La mélodie désagréable mais enivrante caressait les oreilles tel une morsure.
Tandis que Mort et Colère étaient en reconnaissance dans les bas-fond de la Cité des Vents, enveloppés dans leurs capuches sombre, l'Ensorceleur, lui, ne se cachait pas.
Fièrement, il était adossé à un mur de sable et usait de son instrument pour faire danser les quelques serpents qui trônaient face à lui, tandis qu'ils fixaient leur public apeuré, mais curieux, de leurs iris reptiliens. Le spectacle semblait fascinant.
Le Dresseur de Serpents arborait un sourire narquois, tandis qu'il avait troqué sa flûte contre un cigare.
Lorsque les deux hérauts du Désert arrivèrent à hauteur de la petite foule, ils purent voir que celle-ci semblait totalement sous hypnose.
Du coin de l'oeil, le Silencieux aperçut l'Ensorceleur porter à nouveau sa flûte à sa bouche. Le mouvement lui rappela Paresse...
On me fit part dans les derniers rapports de quatre « énergumènes » traînant dans les bas quartiers de la capitale, susceptibles de rejoindre les rangs de l'organisation... Kuuli avait récemment donné l'ordre de recruter un maximum de soldats (ou chair à canon comme j'aimais les appeler) afin de gonfler les rangs. L'information était donc fort utile. Le lendemain, je pris la route en direction de ces bas quartiers accompagné de Oji pour aller à la pêche de ces nouvelles potentielles recrues.
« De ce que j'ai appris, il s'appelle Hashimoto Ûkyo, c'est un charmeur de serpent... »
Charmeur de serpent. Dresseur de serpent. Musicien des rues. Vous voyez ce dont à quoi je faisais référence. Je profitai du trajet pour échanger quelques mots avec mon compagnon.
« Tu savais ? Ce qui fait danser le serpent n'est pas la mélodie jouée, mais le mouvement de la flûte et du musicien. Le serpent est un animal sourd - la musique n'est là que pour divertir le public et attirer les pigeons... Mh, d'ailleurs le voici. »
Une petite foule était amassée autour de notre ensorceleur. Son spectacle semblait plaire au public - ils venaient vers lui comme des petits pigeons vers la couleur. Avec agilité et souplesse, je me faufilai entre les spectateurs jusqu'à arriver à côté du musicien. Je me fis discrète pour l'observer jouer. Mais à mesure que j'entendais sa musique, je sentais comme un étrange sentiment de curiosité et de fascination naître en moi... Tout le public semblait être dans le même état - comme hypnotisé devant la grandeur du reptile.
« Mh, ça ne te rappelle pas notre petit paresseux ? Oui, on dirait bien... File moi une pièce, Colère. »
Lorsqu'il eut terminé son spectacle, la foule entière applaudit et le charmeur effectua une légère révérence de la tête. J'en profitai alors pour me rapprocher de lui et lui tendre la pièce que m'avait donné le silencieux. Je lui adressai un sourire amicale.
« Yo ! Quelle magnifique prestation ! Puis-je vous inviter à manger ? »
C'est sans réel contrôle sur lui-même que le Silencieux sortit une pièce - que faisait-elle là ? - de sa poche avant de la tendre à Mort. D'autres firent de même et le nombres de ryôs augmenta rapidement, de même que le sourire sur les lèvres de l'Ensorceleur s'étira toujours plus.
Hashimoto Ûkyo, de son nom. Était-ce même le vrai ?
L'explication de Mort prouvait que le son qui s'échappait de la flûte ainsi que sa consonance enivrante ne l'étaient que pour nous, êtres humains, et nous dirigée vers les serpents.
"Rupture".
Le Silencieux effaça le brouillard qui l'avait embrouillé et récupéra toute sa clairvoyance. Il effectua une petite tape sur l'épaule de sa comparse, de manière à lui insuffler son chakra et ainsi briser la légère illusion, qui l'avait peut-être poussé à inviter le musicien à manger. Celui-ci notifia la réaction à sa technique.
- Désolé, je ne peux quitter mes adorables créatures. Vous-êtes des shinobis, n'est-ce pas ? C'est la première que l'on déjoue mon stratagème.
J'en déduisais à ces mots que nous étions donc les premiers shinobis qu'il rencontrait... Tant mieux. Cela allait entrer en notre faveur. Calmement, je vins m'asseoir à même le sol à côté de lui. J'en profitai pour faire un signe de la main à Oji. Puis, j'entamai la discussion avec le charmeur de serpent.
« Ce petit tour n'est pas bien difficile à déjouer. C'est ce que l'on appelle le genjutsu... Tu maîtrises un don, celui du son aussi appelé Onkyôton. La musique que tu joues est particulière et possède le pouvoir d'ensorceler une personne. J'imagine que tu en es conscient puisque tu t'en sers sur ton public pour tes spectacles de rues... »
Je passai ma main, non loin de la tête serpent, pour lui caresser le dessus du front. Je n'affichais aucune crainte, au contraire - j'étais sereine. Le reptile avait été éduqué par la main et la mélodie du musicien - et je lui faisais confiance. Regard perdu dans les pupilles de la bête, je continuai à parler.
« Je suis actuellement représentante d'une organisation du nom de Suna no Fukkoku-shâ. Là-bas, nous sommes beaucoup à maîtriser des pouvoirs - tout comme toi. Et nous avons pour objectif de renverser le gouvernement en place et de redresser le pays pour lui redonner sa gloire d'antan... En tant qu'habitant de ces terres, rejoins-nous. Aide-nous à atteindre notre objectif avec ton pouvoir celui du son. En échange, nous t'offrirons de l'argent, du luxe et du pouvoir. »
Je m'arrêtai et me retournai vers le jeune homme, face contre face, et d'un ton sérieux - je lui proposai ;
« Rejoins notre organisation, un avenir bien meilleur t'attends, des objectifs plus grands s'offrent à toi. »
Comme Paresse, l'Ensorceleur usait de techniques de son pour arriver à ses fins. Cet art ninja, subtil, permettait de nombreuses prouesses. Le Silencieux se rappela comment le Musicien avait permis une infiltration éclair au sein d'un Manoir rempli de mercenaires, de par ses capacités de dissimulation.
L'approche hâtive de Mort pouvait sembler déraisonnable tant elle n'en savait sûrement que peu sur le Charmeur, mais ses capacités pouvaient être particulièrement utiles à l'Impératrice. En ce sens, la Mercenaire était audacieuse.
Toutefois, le Concerné ne semblait pas de cet avis. Il sembla balayer la proposition de la main, avant de s'exprimer :
- Désolé de te décevoir, mais ce que tu m'offres ne m'intéresse pas. Je suis bien ici et contrairement à ce que tu dois penser, je gagne très bien ma vie.
Il eut un petit rictus.
- Je suis sûr et certain que vous parviendrez à renverser le gouvernement sans mon aide. Bon courage pour cela.
Il remit sa flûte en bouche.
Dernière édition par Asaara Ôji le Jeu 18 Juin 2020 - 11:12, édité 1 fois
« Malheureusement, on a besoin de toi - sinon, je ne serais pas là.. » Dis-je à voix basse de façon difficilement perceptible.
Quelle question. Non, je n'avais pas que ça à faire d'aller draguer des serpents et des cobras - je n'éprouvais aucune passion pour les reptiles et autres bêtes à venin. C'était bien parce que j'avais besoin de le recruter que j'étais venue ici aujourd'hui.... Mais il était encore plus difficile à recruter que Paresse...
On lui offrait plus grand, alors pourquoi se contenter de ce qu'il avait ? C'était servi devant lui sur un plateau doré ! ...À moins qu'il n'aime jouer aux difficiles ? Ah, comme cela pouvait être agaçant - et d'ailleurs, j'avais bien envie de lui faire avaler sa flute - mais il nous le fallait dans nos rangs, alors je devais trouver une solution pour le convaincre...
« Très bien ! Dans ce cas, offre moi un repas. Dis-je sans autre forme d'introduction. Tu ne veux pas que je te paye - ok. Dans ce cas, paye-moi, car il nous faut bien manger... Non ? Il est l'heure de déjeuner et j'ai faim. »
Chose véridique. Tous les moyens pour recruter étaient bons. Par ailleurs, c'était comme ça que j'avais recruté Mubi. Seul problème, ça risquait de prendre un peu plus de temps que prévu... Je lançai un regard à Oji, lui intimant - s'il désirait - qu'il pouvait continuer sur le prochain profil à recruter, le temps que je termine avec ce charmeur de serpent.
- Ah, les troubadours étaient définitivement les plus compliqués à recruter - surtout quand ils ne s'intéressaient à rien..
- Tu ne manques pas d'audace ! Rien que pour cela, j'accepte. Allons manger. Eh toi ! Où vas-tu ?
Le Silencieux venait de discrètement tourner les talons, suite à l'ordre donné par Mort.
- Reste avec nous, tu m'intéresses.
Le concerné leva un sourcil, lui qui était déjà prêt à repartir en mission et laisser la Mercenaire se charger du recrutement. À n'en pas douter, elle savait être persuasive et en creusant un peu, elle pourrait découvrir les réelles motivations de l'homme et ainsi appuyer dessus. Il était clair qu'il serait utile à l'organisation et que l'Impératrice se frotterait les mains d'avoir un utilisateur de son dans ses rangs.
L'Affranchi ne répondit pas et ils se fixèrent dans les yeux quelques instants, le Charmeur de Serpents tentant de percer à jour son vis-à-vis.
Visiblement, il n'y arriva pas.
Mais s'en amusa.
- Allons donc, j'espère que la nourriture saura délier ta langue, l'ami.
Ça avait marché ! Comme quoi, il ressemblait vraiment à notre marchand de sable - Mubi. Je regrettais un peu de ne pas l'avoir emmené avec nous pour cette mission. Il aurait été super utile ! À l'heure actuelle, il devait sans doute être en train de perdre du temps à flemmarder ou à jouer à sa flute... Enfin, ce n'était pas bien grave. Je lui ramènerai un copain et ça lui fera une surprise. J'étais sûre qu'ils s'entendront très bien.
Pour l'heure, il me fallait d'abord le convaincre de rejoindre l'organisation. Et ça m'avait l'air bien parti ! Je le vis faire un signe en direction de Colère pour l'inviter à nous rejoindre. Il s'intéressait donc à lui et n'était pas fermé à la conversation. J'étais même impressionnée qu'il l'ait remarqué au vu de la discrétion dont ce dernier avait fait preuve depuis le début de notre rencontre.
« Si tu parviens à le faire parler plus de deux mots, je te promeus directement au titre de Colère ! »
Et je tenais parole ! S'il aimait le défi, il pouvait essayer - je ne faisais que rajouter du piment à la chose... Sans tarder, nous entamâmes la marche vers les ruelles du centre-ville où trouver un bon restaurant. Je laissai le joueur de flute mener le pas étant donné qu'il était celui qui payait.
Il ne nous fallut pas bien longtemps pour atteindre notre destination. Le charmeur de serpent avait choisis une auberge proche de la ruelle dans laquelle il jouait. Il semblait être un habitué des lieux. Il entra sans gêne et saluai le tenancier qui le salua en retour. Ça ressemblait à une image d'un train train quotidien... Sans un mot, je le rejoignis autour d'une table en compagnie de Oji. D'ailleurs, je devais avouer qu'il était généreux pour offrir un repas à deux inconnus...
« L'argent ne semble pas être un problème pour toi, je suis surprise que tu puisses gagner autant rien qu'en jouant avec tes serpents... Est-ce que tu as une autre source de revenue ? Tu ne serais pas le prince d'un pays étranger ? Ou bien alors tu joues au jour le jour et mange une fois tous les trois jours ? »
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