule et se mangea au passage la balustrade dans le menton. Mais c’était sans importance, car il se relevait déjà d’un bond, l’air toujours fier comme un poux. Même le filet de sang qui coulait de son nez n’avait pu entamer son attitude. C’était dire à quel point l’homme était déterminé à mener la vie dure à Blondie.

Ils levèrent l’ancre. La mer était belle. Le marin était pas mal non plus. Tout le tralala.

Et c’était bien joli tout ça, mais il n’avait toujours aucune foutre idée d’où ils allaient. Une des îles de l’archipel, à coup sûr. Mais laquelle ? Bystère et moule de gomme. Sans doute un meilleur géographe aurait pu le déduire de la direction que prenait leur embarcation. Mais, voyez-vous, Tokage était pour ainsi dire autant intéressé par la topographie de Mizu que par la culture des petits pois dans les villages troglodytes de Tsuchi (c’est-à-dire pas énormément). Ils auraient tout aussi bien pu aller à la découverte d’un nouveau continent qu’il ne s’en serait même pas aperçu, le bougre.

Alors, comment obtenir la précieuse information ? Certainement pas en la demandant à Barbie. Il se tenait à distance, autant que possible. Restait le marin.

Il tenait fièrement la barre, les yeux plissés et rivés sur l’horizon. Nul doute que cette peau, mille fois tannée par les rayons d’un soleil plus cruel en mer que sur terre, ne sentait même plus les embruns, qui pourtant la fouettaient sans merci, la couvraient de leur sel et faisaient reluire chacun de ses pores. Cet homme-là avait la carrure de ceux qui choisissent l’océan et les bateaux, plutôt que le continent et les maisons. Oh, il avait dû en hisser des voiles ! Et en bercer, des focs (bonne nuit). Mais, s’il avait réussi à dompter les vagues les plus féroces, il n’était pas prêt pour celle qui venait droit sur lui.

« Dites-moi mon brave, vous êtes sûr de la route que vous prenez ? »

Et hop, ni vu ni connu, vas-y que je te tâte le biceps l’air de rien. Damn, il savait ce qu’il faisait l’animal.

 « Pardi que j’suis sûr. C’est même la meilleure route que j’vous fais emprunter. Z’êtes en première classe avec moi ! »

Ca, il aurait pas pu mieux dire.

« Par contre j’espère que vous vous attarderez pas là-bas, j’aimerais autant pas y traîner trop longtemps.

-Ah ? »

Une chère âme à retrouver au port ? Une famille, des marmots bruyants et inutiles ? Une mégère au foyer ? Une myriade de rêves d’avenir qui s’effondraient, d’un coup d’un seul.

 « Vous savez bien … C’est dangereux … Z’avez un sacré courage d’aller fourrer le nez là-d’dans. »

Oui, du courage. Ou une menace au cul. Au choix.

 « Oh, pas autant que vous pour braver les éléments tous les jours … Vous devez en voir des vertes et des pas mûres au quotidien. Vous savez, j’admire les hommes de votre trempe … Peur de rien, même pas d’emmener des shinobis sur une île un peu dangereuse … »

Il allait le cracher le morceau, oui ? L’était pas très coopératif, Popeye. Et d’ailleurs, voilà qu’il se mettait à rigoler. A croire qu’il était un peu benêt.

 « Un peu dangereuse ? Je s’rais étonné de vous voir ressortir de là en un seul morceau ! C’est sur Ue que vous allez mon gars, pas au parc ! »

Ah. Tout s’éclairait. Tokage renchérit de son rire par-dessus celui du matelot, pour donner le change et pas avoir l’air trop con. Mais il sentait quand même une p’tite goutte de sueur glisser le long de son dos. Eh ben. Il avait toujours pas la moindre idée de pourquoi on les envoyait là-bas, mais si on lui avait laissé le choix de la destination, il était à peu près certain qu’il aurait choisi une autre île.

Parce que bon, pour la bronzette, Ue c’était pas l’idéal.

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Aditya
Aditya

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Sam 10 Oct 2020 - 1:29
L’ascèse laisse un sourire discret fleurir sur ses lèvres lorsqu’il perçut la chute pour le moins imprévue de son élève, dont la grâce tant recherchée s’était muée en un fervent comique. Son amusement n’en fut que d’autant plus renouvelé à l’instant où l’écho des paroles échangées du marin et de l’individu lui parvinrent, teintées de cette incertitude dissimulée au creux d’un rire. D’un dernier regard adressé à cette silhouette nouvelle, Aditya adressa un mot de remerciement au batelier, et laissa le flot de l’écumer guider leur chemin jusqu’aux berges d’Ue.

Il nota, cependant, l’attention avec laquelle ce nouveau venu s’efforçait de ne pas le lui en offrir, et à se détourner de tout dialogue. Il n’évoquerait pas le sujet.

Tout du moins, pas tout de suite.


[…]


La paume de l’héritier du bois vint longer les détours sylvestres des balustrades forgeant le navire, et à l’orée de leur accostage, sa prise se raffermit, afin de guider sa silhouette le long du pont de fortune leur étant dédié. D’un coup d’œil glissé par-dessus son épaule, il tâcha de ne pas quitter le nouveau membre de cette équipe des yeux, et prononça quelques mots à l’attention du marin ; Nous ne serons pas long, la demi-journée, tout au plus. Et ainsi, il tâcha de guider la marche, une nouvelle fois. Ses poumons vinrent s’emplir de l’air forestier de cette faune sauvage, qu’il avait appris tant à craindre qu’à apprécier ; car si au plus profond de ces lignages et racines pouvait se trouver un trépas mortel, il y gisait, également, des plantes dont les vertus possédait tant de valeur que leur rareté.

Aditya glissa ses doigts dans l’un des replis de son vêtement, pour en sortir un feuillet replié, différent de celui qu’il avait examiné plus tôt ; peint par des esquisses, il désignait sans aucun doute l’objet de leur présence, illustré, pour rendre la chose plus aisée à son comparse.

Il le lui tendit, une fois venu auprès de lui. Le blond profita de l’occasion pour s’adresser au jeune homme, en laissant sa voix guider l’échange. Loin des réprimandes ou d’une quelconque dureté, elle demeurait claire, limpide ; à l’image des faits qu’elle avançait.

« Je ne compte pas te tenir par la main pour divers enseignements ou mission. On m’a informé que tu avais autrefois été promu Chûnin avant d’être rétrogradé ; aussi, j’estime que tu es déjà habitué à ce genre de choses. », déclara-t-il. « Néanmoins, j’avoue être surpris par ton refus d’échanger, ou ton absence de curiosité. Cela ne semble pas être dû à la timidité, à en juger tes paroles au marin. »

Un certain calme émanait de l’ascèse lorsqu’il prononça ces mots, comme s’il ne faisait qu’évoquer le fond de sa pensée de la plus pure des façons, comme si cela avait été – à raison – une habitude affinée au court de sa vie.

« Comme il te l’a dit, nous sommes sur Ue, l’île de cet archipel dont la faune et la flore sont les plus sauvages. À moins que tu ne connaisse ces bois mieux que quiconque, ne quitte pas les sentiers seul. Ta vie pourrait être en danger. », il pointa le feuillet qu’il lui avait tendu plus tôt, et plus particulièrement, les schémas de plantes y trônant. « Mais bien que la plupart soient mortelles, certaines pousses peuvent avoir des effets curatifs dont l’hôpital pourrait avoir grandement besoin, davantage si le chakra venait à disparaître de ce monde. Notre objectif est donc de récolter la plupart d'entre elle et leurs racines avant l'arrivée de l'hiver, pour les faire proliférer en intérieur, sans pour autant dénaturer leur population sur cette île. Un seul exemplaire de chaque espèce suffira pour que mon chakra en fasse naître bien d'autres. », glissa-t-il en traçant la marche à suivre jusqu'à la première porte cardinale.

Bien assez tôt, les détours d'un torii frappé d'un seul kanji s'offrirent à eux, signe que l'un des six points d'entrée sur cette jungle venait de leur apparaître. Tandis que son regard se perdait dans les dédales des arbres et des lianes enchevêtrées dans le territoire de leurs confrères, Aditya se questionna un instant sur la manière dont il devait aborder cette entrevue. Si avec la rougeoyante, leur lien s'était tissé avec d'autant plus d'embuches que n'en imposaient son caractère, celui qu'il détenait avec la Mawehara avait été presque instantané ; une entente simple, de confiance. Quant à l'assimilateur de lave, qu'il n'avait supervisé que quelques semaines avant de le remettre aux enseignements d'Ōgai pour qu'il puisse parvenir à maîtriser les dons qu'offraient l'Iroujutsu, il avait démontré sa propre façon vision du monde, forgée par le désir de tuer son amant.

Mais pour cet héritier des arcanes de l'esprit, cela semblait n'être autre qu'un doux mélange de cette conflictualité qui existait un jour entre lui et la gladiatrice, et de la convenance d'Hotaru. Un soupir s'échappa de ses lèvres, avec discrétion. Il ne savait réellement lequel du silence ou de l'échange broderaient ce lien de lettres d'or ou de celles de l'échec.

Et bien que son âme révèle d'autant plus d'affection pour les voix de la nature au profit de celles des hommes, Aditya laissa la sienne porter de dernières paroles, avant de se murer dans ce silence sylvestre qu'il appréciait tant.

« Y a-t-il un quelconque sujet que tu voudrais évoquer avec moi ? Bien qu'il me revienne de t'accompagner jusqu'à une nouvelle promotion, je serai incapable de le faire si je n'en ai pas connaissance. », glissa-t-il en laissant son regard trouver le sien, le temps d'un instant.

Pour l'heure, il n'évoquerait ni ce bandeau doublé à son bras, ni la raison ayant poussé les instances de la Brume à le dérober de son grade, bien que le caractère étonnant de la chose pourrait en pousser plus d'un à s'abandonner à une curiosité malsaine. Le blond avait choisi une voie tout autre ; celle du respect qu'il devait, tant à son nouvel élève qu'à son passé dont il lui revenait tant de garder le secret que de le révéler.

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Okkoto
Okkoto

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Dim 11 Oct 2020 - 11:01

« Nan, ça va. »

Probablement pas la réponse qu’attendait Raiponce. Oh, Tokage voyait clair dans son jeu ! Pas besoin de faire appel à ses talents de Yamanaka pour comprendre où voulait en arriver … l’autre, là. La stratégie était grossière, et s’il espérait que le Tokard allait lui déballer sa vie comme s’ils étaient amis depuis des lustres … HA ! Il se fourrait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

Au moins il savait pourquoi on l’avait missionné. Il se souvenait d’une époque où Kiri chassait les brigands, pacifiait un archipel. Une époque où les soldats de la Brume combattaient un Dieu, tellement titanesque qu’il pouvait détruire le village d’un souffle. Une époque où Mizu n’était qu’un repaire de criminels, un bain de sang géant, une arène où les combats ne s’arrêtaient jamais, où chaque jour voyait naître son nouveau lot de meurtres, de viols, de massacres. Alors, les soldats du Mizukage arrivaient pour rétablir la paix et l’ordre. C’étaient des héros, mais avant tout de guerriers, féroces, capables de rivaliser avec les pires ordures. Et à présent, voilà qu’on employait ces guerriers à la force herculéenne pour ce qui ne pouvait être que le point culminant de leur carrière : aller cueillir des ch’tiotes fleu-fleurs dans la forêt.

S’il avait su.

« Bon, donc en gros on joue aux fleuristes aujourd’hui, quoi. Palpitant dis donc ... »

Avait-il vraiment envie d’agacer Aditya ? Evidemment. S’y prenait-il de la meilleure façon ? Peut être pas. Il tâtait toujours le terrain. Essayait de trouver un point sensible sur lequel il pourrait appuyer comme un forcené pour essayer de briser l’intégrité apparente de ce « Héros de Mizu ». A vrai dire, il n’aurait pas été fâché qu’il essaie de le tuer au milieu de la jungle. Ca lui aurait fait une bonne excuse pour demander son retrait de l’équipe. C’était dire à quel point il était déterminé à retrouver le train-train auquel il s’était habitué, loin de la farandole de responsabilités qui échoyaient à un soldat normalement constitué.

Tiens, ben en voilà déjà une, de fleur. Elle ressemblait trait pour trait à celle du dessin, jusqu’au bout des pétales. Tokage se pencha, prêt à la cueillir, et ses rhizomes avec, mais il arrêta son geste au dernier moment. Il avait trouvé le parfait moyen d’agacer Aditya.

« Ouuuuuuuuups … Ahlala, quel benêt fais-je alors ... »

Il avait délibérément cueilli la tête de la fleur, laissant sa tige et toute le reste gésir sur l’humus.

« Oh non … Elle est gâchée celle-là … Qu’est-ce que je suis maladroit alors ... »

Et il parlait du ton le plus agaçant possible. Agaçant parce qu’on pouvait clairement déceler l’hypocrisie derrière l’élégie apparente. Ce n’était pas à cause d’un manque de talents d’acteur. Il avait vraiment envie qu’Aditya sache qu’il avait volontairement mal cueilli la fleur. Redoutable de mesquinerie.

« Tant pis, j’essaierai d’être plus soigneux avec la prochaine … J’espère qu’elle n’est pas trop rare. »

Et vas-y que j’te retourne la plaie dans le couteau, et que j’te rajoute un peu de sel par-dessus.

Ils reprirent leur avancée. Se couronnant roi des emmerdeurs, Tokage coinça la fleur qu’il avait si maladroitement cueillie derrière son oreille. Il avait l’air d’une bien belle vahiné, tiens.

« Alors comme ça tu peux faire pousser des fleurs avec ton chakra ? C’est pratique ça comme pouvoir, dis donc. »

Etait-ce de l’ironie ou seulement de l'arrogance qui perçait à travers son ton ? En tout cas, la remarque se voulait évidemment insultante. Bien sûr, il n’allait pas surenchérir en disant quels étaient ses propres pouvoirs. Parce que, après tout, aux yeux des autorités – et donc, il l’imaginait, aux yeux d’Aditya – il ne possédait plus ses pouvoirs de Yamanaka. C’était un énorme mensonge – dont il n’était pas peu fier – mais qui devait mettre de son côté un argument de plus pour qu’on lui fiche la paix définitivement. C’était bien simple : il avait pour but ultime de passer pour la pire chiffe molle de toute l’armée de Kiri. Celle que, même payé, on ne voudrait pas emmener en mission avec soi. Un bien noble rêve.

Une autre fleur, à sa droite. Qu’Aditya n’avait pas remarquée. Il marchait les yeux fermés ou quoi ? Tokage sortit du sentier pour aller la cueillir – mal, à l’évidence. Il se pencha, détacha la tête.

 « Oh noooooon, encore ... »

Il avait du mal à retenir son sourire démoniaque. Il attendit une remarque. Une réprimande. Une quelconque marque de colère. Ne serait-ce qu’un signe de présence. Mais rien. Le silence. Ponctué seulement de grondements … de craquements … de sifflements …

 « A … Aditya ? »

C’est qu’elle faisait plutôt peur cette forêt, en fait … Il laissa tomber la fleur. Presque par réflexe, sa main se porta à son bras, où s’entrelaçaient ses deux bandeaux frappés aux armes du village. Il était seul ...

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Aditya
Aditya

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Mar 13 Oct 2020 - 13:29
L'ascèse déposa un regard sur la silhouette de Tokage, dont l'attitude s'affinait davantage au fil des minutes qui s'écoulaient entre eux. Ses yeux se plissèrent à l'entente de ses paroles dont il se doutait fondamentalement du but dissimulé derrière elles ; l'évidente envie de jouer sur ses nerfs, pour une raison qu'il ignorait encore.

Mais s'il était vrai que l'héritier du bois abhorrait les êtres se refusant à prendre conscience de leur responsabilité, ou aussi simplet que cet homme s'efforçait de paraître, il était tout autant véridique qu'il était doté d'un sang-froid sans pareil. D'autant plus lorsque l'on s'efforçait d'agir ainsi, consciemment.

« Elle n'était pas rare, non. Néanmoins, tu peux te féliciter d'avoir hypothétiquement mit en danger la vie d'un patient qui aurait eu besoin de cette plante pour survivre. Peut-être ne te montreras-tu pas aussi désuet en expliquant à ses proches et amants la raison pour laquelle il n'est plus parmi eux, dans un futur où tes actions auront de réelles conséquences. », glissa-t-il sur un ton tranchant. « Que tu sois genin ou chûnin, les choix que tu prendras entraîneront des événements que tu devras assumer, et qui n'engagerons pas que ta vie. Réfléchis à cela avant de faire davantage d'idioties. Ce n'est pas pour rien que je t'ai assigné à cette mission. »

Dans un dernier regard lourd de sens, Aditya se détourna de son nouvel élève, afin de paver le chemin qu'ils leur faudraient suivre au travers de cette faune sauvage. Il ne savait réellement si ses paroles avaient pu trouver l'écho du sens dans les pensées du jeune homme, ou si sa désinvolture demeurerait le mot d'ordre de son comportement, malgré l'importance d'une telle situation. Il délaissa un soupir sans adresser à nouveau une once d'attention à celui qui en attendait tant de sa part, afin de se montrer sur son jour le plus atroce.

Au lieu de cela, il accorda son intérêt aux éclats de feuillage suivant leurs pas, au creux desquels trônaient encore l'ombre de jeunes pousses. Les premiers exemplaires des herbes dont ils se devaient de faire l'inventaire. La courbe de ses iris vint trouver l'horizon de cette île, où de nombreux lacs et récifs escarpés trahiraient la présence de bien d'autres ; mais en cet instant, l'ascèse ploya simplement le genou face aux abords du sentier, avant de laisser ses paumes s'affairer au retrait de cette plante.


[...]


Bien des minutes s'écoulèrent, au court desquelles il plaça chaque extrait de cette jungle à l'intérieur d'un sceau de collecte ; et lorsqu'il réalisa que le silence fut son seul compagnon, ses sourcils se froncèrent sous l'appréhension.

Car s'il y avait bien une chose dont il était certain malgré la nouveauté de cette rencontre, c'était bel et bien que mutisme et Yamanaka Tokage étaient loin de trouver en l'autre un égal.

D'un coup d'œil glissé par-dessus son épaule, le blond laissa son attention courir sur les dédales sylvestres se dérobant à son attention, ainsi que sur la courbe pavée de pierre du chemin qui leur était donné de suivre ; mais dans aucun d'entre eux ne se refléta la silhouette de son élève, qui pouvait tout aussi bien s'être échappé à sa compagnie volontairement qu'involontairement.

Il retint un lourd soupir, doublé d'une rétorque dont il se garda bien de laisser passer la barrière de ses lèvres et revint sur ses pas, l'air alerté par la situation, et par l'évidence de son incapacité à le retrouver au sein de ces dédales forestiers – tout du moins, par les manières conventionnelles. Les dons de sensorialités lui demeuraient tout à fait lointains, à la différence de la Tigresse blanche.

Bon sang.

Mais pour un être qui avait vu son enfance et l’ensemble de sa vie marquées par le concours de la nature et l’exploration de la Forêt Millénaire, peut-être n’avait-il pas besoin de faire appel au chakra pour déceler la présence du manieur de l’esprit.

Alors, à son tour, Aditya délaissa la prudence derrière lui et laissa ses pas le guider au-travers de l'égide de cette faune sauvage, en espérant qu'elle n'ait pas encore eut raison du jeune homme qu'il espérait y retrouver.


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Okkoto
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Mar 13 Oct 2020 - 21:29

La forêt défilait autour de lui. Et pourtant, il ne la voyait pas passer. Il écartait les lianes d’un mouvement rageur du bras. Piétinait les fougères sans même les remarquer. Repoussait tous les nuages d’insectes qu’il croisait, et qui ne demandaient qu’à le harceler de leurs piqûres. Ce n’était pas la course adroite d’un shinobi aguerri. C’était celle, errante, d’un homme paniqué.

« Dégagez … Foutez-moi la paix … DEGAGEZ PUTAIN ! »

Il balançait ses mains devant lui comme un furieux, se débattant avec toute la flore qui se mettait en travers de son chemin, oubliant jusqu’à son attirail tranchant (non, pas celui-là bande de gros dégoûtants) qui l’aurait pourtant tiré à moindre embarras des entraves de Môman Nature.

Il se prit les pieds dans une racine particulièrement saillante. Il n’eut même pas le temps de jurer qu’il bouffait déjà l’humus avec appétit.

 « Bordel … »

Il essaya de se remettre debout, comme l’animal affolé cherche à reprendre sa course pour échapper au prédateur. Mais pas d'autre prédateur que la pure et simple terreur sur ses traces à lui. Ses jambes se nouèrent aux lianes, ses bras aux buissons, et bientôt il fut presque complètement immobilisé par la végétation particulièrement luxuriante des lieux.

Lorsqu’il réalisa qu’il était totalement paralysé, il arrêta instantanément de se débattre. Ce n’était pas un accès miraculeux de lucidité : il était toujours en pleine crise de panique. Simplement, elle n’était plus qu’intérieure. Son regard se voila. La sueur coulait à grosses gouttes le long de ses joues, de son cou. Ses dents tremblaient légèrement. Il était parfaitement seul. Seul dans un environnement hostile. Sombre.

Il y eut un craquement de branche, et il sentit un poids s’écraser sur son dos. Il en eut le souffle coupé pendant un instant. Mais il fut tiré de son état de semi-transe, au moins.

« Bouge pas, homme. »

Comme s’il avait le choix, tiens.

Et soudain, ce fut comme si les liens végétaux qui le retenaient en suspension se défaisaient. Il tomba net. Et vas-y que j’te reprends une bonne pelletée de compost dans les dents.

Il voulut aussitôt se retourner, pour faire face à son mystérieux libérateur, mais un contact froid au niveau de sa gorge le retint. Un contact semblable à celui d’une lame de kunaï. Il frissonna.

 « J’ai dit pas bouger. Tu veux vivre ?

-J’dis carrément pas non, ouais.

-Essaie pas de faire le malin. »

HA. C’était perdu d’avance, ça.

 « Si tu veux sortir d’ici en bonne santé et avec tous tes membres, tu vas faire c’que j’te dis, capiche ?

-O … Okay … »

Etrange voix que celle de son sauveur-agresseur. Elle était très rauque. Une voix de gros bonhomme, qui en avait dans le slibard. Pourtant, il avait l’impression qu’il ne pesait pas tant que ça sur ses épaules. Il y avait Sanbi sous roche ... (voire sous Iwa). Que pouvait-il bien être ? Un sauvage nain, habitant des cimes et brigand à ses heures ?

« Lève-toi et marche.

-Amen. »

Il se leva, et il marcha.

 « Pas par-là, tête de gland.

-Bah faut me guider aussi …

-Tourne, j’te dirai quand t’arrêter. »

Il tourna. Une fois. Deux fois. Trois fois.

 « Stop. »

Il n’avança pas.

« Les trois premiers tours c’était pour le plaisir d’un p’tit tour en manège ?

-Nan, j’pensais à ta mère. Maintenant avance. »

Bien curieux personnage. Mais avec de la gouaille. Une qualité qu’il appréciait, chez un homme. Nettement moins chez une brosse à récurer.

Il traversa ainsi en silence la forêt, son curieux guide sur le dos façon Eastpak. C’était étrange … Il avait l’impression de sentir, à certains moments, comme de la fourrure lui caresser le cou. Peut être que le bras qui tenait l’arme qui menaçait toujours de lui lacérer la trachée était couvert d’un duvet tellement épais qu’il en était devenu animal … Ce féroce nain commençait à avoir des airs de yéti. Et ce n’était pas pour rassurer Tokage, qui avait déjà envie de se pisser dessus. Il n’excellait pas spécialement en situation de négociation ou de pression. Principalement parce qu’il arrivait rarement à garder son clapet fermé.

« On arrive à la colonie. »

La colonie ? Ah parce qu’ils étaient plusieurs comme ça ? Une horde de nains furieux, prêts à envahir Kiri avec leurs couteaux de la taille d’un cure-dents ? Tiens, ça devait être beau à voir. Tokage avança encore de quelques pas. Mais il ne voyait toujours rien autour de lui. Un mouvement de l'arme contre sa gorge le força à lever le menton vers les hauteurs.

Alors, entre les feuillages, il commença à distinguer des silhouettes. Elles étaient petites, il avait vu juste. Pas forcément toutes très agiles. Il devait bien en avoir quelque chose comme une dizaine, ou une quinzaine. Il allait voir à quoi ressemblaient ces féroces hobbits … Justement, en voilà un qui descendait lentement vers eux, le long d’un tronc. Un peu plus, et il pourrait le voir clairement. Encore un peu …

 « Oh. »

La tuile.

Au passage, il avait complètement zappé Aditya et sa cueillette.

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Aditya
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Mer 14 Oct 2020 - 21:19
Le regard d'Aditya s'échoua sur les abords de cette jungle délaissée, où ne trônait pas même l'ombre de la silhouette de son nouvel élève, dont le désintérêt certain pour ses mises en garde l'avait arraché à sa présence. Il retint un nouveau soupir à cette pensée, conscient que, malgré tout, il lui revenait de veiller sur lui ; et bien qu'il éveille en lui une certaine amertume lié à son comportement destructeur, il se refusait à le laisser face à lui-même et cette faune sauvage, d'autant plus imprévisible qu'elle avait plus d'une fois menacé la vie de ceux osant la traverser.

Du coin de l'œil, il perçut les détours de branchages arrachés, comme s'ils avaient dû ployer sous l'égide d'un corps malmené par la panique, ou par un vent des plus forts, comme ceux qui animaient la côte, récemment. Ses pas se stoppèrent dans sa course, laissant tout le loisir à ses orbes bercées par l'azur d'observer minutieusement son environnement, à défaut de ne pouvoir tracer le chemin pris par le jeune homme grâce à des dons sensoriels. Durant les premières années où la vie avait animé son être, au sein de l'acropole protectrice de la Forêt Millénaire, bon nombre d'enseignements s'étaient succédés, qu'ils soient portés par la morale, la survie, ou les attentes d'une vie en communauté ; et s'il y avait bien l'un d'entre eux qui pourrait se substituer au chakra en cette heure, c'était inévitablement celui qui avait fait de chaque bois une terre étant sienne, où, toujours, il pourrait se retrouver. Celui lui ayant appris à être attentif aux murmures du vent et à ceux du bois, témoignant sur le passage surprenant et inhabituel d'autrui.

Son attention réverbéra le reflet de lianes défaites de leur sillage, aux côtés de buissons défaits de leur invariable harmonie, de troncs marqués par l'absence d'une cime portant autrefois le joug d'une large branche. Dans l'écho d'un dernier pas porté par l'immobilité, Aditya dardait la scène avec surprise, en tentant de déterminer ce qui venait de s'y tramer ; en vain. Peut-être ne s'agissait-il pas même de l'emprise du Yamanaka.

Mais lorsque son regard trouva les contours d'empreintes imprégnées dans le sol encore humidifié par la boue, ses yeux s'illuminèrent d'un éclat de réalité. Ployant les genoux, le blond laissa la pulpe de ses doigts retracer leurs formes, trahissant inévitablement la présence d'un être humain... et d'un animal, dont les quatre doigts anthropoïdes se méprenaient avec les siens, à l'exception des griffes dont le passage s'était implanté dans la terre. Pourtant, d'aucun d'entre eux ne se dirigeaient dans la même direction que celle prise par la trace humanoïde. Au contraire, elles semblaient se diriger vers cet arbre, avant de disparaître.

L'éphèbe se redressa, en laissant la courbe de son attention retrouver la cime de cet arbre dépossédé d'une partie de son branchage, dans l'espoir d'y trouver la silhouette de cette bête ; mais égale au silence qui parsemait cette faune, son absence trahit le manque de crédulité de celui qui observait ce vide sylvestre. Un nouveau soupir vint franchir les lèvres du jeune homme, avant que sa main ayant autrefois épousé les formes du sol ne s'érige sous les détours d'un mudrā unique, et que la seconde ne se glisse sur les détours irréguliers du tronc lui faisant face.

Et telle une réponse sourde à ce flux bleuté recouvrant sa peau, l'arbre sembla trouver en lui un écho salvateur, allant jusqu'à puiser dans cette source pour retrouver sa croissance autrefois stoppée par l'âge avancé ; et ce qui ne fut qu'une branche arrachée se reforma en un feuillage retrouvé, comme s'il n'avait jamais été perdu ou exempté.

Sans un mot de plus, l'héritier du bois se détourna du végétal pour suivre la piste laissée par ces empreintes, en priant qu'elles appartiennent véritablement à son élève, et non pas à une âme ignorante.

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Mar 20 Oct 2020 - 21:38

Un kwala.

Pas de nain velu, pas de cousin miniature du yéti, pas de monstre d’une nouvelle espèce. D’espèce il n’y en avait qu’une, qui hantait les cimes de cette portion-là de la forêt. Et des plus majestueuses qui soient, à n’en pas douter. Ces troufions arboricoles descendaient à présent par poignées de leurs perchoirs, les petits juchés sur le dos des mères, et celles-ci transportant tout leur fardeau d’amour à la force de leur dévouement.

Du coup, l’identité de son sauveur et agresseur devenait évidente. Et Tokage comprenait que ce n’était pas un couteau qu’on pressait contre sa gorge, mais bien l’une de ces griffes puissantes, capables de percer l’écorce pour s’en servir de mur d’escalade. Ce n’était à vrai dire pas vraiment un constat rassurant.

« Mets-toi à genoux.

-Plait-il ?

-A genoux le demeuré. »

La pression renforcée de la griffe sur sa peau suffit à le persuader. Il s’exécuta. Alors, la masse des koalas se rassembla autour de lui. Ils étaient foutrement mignons les diablotins. Mais à les voir si proches, si nombreux, et le regard si dénué de toute humanité, il ne put s’empêcher de ressentir comme un léger frisson d’angoisse. Quelque chose de l’ordre de la nervosité du novice qui se lance pour la première fois dans une mission dont on ne lui a rien dit. Pas vraiment l’extase, quoi.

« Amenez-le. »

Tokage haussa un sourcil.

« M’amener ? M’amener où ? Hein ? Hep, oh ! »

Voilà que trois ou quatre koalas s’étaient juchés sur son dos, et lui tenaient fermement bras et jambes. Absolument impossible de bouger dans cette position très inconfortable. Impossible même de composer le moindre mudra. Il était véritablement pris au piège. Sa vie reposait entre les petites patounes trop choupinoutes de ces marsupiaux. Il se sentit être soulevé, puis porté. Il voyait l’herbe défiler sous ses yeux. Puis on le fit monter. Avec une force incroyable, ces petites bestioles réussissaient bel et bien à lui faire gravir la hauteur d’un de leurs arbres.

 « Dis donc, z’êtes balèzes pour des peluches.

-La peluche elle va te finir à la Jirô si tu la fermes pas. »

Et il sentit une fois de plus la griffe appuyer contre sa chair, motivation suffisante pour décider de la boucler définitivement.

Il fut élevé ainsi sur quelques dizaines de mètres (en tout cas ça en avait l’air) avant d’atteindre une sorte de perchoir. Ce devait être le coeur de l’arbre, car toutes ses grosses branches partaient de là, et formaient comme une plateforme, un nid assez grand qui avait été aménagé en un genre de caverne de feuilles et de branchages. Et, occupant cette caverne, il y avait …

Le plus gros doudou qu’il ait jamais vu.

Alors seulement il comprit à quel point ce peuple de koalas était spécial. Car celui qui occupait cet antre ne pouvait pas être un simple animal ayant développé le langage des hommes. Ooooooh non. Il y avait du chakra là-dessous, c’était certain.

« Baisse la tête devant le doyen, microbe. »

Il s’exécuta. Pour le coup, il ne chercha même pas à protester. Il émanait de la carcasse massive du vénérable marsupial quelque chose de presque sacré. Comme s’il en avait vu bien plus que toutes les autres créatures de cette forêt, et qu’il possédait des connaissances et des talents d’un monde ancien, disparu. Pourtant, il semblait faible. Sa respiration était lourde. Chacune de ses expirations était comme un râle, et on aurait pu croire qu’il allait casser sa pipe à chaque souffle. Et ses yeux étaient à demi clos. Comme s’il était trop fatigué pour les ouvrir entièrement.

« Papy, on en a trouvé un. »

Le koala géant hocha imperceptiblement la tête. Il entreprit alors de se redresser, pour mieux voir Tokage. Comparé à lui, l’homme était une demi-portion. Il faisait bien deux fois sa taille. Et il n’imaginait même pas son poids. Jamais il n’aurait pensé qu’un régime de feuilles d’eucalyptus puisse donner naissance à un bidon comme ça. Dis donc.

Le doyen des marsupiaux parla d’une voix qui émanait directement des tréfonds du temps :

« Bonjour, petit homme. »

Tokage ne répondit rien. Il était intimidé. Et la griffe qui appuyait toujours contre sa gorge ne l’encourageait pas vraiment à ouvrir le bec.

« Réponds ! »

Nouvelle pression.

 « Aaaaaaaah ! Pardon ! B … Bonjour, euh … Papy ?

-T’es con ou quoi ? Pourquoi tu l’appelles Papy ?

-Bah c’est comme ça que vous l’avez appelé, j’me suis dit que c’était son nom.

-J’l’ai appelé Papy parce que c’est mon papy, tête de gland. Toi tu l’appelles doyen, c’est tout.

-Ah, d’accord. »

Il y avait quelque chose d’un brin surréaliste dans cette situation, mais il n’aurait su dire quoi.

« Sais-tu … pourquoi tu es là ?

-Non m’sieur. Euh, doyen …

-Tu es là pour … réparer les erreurs de ton espèce.

-Oula. »

Vaste programme. Tokage ne put s’empêcher de remarquer combien la diction du doyen était saccadée, et ponctuée de lourds râles. Décidément, il était pas au top de sa forme.

« Il y a peu … vous autres, humains … avez utilisé notre île pour vos … combats. Vos compétitions … »

Tokage dut mouliner un instant pour comprendre de quoi on parlait.

« Vous voulez dire l’examen ? L'examen international de Kiri ? C’est ça ?

-Exact …

-Vaste fumisterie, si vous voulez mon avis.

-Ta gueule, laisse Papy parler.

-Oups, pardon.

-Votre présence a … affecté l’équilibre de la forêt. Vous avez … pollué nos plantes et nos rivières … avec vos pièges … votre chakra mauvais … votre sang …

-Honnêtement, j’y suis pas pour grand-chose hein ! L’idée d’un examen me plaît même pas, alors bon …

-Peu importe … Tu vas payer la dette … des tiens … »

C’était un peu gonflé, ça. S’il y avait bien un sentiment que Tokage ne ressentait pas, c’était l’empathie à l’égard de son espèce. Il était conscient – peut être mieux que la plupart des gens – que les humains étaient des être foncièrement répugnants, à l’esprit corrompu, et la plupart du temps bien trop intéressés par leur petit monde pour voir plus loin que la raie de leur cul, aka le méridien originel.

« Dites … C’est pas que ça m’emmerde, hein, mais on peut pas vraiment dire que je me sente responsable des agissements des miens, comme vous dites. A vrai dire, la plupart d’entre eux me débectent plutôt, donc bon …

-Pourtant … tu portes la trace de ta responsabilité.

-Vraiment ? »

Tokage haussa un sourcil, à nouveau, et réprima même un sourire narquois. Lui, afficher clairement une prétendue solidarité avec le reste des hommes ? La bonne blague. Pourtant, le doyen leva lentement sa patte, et pointa un de ses doigts griffus vers Tokage. Vers son bras. Précisément celui où étaient entrelacés ses deux bandeaux, frappés de la marque de Kiri.

Alors, ce fut comme un afflux de souvenirs, de pensées floues, d’émotions. Pourquoi portait-il ces bandeaux ? Pourquoi les deux ? Pourquoi ne pas s’en être débarrassé s’il se désintéressait vraiment de ses congénères ? Qu’est-ce qui l’avait retenu ? Qu’est-ce qui le retenait encore ?

 « Okay … Dis-moi tout Papy.

-J’ai été empoisonné par … une plante polluée … Il me faut l’eau … d’une source pure … au coeur de la forêt … Accompagne Djan-Misheru à la source … Ramenez l’eau … »

Ce fut tout ce que la pauvre bête put dire. Le doyen se tut, dans un râle terrible, et sembla tomber dans un lourd sommeil, épuisé.

« Djan-Misheru c’est moi.

-J’m’en étais douté. »

Tokage resta muet un instant – c’était rare, et beau. Son regard se posa finalement sur la carcasse titanesque du père de tous les marsupiaux. Il poussa un soupir.

« Bon, let’s go. Mais j’te préviens, on va pas traîner, alors t’as intérêt à t’accrocher.

-Cause toujours, tu m'divertis ... »

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Aditya
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Dim 1 Nov 2020 - 20:35
Le regard de l’ascèse couvrit à nouveau l’esplanade sylvestre qui s’offrait à lui, comme gage de son intemporalité ; et bien que différente de la Forêt Millénaire qui avait bercé son enfance de son souvenir, la faune d’Ue n’en demeurait pas en reste, si l’on en jugeait l’effervescence boisée qui s’extrapolait à chacun de ses mouvements. Dans l’angle de son attention, l’une des lianes se mit à se mouvoir en sa direction, et tâchant de soulever sa marche jusqu’à s’en éloigner, il eût vite fait de remarquer son désir de s’enrouler autour de sa cheville… ainsi que la gueule carnivore à laquelle elle appartenait, dissimulée sous les feuillages. Avec patience, le blond demeura immobile, dardant de ses prunelles la position de cette plante d’origine qui ne tarda pas à méprendre son immobilisme pour un piège attendu, à raison. Lorsqu’elle eut enfin rétracté son appendice, ses pas tracèrent à nouveau le chemin de l’inconnu, au travers d’une flore menaçante totalement dépourvue de la quiétude que l’on prêtait à Hayashi.

Pour autant, ses yeux ne manquèrent pas de s'échouer sur les détails que couvraient son entourage, entre plantes de toutes sortes et animalité discrète, réverbérée à l'ombre des cimes des arbres. Du coin de l'œil, il perçut les détours des silhouettes d'écureuils se hâtant au sein de leurs nids face à l'écho d'une présence humaine, le bruissement des lézards, et l'écoulement discret d'une rivière, au loin. Son genou vint ployer devant de nombreuses pousses au pied d'un tronc laissé à l'abandon, dont le cœur ravagé par l'humidité avait moisi, dénué de vie, et pourtant couvert d'une nouvelle ; des éclats de mousses par centaines avaient paré ce cadavre chantant de leurs couleurs estivales, à l'approche de l'automne. D'un bref revers, Aditya s'empara des ébauches inscrites sur une feuille de papier, et avisa de nouveau le plan, sans nul doute. Que Tokage se soit décidé ou non à s'absoudre à sa présence volontairement, sa mission demeurait la même. Alors, lentement, les doigts de sa main libre vinrent ériger un mudrā unique, faisant appel à ce don si particulier qui lui avait valu le titre de Gardien Sylvestre.

En écho à sa présence, ladite faune sembla se soulever, étendant ses racines au-delà du tronc sur lequel elle s'était installée, afin de la détacher en douceur du reste de ses consœurs. Trônant désormais au creux de sa main, le blond répéta son geste de plus tôt, afin d'enfermer ce reliquat dans les détours d'un Fūinjutsu jusqu'à leur retour.

Un grognement survint au cœur du silence imposé par sa discrétion, semblable à un ronflement commun, bien que son origine d’ordinaire liée au sommeil en semble tout autre, présentement. Le regard de l’ascèse s’étendit au-delà des mousses, glissant sur ses flancs d’un air perçant, l’oreille attentive à tout son renouvelé ; et si ce résonnement survint à nouveau, il fut évident qu’il ne se rapprochait nullement de sa position. Au contraire… cela s’apparentait davantage à une complainte. Sa main vint se glisser sur l’échine de son genou tandis qu’il se redressait, alerte, ses yeux cherchant à couvrir la totalité de son environnement à la recherche d’un quelconque être capable de prononcer ces tonalités.

Et telle une goutte dans l'océan, son attention s'échoua sur une bûche délaissée près du tronc observé plus tôt, vestige de la seconde partie de cet arbre arraché. Ses pas trahirent l'espace qui le séparait encore de ce réceptacle boisé, jusqu'à ce qu'au détour d'un coup d'œil laissé à la dérobée ne se dévoile le corps chétif d'un koala, dont les yeux seuls réverbéraient un mal certain ; et tandis qu’il ployait une nouvelle fois le genou auprès de ce petit être, il remarqua la présence de deux êtres, à peine âgé de quelques semaines, pressés contre l’animal. L’un, gisant dans une poche ventrale, l’autre, accroché à son dos comme si sa vie en dépendait.

Quant à sa silhouette, si elle semblait éveiller quelque émotion que ce soit chez le marsupial, ce ne fut autre que la méfiance – ô doux instinct maternel. D'une œillade aux alentours, Aditya remarqua sans détour l'absence de ses congénères, qui, naturellement, auraient dû se tenir auprès d'elle. ...Que fait-elle seule ?

Avec patience, l'ascèse éleva sa paume jusqu'à l'animal, veillant à garder chacun de ses mouvements marqués par une lenteur certaine, afin de ne pas la brusquer et de provoquer une fuite qui la rendrait d'autant plus vulnérable, lorsqu'elle considérerait cet endroit prolifique en nourriture comme un danger du fait de sa présence. Et si elle se montra réticente à première vue, grognant davantage jusqu'à sortir ses griffes, l'immobilisme de l'humain sembla l'alerter, si bien que toute menaçante qu'elle fut, ce fut d'abord l'appel de l'odorat qui prima sur l'instinct. Ses doigts encore teintés de la senteur de ces mousses trouva en elle un certain appétit, jusqu'à ce qu'elle ne cherche à en mordre la peau.

Amusé, il courba son dos jusqu'à l'atteindre, laissant ses mèches d'or s'épancher sur les gestes de son corps ; et une fois que ses deux paumes trouvèrent de l'intérêt auprès d'elle, elles la soulevèrent toutes deux au creux de son bras. L'une de ses paumes vint pincer le cou de l'un de ses rejetons pour le replacer au niveau de la poche ventrale de sa mère, et éviter toute douleur liée à la position dans laquelle il l'avait glissée – sur le dos.

Désormais plus proche de son regard, Aditya put sans détour remarquer l'aspect vitreux de ses pupilles, contrairement à ses petits. Le dos de sa dextre vint trouver le corps de l'animal, duquel s'épanchait une certaine chaleur ; mais se remémorant sa position de plus tôt, plaquée contre un tronc trahissant une certaine humidité, ainsi que sa tendance certaine à étendre ses membres pour trouver l'ombre délaissée par son visage et la cime des arbres, il ne put en conclure qu'une chose.

De la fièvre. Ses doigts vinrent entourer la mâchoire du marsupial afin d'en forcer l'ouverture, attardant son attention sur les dents qu'elle dissimulait. Si elles ne démontrèrent aucun signe de mauvais traitement, ses yeux se plissèrent à la vue de sa langue asséchée, et pourtant, extrêmement salivante. Quelque chose ne va pas. Un soupir frustré s'échappa des lèvres de l'humain, dont les yeux s'échouèrent une fois de plus sur l'esplanade qui les entouraient.

Et comme un écho sibyllin à son écoute d'autrefois, l'écoulement de l'eau revint tinter ses oreilles, signe de la présence d'une rivière à proximité. Avisant une dernière fois le koala ainsi que ses petits, l'ascèse laissa ses pas le guider jusqu'à l'écoute ravivée de cette source, en espérant la trouver au plus vite pour remédier au mal qui tiraillait l'animal.


[invisible_edit]


Dernière édition par Aditya le Mar 24 Nov 2020 - 16:12, édité 1 fois
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Ven 6 Nov 2020 - 18:05

Djan-Misheru toujours agrippé à lui comme à une mère, Tokage sauta au pied du grand arbre qui tenait caché le repaire du patriarche. Au-dessus de lui, le peuple des koalas grouillait dans la canopée. Ombres minuscules, depuis la terre ferme, ils se déplaçaient de branche en branche, comme autant de petites taches sombres, qui cachaient par instant les quelques rayons de lumière qui parvenaient à filtrer à travers les feuillages.

Mais la cime n’était pas le seul habitat de cette peuplade. Il y avait, au sol, quelques-uns des représentants de l’espèce. Et ceux-là n’étaient pas en grande forme. Pas plus que le papy koala. Ils présentaient ce qui semblait être les mêmes symptômes : épuisement, respiration lourde, léthargie. Il y en avait là une douzaine, à peu près, qui gisaient à portée de regard.

« Grouille-toi. S’ils restent comme ça trop longtemps, ils seront à la merci des prédateurs. »

Tokage n’avait pas besoin de se l’entendre dire. Ses instincts combatifs avaient été forgés dès l’enfance, dans un environnement suffisamment peu bienveillant pour que ce genre de pensée lui ait déjà traversé l’esprit.

« Pourquoi vous les faites pas grimper aux arbres ? Vous les mettriez hors de portée.

-Impossible. Même si on arrivait à les transporter, on ne pourrait pas les garder en sécurité en hauteur. Ils risqueraient de tomber. Maintenant avance, tête de nœuds. »

Tokage resta muet. Il était dubitatif. Ils avaient bien réussi à le transporter lui, après tout. Si des marsupiaux avaient pu faire grimper un gaillard de sa masse jusqu’en haut d’un arbre, ils devaient bien être capables de reproduire l’exploit pour des bestioles de leur poids. Enfin …

« On part dans quelle direction ? »

En guise de réponse, Djan-Misheru prit sa tête entre ses petites pattes et la tourna avec une vigueur remarquable vers sa droite.

Tokage observa le chemin qui s’offrait à eux. Chemin inexistant, en fait. Il n’y avait là que la forêt. La plus sauvage qui soit. Sans sentier, sans balise. Simplement le peuple indiscipliné des arbres, des lianes, des buissons et de toute la végétation luxuriante qui rendait l’endroit si beau et si dangereux. Et la pénombre …

« C’est parti mon kiki ... »

Et il s’élança dans l’inconnu.

Il progressait à vive allure. Fidèle disciple des arts du shinobi, sa course était rapide, souple. Son souffle régulier. Il n’avait pas pratiqué d’exercice aussi intense depuis un moment. Son endurance en avait forcément pris un coup. Il lui faudrait faire des pauses régulièrement. Mais il tenait, pour l’instant.

« Tu t’accroches, derrière ? »

La question était plus rhétorique qu’autre chose. Il sentait bien l’emprise du koala contre son torse. Diable, le bestiau avait une sacrée poigne.

« T’es lent. Va plus vite. »

Et doux comme un agneau avec ça.

Tokage accéléra encore. Il était bien conscient qu’il allait le regretter, que son corps n’en serait que plus rapidement fatigué. Mais quelque chose qui commençait fort à ressembler à un sentiment de responsabilité naissait en lui. Il bondissait de touffe d’herbe en touffe d’herbe, avec l’agilité du félin. Le seul bruit qu’il produisait, c’était celui de ses pas, étouffé par les plantes quand il touchait terre. Sa crinière de cheveux flottait derrière lui comme une cape.

Soudain, l’erreur. Son pied, au lieu de rebondir sur l’humus, s’enfonça dedans. Tokage porta aussitôt le regard vers le sol. Mais c’était trop tard : déjà, celui-ci se craquelait, s’effondrait, et révélait un trou béant, de trois bons mètres de diamètre, et profond d’une dizaine.

« Et m- ! »

Il n’eut pas le temps de finir son exclamation qu’il plongeait déjà. Les choses se passèrent alors très vite. Il sentit le poids dans son dos s’effacer. Ses mains s’emmêlaient, essayant confusément de réaliser quelques mudras pour amortir sa chute. Mais ce geste paniqué se révéla inutile. Car sa chute s’arrêta d’elle-même. Il resta suspendu dans le vide, les jambes ballantes. Il leva les yeux vers celui qui l’avait sauvé. Djan-Misheru.

« Euh … Merci ?

-Ta gueule. Remonte, et fais gaffe à où tu poses les pattes. »

Tokage s’exécuta. Concentrant son chakra dans ses pieds, il put les faire adhérer à la paroi du trou. Ainsi, il gravit le mur jusqu’à retrouver le contact de la terre ferme.

« Comment … ?

-Tu penses bien que ma lignée n’est pas celle de simples koalas. Au cas où ça t’aurait échappé, normalement ça parle pas, un koala. »

Ca ne lui avait pas échappé. Mais il ne souleva pas la remarque. Il se contenta de se remettre debout. Djan-Misheru reprit place sur son dos. Et la course recommença.

« C’était quoi ce piège ? J’croyais que l’île était déserte.

-Elle l’est. Normalement. C’est un des restes de votre dernière incursion.

-De l’Examen ?

-Bien joué Derrick. Y’en a quelques-uns, un peu partout dans la forêt. Des pièges qui étaient destinés à vos petits, et que vous avez bien soigneusement oublié de nettoyer en partant. Je te laisse imaginer le tableau quand c’est un koala qui tombe dedans … »

Tokage resta muet. Etait-ce une forme de culpabilité qui commençait à poindre ? C’était stupide. Il n’avait rien à voir avec cet Examen. Il n’avait été ni participant, ni examinateur, ni quoi que ce soit. C’était à peine s’il s’était intéressé aux résultats qui avaient été annoncés. Et pourtant … Pourtant cet Examen avait eu des conséquences désastreuses pour la faune d’Ue, semblait-il. Une faune qui, du reste, n’avait rien demandé. Une faune qu’on aurait pu qualifier d’innocente, en lui prêtant des intentions bien humaines. Mais, n’y avait-il pas une part d’humanité, ne serait-ce que dans cette tribu de marsupiaux ?

Alors quoi ? Voilà qu’il se mettait à prendre conscience de cette responsabilité dont papy koala avait parlé ? Voilà qu’il se fondait si bien dans la masse de ses congénères qu’il en venait à se sentir coupable de leurs fautes ? Ou n’était-ce que de la pitié à l’égard d’une espèce menacée ? C’était encore confus. Trop pour qu’il puisse s’en dépatouiller. Pour l’instant, en tout cas.

« Attention. »

L’étreinte de Djan-Misheru s’était resserrée. Tokage rompit son élan, et s’arrêta dans un dérapage. Il était temps. Car face à lui, dans la semi-obscurité de la forêt dense, une ombre se découpait. Une silhouette, menaçante, colossale, qui s’avançait lentement.

« Accroche-toi bien p’tit gars. Celui-là, il est pour moi. »

Cette responsabilité naissante lui donnait du courage. Et une forme de motivation. D’élan. De fougue. Une fougue capable de le pousser à son plein potentiel, comme ça arrivait rarement.

« Appelle-moi encore p’tit gars et j’t’égorge.

-Putain, t’as niqué ma punchline. »

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Aditya
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Mar 24 Nov 2020 - 16:34
Les pas de l’ascèse s’enfoncèrent sur l’une des branches des arbres majestueux de ce bois, guidant une impulsion nouvelle au rythme d’une course menée par une hâte non dissimulée. Au creux d’un nouveau bond, le dos de sa main vint trouver à nouveau le crâne chaud du marsupial, dont la température ne semblait point avoir baissé depuis le début de sa recherche. Incapable de déterminer avec précision les silhouettes humaines – faut de connaître les arcanes de la sensorialité – le blond devait s’en remettre à ce qui avait forgé son enfance et sa vie, à ses prémisses ; l’observation de la nature.

Ses pieds s’effondrèrent sur le sol couvert de feuilles et de mousses lorsqu’il chuta de l’un de ces perchoirs, et tandis que sa paume vint tracer avec légèreté les détours de cette faune bien plus humide que celle qu’il venait de quitter, l’écho de l’écoulement de l’eau revint parer son oreille. Sans tarder, le blond s’élança au travers des troncs et boissons divers, en veillant à ce que sa cadence n’effraie ni ne crée plus de maux à l’animal et ses rejetons.

Lorsqu’il arriva enfin à trouver dans le reflet de son regard l’objet de sa recherche, ses pupilles s’écarquillèrent sous le joug de la vision qui leur était offerte. À la lisière du lit de la rivière en contrebas, ses pas laissaient s’échapper du rivage une poignée de petites pierres, signe équivoque d’une roche érodée par le passage de l’écume. Ses traits se renfrognèrent sous une frustration mêlée de résignation ; et avisant une nouvelle fois le marsupial, il se demanda un instant s’il parviendrait à trouver à temps un remède à sa condition.

Car devant lui s’était dévoilé un flot tempêtueux heurtant les pierres sur leurs flancs, et teintés de la plus fervente marque du poison. Des émanations toxiques s’échappaient du rivage, si bien qu’il lui était impossible de descendre plus en contrebas à moins d’y exposer l’animal fébrile tremblant au creux de ses bras. La fièvre poursuivait son ouvrage. Elle a dû s’empoisonner en cherchant de quoi étancher sa soif… Ce qui explique pourquoi ses petits ne sont pas encore touchés. Ses doigts vinrent palper les mamelles de l’animal, dont les formes rondes vinrent trahir la présence de poches de lait sous la pulpe de ses doigts. Ils n’ont pas encore l’âge de se nourrir seuls.

Le blond empoigna la silhouette du koala avec une attention toute particulière à son bienêtre, et dans un geste forgé par la bienveillance, Aditya vint glisser son corps ravagé par les tremblements au plus près de sa propre peau, afin de lui offrir un tant soi peu de chaleur humaine. Si son bras tâcherait encore de maintenir sa présence tout contre lui, il n’y aurait aucun doute que vêtements et chair pourraient lui permettre de s’accrocher d’elle-même à sa silhouette ; chose qu’elle ne tarda pas à faire, guidée par l’instinct.

Accordant un dernier regard à la source, l’ascèse laissa à nouveau la hâte s’emparer de ses mouvements pour longer le lit de cette rivière, en priant pour qu’à un instant, les reflets mauves qui trahissait le poison au sein de ses profondeurs se tarissent.
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Okkoto
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Sam 28 Nov 2020 - 23:27

Bing, bam, crac. Et clang ! Un coup de griffe qui croise le fer d’un kunaï. Et graouh ! Un rugissement qui fend l’air. Et boum ! Un parchemin explosif qui pète.

« Tu bouges comme un cornichon.

-Mais ta gueule putain ! »

Super comme assistant, tiens. Tokage se retrouvait à combattre une espèce de mastodonte de gorille dopé à la testostérone et deux fois plus gros que la normale, tout ça pour sauver le cul de toute une tribu de marsupiaux dont le seul représentant à ses côtés était apparemment le plus ingrat. S’il aurait su.

Il esquiva d’un bond un nouvel assaut du primate, et se percha dans les hauteurs d’un arbre. Le gorille mugit à en faire trembler les feuillages.

« Il a une sale haleine, peuh … »

Mais il n’y avait même pas le temps de reprendre son souffle. Le singe entamait déjà l’ascension du tronc, faisant craquer l’écorce sous son poids démesuré, menaçant de faire s’effondrer l’arbre entier à tout moment. D’un bond, Tokage fila sur une autre branche, puis sur une autre encore, et encore, et encore ...

BING !

Une caillasse balancée par le colosse venait de le cogner en plein estomac. Le souffle coupé, il tomba en chute libre sur plusieurs mètres, et s’écrasa au sol dans un bruit sourd. Mais sur le ventre, fort heureusement.

« Fais gaffe, j’aurais pu y passer. »

Tokage n’avait pas retrouvé sa respiration. Il se contenta d’un signe de la main assez évocateur à l’égard du koala pour lui exprimer le fond de sa pensée. Il se releva aussi vite qu’il le pouvait. Mais ce n’était pas assez : le gorille ruait déjà dans sa direction, tous poings dehors, ses muscles saillants dessinant une silhouette de monstre. Tokage attrapa alors Djan-Misheru par la peau du cou …

« Qu’est-ce que tu fous ? »

… et il le lança de toute la force qu’il lui restait en hauteur.

Le marsupial fut épargné par le choc de la charge du gorille, réfugié sur la branche qu’il avait réussi à agripper au vol. Tokage, lui, la reçut de plein fouet. Il cracha un jet de salive et de sang sur le coup, et fut projeté contre un tronc. Il y eut un craquement sinistre – d’écorce ou d’os ? - quand il percuta l’arbre. Il tomba face contre terre, sonné.

C’était bien confortable, tiens, cette terre-là. Il aurait très bien pu rester là. Piquer un somme dans l’herbe. Après tout, il pouvait bien se l’accorder. On n’avait fait qu’attendre de lui des choses qui ne le regardaient pas du tout, ce jour-là. Et ça ne lui avait attiré que des ennuis dont il se serait bien passé. Et maintenant quoi ? Il risquait de ne pas se relever, en se frittant avec un gorille. C’était beau comme fin, tiens. Bah, au moins il aurait la paix cette fois. Et pour de bon tant qu’à faire. Allez savoir. P’tetre même qu’il retrouverait Daiki. Il était pas du genre à croire à un au-delà ou tout ça, mais …

« Relève-toi, Tokard ! »

Son corps bougea comme par réflexe. Il bondit sur ses pieds, et se projeta en avant, dans un saut spectaculaire, évitant du même coup le poing du gorille qui volait dans sa direction, pour atterrir dans son dos.

Cette voix-là … C’était celle de Djan-Misheru ou …

Un frisson lui parcourut l’échine. Il reprenait son souffle. Ses esprits avec. Et d’un coup, il se souvint de ce qui le maintenait en vie. Et qui l'avait maintenu en vie pendant looooongtemps.

La peur …

Il se retourna pour faire face au primate. Son coeur battait à cent à l’heure. Il sentait l’adrénaline couler dans ses veines comme un poison. Mais un bon poison. Une drogue.

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« Ramène-toi King Kong ... »

Nouvelle ruade du gorille. Tokage leva la manche qui couvrait son bras gauche, révélant un tatouage d’un noir d’encre sur sa peau. Il composa un unique mudra. Aussitôt, un véritable mur de pierre jaillit devant lui, en plein milieu de la course du singe. Il y eut un « crac » sonore. Mais ce n’était pas fini. Tokage avait déjà attrapé dans sa besace un kunaï doublé d’un parchemin. Il le lança en direction du mur, et bondit en arrière. L’explosion fit trembler la forêt, et changea le mur en une multitude de morceaux de roche qui furent autant de projectiles qui frappèrent le mastodonte.

Toujours pas fini. Une série de mudras simples, et Tokage se projetait en avant, poussé par un souffle né de ses pieds, droit vers le gorille qui se débattait avec sa douleur. Dans ce même élan, il leva sa main droite. Et quand il fut à sa hauteur, il déchargea une grosse quantité de chakra. Une bourrasque frappa le primate, et le projeta plus loin encore, à une bonne dizaine de mètres de Tokage, et contre un tronc massif.

Sans attendre, Tokage laissa tomber derrière lui une boule fumigène qui éclata immédiatement.

Il resta un instant prisonnier du nuage de fumée. Quand il en ressortit, il finissait de rabattre sa manche gauche sur son bras, cachant le nouveau sceau qui y était apparu. Il fit un signe au marsupial, qui lui atterrit droit sur les épaules. Et tous deux, sans demander leur reste, s’enfoncèrent à nouveau dans la jungle. Ils laissaient derrière eux le gorille, toujours vivant, mais inconscient.

Ils avancèrent en silence pendant un moment.

« Tu caches bien ton jeu, p’tit homme. »

Tokage ne répondit rien. Il était persuadé d’avoir entendu la voix de Daiki, à ce moment-là. Une voix dont il croyait avoir oublié le son.

Le duo s’enfonça plus profondément encore dans le coeur de la jungle d’Ue. Une diablerie, cette forêt. Les secrets qu’elle recelait étaient véritablement parmi les plus dangereux du pays. Mais peut être pas forcément ceux auxquels on pensait …

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Aditya
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Lun 30 Nov 2020 - 19:58
La paume de l’ascèse enserra davantage le corps du marsupial pressé contre son torse, où les silhouettes frêles de ses petits s’agitaient au rythme de sa course sur le tissu de son vêtement. Sa respiration, devenue légèrement erratique par l’effort, imposa à son corps un instant de repos ; et le temps d’une seconde où l’immobilité l’avait frappé, le blond s’évertua de faire glisser son regard sur les berges qui l’entourait, d’ordonner à ses oreilles de percevoir l’écho lointain d’une source illusoire. Ses yeux pavèrent les détours des cimes jusqu’à l’hummus qui recouvrait avec habitude le massif terreux de la forêt d’Ue – et tandis qu’il reprenait un nouveau souffle, ses paupières se plissèrent à la vue des feuilles mortes écrasées, formant les mêmes traces que les membres de cette koala pouvaient imprégner dans la terre.

Avec prudence, ses pas approchèrent davantage de ces vestiges, laissant tout le loisir à son esprit de réaliser l’évidence. D’autres membres de son espèce avaient trouvé refuge dans les alentours, berçant la rivière empoisonnée. À moins que tous aient subi le même sort, l’eau nécessaire à son bien être renouvelé ne pourrait se trouver qu’auprès d’eux, et davantage, la nécessité de la faire retrouver les siens au plus vite.

Alors, sans tarder, Aditya s’élança à nouveau à travers la faune, qui commençait à trouver en ses yeux des airs de familiarité.

[…]


Pendant de longs instants, l'héritier du bois demeura interdit face à la vision qui s'imposait à lui. Une myriade de marsupiaux trônaient au-dessus de son humble présence, dévisageant son passage avec des yeux aussi ronds que ses congénères recueillis plus tôt. Quant aux petits, autrefois nichés dans la poche de leur génitrice, tous deux s’étaient empressés de dégager leur museau du linceul formé par le tissu de son haut et les bras chaleureux de l’animal, tout aussi curieux de retrouver leur nid clanique. Bien assez tôt, il lui fut réservé le même accueil que Tokage, bien des moments plus tôt – à la différence qu’il fût plus bienveillant, sans le savoir. Ses paroles faisaient écho à celles du patriarche tandis qu’il laissait la frêle carrure de la mère s’épancher d’une eau pure sur ses flancs, rassuré de la voir retrouver un semblant d’énergie jusqu’à ce que les restes du poison ne soient écoulés de son organisme.

Pour autant, quelque chose le frappa dans le discours de l’ancêtre. Les conséquences de l’examen chûnin, l’impureté des eaux… et lorsqu’il réalisa à quel point la dangerosité de cette situation pouvait être critique, une sueur froide longea le long de son échine en pensant à son élève qui s’était engagé tête perdue dans la forêt.

« Ne me dites pas que… »

Délaissant l’animal ainsi que ses petits sur le sol, l’ascèse n’eut le temps que d’implorer la direction à prendre au gigantesque marsupial en se redressant que déjà, l’adrénaline couvrait ses nerfs. Ses jambes l’envoyaient suivre la trace du Yamanaka avec autant d’ardeur qu’elles ne pouvaient le lui permettre, fusant à travers la forêt comme si sa vie en dépendait.

Car celle de Tokage, elle, était bel et bien en jeu.


[…]


Au centre de la forêt d’Ue, un profond râle se fit entendre, renversant son écho aux creux les plus profonds de la jungle. Empêtrée dans les dédales sylvestres mêlés du joug marin, des membres sillonnaient la bordure de la terre, s’enchevêtraient les uns dans les autres par la faute d’espace manquant à sa grandeur. Le flanc percé, la bête s’étira à nouveau, pressant ses chairs à davantage se sectionner et pourtant, dans un but fondamental – celui de s’échapper, de se réduire à l’emprisonnement que les eaux lui avaient imposé, à se défaire de son lit renversé par la présence d’un Cataclysme qui avait révolté l’archipel entier contre lui-même, contre qui les vagues n’avaient pour seul nom que celui de souveraines.

Ses anneaux, pressés contre ses tentacules, semblaient trahir l’épaississement d’un liquide suintant de sa plaie, comme asséchés par le manque d’écume sur sa peau autrefois luisante de santé ; et telle une masse informe se repliant contre elle-même, crevée par la peur et la panique latente de plusieurs jours, elle ne cessait de relâcher sans cesse les émanations de son propre pouvoir, pensant, ironiquement, à défendre sa vie contre des bêtes cherchant à profiter de sa faiblesse.

Sans savoir qu’au sein de ce maigre lit d’eau dans lequel les courants l’avait forcée à se loger gisait la source qui accommodait tant d’autres âmes, et que ce qui se voulait n’être autre qu’un mécanisme de défense face aux prédateurs revêtait désormais meurtre et empoisonnement d’autres proies.


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Jeu 3 Déc 2020 - 22:12

« Stop, petit homme ! »

L’étreinte de Djan-Misheru se resserra. Tokage s’arrêta dans un dérapage monumental, qui laissa deux profonds sillons derrière lui, là où ses pieds avaient sarclé l’humus.

« Quoi ?

-J’ai senti une odeur bizarre. »

La truffe du marsupial gigotait alors qu’il essayait de retrouver ces effluves qui lui avaient traversé les narines.

« Une odeur de quoi ? Un autre bestiau genre gorille mastoc ?

-Non … Une odeur de poison.

-Style celui qu’a bu ton papy ?

-Ouais. Mais en très, TRES fort. »

Que faire ? Eviter ce qui devait être un danger monstrueux, ou courir droit dans ses bras ?

« On doit aller dans quelle direction pour trouver la source ? »

Djan-Misheru pointa avec une de ses griffes droit devant eux.

« Et l’odeur de poison, elle vient d’où ? »

Il pointa dans la même direction, précisément.

Il y eut un blanc.

« Tu t’fous de ma g- »

Une dizaine de minutes plus tard, ils arrivaient à la source. Et constataient le désastre.

Tokage ne pensait pas avoir vu de sa vie créature si pathétique et si répugnante à la fois. La pieuvre, colossale, étendait ses – trop – longs tentacules jusqu’au dehors du bassin qui lui servait d’aquarium. Emprisonnée par les troncs morts, écroulés autour d’elle, elle répandait là son venin, à même la source. La voilà, la vraie cause de l’empoisonnement de la forêt. De la mort, lente, des koalas.

Tokage resta caché dans l’ombre d’un tronc épais. Il ne savait pas quoi faire.

« Tue-la. »

Les mots de Djan-Misheru résonnèrent comme un coup de canon dans l’esprit de Tokage. Il fronça les sourcils.

« Pourquoi ?

-T’es con ? Si on la tue, elle arrête de contaminer la source et on pourra retrouver une eau pure. Aussi simple que ça.

-Donc pour sauver ta tribu je dois tuer une autre bestiole ? »

Le koala ne répondit pas. A la place, le tranchant de ses griffes s’imprima un peu plus contre la chair du cou de Tokage. Le jeune homme eut un petit rire.

« Aaaaah, pigé. C’est juste pour ça que vous aviez besoin de moi. C’est qu’elle a l’air balèze cette pieuvre, hein ? Fallait bien un humain pour vous en débarrasser ... »

Toujours pas de réponse.

« Bon … J’imagine que j’ai pas le choix, c’est ça ? »

Une goutte de sang perla là où les griffes de Djan-Misheru avaient piqué la peau.

« Exactement. »

Tokage poussa un long soupir. Ces petites peluches avaient été bien plus malignes que ce qu’il pensait. Et ça depuis le début. Elles en avaient sous la caboche … Attirer un humain, le leurrer et lui faire faire tout le sale boulot … C’était diabolique, pour de si petites bestioles. Diabolique, oui …

Mais pas assez pour rivaliser avec un Seigneur de l’Esprit.

Tokage composa une série de mudras complexes. Il n’avait que rarement eu l’occasion d’essayer ça sur des animaux. Il savait que l’expérience était douloureuse, et franchement étrange. Mais elle n’était pas impossible. Il immobilisa finalement ses doigts en un dernier signe, au centre duquel se trouvait le poulpe souffrant.

« Shintenshin no Jutsu ! »

Un instant, son esprit erra dans les limbes d’un éther pour le moins imaginaire. Puis il s’arrima à sa nouvelle ancre.

Tokage sentait une douleur vive. C’était ça qui avait dû exciter la bête, et la faire rentrer dans son état de panique. Une panique telle qu’elle ne pouvait même plus bouger … Il n’avait plus qu’à le faire tout seul : son propre esprit comme un moteur pour ce corps endommagé. Comme ça, personne ne mourait. Et c’était mieux ainsi. Allez, plus qu’à trouver comment faire marcher ses tentacules, et tout baignerait … Façon de parler.

« Trahison ! »

Sa douleur s’intensifia, mais changea de localisation dans le corps de la pieuvre. Tokage entendit un « ploc » sourd. Il vit Djan-Misheru atterrir sur un des troncs qui l’enfermaient, ses griffes plus menaçantes que jamais, l’une d’elle tachée de sang.

Il ne fallait pas traîner. Il avait le sentiment très net d’avoir agacé le koala. Tant pis pour lui. Il agita ce qu’il pensait bien pouvoir être ses tentacules. Lentement, la carcasse de la pieuvre commença à se mouvoir. Tokage sentait l’eau glisser contre ses ventouses, contre le voile liquide de sa peau. Puis il sentit la terre. Se dirigeant à moitié à l’aveuglette, il contourna un des troncs qui lui barraient la route. Puis il replongea dans l’eau. Une eau bien plus abondante, cette fois. Bien plus accueillante. Bien plus profonde …

Le lien se brisa, rompu sec par son créateur. Tokage retrouva son corps dans un souffle rauque venu du fond de sa poitrine. Son coeur battait la chamade, et pulsait de l’adrénaline à vitesse grand V dans chacun de ses muscles.

Depuis la cachette où était demeuré son corps, il voyait la source qui avait servi de cage à la pieuvre. Le poison y était bien visible, encore, qui teintait l’eau de pourpre. Et flottait à sa surface … Un des tentacules de la bête. Celui-là même qui avait causé une forte douleur à Tokage quand Djan-Misheru l’avait coupé. Quant au monstre, réfugié dans la mare qui surplombait la source, il commençait déjà à disparaître. Il irait peut être répandre son poison ailleurs, avant de se calmer. Ou de mourir …

Tokage s’avança vers la source, et vers le tronc écroulé où Djan-Misheru était toujours perché.

« Tu devais la tuer !

-Vraiment ? Je croyais que ma mission c'était de purifier votre source.

-Ca allait ensemble. Tu m’as trompé. »

Tokage eut un sourire arrogant.

« Ca t’apprendra à vouloir manipuler un … Enfin, quelqu’un comme moi.

- ... T’es décidément moins con que t’en as l’air.

-Et t’as rien vu encore. »

Tokage composa quelques mudras. Bientôt les derniers. Son chakra commençait à se faire bien mince. Un clone apparut à côté de lui. Le clone se posta sur un tronc – celui occupé par Djan-Misheru – et Tokage se plaça sur l’autre. Le vrai Tokage dessina un sceau sur l’écorce du tronc, avant de lever le pouce vers son clone.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

Visiblement, le koala n’avait aucune idée de ce qui était en train de se produire. Le clone effectua un jutsu qui créa une puissante brise, assez forte pour porter le bout de tentacule qui restait à la surface de la source, encore tout suintant de poison, contre le tronc sur lequel Tokage avait dessiné son sceau. L’original n’eut plus qu’à effectuer un mudra, et … Pouf ! Plus de tentacule. Et dans un même « pouf », le clone disparut à son tour.

L’eau redevenait saine. Petit à petit, elle serait à nouveau potable. Tokage leva les yeux vers le koala.

« Qu’est-ce que t’as fait ?

-J’ai scellé le dernier bout de tentacule qui empoisonnait encore la source. Ca veut dire plus de toxines. Plus de danger. »

Il y eut un silence.

« Pourquoi ?

-Pourquoi quoi ?

-Pourquoi t’as fait ça ? T’avais pas de raison. T’as dit toi-même que j’avais voulu te manipuler. Pourquoi tu me rends service, alors ?

-Oh, excellente question ! »

Et il avait l’air particulièrement fier de lui, en répondant de la sorte.

« Déjà parce que je me suis engagé à le faire, et que ça me tenait à coeur. Et puis, rien me dit que toute ta tribu est composée de p'tites pourritures de ton espèce, ça vaudrait pas le coup de les sacrifier juste pour t'emmerder. Mais surtout parce que c’est … Disons, ma monnaie d’échange.

-D’échange ? Contre quoi ?

-Contre toi. »

Un sourire d’un nouveau genre barrait son visage. Un sourire plus sérieux que jamais. Et ses yeux brûlaient de malice. De la vraie malice, celle des rusés et des renards.

« Je crois pas aux coeurs purs, à la loyauté parfaite. J’m’en fiche que tu m’aies trahi. T’avais tes raisons, et elles sont plutôt bonnes. Ce qui m’intéresse, c’est que tu l’aies fait avec autant d’habileté. T’es pas con. Et j’peux avoir besoin de l’aide d’un allié pas con. Alors tu vas devenir mon serviteur. Enfin, mon associé, plutôt. »

Même l’animalité des yeux de Djan-Misheru ne pouvait cacher son regard dubitatif.

« Et pourquoi j’accepterais ?

-Parce que sinon je libère mon sceau, le tentacule retombe dans la source, l’empoisonne encore et je pense que ça sera suffisant pour mettre un terme à l’histoire de ta tribu. »

Le tout énoncé sur un ton égal, sans une once d’empathie.

Djan-Misheru resta figé un instant. Puis il se mit à rire.

« Aaaaaaaaah … Le fumier … Bien joué. T’es vraiment un bel enfoiré. »

Tokage eut un rictus.

« J’te l’ai dit. J’crois pas aux coeurs purs. Et puis franchement, c’est bien la moindre des choses … J’ai failli crever pour tes beaux yeux j’te rappelle.

-Comment ça s’passe, alors ?

-Tu deviens mon Kuchiyose, je crois bien. Faut un gros rouleau ou un truc du genre, par contre, j’ai pas ça sur moi …

-Tsss … »

Djan-Misheru joignit les pattes. Dans un nuage de fumée, un gros rouleau apparut. Un bon gros rouleau.

« Ah, oui. Un rouleau comme ça, ça peut le faire.

-Tradition familiale. On garde ça pour les élus, généralement. Pas pour les fils de pute … Mais j’ai pas trop le choix, on dirait.

-Bien vu Lulu. »

Tokage sauta de son perchoir, et s’approcha du marsupial qui commençait à dérouler le pacte.

« Qu’est-ce que j’dois faire ?

-Tu signes avec ton sang. Là. »

D’un bout de ses griffes il pointa une colonne tracée sur le papier. Tokage acquiesça d’un signe de tête. Pas besoin de s’automutiler : il se contenta de porter le doigt au niveau de son cou, là où Djan-Misheru avait attaqué la peau de ses griffes. Puis il laissa glisser son doigt sur le papier. Le koala fit de même.

Il ne se passa rien d’autre.

« C’est … C’est tout ? C’est un brin anti-climactique.

-Quoi, tu voulais une fanfare, des trompettes et des tambours ? Estime-toi heureux que j’aie signé. Quand papy apprendra ça … »

Le rouleau disparut dans un nuage de fumée.

« Par contre j’te préviens : si tu m’invoques pour n’importe quoi j’te fais les tripes. Pigé ? »

Tokage eut un petit rire.

« Capiche.

-Bon. Allez, salut. Enfoiré, va ... »

Il lui lança son regard le plus hautain, avant de disparaître dans la jungle. Droit vers l’obscurité. Droit vers les siens.

Et en parlant des siens … Tokage se retrouvait bien seul, à présent. Tout semblait beaucoup plus calme. L’eau de la source s’écoulait dans un glouglou tout à fait rassurant. A la vérité, il était plutôt fatigué. C’est qu’il avait fait un bout de chemin. Et il avait utilisé pas mal de chakra. Voyons … Il s’approcha d’un tronc proche, et se laisser glisser contre son écorce. Il avait bien le temps pour une petite sieste. Il irait trouver Aditya plus tard. Si celui-ci ne le trouvait pas avant, bien sûr …

Mais pour l’heure, il était décidé à rompicher bien sagement.

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Aditya
Aditya

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Mar 22 Déc 2020 - 21:53
Assourdi par l’écho de sa propre respiration, le regard éthéré d’Aditya fauchait chaque parcelle naturelle délaissée à son attention, sa poitrine se soulevant au rythme de souffles erratiques. Sa paume s’imposa sur le flanc d’un immense rocher au gré de sa course, hissant sa silhouette plus en hauteur sur les récifs ; et lorsque l’éclat de deux ombres conjointes trouvèrent leur reflet dans ses yeux, ce fut comme si l’air qui animait autrefois ses poumons s’était stoppé, au même titre que son corps. Lui priant de lui accorder un instant de plus qu’il arracherait au répit, l’héritier du bois fusa sur leurs positions, dans l’espoir qu’elles soient celles qu’il recherchait depuis lors.

Au loin, les brins mauves qui accompagnaient cet homme se relevant au loin ne pouvait être que ceux de son élève, allongé au sol une poignée de secondes plus tôt – et au fond de lui, il espérait que ce n’était pas le résultat d’un coup asséné par la bête des flots, qui semblait trouver à nouveau son lit, au-delà de cette crevasse qu’était devenue la source des koalas. Lorsqu’il parvint à l’orée de leurs flancs et que les détours abstraits d’un parchemin furent dénoués à son regard à l’image de la silhouette vive d’un nouveau marsupial, une pensée abstraite se glissa dans son esprit, lui murmurant la raison derrière ces gestes, ce parchemin, le sang qui tachait les doigts et la nuque de l’enfant de l’esprit. Ses pas avaient stoppé leur course folle devant cet être empreint de lassitude, sa respiration, elle, éteinte par le sifflement discret que l’effort lui imposait. Mais Aditya demeura sourd à ces paroles ; car cette-fois-ci, l’inquiétude s’était muée en frustration, et la frustration en colère.

Son poing se referma sur le col de son vis-à-vis, le rapprochant davantage de lui par ce seul geste ; et après un temps qui semblait avoir écoulé le jour entier, sa voix perça à nouveau le silence pour s’adresser au Yamanaka.

« Je t’ai dit de ne pas t’éloigner des sentiers, à quoi est-ce que tu pensais ?! », son ton trahissait à lui seul les fragments de crainte qui avait commencé à s’imprégner sur les traits de son visage, contrairement à son calme sempiternel. « Tu aurais pu y laisser la vie ! »

Ses doigts quittèrent le vêtement qu’ils étreignaient, délaissant un souffle se faisant de moins en moins erratique. Et bien que l’énervement qu’il avait éveillé en lui était plus qu’équivoque, Aditya ne put empêcher ses yeux de courir sur sa nuque ou sur ses mains, là où le pourpre les avaient marqués de sa présence, afin de ne s’assurer qu’aucune blessure trop profonde ne les meurtrissaient.

« Comment as-tu pu être promu Chûnin avec un comportement pareil… », murmura-t-il en tournant le visage du mauve vers le côté afin d’examiner la plaie sur sa nuque d’un simple coup d’œil.

Rien d’alarmant., pensa-t-il ; déjà, le vent de panique qui avait étreint ses chairs et son visage semblait s’apaiser, ramenant graduellement son esprit à une quiétude rassurante. Sans un mot de plus, il s’éloigna de l’individu, observant la scène de bataille où le poison demeurait encore par endroits. Délaissant un soupir, l’ascèse empoigna les manches de son vêtement pour les relever au-dessus des jointures de ses coudes, et s’approcha de la source. Et tandis qu’il s’agenouillait sur ses rivages, ses paumes se muèrent sous la caresse d’une douce aura bleutée, signe incrédule de son chakra.

La mâchoire contractée, sa poitrine encore endiguée par les reliques de cette course interminable, le blond n’accordait que peu d’importance à son entourage ; car en cet instant, sa dextre plongée dans l’eau tamisant la surface, il ne semblait avoir plus qu’un but. Celui d’exempter cette source des vestiges de ce poison, afin que nulle bête ne souffre des restes de cet affrontement, dont le dernier écoulement leur parviendrait dans une poignée de jour. Au creux de sa paume s’était forgée une sphère émise par son chakra, se remplissant petit à petit d’une substance noirâtre, presque violacée et semblant s’extraire du corps même de ce lit aqueux.

Ses yeux se fermèrent un instant, poussant un nouveau soupir hors de la barrière de ses lèvres.

« Es-tu blessé ? », demanda-t-il, sans le regarder.

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Okkoto
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Dim 27 Déc 2020 - 17:03

« Whoup là ! »

Tokage se sentit soulevé de terre, alors même qu’il ne s’était pas encore endormi. Il rouvrit les yeux, et se trouva nez-à-nez avec …

« Oh. »

Etait-il vraiment éveillé ? Ce gros plan exclusif sur le visage de son senseï – la seule pensée de ce mot associé à cette face-là lui piquait la gorge – s’apparentait drôlement à un cauchemar. Et apparemment, Blondie avait les doigts baladeurs. Ca allait bien de lui explorer la peau comme ça, oui ? Tokage n’était pas contre un peu de contact – oh ça, non – mais seulement lorsqu’il était consenti par les deux parties. Et il n’était pas consentant.

Il fut donc très satisfait d’être libéré des caresses semi-lubriques d’Aditya. Sa dernière remarque, cependant, l’avait heurté de plein fouet. Machinalement, il croisa les bras, sa main droite s’égarant sur ces deux bandeaux qu’il portait en brassard. Moitié grommelant, il marmonna :

« Qui dit que j’avais ce comportement … Gneu gneu ... »

Cet esprit de rébellion teinté de lâcheté, ça par contre il l’avait depuis le début.

Il regarda d’un œil Aditya extirper le reste de poison de la source. Il avait déjà vu des médecins ninjas traiter des empoisonnements de la même façon. Il était sot, mais il savait observer. Pas difficile d’en déduire les compétences de son « mentor ». Et il se demandait encore plus pourquoi on l’avait foutu dans l’équipe de quelqu’un comme ça, avec qui, au demeurant, il ne partageait rien du tout.

« Nan, j’suis pas blessé. »

Son ton avait été plutôt sec. A vrai dire, il était un peu vexé. Vexé que son sensei ne lui fasse pas confiance, et vexé de se faire engueuler alors que …

Il releva sa manche gauche, révélant le sceau qu’il avait tracé sur la peau de son propre bras un peu plus tôt dans cette loooooongue journée, après son combat titanesque contre le roi des primates. Il effectua un sceau unique, et dans un nuage de fumée dramatique, une fleur parfaitement charmante, encore plantée dans sa motte de terre, atterrit dans la paume de sa main.

« Tiens. J’ai trouvé ça sur le chemin. C’est c’qu’on est venus chercher, nan ? »

Sans autre cérémonie, il fourra la plante dans la main d’Aditya, et retraversa la fine rivière qui partait de la source, tournant ostensiblement le dos à l’autre. Il rendait service et il se faisait engueuler. C’était pas juste. Et il détestait par dessus tout l’injustice. Ca le mettait juste en colère.

Comme il n’avait plus qu’une envie, celle de s’arracher, il commença à scruter la forêt autour d’eux. Il aurait été bien incapable de reconstituer le chemin qui l’avait mené jusqu’ici, sans l’aide d’un marsupial qui le prendrait en otage. Et retrouver leur point d’arrivée sur l’île … C’était encore plus délicat. En temps normal, il en aurait pas été plus angoissé que ça, mais là, il avait vraiment pas envie de passer plus de temps que nécessaire avec Aditya.

« C’est toi le chef. T’as qu’à ouvrir la marche. »

Dire qu’il était vexé comme un pou était un euphémisme. Mais il allait certainement pas s’en plaindre. Quelque chose comme de l’orgueil mal placé l’en empêchait.

Bah, au moins il repartirait de là avec un p’tit atout en plus dans sa manche. C’était pas trop mal, quand même.

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Aditya
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Lun 28 Déc 2020 - 18:25
Aditya retint un souffle agacé aux frontières de ses lèvres face au comportement de l'enfant de l'esprit, dont l'envie irrépressible de lui taper sur les nerfs ne semblait pas avoir quitter cette cabosse. Son ton, sec, affublé de coups d'œil étrangers à ses gestes seulement empreins d'inquiétude de plus tôt quant à sa blessure, avaient suffi à éveiller l'ombre de l'énervement au sein d'une égide forgée par l'inquiétude. Ô que le temps allait être long.

Avec ces deux-là, aucun doute.

La mâchoire contractée par l'attention qu'il portait à son entreprise, l'héritier du bois tâchait de laisser son regard glisser sur les ondes purifiées du lac, dont la cause trônait au bout de ses doigts ; une poche aqueuse, condensée de putréfaction noirâtre. Un travail qu'il manquât d'échapper par le simple mouvement irréfléchi du Yamanaka, qui avait senti qu'il n'y avait pas meilleure idée que de venir fourrer une plante dans le creux de sa paume sans prévenir, et sans délicatesse. Un cocktail parfait si l'on cherchait à rompre sa concentration. Non mais je rê- Heureusement pour lui, le blond joua de sa main afin d'asservir à nouveau le poison sous son emprise, et le rediriger au-delà des berges, au sein d'une rivière fine qui le relierait sans nul doute au lac que cette pieuvre avait désormais prit comme lit. L'ascèse adressa un regard noir au jeune homme avant d'aviser la faune qui avait trouvé refuge sur sa peau. Son agacement se mua en surprise, le temps d'un instant où l'émotion pouvait se traduire sur son visage.

Un eucalyptus.

Un mudrā unique, ses doigts se joignirent pour éveiller la lueur d'un des sceaux apposés sur son avant-bras et d'y enfermer en son sein le fruit de cette trouvaille particulière ; bien qu'il en demeure encore bien d'autres à trouver avant leur retour, il ne pouvait nier que dénicher cette plante si tôt dans leur entreprise leur ferait gagner une temps précieux. Pire, il avait fallu qu'il s'empare de la variété même sur laquelle ils avaient jeté leur dévolu. Peut-être avait-il plus écouté qu'il ne l'avait montré, finalement.

Sa paume s'imposa sur la courbe de son genou, et d'un geste, sa silhouette se redressa sur les flancs de celle du Yamanaka. Il lui accorda un coup d'œil, tâchant d'endiguer la colère mêlée d'inquiétude de plus tôt. Il déclara, de manière aussi simple qu'équivoque ;

« Ne me fais pas croire que tu me montre un quelconque respect du jour au lendemain. Peut-être devrais-je te laisser ici pour voir à quel point tu te rappelles si bien du chemin du retour. », lâcha-t-il en haussant le sourcil, le ton devenu plus tranchant sur la fin.

Reprenant sa marche, l'ascèse dépassa la position de l'enfant de l'esprit, et sans lui accorder un nouveau regard, déclara ;

« Suis-moi. Et tâche de ne pas te perdre, cette fois. »

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