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Mémoires d'un rejeton

Tokami Tsuki
Tokami Tsuki

Mémoires d'un rejeton Empty
Jeu 24 Aoû 2017 - 12:38
Mémoires d'un rejetonPremière partie

Mémoires d'un rejeton 305491a9105cdbeb639c2b2ffa3efcb273cb41
Shitaderu, il y a 15 ans, dans la maison de Kuroku et Chiyomi Nara.

La journée s’annonçait particulièrement belle dans le village de Shitaderu, qui était encore loin d’être renommé Kumo. Ce n’était pas habituel, un temps pareil, en haut de ces montagnes. Dans l’une des grandes demeures du village, où vivait une famille du clan Nara il était aujourd’hui l’anniversaire de leur fils. Il fêtait sa première année et était le premier enfant mis au monde par le foyer. Il y avait pourtant bel et bien un autre enfant en cette demeure. La mère ne l’aimait pas, elle ne parviendrait jamais à l’accepter, elle ne voudrait jamais, elle en était incapable. Son mari était revenu de mission avec le bambin dans les bras, le rejeton d’un autre clan étranger. Il avait déjà bien grandi, il avait sept ans et s’appelait Daedra. Ce jour fut celui où l’on lui retira le nom de Nara pour lui coller un nom qui ne lui disait rien, Chôkoku. À l’occasion de l’anniversaire du jeune enfant qu’il pensait son petit-frère, ceux qu’il pensait ses parents lui demandèrent de s’asseoir devant eux, à la table du salon, après le déjeuner. Il s’était tout de suite exécuté, évidemment. Il avait été éduqué comme cela, toujours très strictement, il devait toujours répondre du tac-au-tac et servir au mieux ses parents et les autres membres du clan quand il le fallait. C’était notamment l’éducation que lui inculquait sa mère. Son père lui n’avait pas le temps de s’occuper beaucoup plus de lui, mais il restait une forte figure paternelle, bien qu’elle allait s’écrouler aujourd’hui.

Lorsque Daedra arriva dans le salon, ses deux parents l’attendaient, déjà assis, semblant en désaccords. Chiyomi avait sur son visage une expression très froide, comme toujours. Mais l’expression de Kuroku était différente, elle semblait pleine de pitié et semblait déjà exprimer le regret. Kuroku, d’un geste de la main, invita le jeune Chôkoku à s’asseoir. Ce qu’il fit, évidemment. Un instant, tout le monde resta silencieux. Daedra sentait la pression peser sur toute la pièce. Chiyomi brûlait d’envie de prendre la parole, mais il semblait convenu qu’elle laisse son mari parler. Chiyomi n’avait jamais été la plus intelligente des Nara. À dire vrai, elle n’avait jamais montré de grande ressemblances, physiques ou mentales, avec le reste du clan. En tout cas, elle ne l’avait jamais montré à Daedra. D’ailleurs, elle ne lui avait jamais rien montré.
Kuroku brisa finalement le silence.

- Daedra. Nous avons décidés, tous les deux, qu’il était temps que tu connaisses la vérité. Avec la naissance de Shikuro, nous avons commencés à penser qu’il était peut-être temps de tout te révéler. Il n’a jamais été question de te cacher quoi que ce soit, mais nous nous devions d’attendre que tu grandisses un peu, et même si tu restes encore très jeune, j’ai dans l’espoir que tu comprendras.

Daedra ne comprenait pas encore ce qui se passait. Il n’avait rien compris à tout ce charabia et regardait ses parents d’un œil très suspect et interrogateur.

- Voilà… reprit Kuroku, il t’est déjà arrivé de poser certaines questions, notamment à propos de ces mains que tu possèdes. Aujourd’hui, nous y répondons.

Il avait enfin capté l’intérêt du jeune Daedra.

- Ces mains que tu possèdes, comme tu l’as déjà remarqué… Personne dans notre clan n’en possède de pareilles. Tu es le seul. Il y a une raison à cela. Il y a environ six ans, j’avais été engagé pour une mission, au Pays de la Terre. Je t’épargnerai les détails de cette mission, mais toujours est-il que je m’étais retrouvé, malheureusement, à devoir combattre un ninja d’un clan qui m’était alors inconnu. Ce pauvre bougre, si je l’avais su à l’époque… Ne faisait que défendre sa famille. Il possédait des capacités extraordinaires, mais je suis finalement parvenu à le vaincre. Cet homme s’appelait Dio et faisait parti du clan Chôkoku…

- Pourquoi me parles-tu de ça, père ? l’interrompit le jeune Daedra.

- Laisse-moi parler, s’il te plaît, tu comprendras. Bien. Cet homme, Dio, adressa à moi, son ennemi, ses dernières paroles. Il était un homme veuf, avec un très jeune enfant, presque un nouveau-né. Cet enfant était en vérité en train de pleurer, dans la maison que son père avait défendue de sa vie. J’ai fait la promesse à cet homme… Je lui ai fait la promesse de prendre soin de son enfant, et de ne pas lui cacher ses origines. Tu comprends, maintenant ? Ces mains que tu possèdes, ces bouches sur tes paumes… Ce sont les mêmes que possédait cet homme. Tu es cet enfant… Il… Il était ton père.


Le choc émotionnel fut trop intense. Daedra était vraisemblablement trop jeune pour entendre une telle vérité. Il resta là, stoïque, silencieux, les yeux grands ouverts, les pupilles minuscules, la bouche ouverte. La révélation qu’il venait d’entendre, avait littéralement balayée tout ce en quoi il croyait. Mais Chiyomi Nara prit le relai.

- Si tu ne lui dis pas, je le ferai ! commença-t-elle sur un ton plus qu’agressif. Si nous tenions à te révéler cela, ce n’était pas tant pour respecter cette promesse faite à cet étranger. Nous voulons que tu fasses le serment de protéger et servir Shikuro, quoi qu’il t’en coûte, et ce jusqu’au jour de ta mort. Tu feras le serment demain, le temps que tu comprennes ce que cela implique. Tu peux disposer.

L’incompréhension, couplée au choc émotionnel, furent de trop pour le corps et le cœur du jeune Daedra. Il quitta la pièce en trombe, des fontaines de larmes coulant de ses joues, des hurlements de sa bouche. Toute sa courte vie n’avait été qu’un mensonge, et même s’il avait toujours ressenti un certain écart entre sa famille et lui, il n’avait jamais imaginé tout cela. D’une belle petite famille venant de fêter la première année du petit dernier, il était passé à jeune orphelin recueilli par le meurtrier de son père. La nouvelle allait être très dure à avaler…


Dernière édition par Chôkoku Daedra le Mar 29 Aoû 2017 - 14:57, édité 1 fois
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Tokami Tsuki
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Jeu 24 Aoû 2017 - 16:41
Mémoires d'un rejetonDeuxième partie

Mémoires d'un rejeton -0_mjr10
Shitaderu, le même jour, dans les environs de 23h30, dans la maison de Kuroku et Chiyomi Nara.

La journée avait été particulièrement longue et douloureuse pour le jeune Daedra, qui n’avait pas attendu pour quitter la maison et se trouver un coin où il pourrait ressasser le surplus d’informations dont il venait de prendre connaissance à son insu. Sa tête avait lourde toute la journée, trop de pensées tentaient d’y entrer dans le même temps et Daedra ne savait plus s’y retrouver. Il n’arrivait plus à réfléchir. Son cerveau était comme vide et plein à la fois. C’était comme si l’on venait de lui arracher le cœur, et que la vie quittait peu à peu son corps. Il aurait souhaité que ce soit le cas. Il pensa quitter le village. Mais pour aller où, s’était-il rattrapé. Le pauvre garçon n’avait nulle part où aller. Il ne connaissait alors personne qui ne soit pas un Nara, et les Nara, aujourd’hui, il ne voulait pas en entendre parler. Alors toute cette famille qui l’entourait, ses cousins, cousines, tantes, oncles… Il se rendait peu à peu compte, uns à uns, qu’aucun de ces personnages ne faisait réellement parti de sa famille. Mais qu’était-ce qu’une famille finalement ? Sa réalité était toute bousculée. Un pauvre enfant dont les seuls repères venaient d’être anéantis par ceux-là même.

Il était resté là, assis sur une corniche, à observer les nuages voyager, libres de tous maux. La nuit était déjà tombée depuis des heures lorsqu’il emprunta le chemin du retour. Il n’avait nullement envie de retourner chez lui, mais le froid commençait à le prendre et il ne connaissait nul autre endroit. Il traîna du pied jusque son domicile. Ses pensées allèrent d’abord pour ce clan dont il ignorait tout, avec lequel il n’avait aucune attache. Puis elles dévièrent sur le clan Nara, qu’il pensait encore le sien quelques heures auparavant. Qui était-il, finalement ? Un Nara ? Un Chôkoku ? Aucun des deux, semblait-il. N’était-il donc personne, aux yeux de personne ? C’était ce qu’il était. Du moins, ce qu’il croyait être, à a cet instant. Il fallait qu’il gagne sa place, c’était la seule chose à faire.

Il arriva chez lui, ou plutôt chez Kuroku et Chiyomi Nara, dans les environs de vingt-trois heures vingt. Le calme y régnait, les propriétaires des lieux ne semblaient pas trop inquiéter de l’absence du jeune garçon, car la maison était complètement endormie. Lentement, silencieusement, il se rendit dans la cuisine et y attrapa un couteau. Il n’y avait qu’un obstacle entre lui et sa place dans la famille. Dans un silence lugubre, il alla ouvrir la porte coulissante de la chambre du jeune bambin. Arrêté devant le petit corps endormi du petit frère qu’il pensait avoir, il l’observa dormir. Une minute, cinq, dix. Le couteau en main, il n’avait qu’une chose à faire pour écarter cet obstacle. Cette petite créature semblait dormir si paisiblement, elle ne se doutait de rien… D’ailleurs, elle n’y était pour rien. Shikuro n’y était pour rien, il n’avait rien demandé… Et même s’ils ne partageaient pas le même sang, peut-être pourraient-ils grandir comme de simples frères… Daedra commença à pleurer à chaudes larmes, comment avait-il pu imaginer faire une chose pareille ? Sa main lâcha l’ustensile de cuisine qui fit un bruit sourd. Le jeune Chôkoku en sursauta. Il ne devait surtout pas réveiller le jeune Nara. Il le protégerait, oui. Mais pas en tant que serviteur ou gardien, mais en tant que grand-frère, que sa maudite « mère » le veuille ou non. Il le protégerait d’elle, également. Il n’accepterait sa condition que pour lui et pour lui uniquement. Enfin, c’était plus facile à dire qu’à faire… avec toute la volonté du monde il n’arriverait pas à accepter cette dure vérité… Y arriverait-il, demain ?

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Tokami Tsuki
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Mar 29 Aoû 2017 - 15:46
Mémoires d’un rejetonTroisième partie

• Shitaderu, il y a 15 ans, le lendemain •

Le réveil fut particulièrement compliqué. Ayant accumulé trop peu de sommeil, le jeune Daedra fut néanmoins réveillé très tôt sous les ordres de sa mère, ou qui qu’elle soit maintenant. Le temps d’émerger du peu de sommeil qu’il avait eu, la mémoire lui revint. Aujourd’hui, il devrait faire le serment de protéger et de servir le petit Shikuro, et ce même si cela devait lui coûter la vie. Serment ou non, il le ferait. C’était le seul Nara qui ne s’était jamais fichu de lui en le laissant croire qu’il était des leurs. Et puis, de sang ou non, il l’aimait comme on aime un petit frère.

- Nous avons un enterrement aujourd’hui, habille-toi comme il convient de le faire, s’exclama la mère Chiyomi sur un ton d’ordre.

Quoi ? Un enterrement ? La nouvelle surprit le jeune Daedra. Triste, il l’était par pure compassion, par pure empathie, mais il ignorait encore de qui il s’agissait. Son cœur se mit à battre de plus en plus vite.

- Attendez, cria-t-il désespérément à Chiyomi-sama. Qui… Nous allons à l’enterrement de qui ?

- La sœur du grand-père de ton pè… hm… de Kuroku.

Il ne l’avait jamais rencontré, ignorait même qu’elle était en vie avant ce jour. Elle avait eue une belle vie, ou en tout cas une longue vie. Cela lui rappela sa grand-mère paternelle. Elle l’avait toujours traité avec beaucoup d’amour. Il comprit alors le lien entre sa grand-mère et la vieille dame décédée. Elle avait été sa tante. Peut-être un être très cher. Il aimerait revoir sa grand-mère, passer l’enterrement blotti contre elle pour la réconforter. Il le savait… Son tour viendrait un jour… L’idée lui fit un pincement au cœur. Cette vieille dame lui avait donné plus d’amour que quiconque ne l’avait fait en ce monde. S’il venait à la perdre, son monde en serait chamboulé. Avec le jeune Shikuro, elle était la seule à lui donner envie de rester parmi les Nara.

L’enterrement de la vieille dame qu’il ne connaissait pas arriva. Il s’assit à côté de Kuroku-sama dans le silence, et sa grand-mère vint naturellement s’asseoir à ses côtés. Elle était très silencieuse, mais elle donna à Daedra le sourire qu’il lui connaissait et qui le rassurait depuis toujours. Le moment venu, le grand-père de Daedra, un homme très vieux, très droit, se leva pour faire un discours. À l’écoute très émouvante de celui-ci, sa femme, la grand-mère de Daedra, pleura dans le silence et attrapa la petite main du jeune Chôkoku. Il pleura à son tour, par compassion pour celle-ci. Mais une question vint le perturber. Etait-elle au courant, elle ? Elle devait certainement l’être, comment ne pas l’être, il s’agissait de sa famille dans le sens le plus proche du terme. Reposant la main de la vieille dame en deuil, il quitta la pièce. Il avait besoin d’être seul, de se faire à l’idée que tout le monde l’avait trompé, depuis toujours. Il en vint à la conclusion qu’ils l’avaient tous fait à la demande de Kuroku-sama et Chiyomi-sama. La grand-mère arriva après lui. Elle avait quittée l’enterrement pour le retrouver, lui qui n’était pas son petit-fils. Sans perdre de temps, Daedra délivra ce qu’il avait sur le cœur.

- Vous le saviez, n’est-ce pas ? Que je ne suis pas votre petit-fils…

Immédiatement, la grand-mère posa ses froides mains sur les maigres joues du jeune garçon et se baissa à sa hauteur, même dans la douleur de la vieillesse. Le regard plongé dans le blanc des yeux de Daedra, elle s’exclama sur le sujet.

- Peu importe que tu partages notre sang ou pas… Il y a six ans, à peu près, quand mon fils est revenu du Pays de la Terre avec un bambin dans les bras, il avait l’air d’un véritable père. Il avait l’air prêt à assumer ce rôle avec toi, et ce n’est pas à la naissance de Shikuro que je suis devenue grand-mère, mais bel et bien à cet instant. Quoi qu’on en dise, quoi qu’il se passe, je serai toujours ta grand-mère, et tu seras toujours mon petit-fils adoré.

Elle pleurait… Mais ce n’était plus pour le décès de sa tante… Le serrant fort dans ses bras, Daedra eut le sentiment de ne jamais vouloir la quitter.
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Tokami Tsuki
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Dim 3 Sep 2017 - 19:57
Mémoires d’un rejetonQuatrième partie

• Shitaderu, il y a 15 ans, le jour d’après •

Ce matin, Daedra avait eu des difficultés à se lever. Il avait pourtant bien dormi, cette fois. Sa discussion avec sa grand-mère lui avait fait chaud au cœur. Mais ce matin, c’était autre chose qui venait perturber son bien-être. Il avait été décidé que le serment se ferait aujourd’hui, pour laisser à tous une journée pour encaisser l’enterrement de la vieille dame Nara. Aujourd’hui, il allait devoir prêter serment, et même si l’idée de protéger le jeune Shikuro au péril de sa propre vie ne le dérangeait point, en faire le serment était une autre histoire. S’il y avait ce serment, ce n’était que par pur manque de confiance de la part de Chiyomi-sama. Ce n’était que pour réduire Daedra au rang de serviteur, de protecteur, une manière, selon lui-même, de le mettre à l’écart sur le plan familial. Il n’y avait là rien d’honorable. Sa mère le verrait-elle jamais comme son fils ? Il aimerait tant…

Quoi qu’il en soit, difficulté ou non, Daedra n’eut d’autre choix que de quitter son lit. Il arriva dans le salon sous les coups de huit heures, le regard bas. Il n’osait même pas poser son regard sur le visage de Chiyomi-sama. Il leva rapidement les yeux vers Kuroku-sama, mais ne parvint pas à garder la tête haute. La déprime, il aurait voulu être seul au monde en cet instant. Il prit un petit-déjeuner tout ce qu’il y avait de plus classique. Deux tartines accompagnées d’un bol de lait. Et à peine eu-t-il le temps de le finir que ses deux représentants légaux l’invitèrent à les suivre. Ils le menèrent dans la cour, et amenèrent bien sûr Shikuro avec eux. Près d’un arbre, deux chaises attendaient. Chiyomi-sama, portant le bambin, prit place sur la chaise la plus proche du grand arbre. Kuroku-sama, lui, prit place à ses côtés. Il restait silencieux, dépassé par l’acharnement de sa femme à vouloir mettre en place cette histoire de serment. Pourquoi semblait-il si faible ? C’était une question que Daedra se posait, ces derniers temps. Daedra avait eu à apprendre comment il devait se placer à cette occasion. Alors, sans attendre l’ordre de sa dite-mère, il posa un genou à terre, et garda les mains bien posées sur le genou disponible. L’herbe était mouillée, probablement la rosée du matin. Chiyomi-sama lui avait donné un texte à apprendre, c’était bien sûr celui qu’il devrait prononcer lorsqu’il prêterait serment. C’était le moment. Chiyomi-sama restait très silencieuse, froide, stricte. Une larme coula le long de la joue du jeune Daedra, avec du recul, il considérerait que son honneur d’être-humain avait été bafoué, ce jour-là. C’était cette idée qu’enfermait la larme, qui rejoignait maintenant les innombrables gouttes de pluie, dans l’herbe.

- Sur mon honneur, et sur l’honneur du clan Nara, que vous m’en soyez témoin… Je prête serment… de servir et protéger… Shikuro-sama, digne et unique héritier de Chiyomi-sama et Kuroku-sama, et ce, même si cela doit m’en coûter la vie. Par la présente, j’accepte de ne plus porter le nom du clan Nara et de me nommer, dès à présent, Chôkoku… Chôkoku Daedra. J’accepte, sur l’honneur, de faire de la survie de Shikuro-sama, ma priorité absolue.

C'était fini. Et même s'il lui avait resté quelque chose à dire, il pensait ne pas réussir à continuer. Il retenait, plus fort que jamais, ses chaudes larmes de couler. Il avait envie d'hurler. Mais il ravala sa fierté, et posa son regard sur celui qu'il considérerait toujours comme son petit-frère.
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Tokami Tsuki
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Mar 26 Sep 2017 - 22:51
Mémoires d'un rejeton - Cinquième partie

• Shitaderu, il y a 10 ans, dans le quartier résidentiel des Nara •

Daedra avait bien grandis depuis. Il avait appris à vivre avec sa situation, et du haut de ses douze années, était déjà un serviteur dévoué. Il avait enfoui en lui le mal provoqué par son absence d'identité et semblait résolu à ne plus jamais être appelé un Nara. Son petit-frère ne le voyait quant à lui pas comme un véritable frère, bercé par l'illusion dans laquelle il avait grandis, celle où Daedra avait toujours été un serviteur de sa famille. Néanmoins, et par chance, le petit écart d'âge entre eux, qui n'était pas si important, les avait aidé à développer une sorte d'amitié. Shikuro lui permettait certaines choses qui lui étaient interdites, comme lui donner de ses propres gourmandises, ou encore l'aider là où il devrait se contenter de l'observer faire, comme lorsqu'il nettoyait par exemple les habits de la famille.

Mais ce jour était tout autre, et un mal nouveau rongeait le jeune Daedra. La femme qu'il considérait toujours comme sa grand-mère s'était éteinte, quelques jours auparavant. Aujourd'hui était alors venu le jour de lui dire une dernière fois au revoir, avant qu'elle ne disparaisse dans l'outre-tombe. Daedra n'avait jamais connu pire sensation. La perte d'un proche était quelque chose de nouveau pour lui, émotionnellement parlant. Ce sentiment si pur d'abandon, d'extrême solitude, ne l'avait pas quitté depuis l'annonce de sa mort. Plus touché encore que lorsqu'il avait appris ne pas être l'enfant de ceux qu'il croyait ses parents, l'annonce de cette mort avait chamboulé toute son existence. La dernière personne à toujours le prendre pour un membre à part entière de sa famille, du clan Nara, venait de disparaître à jamais. La dernière personne lui accordant une identité, envolée en un instant. Que pouvait-il ressentir, si ce n'était une profonde tristesse, un profond sentiment de solitude, que même la présence du jeune Shikuro ne semblait pouvoir combler. Car il ignorait tout, lui qui n'avait connu que le bonheur d'une famille heureuse, servi par un serviteur dévoué à l'histoire inconnue. Ce jour-là, Daedra ne pouvait s'empêcher d'en vouloir au monde entier, même à cet être innocent et ignorant qu'était son petit-frère.

Peu avant dix-heures, ce matin-là, tout le clan Nara se retrouva dans une immense salle décorée de bougies mornes. De nombreux bancs étaient disposés de façon linéaire le long de la salle, mais Daedra n'y avait pas sa place. Le père Kuroku n'y était pour rien, c'était la mère Chiyomi qui le lui avait interdit. Comme d'habitude, le père restait muet à son sujet. Au mieux, il pouvait garder la porte, de l'intérieur ou de l'extérieur. Alors il choisit d'assister à la cérémonie depuis la porte, car quitte à garder la porte, il voulait pouvoir dire au revoir une dernière fois à sa grand-mère, même si cela ne pouvait être que dans sa tête. D'ailleurs, après réflexion, de tels adieux ne pouvaient se faire que dans son esprit. Kuroku-sama fut invité à prononcer un discours, qui dura longtemps, trop longtemps. Il ne semblait démontrer aucune émotion et ne pouvait ainsi en transmettre aucune. Mais Daedra pleurait, lui. Effondré au pas de la porte, il pleurait à chaudes larmes, se forçant à ne pas hurler sa peine pour laisser ma cérémonie se dérouler sans gêne. Et finalement, le discours du père de famille en arriva à sa fin, et quatre Nara entreprirent de soulever le cercueil de la grand-mère Nara. Alors, un cortège se créa rapidement, suivant le cercueil vers la sortie.

Ce fut le petit Shikuro qui vint l'attraper par la main pour lui dire de se relever, alors que derrière les parents avançaient avec le cortège. Ils sortirent finalement tous, et rejoignirent le cimetière, où un trou avait déjà été creusé pour accueillir la dernière demeure de la grand-mère Nara.

Daedra resta planté là, à observer le cercueil descendre dans le silence. La minute de silence lui sembla dix, et le trou se referma finalement... Mais le temps semblait s'être arrêté pour le jeune Chôkoku, dont la scène se répétait inlassablement dans son esprit traumatisé...
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