Un flot ininterrompu de badauds et de marchands se déverse et s’écrase sur les parois de la porte : deux énormes pans de montagne forment un gigantesque goulot d’étranglement pour les voyageurs qui cherchent à pénétrer dans le village caché des nuages.

Pris dans ses pensées, Hao ne peut s’empêcher de douter. Kumogakure no Sato… C’est ici que l’a envoyé son contact. Ce dernier était formel : un homme portant les armoiries de ses anciens maîtres y a été aperçu. Mais que viendrait-il faire ici ?

À ses côtés, la douce Yukio, qui n’est pas réputée pour sa patience, tape énergiquement du pieds.

- C’est long… J’espère que ça vaut le coup.

- Bah… c’est joli, au moins.

Au fil de leur progression dans la queue, les deux compagnons finissent par se retrouver tout au bord de l’énorme passerelle surplombant le vide. Se penchant par-dessus la rambarde, Hao frissonne à l’idée d’une chute de cette hauteur : ils sont à une altitude telle que le fond de la crevasse est tapissé de nuages.
Le village porte bien son nom…

Bientôt, ils finissent par arriver au point de contrôle. L’homme qui se tient devant eux, la mine renfrognée, ne les regarde même pas dans les yeux.

- Motif de la visite… ?

Hao et Yukio échangent un regard interloqué.

- Je ne savais pas qu’il fallait…

- C’est l’époque qui veut ça. Maintenant, parlez ou faites demi-tour

- Voyage d’affaire.

- Profession ?

- … Chasseur de primes.

L’homme cesse brutalement de griffonner sur son parchemin.

- … Il n’y a personne ici qui soit recherché par la coalition. Je suis bien placé pour le savoir.

- Je ne suis pas ici pour… Chasser. Je viens… Je viens simplement rencontrer un client.

- Désolé, mais il va falloir présenter un document officiel. Je ne peux pas laisser entrer un homme armé sans une bonne raison.

- Et moi, je ne peux pas vous révéler le nom de mon client. Secret professionnel. J’imagine que vous pouvez comprendre… non ?

Le douanier réfléchit un moment. Il fouille parmi ses documents, s’assure de ne pas se tromper, et tend un parchemin en direction du jeune homme.

- Écoutez… Je ne peux pas vous laisser passer comme ça. En revanche, si vous tenez VRAIMENT à entrer… Je peux vous proposer quelque-chose. Vous m’avez l’air d’être un type robuste, et on manque de bras en ce moment. Alors si vous me signez ça…

Confus, Hao attrape le document. Il s’agit d’un parchemin d’enrôlement à l’académie Shinobi de Kumogakure.

- Merci mais… vous faites erreur. Je suis chasseur de primes, pas Shi…

Il n’a pas le temps de finir phrase - Yukio lui a mis un coup de coude entre les côtes. Hao considère un moment le document….

Puis il le signe.

Une goutte de sueur perle sur sa tempe. Maintes humiliations subies au cours d’une vie de chasseur… Maints échecs, maints égarrements. Mais celui-ci dépasse de loin tout ce qu’il a jamais connu.

Hao, chasseur de prime. Bientôt trente ans. Ridiculisé par des gamins.

La journée avait pourtant bien commencé : cet enrôlement dans les forces Shinobi de Kumo promettait une paye conséquente et un entrainement de qualité. Naïvement, il avait pensé se reposer sur ses acquis, puisque la majorité des ninjas de son grade s’étaient révélés beaucoup plus jeunes. Erreur…

Une vie passée sur la route, à traquer les contrevenants. D’innombrables combats, face à toutes sortes de criminels. Des blessures. Des victoires. Un entraînement physique, mental, spirituel. Voilà qui devait pourtant peser dans la balance…

Apparemment pas : autour de lui, ses camarades d’entrainement redoublent d’adresse et de dextérité. Il n’a jamais vu ça. Un véritable essaim de sauterelles sur-vitaminées semble franchir chaque obstacle du parcours sans fléchir. Lui est déjà essoufflé. La journée sera longue.

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La porte du petit appartement s’ouvre en grinçant. Trainant des pieds, Hao la franchit péniblement.

Il est perclus de courbatures.

Voilà déjà une semaine que son entraînement a commencé : il n’est toujours pas dans les meilleurs, mais il a pu prouver à ses instructeurs qu’il en a dans le ventre. Ces derniers l’ont mainte fois félicité pour son adresse au combat armé – des compliments qui lui ont fait oublier l’humiliation des débuts.

Hao s’est découvert un certain talent pour le maniement des liens : il se savait capable d’immobiliser son adversaire entre ses chaînes, mais l’utilisation du « Chakra » rend la chose bien plus facile, bien plus efficace, bien plus redoutable. Eût-il connu le quart des connaissances qu’il venait d’acquérir, et jamais aucune de ses proies n’aurait pu lui poser problème.

Dans le même temps, il ne peut s’empêcher de frissonner : quelle bonne étoile, quel ange gardien avait bien pu le préserver ? S’il était un jour tombé, ne serait-ce qu’une seule fois, sur un criminel entraîné au Ninjutsu…
Seul un miracle aurait pu le tenir en vie.

Hao se tient droit, déterminé.

Face à lui, un autre étudiant.

- Combattants, saluez l’adversaire.

Ce dernier n’a que la moitié de son âge, mais Hao ne s’y laisse pas méprendre : il a passé tout un mois en compagnie de jeunes gens surprenants. Celui-ci ne fait pas exception à la règle : il est capable de manier le métal comme un jouet. Il se penche en avant, en signe de respect…

- Soyez prêts…

Mais Hao n’est pas venu à l’improviste : durant ses longues séances d’entraînement, il s’est découvert la capacité de manier les flammes. Beaucoup plus superficiellement que son adversaire, certes… Mais il possède un autre atout.

- … Hajime !

D’un bond, le jeune genin se précipite en direction de son ainé. Pour des raisons pratiques, Hao a déjà dégainé sa chaîne…

Il porte le premier coup.

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Hao est blessé – il a encaissé plusieurs attaques et son bras saigne abondamment. Son adversaire, lui, est indemne…

À en juger par le regard de l’arbitre, il ne reste pas longtemps avant que celui-ci ne décide d’arrêter le combat. Il va falloir abréger…

Une nouvelle fois, le jeune adversaire se précipite sur Hao, bien déterminé à l’achever… lui qui tient à peine debout.

Le combat semble perdu…

- Ninpo ! So tetsu Hoyo !

L’attaque fait mouche. La longue chaîne en acier roule le long du bras d’Hao : elle fend les airs, contourne la parade de l’adversaire… et vient l’enserrer totalement. Celui-ci est paralysé.

L’arbitre sonne la fin du combat…

Victoire.

L’étrange textile, fin et robuste, glisse entre ses doigts.

Il porte le bandeau à son front et, d’un geste expert, le noue à l’arrière de son crâne.

Il est désormais genin.

Ce qui ne devait être, à l’origine, qu’un prétexte pour obtenir le droit de s’installer durablement à Kumo a pris un tout nouveau sens.

Au fil du long mois d’entraînement et d’épreuves, Hao est devenu plus fort qu’il ne l’a jamais été. Marcher sur les murs, sur l’eau, se métamorphoser, créer une image de lui-même… Et surtout, manier ses liens d’une façon tout à fait nouvelle, incroyablement redoutable. Autant de choses qu’il n’aurait pas cru possible il y a de cela quelques semaines.

Et puis… Quelle leçon d’humilité. En quelques jours, il a rencontré des gens bien plus jeunes et pourtant bien plus forts que lui. Au prix d’efforts, et en capitalisant sur son expérience, il est parvenu à en rattraper, même à en dépasser quelques-uns… Mais la route est encore longue.

Bah, pas le temps de rêvasser. L’heure est maintenant venue de retourner à son véritable objectif : capturer l’ordure qui lui a apposé cette marque sur son torse.

Si on lui avait dit un jour, alors qu’enfin prêt à mettre un terme à toutes ces années d’errances, il passerait dans la foulée le mois le plus éprouvant et le plus formateur de toute sa vie, il ne l’aurait pas cru.

Son voyage touche à sa fin…

Et pourtant, il ne lui a jamais semblé être aussi loin de l’aboutissement.

Une fois cette affaire réglée… Un tout nouvel univers d’aventures et d’épreuves s’ouvrirait à lui.


FIN du Rp solo.