Réaction après ce RP

Anzu fut convoquée dans le bureau de Raizen, fraîchement promu Raïkage, il souhaitait désormais remettre de l'ordre visiblement. La Sendaï se dirige donc au bureau de celui-ci, complètement vidée de tout ses sentiments actuels depuis que Sazuka n'est plus là. En effet, depuis que la Raïkage temporaire et ancienne cheffe du Fukkatsu est partie à la retraite subitement, la violette se rendait compte qu'elle ne prévoyait rien d'autre que la suivre, par cela, elle entendait que ses projets, ses buts, ses motivations à avancer n'avait que pour objectifs de satisfaire l'Uzumaki, mais maintenant qu'elle n'est plus là, à quoi elle sert maintenant ? Anzu ignorait ce qu'elle pouvait prévoir, pour la première fois, elle était livrée à elle-même, elle n'avait plus de guide, plus de lumière à suivre, et maintenant, elle devait continuer à être kumojin mais pour aucuns autres buts que de servir le village ... elle ne voyait plus quoi faire comme projet, juste, faire son travail, c'est tout ce qui lui restait, et cela la déprimait, car elle se rendait compte qu'elle n'avait plus d'ambition, plus de raison de tenter d'innover.

Elle entre, son ombrelle fermée, le chapeau de Raizen sur sa tête, ce dernier apporte quand même une bonne nouvelle : malgré son échec à tenter de s'infiltrer ici, elle était promue Jonin. Mais à quoi cela lui servait un tel grade, elle était déjà Chunin de base, certes l'une des plus puissantes de Kumo, mais ce n'était jamais la puissance qu'elle voulait, mais l'utilité. Raizen lui demandait maintenant de faire preuve de plus de retenue, de partager ses connaissances sur la Sensorialité à des jeunes shinobis, d'où la demande qu'elle monte une équipe, mais à quoi bon, personne ne s'intéresse à la sensorialité, elle le sait. Elle a été la meilleure senseur du village car elle était la seule, Raizen ne s'y est mit sérieusement qu'après l'épisode d'Hayashi, mais avant, elle était la seule à avoir des talents sensoriels décents. Mais maintenant, Raizen lui demandait ce qu'elle avait comme projet.

- Qu'est-ce que j'en sais ?

C'était sorti presque naturellement de sa bouche, après avoir retirer toutes les émotions possibles que pouvait faire ressortir son timbre de voix. Elle n’arrivait pas à prévoir son propre futur, alors celui d'un village, que pouvait-elle vraiment prévoir désormais ?

- Je ne sais même pas ce que je compte prévoir pour moi-même, comment veux-tu que je prévois quelque chose pour Kumo ?

Elle baisse le regard, toujours avec ces mêmes yeux vitreux sans éclat, sans émotions, sans lumière. Elle qui n'était pas déjà connu pour être la shinobi la plus expressive ou la plus joyeuse de Kumo semblait se recroqueviller sur elle-même intérieurement.

- Je ferais mon travail de kunoïchi, comme d'habitude.

C'était l'unique promesse qu'elle sera apte à respecter, pour le reste ... elle ignorait à quoi inspirer, à quoi rêver.

@Meikyû Raizen

Laissant le choix à Anzu de s’exprimer, plusieurs auraient forcément été surpris de la violence à laquelle elle avait répondu. D'ailleurs, plusieurs lui auraient dit de faire attention à son ton ou sa manière de s'exprimer. N’ayant littéralement aucune difficulté à marteler le fait que cette question était relativement insensée pour elle, Raizen pouvait bel et bien confirmer que le message était passé. Insensible à sa manière de s'exprimer, il avait ignoré la forme pour se concentrer sur le fond, désireux d'approfondir ce sujet sans perdre d'énergie inutile.

La connaissant assez bien pour s’attendre à ce genre de réactions de sa part, quelque chose lui disait qu’elle n’était pas forcément au sommet de sa force. Bien évidemment, penser au futur quand son présent était plus ou moins mis en péril n’était jamais quelque chose de facile. Au contraire, à force de parfois voir trop loin, on pouvait rapidement perdre la notion du présent. Raizen jonglait énormément avec ce concept, lui qui devait parfois calmer ses ardeurs et sa vision pour prendre en compte de manière plus réaliste le moment présent.

-Ton travail de Kunoichi hein… ?

Laissant planer un léger suspense qui se transforma rapidement en silence, Raizen observait Anzu, la questionnant ouvertement sur ce que pouvait être ce fameux travail de Kunoichi. Après tout, il était facile de se noyer dans le travail. Or, à quoi bon suivre son train quotidien si ce n’était pas pour avoir une idée claire des motifs pour lesquels on suivait cette routine ? Si la commodité pouvait plaire à plusieurs, ce n’était pas ce que le Meikyû voulait renforcer ou souhaitait à qui que ce soit.

Ainsi, il décida de reprendre le sujet d’une autre manière.

Repartant à zéro, la prochaine question allait possiblement faire mal. Or, contrairement à d’habitude, il n’était plus dans la devinette ni dans l’explication de ses motifs. Plutôt à l’écoute, Raizen avait l’impression que quelque chose perturbait la Sendai....

-Recommençons à zéro si tu veux bien…

Dit d’un ton calme, il invita Anzu à prendre une chaise pour s’asseoir sachant que ce moment risquait d’être long. Scellant ainsi sa table dans un sceau de stockage, il venait de briser le moindre élément les séparant pour enlever la moindre barrière existante. La fixant, il soupira avant d'enlever la nouvelle veste qu'on lui avait offerte pour l'occasion.

-Comment vies-tu le départ de Sazuka ?

Bref , simple et concis, bien que Raizen aimait parler, il savait pertinemment que prendre le temps d’amener le sujet aurait frustré la Sendai qui n’était pas forcément dans le meilleur état d’esprit. Ainsi, il allait prendre le soin d’aller dans le vif du sujet qu’il pensait être la source de son état d’esprit actuel… Peut-être se trompait-il, mais l’espace d’un instant, il avait cru ressentir qu’ils étaient possiblement sur une longueur d’onde similaire. Or, il était conscient qu’il projetait peut-être un peu trop ses problèmes, d’où sa question… Suite à sa réponse et ce qui en découlerait, il aviserait.

Anzu ne répondit pas à sa première question, qui semblait être une sorte de question posée ici pour être sûr qu'elle a bien dit cela, ou bien une question pour la faire réagir et réfléchir à ce qu'elle a dit en ce moment. Peut-être voulait-il connaître ce qu'elle entend par travail de shinobi ? Difficile à dire, vu que les moments suivants se transforme en un silence où Raizen semblait détailler la Sendaï qui, il devait facilement le voir, n'était pas la personne la plus joyeuse en ce moment. Elle resta debout, les bras croisés, sans que son regard percute celui de Raizen, un regard sans émotion et vidé de toute envie de préparer des projets ou réfléchir à son propre futur, elle ne comptait vivre que de son boulot, de toute manière, elle ne voyait elle-même pas quoi faire d'autres que son travail de shinobi.

Il l'invite à s'asseoir, puis scelle sa table pour qu'il n'y ait plus rien entre eux que du vide, avait-il peur qu'Anzu soit venue ici, ivre, prête à attraper la table comme la dernière fois pour l'écraser ? Surtout qu'en terme d'arme improvisée, elle s'est améliorer, après tout, ce n'est pas tout le monde qui se bat avec l'ombrelle qu'elle a sous le bras. Il venait s'installer aussi, faisant face à la demoiselle, tentant de faire un contact visuel face à un regard fuyant ne voulant pas rencontrer un regard qui la rendrait envieuse, envieuse d'un futur qu'elle souhaiterait bien atteindre, mais elle ne voyait aucuns buts ou objectifs qui lui permettent de l'atteindre. Et puis, de quel futur rêvait-elle ? Qu'est-ce qu'elle voudrait inspirer ? Mais Raizen n'était pas bête, car il comprenait facilement le problème.

- Très mal.

C'était la première réponse qu'elle donna, laconiquement, mais le silence qui s'en suivit et le regard instant de Raizen qui souhaite comprendre d'avantage son ressenti se faisait sentir.

- J'aurais aimé que son départ ne se fasse pas aussi brutalement ... Lorsqu'elle est partie, c'est comme si ma vie venait de s'écrouler comme un château de cartes. J'ai perdu ma raison de vivre et celle qui me permettait de continuer sans avoir à me soucier d'avoir des projets dans ma vie. Ceux de Sazuka, c'était les miens aussi, mais maintenant qu'elle n'est plus là, à quoi j'aspire désormais ?

Elle soupire, elle n'était pas triste, sans doute trop fatiguée pour l'être, elle resta ainsi un long moment, probablement pour attendre une réaction de Raizen ou une réponse de sa part.

Observant attentivement Anzu, pour une fois, le regard de Raizen se faisait plus doux, voire moins perturbant qu’accoutumé. Bien qu’il maintenait une certaine cohérence à travers l’intensité lisible dans le flot de ses iris, il comprenait plus ou moins d’où venait Anzu. Un peu comme elle, du jour au lendemain, certains éléments s’étaient écroulés, comme si on venait indirectement de s’accaparer d’une certaine partie de lui. Toutefois, contrairement à la Sendai, c’était plutôt un lien précieux qu’il avait perdu. Perdant par conséquent une proximité avec une des rares personnes en qui il avait confiance, Raizen vivait plutôt un deuil… Or, une partie de lui comprenait les motivations qui avaient poussé la scientifique à quitter leur village.

Réalisant qu’elle avait fort probablement fait le choix qui était le plus adéquat pour elle, celle-ci avait été fidèle et authentique à elle-même jusqu’au bout. Ne mentant jamais, le Meikyû en était conscient. Quelles que soient ses motivations, l’honnêteté avait été au coeur de ses décisions, ni plus ni moins.

Or, que devait faire quelqu’un lorsqu’elle avait bâti son avenir, son futur et une bonne partie de ses expériences autour d’un pilier qui n'était plus présent ? Était-ce d’ailleurs pour cette raison qu’Anzu avait émis autant de doute lors de l’élection interne du Fukkatsu? Était-ce parce qu’au fond d’elle-même, celle-ci cherchait à s’assurer que ses espoirs et ses projections ne seraient pas vains ?

Penchant légèrement la tête comme s’il allait percevoir une nouvelle facette de sa personnalité, la nouvelle ombre porta sa main sur ses iris. Effectuant un mouvement circulaire visant à calmer l’importante fatigue qui l’assomait, ce moment lui rappelait qu’il ne dormait plus très bien depuis le départ de celle qu’il avait toujours considérée comme étant sa partenaire de confiance.

Bien que leur lien avait eu quelques débuts électriques, leur relation platonique avait atteint des sommets assez intéressants pour celui qui avait énormément appris d'une partenaire tout aussi curieuse que lui. Complice dans leurs découvertes respectives et ce désir évolutif, leurs philosophies bien que différentes s’étaient toujours acceptés, permettant ainsi des échanges saints de point de vues sous de nombreux sujets.

Dans leur différence, Raizen et Sazuka avaient bien souvent été sur la même longueur d’onde sans forcément être sur la même fréquence de raisonnement. Or, c’est justement ce qui permettait à Raizen de percevoir le mal que vivait Anzu…

-Perdre son chef, son meneur, une personne en qui nous arrivons à projeter notre évolution… une amie et même quelqu’un qu’on admire en même temps n’arrive jamais. C’est généralement pour cela que les gens occupent rarement toutes ses positions…en même temps.

Affichant un léger sourire désolé, ce n’était pas tous les jours qu’un diamant apparaissait dans une vie pour ensuite disparaître. Or, dans tous ses éclats, l’appel au bien-être avait toujours été l’élément clé qui avait caractérisé sa brillance, la rendant éclatante aux yeux des plus avisés…

-Pourtant, c’était une position qu’elle occupait…

Penchant la tête de l’autre côté, il continuait de l’observer.

-Sazuka a toujours été très transparente et c’est ce qui me rassure tout en me réconfortant. Au final, même si nous avons subi une perte importante à travers son départ, elle continue de nous envoyer un message : celui d’être fidèle et sincère à soi-même dans tous nos faits et gestes…même si son départ peut paraître abrupt...

Poursuivant, Raizen se confiait un peu sur le sujet, lui qui pour le moment était demeuré de marbre lorsqu’on lui en parlait.

-Bien que je ne veux parler pour elle, je pense que si elle assistait à cette discussion qu’elle te dirait probablement que tu as tout ce qu’il te faut pour prendre une décision sur ton avenir et évoluer ...car même quand on pense tout avoir perdu, c’est généralement là qu’on réalise ce qui compte le plus.

Mélangeant en partie le pragmatisme de Sazuka à ses réalisations, tous les échanges qu’ils avaient eus depuis trois ans résonnaient dans son esprit, comme un film qui prenait soudainement une nouvelle tournure et un nouveau dénouement. Se demandant ainsi qui avait réellement conseillé qui, se pouvait-il qu’elle ait décidé d’accorder le rôle de chef à Raizen dans le but de lui faire découvrir une facette moins égoïste de ses aptitudes ? Qui sait ?

Or, le même raisonnement s’appliquait indirectement à Anzu. Lui qui avait longtemps pensé qu’elle se devait de trouver sa propre voix et son propre chemin sans dépendre d’autrui s’était peut-être trompé… Indirectement, dans son indépendantisme, Raizen en avait possiblement oublié une grande diversité d’objectifs qui ne lui étaient pas propres , mais qui pouvaient nourrir les intentions des autres tout comme leurs espoirs.

-Donc, globalement, qu’est qui compte le plus pour toi Anzu au moment où nous discutons ?

Adoptant une facette un peu plus émotionnelle que peu de gens voyaient réellement chez lui, sa découverte de la sensorialité avait levé un voile important sur une facette de lui. L'ayant enterrée dès qu’elle avait manifesté une quelconque défaillance, il comprenait un peu mieux comment s'en sortir. Ainsi, aujourd’hui, c’était cette facette qui saurait possiblement lui permettre d’aider une autre personne à faire un cheminement qu’il avait déjà fait : un deuil.

Passant à travers différentes étapes, il était ainsi paré à guider celle qui n’était pas encore en état d’accepter la chose. De ce fait, qu’elle arrive à se projeter, extériorise sa colère ou autre, Raizen était préparé à toute éventualité, chose qu’il lui fit comprendre en se démontrant attentif quitte à poser un geste suffisamment bref pour ramener son menton dans un angle leur permettant d'échanger un regard. Après tout, elle n’était pas seule et il comptait bel et bien utiliser l’existence du lien qu’il avait créé avec les gens du Fukkatsu pour les épauler à travers tout cela. Après tout, secrètement, il les considérait comme sa famille. Or, ce n’était pas parce que celle-ci s’était maintenant agrandie à tout Kumo qu’il ne prendrait le temps qu’il fallait pour aider ceux qui lui avaient tant appris…

Ombre ou non, l’essence même de qui il était n’allait pas changer. Après tout, Raizen et Sazuka s’entendaient bien sur un grand principe : celui d’être fidèle à qui ils étaient vraiment, quel que soit leur rôle. Pour eux, c'était ça l'essence d'une personne, encore plus d'un meneur.

La Sendaï écoutait les répliques de l'ombre actuel de Kumo, visiblement, il essayait de comprendre du mieux qu'il peut ce que ressent la violette, mais il avait l'air d'avoir un soucis de positionnement. Il parlait de Sazuka, la décrivant comme il la voyait lui, mais peut-être avait-il du mal à comprendre ce que ressent Anzu, ce qui est normal, ce n'est pas donner à tout le monde de vivre sans tenter de prendre son indépendance, la manipulatrice de chakra le sait bien, car c'est en voyant comment les autres vivent le départ de Sazuka qu'elle se rend compte qu'elle était la seule qui se tenait à elle comme elle se tient actuellement. Maintenant qu'elle est partie, elle ignore où se diriger, elle pense cependant que Raizen a raison sur un point : si Sazuka a été là, elle lui dirait qu'elle peut se débrouiller toute seule mais ... Anzu n'a jamais eu le temps de se demander ce qu'elle ferait lorsque Sazuka ne sera plus là ... elle était la plupart du temps occupée à Hayashi.

- Je pense aussi qu'elle aurait dit la même chose ... mais je ne pense toujours pas être capable de dépendre de moi-même ...

Elle baisse les yeux, cela se voyait n'est-ce pas ? Elle avait un teint et une aptitude encore plus sombre que pouvait avoir Raizen, qui pourtant semblait plus sombre que d'habitude. Certainement à cause de son poste et des responsabilités qui lui font pressions. Certains se plaisait à être indépendant, mais la demoiselle se plaisait à avoir un modèle à suivre, malgré son âge et son grade, cela faisait presque parti d'une sorte de philosophie ... elle devait forcément s'accrocher à quelqu'un, car elle a toujours été une femme qui agit dans l'ombre, mais pour qu'il y ait une ombre, il fallait qu'il y ait quelque chose qui la génère. Devenir indépendant, c'était plus qu'un changement simple qui prendrait des jours et des jours, mais un véritable travail sur elle, et avait-elle le temps ? Elle était Jonin désormais, cela allait signifier qu'elle ne pouvait plus vraiment s'amuser à tenter de travailler sur elle, elle n'en aurait plus le temps.

- Ce qui compte le plus ? ...

Elle réfléchissait, commençant à se remémorer les choses qui comptent pour elle. Le village ? Elle arrivait très bien à s'en passer, son expérience et ses mois passés en tant qu'indépendante le démontrait, car un village n'était que des murs sans l'esprit qu'elle et le Fukkatsu possédaient. Elle protégeait le village car c'était le serment qu'elle avait fait, en tout professionnalisme, elle ne se pensait pas patriote, mais elle n'allait quand même pas laisser le village brûler à vif et se faire éventrer comme il l'a été lors de la guerre qu'il y a eu. Alors, si ce n'est son travail, qu'est-ce qui compte vraiment pour elle ? Elle croise les bras, elle a dû mal à dire quelqu'un d'autres que Sazuka ... suivre ses enseignements ? Il ne fallait pas se voiler la face : Anzu n'est pas une personne scientifique, manieuse d'iroujutsu et pilier du village, c'était plus dans la littérature qu'elle était, dans l'amas de connaissance peut importe sa provenance et sa dangerosité.

- Je dois ... encore réfléchir je pense. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'elle ...

Elle le savait, c'était un travail sur soit, des années d'allégeances et de servitudes réduites à néant, c'est mentalement et émotionnellement très dur à vivre. Elle aimerait tellement oublier Sazuka sur l'instant, pour savoir ce qu'elle pourrait penser lorsqu'elle n'existera plus dans sa tête ...

Étant légèrement inquiet par rapport à la situation d’Anzu, il l’avait rarement vu ainsi. Or, ce n’était pas pour autant qu’il comptait la laisser tomber. Ayant plusieurs méthodes de fonctionnement, bien que Raizen aurait aimé la laisser nager de ses propres moyens jusqu’à ce qu’elle sorte, cette méthode paraissait obsolète sachant qu’il lui avait déjà demandé de faire l’exercice à Hayashi. Infructueux, il devait donc faire ce qu’il faisait de mieux, la guider sans forcément lui donner les réponses à ses questions…

Relevant ainsi son menton d’un délicat geste de la main, il la regardait avec sérieux, tentant de lui démontrer qu’elle n’était pas seule dans cette situation.

-Quoiqu’il arrive, il est important de toujours garder la tête haute et d'affronter la réalité Anzu, surtout que tu n’es pas seule…

Retournant au siège qu’il avait soudainement délaissé pour soutenir ce geste, Raizen passa à l’étape suivante. Après le réconfort venaient l’encadrement et les actions concrètes suivies d’une manière de se projeter…

-Après y avoir longtemps réfléchi, j’ai toujours cru qu’être indépendant et se développer était l’unique chemin à entreprendre, mais c’était avant que je prenne le temps d’y réfléchir…

Portant sa main sur son menton, il poursuivit :

-Lors de notre dernière discussion, je t’ai demandé ce que tu voulais faire et d'explorer de ton propre chef, sans forcément prendre en considération le fait que l’endroit dans lequel tu t’épanouissais le plus était fort probablement dans le soutien d’autrui et d’une vision….

Ayant pris le temps de réfléchir aux paroles de Kururi, bien qu’elle ne connaissait pas, elle avait marqué un point : Raizen était visiblement égoïste. Lui qui avait tant passé de temps à développer ses aptitudes personnelles pour devenir une élite à part entière devait maintenant accepter d’explorer de nouveaux horizons qui n’étaient possiblement pas les chemins qu’il emprunterait, mais qui pouvait correspondre à d’autres.

Utilisant ainsi son amour pour le développement et la progression à bon escient, c’est de cette manière qu’il arrivait à mieux saisir comment aider les autres, une version beaucoup plus altruiste d’un trait de personnalité qu’il avait…

Apprenant ainsi peu à peu à guider tout en s’adaptant au contexte d’autrui, il en venait à poursuivre le travail qu’il avait fait en passant du temps avec la majorité des membres du Fukkatsu pour les aider en combat. Or, cette fois-ci, il devait tracer un chemin qui saurait faire avancer les membres de la faction Kumojine…

-Donc, si tu veux discuter de Sazuka pour vider ce que tu as le coeur une bonne fois pour toutes, nous le pouvons, bien que ça ne traitera pas la totalité du mal, j’espère que le tout te libéra au moins d’un poids… Par contre…

Marquant une pause, il avait bel et bien une idée qui pourrait possiblement l’intéresser :

-Les trois piliers qui forment Kumo pour le moment sont : notre savoir-faire sur nombreux aspects comme nos aptitudes en métallurgie et scientifique, notre savoir-être qui est témoigné par la fougue qui anime nos aptitudes de combattant et l'esprit de la nation. C’est d’ailleurs ce qui a longtemps fait de Kumo comme Kaminari une population redoutée, mais ce n’est pas tout… Dans l’ombre, l’un des aspects dont je me suis nourri et qui est la pièce maîtresse de toute chose est notre savoir brut…

Observant celle-ci, il espérait qu’elle comprenait ou il voulait en venir :

-Plus discrète et moins exploitée, cette facette demeure la pièce centrale, mais distincte de ce qui nous différencie...un peu comme une fonction de soutien au final…Donc, si jamais l’envie t’en prend, je pense que Kumo pourrait bénéficier du savoir de la bibliothèque afin de nourrir les différentes fonctions du village. Tu pourrais même initier des collaborations avec l'Académie et les moins pour contribuer au partage de connaissance... Toutefois, cela nécessitera que tu collabores avec la famille Suzuri, mais aussi avec toutes les facettes du village… en fonction de ce que tes découvertes sauront leur apporter. Peut-être là, tu obtiendras des réponses sur ta vraie mission :

Une nouvelle pause, puis il ajouta :

-Même si ce rôle risque d’être intéressant à découvrir et t’enrichir grandement, ça fera plus ou moins de toi un agent libre se rapportant directement à moi… Ensuite, je ne peux te donner les réponses à tout, sachant qu’un shinobi de soutien se doit de comprendre sous quelle facette il peut venir le plus en aide à son village et la base même sur laquelle reposent les fondations, est un bon départ pour le moment…

Souriant pour la première fois, il se demandait ce qu’elle en penserait sachant que pour lui, c’était autant une proposition qu’un défi…Au regard de la proposition, il était très facile de s'y perdre. Or, peut-être saurait-elle se trouver dans ce chaos justement pour en émerger plus mure ? Sachant qu’il se portait comme chef direct à la cause, Raizen avait besoin de s’assurer qu’il pouvait s’appuyer sur des gens de confiance pour avoir des yeux là où il ne pouvait les avoir et ce rôle était parfait pour cela…

"Toujours garder la tête haute et faire face à la réalité" qu'il dit, Anzu soupire, c'est ce qu'elle fait, pas pour la tête haute, mais pour faire face à la réalité : elle sait qu'elle n'a jamais eu de but dans sa vie, mise à part suivre ceux de Sazuka. Elle ne lui en voulait pas d'être partie, elle voulait juste qu'elle reste le temps de trouver une solution pour elle au moins ... ou au moins le lui dire en face au lieu de partir subitement et disparaître tel un fantôme. Elle croise les bras en baissant le regard, visiblement sa réponse l'a aidé à réfléchir, et il a comprit que tout le monde n'est pas fait pour être indépendant, Anzu fait parti de ces personnes ne pouvant pas dépendre qu'eux-même et basant sa vie sur celle d'autre, d'un modèle à suivre. La parfaite soldat en quelque sorte, même si elle s'approche plus d'une scribe avide de connaissance que d'une soldate ou mercenaire assoiffée de combat, de gloire ou de richesse.

- Je n'ai pas vraiment envie de parler de Sazuka en ce moment, même si je ne pense qu'à elle, j'aurais l'impression de parler dans son dos.

Après tout, si elle est partie à la retraite, ce n'est pas pour qu'on discute d'elle dans un bureau de Kage. La Sendaï écoute cependant ce que Raizen lui proposer, elle voulait qu'elle gère la bibliothèque ? Kururi lui avait dit que cette bibliothèque, mieux valait la brûler. Elle ne pense pas que la brûler soit la bonne solution, la garder cependant est déjà un pas vers l'avant, arrêter de faire en sorte que les personnes mal intentionnées puissent se servir comme bon leur semble. Ainsi, il souhaitait qu'elle prenne le rôle d'Akina en quelque sorte, non, plus que ça, car visiblement, il voulait qu'elle accumule le savoir des autres nations. Il parle de l'Académie de Joheki et des moines de Hayashi, mais elle pouvait aussi s'orienté vers les connaissances médicales d'Iwa ou maritimes de Kiri.

- Je vois ... un poste comme ça pourrait être intéressant en effet. Je vais y réfléchir sérieusement.

Comme il l'a dit, ça l'aidera à se trouver un but, mais c'était un poste important, donc raison de plus pour bien y réfléchir avant d'accepter. Ca l'intéresse certes, et elle n'a pas de problème avec les Suzuri - en tout cas, elle n'en a pas eu avec Akina qui est la seule Suzuri qu'elle connaisse -, mais pourra-t-elle résister à tant de pression ... ou à obéir à Raizen ?

Raizen n’avait pas besoin de l’écouter davantage pour savoir qu’elle s’était plus ou moins recroquevillée sur elle-même, désirant éviter de trop en dire ou de s’ouvrir sur un sujet sur lequel elle n’était pas tout à fait à l’aise. Ne pouvant lui reprocher, il devait lui aussi passer à autre chose, comme il l’aurait jadis fait, mais avec beaucoup moins d’insistance. Après tout, l’essence même de qui il était ne changerait pas même s’il devait tout de même s’assurer de prendre le temps lorsqu’il le fallait et de prioriser aux moments opportuns.

Ainsi, son côté joueur, un peu mystérieux et un peu provocateur était à mettre de côté...mais pendant combien de temps le garderait-il en joug ? S’étant fait une promesse, il attendait que les piliers de Kumo soient remis sur pied pour évoluer et faire ce qu’il faisait le mieux dans un cadre prometteur. Or, à travers les inquiétudes aussi multiples que diversifiées, il ne pouvait se permettre de diffuser son énergie sans la concentrer sur des sujets clés.

Se devant ainsi de prendre de bonnes décisions, il comprenait Anzu de vouloir prendre le temps de réfléchir. Toutefois, ce n’était pas pour autant qu’il allait lui laisser le loisir de prendre tout le temps qu’il lui fallait pour y penser et pourtant, elle était possiblement une bonne personne pour ce poste.

Malgré tout, ce type de rôle et tous les éléments qui étaient demandés étaient loin d’être faciles. Au contraire, il fallait faire sa place. C’est donc ainsi et pour cette raison qu’il ne comptait en aucun cas livrer le tout sur un plateau d’argent. N’étant pas du tout de son genre, comme tout le monde, elle allait devoir faire ses preuves.

-N’y pense pas trop longtemps. Je ne sais pas quelles sont tes zones d’hésitation, mais je pense que tu devrais rencontrer un membre de la bibliothèque pour te faire une idée de celle-ci. Peut-être que cela t’aidera… surtout que tu devras faire tes preuves.

Posant un regard aussi froid que sévère sur Anzu, seul un léger sourire en coin trahissait le fait qu’il était curieux de savoir comment se passerait une telle rencontre. Après tout, Anzu et la gent masculine ne faisaient pas toujours bon ménage, alors qu’en serait-il de cet homme avec qui elle devrait apprendre à collaborer tôt ou tard. Était-elle prête pour de telles fonctions ?

Plus Raizen y pensait et plus il était perplexe, se demandant même si elle passerait le test qui lui était offert. Ainsi, si elle croyait que prendre sa décision serait le point critique, elle se trompait surement...ou peut-être avait-elle raison. Sachant que sa conviction, mais aussi son intellect allait être mis à rude épreuve… se porter garant de la connaissance avait un prix assez important.

À titre de corbeau, Raizen l’avait appris à ses dépens sachant que devenir messager n’était pas aussi simple qu’il pouvait le laisser paraître. Or, qu’en serait-il du rôle de gardienne et pont vers la connaissance ? Pouvant être un pilier vers le progrès tout comme une forteresse, qu’est-ce que serait sa vision ?

-En attendant, je tenais à t’informer que Kumo a rejoint la Coalition. Cette information est pour le moment confidentielle et sera exposée à tous les shinobis au moment voulu, mais le tout a pour but comme tu le sais de renforcer nos liens avec les autres villages afin de prémunir notre monde de la menace que représente l’homme au chapeau. Pour l’avoir rencontré à Hayashi et avoir plus ou moins affronté une de ses lieutenantes, au regard de son objectif, il est primordial d’éviter qu’il réveille la puissance des Dieux si nous voulons préserver notre monde. Ainsi, il sera important pour toutes les nations de collaborer. La confiance étant la base de toute chose, il faudra demeurer vigilant sachant que la Coalition est aussi fragile qu’un vase trop plein pour le moment…

Lui relatant dès lors les informations primordiales en lien avec la Coalition et les Kinjutsus, la confiance était le seul élément justifiant ce partage d’information en amont. Ça, mais aussi le rôle important qu’elle jouerait dans les événements à venir.

-Sinon, n’hésite pas si tu le peux à filer un coup de main à la garde temporaire actuelle histoire de renforcer les aptitudes de détection des soldats présents pour préserver l’arche grise.

Ajoutant ce dernier élément pour qu’elle ait un moindre point de repère, il l’invita finalement à ajouter tout autre élément pertinent :

-As-tu d’autres questions pour moi pendant que nous sommes présent Anzu ?

Ne pas trop y penser trop longtemps ? Anzu a plutôt l'intuition qu'elle ne va pas avoir le temps de donner une réponse précise. Enfin, elle ira à la bibliothèque, qu'ils lui fassent passer des épreuves, elle a passé une longue partie de sa vie - pratiquement la moitié en fait - dans cette bibliothèque, et elle saura sans soucis prendre ces Suzuri par surprise. L'épreuve n'est pas ce qu'elle redoute le plus, mais avant, elle devra certainement faire deux trois choses avant de commencer à passer cette "épreuve", mais soit, la Sendaï y passera quand ce sera le bon moment. Pour l'instant, elle doit prévoir le coup, régler deux trois choses que Raizen lui donnera probablement pendant qu'elle réfléchit un moment. Enfin, Raizen lui révèle que, finalement, la Coalition a fini par accepter Kumo, après un haussement de sourcil, elle soupire en entendant cela.

- Je ne la sens pas cette Coalition si tu veux mon avis, mais dire qu'il a fallu qu'une menace de l’ampleur de l'Homme au Chapeau pour qu'elle se fasse. Au moins, notre village connaîtra la paix le temps de cette trêve.

Elle n'y croyait que moyennement, mais elle observait que cette paix, ironiquement, a été amené lorsque l'Homme au Chapeau a finit par menacer le monde shinobi. Enfin, Kumo devrait plus reprendre les rennes autour de la culture et la science plutôt que faire la guerre, mais bon, ce n'est que son avis, et elle n'est pas Raïkage, celui qui a ce rôle est en face d'elle. Il lui dit d'ailleurs de rejoindre la garde actuelle afin d'aider à renforcer les aptitudes sensoriels des gardes. En même temps, ils ne doivent pas être nombreux à être des senseurs.

- Je m'y rendrais après cette réunion.

Enfin, il voulait savoir si elle a d'autres questions, elle se met à réfléchir. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien demander ? Elle réfléchit un instant, parler de la fabrique de ses parents qu'elle veut remettre à pied n'est pas le bon moment, et s'il voulait récupérer son chapeau, il n'avait qu'à être plus explicite.

- Tu es libre quel soir ?

Demande-t-elle sans savoir que ça pouvait porter à confusion et que ça pouvait ressembler à une invitation à sortir, mais il la connait assez pour pas tomber dans le panneau.

Observant Anzu, il était heureux qu’elle lui fasse cette remarque sur la coalition. Pour l’avoir plus ou moins vu naître, évoluer et plus ou moins atteindre un plafond dû à ses fondations loin d’être solide, Raizen ne pouvait s’empêcher d’avoir des doutes. Il les avait jadis exprimés à Kaya tout comme au Mizukage qui semblaient possiblement d’un avis similaire sur la question. Malgré tout, certains enjeux de la coalition n’étaient pas suffisamment complets pour qu’elle ait un réel impact.

De ce fait, Raizen avait décidé de suivre les conseils de Kaya et d’utiliser la Coalition pour ce qu’elle serait même si c’était plus ou moins du gâchis de potentiel. Ayant du mal avec ce genre de situation, c’était donc à contrecœur qu’il avait choisi la logique au-delà de la maximisation du potentiel. Après tout, il n’avait pas suffisamment d’influence pour avoir un impact sur tous les partis prenants de cette fameuse coalition…

-Tu as raison et tu as tort. Je doute que nous connaissions une réelle paix avec cette trêve. Si on veut, on dirait plutôt qu’on va gagner du temps, mais c’est tout ce qu’il nous faut et tout comme toi, je suis aligné sur le fait que celle-ci ne sera pas durable. Si ses uniques fondations sont la lutte contre l’homme au chapeau, elle ne fera pas long feu et se mettra rapidement à se trahir sur certaines facettes qui seront influencées par tous les gens qui la composeront…

Soupirant, c’était le genre d’alliance qui devait être accepté du haut vers le bas. Or, l’acceptation de telles mesures à de tels niveaux pouvait être délicate et au moindre accrochage hiérarchique, ils pouvaient clairement retourner à la case de départ...voire même à un stade qui serait pire que la phase initiale.

-Dans ce genre de formation, il ne suffit que d’une étincelle pour allumer toutes les problématiques n’ayant pas été traitées au préalable lors de la formation de celle-ci. Malheureusement, les avertissements que nous avons posés n’ont hélas pas été bien reçus surtout que nous avons plus ou moins utilisé cette discussion pour parler de la situation de Kumo à titre d’exemple…

Levant la tête vers le ciel, il ajouta :

-Si je peux te faire une confidence Anzu, dans un univers parallèle dans lequel je ne serais pas retourné au village, mon but premier aurait été de former une organisation ou plus ou moins un ordre visant régissant à titre d’équilibre, un niveau supérieur aux Kages et aux Daimyos… un groupe de messagers ou plutôt d’arbitre du Yuukan.

Dévoilant un léger sourire qui démontrait en quelque sorte la portée de ses réflexions, il osait partager cela puisqu’il était important pour lui de communiquer que tous avaient des hésitations et qu’il fallait parfois trancher…

-Par contre, à terme, j’ai fini par me demander ce qu’était l’équilibre et ce qui la définissait pour me rendre compte que ça ne me ressemblait pas vraiment tout comme ce n'était pas forcément possible… Ce serait plus ou moins une insulte à mes principes et ce serait très dur à accomplir de manière générale même si je pense que nous avons besoin d’un groupe de personnes neutres oeuvrant à maintenir un certain équilibre sur les différentes régions…

Souriant de nouveau il poursuivit :

-Au final, j’ai choisi Kumo parce que je crois en l’évolution et au fait de léguer un héritage que nos héritiers pourront développer pour faire mieux que nous… Or, si nous n’avons rien d’autre à partager qu’un équilibre maintenu artificiellement, alors nous aurons perdu notre raison d’être en tant que société… c’est notamment ce genre d’éléments que je pense que Kumo peut apporter au monde. À travers notre science, notre art et notre littérature, ce qui nous définira restera toujours ce savoir et cette quête de science…une quête de progrès autant intrinsèque qu'extrinsèque : l'évolution.

S’arrêtant, il réalisait qu’il en avait possiblement trop dit…

-Par contre, je pense que ce que tu voulais savoir c’était plutôt quel soir je serai libre non?

Passant sa main dans sa chevelure, le Meikyû ricana légèrement avant d’ajouter :

-Disons ce dimanche. Je suppose que je découvrirais les motifs de cette réunion en temps et lieu.

Terminant ses dires sur un léger clin d’oeil, il se demandait secrètement s’il allait pouvoir récupérer son chapeau même s’il commençait à se demander s’il devait réellement le reprendre depuis son changement de casquette...

Spoiler: